be lovers on the sun -r.

Tara semblait aussi emballée que moi à l’idée qu’on aille en Nouvelle-Zélande, sur les traces du Seigneur des Anneaux, ensemble. Elle me proposa même la semaine prochaine ou dans deux semaines. L’excitation était au comble. Mon cœur faisait des sauts en hauteur et en longueur en même temps dans ma poitrine. J’avais l’impression de sentir mon sang parcourir mon corps, chacune de mes veines, je sentais tout ce qui se passant à l’intérieur de moi. C’était tellement intense. La métaphore des papillons dans le ventre n’avait jamais eu autant de sens qu’en ce moment. Les fourmis dans les pieds non plus. Je sentais tout mon être s’emballer à la vitesse de la lumière. J’espérais que ce phénomène hors du commun ne paraissait pas trop sur mon visage. Je ne voulais pas avoir l’air trop accro non plus, trop fou, trop prêt à tout pour être avec elle. Parce que même si j’avais maintenant la conviction que je lui plaisais, je ne voulais pas la faire fuir en tombant trop rapidement amoureux. Pourtant, c’était le cas. Putain, je tombais amoureux.

« T’es sérieuse ? Tu serais vraiment prête à partir ce mois-ci ? Tara c’est … oui !! Bien sûr que je serais prêt ! » Je m’en fichais de mes contrats, je trouverais le moyen de tester tous les jeux sur ma liste d’ici-là, même si j’avais à travailler vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je prendrais ensuite congé en assurant à mes employeurs que je donnerais autant d’effort à mon retour pour m’assurer de respecter tous les délais. Tomber des nues était un euphémisme. J’étais complètement abasourdi par cette proposition. Mes rêves devenaient enfin réalité. La femme idéale pour moi. Franchement, il faudrait que je lui trouve bientôt quelques défauts, sinon j’allais souffrir d’un syndrome d’infériorité !

La serveuse nous coupa dans cet élan en apportant les menus. Ce n’était pas grave, avec des plans pareils, j’étais persuadé qu’on en reparlerait assez rapidement. Elle n’avait pas lancé cette idée en l’air, je savais qu’elle le pensait sincèrement. Tout comme moi. Enfin, j’espérais que c’était son cas à elle aussi. Bref, après avoir fait nos choix, je fis un signe à la serveuse et celle-ci prit nos commandes. Tara avait pris du magret de canard. Je lui fis un sourire et des yeux se voulant accusateurs. « Zut. J’hésitais avec ça. Maintenant tu vas me faire regretter. » Mais la serveuse était déjà partie. « J’appelle ça la théorie du « Je regrette ». » La demoiselle me lança un regard interrogateur. « C’est comme en ce moment. Si tu n’avais pas pris le choix avait lequel j’hésitais, j’aurais été en paix avec moi-même car je n’aurais jamais su de quoi avait l’air le choix que je n’avais pas sélectionné. Mais là, si le tien a l’air meilleur, je regrettai. » Je rigolai. « On avait inventé ça, ma sœur et moi, quand on était gosses. » Bon, on avait simplement mis un nom – merdique, soit dit en passant – sur un phénomène que bien des gens vivaient. Nous n’avions aucun mérite là-dessus. Sur ce, je nous resservis chacun un verre de vin.

