i'll leave when the wind blows -r.

Quand j’avais du temps libre, je faisais du bénévolat au centre nautique pour aider mes amis qui y travaillaient. Comme certains étaient encore aux études et qu’ils pouvaient étudier quand il n’y avait pas de demande, je me proposais souvent pour m’occuper des clients. Mes amis faisaient payer, et après j’accompagnais les gens jusqu’à leur embarcation. Quand il s’agissait d’un tour de catamaran accompagné, j’étais celui qui manipulait le bateau. Pour moi, c’était un moment de relaxation. J’aimais tellement tous les sports que le fait de m’adonner aux activités du centre nautique était un hobby, un passe-temps. Si ça pouvait en plus aider des étudiants, la plupart en médecine, et bien j’allais donner de mon temps ! Aujourd’hui, en ce magnifique samedi ensoleillé, je n’avais rien de prévu à l’horaire alors je me permis un petit tour vers la plage pour voir s’il y avait du boulot à me refiler. Comme de fait, mes amis furent très heureux de me voir débarquer, eux qui étaient en session d’examens.

Alors que j’étais en train de prendre des nouvelles de mes amis, une jeune femme s’approcha du comptoir du centre nautique, regarda les différentes options inscrites sur le babillard à côté de moi, puis continua son chemin. Elle était super belle, dans sa petite robe estivale. Elle portait son bikini en dessous. Je souris. « Je reviens. Peut-être. » Lançais-je à mes potes. Je sortis du centre nautique et je me dirigeai vers la jeune femme. Évidemment, j’avais pris soin de retirer mon t-shirt afin d’être torse nu, avec mon maillot de bain en bas. Arrivé à sa hauteur, je lui dis : « Hé attends, je t’ai vue regarder nos activités. Rien ne te tente ? Un petit tour de catamaran avec moi, non ? » Elle s’était retournée vers moi et se demandait sans doute pourquoi un inconnu l’abordait. Je souris. « Je te jure que tu regretteras pas. Avec le vent qu’il y a aujourd’hui, on risque d’aller assez vite. Tu vas adorer. » Convertir une fille aux sports nautiques en plus de passer du bon temps à côté d’une jolie femme en maillot de bain ? Tout à fait mon genre d’après-midi. Après, peut-être qu’elle allait juste me dire d’aller me faire foutre. Pourtant je ne faisais rien de mal, et même si une pointe de drague se lisait dans ma voix, je demeurais tout de même des plus respectueux. Comme toujours quoi. Je n’étais pas un gros lourd, contrairement à ce qu’on peut penser de moi.

J’hochai la tête quand elle m’apprit que quelqu’un lui avait parlé du lieu et qu’elle avait été curieuse. Tant mieux, la curiosité, j’aimais cela chez une femme. Cela voulait dire qu’elle ne restait pas encadrée dans ses mêmes activités encore et toujours ; elle explorait les différentes possibilités. Ça m’allumait, parce que j’étais exactement pareil, toujours prêt à relever de nouveaux défis ou à tester le dernier truc en vogue. La brunette me demanda finalement mon nom. Je lui tendis fièrement la main, pour faire ça quand même officiel, et je déclarai : « Woody. Comme dans Toys Story. Ou comme Woody Woodpecker. Au choix. » Lui lançais-je, un grand sourire me déchirant le visage. J’avais pris l’habitude de le mentionner dans mes présentations avant que quelqu’un d’autre ne le fasse. C’était plus plaisant de le dire soi-même que de faire semblant d’en rire quand ça sortait de la bouche d’un autre. Moins énervant, aussi. « Et toi ? » Demandais-je en retour à la demoiselle. Après tout, je n’étais pas le seul inconnu de la conversation, j’avais bien le droit moi aussi de savoir à qui je m’adressais même si j’avais été le premier à l’aborder.

