Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
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Sujet: the turtle can't go out to play for when he moves, his house moves too (grace) Sam 10 Aoû 2019 - 22:34
C’était la saison d’éclosion des œufs de tortue, œufs enfouis dans le sable sur les plages pourtant animées de Bowen. Bon nombre de ces trous creusés abritant les futures bébés tortues étaient ravagés par le passage des gens, ou dévorés par des animaux prédateurs. À tel point que c’était devenu la mission de certaines organisations écologistes de protéger les nids de tortues tout au long de la saison d’incubation. C’était donc sans surprise qu’on pouvait retrouver Isaiah au sein de ces groupes-là, parce que de plus en plus il s’intégrait à ces regroupements d’environnementalistes bien ancrés à Bowen. Si, il y a sept ans, l’ébéniste croyait n’être que de passage et ne s’était donc jamais investi outre-mesure, il comprenait aujourd’hui qu’une bonne partie de sa vie se déroulerait dans cette ville, et qu’il était grand temps de renouer avec ce qui l’animait, tout en restant sur place. Tard ce soir, au coucher du soleil, Isaiah était arrivé sur la plage de Grays Bay où un nid de tortues particulièrement à risque avait été surveillé lors des dernières semaines. Une sorte de barrière avait été érigée de sorte à protéger l’endroit des fortes marées, et les gens se relayaient pour veiller à ce qu’aucun animal ne vienne mettre ses pattes sur les œufs tous regroupés au fond, les uns sur les autres. C’était à son tour de garder un œil sur ces petites merveilles et, avec un peu de chance, il pourrait assister à leur éclosion. En effet, les premières tortues avaient déjà commencé à naître et à regagner l’océan, dans les autres régions et sur les autres plages. Ce n’était donc qu’une question d’heures ou de jour, et il ne pouvait que croiser les doigts en espérant assister en direct à ce moment magique. Il s’assit à côté de l’amas de sable à sa gauche, posa son sac à dos à sa droite, et laissa son regard se perdre vers l’horizon. Quelques minutes plus tard, une jeune femme marchait non loin de là, sans doute pour regagner le stationnement, et sa trajectoire se rapprochait non seulement de lui mais aussi du nid de tortue à côté duquel il était assis. « Attention ! Ne marchez pas trop près d’ici, il y a des œufs de tortue là-dedans … » Dit-il en désignant le trou avec un sourire. Puis, il leva les yeux vers la jeune femme et reconnut Grace, celle qui lui avait vendu de la drogue qui l’avait envoyé tout droit à l’hôpital, celle sur qui il avait vidé sa colère, celle qu’il n’oublierait jamais puisqu’il avait longtemps regretté de s’être montré aussi injuste.
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moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
Grace Darwin
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Sujet: Re: the turtle can't go out to play for when he moves, his house moves too (grace) Mer 14 Aoû 2019 - 0:08
Le Soleil prenait le ciel comme sa toile, peinturant de ses couleurs flamboyantes les nuages, s'endormant dans les houles de l'océan, ses rayons reflétaient les vagues d'une teinte dorée qui rappelait le sable où celles-ci s'échouaient. Ses pieds s'enfonçaient dans le sable alors qu'elle longeait la côte pour regagner son appartement alors que ses pensées s'envolaient dans les cieux. Ses soirées alcoolisées se transformaient en longues balades dans les différents paysages de la ville, comme auparavant, où elle dévouait sa vie au Grand, condamnant les péchés qu'elle cultivait aujourd'hui. Grace s'était réveillée avec une vision de sa vie horrifiante où l'alcool et la tristesse suivaient ses jours et elle ne voulait pas faire naufrage dans les liqueurs pour une histoire de cœur. Elle s'était mise à boire pensant que se perdre ferait oublier son mal rapidement. Mais les semaines n'avaient rien changé, la fleuriste était toujours malade de cet amour qui l'empêchait d'avancer. Si les premières semaines s'étaient déroulées comme elle se l'était idéalisé avant son retour, celles qui avaient suivi sa rencontre avec Léo étaient semblables à l'enfer et plutôt que se confier à ses proches et devenir le fardeau de sa famille, les mots restaient tourner dans ses pensées. Elle s'en sortirait, elle s'en persuadait doucement. Une voix l'arrachait de son esprit et son corps s'immobilisa lorsque ses yeux venaient croiser ceux de l'homme. Les souvenirs d'une soirée catastrophique venaient la