Don & Brooke | SEXY BACK (terminé)

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Le café de Brooke avait un goût bien amer ce matin, ce qui la fit frissonner. Néanmoins elle allait bien, comme un jeudi matin dirons-nous. Elle devait plaider une affaire de contentieux bancaire, un litige qu’elle juge plus banal qu’un divorce. D’ailleurs, le sien n’était pas encore prononcé. C’était pour cette raison qu’elle était tant à cran ces derniers temps. Elle revivait cette scène d’horreur, où elle le revoyait derrière cette femme, à califourchon, où les grincements du lit se répétaient. Depuis la catastrophe, elle rêvait de briser le moindre os à son futur ex-mari.

D’humeur endiablée, Brooke enchaînait ses audiences avec panache. Cette fois, elle n’avait pas réussi à classer de manière amiable l’affaire de contentieux bancaire qui impliquait la banque de Mr Donovan Emery. Donovan était une vieille connaissance. L’histoire remonte encore à l’époque du lycée, où Brooke vengeait sa déception pour les hommes contre de vulgaires coucheries. Seulement elle ne s’attendait pas à ce qu’il prenne rapidement la fuite, le jugeant dès alors comme le goujat parmi tant d’autres.

Soit. Café en main, elle vit arriver la partie adverse dans le couloir du tribunal. Elle salua l’avocat, ainsi que le jeune PDG de la banque. Dans son costume, il avait cette élégance habituelle. Elle avait beau ne pas apprécié le jeune homme, elle ne pouvait nier qu'il dégageait un charisme à pâlir n'importe quelle blondinette. « Monsieur Emery, bonjour. » sa voix mielleuse annonçait une hypocrisie flagrante. Elle lui tendit la main pour exécuter une poignée bien ferme. « Je vois que vous trouvez enfin du temps pour assister aux audiences, je suppose que Madame Emery va bien ? » son sourire s’élargit, il s’agissait là d’un infime pic. Le bruit courrait que le couple éprouvait des difficultés à concevoir un enfant. Brooke était autant au courant de la chose car ses parents connaissaient parfaitement la famille Emery, influente ici à Bowen. Ils connaissaient également les Parrish, parents de Victoria Emery, épouse de Donovan. L’inconvénient dans le milieu mondain, est qu’on peut difficilement dissimuler ses secrets : ils viennent tous s’éclater au grand jour.

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Brooke & Donovan

Donovan était d’humeur massacrante, on trainait sa banque devant les tribunaux et tous les autres actionnaires, dont son père en premier lieu, s’étaient désister sur ce coup-là, le laissant seul dans la panade, une merde monstre dira-t-on concrètement. Il avait horreur de ce genre de cas de figure mais lorsqu’on est une multinationale comme Emery&Fils, on se doit de faire face. Donovan avait donc du préparer son dossier depuis des semaines avec ses avocats, il ne vivait pratiquement que pour ça, sa vie privé étant quasiment réduite à néant. Sans parler qu’il avait dû se lever aux aurores pour affronter celle qu’il redoute le plus, Brooke Kennedy, une terreur du barreau, elle ne lâchait jamais rien, pire qu’un chien sur son os, certes il appréciait cette ténacité, il l’admirait même, mais cette fille le révulsait. Tête brûlée qui pense toujours tout savoir mieux que vous, qui vous regarde de haut même si elle est plus petite que vous hissée sur ses talons de douze et qui vous impressionne par sa beauté, son charisme, son sexappeal indéniable. Elle savait charmer un jury, c’était presque de l’abus de personne dans son cas mais elle ne commettait jamais de faute, redoutable je vous dis.
Brooke et Donovan n'étaient pourtant pas des étrangers, ils s’étaient connu au lycée, ils avaient passé leur terminal dans la même classe, en vérité ils s’étaient croisés maintes fois au pare avant, leurs parents évoluant dans le même monde, mais ils ne s’étaient pas intéressé l’un à l’autre avant cela. Et même durant leur terminal, le jeune garçon timide et totalement inconscient de son charme n’avait jamais cherché à charmer celle qui avait déjà bon nombre de conquêtes dans l’enceinte du lycée, non, Donovan se faisait petit, effacé à cette époque. Pourtant il aura suffi d’une soirée, de sa première cuite, la seule en fait, pour qu’il se sente pousser des ailes et séduise celle qui était la plus convoitée de sa classe, ils firent l’amour à l’arrière d’une voiture, plutôt lamentablement, ce fut la première fois du jeune homme et il ne trouva rien de mieux que de prendre la fuite, par honte, par timidité, lorsque l’alcool fut redescendu. La jeune Brooke ne lui aurait pas pardonné cet acte de muflerie qui n’en était finalement pas un. Par la suite ils se recroisèrent régulièrement, Donovan fuyant celle qu’il trouvait bien trop déluré, m’as-tu-vu et matérialiste pour lui. Elle était devenue exactement le genre de femme qu’il déteste dans ce monde de mondanités, le genre à faire dans la surenchère. D’ailleurs en arrivant au tribunal ce matin elle fut la première vision de celui qui retirait à peine ses lunettes fumées, et quelle vision, on ne pouvait voir qu'elle dans sa tenue moulante, pas vulgaire, plutôt classe même, simplement... attirant l'oeil. Elle se dirigea directement vers lui, tel un taureau prêt à charger, elle se fit mielleuse, dégoulinante de fausse sympathie, lui tendant la main qu’il prit dans la sienne, il la porta à ses lèvres pour un baisemain des plus mièvres. « Vous êtes en beauté ce matin Brooke » Dans ces circonstances le vouvoiement était de rigueur. « Je fais le maximum pour satisfaire mes clients, même les plus mécontents. Victoria se porte à merveille et votre divorce ? » Petit sourire satisfait, 1 partout.

