stranger in love. (eliot)

Ces temps-ci, je ne pouvais pas vraiment dire que j'avais le moral et le sort semblait continuer à s'acharner sur moi, comme s'il voulait voir jusqu'à quel point j'étais capable d'encaisser les coups durs. J'avais passé une journée des plus horribles. Les clients peu aimables s'étaient enchaînés les uns après les autres au café, mon patron, d'une humeur exécrable, avait passé son temps à me hurler dessus sans raison et pour couronner le tout, j'avais croisé mon père par hasard, alors que je me pressais pour rentrer chez moi. Je me doutais bien que nous n'allions pas pouvoir nous éviter éternellement mais je ne m'étais pas préparée psychologiquement à le revoir... Ni à devoir lui parler. Remarquez, je n'ai pas eu besoin de le faire puisqu'il a fait comme s'il ne me connaissait pas. C'est à ce moment là, quand nos regards se sont croisés et qu'il a délibérément tourné la tête dans la direction opposée, que les larmes ont commencé à couler sur mes joues sans même que je m'en aperçoive. Pleurer en pleine la rue à la vue de tous les passants était bien la dernière des choses que je voulais mais les Dieux au-dessus de ma tête avaient leur réponse : je ne pouvais plus rien encaisser de plus, la coupe était pleine. Ne faisant pas vraiment attention où je mettais les pieds, j'entrai avec hâte dans mon immeuble et évitai de justesse l'un de mes voisins qui s'apprêtait visiblement à sortir. Décidément, ce n'était vraiment pas ma journée. « Pardon... Bonjour » murmurai-je en levant à peine les yeux vers lui, bien trop honteuse d'être vue dans cet état. Je ne le connaissais pas vraiment. Voire même pas du tout. Nous nous étions croisés à quelques reprises et je lui disais toujours bonjour mais j'ignorais son nom. Tout ce que je savais, c'était qu'il était plutôt beau gosse et qu'il avait l'air gentil. M'approchant de la boite aux lettres de mon appartement, je l'ouvris rapidement pour en extirper les quelques enveloppes qui y traînaient. Sûrement des factures - encore et toujours. Lâchant un soupir las, j'essuyai rapidement le coin de mes yeux avant de prendre la direction de l'ascenseur pour regagner mon appartement. J'avais hâte de rentrer chez moi.

You can count on me.

Il me fallait de l'air, j'avais l'impression que j'allais m'étouffer dans mon propre appartement ou de m'asphyxier par l'odeur  qui sentait le renfermé. Bien sur il m'aurait suffit d'ouvrir en grand les fenêtres et de m'allonger par terre en prenant de grandes inspirations, c'est d'ailleurs ce que je faisais pour me calmer quand je sentais que j'allais m'évanouir ou que mon coeur accélérer trop. Seulement là, j'avais besoin de marcher, de voir le monde qui bougeait dehors, et d'arrêter de prendre poussière comme la vieille horloge en bois de chaîne chez ma grand mère. De plus je détestais m'ennuyer, sachant que mon temps était encore plus comptait que celui des autres, je décidais donc de me sortir un peu et de trouver de quoi m'occuper. Je m'emparais de mon appareil photo et d'un peu d'argent. La boulangerie "Au délice" faisait les meilleures cup cakes de la ville, enfin ça je m'en fichais, moi ce que j'aimais c'était les tartes aux citrons et elles étaient délicieuses. J'étais à deux doigts de pousser la lourde porte de l'entrée de mon immeuble quand une jeune blonde y entra me bousculant. Ce n'était pas n'importe quelle blonde, c'était LA voisine la plus sexy du coin. Et tout le monde aurait aimé avoir cette voisine, bon j'avoue que je n'avais pas un comportement exemplaire à l'espionner sans son consentement. Nous nous étions croisé plusieurs fois, mais le timide et maladroit que j'étais, n'avait pas osé lui aligner plusieurs mots, simplement un bonjour. Un bonjour qui venait tout droit du fond du coeur, pas n'importe quel bonjour. Le bonjour qui vous fait rougir les joues, celui la. Mais aujourd'hui, je ne réussissais même pas à lui sortir cette formule de politesse car son regard me troubla et je me sentis soudainement touché. Trop touché. Oui pour être un homme sensible je l'étais. "Tu es pathétique" me disait Nirvana et heureusement qu'elle n'était pas là, car elle se serait moqué de moi. J'avais tendance à jouer le dur pour ne pas montrer mes sentiments, mais je pouvais m'adoucir très vite. Tout en me demandant ce qui lui était arrivé pour que son mascara ait coulé, je passais le pas de la porte ne sachant plus quoi faire. Je devais faire quelque chose ! D'accord j'aurais pu faire comme tout le monde, laisser la demoiselle s'enfuir dans son trou à rat, manger un pot de glace et pleurer une nuit entière. Mais j'avais toujours été ce gamin qui aimait aidé les autres, peut être un peu trop étouffant. Une fois j'avais fais arrêter la voiture d'un inconnu en sautant sur la chaussé - manquant de me faire écraser - pour sauver une famille d'hérisson. Et là, vous vous dites "Oh mais c'est trop M-I-G-N-O-N!"

