the sweet escape ∞ (noël)

Après l'annonce mouvementée de la pseudo maladie de Noël, nos parents nous avaient laissés tranquille. Ils ne parlaient plus de mariage, n'évoquaient plus nos fiançailles et ne discutaient plus de robe ou de décorations. J'avais l'impression de retrouver ma liberté. Je savais que c'était temporaire et qu'il faudrait un jour ou l'autre que l'on passe par la case "vœux devant Monsieur le Curé", mais je préférais ne pas y penser. Vivre l'instant présent sans se soucier du futur était le mieux à faire. Désireux que je passe du temps avec mon cher et tendre futur époux, mon père nous avait offert un voyage aux Maldives pour que nous puissions, je cite, "nous ressourcer et passer quelques jours en tête-à-tête sans personne pour nous embêter". L'intention était louable, nous n'avions pas pu refuser. Et puis, Noël était supposément crevé, ce voyage était l'occasion idéal pour qu'il puisse se reposer et reprendre des forces. Voilà pourquoi nous étions là, dans cette jolie petite villa extrêmement bien située. Rien que tous les deux. C'était assez étrange de partir en vacances seule avec Noël mais je devais me rendre à l'évidence : bientôt, je passerais le restant de mes jours seule avec lui. Il fallait que je m'y habitue dès maintenant. Très intelligemment (ou pas, suivant le point de vue), mon père avait pris soin de louer une maison avec une seule chambre - et donc un seul lit. C'était plutôt étonnant venant de lui mais il devait avoir suffisamment confiance en son futur gendre pour être sûr qu'il n'essaierait rien. Commettre le péché de chair avant le mariage n'était pas bien vu et même si je n'étais plus vierge, seuls mes parents étaient au courant. Aux yeux du monde, j'étais toujours cette jeune fille affreusement sage qui ne fait jamais rien de mal et qui préfère se préserver pour son futur mari. Grand gentleman qu'il était, Noël avait décidé de dormir sur le salon - et je n'avais pas protesté. J'étais bien trop nerveuse à l'idée de partager mon lit avec lui, même si je savais qu'il n'y aurait rien entre nous. Je préférais éviter de penser à toutes ces nuits que nous devrions passer ensemble lorsque nous serions mariés... À peine réveillée, le lendemain matin, j'attachais mes cheveux à la va-vite et rejoignis directement la cuisine pour grignoter quelque chose. Mon presque fiancé était déjà là et la table regorgeait de victuailles. J'ignorais depuis combien de temps il était debout, mais j'appréciais l'idée qu'il ait préparé le petit-déj. « Whoa. Je vais peut-être t'épouser pour de vrai, finalement ! », plaisantais-je avant de m'asseoir à table et de me servir un verre de jus de fruit. « Bien dormi ? » J'ignorais si le canapé était aussi confortable que le lit mais je me sentais un peu coupable de le faire dormir dans le salon. « On fera échange pour ce soir, si tu veux. Je dormirai sur le canapé. »

Franchement y avait plus dur comme réveil, j'avais pas à me plaindre, car à peine les yeux ouverts, je découvrais la magnifique vue qui se donner à moi. Derrière la baie vitré se trouvait un lagon bleu azur, qui semblait vous inviter à vous baigner. Il n'y avait qu'à à ouvrir la fenêtre et se laisser tomber. Comme quoi le cadre était paradisiaque, seulement j'avais passé une très mauvaise nuit, sans doute trop habitué au confort de mon lit king size, alors que là, j'avais du me contenter du canapé, et donc toute la nuit j'avais tourné en essayant de trouver une position confortable, mais il n'y avait rien à faire. J'avais tout essayé, assis, couché, en boule, et finalement j'avais terminé sur le sol en mode camping. Inutile de vous décrire les douleurs de mon cou et mon dos. Bref, du coup, vers 7heures je m'étais réveillé, j'avais espéré que May était également réveillé pour qu'on aille visiter l'île, et surtout pour qu'elle me tienne compagnie après cette affreuse nuit, mais lorsque j'avais passé ma tête à travers la porte de la chambre, je la découvris en train de dormir comme un bébé. Elle était tellement chou, que je pris une photo, que je lui ressortirais au mariage histoire de mettre de l'animation. Donc j'étais retourné dans le salon, et espérais trouver une occupation, très vite je finis dans la cuisine en train de faire une pâte à crêpe, ainsi que d'installer des fruits de toutes les couleurs sur le comptoir. J'avais pas vraiment des talents de cuisinier, à vrai dire je ne touchais pas à une casserole, mais tout le monde c'est faire des crêpes, n'est ce pas ? Un par si, une par là, je m'étais un peu de musique, et tout en faisant le fou, je faisais sauter les crêpes, jusqu'à ce que la petite Maybelle pointe le bout de son nez. « Whoa. Je vais peut-être t'épouser pour de vrai, finalement ! » Je lui fis un large sourire amusé - T'as vu, tu ne connais pas tout mes talents hein ! :gni: Je fais aussi bien l'amour que les crêpes ! Lui dis-je pour la taquiner, bon d'accord, bien sur que j'avais déjà imaginé May toute nue, et que je m'étais imaginé coucher avec elle, c'était une des filles que je fréquentais le plus lorsque j'étais encore puceau, alors évidement ... « Bien dormi ? » Je rigole à sa question, - Euhm. tu vois la cinquantaine de crêpe que j'ai fais ici ? Bah, en gros c'est parce que j'ai pas fermé l'oeil de la nuit. Par contre toi, t'as bien ronflé, et je te signal que si c'est comme ça toutes les nuits quand on sera marie et femme, tu te contenteras de la baignoire. Je lui fais un clin d'oeil tout en retournant ma dernière crêpe et en allant ranger la poêle. Je lui tend une assiette, et installe, la confiture, le nutela et tout ce qu'il faut. « On fera échange pour ce soir, si tu veux. Je dormirai sur le canapé. » - Oh non, très mauvaise idée, je ne pense pas que tu veuilles tester la dureté du sol !