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"Is that alright ?"

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La flatterie était la marque appropriée de l’avocate, en termes d’approche. N'oublions pas que Brooke a tout juste ses vingt-cinq ans, elle est encore fraîche dans ce métier et c'est de cette faiblesse qu'elle en arrive à faire sa force. Elle aime séduire pour mieux attaquer. « Je ne pourrais en dire autant d’un canon comme vous, quel dommage que vous soyez déjà marié ! » chantonna t-elle, ravie. Elle sur-jouait peut-être un peu trop. Pour attirer l'œil, son autre main se posa sur sa poitrine en évidence - malgré elle car, en effet, même si elle ne portait pas de décolleté ses formes se manifestaient d'eux-même.

Dans le monde professionnel, on se doit d’utiliser l’hypocrisie pour le bien de la maitrise de soit. Lorsque Donovan mentionna le divorce de Brooke, la lionne en elle voulut rugir de ses gonds. Si elle avait des crocs, elle aurait grogné. Au lieu de ça, elle baissa furtivement ses yeux d’un air supérieur, puis recula sa main où il avait déposé un prompt baiser de courtoisie. Son sourire sournois ne s’effaça pas pour autant. « Vous savez comment je suis, je gagne toujours. » répliqua t-elle, piquée au vif. La déstabilisation avant l’entrée en matière est une stratégie vieille comme le monde. « Alors… êtes-vous bien certain de ne vouloir renoncer Monsieur Emery ? Votre dossier tient difficilement la route. »

Pour sûr qu’il savait grandement qu’il risquait de perdre l’affaire ! La tarification des services, le refus de crédit, la non-information annuelle des cautions, il y avait un tas de litiges en la faveur de sa partie. Brooke représentait The ABC Corporation une entreprise fabricant de jouets pour enfant. Certes, il s'agissait d'une petite entreprise mais le dossier qu’elle avait constitué était solide et comportait toute trace des documents pouvant servir d’appui à sa plaidoyerie. Toutefois, pour une banque telle que Emery & fils, il ne s’agissait pas d’une question d’argent. Ils n’avaient aucun danger de se ruiner dans cette affaire, loin de là, néanmoins ils risquaient une vilaine publicité.

