| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. | |
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Auteur | Message |
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Invité | Sujet: (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. Mer 3 Oct 2012 - 13:35 | |
| •• Les larmes ne s'arrêtent plus. Le visage figé a laissé la place à un minois déformé par les sanglots qui naissent dans ta gorge. Tous les ans, c'est la même chose. Aucune larme pendant 365 longs jours. Et LE jour, tout sort. Tout s'échappe, tout s'évade. Tes larmes ressemblent à d'habiles voleuses passagères. Aujourd'hui, cela fait exactement quinze ans que tes parents sont morts. Quinze ans que ta maison a croulé sous les flammes. Tu penses à ton chien. Étrangement, il t'a toujours manqué. Une fixation de gosse traumatisé sûrement. Il s'appelait Moïse. Oui, concrètement, on s'en fiche. En attendant, c'est un peu lui, un peu tes parents, et beaucoup toute ta vie entière que tu évacues. Tous les ans c'est pareil. L'image de Pawel cède à celle de Ronan; le vagabond sensible et un peu naïf que tu n'es pourtant pas. Ou qu'à moitié. Peu importe. On sonne à la porte et tu relèves vers le couloir un visage baigné de larmes. Tu jettes un rapide coup d'oeil à l'horloge mural. Presque vingt heures. Tu te lèves alors. Sans doute des publicités. Tu vas vite faire déguerpir celui qui vient te déranger, c'est sûr. Tu ouvres la porte, les yeux rougis, les cheveux en bataille. Pour découvrir derrière quelqu'un que tu connais plutôt bien. Troublé, tu la regardes sans rien dire. Tu regrettes maintenant d'être venu ouvrir sans t'être arrangé un minimum pour cacher ton chagrin. Fuck.
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| | | Invité | Sujet: Re: (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. Mer 3 Oct 2012 - 15:00 | |
| Pawel & Louison Je ne savais pas pourquoi j’ai eu cette impression, mais lorsque Pawel n’est pas venu au service de ce midi, j’ai eu comme une impression. Je n’avais pas osé demander s’il était en congé ou malade, mais toujours est-il qu’habituellement, il est toujours là le mercredi. Je vérifiais toujours la porte dès que quelqu’un entrait, mais c’était un client et pas de trace de Pawel. À la fin du service, je suis rentrée chez moi sans chercher à savoir plus. Il était la seule personne avec qui je m’entendais assez bien et bizarrement, j’avais envie de passer du temps avec lui. Alors, en début de soirée, j’ai laissé un mot à mes mères expliquant que j’allais voir un ami. Fait rare, je pense qu’elles allaient être contentes que je sorte un peu voir du monde. Je passais par le centre-ville pour acheter une pizza et des boissons. Je me rendis jusqu’à l’adresse qu’il m’avait donné et je cherchais son nom sur les listes. Un sourire sur les lèvres, je montais à son étage et frappait à la porte. Peut-être n’était-il pas là ? Je patientais jusqu’à l’ouverture de la porte sur un ami au regard troublé et rouge, une mine plutôt sombre et triste. Fronçant des sourcils, je ravalais mes questions et montrait la pizza d’une main et les boissons de l’autre. « Hey ! Je ne te dérange pas ? J’avais envie d’une compagnie agréable et j’ai pensé à toi… » Je ne savais pas s’il allait me repousser parce qu’il ne semblait pas aller au meilleur de sa forme. Le voir ainsi était étrange, lui qui ne laissait jamais rien paraître. « Je peux entrer ? »
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| | | Invité | Sujet: Re: (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. Mer 3 Oct 2012 - 15:39 | |
| •• Tu restes un moment abasourdi devant la porte. Tes joues sont rougies, tes yeux endoloris et tes traits certainement souffrants. Pas moyen de lui cacher, pas moyen de lui mentir. Tu restes un moment silencieux, planté devant elle comme une statue. « Hey ! Je ne te dérange pas ? J’avais envie d’une compagnie agréable et j’ai pensé à toi… » Comme c'est gentil. Toi, une compagnie agréable ? Il y a vraiment des choses qui t'échappent. Tu remarques ce qu'elle tient dans les mains. Des cartons de pizzas. De l'autre, des boissons. Elle a pensé à tout. La renvoyer chez elle avec ça te semble impossible et surtout, très mal venu. T'as peut-être été orphelin, t'as reçu une éducation quand même. Et la politesse prime souvent chez toi. Tu es toujours muet, comme ne réalisant pas à quel point tu te montres à découvert là, devant elle. « Je peux entrer ? » Tu te reprends. Ses mots te réveillent. Tu essuies brièvement ton visage. Voulant être discret. « Oui bien sûr je t'en prie, entre. » Tu lui ouvres la porte. Tu te rends compte rapidement que ton appartement est dans un bazar pas croyable. Trop tard pour ranger un peu. « Oublie l'état de mon appart'. Euh... je reviens. » Tu refermes la porte une fois qu'elle est entrée et t'échappes vers la salle de bain. Tu te contemples dans le miroir. Triste mine mon beau Pawel. Tu soupires, te passe un peu d'eau fraiche, et la rejoins dans ce qui fait office de salon.