À vrai dire ça me fait bizarre de me retrouver seule avec elle parce que, d'habitude, il y a soit les parents, soit les amis, là on est vraiment confronté l'un à l'autre. Son père avait vraiment visé dans le mile, on n'avait pas pu refuser ce voyage aux airs de voyages de noces. Tout le monde devait nous envié, sauf que je crois qu'on était chacun venu avec la mauvaise personne. J'aurais bien aimé dire à May d'aller faire sa vie de son côté, et que moi je me contenterais d'aller draguer sur la plage, mais je me sentais pas à l'aise de la laisser seule, surtout si il lui arrivait quelque chose, il s'en voudrait à mort, et Mr. Goodwin se chargerait de me tronçonner la tête. Je commence à me manger une crêpe au nutella, et lui demande - Dis moi, ton père, tu crois qu'il m'aime bien ? Ouais, je n'ai jamais cerné ce personnage qu'il est, il m'intimide énormément, et à chaque fois, j'ai l'impression qu'il peut me tuer. Je me demande vraiment pourquoi il tient à ce que moi je sois son gendre... - Il me fout la trouille à un point ...

« Je fais aussi bien l'amour que les crêpes ! » Forte heureusement, je venais tout juste d'avaler ce que j'avais dans la bouche, sans quoi j'aurais recraché mon jus d'orange sur le champ. Je le regardais avec un sourire amusé, les sourcils légèrement arqués. « C'est ça, ouais. Tu sais ce qu'on dit ? Que ce sont ceux qui en parlent le plus qui en font le moins. » J'ignorais depuis quand je prenais plaisir à répondre à ses taquineries, mais c'était presque devenu un jeu entre nous. Finalement, j'étais rassurée que l'on s'entende bien. Quitte à passer le restant de ses jours avec une personne qu'on n'a pas choisi, autant tomber sur quelqu'un de sympathique. Je rougis malgré moi quand il m'appris que j'avais ronflé - c'était sûrement une autre de ses mauvaises blagues. « On n'aura qu'à faire chambre à part, comme ça tu ne seras pas dérangé », lançais-je tout en me confectionnant une crêpe au Nutella. Je léchais la cuillère sans ménagement avant de sourire en pensant à ce que ma mère aurait fait si elle m'avait vue faire ça. Lécher une cuillère n'était pas quelque chose de convenable pour une jeune fille de bonne famille dans mon genre. Quand mes parents n'étaient pas là, j'avais enfin l'impression de pouvoir agir comme une jeune fille normale. « Oh non, très mauvaise idée, je ne pense pas que tu veuilles tester la dureté du sol ! » Je haussais les épaules avant de commencer à manger. Oh non, très mauvaise idée, je ne pense pas que tu veuilles tester la dureté du sol ! « On est censé venir ici pour que tu te reposes, Nono. Si tu rentres encore plus crevé sous prétexte que tu n'étais pas installé confortablement, je crains que nos parents trouvent ça bizarre... Alors je prendrais le canapé. Et non, tu ne discutes pas ! », répliquais-je en posant rapidement mon index sur sa bouche pour le faire taire. Je détestais quand il me tenait tête.

« Dis moi, ton père, tu crois qu'il m'aime bien ? Il me fout la trouille à un point ... » Je levais les yeux vers lui, une lueur de malice dans le regard. Le grand Noël Wanderbrooke, effrayé par mon père ? Ça c'était une première ! Cela dit, je ne pouvais que le comprendre. Depuis mon retour de Sydney, il me flanquait la trouille, à moi aussi. Ce n'était plus le père aimant et affectueux que j'avais toujours connu. Il ne faisait que me fliquer, m'interdire de sortir et me rappeler à quel point j'étais une fille indigne... Notre complicité était morte à jamais et à vrai dire, j'ignorais ce qu'il pensait de Noël. Il y a bien longtemps que je ne le comprenais plus. « Honnêtement ? J'en ai aucune idée... On n'est plus vraiment proche, lui et moi. Mais je suppose qu'il t'aime bien, oui. Sinon il ne tiendrait pas tant à ce que tu deviennes son beau-fils. Il est impressionnant mais il n'est pas méchant, tu finiras par t'y habituer. » Ou pas. Mais je préférais le rassurer plutôt que lui faire peur. « Alors, quel est le programme de la journée ? Tu veux qu'on reste chacun dans notre coin ? », demandais-je en continuant à manger. Je savais que le passe-temps favori de Noël était de draguer les jolies filles et il y arriverait beaucoup moins bien si j'étais dans les parages. Rester seule ne me dérangeait pas. Après tout, nos parents n'étaient pas là, nous n'étions pas forcés de jouer les amoureux transis.

« C'est ça, ouais. Tu sais ce qu'on dit ? Que ce sont ceux qui en parlent le plus qui en font le moins. » Je rigolais m'approchant d'elle, et lui chuchotant - Ouais, je vois ce que tu veux dire, petite cochonne va ! Bah oui,d'après ce qu'elle venait dire, elle qui en parlait jamais, devait être une chaudasse. J'étais même sûre que Maybelle, dite Sainte-Nitouche se faisais passer pour une coincée, mais si on trouvait le bon bouton, elle devait être une folle. Lorsque je l'embêtais en lui disant qu'elle avait ronflé, elle me répondit à nouveau, c'est qu'elle avait du répondant la rénette. « On n'aura qu'à faire chambre à part, comme ça tu ne seras pas dérangé » Je lui souris, on était vraiment sur la même longueur d'onde, on était pas amoureux l'un de l'autre, et si on se mariait on pourrait trouvé des accords, mener notre vie chacun de notre côté, et mentir perpétuellement à nos parents, c'était triste, mais pour l'instant c'était la seule fin possible pour nous. - Oui, et tu auras tes amants, et moi mes maitresses ! Mais je suis sure qu'au final tu ne résisteras pas à mon lit ! Au fait, May, je ne vais pas te ramener chez toi avec le dos en miette, sinon ton père pensera que je t'ai battus, quoi que se serait peut être une option pour annuler le mariage et me faire renier de mes parents en passant ! Donc, je garde le canapé. Je l'embêtais encore à nouveau, tout en m'enfilant la bonne crêpe que j'avais fait. Elle essaya alors de me rassurer pour son père, mais je crois que jamais je m'y ferais, non mais attendez, imaginer un instant cet homme avoir des petits enfants ? Je crois qu'il serait traumatisé. Et puis c'est étrange je l'avais jamais vu sourire, je suis sure que son sourire est à vous glacer le sang. C'est vrai qu'apparemment ils n'ont plus l'air très proche, alors qu'à l'époque ça avait l'air d'aller ... enfin bon, les gens changent. « Alors, quel est le programme de la journée ? Tu veux qu'on reste chacun dans notre coin ? » - Parce que c'est une plaie de me supporter ? T'en as déjà marre ? Putain comment tu vas faire dans 50 ans ? Imagines que nos parents aient engagé des espions, avoues ils en seraient capables ! Je regarde à gauche à droite, et puis autour de nous, pas de caméra en vue, sinon ça aurait été cramé tout de suite. - Tu sais, quand on était petit, on aurait pas réfléchit, on aurait prit notre saut, notre maillot et sans discuter, main dans la main on serait partit à la découverte de ce monde. Enfin je peux comprendre qu'un gros lourd comme toi ne t'intéresse pas ! Je fis mine d'être déçu tout en épluchant une banane.

