bad wolf -r.

Une matinée plutôt tranquille. Et pourtant, les fêtes approchaient, tu le savais, c'était bientôt Noël, bien qu'en Australie, à la place de la neige, vous aviez un beau soleil. Toi, tu rêvais des photos de Paris sous la neige à cette période, en te disant, qu'un jour, toi aussi tu irais là-bas mais pour le moment, tu étais assise dans ta cuisine, devant ton fichue ordi pour trouver une décoration d'intérieur qui pourrait plaire à une de tes clientes. Elle avait déjà rejeté deux de tes idées, ne trouvant pas ça assez moderne, et après trouvant ça trop futuriste. Tu avais envie de lui arracher la tête tellement elle te prenait la tienne, mais dans ce métier, il fallait garder son sang-froid et tu étais la meilleure pour ça. Tu pensais pouvoir travailler au calme, mais c'était sans compter sur les bruits dans la rue. Une voiture, puis deux, un camion de déménagement, et des mecs qui crient parce qu'ils ne savent pas où mettre les cartons. Une organisation du tonnerre, si vous voyez ce que je veux dire. Tu essayais malgré tout de faire abstraction de tous ces bruits superflus. Ding dong. Le joli son cristallin de ta sonnette. Décidément, on voulait t'empêcher de travailler au calme. Mais peut-être que c'était le facteur, pour une lettre en recommandé, ou quelque chose d'important. Sans te presser, tu allais ouvrir la porte, pour découvrir un jeune homme très charmant, mais qui ne ressemblait pas du tout à un facteur. « Bonjour » Tu lui fis un beau sourire, attendant qu'il te réponde à son tour, mais il te fixait un peu trop à ton goût. T'avais un truc sur le visage, que t'aurais raté dans le miroir ce matin ? Tu l'ignorais mais tu n'allais pas rester là à attendre qu'il ouvre la bouche. Peut-être que t'étais intimidante, cette idée te donnait l'impression d'être une dure à cuire, le genre de fille à faire peur à un mec. Mais tu savais très bien que ce n'était pas toi. Alors tu repris la parole aussi vite, sur un ton un peu moins convivial. « Je peux vous aider ? »

Un nouveau voisin ? Te voilà fort chanceuse. Finalement peut-être que c'était le destin. Mais fallait pas rêver ma pauvre fille, un mec aussi canon ne pouvait pas venir vivre ici tout seul, à moins qu'il n'ait un gros problème ou qu'il soit gay. Et voilà, toi tout crachée, tu ne le connaissais même pas et tu étais déjà à te plaindre sur ton sort et à te poser tout un tas de questions sur lui. Mais comme tu n'étais pas indiscrète, tu n'allais pas le bombarder de question. Tu étais tout de même surprise, en 25 ans de vie ici, aucun voisin n'était venu se présenter à toi, et encore moins avec une bouteille de vin. « Dans ce cas bienvenue parmi nous ! Entrez, je vous prie » Tu te poussais de l'encadrement afin de le laisser. Tu jetas un coup d'oeil rapide à ses mains, il ne semblait pas porter d'alliance, ce qui pouvait être un bon signe, mais beaucoup d'hommes les retiraient, trop d'hommes. Et même quand il n'en avaient pas, ça ne voulait pas dire qu'ils étaient libres, alors arrêtes tes films. « Je suis Lily-Anaëlle, et je vais voir ce que nous avons » Tu lui pris la bouteille qu'il te tendait pour la mettre sur la table, en cherchant dans tes placards pour de la farine, des oeufs et du lait, enfin, ce que tu pensais être nécessaire pour une recette de pancakes, toi qui n'en cuisinais jamais, tu ignorais ce qu'il fallait, mais ça devait être comme pour une pâte à crêpe. Mais tu n'en restais pas moins silencieuse. « Vous êtes bien loin de chez vous ici, qu'est-ce qui vous a poussé à venir à Bowen ? »