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| | | Invité | Sujet: Re: (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. Mer 3 Oct 2012 - 15:59 | |
| J’étais là, face à lui dans l’attente d’un signe, d’un mouvement de sa part. Soit il refusait et je repartais avec mes pizzas. Ou le contraire, il me laissait entrer et lui tenir une compagnie que j’espère plus agréable que les larmes qui avaient dû maculer son visage quelques secondes plus tôt. Pawel était un mystère pour moi et le voir dans cet état me rappela à quel point je le connaissais peu. J’avais l’impression de venir violer son intimité en débarquant avec une bonne intention. Il finit par sortir de son état léthargique et me laisse entrer chez lui. Mon regard céladon observait là où il vivait, sans porter aucun jugement. Je me retournais vers lui lorsqu’il me demanda de ne pas faire attention à l’état de son appartement et qu’il revenait. Raide, ne sachant pas quoi faire, j’avançais jusque dans son salon. Posant les cartons de pizzas sur une table, je cherchais quelque chose à regarder pour l’attendre. Passant une main dans mes cheveux courts, je m’assois sur son canapé en patientant. Il ne tarde pas à revenir et j’étire un sourire. J’étais mal à l’aise et à la fois, je me disais qu’une compagnie était certainement plus agréable que la solitude et les pensées sombres. Me relevant, je me mordais la lèvre. « Je ne veux pas te déranger, mais comme tu n’étais pas là ce midi, je me suis inquiétée. Hmh… J’ai pris aux trois fromages, tu aimes ça ? » D’un côté, je montrais ma curiosité en venant voir comment il allait, mais d’un autre, je lui prouvais que je n’étais pas ici pour savoir toute sa vie. Je me sentais bête, comme si le moindre mot que j’allais prononcer risquait de créer un blanc entre nous. Contournant la table basse pour aller ouvrir le sac qui contenait les boissons, je m’emmêlais les pieds et tombait sur le sol. Rouge de honte, je me redressais sur les genoux. « C’est tout moi ça… » Mes pupilles brillaient d’amusement, au final, j’en riais de ma maladresse constante. Pour détendre l’atmosphère, il n’y avait rien de mieux qu’une belle chute.
