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Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 memory lane (dorian)

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MessageSujet: memory lane (dorian)   memory lane (dorian) EmptyLun 10 Fév 2014 - 0:16


   
memory lane.

   
« Allez, s’il te plait. » Mon ton était tellement suppliant que je finissais par m’agacer moi-même. Mais je n’avais pas d’autre choix. J’espérais qu’à force de l'implorer, je l’aurais à l’usure. « Ça te ferait du bien de sortir un peu, je t'assure. Et puis, ça me manque de ne plus pouvoir parler avec toi… » Le garçon que j’essayais de convaincre de venir prendre un café avec moi s’appelait Dorian. Il travaillait dans l’association où j’étais bénévole quelques heures par semaine et nous avions sympathisé plutôt rapidement. Cela faisait un bon bout de temps que nous étions amis. Enfin… Non, nous ne l’étions plus vraiment. Il était amnésique et ne se souvenait plus de moi. Je m’efforçais de tout faire pour me rapprocher de lui parce qu’il me manquait beaucoup mais il s’obstinait à me tenir éloignée, comme si je n’étais rien qu’une gosse agaçante qui lui tapait sur le système. Certes, je multipliais les propositions de sorties et les questions pour essayer de restaurer le lien qui nous unissait autre fois et je devais avouer que parfois, j'exagérais un peu. Pourtant, ma motivation restait là même après chaque refus. Je voulais juste passer du temps avec lui, comme avant. Il me manquait vraiment. « Dorian. S’il te plait. Rien qu’un petit café de rien du tout. On fera vite, promis ! Et je ferai mon possible pour ne pas trop parler. » J'avais beau sourire, je savais qu’il refusait encore une fois. Je détestais jouer les pots de colle mais je n’avais pas le choix. C’était le seul moyen de renouer le contact et de reprendre le cours de notre amitié. J'espérais seulement qu'il ne finirait pas par me détester, moi et ma bonne humeur hors du commun. « S’il te plait, s’il te plait, s’il te plait ! » Je lui lançais un regard digne du Chat Potté dans Shrek, histoire de le faire craquer. Après tout, je ne lui demandais pas la Lune. Je voulais simplement prendre un café avec lui et avoir l’occasion de lui parler un peu, comme nous le faisions souvent au bon vieux temps.

À ma plus grande surprise, il avait accepté. Certainement pas de gaieté de cœur mais cela n’avait aucune importance. La balle était dans mon camp à présent ; c’était à moi de tout faire pour qu’il passe un bon moment et qu’il ne regrette pas d’avoir enfin cédé à mes demandes répétées. Nous étions donc assis à une table dans un café du centre-ville et je ne pouvais m’empêcher de sourire. J’étais heureuse de pouvoir enfin passer du temps en tête-à-tête avec lui. Nous n’avions pas eu de vraie discussion depuis une éternité et j’espérais que le Dorian qui était devant moi m’apprécierait autant que celui qu’il était avant son accident. « Merci d'avoir accepté. Je savais que ça valait le coup d'insister ! », plaisantai-je avant de porter mon café à mes lèvres pour en boire une gorgée. Puis je redevins sérieuse en une seconde. « Tu ne te souviens de quoi, exactement ? » C'était sans doute un sujet sensible mais moi aussi j'étais perturbée par tout cela. Et j'avais des tas de questions qui ne demandaient qu'à être posées. Cette histoire d'amnésie m'intriguait beaucoup.

   
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MessageSujet: Re: memory lane (dorian)   memory lane (dorian) EmptyLun 10 Fév 2014 - 7:55