En y pensant, tu trouvais la situation un peu irréelle, tu venais de le rencontrer, tu dînais avec lui, et tu sentais en fond de toi qu'il était la personne susceptible de partager ta vie entière, ou du moins ce qu'il en restait. Tu savais qu'il serait le père de tes enfants et que tu finirais par l'épouser, tout était une question de temps, il ne fallait pas te précipiter et tu ne le faisais jamais. Au début tu passais toujours le maximum de temps avec celui qui pourrait faire chavirer ton coeur afin de le découvrir et de te faire une idée sur lui, et s'il te plait, alors tu fonces, en attendant de finir par tomber amoureuse, et si ça n'arrive pas, c'est que tu t'étais trompée. Mais là tu étais séduite par son personnage, c'était un homme vivant, qui avait envie de partir découvrir le monde, qui partage tes passions et tes projets, alors tu ne pouvais qu'être séduite. Il ne semblait pas y croire, mais tu ne pourrais jamais rire de ça, tu étais une personne un peu droite avec un peu d'honneur, si tu promettais quelque chose, tu faisais en sorte de tenir cette promesse. « Je crois qu'il est temps que je profite de ma vie, que je voyage avant qu'il soit trop tard et que je vives avec des regrets ! » Tu étais contente de toi, peut-être que tu avais trouvé quoi faire de ton argent, financer ton voyage, voire votre voyage, après tout, il n'avait peut-être pas les mêmes moyens que toi, mais tu ne voulais pas mettre ce sujet sur le tapis, vous verriez ça en temps et en heure, parce que ce n'étais pas un sujet que tu souhaitais aborder, surtout que vous n'étiez même pas en couple, vous n'étiez rien du tout pour le moment, bientôt vous serez compagnons de voyage. Quand la serveuse repartit, il te fis de gros yeux et un petit sourire, avant de t'expliquer sa réaction. Il t'expliqua alors sa théorie du regret, et tu te retenais de rire, tu ne te moquais pas mais c'était drôle. Jamais de ta vie on t'avait sortit une telle chose, et ça paraissait fou qu'on puisse regretter le choix d'un plat, après tout, pour toi tout était bon. « Eh bien dans ce cas, je te promets de ne pas te faire goûter et de te dire que c'est affreux comme plat, et que j'aurais dû choisir comme toi, comme ça, aucun regret ! » Tu attrapas ton verre pour prendre une petite gorgée, avant de lui sourire. Si la serveuse avait mis du temps a apporter les cartes, les entrées quant à elles étaient vite servies.

Si seulement j'avais su ce que Tara pensait de moi, qu'elle nous imaginait déjà un futur de mariés et de parents, j'aurais sauté sur l'occasion pour ne plus jamais la perdre. Lui faire comprendre tout de suite, pour ne pas perdre de temps, que je désirais moi aussi passer ma vie à mes côtés. Mais non, la vie et l'amour ne sont pas faits pour être aussi faciles à comprendre. Je ne pouvais lire dans les pensées de la blondinette et elle ne pouvait lire les miennes. Nous ne pouvions que tenter de notre mieux d'envoyer les bons signaux, et espérer que l'autre les capte adéquatement. La communication est toutefois tellement difficile entre les humains en général. Surtout avec moi, qui étais tellement timide et qui avais tellement une basse estime de moi-même. Je n'allais pas me montrer insistant ni même me lancer dans le vide sans savoir s'il y avait un filet en-dessous ou pas. Tara allait donc devoir deviner ou bien attendre que je me sente plus confiant vis-à-vis d'elle.

« C'est une très belle façon de voir la vie. Je pense qu'on passe à côté de bien des choses quand on se met des freins à tout bout de champ. » L'appuyais-je. Vivre avec des regrets était ma plus grande peur. Être dans mon lit de mort et me dire "j'aurais dû faire telle chose..." ou me rendre compte que mes choix ne m'avaient pas rendu heureux. Cela était un cauchemar à mes yeux. On n'a qu'une seule vie, après tout. Pourquoi la gâcher à vouloir trop garder les pieds sur terre ?

Finalement, le sujet du voyage prit le bord quand la serveuse arriva pour prendre les commandes. En même temps, c'était sans doute mieux ainsi. Il fallait quand même prendre le temps de voir si ça cliquait effectivement bien entre nous, à plus long terme que seulement deux sorties. Si, au bout de deux semaines, à force de se voir à maintes reprises, nous avions toujours une aussi belle complicité, alors pourquoi pas partir sur un coup de tête. Si nos emplois du temps nous le permettaient, évidemment. Suite à la prise de nos commandes, j'expliquai à Tara ma théorie du regret puisqu'elle venait de prendre un plat avec lequel j'hésitais. Cela semblait l'amuser. En même temps, j'avoue que c'était plutôt con, comme concept. J'éclatai de rire quand elle me dit qu'elle ne me ferait pas goûter, pour être certaine que je ne regrette pas. « D'accord. Mais tu ne goûteras pas au mien non plus, alors. Peut-être que c'est toi qui regretterais ... » Blaguais-je. En réalité, Tara pouvait bien goûter si elle le désirait, cela me ferait même plaisir.