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| | | Invité | Sujet: Re: (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. Mer 3 Oct 2012 - 16:34 | |
| •• Quand tu reviens, elle est assise dans le canapé. Quel piètre receveur tu fais. Tu ne l'as même pas mise à l'aise. Pourtant, tu sais qu'elle peut être timide et cela ne te choque plus; peu de gens savent comment s'y prendre avec un tel introverti que toi. Pourtant, t'es content qu'elle soit là. Ça te change un peu les idées. Tu viens vers elle, observant les cartons posés sur la table. Alors, tu vas vers la cuisine pour sortir des couverts, histoire de. « Je ne veux pas te déranger, mais comme tu n’étais pas là ce midi, je me suis inquiétée. Hmh… J’ai pris aux trois fromages, tu aimes ça ? » Tu relèves tes yeux verts vers elle. Se sent-elle coupable ? Tu n'éprouves pas la moindre trace de colère, ni la moindre impression qu'il s'agit là d'une intrusion. Avec des couverts et des serviettes, tu reviens vers elle avec un petit sourire amusé. « Voyons, tu ne me déranges pas, Louison. Ça me fait plaisir, au contraire. Oui, je... » Tu détournes le regard avec une grimace. « C'est toujours comme ça, chaque année. Ça ira mieux demain, ne t'en fais pas. » Tu trouves ça adorable qu'elle se soit inquiétée. Depuis combien de temps personne ne s'est plus soucié de toi ? Longtemps. Elle se lève, tu la suis des yeux lentement, et là, c'est la chute. Tu ne peux pas t'empêcher de rire. Tu la rejoins, te mettant derrière-elle pour la soulever comme on fait avec un enfant. Tu as toujours été très tactile avec les autres, bien que tu l'es généralement peu avec elle. Tu rigoles toujours. « T'es pas possible toi, t'en manques jamais une hein ! Va t'asseoir, j'vais les chercher moi, miss catastrophe. Et puis, fais comme chez toi hein. J'ai tendance à ne pas le dire, mais mets-toi à l'aise. » Les habitudes, les coutumes... tu ne les connais pas. Vivre avec les autres est un vrai problème car tu n'as jamais su te comporter correctement avec eux. Orphelin, vagabond, tu n'as jamais vécu que comme un saltimbanque; et vivre dans un train est bien différent que dans un appartement. Tu reviens avec les boissons et te laisses tomber dans le canapé, tournant ton visage déjà un peu plus détendu vers elle. « Et oui, j'adore les trois fromages. » Sourire.
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| | | Invité | Sujet: Re: (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. Mer 3 Oct 2012 - 16:49 | |
| Comme ça chaque année. Pleurait-il quelqu’un ? Certainement pour qu’un jour en particulier soit marqué de sa tristesse. Si ce n’était pas quelqu’un, ce jour avait une signification importante pour Pawel et je comprenais qu’il soit triste. Je n’avais pas vécu de malheur dans mon enfance hormis les moqueries, mais je ne pouvais savoir ce qu’on ressentait lorsqu’on était vraiment malheureux et qu’on avait subi quelques choses de plus intenses, de plus forts et traumatisant que des insultes. Je ne risquais pas d’être de bons conseils, mais j’avais les épaules larges au sens du terme. Après ma chute catastrophe, je fus amusée de voir que comme d’habitude, il riait de moi. Il avait l’habitude puisqu’en général, je provoquais un incident à chaque service. Et lorsque je ne faisais rien, c’était un miracle que je savourais. Il m’aide à me relever et j’étirais un sourire en haussant des épaules. Faisant attention en retournant vers le canapé, je prononçais d’une voix amusée. « Mais ce n’est pas de ma faute, c’est mes pieds qui me jouent des tours ! » Replaçant une mèche de mes cheveux roux derrière mon oreille, avant de me pencher pour retirer mes chaussures. Me mettre à l’aise, cela en faisait partie. Pliant les pieds sous mes fesses, il s’installa dans le canapé et me rassura sur le fait qu’il aimait les trois fromages. « Bon c’est parfait alors, parce que j’en avais demandé deux différentes et ils se sont trompés. Ça aurait été bête que tu n’aimes pas, puisque j’ai que ça. » Arrondissant mes joues dans un sourire, je me penchais légèrement en avant pour ouvrir le carton et prendre une part de pizza. Il avait pris des couverts et durant un instant, je me demandais si je devais manger dans une assiette ou pas. « fais comme chez toi hein », je le prenais au mot. Je portais le triangle à ma bouche pour en croquer un morceau. Prenant une serviette au cas où je ferais encore une bêtise, je tournais légèrement le visage vers lui. « T’as rien manqué ce midi, sauf peut-être que pour une fois, j’ai rien cassé et c’est le patron qui a renversé un soda. » Je levais un sourcil. Lui qui me disputait toujours avec mes catastrophes, je m’étais retenu de lui faire une remarque parce que comparé à lui, j’en créerais plus.
