Les bras croisés, tu le laisses t’ouvrir la porte. Sur le coup, tu te sens un peu lady. Nouvelle étiquette d’Ernesto : (pseudo) gentleman avec un souci de coordination ou d’équilibre, au choix. Tu te cales, pour ne pas dire laisses tomber, dans un de ces gros fauteuils cosy et un peu bas. Toujours pas un mot depuis que vous êtes sortis alors qu’il semblait être d’humeur plus bavarde lors de sa première approche. « J’ai cru que j’allais devoir mettre une tenue d’infirmière et appeler une ambulance. Tu vois le genre ? » Tu ris en imaginant la situation : tu ne pensais pas à la tenue d’infirmière au premier degré – ce qui n’est pas crédible déjà – et en plus, tu aurais vraiment tourné de l’œil sur le chemin des urgences. Tu hausses un sourcil alors que ton voisin d’en face semble être dans la lune. Tu regardes autour de vous : non, personne d’étrange dans le café ou de l’autre côté de la baie vitrée. Du moins, personne n’a les yeux braqués dans votre direction ou sur lui avec l’intention de le tuer du regard incessamment sous peu. Tout le monde semble apprécier sa boisson et discuter de tout et de rien. D’ailleurs, une serveuse se rapproche de vous pour prendre votre commande. Café pour toi et… « Tu vas bien Ernesto ? Un souci ? » Oui, un peu couillon comme question… On ne veut pas confier ses soucis du moment avec l’inconnue du jour (et dire que tu n’as pas la moindre idée de qui il est et de ce qu’il avait prévu de te faire), mais bon il est devenu si… bizarre soudainement.