Je décidais de me rendre à la boulangerie de me prendre une tarte au citron, et pour la première fois un cup cake. La demoiselle qui était ronde (sans doute qu'elle avait du lécher trop de plat après avoir fait de gâteaux) me demanda à quoi je le voulais. Je lui répondais de mélanger un peu tout les goûts, je n'y connaissais rien à ses gâteaux, mais surtout je n'y connaissais rien à ses goûts. À défaut de faire le mauvais choix, je préférais en prendre plusieurs. La boulangerie me regarda étrangement puis s'activa derrière pour me ramener la pièce unique qu'elle venait de me vendre. Sans doute la première et dernière fois qu'elle ferait cela.

Très vite, je m'empressais de rentrer dans l'immeuble, comme ci j'étais en retard à ce rendez vous. Mais très vite je me trouvais idiot lorsque j'arrivais dans l'ascenseur. J'étais un psychopathe. Elle devait sans doute avoir aucune envie de voir quelqu'un et encore moins son timide voisin qui avait du mal à lui dire bonjour. Merde. Je n'avais qu'une vie, et j'étais sure que si demain j'avais un arrêt cardiaque, je regretterais de ne pas avoir osé. J'arrivais devant sa porte et sentis mon coeur battre. Je lui demandais intérieurement de se calmer, qu'après cela il pourrait me faire la misère si il voulait mais pas avant, ni pendant. Toc Toc Toc. Ça y est j'ai frappé, et je n'ai qu'une envie, me cacher sous le paillasson ou pire partir en courant.

Une fois arrivée dans l'appartement que je partageais avec Julian, je me précipitai dans la salle de bain pour enfiler un vieux pyjama aussi affreux que confortable et enlever mon maquillage. De toute façon, avec les larmes, je ne ressemblais plus à rien. Et ici, je n'avais pas besoin de faire d'efforts pour être jolie. Julian n'était pas là, j'étais seule et je n'avais qu'une envie : m'avachir sur le canapé devant un film, avec un énorme pot de crème glacé dans les mains. Pas besoin de porter du mascara ou d'être bien habillée pour cela. Alors que je m'attelais à choisir un DVD pour pouvoir passer une soirée déprime digne de ce nom, on frappa à la porte. Je n'avais envie de voir personne - évidemment - mais au point où j'en étais, je n'étais plus à ça près... Je m'attendais déjà à ce que ce soit quelqu'un que je n'avais pas envie de voir, histoire de m'achever complètement. Me trainant jusqu'à l'entrée, j'ouvris rapidement la porte, tombant nez-à-nez avec le voisin que j'avais croisé dans le hall. Hein ? Il s'était trompé de porte ou quoi ? Voyant qu'il ne parlait pas, je décidais de briser le silence. « Euh... Vous avez besoin de quelque chose ? » demandai-je avec ma gentillesse habituelle. Les sourcils légèrement froncés, je le regardai fixement en attendant de savoir ce qu'il voulait. J'avais envie de me cacher au fond de l'appartement et de ne plus jamais en sortir. Non seulement il m'avait vue pleurer dans le hall d'entrée quelques minutes auparavant mais maintenant, il me voyait dans mon pyjama - et sans maquillage. Je détestais cette journée, c'était officiel.

