please, don't judge me. (Hadès)

Tu viens on va en cours ? Non, je vais fumer d'abord, ce prof me donne un mal de tronche pas possible, pas moyen que je sois sobre dans son cours. On a pas le droit de fumer ici... J'm'en fous, tu sais.
Les deux filles s'éloignent en soupirant. Elle ne semblent pas encore avoir cerné Alix. Elles n'ont pas compris qu'Alix, elle brave l'interdit. Elle aime ça. Les règles ne sont pas pour elle. Elle a déjà roulé son joint, tout à l'heure, dans les toilettes, et elle sait très bien qu'elle n'a pas le droit de fumer sur le campus. Pourtant elle le fait quand même, tout le temps. Enfin, régulièrement. Elle aime bien se poser sur un banc pour regarder les gens passer ou alors, quand il fait beau, se coucher dans l'herbe juste devant l'entrée. Elle ne se cache pas. Tout le monde peut la voir. Voir qu'elle fait quelque chose d'interdit. Et pourtant, tellement personne ne la remarque qu'elle ne risque pas vraiment qu'on la prenne en flagrant délit. Ou alors, ceux qui la regardent et le voient, ils s'en foutent. Elle n'est pas la seule.
Aujourd'hui elle opte pour un banc. L'herbe n'a pas l'air très sèche et il n'y a pas vraiment de soleil. Le début d'après-midi est calme, tout le monde semble être gentiment aller en cours. Alix, elle sèche les cours parfois, mais elle aime vraiment ce qu'elle fait. Du moins, tout ce qui touche à la photo. Les autres trucs, c'est pas trop intéressant alors elle sèche.
Elle trouve un banc un peu en retrait, pour être tranquille. Pour éviter qu'on vienne lui parler, pour lui demander un briquet ou une cigarette, ce qui arrive plusieurs fois par jour d'ailleurs. Elle s'installe tranquillement, pose son sac à côté d'elle et allume sa chose. Bien qu'elle fasse des efforts pour en finir une bonne fois pour toute avec la drogue, pour l'herbe c'est différent. C'est quelque chose qu'elle ne pourra pas arrêter. C'est même ce qui la fait tenir pour ne pas consommer d'autres choses, d'ailleurs.
Elle savoure à chaque fois qu'elle le porte à ses lèvres pour tirer dessus. Elle ferme même les yeux parfois, et elle s'évade dans sa tête. Physiquement présente, mentalement absente.

« Et c'est pour cela que... » Hadès fut interrompu en pleine phrase par la sonnerie. C'était la fin du cours, et les élèves de la faculté étaient loin d'être aussi respectueux que les lycéens. Ils se levèrent presque tous au moment même où le son était parvenu à leurs oreilles, ne laissant au professeur aucune chance de terminer son cours. Il soupira un instant. « A la semaine prochaine, et n'oubliez pas de décider de vos binômes pour le prochain cours ! » La moitié des jeunes n'avaient même pas dû l'écouter. Il verrait bien quand il les retrouverait la semaine suivante. Eteignant les lumières de la salle, il rassembla rapidement ses affaires après avoir effacé le tableau de ces équations qui n'avaient plus beaucoup de sens, au fur et à mesure qu'ils les expliquaient à nouveau, inlassablement, aux élèves qui foulaient le sol de l'amphithéâtre. Hadès sortit en fermant la porte derrière lui et prit la direction de la sortie, il avait fini l'enseignement à la faculté pour aujourd'hui. Il ne s'en plaindrait pas. Il détestait cet endroit, c'était presque pire que le lycée. Tous ces jeunes pleins d'espoirs qui n'attendent que d'être violemment brisés et traînés dans la poussière... L'homme a besoin de se dégourdir les jambes, bien qu'il ait passé tous son cours debout, il se sentait plutôt mal. Sans doute plus moralement que physiquement. Ainsi, il se retrouva à marcher, à l'intérieur du campus, sans même chercher à retourner vers "chez lui". Il ne croisa pas grand monde, à vrai dire, la plupart des élèves étaient en cours, et ceux qui avaient pu partir l'avaient fait il y a déjà de nombreuses minutes. Mais l'une d'elles entretint son attention avec un peu plus de conviction. C'était une élève, assise sur un banc. En général, il aurait continué son chemin, il s'en moquait assez, après tout, des élèves, il en voyait cinq jours sur sept. Cependant, comme presque tous les lieux d'enseignement, l'université de Bowen n'acceptait pas que les personnes y posant le pied fument. Ce qui restait tout bonnement compréhensible. Hadès s'arrêta face à la jeune fille, qui avait les yeux fermés. Son pas se fit plus lourd pour qu'elle l'entende. « J'imagine que vous savez, mademoiselle, que fumer est interdit ici. Surtout quand c'est tout sauf une cigarette. » Au fond, le professeur n'avait pas l'âme d'un tyran, il n'irait pas la dénoncer ou que sait-on, mais il préférait la mettre en garde. Si quelqu'un d'autre que lui la voyait, cela ne se passerait sûrement pas aussi bien.