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| | | Invité | Sujet: Re: (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. Mer 3 Oct 2012 - 18:47 | |
| •• Tu n'as pas l'habitude, de toute façon, de parler de tous les traumatismes vécus. Tu n'es pas du genre à sortir un « ma vie a été plus minable que la tienne alors taggle. » du tout, c'est pas ton genre. Tu préfères tout garder pour toi. Louison est une de celles dont tu es le plus proche; et pourtant, tu te rends compte que tu ignores beaucoup de choses sur elle. Comme à l'inverse, en fait. Il étouffe un nouveau rire quand elle lui dit que ce sont ses pieds qui lui jouent des tours. C'est tout l'inverse de Pawel. Lui, ses pieds, il les connait mieux que ses mains bientôt. Que voulez-vous... vaut mieux savoir marcher droit quand on est funambule hein ! Elle se met à l'aise & ça te ravit. C'est justement ce que tu veux. Qu'elle fasse comme si elle était chez elle. Tu n'as jamais eu d'intimité – vous savez, quand on habite dans un train pendant cinq ans ... – et ce n'est pas aujourd'hui que ça va te gêner qu'elle prenne ses marques. Tu fais mine d'être agacé de ce qu'elle dit. « Ces livreurs j'te jure, pas foutus de faire leur job correctement. » Mais le sourire que tu lui lances prouve bien que tu t'amuses. Tu ne fais pas de manières et prends toi aussi les morceaux de pizzas à la main; c'était question de principe. Pour lui montrer que tu n'es pas un vagabond sans manières quand même. Même si ça n'est pas très loin en fait. Tu lèves un sourcil. « Tss, j'espère que t'en as profité pour lui lancer une belle pique au moins ? » Non, bien sûr que non, Louison n'est pas comme ça et tu le sais. Si t'avais été là, toi tu te serais permis oui. Certain. Tu ne te gênes pas pour le foudroyer du regard, ton boss d'ailleurs, à chaque fois qu'il enfonce la pauvre Louison à cause de ses maladresses. Il ne te fait rien. En fait, t'as l'impression qu'il te craint. Comme beaucoup dans cette ville. Passons. Tu allumes la télé et zappes sans rien trouver. « Tu veux regarder quelque chose de spécial ? »
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| | | Invité | Sujet: Re: (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. Jeu 4 Oct 2012 - 12:02 | |
| Une journée parfaite n’existait pas chez moi. Si j’arrivais à me lever à l’heure, ne pas me tacher, attraper mon bus, réussir mes solos, aller travailler et ne rien casser tenait du miracle. C’était une pure merveille et c’était ma matinée. Mais, il y avait toujours quelque chose qui venait entraver cette journée d’espoir. Et là, c’était l’erreur de la pizzeria. Si j’avais vérifié, cela ne serait pas arrivé, mais non, je manquais parfois de réflexion que ça en devenait consternant. Enfin, il aimait les trois fromages et heureusement. Mon visage se tournait vers le sien lorsqu’il me demanda si j’avais fait une remarque au patron. Mon regard parlait pour moi, non bien sûr que non. Je ne disais jamais rien, pas plus lorsqu’il m’envoyait à la plonge après avoir renversé un plateau de verre. En même temps, il me gardait comme serveuse malgré tous mes déboires, je ne pouvais pas me permettre de dire quoi que ce soit. « Non… Je me voyais mal lui dire quelque chose alors que ça lui arrive une fois tous les quinze ans, et moi minimum une fois par semaine. » Je levai les yeux au ciel avec un sourire en coin, prenant un nouveau morceau de ma pizza. Le silence n’était pas gênant, en même temps nous n’étions pas de grands bavards avec Pawel. On se tenait compagnie et ça nous allait à tous les deux. Il allume la télé et je lève les épaules. « Euh non, mets ce que tu veux, peu importe ! » Je déposais ma croute sur le carton et me penchait pour prendre ma boisson. Je bus directement à la canette avant de la reposer, mes deux mains sur mes cuisses. Deux pizzas, j’avais pris pour un régiment, mais je mangeais peu, à plusieurs reprises. Puis sans réfléchir, je me lançais. « Quand j’étais petite et qu’il n’y avait rien à la télé, je me souviens que ma mère mettait toujours la chaîne animaux. Elle n’était pas très cultivée, mais, pour m’intéresser, elle donnait des noms aux animaux et me racontait une histoire avec les images. » Je tournais mon regard vers son profil avec un sourire, prenant une nouvelle part de pizza par la suite. « Souvent, je m’endormais devant comme un crapaud sur l’abdomen de ma mère, et c’est mon autre maman qui me portait pour me mettre au lit. » Étrange que de lui parler de moi ainsi, surtout sur mes deux mères. Mais, j’avais bien senti qu’il n’était pas au meilleur de sa forme et sans réfléchir, j’avais eu envie de lui parler de moi pour que ses soucis s’effacent de son esprit rien que pour cette soirée.
