(#17) and the story goes on. (thad)

Elle se met à rire, un peu, sous son regard noir. « Mais qui te dis que je ne le fais pas avec une autre ? » demande-t-elle d'un ton malicieux, sournoise. Il la coupe alors dans son monologue et elle le dévisage presque froidement. Elle sait que ses propos sont ironiques, et c'est peut-être là toute la nature de son regard. Elle ne répondra rien, son estime d'elle-même frôlant les chiffres négatifs, et le temps n'a rien arrangé. Elle serre simplement les dents. Il enchaîne sur le fait qu'ils n'ont pas été réellement ensemble, et elle ne peut s'empêcher d'ajouter avec malice : « Bah, ça me dérangeait pas moi, de te voir te balader à poil. » Elle lâche un éclat de rire bref. « Pourquoi veux-tu qu'elle fuit ? Thad, on dirait que tu me parles de toi comme si t'étais un monstre, ça va ! » Elle secoue la tête, ne comprenant pas vraiment pourquoi son estime à lui aussi semble si blessée. Attendrie par les mots sortant de la bouche de son ex et qu'elle n'aurait jamais cru entendre, elle pose par instinct sa main sur la sienne. Elle a toujours été comme ça, Panda. Très tactile, dans cette recherche constante de l'affection pour combler un manque étrange. « Mais Thad ! Qu'est-ce que tu appelles "trop bien" ? Vous allez... très bien ensemble. » admet-elle sincèrement, avec néanmoins un peu de difficultés, parce que bon voilà, avouer à son ex qu'il va bien avec sa copine, c'est pas toujours évident. Mais sans rancunes, hein ! Elle fait mine de s'offusquer lorsqu'il lui parle de ses petits seins et lui donne de nouveau un coup sur l'épaule, fronçant les sourcils. « Tu veux vraiment que je te dise c'qu'y avait de petit chez toi ? » réplique-t-elle avec répartie, avant de lui lancer un sourire éclatant, bien plus détendue qu'avant qu'il ne soit là. Il faut dire qu'il lui change aisément les idées. Elle sourit presque tendrement en entendant ses mots. Elle baisse doucement les yeux, sans répondre à sa plaisanterie sur l'étagère, avant de soupirer longuement, un sourire pourtant toujours présent sur ses lèvres rosées. Elle remonte un regard presque timide vers lui. « Pourquoi est-ce qu'on n'est pas encore ensemble alors, hein ? J'essaierai d'être libre pour cette période. On s'était dit rendez-vous dans dix ans... » commence-t-elle à chanter doucement en français, sa langue natale, en basculant sa tête contre son épaule, avant de chercher un peu à l'aveuglette sa cuillère posée dans le pot de glace pour en enfourner une cuillerée dans sa bouche, comme pour éviter d'avance la petite vague de nostalgie qui s'apprête à l'enserrer. Au fond, c'est vrai quoi... ils avaient été bien, ensemble.

Comment ça il sait que ça ne la gênait pas ? Bon, ok, elle ne le cachait pas, mais tout de même... Après lui avoir avoué qu'ils vont bien ensemble, elle voit Thad se pencher vers elle et elle fronce les sourcils, brièvement affolée intérieurement... pour sentir seulement ses lèvres se poser sur sa joue. Ouf, ouais. Elle se met légèrement à rire en l'entendant répliquer qu'il a de petite oreilles. Comme pour justifier ses mots, elle en attrape une et la pince doucement. « Mais oui, des toutes toutes touuuutes petites oreilles. » fait-elle d'une voix complètement gâteuses, comme une grand-mère. Elle le relâche alors, quand il lui parle soudainement de mariage. Déstabilisée, elle n'a pas l'habitude de se montrer si sensible. Pandore généralement, elle garde la tête haute et le regard presque distant sur les autres, simple moyen de défense. Mais là, elle a connu la déchéance qui lui a fait s'ouvrir un peu, ce dont elle n'avait pas l'habitude de faire. Son histoire avec Emrys l'ayant, visiblement, autant humanisée que meurtrie. Et sa plaie qu'elle continue égratigner toute seule, comme refusant de la voir se refermer complètement. Quand elle relève les yeux, elle croise le sourire presque attendri de Thad, et elle fronce légèrement les sourcils, ne sachant pas ce qu'il doit penser d'elle, en réalité. Heureusement, il ajoute juste qu'il déteste l'entendre parler français. « Je sais. » fait-elle simplement d'un ton insolent. Panda l'écoute alors dresser un portrait peu glorieux de lui, et effectivement, elle se met à rire, retrouvant vite sa bonne humeur. Il a toujours su la faire rire. Elle se laisse tomber en arrière dans le dossier du canapé, les pieds sur la table basse, complètement avachie, tenant pourtant toujours le pot de glace. « T'étais marrant à l'époque. Mais j'te préfère comme ça je crois. » lui avoue-t-elle doucement avec un sourire amusé. Elle prend une nouvelle cuillère, avant de froncer légèrement les sourcils à sa dernière phrase. Elle secoue la tête avec un sourire en coin. « Non, en effet, ça n'aurait jamais été possible aussi longtemps jusqu'à aujourd'hui. » Puis son air s'adoucit et elle baisse de nouveau les yeux, une fraction de seconde, avant de les remonter lentement vers son visage. « Mais je t'aurais peut-être supporté... aujourd'hui. » Euh, wtf ? Consciente de ce qu'elle vient de dire et de l'air grave qui place à la suite de sa phrase, elle détourne le regard. Une fâcheuse manie, ou plutôt maladie, de dévoiler une sensibilité qu'elle ne se connait pas elle-même. « T-Tu veux qu'on mette un film p't'être ? Quoique non en fait, on n'a pas grand chose... »