Son métier te laissais perplexe, il venait d'arriver et tu ne voulais pas avoir à le bombarder de questions, ça ne se faisait pas, même s'il était venu pour se présenter à toi, ça ne voulait pas dire qu'il était prêt à répondre à un tas de questions. Mais tu ignorais ce qu'étais un trader, tu avais souvent entendu le terme, mais tu ignorais les tâches particulières, ou les missions, ou ce qu'il devait faire en une journée par exemple, mais tu avais retenu une chose : ça gagne bien sa vie un trader. Ou du moins, c'est ce qu'ils laissent entendre, peut-être que ce n'est que de la poudre aux yeux, pour attirer les gens, qui sait ? Il t'avait suivi dans la cuisine, et resté assez proche de toi. Comme la légendaire maladroite que tu es, tu finis par faire tomber le paquet de farine mais il eu un réflexe assez impressionnant parce qu'il le rattrapa presque aussi vite. Tu avais eu l'impression que le temps s'était arrêté. Ou alors il a de très bons réflexe, et il n'y a rien d'anormal. « Oh c'est gentil, mais la plupart de la décoration a été choisie par mon amie et colocataire Lily, oui, deux Lily dans une maison, c'est un peu à perdre la tête parfois quand les gens laissent des messages et qu'on les connait toutes les deux, mais sinon c'est plaisant. Et je suis décoratrice d'intérieur, mais que depuis quelques mois, je me suis reconvertie professionnellement, avant j'étais libraire » Et tu parles trop aussi. Il était là pour quelques ingrédients, pas pour connaître ta vie, mais c'était plus fort que toi, tu étais dans le trop. Trop d'amour, trop gentille, trop naïve. Tu pouvais à présent fermer ton placard et aller vers le frigo. Il devait bien rester quelques oeufs. Quand il te parla de ton petit-ami, tu avais envie de rire, parce qu'aussi belle que ta vie puisse être, elle n'abritait aucun petit ami. Et pourtant cette année tu en avais vu défilés des hommes, pensant à chaque fois que ça serait le bon. Tu haussais doucement le épaule en sortant les derniers ingrédients qu'il te manquait. « Ne vous inquiétez pas, il n'existe pas, je les fais tous fuir ! »

Et voilà, qui rougissait comme une tomate parce qu'un homme fort charmant te faisais des compliments. Quand apprendras-tu de tes erreurs ? Quand te poseras-tu enfin les bonnes questions ? Pourquoi fallait-il toujours que tu te voiles la face ? La réalité était sûrement trop dure à entendre, tu préférais avancer avec des œillères et prendre le risque d'en voir un nouveau fuir le plus vite possible, plutôt que de poser les bonnes questions, ou de mettre des limites à leurs actes. « Je ne sais pas sincèrement ce qui cloche.. » Tu le suivis afin de l'aider à ouvrir la porte et la fermer derrière lui, tu ne lui avait pas donné de sac et il semblait pouvoir tout porter mais pouvait-il ouvrir la porte aussi ? Bien qu'il soit agile, tu doutais fortement qu'un personne bien adroite puisse faire une chose pareil. Par ailleurs, sur le palier, il t'inviter à venir les déguster dans une dizaine de minutes, ce à quoi tu t'empressas de dire oui, sans même prendre le temps d'y réfléchir. Et si cet inconnu te voulait du mal et que tu te jetais dans la gueule du loup ? Tu n'y penses pas à ça, pourquoi te voudrait-on du mal après tout ? Une fois la porte refermée et le voisin partit, tu n'as qu'un envie, appeler Lily pour lui raconter, mais à l'heure qu'il est, elle est sûrement avec sa classe, et tu ne pouvais pas l'interrompre. Tu filas dans la salle de bain pour voir si tu te trouvais assez jolie, et peut-être changer ton petit pull pour un chemisier. Mais tu étais prête assez vite, alors tu attendais les 5 dernières minutes devant la porte d'entrée, ne voulant pas paraître trop pressée. Quand tu poussas la porte de sa maison, tu fus accueilli par un gros chien, que tu t'empressas de caresser, parce que tu le trouvais adorable. « Comment s'appelle cet adorable bête ? » Tu lui fis un sourire avant de t'approcher de lui, en cuisine, et de constater le massacre de ses pancakes. Tu trouvais ça touchant qu'il se soit mis aux fourneaux pour t'impressionner, et un peu moins qu'il rate, mais c'était une attention assez particulière. « Je sais faire cuire des crêpes, mais je pense que c'est à peu près la même chose » Tu pris place devant la poêle, après avoir mis de la pâte en essayant de former un cercle, un peu plus petit qu'une crêpe, et un peu plus épais aussi.

