our lives belong to us ∞ sonny

J’avais fermé la boutique plus tôt aujourd’hui, et avais décidé de me rendre au bar de la plage avec un ami. Je m’étais alors installé sur le comptoir, commandant expressément une simple boisson. Soit, du jus d’orange. Le regard interrogateur du barman m’a bien fait comprendre que je n’étais pas une cliente comme les autres, et je le sentais. Déjà l’ambiance commençait à chauffer, et je voyais des jeunes femmes défiler vers le comptoir, enfilant toutes sortes de boissons plus ou moins alcoolisés. Mais s’il savait pourquoi j’évitais de boire, il comprendrait. Ce n’est pas le fait que je ne tiens même pas deux verres, mais je voulais éviter d’occasionner une nouvelle catastrophe relationnelle. Sachant que là, j’avais rendez-vous ( oui oui, j’ai bien dit rendez-vous et non rencard, un rencard faut être amoureux ou quoi que ce soit, non ? ) avec un très bon ami. Le barman posa le verre devant moi, et je le remerciai chaleureusement. Depuis que j’étais dans le bar de la plage, je n’avais pas une fois oublié de sourire. Je souriais tout le temps, et pour rien. C’était de ma nature. J’avais de la peine pour ces gens qui ne savaient pas profiter du peu de bonheur que la vie pouvait nous offrir, qui n’affichaient jamais de sourire sur leur visage. Le sourire, c’est un beau maquillage, ça illumine une personne. Je trouve. C’est pour ça que, quand je rencontre une personne, je m’attarde tout de suite sur sa façon de sourire, et ensuite je remonte vers les yeux. J’entends une voix qui me parvient à l’oreille, croyant que c’est mon ami, je me retourne souriante. Mais ce n’est pas lui. C’est un homme, déjà bien amoché par les effets de l’alcool qui vient me parler et me déclare toutes sortes d’absurdités. Je suis belle, je suis la femme de sa vie, il veut se marier avec moi et avoir des enfants… Cela me déplairait pas, si c’était une personne que je connaissais depuis plus longtemps que… cinq petites secondes, ou avec qui j’ai déjà une certaine relation. Une certaine relation… Il devient de plus en plus lourd, et je n’arrive pas à l’envoyer boulet. Quoi que… « J’attends un ami, je suis désolée. » peut-être qu’en disant cela, il s’en ira, dégoûté mais apparemment, il insiste. Je déteste les effets que l’alcool à sur les gens, et sur moi-même par la même occasion. Je bois une gorgée de mon jus d’orange, quand il m’agrippe soudainement le bras, visiblement agacé par mon indifférence envers lui. « Lâchez moi, s’il vous plait. » il est vrai que ce n’est pas ma manière douce qui le fera dégager, et les personnes autour de moi n’ont pas l’air d’y faire attention… Je me débattis discrètement et j’eus le malheureux sentiment d’être seule au monde. J’espérais que Sonny arrive. Bientôt…

Je regardai furtivement autour de moi, désespérée à l’idée de me dire que j’allais mal finir. Et puis, apparemment, personne n’avait l’air de vouloir lever le petit doigt pour moi, ni même penser à recaler ce porc. Il avait une sacré force je dirais, il me faisait mal au bras. J’avais peur, sur le coup mais ne montrais rien. Il ne fallait pas montrer sa peur, jamais. J’ai une pensée incontrôlable pour quelqu’un, et je m’étonne moi-même de penser à lui en ce moment précis, comme s’il allait débarquer comme cela, et me protéger. Mais je sais qu’il n’est pas là, qu’il ne peut pas. Je sais qu’il ne m’entend pas. Et pourtant, je pense à lui. Mon cœur fait un bond, pas seulement pour cette pensée à la limite du désagréable mais parce que je suis soulagée d’entendre le timbre grave de la voix de Sonny. «  Bon mon pote, tu vas laisser ma copine tranquille, tu piges ? » sa main l’avait attrapée par l’épaule, et l’homme m’avait lâché. Je me suis discrètement frottée le bras, là où il m’avait un peu serré fort. Je sais que l’inconnu s’éloigne de moi, et au fond de moi, je me sens rassurée que Sonny soit là, prés de moi. Je suis comme en sécurité. « Oh, merci Sonny ! » lui déclaré-je alors, plus enthousiaste, et visiblement l’esprit plus léger. Le malaise avait alors disparu, et après que Sonny ait commandé son verre de Coca – apparemment, il est en cure d’alcool ce soir, un peu comme moi, c’est juste parfait je ne pourrais être influencé – il se retourne vers moi et me sourit aimablement. Une chaleur rassurante s’installe en moi. Je suis vraiment contente qu’il soit avec moi. «  Comment tu vas Charlie ? » Si tu savais Sonny, je vais bien mais ma vie est pourrie par des questions qui vont et qui viennent dans ma tête, c’est comme un mauvais engrenage et je me perds dans ces questions bien trop souvent sans réponses. J’aimerais tellement t’en parler, mais je suis ici pour ne pas en parler justement, oublier simplement pour une soirée même si c’est difficile… « Qu'est-ce qu'il te voulait ce gros lourd ? Je t'ai déjà dit d'arrêter de sourire à tout le monde, il a du croire qu'il te plaisait. » J’étais en train de boire un peu de mon jus d’orange avant de finalement éclater de rire. C’était marrant de voir que Sonny était un peu plus jeune que moi – quoiqu’un an c’est pas la mort – mais qu’il était comme un grand frère protecteur pour moi. Je n’avais jamais compris notre relation, dans laquelle tout nous oppose lui et moi, pourtant, il était là à boire un verre et me demander comment j’allais mais aussi me mettre en garde contre ce monde sans pitié. Je le regarde, malicieuse car je ne veux pas que cette scène qui venait de se passer devienne mélodramatique. C’était passé, je n’avais rien, psychologiquement j’allais bien et puis… valait mieux en rire qu’en pleurer. « Je suis désolée Sonny, mais je n’arrive pas à m’empêcher de sourire, c’est scotché tu vois. » j’élargis mon sourire pour exagérer mes propose pour continuer ensuite « Puis je ne le regardais pas, enfin je ne faisais rien pour attirer son attention… Les mecs pensent vraiment avoir une chance dés qu’une femme leur sourit ? Regarde, je te souris et pourtant, tu ne me sautes pas dessus ! » c’est vrai quoi… la gente masculine m’étonnera toujours. Mais je faisais une généralité, il y avait beaucoup d’homme qui étaient bien, il ne fallait que les trouver … « Mais ne t’en fais pas mon Sonny, je vais bien. Et toi ? Tu as une tête à avoir fait la fête toute la nuit. » Il est vrai que son boulot de barman de nuit n’arrangeait guère la chose, mais j’avais l’impression qu’il n’avait que très peu dormi. Ou alors, il n’était pas assez reposé.