come what may (+) casey.

"come what may, i will love you until my dying day."

Accoudée au comptoir du vidéoclub, Emily feuilletait distraitement un magazine sur le cinéma pour se tenir au courant des nouveautés. Ces temps-ci, les clients se faisaient rares. Avec le téléchargement et les services de vidéos à la demande, rares étaient ceux qui continuaient à se déplacer et à payer pour louer des films... Malheureusement. La jeune femme trouvait qu'il n'y avait rien de mieux que les vidéoclubs. Elle était sûrement old school mais elle aimait bien le côté vieillot de ce genre de commerces. Le fait de pouvoir discuter avec les gens, de les conseiller, de découvrir leurs goûts pour en savoir plus sur leur personnalité... Et puis, cela lui rappelait bien évidemment l'époque où elle avait connu Casey - soit la meilleure période de sa vie. C'était ici, dans ce magasin, qu'elle l'avait vu pour la première fois et c'était également ici qu'ils avaient eu leurs premières conversations. La petite sonnette au-dessus de la porte retentit soudainement, la tirant de ses rêveries nostalgiques. Un client, enfin ! Elle allait pouvoir s'occuper l'esprit et éviter de penser à son ex-mari pour quelques secondes. Un peu de répit lui ferait du bien, elle n'en pouvait plus. Affichant son plus joli sourire, la petite blonde leva la tête et...

« Casey ?! », s'exclamait-elle sans pouvoir contenir sa surprise, posant son regard sur celui de son ex-mari.

Elle ne s'attendait pas à le voir là. Et pour être honnête, elle n'était pas vraiment ravie de se retrouver nez-à-nez avec lui. Après la façon dont il avait refusé de prendre un café avec elle lors de leur dernière discussion - discussion où elle lui avait ouvert son cœur, soit dit en passant, elle avait eu l'impression qu'il l'avait soigneusement évitée. Pourquoi ? Aucune idée. Cela la blessait un peu, pour être honnête. D'abord il l'embrassait en lui laissant croire qu'il y avait une chance qu'ils se remettent ensemble puis il finissait par l'éconduire sans raison. Mais maintenant, au moins, elle savait à quoi s'attendre. Il n'y aurait plus jamais rien entre eux ; c'était clair, net et précis. Dieu qu'elle regrettait de s'être lancée dans une déclaration ridicule lorsqu'ils s'étaient croisés à la fac...

« Tu as besoin de quelque chose ? », reprit-elle après un cours silence.

Son ton était courtois mais pas excessivement amical pour autant. Elle lui parlait comme une vendeuse parlait à un client, ni plus ni moins. Elle n'avait pas envie de se faire de film en s'imaginant une fois de plus qu'ils pourraient être amis (ou même plus). Apparemment, il n'en avait pas envie et même si elle ne comprenait pas, elle n'allait pas passer sa vie à lui tirer les vers du nez. Elle avait compris le message ; ils allaient vivre chacun leur vie de leur côté et tout irait bien dans le meilleur des mondes. Ils étaient divorcés après tout, ils n'avaient plus aucune obligation l'un envers l'autre. Et même si elle ne parvenait pas à effacer le souvenir de leur dernier baiser de sa mémoire, elle ferait son possible pour ne rien montrer.

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Il était stressé. C’était samedi, il n’avait pas de cours, il était déjà en avance d’une semaine sur son travail universitaire – l’habitude de la fac de médecine l’avait bien rôdé – mais il était stressé. Pourtant, le jeune homme enfourcha son vélo et traversa les rues de Bowen jusqu’à son but. Le vidéoclub. Il n’y avait pas mis les pieds depuis… Uffa. Des mois, c’était certain. Au moins. Peut-être une année, ou plus. Depuis qu’il avait changé d’adresse, il n’habitait plus très loin de la boutique et pour peu qu’il prenait la deuxième rue au lieu de la première – ce qui ne lui faisait faire qu’un minuscule détour, il passait devant. Ça aurait donc pu être son chemin journalier mais Casey l’évitait soigneusement.

Cependant, l’un de ses nouveaux amis de fac ne semblait pas comprendre le mal qu’il y avait pour le jeune homme à s’y rendre. C’est ainsi que la veille, il avait supplié le musicien de ramener pour lui un DVD qu’il avait loué. Il n’était pas là ce week-end or la date de retour avait déjà été dépassée depuis trois jours et il voulait éviter de le rendre trop tard. Casey avait fini par accepter. S’il avait su de quel film il s’agissait avant, il aurait refusé corps et âme. Ce n’est que le soir, en sortant des cours, que son ami lui avait confié l’objet à rendre. L’Italien avait presque reculé en voyant la jaquette, reconnaissable entre toutes, mais son ami avait filé prendre son bus, le laissant planté là, DVD en main.

L’âme morte, priant les dieux de l’Épique, il poussa la porte du vidéoclub. L’accueil qu’il reçut l’informa très rapidement que sa prière n’avait pas été entendue. Casey pesta mentalement à l’attention de Scott, qui au lieu de passer sa matinée au lit avec Ramona, aurait mieux fait de s’occuper de son cas.

Emily travaillait. Lui, justement, était en congé aujourd’hui. Il avait espéré que Lee était dans le même cas, mais l’espoir ne résout pas tout.
Il fut un peu heurté par son ton professionnel. Bien sûr, c’est ce que l’on est en mesure d’attendre dans ce genre d’endroit. Mais Emily ne l’aurait pas accueilli de la sorte – autrefois. Il baissa les yeux, portant la main à son sac. Son ventre se serra. Il devait vraiment sortir ce DVD devant elle ? Sinon… Il pouvait toujours dire qu’il cherchait un DVD. Il repasserait plus tard le rendre ou… Demanderait à un autre ami de l’amener ! Oui, mais plus tard, ça signifiait lundi. Lundi, son ami serait de retour et ne comprendrait pas pourquoi Casey n’avait pas pu lui rendre un service aussi infime. Il était donc piégé.

Il regarda furtivement autour de lui. Depuis leur rencontre, le vidéoclub n’avait pas trop changé. C’était étrange qu’ils se retrouvent là, tous les deux. Et ce film entre eux. Mais cette fois, le générique de fin s’abattait sur eux, bouclant la bobine de leur histoire. Car il n’y avait plus de doute : si Emily était aussi froide, c’est qu’elle désirait mettre entre lui et elle de la distance. Pourquoi ? Parce qu’elle n’était plus du tout intéressée par lui et ne le voulait plus du tout dans sa vie. Pourquoi ? Parce qu’elle avait un petit-ami. Message compris. Il essaierait de ne pas s’immiscer. Le baiser de la dernière fois avait dû mal passer, elle devait lui en vouloir d’avoir mis en péril son couple – pour un peu un ami de son copain les avait vus ?

« Je dois rendre un DVD. » répondit-il simplement, tentant d’adopter la neutralité professionnelle d’Emily.

Il ne pouvait plus retarder ce moment. Il devait le sortir ou il passerait pour plus idiot qu’il ne l’était déjà – le pauvre type qui embrassait son ex-femme, c’était vraiment un cliché.

Alors il sortit Moulin Rouge de son sac et le tendit à la jeune blonde.

« Je crois qu’il est en retard. » commenta-t-il, hésitant entre éviter de croiser son regard par gêne et se forçant à fixer ses yeux pour ne pas montrer qu’il était gêné et éviter qu’elle ne pense que c’était lui qui l’avait emprunté.

Sauf qu’il venait rendre ce DVD et à moins que Lee n’ait développé des dons télépathiques, c’était exactement tout ce qu’elle pouvait s’imaginer.

« Je dois quelque chose ? » interrogea-t-il, comme un client banal l’aurait fait.

Mais il était probablement le moins banal des clients. Et le plus indésirable, également.
Il aurait voulu pouvoir lui dire quelque chose. Quelque chose d'autre, quelque chose de personnel. Lui demander si ça allait, la fac, les cours, le vidéoclub. Son week-end. Si c'était calme, aujourd'hui. Est-ce qu'elle avait eu beaucoup de clients ? Mais il ne fallait pas. Il ne devait pas engager une conversation avec elle. Il devait arrêter de se faire du mal, arrêter de rechercher leur vieille complicité. Elle avait été détruite avec sa négligence, elle était morte avec leur divorce. Ils n'avaient plus rien à voir, tous les deux. Emily le lui faisait bien comprendre. Tenter de lui parler, c'était du masochisme. Sortir de sa vie, il devait juste sortir de sa vie.

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Pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu'elle croisa Casey aussi souvent ? Était-ce le simple fruit du hasard ou un coup du destin ? Bon, en y réfléchissant bien, Bowen était une petite ville et il était presque impossible de ne pas se croiser à moins de le faire exprès. Mais quand même. Pourquoi venait-il ici, dans ce vidéoclub alors qu'il pouvait très télécharger des films sur internet ? Il cherchait à la torturer, elle en était certaine.

