butterflies and hurricanes -r.

« Péla ? T’as vu la nouvelle photo de Emma Stevens ? Elle est canon cette femme. » Dis-je en buvant une gorgée de ma bière, assis à la table de la cuisine, devant mon ordinateur portable. Pélagie sortait de sa chambre à l’entente de son nom, et aussi pour venir jeter un coup d’œil par-dessus mon épaule. « Si elle était pas une mère, j’te jure que j’m’essaierais. » Lâchais-je en secouant la tête. « Pas toi ? » C’était ce que j’aimais avec ma colocataire. Enfin une femme avec qui parler franchement des autres femmes, de nos désirs, de nos bons coups. J’adorais vivre avec une lesbienne, ça avait de bons côtés. Mais le meilleur était effectivement de pouvoir parler avec elle de nos attirances envers les habitantes de Bowen. J’aimais beaucoup comparer mes goûts à ceux de ma colocataire. C’était stupide, mais j’avais toujours aimé en parler, du désir. « Bon de toute façon, c’t’écrit qu’elle est en couple avec Tyson alors c’est raté autant pour toi que pour moi. » Déclarais-je en faisait une moue et en cliquant sur le x rouge dans le coin droit de la page, tout en haut. Je fermai mon ordinateur. Je levai les yeux vers l’horloge en haut. « Sérieux ça fait une heure que je perds sur Facebook ? Faut vraiment que j’arrête de jouer à FarmVille. C’en devient malsain. » Je me levai, alors que Pélagie se foutait de ma gueule parce que je jouais à des jeux de gamin. Je me rendis jusqu’au salon et je m’écrasai sur le fauteuil, passant une main dans mes cheveux. Je posai mes pieds sur la table basse et penchai ma tête vers l’arrière. « Tu fais quoi ce soir ? J’me disais qu’on aurait pu j’sais pas, jouer à un jeu … » Et par jeu, je ne voulais aucunement qu’il y ait d’arrière-pensées et Pélagie le savait. J’étais un grand gamin et je n’avais jamais perdu l’envie de jouer à des jeux comme Cranium, Twister, Scattergories, Tabou, … bref des jeux de table ou de société pour les familles et les groupes d’amis. J’adorais les ressortir un soir de semaine, avec ma colocataire, quand on avait tous les deux rien à faire. « Bien sûr tu me connais, on peut modifier les règlements pour qu’il y ait un peu plus d’alcool. » Puis je lui fis un petit regard dragueur. « Tu peux inviter des copines si tu veux. » Je rigolai. Pélagie savait que ce n’était pas sérieux – même si ça m’aurait fait plaisir qu’elle en invite, hein.