« Ouais, je vois ce que tu veux dire, petite cochonne va ! » Je me mis à sourire d'une manière angélique, prenant un air parfaitement innocent. « T'es dingue ? Pas de sexe avant le mariage. C'est une règle d'or, chez les Goodwin ! » C'était vrai. Mon père était très croyant et il tenait plus que tout à ce que ses filles restent "pures" le plus longtemps possible. C'était en grande partie pour cela qu'il m'avait rejetée lorsque j'étais tombée enceinte. Il avait eu honte. Honte que sa fille, qu'il avait élevé dans le plus grand respect des traditions, n'ait pas respecté ses règles. Cela dit, je ne comptais pas retenter l'expérience avant de me marier (et encore). Je n'avais qu'une seule et unique relation sexuelle jusqu'à maintenant et je n'en gardais aucun souvenir ; on pouvait donc dire que j'étais toujours vierge. Passer pour la prude de service ne me dérangeait pas le moins du monde. Je préférais que l'on dise que j'étais sage plutôt que trop dépravée. « Oui, et tu auras tes amants, et moi mes maitresses ! Mais je suis sure qu'au final tu ne résisteras pas à mon lit ! Au fait, May, je ne vais pas te ramener chez toi avec le dos en miette, sinon ton père pensera que je t'ai battus, quoi que se serait peut être une option pour annuler le mariage et me faire renier de mes parents en passant ! Donc, je garde le canapé. » Je levais les yeux au ciel. Premièrement parce qu'il avait l'air de se croire irrésistible, deuxièmement parce que son entêtement m'agaçait au plus haut point. « C'que tu peux être têtu, quand tu t'y mets ! » Je soupirais bruyamment avant de planter mon regard dans le sien. « On n'a qu'à dormir ensemble, comme ça tout le monde sera content. En tout bien tout honneur, bien entendu ! », rajoutais-je rapidement pour qu'il ne se fasse pas d'illusion.

« Parce que c'est une plaie de me supporter ? T'en as déjà marre ? Putain comment tu vas faire dans 50 ans ? Imagines que nos parents aient engagé des espions, avoues ils en seraient capables ! » En y réfléchissant bien, cela ne m'étonnerait pas. Plus rien ne m'étonnait de la part de mes parents, à vrai dire... Ils tenaient tellement à ce mariage qu'il était possible qu'ils aient payé des gens pour nous surveiller. Je lui souris doucement. « Dans cinquante ans, on sera plus ensemble depuis longtemps. On divorcera dès que nos parents seront morts ! » Je plaisantais, évidemment. Je n'arrivais même pas à me projeter jusqu'à la semaine prochaine alors penser à ce que serait ma vie dans cinquante ans, n'en parlons pas. Je le regardais d'un air attendri lorsqu'il évoqua notre enfance, repensant au petit garçon adorable qu'il était. Il n'avait pas vraiment changé. Il était juste un peu plus chiant mais dans le fond, c'était ce qui le rendait attachant. « Bon, allez. J'ai pitié de toi. On passe la journée ensemble ! », dis-je en souriant. « Mais n'en profite pas trop, hein. » Le taquiner, encore et toujours. C'était sur cela que reposait notre complicité. Je terminais ma crêpe avant de m'en servir une autre, la remplissant à nouveau de Nutella. « Pourquoi tu crois qu'ils veulent qu'on se marie ? », demandais-je soudainement, en pleine réflexion. Je ne comprenais pas pourquoi ils voulaient nous forcer à nous marier alors que nous n'en avions pas envie. J'avais essayé d'en parler à mes parents. Je leur avais dit que je n'étais pas amoureuse de Noël et que je refusais de passer ma vie avec quelqu'un que je n'aimais pas. Mon père m'avait répondue que les mariages arrangés étaient "chose courante" dans notre milieu et que le mariage n'était pas une question de sentiments. Liées, nos deux familles auraient une fortune colossale et j'étais persuadée que c'était ce qu'ils voulaient.

« T'es dingue ? Pas de sexe avant le mariage. C'est une règle d'or, chez les Goodwin ! » je l'a regardé sérieusement, en essayant de capter le moindre détail de son visage qui me révélerait quelque chose sur elle. Pas de sexe jusqu'à maintenant ? C'était impossible, en tout cas pour moi, mais n'allait pas me dire que Maybelle, a passé sa vie dans une église et n'a jamais fais ce dont on dit pêché ? Parce que si oui, elle était bonne pour devenir une sainte. - Entre nous May, tu vas pas me dire que t'es toujours pucelle ? Tu vas pas faire gober ça à ton futur mari non ? je disais ça pour l'embêter sans vraiment le penser, mais dans le fond j'espérais qu'elle me révèle quelque chose de croustillant. « C'que tu peux être têtu, quand tu t'y mets ! » me disait-elle parce que j'étais déterminé à lui laisser la meilleure place, les femmes ne savent pas ce qu'elles veulent, et ça se plaint que les hommes ne soient pas assez galant, jvous jure. - C'que tu peux être excitante quand tu te mets à râler contre moi ! Entre nous, je sais pas combien de temps elle va mettre avant de péter les plombs, je sais que je peux être lourd quand je m'y met. Dormir ensemble ? Heum je dois dire que l'idée m'a traversait l'esprit, mais c'est un peu bizarre non ? Enfin tout le monde trouverait normal de dormir avec sa futur femme, et puis j'avais déjà dormit plein de fois quand nous étions gamins. « Bon, allez. J'ai pitié de toi. On passe la journée ensemble ! Mais n'en profite pas trop, hein. » Un sourire enfantin se dessine sur mes lèvres, elles finissent tous par craquer à la fin  - Que dis tu d'aller louer une moto et de faire le tour de l'île ? J'aimais bien partir à l'aventure.