You can count on me.

C'était trop tard pour m'enfuir, car la porte s'ouvrit laissant place à ma voisine dans un pyjama trop large, le maquillage qui avait coulé était enlevé. Je restais silencieux à la dévisager, et en essayant de me calmer parce qu'à l'intérieur je me sentais très mal. Clairement, j'étais de trop, et je voyais bien qu'elle s'apprêtait à passer une soirée toute seule à déprimer. C'est elle qui brisa le silence, voyant que je n'étais pas décidé à dire le premier mot. J'avais fait le premier pas jusqu'à son paillasson, c'était déjà beaucoup. Elle me demanda si j'avais besoin de quelque chose et je me surpris à lui répondre sans réfléchir. - Du sel... j'en ai plus. L'image de mon gros paquet de sel que j'avais acheté la veille frappa mon esprit, et je fronçais les sourcils car je n'étais pas convaincu de ce que je venais de lui dire. Mon regard se posa sur mes mains prises par deux sachets de la boulangerie. Sans un mot, je lui tendis celui avec le cup cake et ajouta lorsqu'elle le tenait d'un air interrogateur. - Ce sera plus original qu'un pot de glace. J'ai pris un mélange de tous les goûts. Je ... je sais pas si c'est bon mais, comme je ne connaissais pas vos préférences je... Mais ta gueule je t'en supplie pensais-je, je m'ennuyais moi même. Le stresse pouvait me transformer en boîte à parole... Mais je stoppais net dans mon discours, et lui fis un petit sourire. Non, je ne lui dirais pas que je pensais que son chagrin était un bon moyen pour que nous fassions connaissance. Non, je n'allais pas lui demander pourquoi elle était si mal. Je restais là, planter comme un chou à attendre qu'elle fasse quelque chose, ce qu'elle veut de moi, me claquer la porte au nez, me foutre le cup cake dans le gueule, ou m'insulter.

qIl avait de la chance, Julian et moi avions fait les courses la veille et nous avions un pot de sel tout neuf qui ne demandait qu'à servir ! Mais je n'eus pas le temps de regagner la cuisine ; il me tendit presque aussitôt un paquet provenant d'une boulangerie, que j'attrapai d'un air perplexe. Il m'expliqua rapidement que c'était un cupcake comprenant plusieurs parfums parce qu'il ne connaissait pas mes goûts. Wow. Nous ne nous connaissions absolument pas et il avait pris la peine d'aller jusqu'à la boulangerie du coin pour m'acheter un gâteau. Je sais que j'aurais dû trouver cela bizarre mais au contraire, cette attention me touchait tout particulièrement. C'était de loin la chose la plus adorable qu'on ait faite pour moi depuis longtemps. Et le fait que cela vienne d'un parfait inconnu n'y changeait rien ; au contraire, cela rendait les choses encore plus magiques. Comme si ce type était un genre d'ange gardien qui veillait sur moi et qui m'observait du coin de l’œil. Le regard rivé sur le petit paquet contenant le cupcake multicolore, j'esquissais un petit sourire. « Je... Merci. C'est super gentil. » Je relevai finalement la tête vers lui, plantant mon regard d'un bleu profond dans le sien. La prochaine fois que j'entendrais dire qu'il n'y avait plus de solidarité entre voisins, j'aurais un bon argument pour prouver le contraire ! Voyant qu'il avait un autre paquet dans les mains, j'en déduisis qu'il avait acheté une autre pâtisserie - pour lui cette fois-ci. Et bien évidemment, mon sens aigu de la gentillesse m'interdisait de le laisser partir comme ça, alors qu'il venait littéralement d'égayer ma journée. « Vous voulez entrer une minute ? » Juste le temps de lui payer un café pour le remercier. C'était la moindre des choses. Et puis, maintenant qu'il était là, je me disais qu'un peu de compagnie ne me ferait pas de mal en fin de compte.