Une fois le relais pris, il s'en alla vers son chien pour te le présenter. Paxton. Ça te faisait penser à Robert Paxton, un historien qui avait écrit plusieurs livres sur la France pendant la période de la seconde guerre mondiale, des étudiants en histoire avaient eu besoin de ce livre, et tu avais fini par le feuilleter. Mais tu trouvais le chien plus agréable que l'historien, peut-être à cause de son maître. Tu adressas un joli sourire autant au chien, qu'au maître, avant de reporter ton attention sur la poêle. Si concentrée dans la cuisson de la pâte que tu ne l'avais pas vu se déshabiller, tu l'as entendu certes, mais le temps que l'information monte à ton cerveau, il était déjà revenu, et surtout déjà habillé. T'es d'une lenteur des fois, c'est assez impressionnant. Tu hochas doucement la tête pour lui répondre que tout allait bien, il n'y avait pas de quoi tergiverser. Bien que tu n'étais pas tout à fait certaine de ce à quoi devait ressembler des pancakes, les tiens devaient être un peu moins épais que ce que voudrait la convention. Si toutefois une règle s'appliquait pour définir la taille et l'épaisseur d'un pancake. « Il y a déjà une prochaine fois ? Vous êtes un peu du genre rapide vous, non ? » Tu posais le dernier pancake dans une assiette avant de mettre la poêle sous l'eau. Te tournant pour lui faire face, tu ne pensais pas le trouver aussi proche de toi, à croire qu'il faisait tout pour te draguer. Ce qui n'était pas pour te déplaire. « Eh bien, je le trouve fort sympathique, agréable à l'oeil, peut-être même trop pour qu'il soit libre comme l'air. Et un poil mystérieux parce que je dois avouer que pour moi les traders, ça existe que dans les films »

Il était prêt à attendre si tu ne voulais pas que ça aille trop vite, aucun homme n'était prêt à attendre normalement, sauf si la fille en question en vaut vraiment la peine. Mais toi, tu en valais la peine ? « Non, c'est juste que d'habitude si les hommes se font aussi pressant, c'est pour.. Vous savez, quoi » Tu te sentais idiote de ne pas pouvoir dire les choses telles qu'elles le sont. Si un homme est pressant, c'est pour te sauter ma jolie, faut pas avoir honte de le dire, même si c'est un peu cru. Tu devrais y être habituée depuis le temps. Mais non, tu continues de croire que s'ils font ça c'est pour tes beaux yeux et parce qu'ils rêvent déjà de la maison familial dans laquelle vous allez vivre avec votre traînée de bambins. Mais faut que tu arrêtes de te projeter dans des films que tu es la seule à voir. Tu ne traînes pas quand il t'invite à table, l'odeur te donne faim et même s'il ne sont pas réglementaire, ils ont l'air quand même bon, c'est tout ce qui compte non ? Tu l'écoutes réagir à tes remarques, manquant de t'étouffer quand il parle d'enfants. Ah l'humour, tu n'étais pas très bonne dans ça, c'était toute une subtilité que tu n'avais pas. « Pas l'ombre d'une amoureuse ou d'un amoureux ? Vous aussi vous les faites fuir ? » Et te voilà niaise, il y avait d'autres manières d'appeler les gens et tu avais choisi le mot qu'un gamin de 8 ans aurait pris. Si tu voulais le faire fuir avant même qu'il n'y ai quoique ce soit, c'était bien parti. En tout cas il ne te manquait pas de respect, il était même généreux sur les compliments, tu avais les joues sur rouges, qu'on pourrait croire que t'étais devenue une tomate. « Des années ? Alors adieu les Etats-Unis ? Mais sinon, ça ne me dérange pas, mais je trouvais le tutoiement un peu trop familier pour une première rencontre. A la tienne alors ! » Tu portas ton verre à tes lèvres, évitant de boire trop vite, tu avais encore du travail qui t'attendait.