« Tu en es vraiment certain ? Je trainais tout le temps avec elle, on rigolait ensembles et tout et tout ? » « Sûr et certain. Vous êtes comme cul et chemise. D’ailleurs, avec les autres on s’est toujours demandé comment tu faisais pour la supporter. Elle est gentille et drôle mais c’est une vraie pile électrique. » Je soupire, ne sachant pas trop quoi répondre. Je me trouve dans les vestiaires de l’association et quelques minutes auparavant, j’ai accpeté d’aller boire un café avec Maybelle. Depuis le temps qu’elle me suppliait mais à chaque fois je trouvais une excuse bidon pour ne pas y aller. A vrai dire, je suis d’accord avec Stanley, elle est très gentille et semble pleine de vie mais ce qui me gêne chez elle c’est qu’elle cherche à tout prix à me faire retrouver la mémoire et ça malheureusement, on ne peut rien y faire. La pauvre fait partie des personnes que mon esprit a occulté et elle aura beau tout essayer, je ne me rappelle ni de notre rencontre, ni de toutes les discussions qu’on a pu partager. Et ça m’énerve parce que dans le fond, si j’étais amis avec elle avant mon accident, c’est que c’est sûrement quelqu’un de bien… C’est entre autre pour ça que j’ai finalement accepté d’aller boire un café avec elle. Je redoute juste la montagne de questions et qu’elle essaie absolument de me tirer les vers du nez. Stan m’offre une tape sur l’épaule en signe d’encouragement. « Ca va aller. Ne te pose pas de questions. Si tu t’entendais avec elle avant, tu ne peux que bien t’entendre avec elle maintenant aussi non ? » Mon collègue a sûrement raison… Dans le fond, je n’ai pas vraiment changé. J’ai juste la chance de pouvoir recommencer certaines choses dans ma vie. Faire des choix différents et repartir de zéro.

Je finis par rejoindre Maybelle dans le couloir de l’association. Je lui offre un maigre sourire. Mon cerveau est déjà en train de se poser mille et une questions. Que sait-elle de moi ? Est-elle au courant pour mon homosexualité ? Connaît-elle mon ancien meilleur ami ? Celui qui était au volant au moment de l’accident et qui ne me parle plus à présent par peur que je lui en veuille ? Connaît-elle certains de mes amis ? Même de ma famille ? J’ai vraiment peur de tous ces petits détails.

Maybelle me dirige directement vers le café au centre de la ville. Par chance, je le connais. J’aurais pas apprécié de me retrouver dans un lieu que je ne connais pas. Beaucoup de personnes de la ville se retrouve là-bas pour parler, étudier ce n’est donc pas un problème. Même avec mon amnésie j’arrive à reconnaître quelques têtes. On s’installe à une petite table un peu reculée des étudiants et des cravatés avec pour ma part un Chaï Tea mais sans lait. Parce que je n’aime pas trop les produits laitiers. A part le fromage, ça j’aime mais je n’arrive pas à boire un verre de lait comme beaucoup de personnes le font. Et je déteste le café. Donc il ne me reste plus que le thé. Maybelle semblait vraiment ravie, elle affichait un sourire à en faire craquer plus d’un. Dans le fond, c’est vraiment une jolie fille, je ne pourrais que comprendre la gente masculine de craquer pour ses grands yeux bleus. Quoi qu’il en soit, ce que je redoutais le plus, se produit. Les questions qui fâchent. Je soupire quelque peu, serrant ma tasse de thé entre mes doigts. Il ne faut pas que je m’énerve. Elle est gentille, elle veut juste récupérer son ami. « Si j’avais voulu qu’on me pose cette question j’aurais été voir mon thérapeute… » Je me passe nerveusement une main dans les cheveux. Je bois une gorgée de mon thé puis relève les yeux vers la jeune femme. « De notre relation tu veux dire ? Rien… Je n’ai que les informations que tu m’as donnés ; on s’est connu à l’association, on était apparemment très proches mais je ne me rappelle rien de tout ça. » Et j’en suis désolé bien sur parce que pour autant que ce n’est sûrement pas facile pour elle, ça ne l’est vraiment pas pour moi non plus. Avoir toutes ces personnes qui vous rappelle sans cesse que vous étiez amis avant et que vous leur manquez… C’est assez dur à gérer. « On parlait de tout ? Tu connaissais beaucoup de choses sur moi et inversement ? Ou on était plutôt de bons collègues ? »

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MessageSujet: Re: memory lane (dorian)   memory lane (dorian) EmptyLun 10 Fév 2014 - 19:01


  
memory lane.

  
Mine de rien, ce "rendez-vous" m'angoissait. J'avais enfin l'occasion de lui poser toutes les questions qui me brûlaient les lèvres ; tout cela me rendait nerveuse. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Dorian serait sûrement méfiant, voire même désagréable, et je n’étais pas habituée à le voir comme ça. L’espace d’un instant, l’idée de prétexter un quelconque rendez-vous pour partir me traversa l’esprit. Mais il me prendrait pour une folle. Je l’avais harcelé pendant des jours (ou étaient-ce des semaines ?) pour qu’il m’accorde un peu de son précieux temps et maintenant que c’était chose faite, je n'avais pas le droit de dégonfler sous prétexte que j'appréhendais ses réponses. Non, je ne le pouvais pas. Je devais lui parler. Essayer de savoir ce dont il se souvenait, lui rappeler que nous n’étions pas que de simples collègues mais de véritables amis… J’avais envie qu’il se souvienne de moi. Et de notre relation qui comptait beaucoup à mes yeux.