frapper. Ses lèvres tremblantes forçaient un sourire, alors que son regard fuyant se posait creux qu'il désignait. Avait-il oublié ? Avait-elle assez changé pour qu'il ne la reconnaisse plus ? Cet inconnu avait hanté ses songes pendant des semaines, il était son seul échec dans le domaine, la seule victime de l'ignorance de la dealeuse. « … Des œufs ? Répétait-elle dans un souffle. Grace n'était pas bête, sa jeunesse autour des animaux l'avait inculqué quelques bases. Vous remplacez leur mère ? » Sauf celles des tortues, visiblement. Elle ignorait tout sur cet animal qui pourtant baignait dans les marées de Bowen. « Je suis certaine que ce rôle vous va à merveille. » Elle ne voulait pas le provoquer, à lui dire qu'il ferait une bonne mère. C'était simplement une tentative d'humour maladroite de la part châtaine qui n'avait jamais été réellement douée à faire des blagues. Au fond, elle pensait que le complimenter lui assurait une meilleure image. « Et merci … Je me serai sentie coupable si j'avais écrasé les coquilles. Jamais elle n'aurait pensé dire ça un jour. C'était presque étrange pour elle d'avoir ce genre de conversation. Mais avoir la mort sur la conscience, animale ou non, c'était la dernière chose qu'elle souhaitait ressentir. Vous les surveillez depuis combien de temps ? » Grace aurait pu passer son chemin, le contourner et rejoindre son logement comme elle pensait le faire, mais elle voulait lui montrer qu'elle n'était pas celle qu'elle prétendait être la dernière fois, qu’elle n’était pas une personne désintéressée et démunie d’empathie.
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Sujet: Re: the turtle can't go out to play for when he moves, his house moves too (grace) Dim 1 Sep 2019 - 1:27
Tout d’un coup, à la suite des avertissements d’Isaiah, le corps tout entier de la jeune femme s’immobilisa. Isaiah n’aurait en fait pas su dire si cette réaction avait été provoquée par ses paroles, ou par leurs regards qui se croisèrent. Parce qu’elle le reconnaissait, il le sentait, dans le tremblement des lèvres de la jeune femme jusque dans sa propre honte qui traversa son être. L’ébéniste n’avait que très rarement des regrets. Il était inhabituel pour lui de songer à nouveau à certains moments de sa vie et de se dire que si c’était à refaire, il le ferait différemment. Son altercation avec Grace était l’un de ces moments, moment qu’il croyait d’ailleurs perdu dans le passé. Il ne l’avait jamais revue depuis, jusqu’à aujourd’hui. Cette femme qu’il n’avait pas cherchée à comprendre, cette femme qu’il avait accusée sans vraiment chercher à savoir qui était le véritable coupable, s’il y en avait un, même. Isaiah ne jetait jamais la première pierre et pourtant l’exception était bel et bien là. Droit devant lui. À parler d’œufs de tortue comme si rien ne s’était passé avant, quelques années auparavant. « Oui, c’est leur nid, en quelque sorte, ce trou dans le sable … » Dit-il en se penchant par-dessus ledit trou, regardant les quelques dizaines d’œufs qui s’y trouvaient, tous entassés les uns sur les autres. Et dire que d’ici quelques heures sans doute, de petits animaux en sortiraient pour regagner l’océan. Il sourit doucement à la question et la remarque de Grace sur le rôle de mère. « Leur mère retourne dans l’océan et ne revient pas à son nid, après avoir pondu les œufs … Alors je ne la remplace pas vraiment en fait … Mais ce nid-là a été trouvé par des prédateurs et il est trop à découvert, maintenant. Si on veut que les œufs restants puissent survivre jusqu’à l’éclosion, il faut éviter que d’autres prédateurs rôdent autour … » Dit-il, parlant au on parce qu’ils étaient plusieurs à s’atteler à cette tâche, à la longueur des plages de la région. Il hocha la tête, tout simplement, lorsque la châtaine le remercia de l’avoir prévenue. « J’viens à peine d’arriver, là. Mais avec un groupe, ça fait déjà plus d’un mois qu’on surveille les différents nids qui trouvent … On se relaye, pour les nids les plus à risque … » Et la période d’incubation étant de soixante jours, c’était beaucoup d’organisation. Mais ça en valait tellement la peine. Ses yeux passèrent alors du sable à côté de lui jusqu’à la demoiselle, toujours debout un peu plus loin devant lui. Il soupira discrètement. « Je suis désolé, Grace. Pour tout ce que j’ai dit la dernière fois. Je n’étais pas moi-même. » Et c’était vrai ; l’effet trop intense des drogues l’avait porté vers un état incontrôlable. Il s’en était tellement voulu depuis.