Elle haussa un sourcil quand il lui apprit qu'il était là pour rendre un DVD. Cela voulait dire qu'il était passé quelques temps plus tôt pour en louer un - et elle ne l'avait pas vu. Il avait sûrement choisi un jour où Emmanuelle bossait, histoire de ne pas la croiser. L'idée qu'il cherche à la torturer venait de s'effacer. Sa présence ici n'était qu'un coup du sort. Le toisant malgré elle, elle le regarda chercher dans son sac pour en sortir le fameux DVD. Et son coeur s'arrêta lorsqu'elle posa les yeux sur la jaquette. Moulin Rouge. Il avait loué Moulin Rouge. Sans elle. Pour le regarder avec quelqu'un d'autre. Une autre fille, probablement. Il avait bafoué leur plus beau souvenir., comme si cela ne comptait pas à ses yeux. Comment avait-il osé faire ça ?

« Excellent choix », commenta-t-elle avec une amertume non dissimulée.

Prenant le DVD d'un geste vif et rapide, elle le posa dans un coin du comptoir pour ne plus avoir à le regarder. Elle planta ses yeux durs dans ceux de Casey avant de regarder dans le registre s'il y avait des DVDs en retard. Effectivement, Emmanuelle avait noté que quelqu'un - Casey, en l'occurrence - avait loué Moulin Rouge mais ne l'avait pas encore ramené.

« Ouais, effectivement », commenta-t-elle froidement avant de rayer le titre du film de la liste des retards avec vigueur.

L'ambiance était pesante. Et froide. Et lourde. Elle avait du mal à respirer convenablement tant sa poitrine se compressait. Elle était en colère contre Casey et elle avait envie de le lui faire savoir. Elle n'était plus la gentille petite Emily qui accepte tout sans rien dire. Elle ne se laissait plus marcher sur les pieds, à présent. Il demanda finalement s'il devait quelque chose et elle secoua la tête.

« Non, c'est bon. »

Comment avaient-ils pu passer de la conversation amicale et touchante de la fac à... ça ? Ils agissaient comme des étrangers. C'était sans doute comme cela que deux personnes divorcées étaient supposées se comporter mais elle n'aimait pas ça. Laissant sa colère prendre le dessus, elle fixa son regard sur celui de son ex-mari. Elle n'en revenait pas. Il avait osé venir dans son vidéoclub pour louer le film qui symbolisait leur histoire. Il n'y avait rien de plus cruel.

« T'es au courant qu'on peut louer des films sur Internet ? C'est beaucoup plus pratique que d'avoir à se déplacer dans un vidéoclub. Tu devrais essayer. »

Son ton était sec, cassant, plein de rancune. Elle venait de lui faire comprendre qu'elle ne voulait plus le voir ici sans même le vouloir. Elle n'avait pas réalisé ce qu'elle disait. Mais au final, c'était vrai. Elle n'avait plus envie de le voir. Il jouait avec elle comme avec une marionnette et elle en avait assez. Elle ne se laisserait plus faire. C'était ici que leur histoire avait commencé, c'était ici qu'elle se terminait. En y pensant, son visage fermé et peu aimable changea. L'amertume laissa place à de la tristesse ; elle avait envie d'éclater en sanglots. Baissant la tête, elle soupira doucement. Elle devait se contrôler. Elle aurait tout le loisir de laisser son désarroi exploser quand Casey aurait quitté le vidéoclub.

« Tu veux louer autre chose ou c'est bon ? », s'enquit-elle d'une voix monocorde, reprenant son rôle de parfaite vendeuse.

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La nouvelle Lee n’hésita pas à commenter le film que Casey rapportait. Il baissa les yeux, terriblement mal à l’aise. La froideur de la jeune femme se poursuivit tout le reste de leur échange. Si jamais on pouvait qualifier cela d’échange tant la conversation était maigre.

Emily fixa Casey, qui résistait pour ne pas se dérober à son regard. Les propos de la vendeuse frappèrent le musicien de plein fouet.

« Ce n’est pas moi qui l’ai loué. C’est un ami. » expliqua-t-il pour sa défense. Est-ce qu’il y avait un registre qui pouvait prouver son innocence ? Oui, son innocence, parfaitement. Parce qu’avec les remarques de Lee, il se sentait comme un coupable. « Il m’a demandé de le ramener, il ne pouvait pas. » ajouta-t-il pour parfaire ses arguments – et ce en toute vérité.

Il détourna finalement le regard et posa de nouveau les yeux sur les étalages avant de recroiser les yeux de Lee.

« Non, c’est bon. »

Une telle tension entre eux, il ne l’avait pas ressentie depuis les derniers mois avant leur divorce. C’était tout sauf agréable.

« Bon… Sal… » commença-t-il pour prendre congé d’elle en se tournant vers la porte. Il pleuvait. Des cordes. Une averse, une belle. Il était à vélo. Il n’avait qu’un T-shirt sur lui. « Ehm… J’peux attendre que ça se calme avant de partir ? » interrogea-t-il Lee, gêné à l’idée de devoir passer du temps avec elle dans une atmosphère aussi tendue. Il se demandait même si tomber malade ne valait pas plus que rester au vidéoclub.

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« Ce n’est pas moi qui l’ai loué. C’est un ami. » Emily fronça les sourcils avant de poser plus attentivement ses yeux sur le registre. Si elle avait plus attention et qu'elle ne s'était pas laissée aveugler par sa colère, elle aurait remarqué qu'effectivement, ce n'était pas le nom de Casey Kennington qui était inscrit à côté du titre du DVD. Mais non. Elle avait préféré se laisser berner par les circonstances et penser que son ex-mari était capable de lui faire une telle chose. Elle s'en voulait d'avoir cru cela. Casey était l'être le plus adorable du monde. Il ne lui aurait pas fait de mal volontairement. Se sentant plus idiote que jamais, elle leva les yeux vers Casey. Elle était sincèrement désolée.

« Oh... Désolée. Je... J'ai cru que... J'aurais pas dû. »

Elle s'en voulait vraiment. Elle lui avait parlé sans raison et  le voir là, avec sa bouille de gamin triste d'être accusé à tort, elle avait envie de le prendre dans ses bras. Cependant, elle le fit rien, se préparant à le voir quitter la boutique sans essayer de le retenir. Elle ne s'était pas senti aussi mal depuis les dernières semaines de leur mariage, où la tension était plus que pesante. Puis elle remarqua la pluie qui tombait en trombe, empêchant Casey de partir. Elle se tourna vers lui, nettement plus adoucie.

« Oui, évidemment... » Elle lui adressa un petit sourire. « On dirait bien que la pluie nous suit, en ce moment... »

Elle tentait de se montrer drôle, c'était raté. Vaine tentative pour détendre l'atmosphère. Elle soupira doucement et laissa le silence s'installer. Elle avait des choses à lui dire. Des tas de choses à lui dire. Mais elle ignorait par où commencer. Prenant son courage à deux mains, elle planta son regard perçant dans celui du jeune homme.

« J'ai-couché-avec-un-type-que-je-connaissais-à-peine-hier-soir », lâcha-t-elle d'une seule traire, à une telle vitesse qu'elle n'était pas sûre qu'il avait pu la comprendre.

Allez savoir pourquoi, elle avait ressenti le besoin de le lui dire. Ils n'étaient plus mariés mais cette aventure d'un soir avait tout de même un goût de trahison à ses yeux. Elle aurait bien aimé que Casey reste le seul homme de sa vie. Pour toujours. Prendre du plaisir avec un inconnu rencontré dans un bar n'avait rien de très glorieux. Et surtout, ça ne lui ressemblait pas. Avait-elle changé à ce point ? Elle redoutait la réaction de Casey. Il allait sûrement se mettre en colère. Et la mépriser. Il en aurait tout à fait le droit, d'ailleurs.

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Casey secoua la tête en pinçant ses lèvres. Le visage contrit de Lee le désola quelque peu.

« C’est rien, c’était… Plutôt logique. » dit-il avec un sourire avorté.

L’ambiance était trop pesante, il ne parvenait pas à se défaire de cette tension et ses traits peinaient à s’éclairer, ses lèvres restaient paralysées dans leur expression neutre. Seuls ses yeux exprimaient un certain trouble.
La pluie continuait de tomber de plus en plus fort et le vent se levait, Casey désespérait. Les tempêtes en Australie étaient si violentes ! La réplique de la jeune femme le fit sourire doucement, il la regarda.

« Oui, effectivement… » acquiesça-t-il avec un sourire plus large que son précédent.