« Pourquoi tu crois qu'ils veulent qu'on se marie ? » Je mangeais ma banane tranquillement, et je ne m'attendais pas trop à ce qu'elle me demande ceux ci. - Parce qu'ils jouissent en nous faisant souffrir. Ou alors parce qu'on est la combinaison parfaite pour faire les plus beaux petits enfants du monde !Non plus sérieusement, je crois qu'ils veulent préserver la famille et le statut social, et non que tout se dégrade. Pas que je me marie avec une prostituer ou que tu ailles te marier sur un coup de tête avec le premier clochard à Vegas. Et même si jamais j'approuverais leur décision, je pense qu'ils font ça pour notre bien également. Allez viens, arrête de t'empiffrer ma grosse, et de me parler de mariage, tu vas pas jouer le rôle de nos parents ! dis-je en allant me laver les mains, prêt à passer une journée de folie.

« Entre nous May, tu vas pas me dire que t'es toujours pucelle ? Tu vas pas faire gober ça à ton futur mari non ? » Mon sourire s’éclipsa et je le regardais on ne peut plus sérieusement, étonnamment silencieuse. J'aurais pu lui dire la vérité. Je savais que c'était quelque chose qui aurait pu empêcher ce mariage. Mais je n'avais pas envie de lui révéler ce qu'il s'était passé. J'avais bien trop honte et nous n'étions pas assez proches pour que je puisse le faire confiance à ce point. Et s'il me jugeait ? Je n'étais pas prête à l'encaisser. « T'auras ta réponse le soir de la nuit de noces », dis-je finalement en essayant de sourire du mieux possible pour qu'il ne voit pas mon malaise. La conversation se transforma ensuite en bataille pour savoir qui dormirait où et je n'étais pas prête à baisser les armes. Il dormirait dans le lit, qu'il le veuille ou non ! « C'que tu peux être excitante quand tu te mets à râler contre moi ! » Je levais les yeux au ciel. Au fond, j'étais plus amusée qu'agacée par son comportement mais je refusais de lui laisser voir. « Oh pitié, mais faites-le taire ! », soupirais-je. Note pour moi-même : acheter de quoi lui clouer le bec une fois que nous serons mariés. Du scotch, un foulard, n'importe qui puisse l'empêcher de parler - et de dire de telles idioties. « Que dis tu d'aller louer une moto et de faire le tour de l'île ? » Un tour de moto ? Je ne savais pas si c'était une bonne idée... L'aventure, ce n'était pas mon truc. Ou plutôt si, mais je ne pouvais pas faire ce que je voulais à cause de mes parents. Sachant qu'ils n'étaient pas là, je n'avais plus à m'imposer de barrières pour rester la jeune fille sage qu'ils voulaient que je sois. La liberté avait du bon. « Super idée ! » Je lui adressais un sourire sincère, pressée à l'idée de partir à l'aventure.

Je l'écoutais énumérer les raisons de notre mariage, préférant ne faire aucun commentaire. Il avait raison. Et je savais qu'au fond, mes parents faisaient ça pour mon bien. Parce qu'ils savaient que Noël était quelqu'un de bien et qu'il me traiterait avec respect, quoi qu'il arrive. « Allez viens, arrête de t'empiffrer ma grosse, et de me parler de mariage, tu vas pas jouer le rôle de nos parents ! » J'ouvrais grand la bouche, prenant un air offusqué, avant de lui jeter une banane au visage. « Bien fait », dis-je fièrement alors que le fruit l'atteignit à l'épaule. Encore un peu de pratique et j'arriverais à lui lancer des trucs en pleine poire. « Je vais me préparer. J'essaie de faire vite mais je te promets rien. Le temps de me coiffer, de me maquiller, tout ça... » Je lui lançais un sourire hypocrite avant de regagner la salle de bain pour prendre une bonne douche. J'étais moi aussi pressée de partir à l'aventure et je n'avais pas envie de passer une heure à me préparer. Je m'habillais rapidement, mettant une robe par-dessus mon maillot de bain, puis je me brossais rapidement les cheveux avant de les attacher sans vraiment regarder ce que je faisais. Finalement, après mûre réflexion, j'avais décidé de ne pas mettre de maquillage. Ce n'était pas dans mon habitude à Bowen mais parfois, un peu de naturel faisait du bien. Et puis, si on devait se marier, Noël devait s'habituer à me voir comme cela. Je sortis donc de la salle de bain une petite vingtaine de minutes plus tard, rejoignant mon presque fiancé là où je l'avais laissé. « Je suis prête », dis-je en souriant. « On y va ? » J'ignorais ce que cette journée nous réservait mais le dépaysement me faisait le plus grand bien.

« T'auras ta réponse le soir de la nuit de noces » Je la regarde d'un air amusé, bien que j'ai vue que son teint à palis depuis qu'on parle de son sujet, je préfère me dire que c'est rien et qu'après tout si elle veut me parler de quelque chose elle le fera. De plus, sa vie est la sienne, et même si on est amené à se fiancer, elle a le droit de garder ses secrets. - C'est un bon argument, me donner envie d'y être! plaisantais-je. Quoi que en petite nuisette blanche, pure comme une colombe, elle devait faire de l'effet. Bah quoi ? Non je bavais pas sur elle, mais fallait bien que je trouve les points positif pour pas finir dans le fond à déprimer. Elle trouva mon idée, chouette, je fis content que ce soit le cas, je savais plus trop ce que c'était ses centres d'intérêt c'est quand même bizarre, nous avions été des inséparables amis, et nous étions sur le point de nous marier, pourtant j'avais l'impression de ne pas savoir le plus important sur elle. Alors que je la traitais de grosse pour qu'elle arrête de manger et qu'elle aille se préparer, elle me lança une banane sur l'épaule, presque dans le mile. Je fis surpris de sa réaction, non mais regarder mon ça, elle a plus ses parents sur le dos et la voilà qui se transforme en petit singe propulseur de banane, et ne me demandais pas pourquoi, elle me plaisait plus comme ça. Je ne répondis rien, en pensant bien fort à la citation " la vengeance est un plat qui se mange froid. " Je souris, lorsqu'elle me tira la langue avant de disparaitre dans la salle de bain pour aller se refaire une beauté. Pendant ce temps là, moi qui depuis l'aube était prés, je m'installa sur le canapé et ouvrit mon ordi, pour trouver un endroit où je pouvais louer un scooter. Parfait, en deux clics j'en trouvais un à, à peine 100 mètres d'ici. « Je suis prête, on y va ? » Tout de suite, je me redresse sur mes deux pieds, attrape mes lunettes et mon portefeuille que je glisse à l'arrière de la poche de mon jean comme à mon habitude. - C'est partit, petit singe ! Je crois que je venais de lui trouver un nouveau surnom, et il lui allait plutôt bien.