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Brooke & Donovan

De loin on aurait pu croire que ces deux-là se faisaient du gringue, mais en se rapprochant un peu, en écoutant, en observant bien, on remarquait très nettement les sourires figés, forcés, le ton bien trop dur malgré les belles paroles, non, pas de rentre dedans entre eux, simplement de la provocation, volontaire, un jeu qui ne les faisait même pas rire, simplement ils ne pouvaient s’en empêcher, si ça n’était pas ça il s’enverraient les pires horreurs à la figure mais il fallait rester polis, ils étaient des personnages publiques. « Ne me flattez pas trop, je vais finir par rougir. » Il failli hausser les sourcils mais resta stoïque, ce petit manège faisait par contre beaucoup sourire l’avocat qui l’accompagnait. Dans la voiture il lui avait d’ailleurs avoué être pressé d’assister à une énième joute verbale entre Brooke et Donovan, à croire qu’elles étaient légendaires, épiques…
Il avait clairement marqué des points en mentionnant son divorce de la sorte, en même temps Kennedy ne faisait rien pour cacher cette séparation aux yeux du monde, elle avait la réputation d’être redoutable même avec les hommes, Don en avait d’ailleurs fait les frais par le passé, bien que ce ne fut rien comparé à ce que le pauvre mari de la blonde devait vivre. N’allez pas croire qu’il le plaignait, il savait que leur séparation subvenait à la suite d’une tromperie de sa part et il ne le défendait absolument pas, cependant, connaissant sa femme, il ne donnait pas cher de sa peau. « Je n’en doute pas. » Il savait que cette réplique valait pour lui aussi et le procès de ce matin, Brooke ne renoncerait pas, il savait qu’elle avait une attaque solide et qu’elle n’était pas du genre à se démonter. Il lui adressa un petit sourire en coin en, repoussa sa veste pour enfoncer sa main gauche dans la poche de son pantalon. « Je ne me lève pas aux aurores pour renoncer à une affaire ma jolie. Et puis je ne veux pas me priver de vois voir plaider, c’est tellement intéressant à chaque fois » Pour le coup c’était un vrai compliment, il admirait le travail de l’avocate, sa répartie, sa maturité compte tenu de son âge, son stoïcisme et le charme qu’elle dégageait mais cela a déjà été mentionné. Pourtant il ne se voilait pas la face, il savait que l’affaire était perdue d’avance. L’un de ses employés avait clairement merdé, avec un petit client pour lequel les associés de la banque n’avaient pas vraiment eu d’intérêt, trop de travail, trop de dossiers plus importants, trop de pressions de la part de contrats immanquables. Pourtant le conseillé de ABC Corporation s’était planté sur toute la ligne, enchaînant les bourdes, sans se douter un instant qu’il finirait par porter plainte contre la banque et qu’il emploierait l’une des plus redoutables avocates pour le défendre. Donovan ne venait pas pour gagner ce procès, son avocat lui avait d’ailleurs bien fait comprendre qu’ils étaient cuits, il voulait simplement minimiser les frais, faire comprendre au jury que le conseillé avait été incompétent, il avait d’ailleurs été renvoyé à la suite de sa bourde et qu’il n’était pas dans la politique de la firme de traiter leurs clients de la sorte, que les erreurs arrivent, personne n’est parfait, mais qu’ils se montraient d’autant plus rigoureux de par ce fait.

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Leur jeu de rôle valait bien un howard pour ces deux faux comédiens. Pour sa part, et secrètement, Brooke pouvait parfois trouver la situation amusante. Elle en rirait, et ça même si elle détestait Donovan. Il est vrai qu’il était une personne qu’elle a finit par haïr suite aux aléas de leur aventure, elle avait donc abandonné toute idée de le connaitre ou pire encore de le pardonner. Difficile pour elle de croire qu’il la complimente et qu’il pense réellement qu’il désirait la voir plaider. D’un geste instinctif, Brooke bomba sa poitrine pour soupirer. « Ne dîtes pas ça, je suis encore jeune… J’ai tellement à apprendre ! » lui dit-elle sous ses airs de fillette, désemparée. Son numéro pouvait durer des heures entières, qu’ils se piqueraient l’un et l’autre jusqu’à l’aube.