Les mains posées autour de ma tasse de cappuccino, j'observais discrètement mon ami. C'était tellement étrange de se dire qu'il n'était plus vraiment le même alors qu'en apparence, il n'avait pas changé... Quelque part, je l'enviais. J'aurais aimé être amnésique et oublier certains moments de ma vie. Dans son malheur, il avait une chance de tout reconstruire à nouveau. De prendre un nouveau départ, d'être une toute nouvelle personne, d'effacer ses erreurs... Cela n'était pas donné à tout le monde. Me concentrant sur la raison qui nous avait amené ici, je décidais de briser le silence. L’heure était à la discussion et bien évidemment, j’entrais directement dans le vif du sujet en lui demandant ce dont il se souvenait. La remarque de Dorian m'avait un peu refroidie, même si je m'attendais à ce qu'il ne se montre pas très coopératif. C'est moi qui l'avais traîné ici, c'est moi qui avais insisté une bonne dizaine de fois pour qu'il accepte de prendre  un café en ma compagnie, c'est moi et toujours moi qui tenais absolument à ce qu'on passe du temps ensemble. Lui n'avait pas l'air ravi et même si cela me peinait un peu, je le comprenais très bien. Je savais que les choses ne seraient pas faciles. À vrai dire, j'ignorais même si tous mes efforts allaient finir par être récompensés. Et si Dorian ne redevenait jamais le Dorian que j'avais connu ? Avec moi, en tout cas. Je pensais souvent au fait qu'il m'ait oubliée et je me disais que ce n'était pas anodin. Si son inconscient m'avait supprimée de sa vie comme si je n'avais jamais existé, c'était peut-être parce que je ne comptais pas tant que cela pour lui après tout. Chassant cette pensée de mon esprit, je baissais les yeux vers ma tasse de cappuccino. « Désolée. » Je ne savais pas vraiment pourquoi je m'excusais. Pour lui avoir posé cette question, pour être à ce point insistante, pour mon enthousiasme à toute épreuve... Enfin, presque à toute épreuve.  Parce qu'à présent, j’étais beaucoup moins joyeuse qu’une minute auparavant. Mon large sourire s’était mué en une moue gênée, mon entrain s’était dissipé. Je savais que parfois, mon attitude agaçait. Qu’être la fille enjouée en permanence n’était pas toujours bien vu. Que certaines personnes avaient du mal à passer plus de cinq minutes avec moi parce qu’après, je devenais énervante. Je n’avais pas envie que Dorian pense cela de moi. Alors je devais me calmer. Je ne voulais pas l’énerver, déjà qu’il s’était forcé à venir…

Mon cœur se serra un peu lorsqu’il avoua ne se souvenir de rien me concernant mais je ne fis aucun commentaire, me contentant d’hocher un peu la tête pour lui montrer que j’avais saisi.  « On est super proches », répondis-je quand il me demanda un peu plus de détails sur notre relation. « Enfin… On l’était. » Je lui fis un petit sourire avant de replonger mon attention sur ma tasse de café. J’avais l’impression qu’on ne le serait plus jamais. Comme si nous étions condamnés à rester de simples collègues pour le restant de nos jours. « On n’était pas que des collègues, on était amis. Vraiment amis. On se voyait même en dehors de l’association, on passait beaucoup de temps ensemble, on parlait de tout... On se marrait pas mal, aussi. » En fait, il faisait partie de mes meilleurs amis. J'ignorais si c'était réciproque et cela n'avait pas grande importance ; de toute façon, tous mes amis étaient mes meilleurs amis parce que je m'attachais très vite et que je les aimais tous de la même façon. Dorian était un mec génial, j'adorais passer du temps avec lui et il n'en fallait pas plus pour qu'il fasse partie de mes meilleurs potes. J’avais encore quelques secrets pour lui mais cela n’avait rien à voir avec le fait que je ne lui faisais pas confiance. Malgré les apparences, j’étais secrète et réservée. Je détestais parler de moi. Pour autant, je savais beaucoup de choses sur Dorian et je pense pouvoir dire sans exagérer qu’il n’y avait aucun tabou entre nous. Nous étions assez proches qu’on pouvait se confier l’un à l’autre sans avoir peur d’être jugé. Le fait qu'il ne s'en souvienne pas me faisait de la peine. Sortant soudainement mon téléphone portable de mon sac, je fouillais dans mes photos avant de me mettre à sourire malgré moi et de lui tendre le téléphone. « Tiens, regarde. » Je lui montrais quelques photos de nous, pour qu’il se rende compte que je n’exagérais pas. Nous étions des amis très proches, de ce qui partagent presque tout et qui se font confiance. J’ignorais si nous pourrions reconstruire tout cela mais plus le temps passait, plus j'en doutais. Je reprenais finalement mon téléphone, lui adressant un petit sourire. Voilà que je me retrouvais gênée. Je ne savais pas quoi dire. J'étais partagée entre l'envie de lui poser toutes les questions qui me trottaient dans la tête et celle de ne pas trop en faire pour ne pas griller toutes les chances qu'il m'apprécie. Parce que oui, au fond, je redoutais qu'il ne m'aime pas. « Si jamais je peux faire quoique ce soit pour t'aider à te souvenir, dis-moi. Je le ferai », dis-je gentiment, avec retenue. J'étais sérieuse, j'étais prête à l'aider s'il le voulait.
 