Elle soupire légèrement, amusée. « J'ai pas dis ça. Pas ennuyeux, juste plus mature peut-être. » Elle hausse les épaules, peu désireuse de s'attarder à lui faire, encore, des compliments. Elle en a assez fait pour la soirée, non ? Déjà qu'elle n'est pas très douée pour ça... Elle voit bien qu'il réagit mal à sa dernière phrase et se mord la lèvre en se refusant de croiser son regard. Elle lui propose alors de regarder un film et.. il se met à rire. Ça a l'effet sur elle de lui faire tourner la tête vers lui, sourcils froncés et inquisiteurs. Sidérée par ses paroles, elle le toise un instant. « Je t'aurais repoussé, voilà ce que j'aurais fait. Putain Thad tu me vois vraiment comme ça ? Tu crois que je lui ferais ça ? » siffle-t-elle en parlant de Poppy. C'est peut-être dur à croire, mais Pandore a certaine règles, tout de même. Jamais elle ne se permettrait de toucher à Thad ou à Dexter par exemple. En début de soirée, elle l'a charriée. Là, elle est blessée de voir dans quel sens il prend sa phrase. À ses mots suivants, elle lui donne un nouveau coup sur l'épaule, et se décale, blessée. Elle sent des larmes de frustration lui monter aux yeux, chose qui ô grand Dieu, n'est jamais arrivé à Pandore avant qu'elle ne connaisse cette période récente qui, visiblement, a fait ressortir chez elle un côté sensible qu'elle avait enfoui bien profond avant. « Ma phrase n'insinuait pas que je voulais qu'on s'envoie en l'air ! T'as rien compris... » Exaspérée, elle lève les yeux au ciel, s'enfuyant vers la cuisine pour calmer ses nerfs qu'elle sent monter. Sinon, ça va se terminer soit de façon à ce qu'elle lui hurle dessus, soit qu'elle fonde en sanglots. Elle ne veut ni l'un, ni l'autre. Là-bas, elle s'accoude près de l'évier, face au mur, respirant fort. Non, ses mots ne signifiaient pas qu'aujourd'hui elle l'aurait supportée au lit. Mais supporté tout court. Comme un petit-ami, et non pas seulement comme l'amusement sexuel qu'il avait représenté autrefois. Voilà pourquoi elle a été gênée l'instant d'après, de peur qu'il ne mette le doigt sur certaines hypothèses, comme celle où Pandore se remettrait bien avec lui. La gorge sèche, elle se sert un verre d'eau froide du robinet, mais même l'eau lui semble amère. Elle le vide ensuite dans l'évier, avant de se retourner, revenant dans le salon. Elle s'assoit de nouveau sur le canapé. Loin de lui, avec le comportement certes d'un enfant, mais elle est toujours blessée. Ne voit-il donc d'elle que l'espèce de prédatrice qu'il a connu autrefois ? Ne s'est-il pas rendue compte qu'elle a changé ? Visiblement, non. Elle grimace, les yeux rivés sur la télé, les genoux repliés conte sa poitrine, ses mains entourant ses jambes pour les maintenir contre elle. Elle garde obstinément le regard rivé sur l'écran, muette.