La demoiselle continua sur le fait qu’elle ne me connaissait pas. Et alors ? Si on se donnait toujours cette raison pour ne pas faire des choses, on se limiterait pas mal beaucoup. Je ne voyage pas – je ne connais pas le pilote. Je ne reviens jamais en taxi d’un bar, je préfère ne pas boire et conduire parce que je ne connais pas le chauffeur de taxi. Quand il ne reste qu’une place de libre dans l’autobus, je préfère rester debout, parce que je ne connais pas la personne à côté de qui je devrais m’asseoir. Tout ça ? Franchement, laissez-vous vivre un peu. Chaque homme n’était pas un agresseur sexuel ou un délinquant. C’était une généralisation un tant soit peu exagérée. Et même si j’avais certaines arrière-pensées en proposant à cette fille d’aller en mer, jamais, ô grand jamais, je ne l’obligerais à quoi que ce soit. « Si tu détestes ça, promis, on revient sur la plage et je te propose une autre activité, ou bien tu t’en vas tout simplement. Au moins, j’aurais essayé, et toi aussi. » Lui assurais-je. « Alors … c’est oui ? » Lui demandais-je avec des yeux de chats bottés.

J’aimais justement les personnes qui n’étaient pas aussi à l’aise que moi. C’était un jeu, un défi. Parce que si je rencontrais des gens aussi extravertis que moi, alors le challenge était trop facile : on se liait d’amitié en un claquement de doigt si ça cliquait, ou alors ça tournait au vinaigre tout aussi rapidement. Avec quelqu’un comme Lola, dans sa carapace et pas nécessairement prête à en sortir, je pouvais tester mes habiletés à mettre les autres à l’aise, à les dévergonder un peu. C’était un vrai plaisir pour moi et en même temps, ça ne faisait de mal à personne. Au contraire, si ça pouvait les aider à être plus ouverts à l’inconnu après ma rencontre, j’aurais au moins fait ça pour eux !

« Enchanté, Juste Lola. » Répliquais-je, lui envoyant un clin d’œil dragueur en même temps que je rigolais. Non, je prenais aucunement mal le fait qu’elle soit autant sur ses gardes. À la limite elle était loin d’être la seule à reculer quand quelqu’un faisait un pas de plus vers elle. C’était l’habitude des occidentaux de se méfier de tout le monde : les australiens ne faisaient pas exception à la règle. Bref, après lui avoir assuré que je n’étais pas un fou qui allait la garder prisonnière d’une activité nautique qu’elle n’aimait pas, je lui sortis mon regard le plus attendrissant en lui demandant si elle acceptait de venir. Je rigolai à sa réponse finale. « Combien de fois vais-je devoir te dire que t’auras pas à faire ça ? » Je lui souris encore. Elle avait vraiment du mal à faire confiance aux autres, celle-là. J’aurais un énorme travail à faire. « Attends-moi deux secondes. » Je retournai au centre nautique, déposai un billet de dix dollars dans la caisse et j’avertis mes amis que je partais faire une heure de catamaran, ou moins si la demoiselle n’aimait pas. Je retournai la voir. « Suis-moi, on va aller te trouver une ceinture de sécurité. Après tout, si tu comptes vraiment t’enfuir en nageant jusqu’à la plage, faut au moins prendre toutes les précautions. » Blaguais-je. Je lui trouvai une ceinture à sa grandeur et je n’en pris pas pour moi. C’était interdit, mais j’étais bon nageur, et puis je « travaillais » ici, alors qui viendrait m’avertir ? Je me dirigeai finalement vers le catamaran que je poussai, seul, afin de le mettre à l’eau. « Prête ? » Demandais-je à Lola, tenant le catamaran du bout de l’une des coques pour ne pas qu’il parte à la dérive.

C'était bien la première fois qu'on lui adressait la parole si facilement. Lola ne comprenait pas tellement ce qui était en train de se passer, mais il semblait vraiment vouloir lui faire découvrir le parc et ses activités. C'était possible qu'elle n'aime pas, mais comment le savoir si elle ne tente pas au moins une fois. C'était risquer de dire oui à cet inconnu, mais tout aussi tentant d'aller découvrir ce qui se cachait dans leur activités.