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| | | Invité | Sujet: Re: (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. Sam 6 Oct 2012 - 17:42 | |
| •• Louison. Un vrai numéro. Avec elle, l'originalité ne manque jamais. Avec elle, pas question de s'ennuyer. C'est peut-être pour ça que tu l'aimes bien. Avec elle, tu oublies le ciel sombre de Varsovie. Tu oublies les coups reçus. Tu oublies le visage d'Ambre, vu pour la dernière fois au milieu des flammes lorsque le feu dévorait avarement les écuries. Oui, elle te permet d'oublier tout ça. Louison, tu la connais bien maintenant. Tu as déjà une plus grande facilité que les autres à décrypter leurs visages, leurs émotions, leur sincérité. Peut-être trop observateur, petit Romanovski. Tu lui sers une moue mi-déçue mi-compréhensive. Tu sais bien qu'elle, comme toi, ne pouvaient vous permettre de perdre votre job en étant insolent avec le patron. Bien que souvent, t'aurais volontiers envie de lui coller une tarte, à celui-là. Enfin bref. Elle te répond de mettre ce que tu veux et tu hausses les épaules, reposant la télécommande à côté de toi sans changer, t'occupant pour l'instant de manger. Tu attrapes ton soda, et en bois un peu avant de le reposer, tournant la tête vers elle lorsqu'elle parle de nouveau. Au début, tu ne comprends pas. Pourquoi parle-t-elle d'un coup de son enfance ? Mais tu aimes bien. Comme une petite histoire, elle te raconte son anecdote; et cela te fait sourire. Ses deux mères. Tu es conscient qu'elle ne dit pas ça à tout le monde, tu sais comment sont les gens avec ça. Toi, cela ne t'a jamais rien fait et Louison le sait. « Je veux bien mettre la chaîne des animaux, mais si tu t'endors sur moi, je risque de préférer m'endormir dans le canapé aussi plutôt que de te porter jusqu'au lit ! » Tu ris. Ouais, tu pleurais il y a encore une vingtaine de minutes et maintenant, tu ris. L'effet-Louison. Tu changes alors de chaîne, tombant sur un reportage sur les chevaux. Comme par hasard... Et puis tu te mets à parler comme ça aussi, sans savoir pourquoi, presque naturellement. « Quand j'avais seize ans, j'ai vu passer devant chez moi douze chevaux noirs. Des frisons, si jamais tu t'y connais un peu... Et c'est ce jour-là que j'ai décidé de partir de chez moi. Enfin, si on peut parler de chez moi. Et d'intégrer un cirque. Ces chevaux m'avaient charmé. Ils dégageaient une telle liberté, une telle prestance. Je voulais être comme eux. »
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| | | Invité | Sujet: Re: (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. Lun 8 Oct 2012 - 13:18 | |
| Je laissais mon rire envahir la pièce. « Je n’ai plus cinq ans et je ne fais plus le même poids non plus. Alors, m’endormir comme un crapaud sur toi, tu risques de le sentir… » Je passais une main dans mes cheveux avec les yeux rieurs, tournant mon regard sur la télévision alors qu’il changeait de chaîne. Il ne m’avait pas jugé, il n’avait même pas relevé le fait que j’avais parlé de mes deux mères. Pawel, c’était le genre de garçon qu’on trouvait peu. Discret, mystérieux mais surtout adorable, même si d’apparence il était plutôt distant. Prenant un morceau de ma pizza, il se mit à parler lui aussi et je tournais légèrement le visage vers lui. Un cirque ? Je retournais sur la télévision qui montrait des chevaux courir dans un champ. Je n’y connaissais pas grand-chose, mais j’avais toujours rêvé de monter sur un cheval. « Et qu’est-ce que tu faisais dans le cirque ? Tu t’occupais des chevaux ? Des acrobaties sur eux ? » J’étirais un sourire, j’avais toujours adoré les cirques. Bon, sauf le passage des clowns parce que j’en avais une peur bleue depuis que j’étais tombée sur le film lorsque j’étais plus jeune. Mais, voir les trapézistes, les jongleurs, les magiciens, les fauves… Bref, c’était un véritable régal.