You can count on me.

Oui elle est bien plus belle de près. Seulement je n'osais pas la dévisager trop, pas qu'elle me prenne pour un de ces pervers répugnant. Quoi que si elle savait que j'avais le regard plutôt baladeur à l'observer de ma fenêtre elle m'aurait très vite remballé. Je n'ai jamais été doué avec les femmes, enfin depuis que j'ai appris pour ma maladie et que je me suis enfermé chez moi. J'ai pas confiance en moi, et même si beaucoup trouve que mon physique en fait tombé plus d'une, dès que j'ouvre la bouche ou que l'on apprend pour mon coeur, je l'ai fait toutes fuir. J'ai accepté ma maladie, enfin je crois, mais les autres non, et ils ne l'accepterons sans doute jamais. Elle m'acquiesça alors un petit sourire qui me détendis et me remercia. Et maintenant ? Maintenant j'allais rentrer comme un grand, et déguster ma tarte aux citrons en imaginant ce qu'il se serait passer si j'étais entré. Mais je n'eu même pas le temps de la saluer qu'elle me proposa d'entrer. J'hésitais un instant me demandant si il ne valait pas mieux refuser, mais finalement je cédais. J'avais une minute, soixante seconde. Bon d'accord je l'avais prise aux mots. Comme un nouveau né, je regardais un peu partout à l'intérieur lorsqu'elle me fit entrer. Je me sentis plus proche d'elle, après tout je découvrais de l'intérieur son chez elle. J'estimais alors, qu'après lui avoir acheter un cup cake aux multiples couleurs et goûts, et être entré chez elle, que nous pouvions nous présenter. - Je suis Eliot Salvador Brigthon. Enfin Eliot c'est mieux. Bah oui, je me corrigeais moi même, parce que j'avais commencé à me présenter comme à un entretien d'embauche. - Je sais pas si le cup cake sera bon, trop de mélange tue le mélange... On peut partager ma tarte au citron. Enfin si vous aimez ça? J'étais soucieux de faire bien les choses et je n'avais pas envie qu'elle pense que j'ai voulu l'empoissonner ni un truc du genre...

Il accepta sa proposition et je le fis entrer à l'intérieur sans attendre, l'invitant à s'installer dans le salon. C'était un peu bizarre d'inviter un parfait inconnu chez soi mais après tout, nous étions voisins. Et il m'avait apporté un cupcake. Ce n'était pas rien ! Lui adressant un nouveau sourire, je l'écoutais me dire son nom d'un air amusé. Il était mignon, à se présenter comme si j'étais de la Police ou que je lui faisais passer l'entretien de sa vie. « Moi c'est Maybelle. » Toujours aussi sympa, il proposa de partager sa tarte au citron avec moi. Décidément, ce mec était adorable. Et bizarrement en le voyant, je ne l'aurai pas cru comme cela. Non pas que je le trouve prétentieux ou quoi, mais je le pensais plus sûr de lui. Avec un physique aussi avantageux que le sien, on ne s'entendait pas à avoir un garçon plutôt timide. « Je suis sûre que le cupcake sera bon. Il est super joli en tout cas ! » J'avais un large sourire aux lèvres en posant mes yeux sur le gâteau qu'il avait ramené. C'est vrai qu'il était cool. Avec toutes ces couleurs, on aurait dit un genre d'arc-en-ciel comestible. En fait, il était tellement beau que je n'avais pas envie de le manger. Elle agissait un peu comme une gosse de quatre ans devant ses cadeaux de Noël, oui. C'était Maybelle et elle s'émerveillait facilement. Un simple cupcake multicolore suffisait à la faire sourire et à chasser ses soucis - pour quelques temps en tout cas. « Tu veux un café ou tu préfères autre chose ? Enfin... Pardon. On peut se tutoyer ? » Je grimaça un peu. Je ne savais pas s'il était de ces gens qui préféraient qu'on les vouvoie ou non. Mais il n'avait pas l'air bien plus âgé qu'elle et elle n'aimait pas dire "vous" aux jeunes. Elle le faisait lorsqu'elle bossait, évidemment, mais une fois son uniforme de serveuse enlevé, ce n'était plus une obligation.

