napoena + under the stars.

Le vent souffle dans tes cheveux et tu te laisses à rêver sous les étoiles. Tu sais que le pêcheur est là, qu’il te regarde et qu’il est fier de toi, de cette enfant qui a su préserver son innocence et sa douceur. Le malheur tu le connais, la douleur, la peine, la haine aussi. Pas question de te laisser pervertir par ce monde dans lequel tu es née. D’une pureté que les anges jalouseraient. Tu te vois emmener dans un bateau qui traverserait les nuages, qui t’emmènerait droit en direction du paradis. Rendre le monde meilleur, créer un havre de paix, c’est ce à quoi tu t’attèle. Tu penches la tête en arrière, tu te laisses porter par le vent, tu n’as pas peur de tomber, tu ne tomberas pas, tu le sais, il est là pour te retenir, il ne te laissera jamais tomber. Quand on a la foi il ne nous laisse jamais tomber. Tu n’aurais jamais pensé que quelqu’un puisse venir sur ce toit, tu t’amusais à te prendre pour un oiseau mais au fond t’étais plus un oisillon qui n’avait jamais su voler. Cette fragilité. Cette faiblesse. Qui aurait pu croire que derrière tout ça se cachait une femme forte, si forte qu’elle pourrait soulever des montagnes avec son cœur. Les douleurs que tu avais ressentis t’avais rendu comme ça. Certains se forgent une carapace pouvant les protéger de tout ce qui pourrait les toucher, toi tu n’avais pas besoin de ça, tu avais la foi. Des pas dans ton dos, qui pouvait être là, tu te retournais doucement, un immense sourire sur tes lèvres, essayant de tenir ta robe qui se soulevait avec le vent. Une silhouette inconnue, de la fumée qui émanait de ses lèvres, des cheveux en bataille. Qui est-il ? Tu n’avais jamais cru au hasard, sans doute le destin, sans doute une épreuve, sans doute quelqu’un que le saint père avait mis sur ta route comme il l’avait fait pour Alma. Tu t’approchais de lui, en souriant, ne décrochant aucun mot. Tu t’asseyais en tailleur à côté de lui et levait la tête en sa direction « la nuit est belle. » lâchais-tu en un souffle à celui que tu ne connaissais pas. Tu avais confiance. Tu savais qu’il n’aurait pu mettre sur ta voie quelqu’un de néfaste et puis si cela s’avérait être une épreuve réussirait, tu le savais.

Un môme aux cheveux emmêlés. à la manière d'un petit orphelin, le cœur sur la main. Il a l'air embêté, froissé, pareil à un papier de sucette. Il a comme des larmes séchées sur les pommettes. La solitude, ce Roi-Fléau, draine enthousiasme et candeur, le replongeant dans son complet dans l'Horreur du lieu maudit. Les trois cent mille rêves évanouis, voilà ce qui résulte de ce pénitencier pour âme. De ce faucheur de désirs inavouables. Il vous asservit, rendant poussière votre imaginaire. Il a le cœur glacial, comme un frigidaire. Souffle putride qui vous susurre calomnies sous des airs de vérité incontestable. Les volutes perfides caressent les méandres de ses lèvres. On y sent presque la poésie affleurer. Le Vague à l'Âme se faire piètrement exploiter, écume rageuse laminée par l'atrocité. Sans blague que ce ravage interne lui fout des envies de mort. Les yeux aux cieux, comme une solution du Désespoir. Un message divin, un précipice doré. Le môme Léon s'élance, s'avance à l'inconnu, les marches de sa gloire éphémère. Sans doute passera-t-il aux journaux du soir, dépeint sous les traits d'un bel inconnu ravagé par la société. Qu'ils cessent donc de la dévaloriser, ce sont eux qui l'ont créé, ce merdier. L'oiseau aux formes oniriques a rejoint son perchoir doré. Il prépare sa combustion romanesque ; à l'instar du phénix, ses cendres pleureront de stérilité. L’inattendu d'une silhouette gracile soulève en ce gamin le semblant d'humanité restant. Elle a la robe soulevée par la vent. Vaine tentative de préserver la pudeur. La môme jolie te parait l'Eternité : le Ciel allé avec sa Candeur. Point de Mer ici, du moins, elle a pris une tout autre dimension. Le poète aux rimes risibles tire sur sa fidèle. Plus aucune préoccupation pour les résidus arguant de leur saleté son jean crevé d'escapades sans fin. La méconnue, à la manière d'une étoile décrochée du velours céleste, légère, lui fait honneur de sa proximité.  « la nuit est belle. » Le môme vérifie cette enfantine réflexion. « Y a plus joli. » Regard en biais ; bien plus joli. Même une vision si pure ne peut le tirer de sa torpeur. Dans un but d'extraversion avant le déclin, il livre un peu sa problématique. « Le vrai Napoléon a dit un jour qu'on allait tous mourir un jour, ou une merde du style, et qu'après tout, pourquoi ne pas mourir ce soir ? » Un silence perturbe sa réflexion, comme l'écho stupide de sa propre sottise. « A-t-il raison ? » il s'allonge à même le sol, abandonnant son mégot dans les profondeurs de l'oubli. « Est-ce une bonne solution ? »