Les entrées arrivaient déjà. Visiblement, la serveuse se rattrapait du temps mis à nous faire commander. Elle avait dû mettre de la pression aux cuisiniers. Tant mieux, je mourrais de faim. Je la remerciai et attrapai ma cuillère. « Bon appétit ! » J'entamai ma soupe, l'air aux anges. C'était délicieux. Dix minutes et quelques sujets de conversation plus tard, les plats principaux arrivèrent déjà. Je venais à peine de terminer ma soupe. « Un peu plus et ils nous mettent à la porte avec nos plats pour emporter ! » M'exclamais-je en riant, en voulant dire qu'ils semblaient pressés de nous voir partir.

Tu sentais que la soirée prenait un tournant que tu n'avais pas imaginé, tu ne pensais pas qu'il pouvait te plaire autant, et tu n'étais pas déçue d'avoir pris ton courage à deux mains et d'accepter sa proposition. C'était un homme très charmant, et il était de bonne compagnie, il n'y avait aucune chose qui pourrait te faire reculer maintenant. Tu étais prête à passer le cap de ton célibat et de ta rupture, mais il faudrait que tu lui en parles assez vite, tu ne peux pas lui cacher indéfiniment ton passé, il faut qu'il sache dans quoi il s'engage. Mais pas ce soir, ce soir ce n'était pas le sujet à mettre sur le tapis, surtout pas après lui avoir proposé le voyage, vous imaginez : « Ça te dis qu'on parte visiter la Nouvelle-Zélande, au fait, je sors d'une relation de 7 ans, où j'étais fiancée. » Non, définitivement, ça ne serait pas ce soir, peut-être après le voyage, une fois que les choses seront vraiment prêtes à commencer. Ou bien c'est un bon moyen pour l'effrayer par la suite. Peut-être que ne pas lui dire était une bonne solution. En tout cas, tu étais enfin prête à vivre ta vie, et peut-être te lancer dans le vide au moment venu, même si ça semblait compliqué, pour toi qui aime tant tout planifier. Et ta manie de tout prévoir, te repris plus vite que tu ne le pensais. « Dans ce cas, si tu es libre demain soir, je suis prête à t'écraser au jeu de ton choix ! » Tu lui fis un très large sourire accompagnée de ton plus beau clin d'oeil. Tu espérais qu'il ne le prendrait pas comme un défi, même si tu adorerais ça. Ton but n'était pas de le confronter, parce que d'une certaine manière, selon le jeu choisi, tu avais peu de chance de le battre, après s'il prend le classique jeu de course de Nintendo, alors il n'avait aucune chance, ça tu en étais presque sûre. D'ailleurs, s'il existait un tournoi mondiale, tu serais sur le podium, ou juste en dessous. Ça va les chevilles ? Tu avais envie de rire, mais tu passerais certainement pour une folle qui se parle à elle-même et tu n'étais pas sûre qu'il comprendrait , en tout cas, pas après deux rendez-vous, alors tu l’étouffas. « Oh non ! Je mourrais d'impatience de pouvoir t'en voler un morceau.. » Tu fis une petite moue pour accompagner ta remarque en espérant qu'il morde à l'hameçon et qu'il te laisse goûter. Pour le convaincre, tu employas sa méthode. « J'appelle ça la théorie de l'expérimentation : c'est une habitude que j'avais petite, quand on allait au resto avec mes parents ou mes amis, je voulais toujours goûter ce qu'ils avaient pris, pour me faire une idée du restaurant en général et pas juste de mon plat, parce que je pouvais tomber sur le meilleur mais parfois le pire plat du restaurant et ne plus venir par exemple alors que j'avais juste fait un mauvais choix. » Tu te mis à rire, pour une fois, tu avais écouté ce que tu avais dis et c'était assez mauvais comme nom de théorie, mais tu n'avais rien de mieux à cet instant précis. Mais pas le temps d'ajouter quoi que ce soit, ton entrée était déjà là. « Bon appétit ! » Ton regard revint assez vite sur ton assiette, qui était assez peu garnie, et tu n'étais pas sûre que c'était la meilleure des entrées, et malgré son peu de contenu, c'était tout de même assez bon en bouche, et c'est ce qui comptait le plus pour toi. Mais à peine ta dernière bouchée enfournée, la serveuse était là avec les plats. Elle n'avait même pas pris la peine de vous débarrasser l'entrée, surtout que Nell', lui n'avait pas encore fini. Elle posa les assiettes là où elle pouvait, en repartant avec la tienne, et ça, sans même un sourire. Une fois assez loin, tu hochas la tête pour approuver ses propos. « Heureusement pour nous qu'on n'a pas encore commandé le dessert, sinon dans 5 minutes on était bon pour le départ ! » Tu lâchas un petit rire bien que rien de tout ça n'était drôle, tu trouvais ça un peu limite, en tout cas, tu ne t'attendais pas à un tel accueil de la part de la serveuse, peut-être qu'elle avait un truc contre l'un de vous. Une tête qui ne revient pas, après tout on ne sait pas toujours ce qui se passe dans la tête des gens. « En tout cas, les plats sont supers et sentent divinement bons ! » Tu approchas ton assiette de toi, prête à attaquer.