Il sentait qu’un silence allait s’installer quand la déclaration d’Emily agit comme une bombe. Il ne comprit pas tout de suite ce qu'avait dit Lee tant elle avait parlé vite. Puis le sens lui apparut, il se sentit assomé. Casey sentit son corps se tendre, ses mâchoires se resserrer. Maddox. Avec sa journée de cours, les sms qu’il envoyait à Maybelle de temps en temps pour s’assurer qu’elle allait bien et essayer de la faire sourire, il avait fini par passer à la trappe l’épisode de l’altercation matinale au bar avec le biker. Qui n’avait pas été une partie de plaisir. L’homme l’avait menacé, l’avait pris par le col, et avait franchement des manières douteuses d’agir envers les gens. Certes, Casey n’avait pas été aimable en l’abordant mais le biker s’était montré terriblement hypocrite en demandant du respect quand lui-même n’en avait montré aucun. Envers Lee. De plus, être les pieds en l’air et le cou serré pendant dix minutes, c’était franchement pas ce dont il rêvait tous les jours. Sur le coup de la colère, Casey avait eu envie de courir voir Emily et lui parler de cette histoire, lui demander ce qu’elle avait foutu, ce qu’il lui était passé par la tête. Puis au fur et à mesure de son altercation avec Maddox, sa colère s’était apaisée, et en rentrant à la fac, il était trop épuisé pour enchaîner avec une dispute avec Lee. Et puis, elle était son ex-femme, après tout, il n’avait rien à lui dire, n’est-ce pas ? Elle était grande, divorcée, elle faisait ce qu'elle voulait.

« Tu n’as pas de compte à me rendre. On n’est plus marié. » dit-il, la voix amère et en peine, détournant le regard – un poids compressant sa poitrine. Sa phrase avait quelque chose de cruelle. Sûrement parce qu’elle était vraie.

Mais quand même, quand même ! Il ne pouvait s’empêcher de se demander comment elle avait fait pour se retrouver au lit avec… Ce type. Impuissant, l’image s’imposa dans son esprit. Emily. Au lit avec le biker. Casey réprima un rictus de dégoût. Non, non, pas sa Lily avec cet Américain. Un type qui l’avait presque méprisée ! Pourquoi lui ?

Il se retourna vers Emily, une ire soudaine l’animant, bien que tempérée.

« Enfin quand même Emily, de tous les types avec qui t’aurais pu passer la nuit il a fallu que tu choisisses celui qui croit tout savoir de la vie parce qu’il vient d’une bourgade des US et qu’il a une veste en cuir et, je cite, « du sang sur les mains » ! Sérieusement, Lee, qu’est-ce qu’il t’a pris d’aller avec un type pareil ? Que tu couches avec j’sais pas qui d’accord, mais choisis mieux la prochaine fois bordel ! Ce type a pas eu le cran de te défendre face à ses potes, il a préféré te laisser te faire insulter et rentrer dans le jeu, te traitant comme une petite conquête de plus sur qui on dit deux mots vite fait, plutôt que leur demander de réfléchir deux secondes aux mots qu’ils employaient ! Tu cherches à faire quoi en couchant avec un type comme ça, Lily ? Que ça y est, t’es plus la petite Lee, maintenant t’es grande, t’es une fille de ton temps, tu as tellement réussi que tu peux mettre dans ton lit le plus gros dur de la ville ? » s’exclama-t-il vivement tout à coup, la colère qui l’avait tenaillé ce matin se ravivant. Mais ses derniers mots le calmèrent légèrement. Il ne pouvait pas se permettre de lui dire cela, au fond. Car c’était lui, c’était ce qu’il avait été. « Mais après tout je suis mal placé pour te reprocher ça, puisque c’est exactement ce que j’ai fait, n’est-ce pas ? J’ai choisi les fêtes alcoolisées, toi t’as décidé de séduire les gros barbus étrangers. Chacun son truc pour s’intégrer. Mais j’pense pouvoir te dire que c’est pas la meilleure solution de se conformer aux autres, tu sais aussi bien que moi que ça finit par détruire tout un pan de vie. Mais juste… Juste, Lee, bordel, fais vraiment attention quoi ! Fais ce que tu veux après tout, mais sois simplement prudente ! C’est pas un gros nounours ce type. » Il fit une courte pause, fixa Emily de nouveau. « J’en sais quelque chose, je l’ai croisé ce matin ton Maddox. Il se prend pas pour rien et j’pense vraiment qu’il frappe et qu’il réfléchit ensuite. Voire qu’il réfléchit pas, il a pas besoin, il est en sécurité derrière ses poings de toute façon, alors qu’est-ce qu’il pourrait lui arriver, hein ? Si un p’tit jeune vient lui chercher des noises et pigner parce qu’il estime que le gros dur n’a pas été correct, le Maddox n’en a rien à foutre, parce que lui il fait deux mètres et qu’en moins de deux il va le remettre en place. » dit-il en pensant à la scène qui s’était produite ce matin, quand Maddox l’avait pris par le col après s’être débarrassé de ses bibelots et de sa veste en cuir en le menaçant.

Il avalait sa salive par saccades, avait les dents serrés et le regard presque furieux.
Maddox s'était montré moins violent à la fin de leur altercation, mais l'homme ne s'était pas montré commode pour autant, Casey avait senti que ce type lui en voulait, alors même qu'il avait essayé de l'adoucir et s'était montré courtois, était passé de son ton vif et provoquant initial à un discours réfléchi.

« Franchement… Franchement essaie au moins de coucher avec un type qui te laisse pas te faire traiter de blondasse chaude la prochaine fois, quoi. Surtout quand il te connaît pas. J’veux bien comprendre que les petits gars frêles à l’allure de puceau pour reprendre ses mots, c’est plus au goût du jour et moins attirant, mais évite quand même de dénicher les bikers sanguinaires, aussi virils fussent-ils et attrayants j’imagine, on sait jamais ce qu’ils pourraient te faire. Sois vraiment prudente. Y’a des dizaines de gars à Bowen, tu mérites d’avoir le respect de l’un d’eux, pas une telle méprise ! » termina-t-il, laissant progressivement retomber sa colère.

Il était en colère contre Maddox, il était aussi un peu en colère contre Lee. Et puis il se sentait humilié. Il savait bien qu’il n’était pas censé être au courant, et qu’elle n’avait pas fait cela contre lui. Mais l’imaginer… Coucher avec un gars qui avait deux fois sa taille, ses muscles, sa pilosité, son tempérament, et s’inscrivait dans l’archétype absolu du mâle, ça l’humiliait, oui. Parce qu’il avait un peu l’impression qu’à travers cela, elle lui disait : « oh bah désolée mon pauvre Casey, maintenant que ma féminité est exacerbée, je vais pas aller avec des petits jeunes à la peau lisse comme toi tu comprends, j’couche pas avec un homme aux allures de bébé éloigné du giron de sa mère, moi ce qu’il me faut maintenant, ce sont des vrais gros durs, des alphas, des mecs qui en jettent ». Et ça lui faisait mal. Oh, d’un côté… À son tour de ressentir un peu d’humiliation, lui qui avait dû tant la blesser en niant son mariage auprès de ses camarades de fac. Mais la douleur restait là, amère.

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« Tu n’as pas de compte à me rendre. On n’est plus marié. » Cette phrase était aussi vraie que blessante. Elle n'avait effectivement plus aucun compte à lui rendre ; elle était libre. Célibataire. Adulte. Responsable. Elle pouvait faire ce qu'elle voulait sans avoir à se sentir coupable de quoique ce soit. Parce qu'entre Casey et elle, tout était fini. L'entendre dire cela à voix haute lui compressa le cœur mais il avait raison. Pourtant, cela n'amoindrissait par le sentiment de culpabilité qui lui brûlait la gorge.

Aors qu'elle s'apprêtait à répliquer qu'il avait raison, qu'elle n'aurait jamais dit lui avouer cela, il se lança dans une tirade incompréhensible. À en juger par ses dires ("de tous les types avec qui t’aurais pu passer la nuit il a fallu que tu choisisses celui qui croit tout savoir de la vie parce qu’il vient d’une bourgade des US et qu’il a une veste en cuir et, je cite, « du sang sur les mains » !"), il connaissait Maddox.Pire encore : il savait que c'était avec lui qu'elle avait passé la nuit. Comment ? Aucune idée. Maddox et Casey n'avaient pas grand chose en commun, elle doutait qu'ils soient copains. Peut-être s'étaient-ils croisés dans un bar ? Mais... Non. Casey avait changé. Il n'avait plus besoin d'écumer les bars pour se sentir bien. N'osant pas poser la question qui démangeait ses lèvres, elle continua à l'écouter parler - s'énerver. Il avait raison, une fois de plus. Son comportement était débile. Et elle n'aurait sans doute jamais dû succomber aux charmes de Maddox. Mais c'était fait et on ne pouvait pas revenir en arrière. Elle fut surprise d'entendre que son amant d'un soir l'avait laissée être qualifiée "blondasse chaude" mais après tout, à quoi s'attendait-elle ? Maddox n'était pas le genre de gars à s'enticher d'une petite blonde dans son genre. Il devait enchaîner les conquêtes d'un soir et elle n'était qu'un numéro de plus. Cela dit, elle aurait aimé qu'il la respecte un tant soit peu. Baissant la tête au fur et à mesure qu'il parlait, elle essayait de faire le point. Des tas de sentiments se mélangeaient. Elle se sentait coupable. Nulle d'avoir fait cela. Et surtout, surtout... Elle était heureuse que Casey se mette dans cet état parce que pour la première fois depuis longtemps, elle avait l'impression qu'il tenait toujours à elle. Elle releva la tête et ses yeux se posèrent inconsciemment sur les lèvres de son ex-mari. Elle mourrait d'envie de l'embrasser.

