the sweet escape ∞ (noël)

J'aurais dû me sentir soulagée parce que cette nouvelle compromettait notre mariage. Et c'était ce que nous cherchions depuis que nos parents avaient eu la brillante idée de nous unir pour le meilleur et pour le pire... Mais je ne me sentais pas bien. Je venais de révéler mon plus grand secret à Noël et je redoutais qu'il me rejette. Peu de personnes étaient au courant de cette histoire (seuls mes amis les plus proches le savaient, en réalité) et je me sentais toujours aussi mal d'en parler. Malgré les années, je ne parvenais pas à tourner la page - et je doutais pouvoir le faire un jour. Seulement j'étais fatiguée de jouer la jeune fille parfaite et parfaitement bien dans sa peau alors que je n'avais aucune estime de moi-même. J'avais l'impression que le trou béant laissé dans ma poitrine s'agrandissait jour après jour. J'espérais qu'au final, mon cœur se consumerait totalement pour me laisser insensible à la moindre émotion mais je devais me rendre à l'évidence : plus le temps passait, plus ma douleur était grande. C'était comme une plaie ouverte sur laquelle on jetait du sel ; une douleur vive et lancinante qui ne me quittait jamais mais avec laquelle je devais apprendre à aller de l'avant. Je n'avais pas d'autre choix.

Une fois rentrés à la villa, dans le plus grand des silences, il s’éclipsa sur le balcon et je décidais d'aller me coucher. De toute façon, nous n'avions plus rien à nous dire. Le plan de nos parents venait de tomber à l'eau, fin de l'histoire. Nous ne serions plus obligés de passer du temps ensemble et il pourrait retourner à ses occupations favorites sans se soucier de moi. C'était ce que nous voulions, non ? Après m'être préparée pour aller dormir, je m'installai dans le lit et fixais le plafond sans parvenir à trouver le sommeil. Je regrettais parfois qu'il n'y ait pas de bouton "off" pour déconnecter notre cerveau et l'empêcher de ressasser un tas de trucs inutiles. J'aurais aimé m'endormir sans plus tarder et surtout sans penser à tout ce qu'il venait de se passer, mais c'était mission impossible. Alors que je fermai les yeux, espérant m'endormir au plus vite, je sentis Noël s'allonger près de moi. Je me tournai vers lui, un peu surprise de le voir là. « C'est ... c'est le canapé » Je me contentai de hocher la tête, même s'il ne devait pas vraiment percevoir mes mouvements dans la pénombre. Après tout, il avait bien le droit de profiter du lit, lui aussi. « Tu sais, je... j'imagine que ça a été dur pour toi. Mais faut que tu arrêtes d'avoir des remords, tu es comme tu es. Et même après ce que tu m'as raconté, tu es toujours là même pour moi. » Puis il m'enlaça et je n'eus pas le courage de le repousser. Bien au contraire. Je me blottis davantage contre lui tout en fermant les yeux, cherchant un peu de réconfort. Je ne parvenais plus à pleurer depuis un bout de temps et c'était regrettable. Je gardais toutes ces émotions au fond de moi depuis tellement longtemps qu'elles étaient incapables de remontrer à la surface. Elles me hanteraient probablement jusqu'à la fin de mes jours mais une fois de plus, il n'y avait pas de solution miracle. « Faut voir le bon côté des choses », murmurais-je doucement, gardant les yeux fermés. « Au moins on ne sera pas obligé de se marier. » Je préférais me concentrer sur cette bonne nouvelle plutôt que sur toutes les conséquences qu'entraînerait l'annulation du mariage. Malgré tout, je savais rester positive.