Toutes les planètes semblaient s’aligner rien que pour moi. Tout roulait comme sur des roulettes. Tout fonctionnait à merveille. J’avais presque envie de me pincer sous la table pour m’assurer que j’étais bien réveillé, que ce n’était pas un rêve. Après tout, la femme qui habitait mes pensées depuis quelques semaines rien que pour sa gueule d’ange et maintenant pour sa personnalité des plus magnifiques, était ce soir devant moi et venait même de simili-prévoir un voyage en Nouvelle-Zélande pour les prochaines semaines. C’était hallucinant et je n’arrivais sincèrement pas à y croire. Le comble du bonheur arriva quand la blondinette me proposa qu’on se revoit le lendemain afin de jouer aux jeux vidéo, et qu’elle m’écrase. Trois rendez-vous sur trois jours consécutifs, cela voulait nécessairement dire que je lui plaisais autant qu’elle me plaisait, non ? Sinon elle se donnerait le temps de réfléchir davantage à l’éventualité de se mettre en couple avec moi. Là, nous plongions tous les deux tête première dans ce bain d’amour. « Je suis tout à fait libre, et ce serait un plaisir de me faire écraser à plate couture par toi ! » Je souris à son clin d’œil. Je me sentais tellement bien en sa compagnie, j’aurais envie que dès que la soirée se termine, nous en soyons déjà à demain soir. Parce que je savais que ma journée de demain serait comme celle d’aujourd’hui : une interminable attente avant de pouvoir revoir son sourire désarmant.

Les commandes prises, je dis à Tara que si je ne pouvais pas goûter à son plat, elle ne goûterait pas au mien non plus, même si sa raison était meilleure que la mienne. Moi, c’était simplement par vengeance. Par faux soucis d’équité. J’haussai les épaules, haussant les sourcils et levant les yeux vers le haut. « Mh-mh. Pas de bouchée si je n’en ai pas une non plus. » Je rigolai à sa moue. Puis je rigolai encore plus lorsqu’elle m’expliqua sa théorie de l’expérimentation. Je savais qu’elle venait d’inventer ça de toute pièce rien que pour se moquer de ma propre théorie du regret. Elle avait dû trouver cela tellement ridicule qu’elle en rajoutait une couche avec cette fausse théorie inventée en cinq secondes. « Pas bête, pas bête. » Dis-je en souriant et en prenant une gorgée de vin. J’avoue que sa théorie faisait quand même autant de sens que la mienne sinon plus, alors je ne pouvais pas la discréditer.