  
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MessageSujet: Re: memory lane (dorian)   memory lane (dorian) EmptyDim 16 Fév 2014 - 9:23


Maybelle a l’air d’être quelqu’un de honnête, de sincère. Je ne pense pas qu’elle serait du genre à inventer une amitié pour avoir quoi que ce soit de moi en retour. Surtout que je n’ai pas grand chose à donner. Je suis gay donc elle ne pourra pas avoir mon amour ni mon corps, je suis pauvre donc ce n’est pas mon argent, je n’ai pas d’ami qu’elle pourrait avoir envie de se rapprocher et je n’ai même pas un job bien placé pour avoir des places de concert. Il faut croire que si elle se donne autant de mal pour essayer de me faire rappeler notre relation c’est qu’elle y tient vraiment et qu’on était vraiment proches.

La jeune femme serrait sa tasse de café entre ses mains très pâles. Je ne peux pas m’empêcher de remarquer ce genre de détails anodins. Mais au lieu de parler de la pluie et du beau temps, elle attaque directement avec le sujet sensible. Bien évidemment, comme à chaque fois que quelqu’un essaie de m’en parler ; je me braque. Ce n’est pas contre elle, c’est la réaction que j’ai depuis trois mois. Dès qu’on me parle de l’accident, je me sens vulnérable, comme si on pouvait m’atteindre parce que devoir me rappeler de tout ça me tord les boyaux. Je sursaute encore la nuit suite à un cauchemar ; toujours le même… Les phares de la voiture venant de notre droite, nous percutant de plein fouet. Le bruit de tôle qui se tord et de vitres qui se brise… Mais je crois que le pire c’est cette douleur, cette horrible sensation que j’ai eu lorsque ma tête a frappé l’avant de l’habitacle de la voiture. Cette douleur restera toujours gravée en moi. Sans m’en rendre compte, je lève ma main sur l’avant droit de mon crâne, là où il y a eu le choc juste avant que je ne perde connaissance et que je me réveille plusieurs jours plus tard dans un lit d’hôpital. En face de moi, Maybelle s’excuse. Je me rends compte que je n’ai pas été très tendre avec elle et j’arrête de me frotter la tête pour lui offrir un timide sourire qui se veut le plus rassurant possible. « C’est rien. C’est moi qui suis un peu sensible à ce sujet. »

J’essaie de me détendre un peu. La gorgée de Chaï que j’avale m’apaise. D’après moi, le thé règle tous les problèmes. Ironiquement, j’en ai bu des litres et des litres après mon réveil à l’hôpital, mais bien sur, ça ne s’est pas vraiment passé comme je l’espérais. Finalement, j’arrive à me calmer et à parler tranquillement avec Maybelle. Je ne me rappelle pas d’elle et j’ose pas imaginer ce que ça doit faire d’être à sa place. J’essaie d’imaginer Lily qui ne se rappelle pas de moi et je pense que je serais effondré. Maybelle s’en sort encore bien et ça me rassure un peu. Dans le fond, je n’ai pas changé. J’ai juste perdu quelques souvenirs. Mais j’avais envie qu’elle m’explique, que j’essaie de fouiller dans ma mémoire. Si on était aussi proches c’est qu’il y a une bonne raison non ? Fixant sa tasse, la jeune femme m’explique du mieux qu’elle peut quel genre de relation nous avions. Je hoche la tête, ne quittant pas son visage du regard. J’analyse chaque détail de sa peau, de ses cils, de ses cheveux pour essayer de me rappeler. Apparemment, on passait vraiment pas mal de temps ensembles et j’essaie de m’imaginer quelles sorties on faisait les deux. Si on était plutôt du genre à aller voir des expositions d’art ou plutôt à boire des verres jusqu’à en oublier notre prénom.