Soit. Les salutations étaient faite, elle arracha un faux sourire à l’avocat de la partie adverse (une façon parmi tant d’autre d’intimider son adversaire) puis tourna les talons pour saluer son client. Elle le rassura, une énième fois, car elle était quasi certaine de remporter l’affaire sans même qu’ils puissent passer en cour de cassation. Le gérant, Mr Tobias POTTER, était un vieil homme d’une soixantaine d’années, proche de la retraite. Il s’inquiétait car son entreprise était bien plus pour lui qu’un bizness et un gagne pain. Cet homme portait en lui de réelles valeurs. L’affaire relevait d’un héritage familial, motivation pour laquelle il tenait ce procès très à cœur. Une fois de plus, Brooke le rassura révélant cette douceur qu’elle avait en elle. Elle lui tint les mains, gentiment, et garantit formellement que tout allait bien se passer.

Ce n’est qu’une fois qu’elle vit qu’il fut apaisé qu’elle l’invita à prendre place dans le tribunal. Elle s’installa au bureau, à ses côtés, puis commença à déballer ses documents d’appui. Ils étaient peu nombreux dans la salle, pas plus d’une vingtaine à participer au procès. Tous attendaient le juge, qui ouvrira l’audience. Brooke je ta un bref regard sur sa montre, comme d’habitude il se faisait désirer.
Avant même qu’elle ne se plonge dans le dossier papier, le juge ouvra la séance. Tout le monde se leva, ainsi imposait la tradition judiciaire. Les deux parties présentèrent les faits avec chacun leur version. Mr POTTER demandait 35 000 dollars de dommages & intérêts (une bagatelle pour Emery & Fils). Bien entendu, Brooke s’appuya sur les documents clés. Pour influencer l’avis des jurés, elle prit comme témoin le fils du client qui devait reprendre le flambeau d’ABC Corporation. Ainsi elle appela aux sentiments et aux valeurs familiales qui pourraient toucher les jurés. Elle avait d’innombrables atouts dans cette affaire, et à chaque fois qu’elle prenait la parole tout glissait très naturellement comme une tartine de pain beurrée.

« Monsieur le juge. Messieurs et Mesdames les jurés, je ne vous ferais pas perdre votre temps. L’affaire est simple. ABC Corporation est une petite entreprise familiale qui existe depuis plus de 50 ans. Le père de Mr POTTER, avait fondé en 1962 ABC Corporation. Il souhaite d’ailleurs léguer, à la fin de ses jours les droits sur son entreprise. Mais comme vous le savez, pour cela, il faut assurer sa pérennité. Et pour faire perdurer une entreprise, elle a besoin d’une relation irréprochable avec sa banque. Seulement la banque Emery & fils a commis des erreurs, préjudiciables aux yeux de la justice. Comment peut-on avoir de nouveau confiance lorsque cette confiance est brisée ? Imaginez qu’on brise une corde, même en la ralliant d’un nœud, il y aura encore cette fragilité constante […]. C’est à vous de juger l’avenir non seulement d’une vie, mais de toute une famille. » Elle termina sa synthèse, très confiante. Avant de retrouver son siège, elle échangea un regard intense avec Donovan. Une certaine tension – allez savoir laquelle - se manifestait.
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Brooke & Donovan

La jolie blonde tenait son grand sourire comme si elle appréciait cet échange avec Donovan, lui ne put s’empêcher de baisser les yeux sur sa poitrine qu’elle bombait soit disant sans s’en rendre compte, il n’était qu’un homme et quand une paire de seins comme celle de Brooke se dressait face à lui, il était difficile d’y rester indifférent. Imaginez que la dite poitrine ait hanté toute votre adolescence, bercé les fantasmes de vos nuits et éveillé l’homme que vous êtes à une vie sexuelle délicieuse, bref, je m’égare, disons juste que Brooke avait des atouts indéniable qu’elle savait parfaitement tourner à son avantage. Pourtant Donovan ne put s’empêcher d’échapper un bâillement qu’il écrasa rapidement, il était tôt et en vérité, cet échange avec miss Kennedy l’ennuyait, il aurait préféré milles fois rester dans son lit et s’éveiller doucement auprès de son épouse. « A tout à l’heure ma chère. » il ne lui souhaitait pas bon courage, elle n’en avait pas besoin.

