Un brin paumé

Un brin paumé ...

J’aurais peut-être du prendre un plan c’est vrai. Cela aurait utile mais dans mon empressement je l’ai complètement zappé. Il faut dire que la matinée était chargée, arrivé la vieille, exténué de mon voyage, je m’étais écroulé sans prendre le temps de déballer mes cartons. Il est vrai qu’ils m’en restent un paquet. Soit, j’ai préféré finir la matinée dans un pub du coin. Et voila où cela me mène. Paumé, incapable de retrouver mon chemin et avec la barrière de la langue qui s’ajoute à longue liste des ennuis perpétuels d’un étranger. J’y avais pourtant pensé, à ce fameux plan. Je l’ai sorti de mon sac, posé en évidence sur le meuble à l’entrée de l’appartement pour « ne pas l’oublier » quel joli travail…oui oui…

Mon regard balaya la place l’air désemparé, je stoppais un passant au hasard mais avec mon foutu accent il n’a pas compris un traitre mot…ou c’est moi qui ait rien compris à ce qu’il m’a dit. C’est possible…Fortement possible…trop à vrai dire. Passant les mains sur mon visage je continuais d’avancer à l’aveuglette, je finirais par tomber sur ma rue, je n’ai pourtant pas mis plus de dix minutes pour venir jusqu’ici. Mais j’ai fait tellement de zigzague dans les petites rues que finalement, bah voila, je suis paumé.

Fouillant dans mes poches, je sortis mon paquet de cigarette et sorti une blonde. Vient l’étape du briquet, qui comme tout briquet digne de ce nom, n’est jamais là où on pense l’avoir mis, et fini par être introuvable… Surement laissé sur ce foutu meuble à l’entrée de l’apart’ comme d’habitude. Avec le langage des signes, j’espérais pouvoir me faire comprendre. Mon regard se porta sur une petite blonde qui passa juste sous mon nez.

-Hey ! Tu n’aurais pas…du..euh..feu ?

Oui, pitoyable je vous dis mon accent à la française, les syllabes qui trainaient et l’écorchement des mots. Tout le chic de la France. Je lui mimais le geste d’allumer le briquet et de le porter au bout de la cigarette, le regard suppliant.

-Et…tu ne connaîtrais pas…la rue… ?

Merde voila que je venais d’oublier le nom de ma rue, génial, i’m the boss, yes i am !

-C’est une grande rue, avec pas mal d’appartement, on pourrait croire qu’elle y loge tout la ville…?

Bien sur, c’est sans compter mon fameux accent et mon horriblement manque de vocabulaires…

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

Ce matin, comme à presque tous les jours de la semaine depuis quelques mois, j’avais été mené ma fille à la garderie après avoir mangé mon petit déjeuner avec elle et je m’étais ensuite dirigée vers l’hôpital, mon lieu de travail. Je n’ai vu que trois de mes clients réguliers dans la matinée et mon après-midi s’annonçait, lui aussi, assez calme et relax; surtout que le client que j’étais censé voir tout de suite après le dîner avait appelé vers onze heures pour annuler (enfin reporter) son rendez-vous hebdomadaire. Comme il avait appelé un peu trop tard pour que je puisse attribuer le temps de son rendez-vous à quelqu’un d’autre, je me suis retrouvée à avoir presque deux heures de pause pour manger.

Je suis donc sortie de l’hôpital vers midi et quart et, comme il faisait soleil et que j’avais du temps devant moi, j’ai décidé de marcher jusqu’à un petit restaurant que j’aime bien et qui se trouve à cinq minutes à pied de l’hôpital. Pour m’y rendre, j’ai pris le chemin qui passe par la place de la ville et c’est là que je me suis faite interpeller par un homme qui semblait avoir besoin d’aide. Malgré son accent, j’ai compris ce qu’il voulait dire (enfin je crois),mais, malheureusement pour lui, je n’avais pas de feu sur moi. Je suis désolée, mais non! J’aime beaucoup aider les autres, donc j’étais triste de ne pas pouvoir le faire, mais, par la suite, il m’a demandé si je savais où se trouve une rue dont il avait oublié le nom. La-dessus,je pouvais l’aider, car, comme j’habite à Bowen depuis ma naissance et avec la petite description qu’il m’en a fait, j’ai cru reconnaître l’endroit dont il me parlait. Vous voulez sûrement parler de la rue noumauchoix du quartier sud! C’est ça? Dis-je en lui souriant.

Un brin paumé

Malheureusement la jeune demoiselle ne pouvait pas m’aider pour ce foutu manque de briquet, eh bien soit, une cigarette de moins c’est un pas de moins vers le cancer des poumons et toutes les complications qui vont derrière. Chose sur laquelle j’étais totalement conscient après mes cours de fac et sans compter l’aide de mon boulot d’interne.  Je remis donc la cigarette dans son paquet non sans un certain regret.

- Vous voulez sûrement parler de la rue noumauchoix du quartier sud! C’est ça?

Mon regard se posa dans le sien, on pouvait y lire toute la délivrance de l’angoisse qui m’avait tant rongé depuis le début de mes recherches. J’allais enfin pouvoir rentrer chez moi, sain et sauf, et me préparer mentalement à intégrer un nouveau service dans une langue étrange…chose qui d’après moi sera surement un vrai calvaire.

- Oui c’est ça ! Vous savez comment y aller ?

Je commençais à sortir mon bloc note, réservé en général à des thermes techniques en médecine mais osef dans une telle situation d’urgence je n’hésiterai pas une seule secondes à le souiller avec des gribouillis si cela pouvait m’aider à avoir un toit sur la tête ce soir.

- Vous me sauvez la vie ! Et vous connaissez bien Bowen ? Vous ne sauriez pas où se trouve l’hopital ?

Autant en profiter pour éviter de se lever des heures avant le service pour chercher les lieux. Me connaissant je serais arrivé en retard, en sueur et complètement exténué… Super impression pour un premier jour vous ne trouvez pas ?

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

L’une des choses que j’aime le plus quand je peux et que je réussi à aider les autres est de voir le soulagement et la gratitude dans leurs yeux et leur sourire…je crois que c’est, en partie, pour cette raison que mon travail de psychologue me plaît autant. Des fois, ces signes sont si petits qu’ils sont très difficiles à déchiffrer, mais ce n’était vraiment pas le cas avec ce jeune homme à qui je venais de donner le nom de la rue où, selon moi, il habite. Mais bien sûr! Je lui ai laissé le temps de sortir son petit cahier puis je lui ai expliqué le chemin pour s’y rendre. Par la suite, il m’a, encore une fois, remercié en me disant cette fois-ci que je lui sauvais la vie…c’était probablement un peu exagéré, mais ça fait très plaisir à entendre, alors je l’ai laissé faire. Effectivement, je suis née et j’ai toujours habité ici, donc, depuis 27 ans, cette ville est mon chez moi et, comme c’est une petite ville, j’en connais assez bien tous les lieux! Donc, oui, je sais où est l’hôpital…c’est mon lieu de travail, donc j’ai intérêt à le savoir! Dis-je en riant un peu avant de poursuivre. En fait, vous n’avez qu’à marchez environ deux minutes dans cette direction! Mais je suis curieuse, pourquoi avez-vous besoin de cette information?