You can count on me.

Maybelle, c'était plutôt mignon et original, j'étais ravie de connaître son prénom. Elle ne serait plus la voisine d'en face mais Maybelle. - C'est jolie. Ça fait penser au printemps. Non mais regardez moi, je devais être le garçon le plus niais qu'elle avait du rencontrer. D'ailleurs les personnes étaient étonné en apprenant à me connaître, il y avait un trop gros décalage entre mon physique et mon caractère. Enfin, j'avoue qu'avais mes 20 ans, je n'avais pas forcément un caractère exemplaire et je me comportais en gros connard avec le monde, mais ma vie avait basculé. Je m'étais enfermé pendant plus de deux ans et j'avais eu l'impression d'avoir raté trop de choses dans ma vie. D'ailleurs c'était dur de retrouver une vie stable et normal après ça. Mais en même temps comment trouver la stabilité alors que mon coeur n'en faisait que des siennes ? Elle semblait plutôt contente pour le cupcake et quelque part au fond de moi j'étais plutôt fier d'avoir amené un peu de gaieté dans sa vie. Je la connaissais pas, pourtant elle avait l'air vraiment simple et pas pris de tête. C'était une chose jamais vu que je me sente assez à l'aise avec une inconnu. Elle me proposa un café, et je pensais à mon petit coeur. Le café m'avait été strictement interdit, j'en buvais de temps en temps mais là, j'avais pas envie d'avoir des effets révélant ma maladie devant elle. - Une verre d'eau ou un jus ça ira très bien. Elle m'avait aussi demandé si on pouvait se tutoyer, c'est vrai que cela faisait assez vieux le vouvoiement et je lui souris. - Oui ..tu peux. Elle m'apporta ma boisson, je ne savais pas vraiment comment entamé la discussion, je crois que le silence me suffisait, alors que pour la plus part des gens ces silences sont des gros blancs pensant qui mettent mal à l'aise.

Je souris - une fois de plus - à l'allusion au printemps. On ne m'avait jamais dit cela auparavant. On me disait que mon prénom était bizarre, hors du commun, original... Mais parce qu'il faisait penser au printemps. Décidément, Eliot était étonnant. Il m'indiqua finalement qu'il préférait un verre d'eau ou de jus de fruit et je filais en cuisine pour lui préparer ça. Ouvrant le frigo, j'inspectais ce qui s'y trouvait avant de sortir une bouteille de jus d'orange. J'espérais qu'il aimait bien ça. Revenant au salon avec son verre, je lui adressais un nouveau sourire avant de m'asseoir près de lui. Et le silence s'installa. J'en profitais pour commencer à manger mon muffin multicolore puis une question me vint à l'esprit. Je tournai donc la tête vers Eliot, le regardant avec attention. « Qu'est-ce qui t'a poussé à venir jusqu'à chez moi pour m'apporter un gâteau ? » L'attention était adorable, évidemment. Mais il fallait avouer que c'était quand même assez inattendu... On ne se connaissait pas et il était venu frapper à ma porte avec un gâteau pour me réconforter. Si ça se trouve, j'avais eu l'air tellement misérable que je lui avais fait de la peine. Oui, c'était sûrement ça : il avait eu pitié de moi. Faut dire que croiser une fille qui pleure à chaudes larmes dans le hall d'un immeuble, ce n'était pas courant ! Seulement Eliot semblait savoir où j'habitais. Alors que j'étais incapable de dire dans quel appartement il vivait... Je n'aurais pas pu aller sonner chez lui pour lui apporter quoi que ce soit même si je l'avais voulu. Et le fait qu'il sache où j'habite me perturbais un peu. À moins qu'il ne soit ami avec Julian, ce qui expliquerait bien des choses. Décidant d'arrêter de me torturer l'esprit inutilement, j'attendis sa réponse avec un petit sourire aux lèvres.