En entrant dans la salle il tourna sur la gauche pour s’installer auprès de son avocat, il jeta un œil à la défense et croisa le regard de son ancien client, monsieur Potter, la vérité c’est que son visage ne lui disait rien du tout, il ne l’avait jamais vu, peut-être croisé dans une agence mais pas au point que cela le marqua, comme tant d’autres visages inconnus, les banques Emery&fils brassaient énormément d’argents, accueillaient énormément de clients et Donovan n’avait pas le temps d’attacher de l’importance à chaque personne, il n’était pas un petit artisan qui connaissait le nom de chaque personne qui entrait dans sa boutique, lui était un business man, non pas que ça lui plaise, mais c’était son job et ce procès le contrariait.
Il savait que l’issue de l’audience était courue d’avance, il devait simplement faire acte de présence et témoigner lorsque son tour viendrait. On commença par le plaidoyer de Brooke, elle en faisait des tonnes, insistait pour amadouer les jurys, pourtant elle savait parfaitement ce qu’elle faisait et ils lui mangeaient dans la main. Lorsqu’elle retourna à sa table elle ne manqua pas de le regarder de haut, Don, lui l’avait observé tout le long de son discours, mi énervé mi impressionné, il lui adressa un sourire en coin. L’avocat de la banque, maitre Harold s’avança à son tour devant le juge, il ne cacha rien de l’erreur de ses clients mais il était beaucoup moins dramatique que Kennedy, démontrant que monsieur Potter avait clairement de problèmes de gestions de son entreprise, cela dû entre autre à son comptable qui ne faisait pas suffisamment son travail, insistant sur le fait qu’il était déjà en déficit avec une banque précédente. En faveur d’Emery&fils, il leur reconnaissait cette chance qu’ils avaient offerte à l’entreprise ABC lorsqu’elle avait cherché à se faire suivre par cette banque, ils auraient pu refuser dès le départ le contact avec cette petite entreprise en déficit mais ils lui avaient donné sa chance, à tort, certes le conseillé avait mal fait son travail mais il ne fallait pas tout mettre sur le dos de la banque. Il appela à la barre le fameux conseillé, Mattew McBell, un jeune homme imbu de lui- même qui avait déjà perdu son job et qui s’apprêtait à refouler sa fierté s’il ne voulait pas être rayé de la profession. Celui-ci avoua qu’il était peut-être trop jeune et inexpérimenté pour tenir tout le dossier sur ses épaules et qu’il avait fait l’erreur de ne pas demander l’aide de ses supérieurs. Donovan fut à son tour appelé à la barre pour répondre à quelques questions, tout était préparé et il n’avait rien à cacher. Il jura de dire toute la vérité.
« -Monsieur Emery, connaissez-vous monsieur Potter ?
-Non maitre, j’ai eu connaissance de son dossier mais je n’ai jamais rencontré cet homme.
-Pourtant lorsque des litiges sont constatés entre un client et vous ne cherchez vous pas à rencontrer celui-ci ?
-Les litiges qui ont été constatés avec monsieur Potter ne sont habituellement pas de mon ressort, je gère des affaires bien plus importantes d’ordinaire et monsieur McBell aurait dû être capable de s’en occuper sans incidence.
-Pourtant il n’en a pas été capable et c’est pour cela que ABC corp se retrouve endetté.
-Certes c’est totalement regrettable, nous aurions dû être mis au courant lorsque les choses se sont envenimées, pour pouvoir intervenir.
-Pensez-vous que votre client a été mal servi monsieur Emery ?
-Oui, bien entendu, c’est une réelle erreur de notre personnel, cependant nous sommes habituellement étrangers à ce genre de litiges, nos procédures sont rigoureuses et notre personnel qualifié. Je demande simplement au jury de comprendre qu’on ne juge pas une multi nationale comme la nôtre à une simple faute, mon père s’est engagé, en créant son entreprise, à exiger la qualité de la part de tout son personnel, nous avons à cœur la pérennité financière de tous nos clients et chaque fois que nous échouons c’est autant de déception, nous sommes dans une perpétuelle recherche de la bonne gestion du patrimoine de nos clients. J’aimerai, cher jury, que vous compreniez que dans cette affaire il y a certes eu une erreur de la part d’un membre du personnel, mais un seul membre, une seule erreur, ne doit pas être imputable à tout un groupe.
-Merci monsieur Emery
-Merci à vous. »
Il se leva en prenant soin de lisser sa cravate sur sa chemise, salua le juge et le jury et retourna à sa table. Lançant un regard vers Brooke qui ne l’avait pas lâché du regard, il osa un clin d’œil provocateur, ils jouaient clairement au chat et à la souris.