- Spoiler:
HJ: Un petit peu plus court
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| | | Invité | Sujet: Re: (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. Lun 8 Oct 2012 - 13:41 | |
| •• Tu esquisses un sourire en l'entendant. L'entendre rire est un vrai plaisir. Bien peu de rires envahissent cet appartement sombre et étroit. Et donc ça fait un peu de bien. Un peu de soleil dans ces murs constamment plongés dans une obscurité que l'on pourrait presque dire d'elle qu'elle est volontaire. Comme si elle te protégeait. Te conservait dans cette atmosphère que tu as toujours connu. L'ombre. La lumière te fait peut-être peur. Photosensible notre saltimbanque. Mais néanmoins aujourd'hui, elle te fait du bien. Louison, tu l'aimes bien pour ça. Tu finis ta pizza lorsqu'elle t'interroge sur ton passé de saltimbanque. Ton regard s'éclaire un peu. C'est vraiment une des choses dont tu es fier. Enfin... dont tu n'as pas peur de parler. Tu fronces un peu les sourcils, reposant le carton sur la table devant, avant de chercher tes mots, tournant ton visage vers elle. « Non les... acrobaties sur eux étaient faites par quelqu'un d'autre. » Ambre. Son visage pâle encadré de ses beaux cheveux dorés te reviennent. Mais ce sont surtout ses deux prunelles bleutées qui te fixent. Tu secoues la tête, chassant son image. Tu soupires un peu, puis retrouves un semblant de sourire. « Je m'occupais d'eux, oui. Mais j'étais funambule. » Un métier qui en fascine souvent plus d'un. Ah, ils n'ont pas idée de la dure vie que c'est que de vivre en troupe dans un train sans jamais se poser nulle part. Mais c'est une vie que tu avais choisi. Et aujourd'hui, tu la regrettes presque. Tu observes Louison, tentant d'imaginer sa vie passée. D'où vient-elle exactement ? Qu'a-t-elle fait, vu ou vécu dans sa vie ? Tu remarques que tu ignores tout ça. Tu ignores beaucoup de choses sur elle.
No soucis. Moi aussi.
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| | | Invité | Sujet: Re: (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. Lun 8 Oct 2012 - 14:14 | |
| Durant un instant, j’ai l’impression de perdre Pawel. Comme si son esprit se déconnectait complètement, faisant place à un regard vide et absent. Comme je suis parfois lorsque je m’enferme dans mes pensées avant de jouer. Il finit par revenir à lui et j’apprends qu’il était funambule. Je fronçais des sourcils, cherchant ce que ça pouvait bien être. Funambule… Ça me disait quelque chose pourtant. Je passe une main sur mon menton avant de demander d’une voix peu assurée. « Funambule, c’est… l’équilibre, c’est ça ? » Je rougissais, avant d’enchaîner rapidement. « Pourquoi tu n’en fais plus ? Tu étais heureux ? Comment c’est, de faire partie d’un cirque ? » Je me tournais complètement sur le canapé, histoire d’être face à lui, mes yeux céladon brillants de curiosité. Me rendant compte de toutes mes questions peut-être osées, je posais une main sur son bras avec un sourire. « Ne réponds pas si tu trouves mes questions trop… trop. Je suis curieuse et je pose plein de questions sans me rendre compte. » J’étirais un sourire, retirant ma main pour prendre mon soda et attendre qu’il me parle, ou non. C’était la première fois qu’il me parlait autant de lui et même si le mystère restait entier sur Pawel, j’avais quelques brides qui me permettaient de le connaître un peu plus.
