easy man, we're brothers + aidan

De la paperasse, encore et toujours ! En épousant Charlie, Aidan était à milles lieues de se douter de ce qui l'attendait. Qu'elles étaient loin ces douces minutes où, joyeusement ivres, ils avaient décidé de lier leur destin pour le meilleur et pour le pire ! Pour le meilleur... pour le pire... Bah pour le coup, c'était surtout pour le pire ! Mais même s'il râlait, même s'il était parfois d'une humeur exécrable ou de mauvaise foi, il était impossible de nier qu'il "appréciait" cette situation. Ce mariage, c'était mettre un peu de piquant dans sa vie monotone. A cette pensée, un vague sourire s'étira sur ses lèvres. Il termina de rassembler les papiers nécessaires - en somme, les papiers qu'il avait oublié d'amener lors du dernier rendez-vous, en parfait tête-en-l'air qu'il était - les mit dans une pochette et quitta illico presto l'appartement. Il n'était qu'à quelques pas de la mairie et ce fut d'une démarche rapide qu'il prit la direction de l'établissement. Son cerveau bouillonnait sous l'affluence des pensées qui se battaient en lui. Côté ressentis, ce n'était pas mieux : de la crainte, du stress, de l'impatience, une once de doute malgré tout. C'était le cocktail explosif pour Aidan, ce moment fragile où il pouvait envoyer tout valser d'un coup à cause d'une simple frustration, d'un seul mot de travers ou geste déplacé. Ce jeune homme était un faux calme, et cela était la pure conséquence d'un passé difficile où il avait dû apprendre à se construire après divers abandons. Bizarrement, son mariage avait quelques effets "positifs" sur lui : bien trop occupé par ce nouveau bouleversement, il avait mis de côté toutes les dernières recherches sur ses origines. Peut-être, parce qu'au fond de lui, il savait qu'il était sur une mauvaise piste... C'était donc tête baissée et perdu dans ses pensées qu'il marcha jusqu'à l'établissement administratif. Il se répétait inlassablement le speech que Charlie et lui avaient monté de toute pièce. Encore une fois. Et une dernière fois ! Mais ce fut un choc terrible qui le tira net de ses "répétitions" de dernières minutes. Il percuta de plein fouet une personne qui, visiblement, devait être autant absorbée que lui. Sous la violence du choc, il lâcha sa pochette, de laquelle les feuilles en profitèrent pour s'échapper.

'tain, tu ne peux pas faire gaffe !

Forcément ! C'était la faute de l'autre. Il soupira et se baissa pour récupérer ses feuilles, en même temps que l'autre jeune homme. Comme si son malheur n'était déjà pas bien assez grand, il se trouvait que leurs papiers s'étaient mêlés les uns les autres. Aidan rassembla les siennes. En vérifiant, il tendit une des feuilles qui ne lui appartenaient et ce fut à ce moment-là qu'il daigna redresser la tête. Oh... Mais il le connaissait ! Vaguement, certes, mais il l'avait déjà vu. Emric... Emry... Bref, il ne se souvenait plus vraiment de son prénom. Aidan arqua un sourcil, interrogateur, quand le jeune homme lâcha platement un "et merde". Il avait un problème avec lui ou quoi ?

Un "pardon", ça serait bien aussi. Bref... Tiens, je te rends ta feuille. Et désolé.

Certes, avec ce jeune homme, ça n'accrochait pas. Depuis le début, il sentait une certaine animosité venant de ce dernier, sans qu'Aidan ne soit capable de l'expliquer. Enfin... il en avait quand même une vague idée. Mais ce n'était pas une raison pour être malpoli. C'était la raison pour laquelle il tenait à s'excuser. Les Blake lui avaient appris le respect, et ce, même si l'on ne portait pas la personne en face de soi dans son coeur.

Tu es le pote d'Emily, non ?

