i got your back, sister + (feat. mini goodwin)

Les jours se suivent et se ressemblent... Dans la vie de Maybelle, tout du moins. Elle ne pouvait pas se vanter d’avoir une vie hors du commun. Ses parents étaient riches, certes, mais l’argent ne faisait par le bonheur… Pas pour elle, en tout cas. Elle était condamnée à passer le plus clair de son temps entre les quatre murs de sa chambre, son père lui interdisant neuf fois sur dix de sortir. Elle avait commis l’erreur ultime de lui désobéir une fois et il tenait à le lui faire payer. Certes, cette sortie avait eu des conséquences désastreuses mais elle faisait son possible pour réparer ses erreurs... Le pardon et les secondes chances faisaient partie de la charité Chrétienne, non ? Leur père semblait l'avoir oublié. Voilà quatre ans qu’il la fliquait constamment, contrôlait ses fréquentations (ou pensait qu’il les contrôlait), lui imposait un couvre-feu et une liste de choses à ne surtout pas faire lorsqu’elle avait la permission de minuit et ne manquait aucune occasion de lui rappeler qu’elle était une véritable honte pour la famille Goodwin… Une vraie Cendrillon des temps modernes. Elle avait hâte de pouvoir quitter la maison familiale. Même si cela serait probablement pour aller vivre avec Noël, son mari.

Alors qu’elle était en pleine réflexion sur sa misérable vie, la porte de sa chambre s’ouvrit à la volée, laissant apparaître une Marla-Jude plus remontée que jamais. Un sourire compatissant étira les lèvres de Maybelle. Pas besoin de lui demander ce qui la mettait dans cet état, elle connaissait déjà la réponse : leurs chers et tendres parents. Ces temps-ci, Marla n’était plus la petite préférée. Elle commençait à se rebeller, avait besoin d’aventures et de liberté… Et cela n’était pas vraiment du goût de leurs géniteurs. Pour qu'elle soit dans cet état, ils avaient dû la punir, encore une fois... « Qu’est-ce qu’ils ont fait, cette fois ? », demanda-t-elle en allant s’asseoir sur son lit, tapotant à côté d’elle pour que sa sœur la rejoigne. Elle répondait toujours présente pour écouter Marla lorsqu'elle en ressentait le besoin. Elle était même un peu trop mère poule, à toujours vouloir la protéger de tout, tout le temps. Mais elle n’y pouvait rien, c’était plus fort qu’elle. Ses parents lui avaient plus ou moins tournés le dos et sa sœur était la seule à toujours la voir de la même façon, pour la simple et unique raison qu’elle ignorait tout de cette histoire de grossesse et de bébé plus ou moins abandonné. Pour elle, Maybelle restait Maybelle. Pas celle qui avait déconné un soir, parce qu’elle en avait assez de l’autorité étouffante de ses parents. Pas celle qui est tombée enceinte à seize ans, sans même pouvoir mettre un visage sur le père de son enfant parce qu’elle avait bien trop bu pour s’en souvenir. Juste une grande sœur un peu trop protectrice sur laquelle elle pouvait compter en cas de problème.  

carpe diem est dur à suivre, en famille faut plutôt survivre... Méditant cela en mangeant mon bol de céréales dans la cuisine, regardant la brique de lait avec un regard d'autoroute. Où comme si je regardais un train passer quoi. Aucun intérêt. Seul le fait que cette brique soit devant moi et qu'elle m'ait servit pour mes céréales la rend un peu moins inutile, rien de plus. Soupire. Pourtant je suis pas malheureuse, ni de mauvaise humeur, ni énervé. Non j'attends que le temps passe pour remettre une cuillère de céréales dans ma bouche, se qui chose faite, redevient donc sans intérêt. Rien à faire.J'ai choisis ma tenue pour sortir chez Norah, j'ai choisi jusqu'au chaussure, donc je n'ai vraiment plus rien à faire pour le moment. Rien du tout, même pas à aller sur internet. Je ne suis pas accro à cette chose, pour parler à mes amis, parfois oui, et encore. Je suis un petit peu plus attaché à mon téléphone. Bon en même temps internet est sur mon téléphone, voila peut-être le pourquoi je ne suis pas sur l'ordinateur. Néanmoins mon portable, silencieux planté à coté de mon bol de céréales est aussi inutile que ma brique de lait. Je vous jure, parfois la vie est trop paisible et juste trop lente, vraiment trop lente.