- Bon ça va, tu flippes pas trop ? Tu as assez confiance en moi pour te laisser guider dans une ville inconnu sur un deux roues ? m'exclamais-je en enfilant le casque de mobylette. Nous avions trouvé facilement le magasin à qui on louait une petite vesta blanc cassé, façon très rétro. À peine le moteur allumer, je me sentais presque jouir d'excitation, ça me rappelait mes 15 ans, lorsque pour la première fois j'avais conduit un deux roues. Depuis un certain temps, je ne véhiculais qu'en voiture, mais rien de mieux qu'une mob' pour les vacances et se faufiler dans les petites rues. May m'enlaça pour s'accrocher à moi, je crois qu'elle avait un peu peur, et cela me fit sourire. Je fis grogner le moteur trois fois, pour l'impressionner,ou plutôt pour essayer de la faire peur encore un peu, et c'était partit. Nous étions léger comme le vent à prendre les virages, à rouler sur un littoral, à découvrir des paysages qui nous étaient inconnus jusqu'à maintenant. C''était vraiment magnifique, je ne savais pas vraiment où j'allais, je tentais l'improvisation, et à croire que j'assurais plutôt bien parce que nous nous retrouvions près d'une petite crique déserte. - Une baignade ça te dis ?

« Bon ça va, tu flippes pas trop ? Tu as assez confiance en moi pour te laisser guider dans une ville inconnu sur un deux roues ? » En réalité, j'étais morte de trouille. Partir à l'aventure sur un deux roues dans un endroit que je ne connaissais pas ne me ressemblait tellement pas... Ou du moins, ça ne ressemblait pas à la jeune fille façonnée de toutes pièces par mes parents. J'avais passé tellement d'années à me plier à leur bon vouloir que parfois, je me demandais qui j'étais réellement. Et c'était plus que déplaisant. J'enfilais mon casque, vérifiant par deux fois qu'il était bien attaché -on n'était jamais trop prudent !- puis je souris maladroitement à Noël. « Tu vas pas trop vite, hein ? », demandais-je en passant mes bras autour de sa taille, me préparant psychologiquement au démarrage. Je me sentais tellement idiote... Noël avait une vie bien plus palpitante que la mienne. Il avait déjà fait les quatre cents coups, il sortait, buvait, faisait la fête, couchait avec des tas de filles, profitait pleinement de la vie. Et moi, je n'étais qu'une "fille à papa" incapable de dire non à ses parents. Mon père m'empêchait de sortir comme je le voulais, ne voulait pas que je fréquente qui je voulais, m'interdisait des tas de trucs... J'étais à des années lumière des jeunes de mon âge.

Noël démarra le moteur et voilà que nous étions partis en vadrouille à travers les ruelles étroites de la ville. La peur laissa bien vite place à l'exaltation et je me surpris à sourire en sentant le vent sur mon visage. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais totalement libre. Libre de mes actes, libre de mes choix... Libre d'être vraiment moi-même. Après une longue promenade hasardeuse, Noël s'arrêta près d'une crique. « Une baignade ça te dis ? » Je regardais autour de nous ; l'endroit était désert. Contrairement aux apparences, je n'étais pas le genre de fille bien dans ses baskets qui aime se montrer. Me mettre en maillot de bain devant des dizaines d'inconnus, ce n'était pas mon truc. Cela dit, je n'étais pas sûre de pouvoir le faire devant Noël non plus... Un sourire narquois apparut sur mes lèvres. Comment tu comptes t'en sortir quand vous serez mariés si tu n'oses même pas te montrer en maillot de bain devant lui ? Cette situation était pitoyable. J'essayais de me concentrer sur les paroles qu'il avait prononcées un peu plus tôt. Quand on était gosse, on ne réfléchissait pas. On ne se demandait pas ce que les autres pensaient de nous, on faisait ce qui nous passait par la tête sans nous soucier de rien d'autre que de nos envies. Il fallait que je renoue avec la petite fille que j'étais à l'époque et que je me débarrasse de toutes ces angoisses qui me bouffaient sérieusement la vie. Prenant mon courage à deux mains, je me tournais vers Noël, un sourire radieux sur les lèvres. « Évidemment ! » J'enlevais rapidement ma robe, me retrouvant en maillot de bain, puis je lui lançais un regard plein de défi. « Le dernier arrivé dans l'eau a un gage. » Puis je me mis à courir vers la mer en riant comme une gamine. Je n'étais pas sûre de gagner ce "pari" et je redoutais déjà le gage que Noël me donnerait si je perdais, mais dans le fond, c'était amusant. La spontanéité avait du bon, parfois.

Maybelle hésita un instant, et si elle ne se décidait pas rapidement c'est habillé qu'elle finirait à l'eau, la tête la première. Finalement elle m'afficha un sourire digne d'une pub colgate, et me lança un gage. Aussitôt elle se trouva rapidement en maillot de bain, j'essayais tant bien que mal de ne pas la mater mais que voulais vous, les pulsions masculines n'ont pas réussis à se tenir. Alors discrètement, du coin de l'oeil, je remarquais qu'elle était plutôt bien foutu, d'ailleurs je ne me rappelle plus l'avoir vu en maillot de bain, enfin si quand elle était plate comme une planche. À présent je pouvais constaté qu'elle s'était bien métamorphosée. « Le dernier arrivé dans l'eau a un gage. » Joueuse la Maybelle ? Je ne l'avais pas vu comme ça depuis une éternité, en toute galanterie, je la laissais prendre de l'avance, en enlevant un part un mon short et mon t-shirt. Mais si elle pensait vraiment y arriver avant moi, elle se trompait. Très vite je me mis à courir derrière elle, en lui faisant des coups de pressions - BIP BIP BIP ! Je lui fis un clin d'oeil en la dépassant, et me jeta dans l'eau tête la première et l'éclaboussa en passant.

