Tu sais qu'on peut flotter au-dessus du sol rien qu'avec la parole ? ≠ libre.

Il y a des soirées comme ça ou on préférerait tous s'affaler dans le canapé, mettre la télé et rester tranquille chez soi, mais on sait pertinemment que ce n'est pas possible alors on ne fait que rêver au confort douillet de son chez-soi et c'est là qu'il nous manque le plus. Voyez vous c'est exactement dans cet état d'esprit que se trouvait Donovan ce soir. Pourtant il devait tout faire pour ne pas le montrer, il s'était habiller avec classe, peut-être trop pour une soirée sur la plage, mais elle était organisée par Monsieur le maire pour peu que ça impressionne notre homme. Non, il était clairement là pour se montrer et faire bonne figure devant les clients de sa banque. Voir le fils Emery parader dans ce genre de soirée c'était une bonne pub pour la boite, encore une chose dont Donovan se moquait totalement, sauf qu'il avait quelques obligations et son père avait largement insisté pour qu'il soit présent ce soir. L'objectif numéro un, discuter avec le maire, faire du lèche bottine avec le sourire aux lèvres.
Mais alors qu'il arrivait à peine, il sentait déjà la lassitude lui peser sur les épaules, dieu qu'il détestait ces mascarades. Il se dirigea donc directement au bar, il commanda un cocktail sans alcool, comme à son habitude. Et c'est là qu'il remarqua sa voisine de droite. Une jeune blonde dont il ignorait tout mais qui, comme lui, avait l'air d'avoir envie d'être partout sauf ici.
"Je vous conseil le champagne, autant de piquant que ce que vous avez mais avec la garantie d'avoir l'impression de vous amuser comme une folle après quelques coupes, de toute évidence ça vous aiderait..." Le ton était presque trop amer, on sentait qu'il ne lui plaisait pas de se trouver sur cette plage, pourtant il avait abordé sa voisine de son plein gré, peut-être dans l'espoir de trouver une raison agréable de rester.

Donovan prit place sur un siège, adossé au bar, il avait donc le loisir de choisir entre la vue du soleil couchant ou celle de la jolie blonde à sa droite. Il l’avait abordé sans trop savoir s’il avait vraiment envie de discuter, peut-être qu’elle ne lui répondrait pas, ou s’offusquerait qu’un inconnu lui parle aussi franchement, ou bien encore elle pourrait bien être intéressée par un peu de compagnie alors il n’aurait pas raté son coup. La réponse ne mit pas longtemps à se faire connaitre, la demoiselle releva un œil vers lui et avec une voix douce, presque un murmure, elle lui répondit que ça ne l’aiderait certainement pas. Sur ce point Donovan ne pouvait qu’être d’accord, il n’était pas de ceux qui se saoulent pour noyer leurs angoisses, peines, ennuis…, certes lui n’était pas le plus vertueux de tous, autrement que l’alcool lui se perdait dans des volutes de fumée qui lui donnaient la sensation d’une existence plus légère, chacun son truc.

Bien entendu, c’était à prévoir, elle lui demanda par la suite ce qu’il venait faire ici contre son gré, c’est là qu’il remarqua les résonnances étrangères dans le son de sa voix, un accent français très agréable, Donovan adorait écouter les étrangers parler sa langue, plus particulièrement les femmes, bien entendu, il trouvait que ça leur donnait un charme fou. Le jeune blond esquissa un sourire presque fade. « Parfois il faut savoir se montrer en société. » Il haussa les sourciles et lui tendit une main pour se présenter « Donovan Emery, co-directeur des banques Emery&fils. Je ne dis pas ça pour vous impressionner, j’en suis moi-même affligé. » Etrangement ce soir il n’avait aucune envie de jouer la comédie, pas l’envie non plus d’impressionner cette fille avec son titre ronflant, pour lui ça ne voulait rien dire. « Mon père adore ce genre de mondanités et il est persuadé que son fils doit aussi s’y plier pour montrer que nous sommes proches de nos clients, et très amis avec le maire… » Il jeta un regard furtif vers celui qui serrait des mains avec son sourire vissé jusqu’aux oreilles, il en avait mal à la mâchoire rien que de le voir. « Et vous ? A priori vous ne semblez pas à votre aise non plus il me semble… »