[...] Parlé trop vite. Ma petite fille tu n'es pas encore partie de cette maison, va falloir changer de comportement si tu veux avoir un appartement l'année prochaine. Je hurle pour ne pas entendre cette phrase, alors que je grimpe les escaliers, pestant, râlant, détestant mes parents qui font front unis ce soir pour ne pas me laisser sortir. Dix-huit ans. Dix-huit et traité comme une gamine de quinze ans, hallucinant. Parcourant les escaliers en tapant le plus fort possible avec mes pieds sur le sol, je migre dans la chambre de Maybelle, seule bouée de secoure que j'ai dans cette maison. Étonnamment, malgré les cris et les punitions sur moi, il semble que Maybelle soit toujours l'enfant de la famille "la moins parfaite" mes parents agissant avec elle comme avec une prisonnière.
Débarquant dans sa chambre je la vois relever la tête, de toute manière vu le bruit que j'ai fais elle a du m'entendre arriver. Ni une ni deux je file sur son sol m'y échouant de manière lasse alors que je continue de pester des mots incompréhensible. Etheureusement d'ailleurs, car ils sont pas très chrétien. Ils me traitent comme une gosse de quinze ans. De quinze ans !!!!! Ils m'énervent ! Je râle encore.

L'attitude de sa petite sœur l'amusait autant qu'elle la peinait. Elle la trouvait marrante, à s'agiter dans tous les sens et à dépenser autant d'énergie pour maudire leurs parents. Mais elle ne pouvait s'empêcher de compatir parce qu'elle aussi, elle se sentait enfermée dans une prison dorée. Et qu'elle était en grande partie responsable du manque de liberté de Marla. Si elle n'avait pas enfreint les règles quelques années plus tôt, peut-être que ses parents ne les empêcheraient pas de sortir. Peut-être qu'ils laisseraient Marla-Jude voir ses amis autant qu'elle le voulait. Mais ce n'était pas le cas. Et Maybelle était convaincue qu'au fond, c'était sa faute. Leurs parents ne voulaient pas l'histoire se répète, voilà tout. Et même si c'était injuste pour sa petite sœur, elle ne pouvait rien y faire. Si ce n'est culpabiliser pour le restant de ses jours. Elle lança un regard compatissant à sa sœur, esquissant un petit sourire. « Ils font ça pour ton bien. » Était-elle convaincante ? Sûrement pas. Mais elle ne pouvait pas faire mieux. Elle se demandait comment elle parvenait à plaider la cause de ses parents après tout ce qu'ils leur faisaient voir... Ils ne le méritaient clairement pas mais elle ne voulait pas empirer les choses. Leurs relations étaient déjà bien assez tendues comme cela. « Ils ne veulent pas que tu fasses n'importe quoi, c'est tout... » Pas comme moi, pensa-t-elle sans oser le dire à voix haute. Marla ignorait tout de cette histoire et c'était mieux comme ça. Elle garderait ce secret aussi longtemps que possible, juste pour préserver sa relation avec sa sœur. « Je crois qu'ils s'imaginent qu'en te gardant sagement à la maison, ils vont pouvoir garder un oeil sur toi et t'empêcher de mal tourner. » Elle comprenait très bien que la jeune fille soit en colère contre ses parents. Et pour elle, c'était encore pire. Elle se demandait parfois si elle avait le droit de respirer sans leur demander la permission... Son père était constamment sur son dos, à surveiller ses moindres faits et gestes. Mais contrairement à Marla, elle ne ripostait jamais. Elle se laissait faire, elle exécutait leurs ordres sans broncher et ne se rebellait jamais. Parce qu'elle était en tort, qu'elle le savait et que le lourd poids de la culpabilité pesait sur ses frêles épaules. Mais sa petite sœur avait tous les droits de se révolter et de crier au monde quel point elle les détestait. Parce qu'elle, elle n'avait rien fait de mal. C'était simplement une adolescente comme les autres, qui cherche à se dépêtrer du cocon familial pour vivre ses propres expériences. Quoi de plus normal ? « Fais attention à toi, d'accord ? Je sais que les parents sont super chiants et qu'ils nous étouffent plus qu'autre chose à nous garder enfermer ici mais... Mais je n'ai pas envie que tu fasses n'importe quoi pour les rendre dingue ou leur prouver que tu n'es plus une gamine. » Elle avait repris son air grave et son côté maternel reprenait le dessus. Elle parlait en connaissance de cause. Elle savait à quel point l'envie de leur prouver qu'ils avaient tort était forte. C'était ce qu'elle avait voulu, en se rendant à cette soirée quelques années plus tôt. Leur prouver qu'elle était assez grande pour prendre pour se rendre à des soirées sans faire n'importe quoi. Leur montrer qu'en l'étouffant comme ils le faisaient, cela ne faisait rien d'autre que la rendre dingue. Leur dire qu'elle avait besoin de liberté, d'autonomie, qu'elle voulait prendre ses propres décisions. Résultat ? Elle était rentrée complètement ivre morte. Et enceinte, en plus de cela. Pas très glorieux. Elle tenait beaucoup à sa sœur et elle ne voulait pas qu'il lui arrive la même chose qu'elle. Elle avait gâché sa vie et elle ne tenait pas à ce que Marla fasse les mêmes erreurs qu'elle.