Puis nous nous retrouvons à nager au bord de ce ravissant paysage, à parler de tout et n'importe quoi. Je me mis à l'éclabousser pour l'embêter, puis nous retournions sur la plage, nous allongeant sur nos serviettes. Le soleil chauffé ma peau, j'étais bien, mes doigts jouaient dans le sable, et mes yeux se baladaient vers l'horizon. - Alors je te dois un gage, tu pensais quand même pas que j'allais oublié ? Je me retourne sur mon ventre, pour faire bronzer mon dos. Appuyer sur les avant-bras, je tourne la tête vers ma futur fiancée et lui adresse un grand sourire. - Vois tu femme, je vais tester tes compétences de massage ! Parce que pour que se soit vraiment le paradis, j'avais besoin plus que d'un bon massage, et surtout parce que j'avais eu mal au dos vu la nuit que j'avais passé. - Et si tu pouvais me faire la conversation en même temps. Lui dis-je en lui tirant la langue.

Noël me dépassa sans mal et je perdis la bataille, arrivant dans l'eau bien après lui alors qu'il m'éclaboussait pour s'amuser. « T'aurais pu avoir la galanterie de me laisser gagner ! », dis-je en nageant autour de lui, affichant une moue boudeuse. Le fait qu'il doive me donner un gage me paniquait un peu. Connaissant l'énergumène, je pouvais m'attendre à tout et n'importe quoi... Mais je préférais ne pas y penser pour l'instant. Avec un peu de chance, il oublierait le défi idiot que je lui avais lance - il y avait peu de chance, mais l'espoir était permis, non ? Après avoir passé quelques temps dans l'eau, à discuter et se chamailler comme au bon vieux temps, nous décidâmes de retourner sur la plage pour profiter du soleil. J’espérais pouvoir prendre quelques couleurs ; j'avais toujours eu un teint de porcelaine et je détestais ça. Alors que je m'allongeais correctement sur ma serviette, la voix de Noël parvint à moi. « Alors je te dois un gage, tu pensais quand même pas que j'allais oublié ? » Je me tournai vers lui, fronçant un peu le nez. « Honnêtement ? Si, j'avais espoir que tu oublies », plaisantais-je. Puis il se tourna sur le dos avant de déclarer qu'il voulait un message - tout en réclamant que je lui fasse la conversation. Bah voyons ! Pourquoi pas réclamer que je lui fasse du vent avec une feuille de palmier et que je le nourrisse comme si j'étais son esclave ? Soupirant fortement, je levai les yeux au ciel. « Rien que ça ? Je suis déçue, je pensais que tu allais avoir plus d'imagination ! » Je lui adressais un sourire moqueur avant de l'observer discrètement. Pour pouvoir le masser correctement, il allait falloir que je grimpe sur lui. Et cette situation risquait d'être gênante. Très gênante. Je décidai une fois de plus d'agir comme si nous étions encore enfants, puis je m'installais sur son dos le plus délicatement possible pour ne pas lui faire mal. Il avait passé une mauvaise nuit, pas la peine d'en rajouter en l'écrasant. « Dis-moi si je te fais mal », dis-je alors que je commençais à le masser le plus délicatement possible. Je gardais le silence pendant de longues secondes avant de me rappeler que Môsieur voulait également que je lui fasse la conversation. Les mecs... « Nono... Je peux te poser une question ? » Je ne savais pas vraiment où je mettais les pieds mais quelque chose me trottait dans la tête depuis quelques temps et je voulais connaître la réponse. « Qu'est-ce qu'il s'est passé, avec Mikaëla ? » Elle avait disparu du jour au lendemain, sans donner de nouvelles. Je ne pouvais pas la juger puisque c'est un peu ce que j'avais fait, mon aussi, mais je voulais savoir la vérité. Nous formions un quatuor inséparable lorsque nous étions gosses mais grandir nous avaient séparé... C'était sûrement normal. Chacun faisait sa vie de son côté, rencontrait de nouvelles personnes, se construisait de nouveaux souvenirs... Mais j'étais parfois nostalgique de notre enfance.

Ok j'aurais peut être pu trouver quelque chose de mieux comme gage, mais elle était pas du genre à boire comme un trou et à s'amuser ... enfin j'allais tâter le chemin sur tout ça un peu plus tard dans la soirée. Je ne savais pas trop si c'était elle qui se donnait des airs de sainte ou si c'était sont père qui l'avait transformé en robot. Je devais la décoincer petit à petit, parce qu'elle pouvait pas passer sa vie à se mettre des limites et à ne pas profiter. Elle ronchonna un peu, en s'installant sur moi pour pouvoir me masser, en me demandant de lui dire si elle me faisait mal. Je ne répondis pas, déjà prêt à profiter de ses douces mains. Je fermais les yeux, sentant le contact de sa peau contre la mienne. Les massages, j'adorais ça, et c'était encore mieux quand c'était une jolie fille qui vous le faisait. D'ailleurs elle faisait ça très bien, que j'aurais été capable de m'endormir sur place. - Tu as des doigts de fée, maintenant que je sais ça, je risque de t'en demander plus souvent ! Bah oui quoi avoir une femme qui sait masser, pourquoi ne pas en profiter dès maintenant ? « Nono... Je peux te poser une question ? » Sa voix était un peu hésitante, j'avais l'impression que dès fois je l'intriguais, ou plutôt que je l'intimidais. - Vas-y, je vais pas te manger, tu sais. Et là, mon sang fit qu'un tour ,et mon dos se crispa. « Qu'est-ce qu'il s'est passé, avec Mikaëla ? » Oula, je ne m'attendais mais vraiment, vraiment pas du tout à ça. C'était coup de massue sur la tête. Finalement j'aurais préféré qu'elle se taise à tout jamais et qu'elle ne parle pas, son père lui avait pas dit que la curiosité c'était un vilain défaut. Mon coeur se serra, en repensant au doux visage de la seule femme que j'avais aimé sincèrement. Je n'en avais jamais parlé à qui que se soit, c'était enfoui au plus profond de moi, et rien que d'entendre son prénom être prononcé, cela me faisais bizarre. Comme un homme, j'essaya de cacher mon humeur qui venait de changer, et préféré faire le je-m'en-foutiste que de montrer qu'au fond j'avais un coeur. - On a rompu. Et depuis plus de nouvelles, de toute façon je ne veux même pas savoir ce qu'elle devient. Ok ok c'était un mensonge, quelques fois je repensais à elle me demandant ce qu'elle faisait, pourquoi d'un seul coup elle était partie sans rien dire, mais en même temps je lui avais dis que je voulais plus la voir, et c'était mieux comme ça. J'avais parlé avec beaucoup de haine dans ma voix, et je crois que cela s'entendit, car Maybelle s'était arrêté de me masser, et ne disait plus rien. - Elle m'a trompé, May, alors j'lai envoyé se faire foutre. Et depuis l'amour je ne m'y aventurais plus, préférant enchainer les coups d'un soir, et ne pas m'attacher à quelqu'un, les mots doux et les petites attentions de couples c'était finit pour moi. - De toute façon, notre relation rimait à rien. Parce qu'à la fin, on sait comment ça se serait finit... Je faisais allusion au mariage, et à chaque fois je me disais qu'entre Mickaëla et moi, si ça ne se serait pas terminé comme ça, on aurait encore plus souffert à cause de ces foutus fiançailles. Comme quoi c'était un bien pour un mal. Point final.