You can count on me.

J'attendais qu'elle revienne pour m'apporter la boisson que j'avais demandé. Souvent je passais pour un gamin à ne pas vouloir de café. Les mecs ne comprenaient pas pourquoi je n'aimais pas ça, mais c'est pas que je n'aimais pas, c'était surtout parce que la caféine pouvait accélérer ma tension et me mettre en danger. Enfin bon une tasse n'allait pas me tuer mais je préférais prendre des précautions. Elle m'apporta un jus d'orange, je la remercia et nous nous asseyons pour déguster nos gâteaux. Je connaissais par coeur cette tarte au citron qui se tenait devant moi, pour l'avoir acheter au moins une fois toute les semaines. Mais il n'y avait rien à faire, à chaque fois que je croquais dedans, mes papilles avaient l'impression de découvrir une nouvelle saveur si rare. C'était excellent. Après avoir pris une petite bouchée, je regardais Maybelle s'attaquer à son cupcake. - Alors ? Pas trop bizarre ? dis-je presque d'un air inquiet. J'aurais même pu ajouter, pas trop bizarre "comme moi" ? Mais j'ai préféré me taire et attendre sa réponse. Lorsqu'elle me demanda curieusement ce qu'il m'avait poussé à me rendre chez elle. Bah oui, c'était bien trop facile Eliot sinon. Je sentais mes joues brûler et j'espérais qu'elles ne deviennent pas rouge. Comment expliquer que j'étais le voyeur d'en face ? Je toussotais. - J'ai emménagé il y a peu dans l'immeuble. Et être seul c'est bien, mais quelque fois qu'est ce que je peux m'ennuyer. J'ai remarqué qu'il y avait des jeunes comme moi dans l'immeuble, surtout toi et celui qui vit avec toi. Euh ton colocataire ? Oui lorsque j'avais vu qu'un homme vivait avec elle, j'avais tout de suite envié ce garçon, mais finalement je me disais qu'il ne devait pas être ensemble, ils n'y avait pas de tendresse et ne semblait pas dormir ensemble. Bon d'accord j'avais bien observé leurs gestes plusieurs soirées mais c'était top secret ça. - enfin tout ça pour dire que j'avais vraiment envie de rencontrer des gens... et quand je suis tombé sur toi en bas...je me suis dis que c'était l'occasion de faire le premier pas et pourquoi pas t'apporter un muffin. Je lui fis un petit sourire en reprenant une bouchée de ma tarte.