Les entrées arrivèrent et nous nous souhaitâmes un bon appétit tout en entamant nos plats. La jeune femme ne semblait pas des plus satisfaites de son choix alors que le mien était divin. Malheureusement, une soupe se partage plutôt mal alors je ne proposai pas. Je ne nous pensais pas arrivés à l’étape de partager la même cuillère. Un vrai baiser avant serait plus normal, non ? J’avais à peine terminé ma soupe que les plats principaux arrivèrent. Je poussai mon bol un peu plus loin afin de faire de la place pour le prochain, me sentant assez pressé par la serveuse, ce que je ne tardai pas à commenter dès qu’elle tourna le dos. Tara appuya mes propos. « Parti comme c’est là, elle va nous amener la facture avant même de nous avoir proposé le dessert, en fait ! » Et pourtant, je tenais mordicus à mon dessert. J’avais la dent sucrée et rien de mieux pour clore un repas, à mon avis. « Oui ! Les cuisiniers ont mon respect, eux. » Dis-je en riant légèrement. Puis j’attaquai mon assiette en même temps que Tara, poussant un gémissement de bonheur tellement c’était goûteux. Je piquai un morceau de la viande et la tendis vers Tara. « Tiens, goûte, j’peux pas te laisser partir sans que t’aies goûté ! » Comme j’étais gentil de revenir ainsi sur ma décision …

Tout te semblais si irréel, tu avais l'impression d'être d'en un rêve, et tu ne pu t'empêcher de te pincer doucement le bras sous la table pour être sûre que tout soit bien réel, qu'il ait réellement accepté de te revoir demain, pour jouer avec toi, qu'il soit vraiment prêt à s'envoler. Mais tu ressentais bien la douleur, et tu n'étais absolument pas dans ton lit, tu étais bien à table, face à lui. Tu sentais tes lèvres s'étiraient d'une oreille à l'autre, pour former un sourire. « Parfait, dans ce cas, disons vers 20h ça te va ? » Tu te sentais victorieuse, comme si tout était à portée de main, que si tu le voulais ce soir, tu pouvais réussir, que la vie te souriait et que rien ne pourrait se mettre en travers de ton chemin. Tu te sentais si chanceuse, que tu avais envie de courir et de sauter partout comme la petite fille  à qui on venait de dire oui pour aller à Disneyland. Tu voulais remercier le monde entier et peut-être envoyé une carte postale au Père Nöel, pour son cadeau d'avance, ou bien à Dieu, même si tu n'étais pas une grande croyante. Et maintenant tu étais impatiente, pour demain, pour l'avenir. « Je t'ai fais une promesse, ce serait méchant de te faire regretter ton choix. Et si je te dis : s'il-te-plaîîîîîît ! » Tu ouvris grand les yeux et clignas quelques secondes des paupières pour prendre un air de chien battu, en espérant qu'il soit sensible à ton charme. Mais il ne semblait pas vouloir cédé. « Je sais ! » Tu plissas les yeux pour prendre un air espiègle. Tu te sentais si fière de toi d'avoir trouvé une petite parade, sans vouloir forcément te moquer de lui, c'était plus de la taquinerie qu'autre chose, mais c'était une chose dans la vie qui t'amusais toujours. Pour passer un peu le goût qu'avait laissé ton entrée tu pris une gorgée de vin en l'écoutant, manquant de t'étouffer. Tu avalas trop vite que tu avais l'impression que tout allait ressortir par le nez, glamour n'est-ce pas ? Mais tu attrapas ta serviette pour la porter à ta bouche et attendre que ça passe. Une fois toute ta féminité revenue, tu pris la parole. Et ça sonnait plus comme un ordre que comme une remarque. « Jamais de la vie, le dessert c'est sacré et à la carte, il y avait de petites merveilles, donc il est impossible qu'on parte sans avoir eu de dessert, ce serait un crime ! » Mais l'heure n'était pas au dessert, mais au plat. Enfin, tu attendais que Nelligan finisse son entrée, parce que c'était la moindre des choses. Et une fois qu'il fut prêt, tu attrapas ta fourchette, pour attraper un bout de viande, et le laisser fondre dans ta bouche. Bim. Bam. Boum. C'était une vraie explosion de saveur, tu avais bien le goût du canard en bouche, et en même temps de diverses épices que tu ne pourrais différencier. Un vrai régal. Tu t'apprêter à en prendre une autre bouchée quand il attira ton attention, avec sa fourchette. Il avait finalement pas pu résister, il était si gentil avec toi. Tu approchas tes lèvres de sa fourchette. Tu fermas les yeux une seconde, te laissant transporter par ce que tu avais en bouche, c'était succulent, et à vrai dire, tu ne pourrais pas choisir entre l'un ou l'autre, les deux se valaient, en tout cas c'était ton avis. « Merci, c'est drôlement bon ! » Tu lui fis un beau sourire, avant de couper un morceau et de tendre ta fourchette à ton tour, parce qu'il devait y goûter absolument. « Tu peux pas partir d'ici sans y avoir goûter, ce serait terrible. »