À l'instant où il me répondit, je regrettais d'avoir posé cette question bien trop personnelle. Jamais je n'aurais cru Mika capable de lui faire du mal. Parce que oui, il avait beau jouer les je-m'en-foutiste sûr de lui et insensible, j'avais capté une telle rage dans sa voix qu'il ne fallait pas être extralucide pour comprendre qu'elle lui avait brisé le cœur. J'arrêtais de le masser, sous le choc par la nouvelle et en colère contre moi-même de m'être montrée trop curieuse. « Je suis désolée », murmurais-je doucement. Je l'étais. J'étais désolée d'avoir posé cette question, désolée qu'elle ait été voir ailleurs et désolée que ce foutu mariage compromette des tas de choses. Je posais une main réconfortante sur son dos, penchant légèrement la tête sur le côté pour pouvoir capter son regard. « Faut voir le bon côté des choses : si on se marie, tu sais que j'irai pas voir ailleurs. Et que je te serai dévouée jour et nuit pour le restant de nos jours... Et ça, c'est un plutôt cool », plaisantais-je pour essayer de le faire sourire un peu. Bon d'accord, ma blague était complètement nulle... Et d'ailleurs, ce n'était même pas une blague ; j'étais sérieuse. J'étais bien trop droite - et bien trop prude, il fallait l'avouer - pour oser tromper la personne avec qui j'étais. Que ce soit de mon plein gré ou non, si ce mariage avait bel et bien lieu, je m'en tiendrai aux promesses que j'aurai faites devant Dieu : être une épouse attentionnée, aimante et surtout fidèle. Je retrouvais soudainement mon sérieux, recommençant à le masser pour le détendre un peu. « Tu sais, on va trouver une solution pour le mariage. Je te le promets. » Je refusais qu'il se marie avec moi alors qu'il était probablement toujours amoureux d'une autre. Je ne voulais pas le voir s'enfermer dans une relation qui ne lui plairait pas, alors que son esprit était probablement occupé à se demander ce que Mikaëla devenait. Il avait beau dire qu'il ne voulait pas savoir ce qu'elle devenait, j'étais persuadée du contraire. « J'ai pas envie que tu sois obligé de me supporter jusqu'à ce que la mort nous sépare, ce serait une véritable torture. Je suis tellement ennuyante... Tu tiendrais même pas trois semaines. » J'avais dit cela sur le ton de la plaisanterie, encore une fois. Comme la plupart du temps lorsque je m'adressais à Noël. Nous passions notre temps à nous taquiner, à nous chercher, comme deux gamins qui ne veulent pas grandir. Et je crois qu'au fond, c'est ce que nous étions. Je ne voulais pas me marier parce que pour moi, mariage rimait avec responsabilités et entrée dans le monde des adultes. Je continuai à le masser pendant quelques minutes avant de m'arrêter, me réinstallant à ses côtés. « Votre massage est terminé, Monsieur Wanderbrooke. » Je lui adressais un sourire avant de déposer un bisou sur sa joue. Sans trop savoir pourquoi. Peut-être parce que je savais ce qu'il s'était passé avec Mikaëla et que le voir comme cela m'avait touchée. Je m'allongeais confortablement sur ma serviette et contemplais le ciel, continuant à penser à tout ce qu'il se passait dans nos vies en ce moment. Les gens pouvaient penser ce qu'ils veulent, être des "gosses de riche" n'était pas facile.

- T'as pas à être désolé Goodwin, tu n'as rien à voir avec tout ça. C'était son choix, et je préfère avoir vu sa vrai face avant qu'il soit trop tard... En fait c'était déjà trop tard, je l'avais trop aimé cette fille, et elle m'avait brisé. Mais d'un autre côté, nous ne pouvions pas continuer de vivre notre idylle, car un jour ou l'autre j'aurais été marié et avec une autre. Je sais pas trop ce que c'était la vie, et je comprenais pas pourquoi mes parents tenaient tant à me marier maintenant, j'avais que 23 ans bordel, et les temps ont changer depuis leur époque. Ils le voient bien que je suis irresponsable, con, et que j'aime faire le fou, et ce sera certainement pas un mariage qui me fera passer dans le bon côté. « Faut voir le bon côté des choses : si on se marie, tu sais que j'irai pas voir ailleurs. Et que je te serai dévouée jour et nuit pour le restant de nos jours... Et ça, c'est un plutôt cool » Je crois qu'elle plaisantait, en tout cas, cela me fit sourire, elle était mignonne de me dire ça. Pourtant jamais je ne voudrais qu'elle me soit fidèle, je l'a pousserais même à aller voir ailleurs. - Oh tu parles, quand Nick viendra sonner à la porte, tu sauteras sur lui. Bien sur je l'embêtais mais dans le fond, je suis sure que ça l'a dérangerait pas, Nick était plutôt beau garçon, et elle l'avait aimé... - May... je ... tu sais quand on sera fiancé... je sais pas si je serais capable de... enfin tu vois quoi. dis-je en faisant la moue. Ouais parce que on ne changeait pas les gens qu'on était, et sérieusement je me voyais pas lui faire des enfants et me contenter que d'elle. Enfin j'étais pas amoureux, et je voulais pas coucher avec elle, juste pour que mes parents soient satisfait de notre sexualité active. Vivre ma vie avec elle c'était une chose, mais me forcer à me ranger et faire l'amour avec une fille que je considère plus comme une cousine qu'autre chose, c'était pas possible... - C'est pas que tu es pas attirante ... loin de là. c'est juste, que c'est bizarre ... dis-je un peu pour me rattraper.