La brunette venait de se présenter, et à voir comment il se mit à rire, il faut croire qu'elle avait peut-être dit quelque chose de marrant... mais quoi? Elle n'arrivera jamais à comprendre les mecs! Lola garderait tout de même ses distances, mais pour le moment il lui semblait sympathique, bien qu'il rigolait trop souvent pour elle qui n'y comprenait rien. Là, il venait de lui poser une bonne question! Heureusement, elle en avait trouvée une réponse. hum... probablement jusqu'à ce que je me sens en confiance! Tant qu'elle n'aurait pas confiance en lui, elle se mettra en tête de revenir à la nage s'il le fallait. C'est alors qu'il s'éloigna, laissant seule la brunette sur place. À son retour, il reprend directement la route, lui demandant de le suivre pour mettre une ceinture de sécurité. Comme si elle ne savait pas nager! Très marrant Woody! Lola tente d'arranger sa ceinture lorsqu'il lui demande si elle est prête. Elle relève la tête et sans réfléchir, lui pose une question plutôt ridicule. Tu ne met rien toi On sait jamais ce qui pourrait arriver, il pourrait tomber accidentellement dans l'eau! Soupirant doucement pour se donner confiance, elle se rapproche du bord et hoche la tête. Je suis prête. enfin je crois Trop tard, elle se trouve déjà dessus et elle ferait bien de s'asseoir par précaution.

Je n’avais jamais eu peur des autres, jamais eu peur de me faire dire non ou qu’on me tourne le dos. Les gens peuvent être gênés, mais lorsqu’on se donne la peine de s’intéresser un minimum à eux, on se rend compte que bien d’entre eux s’ouvrent peu à peu, sans trop hésiter. Les gens ont simplement besoin d’un peu d’attention, et surtout du coup de pied dans le cul pour être plus sociable. J’étais ce coup de pied dans le cul ; j’incitais les autres à s’ouvrir à moi. J’espérais que Lola ne fermerait pas sa carapace trop longtemps, parce que malgré mes efforts constants, je commençais à me dire qu’elle était un cas désespéré. Je ne baisserais pas les bras si facilement.

Je poussai donc le catamaran vers l’eau et voyant que j’attendais qu’elle embarque, sans ceinture, la brunette ne tarda pas à me demander si j’allais en mettre une. Je secouai la tête. « Non. En catamaran y’a pas trop de danger, enfin pas avec le vent qu’on a aujourd’hui, et puis même si c’est obligatoire, je bosse ici, alors qui viendra m’avertir hein ? » Dis-je en riant. En toute honnêteté je ne travaillais pas réellement ici, c’était du bénévolat, mais pour le moment Lola n’avait pas besoin de savoir ma réelle occupation versus mes passe-temps. Je me débrouillais aussi bien que tous les autres employés du centre nautique alors elle n’avait rien à craindre.

La demoiselle poussa un soupir de motivation, déclarais qu’elle croyait être prête, et embarqua sur la coque. « Va t’asseoir sur le filet, t’inquiète pas, ça risque pas de lâcher. » Le filet, ressemblant à une toile de trampoline, reliait les deux coques l’une à l’autre. En-dessous, on pouvait voir l’eau, et c’est ce qui était le plus magique, surtout avec les eaux turquoises de Bowen. Je donnai une légère poussée au catamaran puis embarquai à mon tour alors que le vent prenait déjà dans les voiles. « Tu préférerais que je te montre à barrer, c’est-à-dire à conduire le voilier, ou bien à être au trapèze ? Au trapèze en fait c’est quand il y a le vent qui nous fait pencher d’un côté, tu viens rétablir l’équilibre en te suspendant au-dessus de l’eau, attachée à un harnais bien sûr. » Avec le doux vent de la journée, elle ne risquait pas d’avoir à contrebalancer énormément le bateau. « Sinon tu peux simplement profiter de la vue et de la vitesse en ne faisant rien. » Avec les conditions météorologiques, je pouvais facilement contrôler la barre et les virements de bord tout seul.

Lola était loin de s'ouvrir facilement aux autres, mais une petite folie de temps en temps n'allait pas la tuer. c'était avec une petite hésitation qu'elle accepta finalement de partir sur l'eau avec le bel inconnu. Après tout, s'il ne tenait pas parole, elle pouvait toujours repartir à la nage s'il le fallait et elle lui avait clairement fait comprendre bien qu'il avait dit qu'elle n'aurait pas besoin d'en arrivée là.