« J’veux bien comprendre que les petits gars frêles à l’allure de puceau pour reprendre ses mots, c’est plus au goût du jour et moins attirant, mais évite quand même de dénicher les bikers sanguinaires, aussi virils fussent-ils et attrayants j’imagine, on sait jamais ce qu’ils pourraient te faire. » Interpellée, elle releva les yeux vers et fixa Casey sans rien dire. Petit gars frêle à l'allure de puceau ? Plus au goût du jour ? Moins attirant ? Il débloquait complètement. Pour être honnête, elle ne l'avait jamais trouvé plus attirant qu'à cet instant précis. Son discours terminé, la colère semblait être retombée. Mais le désir d'Emily, lui, était toujours aussi présent. Oubliant ce que sa raison lui criait, elle contourna le comptoir et avança jusqu'à son ex-mari avec hâte. Puis elle posa ses lèvres sur les siennes dans un baiser plutôt... ardent. Elle ne contrôlait plus rien. Elle faisait juste ce dont elle avait envie - et mon dieu, cela faisait du bien de ne pas se poser mille questions pour une fois. De mémoire, ils n'avaient pas échangé de baiser comme celui-là depuis... Depuis longtemps. Elle n'était même pas sûre de l'avoir déjà embrassé avec une telle intensité, même lorsqu'ils étaient encore mariés.

Se détachant de lui à contrecœur après une bonne minute d'étreinte plus que fiévreuse, elle ferma les yeux pour essayer de reprendre son souffle - et ses esprits. Elle espérait que Casey ne la prendrait pas pour une folle. Mais elle l'avait trouvé tellement adorable, à s'inquiéter pour elle et à lui dire de faire attention. Elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle n'était plus attirée par les garçons dans son genre. Enfin, par lui. Parce qu'au final, elle n'avait jamais posé les yeux sur un autre garçon - excepté Maddox, évidemment.

Il y eut un silence puis elle leva les yeux vers lui. Elle avait envie de lui. Elle ne pouvait pas le nier, c'était inscrit dans ses yeux. Cela faisait tellement longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi proche de lui qu'elle était nerveuse, comme si cela était la première fois qu'ils se retrouvaient seuls tous les deux. C'était un peu le cas. Même pendant leur mariage, on ne peut pas dire que les contacts physiques aient été très fréquents, surtout lors de leur dernier mois à deux. Pourtant, elle n'avait jamais cessé de le désirer. Pas même aujourd'hui, alors qu'ils étaient divorcés et qu'elle n'avait "plus aucun compte à lui rendre". Elle l'ignorait ce qui l'avait poussée à faire cela. Peut-être le fait qu'il se soit énervé - elle l'avait toujours trouvé particulièrement sexy quand il était en colère, allez savoir pourquoi - pour elle, qu'il se soit montré jaloux, qu'il lui ait montré qu'il tenait encore à elle.

Ne le quittant pas des yeux, elle glissa lentement ses mains sous le t-shirt de Casey. Elle avait totalement oublié qu'ils étaient dans le vidéoclub et qu'il client pouvait entrer à tout moment. À vrai dire, c'était le dernier de ses souci. Elle ne pensait plus à rien, si ce n'est à Casey. Il l'enverrait sûrement sur les roses et elle ferait en sorte de ne plus jamais le croiser tant la honte la rongerait de l'intérieur mais ce n'était pas grave. De toute façon, elle n'avait plus rien à perdre. Elle l'avait déjà perdu une fois.

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Sa colère s’apaisait et dans le même temps, une voix intérieure lui reprochait d’avoir parlé à cœur ouvert. Comment Lee allait-elle prendre une telle leçon de morale, lui qui était bien le dernier à pouvoir en donner ? D’un autre côté, il réfléchissait. Emily avait couché avec un type. Donc Emily n’était pas en couple. Emily n’était pas en couple, parce que Casey était sûr et certain que la jeune femme n’aurait pas été infidèle à son copain et il l’était également car la blonde aurait confié son fait à son petit-ami, pas à son ex-mari. Donc elle était célibataire ! Un bête soulagement étreignit le cœur de Casey, bien que probablement vain. Il se sentit aussi stupide d’avoir refusé la proposition de Lee d’aller prendre un café l’autre jour. Tant pis, c’était trop tard.

Perdu dans ses réflexions, il ne remarqua que tardivement le déplacement d’Emily. En moins de deux, il se retrouva il ne savait comment à échanger un baiser avec son ex-femme. Baiser qui n’avait rien de l’effarouchée embrassade du couloir de la fac. C’était beaucoup plus fiévreux et passionné, beaucoup plus instinctif et impulsif. Il en était étonné mais n’avait même pas le temps d’y réfléchir. Il ne voulait pas réfléchir, de toute manière. Aussi l’embrassa-t-il avec la même ferveur, se sentant brûler d’émotions. Stupeur, envie, allégresse, désir. S’il s’était arrêté un instant sur toutes les sensations qui le traversaient, il aurait chancelé tant elles le submergeaient. Mais rien d’autre n’importait que ce baiser échangé, intense comme il n’avait plus été depuis des années – et il lui semblait même qu’ils ne s’étaient jamais embrassés de la sorte. Pas aussi fort, pas aussi passionné.

Emily abandonna finalement ses lèvres et Casey se sentit tout à coup complètement vide. Il ne voulait pas que ce fut terminé. Pourquoi avait-il fallu qu’elle se détache de lui ? (Pour respirer, peut-être, mon vieux.) Il se contrôlait pour ne pas reprendre son visage entre ses mains et poursuivre leur embrassade, quitte à la prendre par la taille pour être sûr qu’elle reste dans ses bras. Il sentait que sa respiration se faisait par saccade, essoufflée par l’intensité de leur baiser, mais le sportif qu’il était était prêt à recommencer dans l’immédiat, quitte à finir raide mort. Au moins il finirait raide mort en embrassant Emily Finch, c’en était presque classe. Trèves d’idioties. Il voulait l’embrasser, vraiment. Il craignait qu’elle ne se fût détachée parce qu’elle regrettait, il craignait de l’entendre s’excuser, lui demander de partir, lui dire qu’elle n’aurait pas dû. Il la regardait dans une tension extrême, attendant une sentence. Ou une confirmation. Ou n’importe quoi. Sa réaction. Quelque chose. Mais qu’il cesse d’être dans cette tension insupportable, par pitié. Sinon il arrêterait de se résister, et il l’embrasserait. Plus fortement peut-être même, parce qu’Emily avait violemment ravivé son désir pour elle et que là, présentement, il restait franchement sur sa faim. Il en aurait presque gémi d’insatisfaction.

U.C. — TO BE CONTINUED TO BE CONTINUED TO BE CONTINUED !        

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Sa colère s’apaisait et dans le même temps, une voix intérieure lui reprochait d’avoir parlé à cœur ouvert. Comment Lee allait-elle prendre une telle leçon de morale, lui qui était bien le dernier à pouvoir en donner ? D’un autre côté, il réfléchissait. Emily avait couché avec un type. Donc Emily n’était pas en couple. Emily n’était pas en couple, parce que Casey était sûr et certain que la jeune femme n’aurait pas été infidèle à son copain et il l’était également car la blonde aurait confié son fait à son petit-ami, pas à son ex-mari. Donc elle était célibataire ! Un bête soulagement étreignit le cœur de Casey, bien que probablement vain. Il se sentit aussi stupide d’avoir refusé la proposition de Lee d’aller prendre un café l’autre jour. Tant pis, c’était trop tard.

Perdu dans ses réflexions, il ne remarqua que tardivement le déplacement d’Emily. En moins de deux, il se retrouva il ne savait comment à échanger un baiser avec son ex-femme. Baiser qui n’avait rien de l’effarouchée embrassade du couloir de la fac. C’était beaucoup plus fiévreux et passionné, beaucoup plus instinctif et impulsif. Il en était étonné mais n’avait même pas le temps d’y réfléchir. Il ne voulait pas réfléchir, de toute manière. Aussi l’embrassa-t-il avec la même ferveur, se sentant brûler d’émotions. Stupeur, envie, allégresse, désir. S’il s’était arrêté un instant sur toutes les sensations qui le traversaient, il aurait chancelé tant elles le submergeaient. Mais rien d’autre n’importait que ce baiser échangé, intense comme il n’avait plus été depuis des années – et il lui semblait même qu’ils ne s’étaient jamais embrassés de la sorte. Pas aussi fort, pas aussi passionné.