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| | | Invité | Sujet: Re: (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. Lun 8 Oct 2012 - 14:27 | |
| •• Elle ne te pose pas de questions sur ton absence. Et tu lui en es reconnaissante. Ambre est sans doute la dernière personne de qui tu as envie de parler à quiconque. Tu l'observes. Elle est mignonne, à se frotter le menton comme ça, comme si elle cherchait comment formuler ses questions. Tu souris à sa question. Elle se met face à toi, pose sa main sur ton bras. Tu tressailles un peu, mais son contact ne te gêne pas et tu n'y mets pas fin. Tu la trouves encore plus mignonne à rougir ainsi. Tes yeux ne la lâchent pas. Ils ont un éclat rieur, amusé, et enfantin. Cet enfant que tu es resté. Le même que celui qui a vu sa maison exploser avec ses parents à l'intérieur. Le même, qui n'a jamais grandit, là, tout au fond de toi. Sept ans.« Non ne t'en fais pas, voyons. Si je ne voulais pas du tout en parler, je n'aurais même pas lancé le sujet. » Tu lui fais un clin d'oeil, accompagné d'un sourire, avant de prendre toi aussi une gorgée de ta boisson, reposant ensuite la canette pour te laisser tomber entièrement dans le canapé, tourné aussi vers elle. « Oui, c'est l'équilibre. Tu sais... marcher sur un fil les bras tendus ? Et oui, j'étais... plus ou moins heureux. Du moins ces cinq années ont été les plus belles pour moi. » Tu n'avoues pas ça tous les jours. Tu fais une légère pause avant d'hausser tristement les épaules. « C'est unique. C'est une vie que beaucoup ne pourraient supporter. On ne s'arrête dans une ville, voire un pays, pas plus que deux semaines. On vit dans un train, tous le même. On vit en troupe, 24h sur 24 avec les autres saltimbanques. Nous ne sommes pas payés, ou très peu, et on partage tout – un peu trop tout justement. Si je n'y suis plus, c'est parce que quelqu'un a mis le feu aux écuries, et à tous nos ustensiles, il y a environ six mois, lorsque nous étions en Espagne. Le cirque s'est dissous après ça, on s'est tous enfuis. »
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| | | Invité | Sujet: Re: (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. Lun 8 Oct 2012 - 17:24 | |
| Le son d’un train qui siffle. Les rires, les cris de surprise. La musique qui envahit le chapiteau. Les regards complices, les numéros. Le rangement, les regroupements. J’imaginais tout ça en fermant les yeux et cela ressemblait presque à un rêve éveillé pour quelqu’un comme moi. Mais cela sonnait différemment dans la bouche de Pawel. Pourtant, il me dit qu’il a été heureux et je le comprends. Moi je n’ai jamais voyagé, sauf pour aller jusqu’à mon université. Mais ce n’est que le métro. La première fois que j’ai pris l’avion, c’était pour quitter Paris et m’installer ici. Lorsque le conservatoire organisait des voyages, je faisais parties de ceux qui ne partaient pas. C’était ainsi et je ne m’en plains pas. Cela ne peut m’empêcher de rêver et d’envier les personnes qui ont voyagé. Je ne répondis pas tout de suite à ses paroles. C’était triste. Vivre cinq belles années certes contraignantes pour certains côtés, mais malgré tout agréables. L’aventure, le partage, le bonheur des visages face à soi. Et puis un feu qui réduit tout en cendre. Cela me fit mal au cœur pour lui et je me retiens de ne pas l’étreindre avec force contre moi. Comme si par mon étreinte, je voulais lui faire passer de l’apaisement et du soutien. Je me contente de détourner le regard, étirant un sourire. « Marcher sur un fil. Ce n’est pas pour moi ça, déjà que je ne tiens pas sur un sol normal alors… Un fil c’est pire. » Une pointe d’humour pour je ne sais pas, détourner la situation. « Je pourrais envier ta vie. Je pourrais dire que tu as eu de la chance de vivre ainsi. De partir à l’aventure, de fréquenter un cirque et d’en faire partie. De l’extérieur, on voit ça comme merveilleux, mais… J’ai l’impression que ça ne l’a pas toujours été alors… » Je tournais mon regard vers lui avec un sourire en coin. Lire entre les lignes, j’avais toujours été une quiche pour ça, mais ce soir j’avais compris. Ou j’étais encore à côté de la plaque. « J’ai grandi dans un appartement miteux sur Paris, j’avais très peu de jouets et à l’école, tout le monde se moquait de moi parce que j’avais deux mamans. Parce que c’était normal pour moi de ne pas avoir de père. Je ne me suis jamais plainte de tout ça, de ne pas avoir d’argent, de toujours faire attention et d’aller à l’hôpital une fois par semaine pour maladresse. » Je levais les épaules avec un sourire plus prononcé. « Pour toi, elle t’apparaît peut-être bien parce que je représente la stabilité… Et pour moi, la tienne représente la folie, l’aventure… C’est bizarre d’envier l’apparence… Étrange. » Je ne disais pas ça pour lui, mais plutôt pour moi. Je ne savais rien d’autre, si ce n’est son passage au cirque et pourtant, j’aurais aimé avoir sa vie.