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Sujet: Re: the turtle can't go out to play for when he moves, his house moves too (grace) Dim 8 Sep 2019 - 23:24
Son étonnement faisait danser ses pupilles, trembler ses lèvres. Son corps paralysé, ses yeux dans l'ambre de son interlocuteur, elle regrettait ne pas avoir dévié son chemin en ignorant cette voix qui avait tourmenté son esprit de nombreuses nuits. L'espérance et l'envie de croire que cette ville était assez grande pour que deux âmes ne viennent à ne plus se croiser habitait son esprit. Avec les années, elle avait étouffé cette histoire dans sa mémoire, elle s'efforçait d'oublier pour ne pas que ses mots viennent la trahir. Ils n'étaient que peu à savoir ce qu'il s'était passé. Elle, lui et la personne qui s'était fait incendier pour son erreur. Malgré ça, elle n'avait cessé de se sentir coupable. Retrouver Isaiah sur cette plage, parler d'œufs de tortue, c'était un mélange irréaliste pour la fleuriste. Ses membres voulaient s'enfuir, mais ses mots démontraient une curiosité qu'elle ne savait sincère. Serait-elle restée si ce n'était pas lui ? Elle n'en savait rien. Peut-être qu'il ne s'agissait que de paroles de courtoisie, une sorte de politesse de l'avoir arrêtée. Peut-être qu'elle s'interrogeait sur ce qu'il avait pu devenir. Il était resté un bon conteur. Il exposait ses connaissances sur le sujet, sur ce nid, gardant l'attention de la fleuriste, les yeux comme ébahis à la vue d'œufs qu'elle n'aurait jamais douté s'y intéresser un jour. « Je vois, gardien plus que maman, alors. Disait-elle, léger sourire sur le coin des lèvres. Ils finissent par retrouver leur mère dans l'océan, vous croyez ? » Elle se retrouvait presque peinée, à l'idée qu'après leur éclosion, ils finissent par vivre une vie solitaire, où l'apprentissage se faisait dans l'autonomie. « Ouah ... Ses balades sur cette plage étaient rares, d'où son ignorance sur le travail d'Hommes qui se débattaient pour la vie d'autres êtres, même animales. Vous avez du mérite, c'est rare de nos jours. » Grace parlait d'un ancien temps qu'elle n'avait pas connu, ses croyances la poussaient à croire que son Seigneur avait donné à chacun les mêmes atouts, qu'ils décidaient de les utiliser ou non. Isaiah faisait partie de ceux qui donnaient de son cœur pour des causes et le savoir la détruisait un peu plus. Elle avait empoisonné une personne. Une bonne personne, qui plus est. Alors qu'elle s'apprêtait à couper court à leur discussion, laisser l'homme dans sa tranquillité, il laissait des mots qu'elle ne voulait entendre d'échapper dans les airs. « Tu n'as pas à être désolé … C'était de ma faute. Tu ne pouvais pas être dans un autre état, tu n'aurais pas pu retenir tes mots. Avec la drogue, les effets, quelque part, elle ne pouvait lui être reconnaissante qu'il n'ait été excessif que dans les paroles et pas les actes. D'autres n'auraient pas su se contenir. Je débutais et j'étais ignorante. Je regrette que tu aies été victime de mon erreur et je m'excuse, encore une fois, de m'être donné un genre que je n'ai pas. Quelque part, grâce à lui, son erreur ne s'était jamais reproduite. Même si, en y repensant, ça devait se voir, que je n'avais aucune assurance. » Elle étouffait un rire, honteuse d'elle-même, du comportement qu'elle avait eu ce soir-là. La confiance lui manquait toujours aujourd'hui. Grace savait se faire comédienne, mais quand des scènes manquaient à son script, elle se laissait déstabiliser et ses improvisations étaient minables. « Je suis heureuse de voir que tu as pu réussir à sortir de l'hôpital … Ils ont cru à notre histoire ? » Ou plutôt son histoire. Il avait été le cerveau jusqu'au bout.