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Brooke jubile, son triomphe sur Donovan ne saurait tarder. Cette affaire juridique était en quelque sorte sa petite vengeance personnelle pour châtier sa lâcheté passée. Les meilleurs avocats prennent des cours de théâtre, un procédé peu connu du grand public mais qui n’a rien d’étonnant. Leur intonation, leur mimique, leur gestuelle, sont des atouts incontestables pour toute bonne plaidoirie. Concernant Brooke, elle dû émettre un énorme travail sur elle-même pour surjouer de ces capacités théâtrales. Elle apprit vite, heureusement, car à la base, interpréter un rôle était très loin d’être son tempérament.

Sans surprise, l’avocat de la partie adverse interrogea Donovan. Ce dernier reconnaissait les torts de son employé, et donc, ses propres torts. Il était clair qu’il cherchait à minimiser les dégâts d’une mauvaise publicité pour la banque Emery & fils. Jusqu’ici il n’y avait rien d’alarmant, en effet, mais lorsque Donovan s’adressa au jury, Brooke voulu sortir de ses gonds. Une voix intérieure en elle se demandait pour qui il se prenait, imitant lui aussi le même stratagème : c’est-à-dire attiser l’affection du jury. D’ailleurs pour répondre à cela, elle haussa les yeux ciel d’un air ennuyé, la tête reposée sur ses mains.

« Ah vous avez fini ? » dit-elle sous ses battements de cils. Elle se leva sans attendre. « Je rappelle Monsieur Donovan Emery à la barre. » d’un geste dramatique elle désigna le lieu comme si il était bienvenu. Avant d’interroger son ennemi juré, Brooke plongea son regard poignant dans le sien. « Monsieur Emery, vous dites ne pas connaitre notre client, Monsieur Potter, n’est-ce-pas? » une simple question pour une simple réponse dont il avait déjà répondu juste avant.

Une fois qu’il put confirmer, elle reprit la parole. « Vous ne l’avez donc jamais vu, vous n’avez pris connaissance de ses informations personnelles en tant que client, que lorsqu’il vous a attaqué en justice? » Le laissant à peine le temps de répondre à cette dernière question, la blondie avocate reprit vivement : « Donc si vous ne connaissiez pas Monsieur Potter comment pouvez-vous oser demander au jury d’être indulgent? Car oui, vous la représentez aujourd’hui, si bien que vous semblez vous-même oublier que vous donnez une image de directeur insouciant à ses clients. » son air agressif espérait intimider le jeune homme, dont les jurés avaient les yeux rivés sur lui.

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Brooke & Donovan

Donovan se doutait que son tour n'était pas passé, que Brooke chercherait à l'interroger et a le déstabiliser, il la connaissait bien et ses méthodes étaient redoutables, ceci dit elle ne l'effrayait pas, il ne rentrerait pas dans son jeu. Elle avait la réputation d'effrayer ses adversaires, mais aujourd'hui Donovan ne se sentait pas en tord. Certes, une énorme bourde avait été commise et il ne cherchait pas à s'en dédouaner, il savait que ce procès était perdu d'avance, c'était juste une belle mascarade pour que le client adverse empoche le plus d'argent possible. La banque avait un budget pour ce genre de soucis et cela ne l'effrayait donc pas de devoir signer un chèque, le moins gros possible soit dit en passant. Mais surtout il devait assurer la bonne image de l'empire, pour cela non plus il ne s'en faisait pas trop, Emery & Fils était l'une des banques les plus fiables du pays, du monde peut-être aussi, comme il l'avait dit, son père était ce qu'il était, mais il avait fait de sa petite banque familiale une multinationale respectable, qui traitait ses clients avec dignité, ces derniers venaient leur confier leur patrimoine en toute confiance et ce procès ne changerait probablement totalement la réputation du groupe, Donovan devait s'en tenir à son texte initial, ne pas changer de cap, la faut devait être imputée à leur employé négligeant, point barre.