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| | | Invité | Sujet: Re: (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. Lun 8 Oct 2012 - 19:01 | |
| •• Les souvenirs t'envahissent aussi. De vrais souvenirs. Mais ils n'ont pas la même couleur que ceux que perçoit Louison, vraisemblablement. Un train qui siffle, oui. Des injures, lancés à ceux qui pillaient dans les affaires des autres. Une plainte d'agonie d'un cheval que le patron refusait que vous abattiez car il pouvait encore marcher, même en souffrant. L'adrénaline lorsque, sous tes pieds, trente mètres de vide t'attirait avec force. Mais jamais tu n'es tombé. Non, car tu n'avais pas peur; c'est ce qui faisait de toi un bon funambule. Pas peur de tomber. Rien à perdre. Alors, pourquoi craindre le vide ? Au contraire. Il faut valser au bord du vide. Tu esquisses un sourire à sa remarque. Il est vrai que tu ne l'imagines pas vraiment debout sur un fil vacillant. Tu admires la façon avec laquelle elle lit entre tes mots. Tu hoches lentement la tête. « Les gens voient tous ça merveilleux. Cette image est sans doute plus belle que la réelle, alors... » Rêver. Il faut rêver. Tu n'es resté qu'un gosse, mais tu sais toujours rêver. Tu l'écoutes te raconter à son tour un moment de sa vie. Son enfance. L'école. Encore une chose que tu connais. D'être rejeté. Parce que tu revenais en classe avec des bleus sur le visage, on te disait violent. Tu ne démentais pas, donc on continuait à le dire. Mais qui pouvait deviner que ces coups étaient donnés par bien plus fort et plus grand que toi ? Personne ne s'en doutait. Et tu gardais le secret. Encore une fois. Son sourire contraste avec son récit; tu adores ça chez elle. Elle donne l'impression de tout prendre du bon côté. Que même si demain, il lui arrivait le plus dramatique des évènements, elle aurait quand même le sourire. Tu l'admires pour ça, oui. « Elle ne m'apparaît pas si bien que ça. Une enfance dans le rejet et le jeu des apparences n'est jamais "bien". On fait avec. Moi, j'vois pas ce que ça pouvait leur faire, que tu aies deux mères. Vaut mieux ça que de ne pas avoir de parents. » Sans s'en rendre compte, tu compares à ta situation à toi, mais c'est passé si naturellement entre tes lèvres que peut-être ne s'en apercevra-t-elle pas. Tu l'observes. La détailles. « Je sais à ton accent que tu es française, mais je ne t'ai jamais demandé d'où tu venais exactement ? » Française. Comme Ambre. Toujours un rapport. Tu as beau fuir son souvenir, elle te poursuit; elle est partout. Tu lui fais un petit sourire, pas dérangé d'entrer ainsi dans son intimité tout comme tu t'ouvres à elle de secondes en secondes.
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| | | | (#222) La misère nous donne le droit de transgresser toutes les lois. ∆ LOUISON. | |
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