En le voyant préparer le tout, Lola lui posa LA question qu'elle n'aurait peut-être pas dut prononcer. Il ne tarda à lui répondre que ce n'était pas dangereux avec le peu de vent qu'il y avait en cette belle journée, il n'oubliait pas d'ajouter qu'il travaillait là et que personne n'allait l'avertir. Un petit rebel en fait, il ne faisait qu'à sa tête à ce qu'elle pouvait en déduire.

Encore une fois, beaucoup d'hésitation avant d'embarquer, se trouvant un peu folle d'accepter de faire quelque chose qu'elle ne connaît pas. Alors qu'il lui dit où s'installer, la brunette sourit avant de répliquer pour le plaisir. Oui chef! Allant s'installer sur le filet, elle pose son regard sur l'eau, c'était peut-être mieux ainsi. Voir bouger l'eau sous elle allait peut-être l'aider. Woody reprend a parole en lui proposant de lui apprendre à contrôler. Elle ne s'attendait pas vraiment à sa. Elle avait accepter de faire un tour, mais pas de diriger ce truc dont elle avait du mal à en prononcer le nom. Il lui donne alors une seconde option, rester assise et profiter de la vue. Là il parlait de lui ou de l'eau? Peu importe, c'était beaucoup plus convenable pour elle de ne rien faire. Je crois que je vais prendre la seconde option et rester assise là! J'ai accepter de faire un tour, pas de me ridiculiser avec ce cata-truc dont j'ai du mal à prononcer. Elle rigole puis s'allonge sur le filet, posant son regard sur le ciel un moment.

Je souris quand elle m’appela chef. J’avais toujours aimé qu’on me mette sur un piédestal, je dois l’avouer – après tout, si je m’étais rendu aussi loin dans les championnats de vélo de montagne, c’était en grande partie pour ce désir d’être reconnu mondialement. Et de m’accomplir en tant que sportif, bien évidemment. Mais je dois avouer que la popularité y jouait pour beaucoup : c’était ma motivation à continuer à avancer.

Je proposai à Lola différents rôles qu’elle pouvait occuper sur le catamaran, mais celle-ci décida d’opter pour la proposition de ne rien faire. J’étais un peu déçu de voir qu’elle n’osait pas s’aventurer plus loin que ça. Elle n’était pas une fille téméraire et sans limite comme je les aimais mais elle était belle, alors ça valait la peine de pousser un peu plus ma chance, juste pour voir. « Comme tu veux ! Tu sais pas ce que tu manques ! » Se retenir de tenter quelque chose de nouveau par peur du ridicule était un concept que je ne saisissais pas. Je me fichais bien d’avoir l’air con – j’avais l’air con en permanence. Lola semblait être le genre de fille trop timide pour s’exposer en public, et pourtant, sur ce catamaran, il n’y avait que moi comme public. Étais-je aussi intimidant ? Je ne pense pas. J’avais l’air d’un grand clown qui ne se prend pas au sérieux.

Alors que la brunette était allongée sur le filet et qu’elle regardait le ciel défiler sous ses yeux, moi je prenais mon pied en conduisant le bateau à travers les vagues. Je m’arrangerais pour que nous n’en frappions pas trop, question de ne pas donner le mal de mer à Lola, alors je dirigeais le catamaran de sorte à ce qu’il reste stable. Malgré le faible vent, nous avions une vitesse respectable qui donnait un bon avant-goût de ce que pouvait être une véritable sortie en mer à bord d’un catamaran. Il faut dire aussi que les voiliers du centre nautique étaient de petits voiliers et on ne pouvait pas s’aventurer trop loin avec. J’avais conduit des catamarans bien plus gros. Le feeling n’était pas le même. « Alors, que fais-tu dans la vie, belle Lola ? » Lui demandais-je en la regardant avec un sourire charmeur.

Ne s'y connaissant pas du tout, Lola avait préférer l'écouter plutôt que de faire à sa tête, comme elle aurait fait habituellement. C'était beau à voir l'eau qui bougeait sous le filet, bien que très peu confortable lors d'une première fois à bord. Elle est peut-être très différente des autres sur beaucoup de point, mais là-dessus, elle agissait un peu " princesse " à simplement vouloir profiter alors que Woody devrait tout diriger lui-même. Après tout c'était son idée de l'amener faire un tour.