Emily abandonna finalement ses lèvres et Casey se sentit tout à coup complètement vide. Il ne voulait pas que ce fut terminé. Pourquoi avait-il fallu qu’elle se détache de lui ? (Pour respirer, peut-être, mon vieux.) Il se contrôlait pour ne pas reprendre son visage entre ses mains et poursuivre leur embrassade, quitte à la prendre par la taille pour être sûr qu’elle reste dans ses bras. Il sentait que sa respiration se faisait par saccade, essoufflée par l’intensité de leur baiser, mais le sportif qu’il était était prêt à recommencer dans l’immédiat, quitte à finir raide mort. Au moins il finirait raide mort en embrassant Emily Finch, c’en était presque classe. Trèves d’idioties. Il voulait l’embrasser, vraiment. Il craignait qu’elle ne se fût détachée parce qu’elle regrettait, il craignait de l’entendre s’excuser, lui demander de partir, lui dire qu’elle n’aurait pas dû. Il la regardait dans une tension extrême, attendant une sentence. Ou une confirmation. Ou n’importe quoi. Sa réaction. Quelque chose. Mais qu’il cesse d’être dans cette tension insupportable, par pitié. Sinon il arrêterait de se résister, et il l’embrasserait. Plus fortement peut-être même, parce qu’Emily avait violemment ravivé son désir pour elle et que là, présentement, il restait franchement sur sa faim. Il en aurait presque gémi d’insatisfaction.

Mais Lee se rapprocha de lui. Non. Mieux. Elle se rapprocha de lui et elle mit ses mains sous son T-shirt. Il sentit sa peau frissonner, mais ce n’était pas de froid. Un sourire incontrôlable vint déformer son visage et il passa un bras autour de la taille de la jeune femme et approcha son corps du sien. Il la regarda dans les yeux. Ses fameux yeux bleus. Il ne l’avait jamais regardée ainsi, au fond. Parce qu’avant, ils n’étaient que deux petits amoureux timides qui se découvraient et expérimentaient l’aventure du couple. Maintenant, ils étaient deux adultes séparés depuis des lustres. Deux adultes qui se manquaient beaucoup trop. Casey avait passé trop de temps éloigné d’Emily. Mentalement, par leur divorce. Mais leur vie commune les avait également séparés physiquement. Or, Emily était désormais une magnifique jeune femme. Une magnifique jeune femme vraiment sexy, en fait. Et ce devait faire deux à trois ans qu’il ne l’avait pas rien que prise dans ses bras de la sorte. Alors, oui. Oui, il avait envie d’elle, il avait terriblement envie d’elle et s’il ne l’embrassait pas là maintenant, il risquait d’hurler de frustration. Il prit son visage dans sa main gauche et l’embrassa plus fougueusement encore que leur précédent baiser, pendant que sa main droite se glissait dans son dos, sur sa peau. Bon sang. Qu’est-ce qu’elle lui avait manqué. Il rêvait depuis leur divorce de la retrouver. Il n’avait pas imaginé qu’il la retrouverait comme ça. Et bien, la réalité pour une fois valait tous ses rêves les plus fous. L’embrassant, sa main droite quitta son visage et l’attrapa par la taille. Il avançait vers le comptoir, ne quittant pas les lèvres d’Emily, jusqu’à la porter et l’y asseoir. Sa peau frissonnait toujours au contact des mains de Lee mais son corps bouillonnait, il était comme fiévreux – de désir. Alors il laissa ses grandes mains caresser la peau d’Emily quand lui-même frémissait sous les caresses de la blonde, la laissant lui retirer son T-shirt pendant qu’il faisait de même tout en l’embrassant dans le cou, serrant leurs deux corps l’un contre l’autre. Il s’approcha d’elle, retrouva le chemin jusque ses lèvres, caressa ses cheveux d’une main puis descendit sur son épaule, l’autre main remontant dans son dos.

Cling.

Cling.

Le bruit retentit aux oreilles de Casey alors que ses doigts se glissaient entre les agrafes du soutien-gorge de Lee. Ce n’était pas le son du sous-vêtement qui se défaisait. Il le savait parce que sa main s’était figée à cet instant précis et n’était pas allée au bout de son geste.

Cling. La porte qui s’ouvre.

Casey se figea d’un coup. Ses mâchoires se contractèrent violemment, il osa tourner la tête en direction de la porte au prix d’un grand effort. Un client. Un client, bordel. UN CLIENT. Casey le fusilla du regard. Certes, ledit client était parfaitement dans son droit, au final. C’était un vidéoclub. Il était ouvert. Mais est-ce qu’il n’aurait pas pu venir plus tôt ?! Il faillit lui hurler que c’était fermé.
Concentré sur cet instant inespéré, Casey avait complètement oublié qu’ils étaient dans une boutique, un lieu public, et sa déception était aussi grande que l’univers comptait d’étoiles.

L’étudiant jeta un œil à Lee. Ils étaient tous les deux torse-nus – heureusement qu’il n’avait pas eu le temps de continuer, elle aurait été encore plus embarrassée. Casey s’éloigna à contrecœur de la vendeuse et remit son T-shirt, s’écartant du comptoir pour laisser la place au client. Qu’il haïssait de toute son âme.

« Euh… Bonjour… Désolé de vous déranger… » dit le client. Qui semblait être partagé entre une forte gêne et une irrépressible envie d’éclater de rire.

Casey ne le quittait pas des yeux. Le client semblait prendre tout son temps. C’était insupportable. Plus il restait, moins la scène n’avait de chance de se reproduire : Lee et lui se regarderaient sans trop savoir quoi faire après son départ. Mais s’il partait vite, très vite, s’il ramenait seulement un DVD, alors peut-être que Casey pourrait ré-embrasser Emily et qu’elle ne le repousserait pas…

« Stronzo. » l’insulta Casey en italien, murmurant pour ne pas se faire entendre. L’italien était un bon camouflage, il était presque sûr que, même si le client avait entendu, il n’y comprendrait rien.

« Euhm… Je cherchais un DVD pour ce soir, des amis viennent chez moi alors… Si ça vous dérange pas trop… Vous pourriez m’aider à en trouver ? » demanda le client.

Casey retint un long soupir. Tout mais pas ça. Un type qui ne savait même pas ce qu’il cherchait et qui en avait besoin ce soir ! L’étudiant se demanda même s’il ne le faisait pas exprès, au fond.

Il sentait encore les mains de Lee sur lui et avait toujours en mémoire le goût de ses lèvres sur les siennes. Casey était déjà terriblement frustré avant. Maintenant qu’il avait été à deux doigts de se retrouver avec Lee mais que cet imbécile était entré et avait aboli toutes ses chances, le musicien était plus frustré que jamais et s’il avait pu, il l’aurait foutu à la porte dès qu’il était entré et aurait fermé la boutique. Mais pour la réputation de la boutique de Lee il s’était retenu.

Voyant que l’homme était décidé à avoir son DVD, Casey alla s’appuyer près d’un rayonnage, puis décida de parcourir du regard les films pendant que la jeune femme s’occupait de l’indésirable, mais ses yeux ne cessaient de fixer alternativement Emily et le client. Il n’avait jamais eu aussi hâte que quelqu’un parte. Les minutes étaient des siècles.

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Jamais elle n’aurait cru que Casey répondrait à son baiser avec une telle intensité. Et jamais elle n’aurait pensé, pas même une seule seconde, qu’il puisse lui aussi avoir envie d’aller plus loin. Mais les faits étaient là : ils se manquaient tellement qu’ils ne pouvaient plus lutter contre leurs pulsions. Et elle n’avait qu’à regarder dans ses yeux pour voir qu’il la désirait autant qu’elle le désirait. Passant une main dans la nuque du jeune homme pour attirer une nouvelle fois son visage au sien, elle frissonna en sentant la main de Casey glisser le long de son dos. Les battements de son cœur se faisaient de plus en plus rapides ; elle se demandait si elle allait pouvoir tenir le coup. Mais mourir en embrassant l’homme de sa vie était la plus belle mort qui soit. Hors de question qu’elle s’en prive.

Se laissant guider jusqu’au comptoir sans se détacher de ces lèvres qu’elle aimait tant, elle laissa Casey la porter pour l’y installer. Là, il serra son corps contre le sien et elle se mit à sourire tout en continuant à l’embrasser fougueusement. Pressée, elle entreprit d’enlever le t-shirt de l’étudiant puis déposa quelques baisers sur son épaule droite, souriant toujours plus en le sentant frissonner à chaque fois que ses mains le touchaient. Casey lui rendit la pareille sans attendre. Ils étaient maintenant à égalité, tous les deux torse-nus, tous les deux consumés par un désir incontrôlable.

Cling.

