the bare necessities - libre

Mullers Lagoon. C’était exactement ce dont elle avait besoin. Beaucoup de végétation et du calme. Ici, il n’y avait pas de bruit, ou peu car le parc étant immense, on pouvait toujours se trouver un coin tranquille. Déjà, pas le bruit des gens qui criaient après leurs enfants ou parlaient fort au restaurant, pas le bruit des vagues qui s’écrasaient sur le sable, pas la musique des bars alentours qui la dérangeait pendant sa lecture. Non, rien de tout cela. Du calme et de la sérénité. Le cœur léger, le sourire aux lèvres, toujours de bonne humeur celle-là décidément, Keera s’assoit au milieu d’une pelouse, non loin du point d’eau.

Ce matin, en s’habillant, elle avait eu la bonne idée de mettre une jupe longue. La jupe longue, c’est le vêtement idéal : tu peux écarter les jambes sans qu’on voit ce qu’il y a en dessous, si t’as un peu froid c’est parfait, si t’as chaud tu transpires pas non plus, enfin le tissu caressait ses jambes lisses, c’était vraiment l’idéal. Donc, elle s’assoit en tailleur, ôte son sac porté en bandoulière et le pose à côté d’elle. Elle en sort Bel Ami, de Maupassant, livre devenu son meilleur ami depuis qu’il était au programme et à lire obligatoirement à la fac, ainsi que ses lunettes de soleil et une bouteille d’eau. Elle met les lunettes sur son nez, boit quelques gorgées et s’allonge, la tête posée sur son sac. Parfait, elle allait pouvoir lire en paix.

Non loin de là, Clio s'était posée dans le parc, la brise caressant doucement son visage. Il n'y avait pas beaucoup de monde, seulement cette jeune femme là-bas, qui s'apprêtait à lire un livre. Elle s'assit aussi, dans l'herbe courte et douce, et sortit son carnet de dessin. Elle n'eût pas besoin de réfléchir à quoi dessiner, elle laissa son crayon courir sur sa feuille. Quelques instants plus tard, le Parthénon de ses souvenirs était là, devant elle. Sa mémoire lui était fidèle, mais c'est son coeur qui avait guidé son crayon. Regrettait-elle d'avoir quitté la belle Grèce de son enfance, les vergers d'oliviers, les temples âgés de plusieurs millénaires? Juste à cause de lui?

Difficile de lire quand on est attentive à tout ce qu'il se passe autour. La bonde ne peut s'empêcher de lever le bout de son nez quand quelqu'un marche dans les parages, et elle le lève quand elle voit une jeune fille en fleur s'installer un peu plus loin. Le doigt sur sa page pour ne pas la perdre, elle la regarde faire, sortir son carnet de croquis, un crayon et dessiner, sans lever les yeux, sans rien, seulement grâce à sa mémoire, ou bien elle improvisait drôlement bien. Curieuse de savoir ce qu'elle dessine, elle se lève sur une fesse mais ne voit guère mieux, au moins quinze mètres les séparaient l'une de l'autre. Alors elle se ravise et tente de se concentrer à nouveau sur Georges Duroy et ses femmes.

Clio redresse son carnet: elle est satisfaite de son esquisse. Du coin de l’œil, la brune aperçoit une jeunette qui se démène pour apercevoir la tête de son dessin. Pas très fan de la solitude, elle se lève et vient s'installer à côté d'elle. La grecque jette un furtif coup d’œil au titre de son livre. Bel-Ami, de Guy de Maupassant. De la littérature française. C'est célèbre, ça, non? Bonjour!

Concentrée sur son bouquin elle ne voit pas la brune se rapprocher. Celle-ci la sort de sa lecture en la saluant. Keera corne sa page, ferme et pose son livre et sourit à la nouvelle venue. " Salut ! Je m'appelle Keera ! Et tu es ? " Elle respire la joie et la bonne humeur, as usually.