Lola avait refuser sa demande pour diriger quoi que se soit, c'était un peu méchant de sa part. Il n'avait peut-être pas tord sur ce qu'elle manquait, mais ça lui importait peu pour le moment. Il y avait un beau soleil, pas trop de vent, elle devait bien profiter un peu de cette journée! Quoi que quelques secondes plutôt, elle aurait fuit le centre nautique en courant s'il n'était pas venu lui adresser la parole. Bien installée, la brunette se coucha sur le filet en levant les yeux au ciel totalement détendue avec le silence qui était tombé. Pas très longtemps malheureusement puisque Woody reprit rapidement la parole, lui demandant ce qu'elle faisait dans la vie. Belle Lola? Il se permet rapidement de la complimenter... touchant, mais il ne devait pas s'attendre à avoir un compliment en retour. La jeune femme n'est pas la pour se faire draguer, seulement pour passer une belle journée. Haussant les épaules, elle relève doucement la tête en s'appuyant sur ses coudes. Je compose, je chante, je joue quelques instrument. Et je tiens un garage. Elle aurait pût ne rien dire sur cette dernière phrase, mais c'est ce qu'elle fait... de la mécanique et elle adore ça.

Les princesses ne me dérangeaient pas à court terme, elles me donnaient l’impression d’être plus grand, plus fort, puisque je m’occupais d’elle. Toutefois, sur le long terme, je ne me voyais aucunement être avec une femme du genre. Attendre que la princesse se mette belle pour sortir, ouvrir la porte et tirer la chaise à princesse, payer tous les repas à princesse, tout faire à la place de princesse quand ça ne lui tente pas. Bon, je généralise et toute princesse ne correspond pas à tous ces critères, certaines en sélectionnent seulement quelques-uns, mais quand même. Je savais que ce profil de femme ne correspondait pas à celui de celle que je marierais. Je marierais la Jeanne d’Arc, l’indépendante qui ne dépendrait que de moi, la battante, l’aventurière, la fonceuse. Peut-être Lola était-elle une princesse aujourd’hui mais que c’était une exception, je n’en savais rien. La plupart du temps d’ailleurs, je ne cherchais pas à le savoir parce que je n’aimais pas m’engager dans des relations. Une fois me suffisait à me faire une idée et si la femme me plaisait physiquement, je fonçais pour une soirée. Si elle me plaisait sur tous les plans ou presque, la plupart du temps, je perdais mes moyens. C’était toutefois assez rare.

Celle-là, elle était tout un phénomène. Princesse mais pas comme les autres qui aimaient se faire flatter dans le sens du poil. Elle ignorait mes compliments, ne me renvoyait rien, faisait comme si de rien était. J’avais parfois l’impression de parler à un mur sentimental. Au moins, elle répondait à mes questions en général, comme ça, je ne discutais pas seul. « Wow, le contraste ! Musique et mécanique, assez différents comme domaines. Tu as ton propre garage ? » Demandais-je. J’étais plutôt contrarié qu’elle ne me renvoie même pas la question. Était-elle si importante que je ne méritais même pas qu’on s’intéresse à moi ? Je me montrais pourtant agréable, sociable. Même si je poussais peut-être un peu la note de la drague, je ne me sentais pas gros lourd. Pourquoi agissait-elle comme si elle était le centre du monde, alors ? Je me sentais comme si je n’étais qu’un moins que rien.

S'ouvrir aussi facilement aux autres est une chose que Lola est incapable de faire, surtout avec les hommes. Peut-être bien que Woody allait la trouver trop distante et très peu bavarde, mais pour l'instant il devait s'y faire. Elle n'allait pas commencer à rigoler et lui raconter sa vie alors qu'elle ne savait absolument rien à son sujet. Il y a toujours un petit doute dans la tête de la brunette, un je-ne-sais-quoi qui l'empêche d'avoir confiance trop rapidement.