Ce bruit étonnamment familier mit fin à leur baiser passionné. Emily savait mieux que quiconque ce que ce petit tintement signifiait. Un client. Un client venait d’entrer. Elle avait été bien trop aveuglée par le désir qu’elle ressentait pour Casey pour se rappeler qu’ils étaient sur son lieu de travail et que, par conséquent, ils pouvaient être surpris à tout moment. Dieu merci, le timing était parfait. À quelques minutes près, la situation aurait été encore plus gênante. Elle soupira doucement. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu’un client arrive maintenant alors que la journée avait été calme et qu’elle n’avait personne ? Le sort se plaisait à les torturer. Et elle détestait cela.

« Euh… Bonjour… Désolé de vous déranger… »

C'est ça, ouais ! Tu fais bien d'être désolé !, pensa-t-elle. Récupérant son t-shirt en vitesse, elle se rhabilla avant de descendre du comptoir pour s’occuper du ce visiteur inattendu. Elle souhaitait de tout son cœur qu’il parte vite, histoire de pouvoir reprendre les choses là où ils les avaient laissées. Elle était beaucoup plus frustrée qu’embarrassée, pour être honnête. Mais non. Le sort s’acharnait sur eux. Il semblait vouloir prendre son temps pour choisir son film, comme s’il était content d’avoir mis un terme à leur « presque ébat » et qu’il voulait les faire enrager au maximum. Elle mourrait d’envie de lui dire que la boutique allait bientôt fermer et qu’elle n’avait pas le temps de s’occuper de lui mais Emmanuelle lui passerait un savon si elle l’apprenait. Elle espérait que la scène du comptoir ne parviendrait pas à ses oreilles ou elle serait bonne pour des heures de moqueries de la part de son amie. Elle l’a voyait d’ici : « alors comme ça, tu fraternises avec Casey devant les clients ? ». Se mettant à sourire à ces pensées, la voix du client la ramena à la réalité. Elle l’avait presque oublié. Argh.

« Je ne sais pas vraiment ce que je veux. Vous comprenez, mes amis et moi avons tous des goûts différents et j’aimerais trouver un film qui puisse contenter tout le monde… »

Elle lui jeta un regard désespéré, soupirant malgré elle. D’expérience, elle savait qu’elle en aurait au moins pour une vingtaine de minutes. Elle connaissait ce genre d’énergumène par cœur : ils cherchaient l’impossible et aucun film du vidéoclub ne pourrait jamais les satisfaire.  

Le regard d’Emily se posa malgré elle sur Casey, qui était adossé à un rayonnage un peu plus loin. Plus elle l’observait, plus elle avait l’impression de retomber amoureuse de lui une nouvelle fois. Le Casey qui se tenait devant elle était encore plus plaisant que cela qu’elle avait épousé quelques années plus tôt.  Son regard croisa le sien et elle fut une fois de plus prise d’un désir incontrôlable. Depuis quand y avait-il une telle électricité entre eux ? Elle se força à regarder le client, qui lui racontait sa vie sans qu’elle y prête attention, puis elle le coupa en plein milieu de son discours.

« Je crois avoir ce qu’il vous faut. Bougez pas. »

Elle ne se forçait pas à être aimable. Elle avait envie qu’il parte au plus vite et elle était sûre qu’il en était conscient. Il avait interrompu le moment qu’elle attendait depuis des mois (voire même des années), elle n’allait pas lui offrir un sourire radieux et lui proposer un café. Il dérangeait. Et il le savait très bien, pas besoin de jouer les hypocrites.

S’approchant du rayonnage sur lequel Casey s’appuyait, elle se posta près de lui et fit mine de chercher un DVD. Au passage, elle frôle discrètement la peau du jeune homme, l’air de rien.

« Désolée, faut que je prenne le DVD, tout là-haut… » Puis elle colla se corps contre celui de Casey, levant le bras pour attraper un boitier au hasard. Une fois le précieux sésame en mains, elle adressa un sourire plein de sous-entendus à Casey. Elle venait de le frustrer encore plus, elle en était consciente… Et elle adorait le voir comme cela. Elle effleura sa main avant de rejoindre le client, lui tendant le DVD qu’elle venait de prendre. À vrai dire, elle avait choisi au pif. Elle se fichait bien de ce qu’il voulait. Il avait commis l’erreur de venir au mauvais moment ; elle ne pensait à rien d’autre qu’à ce qu’elle avait ressenti en sentant les mains de Casey sur les siennes. Choisir le film parfait pour ce client sans-gêne était le dernier de ses soucis.

« Et voilà ! Je suis sûre que ce film sera parfait. Vos amis vont l’adorer. » Faux, se dit-elle en posant les yeux sur ce qu’elle avait choisi. Si un long métrage méritait la palme du navet du siècle, c'était bien celui-là. Le hasard faisait bien les choses.

Elle ne lui laissa pas le temps de la contredire et le traîna jusqu’au comptoir pour qu’il règle sa location. Puis elle lui souhaita une bonne soirée, le pressant jusqu’à la porte. Puis elle retourna la petite pancarte indiquant que le magasin était ouvert. Il ne l’était plus. Il était officiellement fermé pour la soirée, ce qui voulait dire que plus aucun client ne pourrait venir les déranger en débarquant comme des fleurs au beau milieu de leurs retrouvailles. Elle baissa le rideau de fer pour terminer la clôture de la boutique Elle soupira de soulagement et se tourna vers Casey. Bizarrement, maintenant que l’euphorie du moment était passée, elle ne savait plus vraiment quoi faire… Elle était plus gênée qu’autre chose.

« Le film que je lui ai passé est super nul. Il va me détester », fit-elle avec un sourire amusé. « Vengeance personnelle. »

Après tout, c’était tout ce qu’il méritait. Il était arrivé dans un moment gênant et au lieu de décamper en vitesse, il avait pris tout son temps pour les tuer à petit feu. Il méritait de passer sa soirée devant un navet et de passer pour un abruti auprès de ses amis.

Malgré la gêne qu’ils ressentaient, la tension entre Casey et elle étaient toujours présente. Plus que présente, même. L’atmosphère était électrique et le désir la consumait littéralement. Elle n’avait pas ressenti ça depuis tellement longtemps qu’elle se demandait si elle parviendrait à survivre. Que devait-elle faire, maintenant ? Ils avaient été sur le point de coucher ensemble. Sur le comptoir du vidéoclub. Elle ne pouvait pas faire comme si de rien n’était. Surtout qu’elle avait toujours aussi envie de lui. Elle avait le choix entre mettre à nouveau des barrières entre eux ou continuer ce qu’ils avaient commencé une demi-heure auparavant. Dans les deux cas, leur relation changerait du tout au tout.

Ils se tenaient à distance raisonnable l’un de l’autre. Elle près de la porte, lui toujours adossé au rayonnage qui avait supporté le poids de sa frustration. Emily étouffait. Elle se sentait fiévreuse, sa respiration était saccadée, son cœur battait la chamade… Elle n’avait pas ressenti cela depuis tellement longtemps qu’elle en était perturbée.

« Et merde, j’en ai trop envie… », murmura-t-elle soudainement, alors qu’elle regardait Casey avec attention. Elle abandonnait. Elle n'avait plus la force de lutter contre ses envies. Sans attendre, elle se précipita à sa rencontre et se jeta littéralement sur lui, enroulant ses jambes autour de sa taille tout en l’embrassant avec hâte.

Leur baiser était intense, presque violent. Il lui avait tellement manqué qu’elle ne pouvait contenir ce qu’elle ressentait en retrouvant son corps contre le sien. Alors qu’il l’entraînait vers le mur le plus proche, Emily se cogna dans un rayonnage. Quelques DVDs tombèrent droit sur la tête de Casey et la jeune femme se détacha de ses lèvres en riant de bon cœur.

« Ça va ? », demanda-t-elle en passant délicatement ses doigts dans les cheveux de Casey, à l’endroit où les DVDs l’avaient heurté. Bon, il n’y avait pas mort d’homme, un DVD ne pesait pas bien lourd et il n’allait pas s’évanouir. Mais quand même. Elle lui offrit un sourire amusé, resserrant ses jambes autour de lui. « Je crois que le comptoir était plus sûr, en fait… »

Elle s’étonnait elle-même. Jamais elle ne se serait permis ce genre de phrases avant. Elle était  plutôt du genre timide. Mal à l’aise avec son corps, mal à l’aise avec les contacts physiques de ce genre. Mais à présent, tout allait mieux. Elle était bien dans sa peau et cela se ressentait clairement dans sa vie intime. Il n’y avait aucune honte à avoir envie de Casey.  