J'aimais qu'elle soit autant investie dans ce début de relation. Cela voulait dire qu'elle s'intéressait réellement à moi. Sinon, elle aurait attendu que je propose par moi-même la prochaine sortie, et aurait accepté peut-être rien que par pitié ou alors aurait refusé, tout simplement. Sauf que là, c'était bel et bien Tara qui avait lancé l'idée de jouer à des jeux vidéo ensemble, demain même. Elle avait envie de me revoir aussi rapidement. C'était peut-être impulsif, mais cela témoignait de notre envie d'apprendre à connaître l'autre. Parce que tout ce que je savais de Tara présentement ne faisait que me donner encore plus le goût de connaître toutes ses autres facettes, car j'aimais tout d'elle. C'était insensé. Incroyable. Je ne voulais pas trop y croire pour ne pas me faire mal en tombant de mon nuage mais en même temps, l'espoir était bel et bien présent. « Ça me va parfaitement. Rappelle-moi de te refiler mon adresse à la sortie du restaurant. » Dis-je en souriant. Ce serait pas mal d'avoir son numéro de portable, aussi, si jamais on avait besoin de se contacter. En plus, cela concrétiserait le tout à mes yeux.

Je rigolai à son visage de chien battu. Malgré mon rire, je ne pouvais nier que je ne me sentais pas du tout indifférent face à cette gueule d'ange qui me suppliait presque de lui laisser goûter mon plat. Elle était magnifique. Mon rire se transformant en un sourire niais, je déclarai : « Avec un regard pareil, difficile de résister à quoi que ce soit. » Je m'étais surpris à dire quelque chose d'aussi romantique, à la limite trop à l'eau de rose, mais c'était sorti tout seul. Mon coeur avait parlé. Heureusement, Tara n'en sembla pas trop troublée et le sujet changea assez vite de toute façon, tout naturellement. Les assiettes arrivèrent et après ma première bouchée, je ne pu priver la blondinette de cette explosion de goût. Je portai donc ma fourchette jusqu'à elle et elle prit la bouchée, fermant les yeux pour mieux apprécier. Je souris d'un air conquis en la regardant faire. Putain, j'étais en train de tomber amoureux, ça ne faisait aucun sens. Puis elle me coupa un morceau de son canard également et me tendit sa fourchette. Je portai ma bouche jusqu'à celle-ci et laissai sortir d'entre mes lèvres un gémissement de bonheur. « Oh mon dieu. C'est délicieux ! » J'avalai finalement, ayant profité au maximum du goût que je pouvais tirer de cette bouchée. « Nos deux choix sont bons, alors ça, je ne regrette quand même pas mon plat. » Affirmais-je.