Elle commença à me dire qu'on trouverais une solution, elle était le meilleure des soutiens, et je dois dire que c'était bien d'être tombé sur May, parce que si c'était quelqu'un d'autre, ça se serait mal passé. Mes parents avaient plusieurs filles qu'ils trouvaient convenable pour moi, mais Maybelle avait été choisit haut la main. - Tu parles, c'est toi qui va pas me supporter avant que tu deviennes insupportable, je te donnerais pas le temps de l'être ! Elle stoppa le massage pour regagner sa serviette, je la remercia, tout en faisant craquer les hauts de mes omoplates. - Ce qui est sure c'est que je suis content que ce soit tombé sur toi.Si ça avait été une autre, comment je lui aurais fait la misère !!! dis-je en rigolant d'un air démoniaque. Elle m'avait embrassé tendrement sur la joue, et cela ne m'avait pas laissé indifférent, en fait, cela m'avait mis un peu mal à l'aise mais je cachais ce gêne avec un énorme sourire béa.

Cette journée se déroula au mieux, nous avions trouvé un bon chemin d'entente avec May, on aurait pu se mener la vie dure et se détester pour ce mariage, mais valait mieux s'entre aider, car l'un comme l'autre nous avions peur de ce que l'avenir nous réservé. Arrivée à la maison, chacun alla prendre sa douche, et glandouiller un peu. Chemise blanche, et jean bleu clair, je lui sortis un de mes plus beaux sourires. - Mme Goodwin est-elle prête pour sortir ? J'ai réservé un restaurent sur le port d'à côté.

« Oh tu parles, quand Nick viendra sonner à la porte, tu sauteras sur lui. » J'esquissais un sourire amusé avant de secouer la tête. Non, jamais. Nous avions bien failli dépasser les limites mais fort heureusement, nous avions retrouvé nos esprits à temps. Nick était mon meilleur ami, un point c'est tout. Nous serions probablement ensemble à l'heure actuelle si je n'étais pas partie pour Sydney mais on ne pouvait pas changer le passé et y penser constamment ne changerait rien. « Non, je crois pas. Même si Nick est beaucoup plus séduisant que toi, soit dit en passant », plaisantais-je pour l'embêter un peu. Bon, ça, ce n'était pas forcément vrai. Noël et Nicholas avaient un style totalement différent mais ils étaient tous les deux séduisants. C'était sûrement pour ça que mes parents l'avaient choisi, d'ailleurs. Ils s'assuraient que leurs petits-enfants ne seraient pas des monstres. « May... je ... tu sais quand on sera fiancé... je sais pas si je serais capable de... enfin tu vois quoi. » Je baissais un peu la tête, essayant de ne pas paraître affectée alors qu'au fond, ce qu'il venait de dire m'avait blessée. Je l'avais pris comme un "tu n'es pas mon style, tu ne pourras jamais me satisfaire". Dans le fond, cela ne m'étonnait pas. Soyons honnêtes, s'il n'y avait pas eu cette histoire de mariage arrangé, Noël ne se serait jamais intéressé à moi. « C'est pas que tu es pas attirante ... loin de là. c'est juste, que c'est bizarre... » Il cherchait visiblement à se rattraper et c'était idiot, il n'avait pas à se justifier. Il était libre de faire ce qu'il voulait et d'ailleurs, je ne m'attendais pas à ce qu'il se range une fois que nous aurions la bague au doigt. Nous n'étions pas amoureux, de toute façon, je n'avais aucun droit de l'empêcher de voir d'autres filles. « T'as pas à te justifier, tu sais. Je comprends. Et puis, pour être honnête, je trouverai ça normal que tu continues à voir d'autres filles... C'est pas comme si on voulait vraiment se marier ou qu'on était amoureux. On veut juste faire plaisir à nos parents. » Un sourire se dessina sur mes lèvres pour lui montrer que j'étais sérieuse. Ce n'était pas parce que j'étais trop coincée pour me risquer à tromper mon faux mari qu'il devait en faire autant. Et puis, j'aurais été bien incapable de le satisfaire de toute façon. L'affaire était close. J'ai souri -sincèrement cette fois-ci- lorsqu'il déclara qu'il était content d'être tombé sur moi puis je me suis réinstallée sur ma serviette pour profiter un peu du calme qui régnait autour de nous.

Le soir venu, alors que j'étais tranquillement en train de bouquiner dans le salon, il arriva et m'adressa un sourire digne d'une publicité pour un dentifrice. Je levais les yeux vers lui, intriguées. « Mme Goodwin est-elle prête pour sortir ? J'ai réservé un restaurent sur le port d'à côté. » Un restaurant ? Whoa. Comme quoi, il pouvait être un parfait gentleman quand il le voulait.  « Mademoiselle Goodwin est prête, oui. Et ravie de cette invitation, par la même occasion. » Je posais mon livre à côté de moi avant de me lever, lui rendant son sourire radieux. « Rassure-moi, c'est pas un rendez-vous galant, hein ? », le taquinais-je avant de m’agripper à son bras pour sortir de la maison. Je devais avouer que mon père avait eu une idée merveilleuse, en nous envoyant ici. Cela ne permettait d'échapper à l'agitation permanente de tous les préparatifs du mariage mais aussi d'apprendre à mieux nous connaître. Et je crois que nous en avions besoin pour nous rendre compte que rien n'avait vraiment changé depuis notre enfance. Notre amitié était toujours là, elle avait juste évolué au fil des ans - et c'était tout à fait normal. Une fois arrivée au restaurant, le serveur nous plaça à notre table et je regardais autour de moi d'un air émerveillé. L'endroit était vraiment joli. « Dis donc, tu sors le grand jeu ! Qui aurait cru que Noël Wanderbrooke pouvait être un parfait gentleman, hein ? », dis-je en souriant.