Un feu d’artifice de feuille en tout genre. Si encore il s’agissait de flyers, tracts ou autres… okay. Mais quand il s’agit de documents précieux, d’années de recherches et de dur labeur, ça passait mal. D’accord il n’avait pas vraiment regardé devant lui, mais techniquement, l’autre non plus. Qui plus est, se permettait de jurer (un peu comme il l’avait fait, mais il avait bien vite oublié à ce moment-là). C’était le charmant colocataire de Lee. Il ne pouvait espérer mieux … Si au départ dans sa tête, il s’imaginait déjà des accrochages. Mais le jeune homme qu’il avait préjugé se montrait bien plus mature qu’il ne se l’était imaginé. Bien plus mature que lui là tout de suite. C’était fou comme ça l’agaçait quand les gens pouvaient se montrer agréables parfois. Enfin surtout lorsqu’il était de mauvaise humeur. Parce qu’au fond, il bénissait des gens comme ça, et heureusement qu’il y en avait. C’était tout simplement dommage qu’il ne portait pas plus que ça le jeune homme dans son cœur pour savoir apprécier la grandeur d’âme dont il faisait preuve. Et si en plus il savait de qui il s’agissait … Il tend le bras pour récupérer sa feuille qu’il lui rendait, avant de lui jeter un bref regard.« C’est de ma faute. » Et pardon … Non, trop fier pour le dire tout de suite. Bien qu’il le pensait. Il fallait qu’il se contrôle où il allait se faire passer pour un fou. Le colocataire d’Emily ne devait rien y comprendre. Puis au final, il ne le savait pas non plus. Il n’avait pas de raison particulière, du moins pas à sa connaissance, mais entêté comme il est, il persiste à croire qu’ils n’étaient pas faits pour s’entendre. Quelque chose devait forcément clocher avec lui, et le fait qu’il puisse être si proche d’Emily … Ah c’est donc ça ! Il se relève pour se mettre droit et se tenir face au jeune homme. Il reste sur ses gardes devant sa question. Il s’apprête à répondre quand il a le sentiment qu’il lui manquait quelque chose. Ses yeux se baladent rapidement dans les alentours, comme si les passants pouvaient lui dire ce qui le tourmentait à l’instant quand soudain il aperçoit son téléphone par terre. Instinctivement, dans un réflexe, il se rua sur son téléphone pour récupérer madame Blake à l’autre bout du fil. « Âllo ? madame Bla… ? » Il éloigna le téléphone de son oreille en soupirant. Il n’avait plus qu’à remettre son portable sur pied maintenant. Il était désormais fatigué d’être sur les nerfs et une petite voix lui disait qu’il l’avait mérité pour avoir été désagréable. Il mit ce qu’il restait de son appareil dans sa poche avant de se tourner vers le jeune homme. « Hum… ouais. Le pote d’Emily, c’est ça. » Bien bien … la communication, c’était la clé. Et maintenant ? « Et toi le coloc ? » Ca ne paraissait tellement peu naturel sur le moment qu’il avait l’impression d’être un handicapé social.

Il était vrai qu'Aidan était sur les nerfs, voire même à bout ces derniers temps. Tous les éléments étaient assemblés pour que le moindre acte, geste ou parole prennent une dimension incommensurable. Et le juron qu'il avait lâché était l'un des prémices. Mais cet énervement passager n'était pas une raison valable pour s'en prendre au premier venu. D'autant plus quand ce dernier était déjà de mauvaise humeur. D'un naturel posé (du moins, tant qu'on ne le cherchait pas de trop), il avait donc préféré mettre de côté ses soucis et sa nervosité et laisser couler en s'excusant, afin d'éviter d'envenimer la situation. Une situation déjà bien tendue entre les deux jeunes hommes, sans qu'aucun d'eux ne soient capables de l'expliquer. Bah... "on ne peut pas s'entendre avec tout le monde", voilà ce que se disait Aidan en son for intérieur. Alors que le jeune homme remit la faute sur lui-même, Aidan ne préféra pas répliquer - et ce même s'il avait aussi sa part de culpabilité dans l'affaire -, prenant cela pour une sorte "d'excuse" venant du jeune homme. Oui Aidan se contentait toujours de très peu ! Alors qu'il rassemblait son dossier qu'il allait devoir remettre en ordre, histoire de paraître un tant soit peu crédible, Aidan jeta un oeil au jeune homme qui ramena prestement son téléphone à l'oreille. Quand il vit l'état de son téléphone, une moue s'afficha sur le visage d'Aidan. Bon, là, c'était définitif, la conversation avec Mme Bla.... était bien coupée. Il lui lança un regard désolé, quand il remit l'appareil dans sa poche. Ce fut alors qu'il répondit à sa question et la lui retourna.

Ouais, le coloc... Aidan. Autant faire la présentation en bonne et due forme.

Quelle grande conversation ! La situation était plutôt gênante. De par son métier de barman, Aidan avait des facilités à aller vers les gens. Mais avec lui, il y avait comme un "je-ne-sais-quoi", une barrière qui se dressait entre eux. Mais voilà, Aidan était prêt à faire des "efforts". C'était un bon ami d'Emily et étant donné qu'elle le côtoyait, il ne devait donc pas être aussi froid et désagréable qu'il n'y paraissait, au premier abord. Sans hésiter, Aidan sortit alors son propre téléphone de sa poche et le pointa en direction du jeune homme.

J'ai vu l'état de ton téléphone, j'ignore si l'appel que tu passais était important, mais euh... comme j'y suis aussi pour quelque chose, tu n'as qu'à utiliser le mien, si tu le souhaites. De toute façon, il faut que je remette mon dossier en ordre. Du coup, j'ai un peu de temps devant moi. Enfin... C'est toi qui voit...