Notre blond répondit affirmativement au fait qu'il n'avait jamais rencontré monsieur Potter. C'est là que Brooke commença à attaquer, cela ne lui plaisait pas, elle avait le visage tendu, elle fronçait légèrement les sourcils ce qui créait deux petits stries à la base de son front, Don trouvait ça sexy, il ne pouvait pas s'en empêcher. Elle posa une seconde question mais ne laissa pas le temps à son adversaire de répondre, il voulait sourire, le coin de sa lèvre droite s'étirait déjà, mais il se contrôla, il devait rester impassible. "Rares sont les clients qui rencontrent systématiquement le responsable d'une banque. J'ai moi-même mon portefeuille de clients, ce qui me prend un temps considérable et je n'ai pas le temps de gérer tous les dossiers, ça serait impossible. Une entreprise comme la notre possède un service contentieux qui est chargé de gérer ce genre d'affaires. Voici pourquoi je n'ai jamais eu à rencontrer monsieur Potter." Il s'adressa un instant au juge. "Puis-je vous faire parvenir un papier, ainsi qu'au jury ?" Le juge le jaugea puis fini par hocher la tête affirmativement. "Ceci est le rapport de notre service contentieux, un accord avait été trouvé avec notre client, un marché très avantageux pour ce dernier, voici l'ultime raison qui fait que je n'ai pas eu à avoir affaire à monsieur Potter, nous n'aurions jamais dû se trouver face à vous aujourd'hui si notre client avait accepté cet accord."

Les interrogatoires et autres plaidoyers continuèrent encore durant une bonne heure, Donovan commençait à sentir un début de migraine le gagner mais il n'en montra rien. Finalement le jury se retira pour délibérer ce qui laissa le loisir aux différentes parties de sortir de cette salle. Donovan sorti fumer une cigarette salvatrice qu'il dégusta avec plaisir.

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Rien n’était plus exquis, plus somptueux, plus céleste, qu’une victoire juridique. L’avocat de la partie adverse se battait tel un spartiate, étalant les seules cartes qu’il avait en main. Brooke prenait un délicieux plaisir à observer Donovan, un jeu vilain, certes, mais tellement jouissif. Son sourire s’élargissait et ça, même lorsqu’il se défendit avec grande perspicacité – même elle, l’admettrait sans rougir.

Pour résumer, il s’en sortait avec brio malgré que l’affaire soit perdue d’avance. Les procédures bancaires qui avaient suivi permettaient de réparer la faute. La banque vs Mr Potter était tout de même un combat sans surprise. Il est évident que le client de Brooke arrivait à atteindre plus facilement l’émotivité et l’esprit ouvrier/familial de l’ensemble des jurés. Pourtant, avec son discours, Emery évitait les dégâts monstrueux et coûteux publicitairement parlant. Il allait se tirer de sa toile, une petite déception aux yeux de Brooke.

L’heure de la pause sonnait, le jury allait enfin délibérer. Le temps pour Brooke d’aller chercher un cappuccino au coin de la ruelle du tribunal. A son retour elle croisa Donovan, soupçonnant d’être détendu par l’appel de la nicotine. Elle le regarda du coin de l’œil mi séduite, mi méprisée. Une chose était certaine, il ne la laissait pas indifférente.

Sans rien ajouter, elle tourna les talons toujours fièrement. Elle qui avait été laissé de côté lors du dépucelage de Don, tenait aujourd’hui sa vengeance. Les dommages et intérêts s’élevaient à une somme maudite pour la banque Emery, mais pour Mr Potter, il s’agissait d’une nouvelle vie qui allait enfin pouvoir commencer.

FIN DE LA SCENE

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