(#25) never look down ∞ heathcliff

Je pense que je ne me le répéterais jamais assez, mais j’aime le voir sourire. Il a un si beau sourire, qui illumine le mien. Et il est si beau parce qu’il ne le montre pas souvent. C’est vrai, c’est rare généralement. Je ne sais pas qui ou qu’est-ce qui en est la cause, de ce sourire, mais ça me réchauffe le cœur, et intérieurement j’ai l’impression que mes lèvres s’étirent exagérément. Il n’a pas l’air de savoir quoi répondre à ma question,  je suis un peu déçue sur le coup, peut-être en aurais-je un peu plus appris sur lui… Je le connais si peu. Il y a des moments où je me dis que je devrais lui demander, lui poser des questions, lui dire carrément que j’aimerais en apprendre plus sur lui, que c’est une torture pour moi de ne rien savoir. Peut-être comprendrais-je un peu plus tout ce qui nous arrive, et anticiper ? Mais, l’anticipation et moi, ça fait mille. Non, en fait, je n’ai aucune excuse … Je veux tout simplement le connaitre. « Eh bien... Non pas vraiment, il faut dire que je n'ai pas l'habitude de côtoyer des princesses tu sais. » Je me sens que mes joues brûlent, et je suis soudainement honteuse de rougir de la sorte. Il m’a un peu surprise sur le coup, j’aurais pensé à une réponse froide, qui aurait clos cette discussion. Et surtout qui m’aurait empêché de donner mon avis sur la chose. Il vient prés de moi, il y’a comme un frisson électrique qui se propage dans mon corps. Ça m’angoisse, mais je sais que ça ne peut que me faire du bien. Ô j’aimerais tant être un peu moins coincée, et savoir un peu plus me dévergonder, peut-être m’en foutre de ce qui pourrait se passer : profiter. « Mais peut-être que tu aurais quelques tuyaux à m'offrir ? » sa main est prêt de moi, j’hésite à la toucher du bout de mes doigts, mais j’en fais rien. Il semble un peu amusé, mais je me sens un peu… Non pas gênée, je ne sais pas. En fait, je me sens prise sur le fait. Il a retourné le jeu contre moi. Ce ne sont plus mes règles, ce sont les siennes et sur le coup, je me sens dépourvue. « Et bien… J-je pense que… » bafouillé-je ridiculement, je ne sais quoi dire pour le satisfaire sur le coup. Pourtant, je m’installe un peu plus confortablement, un peu plus contre lui sans pour autant être trop proche. C’est bizarre cette proximité éloignée. « Être attentionné, sincère… J-je n’y ai jamais réfl-fléchi en réalité. C’est au feeling je pense. Mais dans mes rêves… » Je prends soudainement un peu plus d’assurance et continue mon explication « Tu vas surement trouver ça stupide, mais qu’on m’emmène peut-être une fois un petit déjeuner au lit, qu’on me complimente, que l’on croit en moi, qu’on me soutienne… » Ce que je n’ai pas eu du côté de mon père, je le cherchais peut-être chez un homme « Qu’on me surprenne même, peut-être. C’est un peu kitsch, non ? Manquerait plus que je te dise que je rêverais qu’on m’embrasse sous la pluie, et c’est bon, on tombe dans un feuilleton à l’eau de rose mal joué. » Pourquoi le stresse m’envahissait soudainement ? Je dépose mon regard sur lui, puis je lui souris, je ne regarde pas ses lèvres, elle m’attire comme un aimant. Et je lutte pour ne rien faire, je lutte contre mes envies, contre moi-même. Ce n’est pas bon, pas bon du tout… Du tout.

Parfois j'ai peur qu'il se foute de moi. J'ai toujours accordé une putain d'importance pour les regards des gens me concernant. Mais j'accorde une plus grand importance concernant l'opinion de Heath sur moi et ça me saoule. Alors je souris, je souris pour masquer cette angoisse que je cache au fond de moi. Je donne l'air d'être une fille rassurée, et parfois au bout d'un moment, j'ai le sentiment d'avoir sacrément confiance en moi. Du-moins jusqu'à ce qu'on me retourne mes propres questions. Ça a le don de me déstabiliser et je suis ridicule. Ridicule. J'attend une réaction directe de sa part. Rien. Hormis un sourire. Je n'ose pas le regarder sur le coup puis enfin il dit  « Déjà, je ne trouve pas ça stupide. Même moi je suis capable de t'apporter le petit déjeuner au lit. » Mon cœur se réchauffe soudainement, j'ai même mal. Il a fait un super bond a tel point que j'ai cru que mon cœur allait s'arracher de ma poitrine. Puis je souris. J'aimerais rencontrer quelqu'un qui me dise ça ...  « Et puis ici, il fait plus souvent soleil qu'il ne pleut ma jolie, alors ça va être compliqué pour la scène finale, mais sinon tout le reste, c'est plutôt chouette comme tuyaux, merci ! J'en tiendrai compte. » je ris. De ce rire naturel, sans exagération. Il me fait rire. On pourrait croire que non, en le voyant, mais même avec son impassibilité il dégage quelque chose. Je sais je me contredis. Mais il est si compliqué que je ne saurais comment le décrire. C'est un drôle de personnage. On ne sait jamais a quoi il pense et pourtant il dégage quelque chose de sa beauté froide. Puis je repense a ce qu'il dit. Qu'il tiendra compte de mes «tuyaux» et je souris. Mais je me sens soudainement triste. Je murmure alors  « Elle aura de la chance. » Elle. Une autre. Ce ne sera pas moi. Je ne sais pas s'il voit d'autres personnes, c'est vrai, on en parle jamais. Et je trouve que c'est mieux ainsi parce que... Je sais pas. J'ai l'impression que s'il me parle d'une autre femme, qu'il me dise qu'elle est merveilleuse ou tout autre chose... Rien que d'y penser, mon cœur se serre. « Bon, il fait quoi le livreur... » mes yeux se relèvent en sa direction, et je ne peux m'empêcher de l'interroger du regard. Ah oui! Nos pizzas! Je me lève alors  « Attends, je les appelle. » puis je me dirige vers mon sac où se trouve mon téléphone, compose le numéro de la pizzeria et m'occupe de tout [...]  «Merci beaucoup, a tout a l'heure. » je viens en direction du canapé et m'accoude au dossier puis d'un sourire je lui dis « Petit soucis de livreur, elles arrivent dans un quart d'heure. » un quart d'heure. D'ici la on a le temps de faire des choses, on a le temps de discuter, on a le temps de commencer le film, on a le temps de mourir de faim. On a le temps quoi...