Café, croissant et retour inattendu. En résumé ? Une mâtiné de merde. (Panda)

Vivre chez elle est devenu insupportable. Dur d'encaisser tous les jours de croiser dans un si petit appartement des personnes que, certes elle apprécie infiniment, lui rappellent ô combien en ce moment, sa vie lui a échappée. Elle ne sait même pas où est Emrys. Elle quitte l'appartement assez tôt pour ne pas croiser le "père" de l'embryon qu'elle porte (elle se refuse d'appeler ça un enfant car il est encore trop tôt) ou bien une de ses colocataires qui, son copain actuel étant un des ex de la française... Bref. Soupirant, elle traverse un quartier avant d'entrer dans un café où elle vient fréquemment, mais pas assez pour être connue et reconnue. Elle entre, et commande un chocolat chaud avec une viennoiseries. Armée d'un petit plateau, elle déambule entre les tables, le posant alors sur une vers le fond, libre. Il faut dire qu'il n'y a pas grand monde, à cette heure-là. Alors qu'elle va s'installer, Pandore lève la tête et c'est précisément à ce moment-là qu'elle croise son regard. Elle se fige, et frémit, sans réussir à détourner les yeux des siens. Vinnie. Merde. Pourquoi est-ce que quand tout va mal, tout semble toujours tendre vers encore pire, hein ? Panda soupire, et sent sa gorge se nouer. Elle se souvient de lui, de leur dérapage, de sa fuite, de sa culpabilité. Elle n'a jamais rien oublié. « E-euh.. salut, Vinnie. » bredouille-t-elle péniblement, sans s'être assise, comme une imbécile.

Hésitante, elle le voit alors se lever. Elle baisse les yeux, puis relève la tête pour le suivre des yeux. Elle entrouvre la bouche mais aucun mot destiné à le retenir n'en sort. Merde, fais chier. Elle serre les dents, et ne parvient pas à bouger jusqu'à le voir sortir. Alors, elle attrape son café, laissant même son croissant sur la table, et se rue dehors à sa poursuite. Elle le localise vite, et trottine pour le rattraper. Elle pose une main sur son épaule pour l'arrêter. « Attends, s'il te plait ! » Elle le contourne pour se mettre face à lui, relevant un peu la tête pour pouvoir le regarder droit dans les yeux. S'excuser, c'est dur pour elle. Parce qu'elle n'a jamais voulu s'attacher à lui, en réalité. Jamais voulu craquer sur lui alors que sa soeur était sa meilleure amie. Jamais voulu se rapprocher à ce point-là de lui lorsqu'elle est décédée. Et encore moins clore ça en se retrouvant dans son lit. « Laisse-moi une chance de t'expliquer, Vinnie, s'il te plait. » lui demande-t-elle, fouillant son regard, espérant qu'il ne fuit pas de nouveau. La culpabilité la ronge de l'intérieur, mais sur ce coup-là, elle ne doit ça qu'à la peur.

Elle accuse le coup des paroles de Vinnie sans rien dire, les yeux écarquillés, bien trop surprise par la rancœur qu'elle y entend. Elle sent les larmes lui monter aux yeux mais elle les retient. Non, elle ne va pas se mettre à pleurer devant lui, merde ! Devenue bien trop sensible à cause des évènements récents, elle déglutit, sentant sa gorge se nouer, si bien qu'elle ne parvient même pas à lui répondre. De toute façon, il est déjà parti. Elle le regarde s'éloigner, pensive, hésitante. Si elle s'en fichait, elle s'en irait. Sauf qu'elle ne s'en fiche pas, justement. Elle le rattrape, de nouveau. « Arrête-toi ! Laisse-moi parler au moins ! Tu ignores tout, même à quel point je m'en veux. Oui, je suis une trouillarde, c'est vrai ! Mais c'est pas parce que je me sentais mal que je suis partie, c'est parce que oui ça m'a fait peur ! Parce que je.. je t'appréciais beaucoup trop, Vinnie, et ce depuis longtemps, et bien avant.. ça. » Le « ça » signifiant « la mort de ta soeur ». Elle vient de lui avouer qu'elle avait longtemps été attirée par lui, et elle détourne le regard, les dents serrées, avec cette peur de craquer. « Et si tu t'en fous vraiment alors.. alors je te laisse, et tu ne me reverras jamais dans ta vie. » Elle relève ses yeux bleus et perçants vers ceux de Vinnie, tâchant de ne pas montrer comme ça la blesserait, quand bien même s'en veut-elle.

Elle fronce les sourcils. Il ne comprend donc vraiment pas ? Qu'est-ce qui cloche dans son explication ? Pour elle, c'est pourtant clair, et même bien expliqué. Elle a toujours – malheureusement – fonctionné ainsi. Enfin, sauf avec Emrys par exemple. Elle fronce les sourcils, mais ne dit rien, comprenant qu'il lui en veut bien trop pour qu'une quelconque excuse ne puisse calmer cette rancoeur qu'il a à son égard. « Si tu le dis... » murmure-t-elle seulement en haussant les épaules, soupirant, détournant son regard attristé. Néanmoins, en repensant à ses mots, elle réalise qu'il vient à son tour de lui avouer qu'elle lui avait plu. Elle se mord la lèvre. Si elle avait su.. Eh bien quoi ? Elle serait restée ? Qui sait... Elle baisse les yeux à la suite, coupable. Elle regarde ses pieds, elle regarde le bitume, elle regarde le mégot que ses pieds écrasent machinalement. Au bout de longues secondes, elle relève les yeux vers lui, adoucie aussi. « Je suis tellement désolée, si tu savais... Je sais que ça ne rachètera rien, mais je voulais que tu le saches. J'ai été... stupide, je sais. » Elle passe une main intimidée dans ses cheveux, avant de lâcher soudainement : « Tu m'as manqué, tu sais. »

Spoiler:

Soudain, il l'attrape par l'épaule et l'attire contre lui. Elle déglutit mais se laisse faire, retrouvant alors sa chaleur rassurante. Elle passe ses mains dans son dos, se serrant contre lui en soupirant alors qu'il lui avoue qu'elle lui a manqué aussi. Elle sourit et se détache lentement de lui. Pandore connait le côté sensible de Vinnie, elle a eu largement la possibilité de s'en apercevoir à la mort de sa soeur. Elle lâche un petit rire en l'entendant, avant de passer sa main dans ses cheveux. « Oui, je suis désolée, d'ailleurs. » Elle regarde faiblement son café dans sa main, avant de penser à son croissant, abandonné lui aussi sur la table à l'intérieur du café. « Oui, ça me dit. » répond-elle, ayant forcément compris où il voulait en venir. Elle lui incite d'un geste de la tête à l'accompagner, revenant sur leurs pas pour gagner de nouveau le café où elle pousse la porte, adressant un sourire un peu gêné à la gérante. Elle gagne sa table, s'asseyant de manière à laisser la place en face d'elle libre, pour Vinnie, bien sûr. Elle attend patiemment qu'elle le rejoigne, avant de prendre une gorgée de son café : « Bon alors... qu'est-ce que tu me racontes, depuis tout ce temps ? »