Tout d’un coup, Maybelle remue sur sa chaise et fouille dans son téléphone portable. Je le pris entre mes mains et constata qu’effectivement, j’apparaissais sur toutes les photos. On souriait sur les clichés, on avait l’air fatigué sur d’autres ou encore congelés. Apparemment on faisait pas mal de ronde de nuit ensembles aussi et on semblait s’amuser tout les deux. Ma gorge se serra, fixant une photo prise de nous même. Je me vois, mais j’ai cette drôle d’impression comme si je ne faisais que regarder la photo. Je ne me rappelle pas du moment où la jeune femme a sorti son téléphone et a tendu le bras devant nous pour immortaliser l’instant. J’ai l’impression de regarder ma vie. De voir à quel point je semblais heureux et en bonne santé, à quel point Maybelle était souriante et apparemment tout aussi ravie que moi d’être sur la photo. C’est tellement surréaliste. Je détourne le regard, lui rendant son téléphone. Ca fait vraiment mal de se voir concrètement sur des photos mais de ne pas se rappeler de l’histoire de ce cliché. Je ne sais pas quel fou rire nous avions eu juste avant, où nous nous trouvions et ce que nous y faisions. J’étais vraiment spectateur de mon ancienne vie. Pour chasser toutes ces pensées qui me faisaient peur et me rendaient triste, je relève la tasse de Chaï à mes lèvres, buvant une longue gorgée chaude. J’ai l’impression de devenir fou. Je me passe une main nerveuse dans mes cheveux, essayant de me calmer. « On ne peut malheureusement pas m’aider à me souvenir. C’est effacé. C’est comme si tu essayais de récupérer des mots écrits dans le sable d’une plage après que la mer les ai emporté. » Je croise le magnifique regard azur de la jeune femme avant de soupirer. « Ecoute… Je te crois. Vraiment. Je ne pense pas que je serais aussi souriant sur les photos si on n’était pas vraiment amis. Mais je ne peux pas me rappeler. La seule chose que je peux te proposer c’est d’essayer de recommencer. Qu’on se refasse des sorties, que je réapprenne à te connaître, que tu me dises ce que tu connais de moi et qu’on essaie vraiment de retrouver ce qu’on avait avant. Parce que tu sembles être une fille adorable et que l’ancien Dorian s’est sûrement lié d’amitié avec toi pour une bonne raison. Tout ce que je te demande en retour c’est de la patience… Je ne peux pas aller trop vite. Tu comprends ? »

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MessageSujet: Re: memory lane (dorian)   memory lane (dorian) EmptySam 1 Mar 2014 - 14:51


  
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La remarque de Dorian m’avait un peu refroidie malgré moi. Je me rendais compte que je m’étais peut-être montrée un peu trop insistance avec lui. Et que j’aurais peut-être dû laisser tomber, au lieu de continuer à le harceler tous les jours jusqu’à ce qu’il accepte de prendre ce café avec moi. Il s’excusa à son tour, m’expliquant qu’il était un peu sensible sur le sujet. Quoi de plus normal ? J’aurais dû faire preuve de plus de tact, j’aurais peut-être même dû échanger quelques banalités sans intérêt avant d’entrer dans le vif du sujet. Mais je crois que notre relation me manquait tellement que je voulais forcer le destin, faire avancer les choses plus vite que la normale. Ce n’était pas très malin de ma part. Je risquais de le faire fuir pour de bon à agir comme ça… Je décidais finalement de lui montrer quelques clichés de nous pour le convaincre que je disais vrai. Nous n’étions pas de simples collègues, nous n’étions pas de bons potes de travail. Nous étions de très bons amis, de ceux qui partagent tout et qui sont pratiquement inséparables. Je me souvenais parfaitement de chaque instant représenté sur les photos qui défilaient sous ses yeux. Certains avaient été pris dans le froid glacial des nuits d’hiver, alors que nous patrouillions dans les rues de Bowen à la recherche de personnes à aider. D’autres immortalisaient des moments à priori sans importance mais pourtant spéciaux à mes yeux : des fous rires, des après-midis passés dans la joie et la bonne humeur à parler de tout et de rien ou à refaire le monde… Je regardais toujours ces clichés avec nostalgie. J’avais l’impression que la jeune femme souriante et pleine de vie que je voyais n’était pas moi. Et n’était plus moi. Il y a  bien longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi bien que sur ces photos. Le temps où j’affichais un sourire par envie et non par obligation était bien loin… Dorian finit par me rendre mon téléphone alors que je baladais mes yeux sur son visage contrarié, pleine d’appréhension. À cet instant précis, j’aurais aimé avoir le pouvoir de lire dans ses pensées. J’ignorais ce qu’il pensait de tout cela. J’ignorais ce qu’il pensait de moi ou même de cette situation plus qu’absurde. Ce n’était pas facile pour moi mais j’imaginais sans mal que c’était encore pire pour lui. J’avais perdu un ami, il avait perdu toute une partie de sa vie.

