Si tu veux savoir ce que vaut un homme, regarde donc comment il traite ses inférieurs, pas ses égaux. - r

J'avais peut-être poussé un peu trop loin les compétences de mon chien Allan Poe alors que j'avais décidé de l'emmener pour une course en forêt, à sauter de roche en roche en essayant d'éviter les grosses racines qui sortaient de la terre. Je connaissais le sentier comme le fond de ma poche alors je n'avais pas eu de mal, mais Allan Poe commençait à se faire vieux et malgré le fait qu'il avait fait ce trajet autant de fois que moi, il était malencontreusement tombé après s'être pris la patte dans un petit trou d'animal. Cette patte avait dû se tordre ou se casser, je ne sais pas trop, mais mon beau labrador ne fut pas en mesure de faire le chemin du retour sur ses quatre pattes. J'écourtai mon entraînement le voyant sautiller sur ses trois pattes. « Bah voyons, A.P., c'est pas ton genre d'être empoté. » Lui avais-je dit lors de sa chute. Puis je l'avais ramené jusqu'à la voiture et, sans plus tarder, j'avais roulé jusqu'au vétérinaire. Je ne perdais jamais de temps quand il était question de mon chien. C'était mon meilleur ami, mon confident, alors je le lui rendais toujours bien en m'occupant de lui comme de la prunelle de mes yeux. Je rentrai dans la clinique vétérinaire, Allan Poe en laisse toujours en train de boiter, et je m'avançai vers le comptoir, vers la petite rouquine qui était toujours là lorsque je venais pour les rendez-vous de vaccination de mon chien. Je lui souris. « Salut Kaylee, tu vas bien ? » Après ces questions de politesse, je lui déclarai : « Moi aussi ça va mais on peut pas en dire autant d'Allan Poe. Il s'est pris la patte dans un trou d'animal en courant et depuis il est pas capable de marcher dessus. » Lui indiquais-je tout en flattant la tête de mon vieux clébard.

Kaylee était une femme tellement chaleureuse. Rouquine en plus. De quoi faire craquer tous les hommes qui entraient dans cette clinique vétérinaire, moi y compris. Son simple bonjour suffit à me remettre de bonne humeur, moi qui avais été inquiet tout le trajet à cause de mon chien. La demoiselle m'indiqua que son père, mon vétérinaire attitré depuis que j'avais Allan Poe, était parti chercher à manger. Je consultai ma montre et réalisai qu'il était effectivement l'heure du lunch. « Ouch. Ce moment awkward où tu réalises que t'as perdu la moitié de ta journée à cause d'un chien. » Je souris. « Et oui, vas-y je t'en prie, tu dois en avoir vu beaucoup des cas comme celui-là alors peut-être que tu sauras l'évaluer. » Elle n'était pas vétérinaire, mais Kaylee assistait bien assez souvent son père pour en connaître plus que moi sur les animaux. La demoiselle fit le tour du comptoir et vint me rejoindre dans la salle d'attente. Elle me demanda de faire marcher mon chien. « Bien sûr. » Je m'éloignai un peu du duo et allai au fond de la salle d'attente. Allan Poe pencha la tête sur le côté, se demandant où je m'en allais comme ça. Il avait déjà repris sa position debout, prêt à me rejoindre. « Viens A.P., viens voir papa ! » Lui dis-je, avec une voix paternelle comme on l'entendait rarement sortir de ma bouche. Un grand sourire d'enfant s'afficha sur mon visage alors que mon chien boitait jusqu'à moi. Kaylee, quant à elle, observait la patte de mon chien. Je flattai le derrière des oreilles de mon labrador en relevant la tête vers la rouquine. « Alors, c'est grave, docteur ? » Demandais-je en souriant.