Peut-être se montrait-elle un peu trop froide envers lui. Elle ne le remerciait pas sur son compliment et ne lui parlait pas plus qu'il le faut. Après tout, elle ne s'était pas pointé-là pour se faire dire qu'elle est jolie oû pour entamer une quelconque conversation. Pourtant, il le faudrait bien... La balade ne durerait pas très longtemps si elle restait aussi froide. Lola répondait tout de même aux questions du jeune homme, sans lui renvoyer la question. Elle ne se montrait pas bien curieuse, alors que lui oui. C'était un peu injuste non? Elle allait devoir faire un effort là-dessus. Lorsqu'il approfondit la question, un petit sourire se dessine enfin sur ses lèvres. C'est le garage de mon père en fait, mais j'y passe beaucoup de temps. Avec l'âge, son père n'a plus le temps ni la patience pour s'occuper du garage. Et toi? Voilà, c'était déjà un bon début de phrase, mais il ne faut pas s'arrêter là. Tu passes tout ton temps ici où bien as-tu d'autres occupations? Se relevant du filet, elle s'assoit sur le bord en posant ses lunettes sur le dessus de sa tête et le regarde simplement en attendant une réponse de sa part.

Je n'avais jamais compris ces gens qui redoutaient tout. Il fallait avoir vécu quelque chose de franchement traumatisant dans son enfance pour être autant sur ses gardes. Comme j'étais loin d'être l'intello en psychologie, je ne me forçais même pas pour essayer de comprendre cette vision des relations humaines. Pour moi, c'était tellement le contrôle. J'étais d'une approche si facile et j'aimais tellement quand les autres se montraient tout autant extravertis. Une femme comme Lola me déstabilisait. Je ne savais même pas si j'aimais cela ou non. C'était juste déroutant. Si ça continuait ainsi toutefois, j'allais me lasser et elle n'aurait pas besoin de me prier de la ramener à la plage. Au pire, ce serait moi qui rentrerais à la nage et elle se démerderait pour revenir en catamaran - je rigole, je ne suis pas aussi méchant.

J'hochai la tête quand elle me dit que le garage appartenait à son père. Je n'ajoutai rien de plus, attendant que ce soit elle qui y mette un peu du sien. Miraculeusement, ça ne pris pas trop de temps. Lola me demanda ce que je faisais en dehors du centre nautique. Je souris, content qu'elle participe finalement activement à la conversation. Je ne voulais pas forcément être le centre de l'attention, mais un peu d'intérêt à mon égard me rendait quand même plus joyeux. « Non, non en fait ici c'est du bénévolat, si on veut. Je fais ça pour le plaisir. Je suis physiothérapeute depuis deux ans, avant je faisais du vélo de compétition. » Dis-je avec une pointe de nostalgie que je tentai de masquer, n'ayant pas envie d'élaborer sur les raisons de ma retraite précoce. Ou plutôt LA raison. « Tu fais du sport, en général ? À part le catamaran, j'veux dire. » Dis-je pour la narguer. Et aussi pour savoir si nous avions cet intérêt en commun, moi qui étais un grand sportif.