Après avoir avalé ma première bouchée de cupcake, je tournai la tête vers lui. Je n'arrivais pas exactement à définir le goût « Non, c'est même plutôt bon. » Je lui souris doucement. Je n'irais pas jusqu'à dire que je prendrais un cupcake comme celui-là tous les jours mais c'était mangeable - et l'attention d'Eliot était tellement adorable que je ne me voyais pas jeter le gâteau à la poubelle en lui disant que c'était infecte. Puis il répondit à ma question en rougissant un peu. Il avait l'air gêné et je trouvais ça mignon, évidemment. Je l'écoutais distraitement, continuant à manger mon cupcake, puis je haussai un sourcil quand il mentionna le "garçon qui vivait avec moi". Comment se faisait-il qu'il semble tout savoir alors que j'ignorais même où se trouvait son appart ? Ne montrant rien, je me contentais d'un hochement de tête. « Mon colocataire, ouais. » Il termina son explication et je lui adressais un petit sourire. Son explication tenait la route et je ne me posais pas plus de questions que cela. C'était simplement un mec gentil qui se préoccupait des autres et qui était suffisamment sociable pour se lier à ses voisins. C'était plutôt rare de nos jours, certes, mais il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. « C'est super gentil. Tu as bien fait ! » C'est vrai, grâce à lui, je ne pleurais plus et j'avais même oublié l'horrible journée que j'avais passée. Il me changeait les idées. « On pourrait peut-être se faire un dîner un de ces soirs ? Tu vis seul ? » Par dîner, je voulais bien évidemment dire "dîner tous ensemble", soit lui, moi, Julian et les possibles colocataires d'Eliot. Il devait probablement avoir une copine et je n'étais pas contre la rencontrer. Avoir des amis dans l'immeuble était une bonne chose !

Bon heureusement que le muffin était pas trop dégueulasse parce que rien de pire que d'amener un truc infecte et passer pour quelqu'un qui a des sales goût. Nous discutions un peu de pourquoi j'étais venue jusqu'à sa porte, et je lui expliquer tout cela en prenant soin de lui ne pas lui dire que je l'espionnais plutôt souvent. Cela me faisait me sentir moins seul et j'oubliais le fait que j'étais Eliot ce garçon malade. Cette fille m'apaiser, et je crois que je commençais déjà à beaucoup aimer son caractère. Elle semblait simple et si douce. Enfin bon, je ne pouvais pas encore trop juger parce que je ne l'a connaissais que depuis 15 minutes, mais ce que je peux vous dire c'est qu'elle est très belle, et que son corps aussi ...   Mais ça c'était mon petit secret à moi.

Je fis rassurer quand elle me dit que c'était son colocataire, enfin de ce que j'avais vu ils n'avaient pas l'air d'être un couple mais on ne sait jamais. Et bizarrement je me sentis soulagé qu'elle ne vive pas avec son mec, enfin cela dit elle pouvait très bien avoir un copain, d'ailleurs c'était presque sure... Elle me proposa alors de se faire un dîner un soir, enfin je sais pas si c'était un rendez vous que entre nous deux ou à plusieurs, le fait qu'elle utilise le pronom indéfini "On" ne pouvait rien me confirmer. - Oui, je vis seul.dis-je alors en lui faisant un grand sourire comme ci j'étais le plus fière au monde d'être seul. En réalité, j'adorais pouvoir dire que je vivais seul, c'était merveilleux que je puisse me "débarrasser" de mes parents trop étouffant à cause de ma maladie. J'avais l'impression d'être normal et de pouvoir vivre presque normalement si on oubliais le nombre de cachet que j'avalais par jour. C'était encore tout nouveau pour moi et j'adorais pouvoir dire que je vivais bien seul. - Et pour le dîner, ce sera avec plaisir. On irait au restaurent ? ou on mangerait chez l'un ou chez l'autre ? Enfin je ne sais pas vraiment cuisiner moi... dis-je alors un peu honteux. Effectivement, je me réchauffais des plats ou je commandais la plus part du temps, cela faisait que 3 mois que je vivais seul et comment vous dire qu'avant j'étais habitué par les petits plats confectionné par ma maman ? - Demain soir ?lui dis-je alors, peut être que je paraissais lourd, mais j'étais tellement content qu'elle me propose de se revoir... - Enfin si tu as le temps, je .. je peux attendre.