Tara et moi avons continué à discuter de nos intérêts communs durant tout le repas ; le nouveau Hobbit au cinéma, les jeux vidéo, la cuisine, nos années d'études, notre enfance, nos passions, nos rêves. La serveuse vint prendre nos assiettes vides et nous demanda si elle pouvait nous servir du café ou du dessert. « Un café pour moi s'il-vous-plaît. Ce serait possible d'avoir la carte des desserts, je vous prie ? » Elle nous ramena la carte et je décidai de commander un tiramisu.

Le repas était très agréable, au point que tu n'allais absolument pas manqué de lui rappeler votre rendez-vous de demain, tu ne pouvais qu'avoir envie de le revoir. Toute ta vie tu t'es demandé pourquoi tu n'es tombée que sur des cons qui voulaient juste te mettre dans leur lit, Liam excepté. Tu ne pensais pas retomber aussi vite sur un homme comme Nelligan, un homme touchant, attirant et très intéressant, qui n'avait pas pour but ultime de coucher avec toi. Oh non, ce n'était pas ce genre là. Lui c'était plus à trouver la femme parfaite et à l'épouser pour passer au moins une bonne cinquantaine d'années avec elle au minimum. A discuter de tout et de rien, de parler de vos enfances, des animaux que vous aviez pu avoir ou rêvé d'avoir, de vos plus grands rêves, de vos passions. Tout était si naturel, si spontané que quand la serveuse était venue pour vous demander ce que vous souhaitiez, tu avais envie de lui demander de revenir après parce que vous étiez en train de discuter. Mais ce n'était pas une chose qui se faisait, pas chez toi en tout cas.   Une fois la carte des desserts en main, tu n'hésitas pas plus longtemps, il te restait peu de place, et tu aimais avoir un petit thé ou café à la fin du repas, eux proposaient que le café gourmand alors tu optas pour ça. Et une fois la serveuse partie, la conversation repris là où elle s'était arrêtée, comme si personne ne vous aviez interrompu. Il y avait cette connexion entre vous, c'était instinctif, s'il ne trouvait pas les mots, tu sortais ceux que tu pensais finir sa phrase et presque à chaque fois tu étais dans le mille. Il y a eu un moment où tu as eu un bug de prononciation à cause de ton accent et le mot prononçait n'avait pas vraiment le même sens que celui que tu avais en tête.  Une fois les desserts consommaient, l'heure était à l'addition, et comme gentille féministe que tu étais, tu avais insisté pour payer ta part, et devant ton acharnement il n'eut d'autre choix que d'accepter. Même si c'était un rendez-vous, tu ne voulais pas qu'il soit le seul à en payer les frais, vous étiez deux et c'est ainsi que tu voyais les choses. Une fois ton manteau remit, tu étais prête à affronter le froid de dehors, même si le temps était assez doux ces derniers jours. Une fois la porte passée, tu te tournas vers lui, un grand sourire sur le visage, très ravie. Et très heureuse de ce repas. « C'était vraiment un très bon restaurant, vous marquez des points monsieur Malinowski. » Il allait sûrement être surpris, parce qu'à aucun moment tu n'avais eu son nom comme information mais comme toute fille de la nouvelle génération qui se respecte tu avais fait une petite enquête sur internet et tu n'avais pas trouvé grand chose à part son nom, ce qui en soit était une information comme une autre. « Avant que je n'oublies, rentres ton numéro, comme ça tu pourras m'envoyer ton adresse, pour demain soir » Tu lui tendis ton téléphone, en souriant.

On dit souvent que les femmes ont plus de difficultés à se trouver des hommes qui veulent se poser et cesser de butiner d’une fleur à l’autre, que le contraire. Parce qu’il paraîtrait que les femmes sont plus nombreuses à rêver du couple monogame, du mariage, des enfants et de la maison en banlieue. Pourtant, j’étais un de ces hommes à rêver de cette vie amoureuse idyllique, et j’avais honnêtement bien du mal à me trouver quelqu’un ayant les mêmes envie que moi, à mon âge. Cela était plutôt surprenant étant donné que j’approchais la trentaine et que ceci représente à peu près le moment d’une vie où ce genre de choses devrait arriver. Bref, cela avait en quelque sorte contribué à mon manque de confiance en moi et d’estime de moi, puisque je m’étais toujours demandé ce qui clochait chez moi. Heureusement, Tara était finalement arrivée dans ma vie. Enfin.