Quelques instants plus tard, elle se retrouvait à nouveau assise sur le comptoir, le corps de Casey collé au sien, à l’embrasser comme si sa vie en dépendait. Puis leurs vêtements tombèrent un à un sur le sol froid du vidéoclub et leur étreinte pris une telle nouvelle dimension. Cet instant resterait probablement gravé dans la mémoire d’Emily pendant un bon moment ; jamais elle n’avait vécu quelque chose d’aussi fort. Casey l’aimait toujours, peut-être même plus que le jour où ils s’étaient mariés. Elle l’avait senti à la façon dont il la tenait serrée contre lui, comme s’il avait peur qu’elle lui échappe à nouveau. Comme si elle lui avait tellement manqué qu’il ne voulait plus jamais qu’elle soit loin de lui.  Un amour comme celui-là ne pouvait pas s’éteindre, peu importe les épreuves et les séparations. Cette pensée la fit sourire. Elle qui était passionnée de comédie romantique vivait une histoire encore plus belle que ses films préférés.

Déposant quelques baisers dans le cou de Casey, elle passa ses bras autour de lui. Elle rayonnait. Elle n’avait pas été aussi heureuse depuis… En fait, elle n’était même pas sûre d’avoir déjà été aussi heureuse qu’à ce moment-là. Elle avait retrouvé Casey, son Casey, de la plus belle manière qui soit.

« C’était… Plutôt intense », lâcha-t-elle une fois leur ébat terminé, se mettant à rire un peu.

Elle n’était plus l’adolescente d’autrefois, qui se cachait et rougissait à chaque fois qu’ils passaient la nuit ensemble. Elle était totalement décomplexée. Elle se rhabilla rapidement avant de regarder Casey sans rien dire. Elle avait l’impression d’être retombée amoureuse de lui à nouveau. Et plus fort encore que la première fois. Le vidéoclub était étroitement lié à leur histoire. C’était ici qu’ils s’étaient vus pour la première fois, c’était ici qu’ils avaient échangé leurs premiers mots, c’était ici qu’ils s’étaient réconciliés. Enfin… Était-ce une réconciliation ? Elle ignorait ce que cette soirée voulait dire. Était-ce une aventure sans lendemain ou sortaient-ils ensemble à nouveau ? Elle n’en avait aucune idée. Et cela l’angoissait un peu. Elle avait peur de se faire des films, peur d’imaginer une « happy end »  alors que Casey n’était peut-être pas sur la même longueur d’onde qu’elle. Après tout, il l’avait évitée depuis leur dernière rencontre à la fac. Si ça se trouve, il avait eu envie d’elle sur le moment. Comme ça, parce qu’ils étaient dans l’euphorie du moment et qu’avoir des pulsions de ce genre était humain après tout. Cela ne voulait pas dire qu'ils formaient à nouveau un couple.

Soudainement moins enjouée, elle remit ses cheveux en place et se hâta de ranger le désordre qu’ils avaient causé malgré eux. Elle ignorait ce qu’elle devait faire ou dire. Elle ignorait si elle devait l’embrasser ou prendre ses distances. Elle n’avait pas envie de lui demander les choses clairement parce qu’elle avait peur d’être déçue par la réponse. Seulement, elle ne supportait pas ce silence plombant qui s’était installé.

« T’as faim ? », demanda-t-elle en levant finalement les yeux vers Casey. « Emmanuelle n’est pas là, elle m’a laissée les clés de son appart. Si tu veux, on peut monter manger un morceau. Enfin… Si tu n’as rien de prévu ? » La dernière fois qu’elle lui avait fait une proposition de ce genre, il avait refusé. Alors elle se préparait au pire.

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Le client les faisait languir. Casey était persuadé qu’il faisait exprès de prendre autant de temps, de parler si longtemps. Adossé près des dvds, il fixait d’un œil noir l’imbécile. Lorsqu’Emily croisa son regard, Casey se mordit les lèvres et secoua la tête en faisant de gros yeux, désignant le client. Autrement dit, il n’en pouvait plus. Qu’il dégage ce type. À ce moment, elle s’avança vers l’étalage et… Elle le frôla. Casey sursauta presque à son contact, il était à deux doigts de l’attraper elle et de pousser hors de la boutique le client dans le même temps. Mais la blonde fit pire. Elle prit un DVD au haut de l’étagère, Casey sentant alors son corps près du sien, toute sa peau frissonna et s’électrisa à son contact. Ce n’était pas humain, une telle attente. Prenant le film, Lee termina en lui effleurant la main et l’Italien agrippa vivement la sienne, mais elle s’en allait déjà. Alors qu’elle retournait au comptoir, il la regarda avec un sourire malicieux, les yeux vifs.

Enfin, le client partit. Ils se retrouvèrent de nouveau seuls dans la pièce. Casey priait pour que Lee ne se rétracte pas. Elle lui expliqua que le film était un navet et le brun eut un mauvais sourire. « Ohh, il va trouver le temps terriblement long alors… Et se désespérer de n’avoir pas film plus excitant à partager avec ses amis… » Il souriait, absolument satisfait de la vengeance de Lee… Et plein de sous-entendus dans sa phrase, oui. Désormais, ils étaient là. L’un en face de l’autre. Et Lee se jeta dans ses bras. Casey la serra contre lui et l’embrassa, presque brutal et féroce, elle lui avait bien trop manqué. Emportés par leur vivacité, Lee se cogna, des films tombèrent sur la tête de Casey, il ne put s’empêcher de rire face à la maladresse dont ils faisaient preuve, pressés. « Ça ira mieux quand on retournera vers ce charmant comptoir, effectivement… » lui susurra-t-il en l’entraînant alors. Il espérait qu’il n’y avait pas de vidéos de caméra, la collègue de Lee allait se foutre d’eux si jamais elle voyait ça.

Ils atteignirent le comptoir et purent, cette fois, se débarrasser de leurs vêtements sans qu’un client ne vienne les importuner. Casey ne s’était pas senti aussi heureux depuis des années. Peut-être jamais. Il avait l’impression qu’il retrouvait Emily, qu’ils se retrouvaient pour de bon, plus forts que jamais, plus matures, prêts l’un pour l’autre, aptes à non pas saisir mais accomplir cette seconde chance qu’ils se donnaient. Il sentait qu’elle l’aimait encore, il n’y aurait jamais cru. Mais la passion entre eux était trop intense pour ne pas y percevoir leur amour, et cette joie l’animait d’autant plus.

Lee lui déposait des baisers dans le cou, Casey sentait sa peau réagir au moindre frôlement. Il la regarda. « Oui… Oui plutôt intense, c’est ça. » dit-il en riant, replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

L’animation qui les avait agités s’apaisait, Casey se sentait bien. Il se sentait bien, là avec Emily. Il ne comptait pas partir mais il craignait qu’elle ne regrette et le mette à la porte. À ce moment, elle se releva et commença à ranger le bazar qu’ils avaient mis. Casey l’observa, se leva. Il avait soudain peur qu’elle ne fasse ça parce qu’elle regrettait et qu’elle n’osait plus le regarder. Mais elle l’invita clairement à rester. Casey marcha alors jusqu’à Lee et, tandis qu’elle était dos à lui, ramassant un DVD, il entoura sa taille de ses bras et posa sa tête près de son cou, murmurant à son oreille : « J’ai très, très faim. Je pense même qu’on ferait mieux d’aller maintenant à son appartement et de l’occuper tout le temps de son absence, on ne sait jamais, pour un peu qu’un voleur passerait par là. » lui disait-il avec malice, embrassant sa joue à la limite de ses lèvres, évitant soigneusement de trop les toucher, par jeu – peut-être bien pour se venger de ce qu’elle l‘avait si bien frôlé tout à l’heure. « Et, bien entendu, puisque tu m’invites, je t’attends chez moi pour te rendre la pareille. » continua-t-il à lui dire, ses mains sur sa taille prenant les siennes, rapprochant d’autant plus son corps du sien pendant qu’il déposait ses lèvres dans son cou. Son regard caramel vers Lee se faisait doré, brillant d’intensité, de désir, d'amour, d'allégresse. D'elle. Tout son corps vibrait d'elle.

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Lorsqu'elle sentit les bras de Casey entourer sa taille, Emily se mit à sourire. Un large et radieux sourire qui montrait bien à quel point elle était heureuse. Et soulagée. Cette fois-ci, il ne faisait pas machine arrière. Il assumait. Il souhaitait rester près d'elle, avec elle. Et rien ne pouvait la rendre plus épanouie que de retrouver son ex-mari, qui lui avait tant manqué. Elle ferma les yeux en sentant finalement les lèvres de son petit-ami (puisqu'ils s'étaient apparemment réconciliés !) parcourir son cou. Son sourire s'agrandit davantage.

« Voyez vous ça », plaisanta-t-elle en tournant légèrement la tête pour observer Casey. Puis elle se retourna complètement pour lui faire face et passa ses bras autour de sa taille, plantant son regard dans le sien. Elle l'observa pendant de longues secondes avant de se hisser sur la pointe des pieds pour l'embrasser doucement, du bout des lèvres. Dieu que cela lui avait manqué !