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Sujet: Re: the turtle can't go out to play for when he moves, his house moves too (grace) Sam 14 Sep 2019 - 22:52
C’était plus facile de partager à propos de ces tortues et de ces œufs qu’elles abandonnaient sur la plage avant de retourner à la mer. C’était plus facile de faire comme si elle n’était qu’un visage inconnu parmi tous les autres. C’était plus facile que d’affronter la réalité en face, que d’accepter qu’il avait merdé il y avait de cela quelques années, en agissant comme quelqu’un qu’il n’était pas et n’avait jamais voulu être. Ce n’était pourtant pas le genre d’Isaiah, encore une fois, de ne pas confronter les problèmes de la vie head on. À croire que lorsque Grace était dans les parages, l’ébéniste se perdait, s’égarait dans les tourments de sa honte. Pourtant, il était bien clair que l’un comme l’autre savait pertinemment qui se trouvait devant eux. Ils n’étaient pas qu’un passage éphémère dans leur existence. La rencontre avait été de courte durée, certes, mais elle avait hanté leurs songes pendant toutes les années à suivre. Cette discussion à propos de ces tortues était effectivement irréelle, hors de ce monde, quand on savait les paroles qu’ils s’étaient crachées au visage sous l’emprise de la peur et de la colère. « Exact. Une sorte de gardien. » Il sourit, mais ce sourire n’était pas aussi naturel qu’à l’habitude. Que faisait-il à se donner ce rôle de héros alors qu’il n’avait jamais posé de ce genre d’actions pour la reconnaissance et, surtout, en sachant qu’il n’avait rien d’un héros et encore moins face à Grace ? À force de vouloir camoufler le passé, Isaiah faisait un fou de lui. Grace, polie sans doute, ne semblait toutefois pas lui en tenir rigueur et se montrait même intéressée. « Je ne crois pas, non. Ce serait beau de se l’imaginer mais … Je pense que la nature veut qu’elles trouvent leur propre chemin. » Et eux, l’avaient-ils retrouvé, leur chemin ? Grace lui avait toujours semblé vivre dans un monde auquel elle n’appartenait pas. Il s’était toujours demandé ce qu’une femme comme elle faisait à se mêler à des histoires de drogues. Sans doute était-ce pour cette raison, d’ailleurs, qu’il s’en était voulu autant d’avoir eu une réaction aussi violente verbalement. Il avait enfoncé une femme qui était peut-être déjà bien basse, égarée dans le noir. Isaiah secoua la tête quand elle parla de mérite. « Je n’ai aucun mérite. » Et sur ces paroles, l’ébéniste se décida à ne plus se cacher derrière cette conversation fausse. Il s’excusa. Des excuses qu’il avait voulu lui dire depuis tout ce temps. Des excuses qu’il avait retenues trop longtemps. « J’aurais pu. J’ai été injuste. » Et ce n’était pas son genre de l’être. Pas son genre de s’arrêter aux erreurs sans chercher plus loin, sans chercher à comprendre. Sans pardonner. « Honnêtement, je ne me souviens pas de ce moment dans des détails qui me permettraient de savoir si t’en avais ou non … Et peu importe, d’ailleurs. » Il haussa les épaules. À sa question, Isaiah esquissa un faible sourire, puis hocha la tête. « Ils en sont venu à la conclusion que ce verre t’était destiné. » Ce verre inventé, ce verre qui aurait contenu la drogue ingérée par Isaiah, alors qu’ils étaient de sortie au McCarold’s. Ça avait été plus facile pour Isaiah de laisser le personnel de l’hôpital gober son histoire en les laissant se perdre dans un sexisme écartant la possibilité qu’un homme puisse être victime d’un tel acte. Ça n’avait pas été le moment de s’obstiner. Tout ce qu’il avait voulu, à ce moment, c’était d’obtenir son congé. Isaiah regarda Grace. « Dis-moi que tu ne deales plus ces drogues, Grace. Je ne sais pas pour qui tu le faisais mais … ce n’était clairement pas pour une personne correcte. » Parce que de rendre disponible à tous des drogues aussi dangereuses, ce n’était que pour ceux qui ne pensaient qu’au revenu, qu’au pouvoir, qu’au contrôle.