Pour l'instant, la journée ne semblait pas si mauvaise. Il y avait toujours ce beau soleil à l'horizon et pas trop de vent non plus. En fait, tout semblait plutôt calme et Lola n'avait aucune raison de demander à faire demi-tour. La brunette aimait bien se détendre, alors que le jeune homme de son côté, semblait plutôt embêter par le fait qu'elle soit si peu bavarde. Elle ne savait pas vraiment quoi lui dire et préférait ne rien dire plutôt que de sortir des bêtises et qu'il se moque d'elle. Elle finis tout de même par lui raconter quelques détails, sans trop en dire non plus, alors qu'il gardait le silence à son tour. S'ils faisaient toujours ça chacun leur tour, la journée allait être longue. Woody semblait avoir pas mal d'amis au centre, mais il n'y passait pas forcement tout son temps et c'est ce qu'elle ne tardait pas à savoir après lui avoir poser la question. Elle qui commençait à se sentir rassurée en sa présence, c'est maintenant qu'il lui avoue ne pas travailler ici. Ce n'était pas une raison suffisante pour la ramener au bord de la plage, mais elle se sentait un peu mal d'avoir accepter. Je ne connaît pas beaucoup de personne qui font de bénévolat par plaisir. Lola ne savait pas vraiment quoi dire pour le reste, s'il n'en disait pas plus, il préférait peut-être ne pas trop entrer dans les détails et comme elle ignore son passé, elle ne voudrait pas l'obliger à y refaire face s'il y avait un souvenir douloureux. Se relevant complètement du filet, étant debout, elle tente de ne pas rigoler à ce qu'il lui dit. Est-ce que, selon toi, je ressemble à une fille sportive? En fait, avant même de le laisser répondre, elle reprend la parole. Ça dépend aussi de ce que tu veux dire précisément par "sport". Je ne fait pas de soccer ou de hockey... j'ai déjà tenter le volley-ball... sinon je me contente de faire une balade en vélo et du patin. Se rapprochant un peu de la barre qui dirige le voilier - parce qu'elle connaît pas les noms - elle pointe se truc du doigt avant de regarder le jeune homme. Tu me montre? Elle n'allait pas être très à l'aise d'être si près, mais sa pourrait être marrant d'essayer d'avoie le contrôle au moins une fois. Et puis, si elle avait trop de mal, Woody allait reprendre les commandes non?

Comme si elle avait lu dans mes pensées – ou peut-être l’avait-elle lu sur mon visage quelque peu renfrogné -, la demoiselle commença à s’intéresser un peu plus à moi. Moi qui croyais être capable de conserver une poker face, c’était raté cette fois. Bon, au moins, cela me permettrait de passer une belle heure sans me sentir irrité par l’attitude de Lola. Peut-être que maintenant qu’elle se forçait un peu, elle allait devenir plus ouverte à notre sortie et à moi. Lorsque je lui parlai de mon bénévolat au centre nautique, son expression faciale sembla changer. Mes soupçons avaient donc été bons : j’avais bien fait de ne pas lui dire que je n’étais pas un employé avant de partir ; elle ne serait pas venue. Bon, aurait pu dire que j’étais un fraudeur pour lui avoir fait ce coup-là puisqu’elle était maintenant ici sans avoir donné un consentement éclairé, mais on parle bien ici d’une balade en catamaran et non pas d’une agression sexuelle. De toute façon, j’étais aussi compétent sinon plus que les autres mecs du centre nautique pour manipuler cet engin.

J’haussai les épaules à sa remarque, en souriant. « Quand c’est pour quelque chose que tu aimes, ça vaut la peine de donner un peu de ton temps. Et ça permet à mes amis d’étudier pendant qu’il y a personne. Si je peux leur donner ce coup de main là, ça me fait plaisir. » Ajoutais-je. J’avais peut-être l’air d’un égocentrique fini, narcissique comme personne, mais je n’étais pas égoïste. Je pensais aux autres et j’aimais prendre soin des autres, autant en amitié qu’en amour – si je tombais en amour, ce qui est rare.

Lola éclata de rire à ma question sur ses intérêts pour le sport. Je rigolai à mon tour, rien que de la voir aussi rayonnante. « Bah quand même ! J’veux dire, t’es en bonne shape, visiblement. » Peut-être savait-elle tout simplement manger de façon équilibrée, ce qui expliquait sa fine silhouette. « Le vélo et du patin, je considère ça comme des sports, bien sûr. À la limite marcher c’est un sport … » Donc, selon ma perspective, bien des femmes seraient heureuses puisque magasiner est très relié à la marche. Mais bon, je parle d’une marche rapide avec un rythme soutenu, pas d’arrêter devant chaque vitrine.

À ma plus grande surprise mais pour mon plus grand bonheur, Lola se rapprocha de moi et me demanda si je pouvais lui demander comment barrer. Je passai une main dans mes cheveux dans le vent, tout sourire. « Bien sûr ! Tiens, prends-la comme ça. » Dis-je en attrapant sa main et en la posant sur la barre, là où ma main était quelques secondes plus tôt. « Quand tu tires vers toi, le bateau va aller vers la gauche. Quand tu pousses, vers la droite, logiquement. » Lui expliquais-je, tout heureux qu’elle ait pris les devants.