memories + jonelle

Sven aime bien travailler un peu partout, du moment qu’il peut boire du café ou du whisky sans avoir l’air d’un sdf alcoolique. En général il fait ça chez lui sur fond de jazz, mais lorsque l’inspiration lui fait défaut, il va écrire ses critique ailleurs. Parfois dans un bar, ou comme aujourd’hui, au parc. Il ne se met pas sur le chemin principal, trop emprunté, il préfère les endroits un peu cachés, au bord de l’eau. Il prend son carnet dans son sac et commence à écrire. Il y a du vent, beaucoup de vent aujourd’hui. Les feuilles des arbres font du bruits, les branches craquent et les gens essayent de se protéger des bourrasques comme ils peuvent. Mais Sven lui s’en fout, il est dans sa bulle, assis sur son sac, au milieu d’une étendue d’herbe écoutant le coulis de l’eau. Il est sorti de sa rêverie lorsque sa feuille s’envole et commence à tournoyer dans les airs. Il ne peut s’empêcher de pousser un juron. Il se lève et commence à courir après. Il se dit qu’il doit avoir l’air terriblement stupide comme ça mais au fond, il s’en fout. C’est sa critique, il y tient, il n’a pas envie de la refaire, même si ce n’est qu’un premier jet, un brouillon qui subira de multiples modifications. Finalement la feuille est arrêtée dans sa course par la jambe d’une demoiselle. Sans réfléchir ni rien dire , Sven reprend son papier en frolant la jambe de l’inconnue qui ne l’est pas tant. Il relève la tête sans regarder celle de la jeune femme et dit « désolé. »

"Tata on va au parc. Dis, dis, on va au parc ?" C'était un programme assez banal au fond, mais face au petit visage enjouée de son petit neveu de trois ans, Jonelle avait bien du mal à résister. C'était à se demander si le petit était aussi actif avec sa nourrice habituelle mais la question ne se posait pas, aujourd'hui, c'était elle qui en avait eu la garde et il faut dire que ça arrangeait bien le frère Brannen qui n'avait pas à la payer. Cédant alors au petit Lucas, elle s'était alors dirigé vers le parc, pensant pouvoir en profiter pour se relaxer au bord du lac, comme elle le faisait adolescente. Manque de chance, mettre les pieds ici avec un enfant, c'était l'assurance de rester bloquer une heure au même endroit, à le regarder déambuler sur les toboggans et autres jeux d'enfants. La poisse. Pensa-t-elle dans un soupire. Heureusement pour elle, elle reçu un appel de sa belle-soeur qui était rentrée plus tôt que prévu. Sans plus attendre, Jonelle avait alors raccompagné son petit neveu chez lui. Une fois cela fait, ses pas s'étaient automatiquement redirigés vers le parc. Cette fois-ci, et malgré le vent particulièrement fort, elle comptait bien profiter d'un peu de tranquillité. Marchant au détour des petits sentiers tracés entre les vastes étendues de pelouse, elle fut surprise par une feuille qui se plaqua contre sa jambe et le fut d'ailleurs encore plus lorsqu'un jeune homme vint récupérer cette page. D'abord intriguée, elle redressa son regard vers le type en question et se mit à sourire instinctivement lorsqu'elle le reconnu. " T'excuses pas pour ça va Sven. Lança-t-elle soudainement à celui qui avait autrefois partagé un bout de son voyage. " Le Monde n'est visiblement pas si grand que ça pour qu'on se recroisse ici " ajouta la brunette en faisant plus ou moins allusion à leur tour du Monde respectifs. C'était assez fou au fond, de se dire que chacun avait tracé sa route au travers du monde entier et qu'ils se retrouvaient aujourd'hui par un heureux hasard dans la même ville de cette gigantesque Australie.  

Il regarde sa feuille mais pas la demoiselle, il ne lui a même pas jeté le moindre coup d’œil. Il est comme ça, il a ses priorités. C’est bon son morceau de papier va bien, l’écriture est lisible, tout va bien. Il ne sort le nez de son papier que lorsqu’il entend son prénom. Elle le connait ? Il relève enfin la tête et en s’apercevant que c’est Jonelle, il esquisse un mini-sourire. Oui ce n’est pas un type très expressif ni causant, au moins il est pas trop embêtant. « le Monde n'est visiblement pas si grand que ça pour qu'on se recroisse ici » c’est vrai que les chances pour qu’ils se recroisent n’étaient pas énormes, mais en plus dans une petite ville comme Bowen, décidément l’univers fait bien des miracles. Ils ont fait une partie de leur voyage ensemble, dans les pays scandinaves. Cela aidait visiblement bien la demoiselle que Sven parle suédois. Enfin, ils ont tous deux voyagés, séparément, dans des pays dans lesquelles ils ne parlaient qu’un mot ou deux, tout au mieux. Pourtant rien ne les a empêchés de se faire comprendre des autochtones. « t’as raison. Tu es ici depuis longtemps ? » Sven se force presque à faire la conversation. Il se dit qu’il ne peut pas dire un truc du genre : c’était cool de te revoir, salut. Et puis partir en lui ayant juste dit deux phrases. Après tout ils se connaissent assez bien, ont fait un bout de chemin ensemble. De son côté le jeune homme a rencontré pas mal de monde sur les routes lors de son tour du monde. Des gens qui comme lui voulaient découvrir le monde où tout simplement des gens dans le pays où il était.