Finalement, elle le prit par la main et l'entraîna dans l'appartement de son amie, situé juste au-dessus du vidéoclub. Ils empruntèrent le petit escalier situé dans l'arrière-boutique et Emily pénétra la première dans le nid douillet de sa patronne. Elle avait habité ici pendant quelques temps, avant de devenir Madame Kennington et d'emménager avec Casey. Elle s'y sentait comme chez elle et connaissait les moindres recoins de l'habitation.

« Et voilà ! », dit-elle joyeusement en invitant le jeune homme à prendre ses aises. « Comme tu peux le voir, ça n'a pas trop changé. »

Elle lui adressa un sourire. Il était venu la voir ici, quelques fois. Du temps où Emmanuelle la chaperonnait et voulait s'assurer que c'était un "mec bien" avant de lui donner sa bénédiction. Revenir ici avec lui lui rappelait des tas de souvenirs. Le passé lui manquait. Leur relation d'avant aussi.

« Installe-toi, vas-y », sourit-elle avant de se diriger vers la cuisine ouverte. « Tu veux boire quelque chose ? »

Elle ramena quelques boissons sur la table basse du salon pour qu'il puisse prendre ce qu'il désirait puis elle hésita un instant. Lentement, elle se dirigea vers l'imposant meuble regroupant télé, chaîne-hifi et autres appareils high-tech. Elle chercha parmi les nombreux disques de la jeune femme avant de saisir le boitier qui l'intéressait et d'insérer le CD dans le lecteur. Elle était un peu anxieuse. Elle voulait faire passer un message à Casey mais elle avait peur de le dire. Elle ne savait plus vraiment comment s'y prendre avec lui, elle ne savait plus comment lui faire part de ce qu'elle ressentait. Elle avait peur, en fait. Peur de se rendre compte que tout cela n'était qu'un rêve, peur que leur cauchemar recommence. Soupirant doucement, elle choisit la chanson qu'elle voulait avant d'appuyer sur play. Dans la seconde qui suivit, les premières notes de la chanson résonnèrent dans la pièce. How Long Will I Love You d'Ellie Goulding. Cette chanson était probablement niaise et dégoulinante de bons sentiments, mais la première fois qu'elle l'avait entendue, Emily avait pensé à Casey.

Elle se tourna lentement vers l'étudiant, un petit sourire aux lèvres. Elle espérait qu'il comprendrait le message. Elle ne pouvait pas le lui dire pour l'instant, la peur l'en empêchait. Mais elle l'aimait. Elle l'aimait peut-être même plus encore que lors du début de leur relation.

« Je... J'vais préparer un truc à manger », dit-elle timidement avant de regagner la cuisine, laissant le disque tourner et combler le silence.

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"come what may, i will love you until my dying day."

Il la tenait par la taille, l’embrassant – renouant avec corps et âme avec elle, elle qu’il aimait tant. Elle se retourna et il plaça ses mains autour de ses hanches, soutenant son regard – l’admirant – tandis qu’elle plongeait ses yeux dans les siens. Elle se hissa alors et vient délicatement l’embrasser, ce qu’il ne put trouver que terriblement adorable. Juste avant qu’elle ne l’entraîne, il la fit revenir à lui en tirant sur sa main qui voulait l’emmener à l’opposé tandis qu’il la plaquait contre lui. Il posa une main sur sa joue et l’embrassa plus fortement puis se laissa guider jusque chez Keelan.

En entrant, il sourit. Être là lui rappelait de bons souvenirs. Leurs débuts timides. Il s’obligea à rester derrière Emily, elle marchant, pétillante. Il la sentait contente. Chaleureuse. Et il aimait à la revoir ainsi. Alors Casey la regardait progresser dans l’appartement en terrain connu, et il la trouvait belle, là, joyeuse, belle de joie, belle d’amour sûrement – c’est pour cela qu’un grand sourire illuminait son propre visage, et autant son cœur. La voix douce de sa petite-amie – il le pouvait, il pouvait le dire, n’est-ce pas ? – le tira de ses rêveries et il acquiesça, non, ça n’avait pas changé.

« Du café ou du jus d’orange, quelque chose comme ça, ce sera parfait. » lui répondit-il avec un sourire.

Il se sentait terriblement bien, là. Également parce qu’il se rappelait de ses premiers pas ici et qu’autre fois, il était gêné, mal à l’aise, et ne savait jamais comment être, que dire. Il n’osait pas exister. Il n’osait pas même choisir sa boisson, parfois – il ne voulait pas lui déplaire. Mais là, là, il était bien lui. Parce qu’il sentait une force en lui, une force qui le poussait à vivre, à être, à s’affirmer, à aimer, à l’aimer elle, à la protéger, à la rendre heureuse, à la faire vivre. Une force qui le porterait, les porterait tous les deux, et qui n’était pas présente auparavant.

Il s’installait dans le canapé quand elle lança une chanson. Il ne fit pas tout de suite attention aux paroles ou à la musique, et répondit simplement au sourire de la jeune femme. Mais alors qu’elle s’apprêtait à quitter la pièce, la mélodie parvint à se frayer un chemin aux oreilles du jeune homme. Il l’avait déjà entendue. Il la connaissait. La voix claire de la chanteuse le frappa aussitôt qu’il reconnut la chanson lancée par Emily. Ce ne pouvait pas être un hasard si elle avait mis cette musique. Alors il se leva tandis qu’elle partait et il la rattrapa par le poignet, la faisant basculer vers lui. Il la serra dans ses bras et lui dit en souriant : « We're all traveling through time together. Every day of our lives. Alors on a bien le temps de manger. » chuchota-t-il, ses lèvres tout près des siennes, fixant ses yeux. Il l’entraîna dans la salle et lui adressa un sourire malicieux, ses yeux brillant. Il la fit tourner sur elle-même et la ramener auprès de lui, l’amenant à danser.

"come what may, i will love you until my dying day."

Emily avait été surprise qu'il la retienne mais elle s'était laissée faire avec plaisir, un léger sourire étirant ses lèvres roses. Elle était heureuse de voir Casey si rayonnant. Elle ne l'avait pas vu comme ça depuis une éternité - en réalité, elle n'était pas sûre de l'avoir déjà vu si radieux auparavant. Elle le suivit dans la salle et commença à danser avec lui comme si plus rien n'avait d'importance. Elle posa délicatement ses mains sur les épaules de Casey alors qu'ils tournaient lentement sur sur eux-mêmes au rythme de la musique. Elle colla son front au sien et ferma les yeux pour profiter de ce moment qui semblait tellement irréel qu'elle était persuadée de rêver. Casey et elle. En train de danser. Comme avant. Comme le jour de leur mariage, comme lorsque tout allait pour le mieux entre eux. Jamais elle n'aurait cru cela possible. Elle esquissa un petit sourire à cette pensée et se décida à affronter la réalité. Elle se pinça discrètement et rouvrit les yeux précipitamment. Mais à sa grande surprise, Casey était toujours là, ses bras encerclant sa taille d'un geste protecteur. Elle ne rêvait pas. Casey et elle. Ensemble à nouveau. Elle aurait voulu dire quelque chose pour marquer cet instant. Lui dire qu'elle l'aimait ou qu'elle était heureuse qu'ils soient de nouveau tous les deux. Lui rappeler une fois de plus qu'elle ne lui en voulait pas et qu'elle était contente de pouvoir lui laisser une seconde chance. Lui assurer qu'elle n'aimerait jamais que lui et que son cœur lui appartiendrait toujours. Mais elle était morte de trouille à l'idée de dévoiler ses sentiments. Elle ne le pouvait, elle n'arrivait plus à dire aux gens qu'elle les aimait parce qu'elle avait bien trop peur de les perdre. Se voiler la face rendait les choses moins difficiles. Elle était moins ridicule à se taire plutôt qu'à se lancer dans d'interminables déclarations comme elle le faisait par le passé. Elle aurait du mal à se laisser aller à nouveau. Elle avait peur de trop s'attacher, peur d'aimer à nouveau, peur de se retrouver une nouvelle fois délaissée. Peur d'avoir mal une fois de plus.

Une fois la chanson terminée, elle se détacha de lui et lui offrit un petit sourire. Elle voulait décamper en vitesse parce qu'elle était mal à l'aise. Elle ne savait pas comment gérer ses sentiments, elle ne savait pas comment agir avec Casey. Elle était effrayée par tout ça. Elle se posait des tas de questions et elle ne pouvait s'empêcher de penser à tout ce qu'elle avait enduré. En quoi les choses seraient-elles différentes cette fois-ci ? Elle n'aurait pas la force de revivre cela. Elle préférait freiner les choses et éviter les situations gênantes comme celle-ci.

« Je vais dans la cuisine », lança-t-elle, le regard un peu fuyant avant de s'exécuter et de rejoindre la cuisine pour commencer à préparer quelques encas. Cela lui occuperait suffisamment l'esprit pour arrêter de penser.