La voix de Dorian brisa finalement le silence, m’arrachant à mes tristes pensées.  Je relevais les yeux vers lui, croisant son regard. J’étais pendue à ses lèvres, buvant chacun de ses mots, sentant mon rythme cardiaque s’accélérer au fur et à mesure qu’il parlait. Il affirma me croire et me dit qu’à défaut de reprendre notre amitié où nous l’avions laissée, il était prêt à tout recommencer à zéro pour qu’on essaie de se retrouver comme avant. C'était une bonne idée. De toute façon, à moins d'un miracle, nous n'avions pas d'autre solution... J'aurais aimé avoir une baguette magique pour lui faire retrouver la mémoire mais ce n'était pas le cas. « Oui, je comprends », dis-je en hochant un peu la tête quand il dit avoir besoin de temps et de patience. Je lui offris un sourire timide avant de reporter mon attention sur ma tasse, fixant la mousse de mon cappuccino comme si c’était la chose la plus merveilleuse du monde. Je me pinçai les lèvres, hésitante, puis je relevai finalement les yeux vers lui. « Tu sais, je ne te force à rien. Je veux dire, si… Si tu n’as pas envie qu’on passe du temps ensemble, je comprendrais. » J’avais envie d’ajouter que ce serait peut-être mieux comme cela pour lui mais je ne voulais pas qu'il me prenne pour l'une de ces filles qui jouent la carte du pathos dans l'espoir d'obtenir ce qu'elles veulent. Je ne voulais pas qu'il s’apitoie sur mon sort ni qu'il culpabilise de m'avoir oubliée. C'était comme ça, ni lui ni moi n'y pouvions rien. Et j’étais obligée de reconnaître que je n’étais pas la fille la plus passionnante du monde. J’avais peur de le décevoir. Peur de lui faire perdre son temps en l’obligeant à passer du temps avec moi en souvenir du bon vieux temps alors qu’il n’en avait pas envie. Peur de ne pas âtre à la hauteur et de ne jamais récupérer son amitié. Il avait sûrement dû entendre parler de moi par les gens de l’association et je savais que je n’étais pas appréciée de tout le monde. On me trouvait souvent trop exubérante, trop démonstrative, trop joyeuse… Trop exaspérante, en fait. Et c'était plutôt drôle quand on savait que la plupart du temps, je me forçais à être joyeuse et à sourire pour cacher ce que je ressentais vraiment. « Je ne veux pas que tu te sentes obligé de quoi que ce soit. Tu ne me dois rien, si tu préfères qu'on en reste là, je ne t'en voudrais pas. » Resserrant mes doigts fins autour de ma tasse, je baissai à nouveau les yeux. Je n'arrivais plus à sourire alors que je n'en avais clairement pas envie et je m'en voulais, parce que ce n'était certainement pas cette attitude morose qui donnerait envie à Dorian d'en savoir plus sur moi. J'avais des tas de choses à lui dire. Je voulais li dire combien il me manquait, lui raconter l'histoire qui se cachait derrière chaque photo qu'il avait vu un peu plus tôt, lui parler des choses que l'on avait l'habitude de faire, de ce qu'on se disait... Mais à quoi bon ? L'ancien Dorian ne reviendrait pas. Et j'avais plus que peur que le "nouveau lui" ne m'apprécie pas autant que celui qu'il était par le passé. Je ne voulais pas l'ennuyer davantage. Il avait besoin de temps et c'était compréhensible.
 
  
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