« J'en sais rien vois-tu. » Elle a toujours aimé la franchise, la sincérité, elle aussi elle est comme ça. Pourtant à cet instant-là, c'est encore plus blessant. Elle ne répond rien, sa réaction suivante est déjà suffisamment assez démesurée, non ? Les larmes aux yeux, elle s'est enfuie vers la cuisine. Qu'est-ce qui lui a pris de dire ça aussi, hein ? Elle n'en sait rien, elle n'a pas contrôlé ! Tu contrôles pas grand chose en ce moment pauvre minette. Elle soupire et revient. Elle s'installe. Loin. « Pandy. » Elle reste indifférente, alors qu'elle a juste envie de se tourner vers lui pour pleurer dans ses bras. Alors, il lui demande de s'expliquer et pendant un instant encore, elle se borne comme une enfant vexée, avant de soupirer lentement. Elle le sent en train de se rapprocher et tourne la tête vers lui pour le regarder, hésitante. « Je promets de plus jamais critiquer tes seins. » Elle le déteste. Oui, elle le déteste, parce qu'elle est là en train de piquer sa crise et à lui en vouloir, et lui, il lui sort un truc qui la fait sourire. Elle essaie de rester en colère mais ça ne marche pas, et ses nerfs s'évaporent alors qu'elle part dans un rire mi-nerveux mi-détendu. Elle se rapproche doucement, posant sa tête sur son épaule. « Rien à foutre, tu peux critiquer mes seins le restant de mes jours, y en a d'autres qui les aiment plus que toi, voilà. » Elle sourit, avant de soupirer une nouvelle fois, cherchant ses mots. « Bon, ce que je voulais dire tout à l'heure, c'est que... si les situations avaient été différentes, je suis certaine que je t'aurais supporté. Euh.. à longueur de journée. Fin.. » Bon, elle galère, ça se voit pas ? Elle soupire, encore. « 'Fin comme mon copain quoi, j'veux dire ! Si les situations avaient été différentes. » répète-t-elle, histoire qu'il comprenne pas encore tout de travers. Elle se décale légèrement, comme soulagée d'un poids. Ben quoi ? Elle aussi elle est franche. Elle s'entend toujours tellement bien avec lui... Soudainement, elle le regarde droit dans les yeux, avant de poser sa main sur sa joue. Avec lenteur, elle approche doucement son visage du sien, jusqu'à sentir son souffle sur son visage. Arrivée si près... elle lui donne un coup sur l'épaule – décidément – et part dans un rire franc. Elle se recule, s'installant de nouveau bien dans le canapé. Elle repart à la pêche à la glace, inconsciente. « Là, t'étais censé au moins m'en mettre une bonne dans la tête, Thad. » lui dit-elle, parce que oui, elle voulait juste voir s'il aurait été prêt à lui foutre une tarte, qui aurait été bien méritée. Loin d'elle une idée pareille. Mettre Thad dans une situation aussi délicate... hors de question. Elle le respecte trop pour ça, au même titre que Poppy. Alors, elle préfère encore rester en couple avec son pot de glace.

Il embrasse le haut de son crâne et elle a l'impression d'avoir douze ans, comme à l'époque où elle vivait encore chez ses parents. Rectification : où ses parents étaient encore en vie, plutôt. Elle ne répond rien sur le fait qu'il puisse continuer à critiquer ses seins, et préfère plutôt lui avouer ce qu'elle avait voulu dire. Qu'elle se verrait bien en couple avec lui, s'il n'était pas déjà en couple et si elle n'était pas toujours pauvrement amoureuse. Avec des si, on mettrait Paris en bouteille, oui elle est au courant. Elle lâche un léger rire ironique en l'entendant. « Oui, bon ok, mais à la base, c'était pas juste ça dont je voulais parler, espèce d'obsédé. » Elle lui tire la langue, comme une gamine. « Je vous souhaite vraiment du bonheur, à Poppy et toi. » Voilà, c'était pour clore le moment sérieux. Après son petit "test" enfantin, il lui répond qu'il ne frappe pas les jolies filles. Elle esquisse un sourire mignon. Quand il rajoute que les moches, non plus, elle fronce les sourcils et se retient de lui donner un nouveau coup. Le pauvre, si elle continue, il aura l'épaule en bouillie. « Va te faire, Thad. » À peine a-t-elle fini sa phrase qu'il lui pique sa cuillère de glace à environ deux centimètres de sa bouche. Non mais, il la cherche là aussi, n'est-ce pas ? Il ne sait pas qu'il ne faut pas travailler les nerfs d'une femme enceinte comme ça sous risque d'être décapité ? Ah oui, il n'est pas censé être au courant qu'elle est enceinte, aussi. Elle grogne, et alors qu'il se redresse, soudainement accaparé par l'écran de télévision, elle en profite pour récupérer sa cuillère et enfourner, enfin à son tour, un bon bout de glace. Elle soupire en entendant sa tirade sur ses seins. Encore. Elle va vraiment finir par se vexer. « Non mais Thad, faut être réaliste. Des seins comme ça, si tu les presses, ils explosent, c'est pas pratique et après y en a de partout. Au moins, t'as jamais eu ce risque avec moi. » Autant trouver des avantages partout, non ? Elle repose la cuillère en se jetant dans le dossier du canapé avec un long soupir. « Bon j'ai assez mangé pour huit jours là je crois. »