La soirée tirait toutefois malheureusement à sa fin, et j’avalai la dernière gorgée de mon café quand la serveuse revint avec la facture. Pensant probablement que nous étions un couple de longue date tellement la conversation avait coulé tout naturellement toute la soirée, il n’y avait qu’une addition. Évidemment, je prévoyais de toute façon l’inviter alors peu m’importait, mais Tara insista pour payer sa part. Ne voulant pas la froisser ou lui faire croire que j’étais ancré dans cette pensée que la femme ne pouvait subvenir à ses besoins par elle-même – parce que oui, certains hommes croient encore qu’une femme a nécessairement besoin d’un homme dans sa vie pour l’aider -, je la laissai me tendre son billet qui couvrait pour ses frais.

Nous sortîmes du restaurant le cœur léger et le sourire facile. « J’ai mis la barre haute pour les prochains rendez-vous. Prochain repas, vous devrez vous surpassez pour le choix du restaurant, mademoiselle Rosenstein. » Je lui fis un clin d’œil et rigolai, content d’avoir réussi à entrer dans sa blague sans avoir l’air trop stupide. J’avais moi aussi fait mes petites recherches, en bon geek que j’étais, rien ne m’échappait des réseaux sociaux. Puis j’hochai la tête à son rappel pour le numéro de téléphone. « Oh, oui ! Une chance que tu es là pour me ramener à l’ordre. » Je pris son portable et rentrai « Nelligan » comme contact, avec mon numéro de téléphone. Je lui tendis à mon tour son appareil. « Texte-moi un coucou ou un bonhomme sourire, que je sache que c’est toi, et je t’enregistrerai. » Je lui souris. « Je te raccompagne chez toi ou bien tu as à faire ailleurs avant de rentrer ? » Demandais-je. Il me ferait plaisir de la reconduire, même si j’ignorais même seulement par quel moyen elle s’était rendue jusqu’ici.

Tu hochas la tête de manière verticale lui expliquant que tu devais repasser à la boutique pour finir de ranger et que tu ne voulais pas l'obliger à t'attendre avec tout ça pour te raccompagner chez toi, même si tu trouvais ça tellement adorable. Ce qu'il comprit sans rechigner, c'était un homme plutôt remarquable. Il respectait tes choix et tu appréciais beaucoup cela, alors au moment de lui dire au revoir, tu t'approchas de lui, là que tu avais de beaux talons, tu étais à sa hauteur à quelques millimètres près. Tu approchas ta tête de la sienne pour lui déposer un petit baise au coin des lèvres. Mais cette fois, il n'hésita pas comme la veille, il posa sa main sur ton dos te serrant doucement contre lui, et tourna légèrement la tête pour que vos lèvres puissent se coller. Un si doux baiser, qui te rendait toute euphorique. Quand l'étreinte s'arrêta, tu fis un pas en arrière, un sourire aux lèvres. « Je t'envois un message dès que je rentre, je t'en fais la promesse. » Tu lui fis un sourire avant de partir et de disparaître dans l'ombre. Tu filas à ta boutique pour aller jeter un oeil vite fait. Il fallait que tu vides la caisse, et tu pourrais rentrer chez toi. Une fois fait, tu pris une bonne douche, et le sourire béat que tu avais sur le visage depuis que tu l'avais laissé, ne te quittait plus. Et comme promis, avant de te glisser sous les draps, tu lui envoyas un petit mot en allemand avec un petit smiley, à moins qu'il en connaisse une autre, tu étais certaine qu'il saurait. Puis tu éteignais la lampe de chevet en serrant fort Tom.