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Sujet: Re: the turtle can't go out to play for when he moves, his house moves too (grace) Mar 17 Sep 2019 - 23:35
Ils prétendaient s'ignorer, être l'inconnu de l'autre, mais un regard valait mille mots. Ils s'apprivoisaient sur une discussion qu'ils savaient temporaire. Ils tentaient d'effacer leurs comportements où les paroles exagérées d'une soirée avaient ternis leurs apparences. En quelques phrases, elle espérait balayer son image les braises écœurantes de son comportement d'une autre nuit, où elle avait tenté de cacher la peur que son cœur avait logée en le voyant débarquer en hurlant dans une comédie. Un théâtre désastreux dont il avait été spectateur contre son gré, admirant avec horreur le jeu terrible d'acteur de Grace, déstabilisée et dépassée par les événements. Y repenser l'emmitouflait dans une honte inconfortable où les traits de son visage se crispaient d'embarras. « J'espère pour elles qu'elles ne sont pas aussi sensibles que les Hommes, dans ce cas. » Parce qu'elles pouvaient avoir un comportement semblable à celui des humains et pour s'être occupée de quelques enfants abandonnés par des parents qui les avaient abandonnés pour diverses raisons, elle savait qu'ils finiraient affectés de ces gestes dans le futur. Grace s'imaginait les tortues fortes, peut-être parce que lorsqu'une personne se protégeait des autres, les gens disaient d'elle qu'elle avait une carapace. Comme les tortues. Muette, elle l’écoutant, lancer cette conversation qu’elle redoutait autant qu’elle l’attendait. « Tout le monde est capable de tout, mais tu n’as rien fait et je ne peux pas t’en vouloir sur quelque chose que tu aurais pu faire. Je ne peux que te remercier de n’avoir rien fait. » Quand il avouait que ses souvenirs étaient flous, une partie d’elle était soulagée, l’autre se demandait qu’est-ce qu’ils faisaient à se remémorer des moments presque oubliés. Mais ils en avaient sûrement besoin, pour se sentir mieux avec eux-même. Des minutes avaient suffit pour qu’ils regrettent, des années avaient fallu pour qu’ils se le disent. « Cette conclusion est sûrement la meilleure pour nous deux. » Même si évidente, l’éventualité que ça arrive n’était jamais arrivé à son esprit. Grace prenait peur en s’imaginant ses récentes soirées où le pire aurait pu lui arriver à cause de son inattention. Les yeux tremblants, la fleuriste cherchait sa réponse dans sa mémoire trouée par la surprise. « Je … Je ne sais pas, je ne pense pas … Non. Ses mots trébuchaient hors de sa bouche alors qu’elle parlait sans conviction. Je te l’ai dit … Je ne me souviens pas de ce que je t’ai vendue cette soirée-là. C’était son unique défense. Je ne crois pas avoir vendu ces trucs à nouveau. Mais … j’en sais rien. » Comme si ça pouvait l’innocenter. Contrairement à autrefois, la châtaine s’était renseigné sur ce qu’elle vendait, mais de tout ce qu’elle connaissait, rien n’expliquait l’état de l’ébéniste ce soir-là. Peut-être qu’elle s’était faite piégée, peut-être qu’on s’était jouée d’elle. « Je n’ai jamais pensé à mal quand je dealais. Je n’ai jamais pensé qu’on pouvait faire du mal avec la drogue, d’ailleurs. Pour moi, les personnes qui s’en procuraient le faisait parce que ça les rendaient heureux et … J’étais assez stupide pour croire que nous vivions dans un monde idyllique où les gens ne veulent de mal à personne. J’ai commencé en pensant que propager du bonheur et c’est toujours ce que je pense, au fond. » S’il pouvait lui dire qu’elle se trompait depuis le début, qu’elle faisait une erreur, ça pourrait peut-être la raisonner. Mais s’il avait fait appel à elle, elle se doutait qu’à la base, c’était parce qu’avoir des stupéfiants ne lui procuraient pas un effet négatif.
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Sujet: Re: the turtle can't go out to play for when he moves, his house moves too (grace) Sam 28 Sep 2019 - 4:54
Cette conversation douce, curieuse et innocente avait tout de mieux, aux yeux d’Isaiah, qu’une discussion pleine de reproches comme celle qu’il avait déjà malheureusement eue avec Grace. Il aurait préféré ne la connaître que sous le jour d’aujourd’hui, ne jamais avoir eu à hausser le ton envers elle. Il aurait voulu la découvrir sous les rayons du soleil couchant en devinant ses traits les uns après les autres, et non pas connaître par cœur son visage malgré cette lumière de fin de journée, et ce parce que son regard l’avait hanté si longtemps même lorsqu’il ne fut plus posé sur lui. L’artiste sourit, pensif, lorsque Grace aborda son espoir que ces jeunes tortues soient moins sensibles que les Hommes. « Je l’espère aussi. » Souffla-t-il. Cet échange prouvait bien qu’au-delà des premières impressions, Grace et Isaiah n’étaient pas si différents, ils n’étaient pas les opposés qu’ils avaient donné l’air d’être. Elle était une personne douce et sensible, elle aussi. Et elle avait fait une erreur. Isaiah en avait fait une aussi. Il était d’ailleurs temps de lui faire face, à cette erreur. De la reconnaître et de s’en excuser. L’artiste regrettait rarement ses actes parce que ceux-ci étaient la plupart du temps motivés par ses convictions les plus chères. Comme tout le temps, il lui arrive d’en échapper. Il n’était pas parfait, Grace non plus, et peut-être arriveraient-ils à trouver un terrain d’entente s’ils osaient l’admettre. La jeune femme ne lui en voulait pas, disait-elle, au contraire elle le remerciait de n’avoir rien fait. Isaiah fronça les sourcils. Il comprenait où elle voulait en venir, elle songeait à quelque chose que lui-même s’imaginait incapable de faire. « Je n’ai pas rien fait. Je comprends pourquoi tu me dis ça mais je n’ai quand même pas rien fait, les accusations que j’ai portées contre toi et mon attitude en général était … déplacées et agressives. Le fait que ça soit resté verbal n’excuse rien. » Certes, la violence physique était toujours considérée à un degré supérieur, sans doute avec raison, mais il n’en restait pas moins que les mots pouvaient également avoir beaucoup d’impacts sur une personne. Des impacts silencieux et invisibles. Des impacts qui restent gravés, sur le long terme. Mais alors qu’ils auraient pu en rester là et ne plus jamais reparler de cette journée honteuse pour tous les deux, Isaiah voulut quand même savoir si ce qui lui était arrivé risquait d’arriver à d’autres. Il n’était pas dupe, l’artiste, il savait bien que ça arriverait à d’autres. Ce qu’il voulait vraiment savoir c’était si Grace y contribuerait, à ces autres fois. Malgré cette fois-là. « J’aimerais penser que c’est de propager du bonheur mais c’n’est pas le cas pour tout le monde … Si des gens viennent à toi pour ça ce n’est pas forcément par choix … dans le sens où, à un moment, ils tombent dans ce tourbillon et des choix, ils n’en ont plus. Ça devient le seul choix, même si c’est le pire, même si ça les détruit. » Mais elle devait bien le savoir, ça, Grace. Elle ne pouvait pas réellement évoluer dans le monde de la drogue sans en comprendre tous les enjeux, toutes les vérités aussi dures soient-elles. C’était un monde noir, un monde pourri. Les drogues légères qu’Isaiah avait l’habitude de prendre n’avaient rien à voir avec ce qui se tramait le plus souvent dans l’obscurité des rues. « C’est pour ça que c’est important de savoir ce que tu leur fais ingérer, à ces gens-là. Parce qu’eux ne s’en soucieront probablement pas, quand ils en sont à ce point de non-retour. Et des overdoses sur ces cochonneries, c’est trop vite et facilement arrivé … » Il soupira doucement. Isaiah n’était pourtant pas un saint, il avait vendu de la marijuana à n’importe qui et n’importe où, mais c’était de l’herbe dont il connaissait la provenance, il pouvait alors au moins en contrôler la qualité. Il aurait juste voulu que tous les dealers aient une telle conscience. Ce n’était pas gagné.
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Sujet: Re: the turtle can't go out to play for when he moves, his house moves too (grace)
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