Tu ne pu t'empêcher de rire à ce qu'il venait de dire parce que même si tu trouvais ça idiot comme logique, tu devais admettre que ça fonctionnait ça sur au moins 90% des hommes et que tu devais t'y conformer, bien que pour toi, tu pensais qu'il était définitivement trop tard, tu avais déjà franchi le point de non retour des années auparavant, maintenant tu devais trouver ton prince parmi les 10% restants, ou forcer un homme des 90% à s'incliner devant toi. Bonne chance, pauvre folle. « Bien, dans ce cas où étais-tu pour m'apprendre ces choses ? J'en aurais eu besoin il y a longtemps, mais je crois que pour maintenant je suis irrattrapable. » Tu haussas doucement les épaules. Une mèche était venue se glisser devant tes yeux et tu la repoussas derrière ton oreille. Tu l'écoutais dire à quel point il ne se sentais pas prêt pour une relation stable, peut-être que dans le fond, tes hommes à toi, ils n'étaient pas prêts, ou alors que c'est toi qui est trop pressée, toi qui a trop envie d'avoir une petite famille idéale et la bague au doigt. Ces contes de fées quand tu étais petite ce n'était que de la poudre aux yeux, que de quoi te faire rêver, mais tu y a trop cru, et tu y crois toujours. « On est deux à la chercher alors, enfin moi je suis prête, c'est juste l'autre qui ne l'est pas, et c'est plus compliqué de mon point de vue, alors que toi, dès que tu te sens prêt, tu t'éprends d'une fille prête à avoir une famille et le tour est joué » Pourquoi tout semblait plus compliqué dans le vrai vie ? Tu aurais aimé être dans un livre, ou un dessin-animé, là où les vilains perdent, et les héros ont une fin heureuse, toujours et à jamais, là où le coup de foudre existe et où les hommes ne veulent pas que coucher avec toi. Tu l'as tellement imaginé, tant de fois à passer une scène comme celle de Cendrillon ou Blanche-Neige dans ta tête. Mais si toi tu venais à plonger dans un sommeil profond, il n'y aurait aucun homme au-dessus de toi, prêt à t'embrasser pour te délivrer du mal. Le true love n'existe pas en vrai. « J'espère que tu ne te sentiras pas trop dépaysé, parce que je pense qu'une grande ville comme New-York ça doit pas être la même chose que Bowen. » Tu te mis à rire. Tu n'imaginais pas trop les différences, si ce n'est le nombres d'habitants, toi qui n'avait jamais mis les pieds en dehors de la ville, sauf une fois pour Paris, tu n'imaginais pas trop ce qui pouvait changer. Pas de taxi jaune non plus, mais à part ça, c'est à peu près la même chose non ? « Ma foi, je suis fortement tentée par cette proposition, mais pas plus de deux verres, parce que j'ai une très faible résistance, et souvent, je ne sais pas comment ça finit » Tu lui lanças avec un sourire désarçonnant, comme si c'était la chose la plus naturelle à dire. Souvent on omet ce genre de détail, et toi tu le dévoilais avec grand plaisir.

Tu n'ajoutais rien, parce que tu étais certaine qu'il était déjà trop tard pour toi, quoiqu'il en dise, c'était trop profondément encré en toi. Chassez le naturel et il revient au galop. C'était tout toi ça, même si tu voulais faire bonne figure en voulant faire semblant d'essayer, tu savais très bien que tu n'aurais aucune chance de réussir. Tu terminais ton verre à ton tour, et te penchais sur la table comme pour être plus proche de lui, pour lui répondre. « Très bien, dans ce cas je vais retourner à mes affaires et je t'attendrais ! » Tu lui lanças un grand sourire avant de te lever et de filer vers la porte, non pas sans donner une caresses à Paxton avant de partir. Quand cesseras-tu de te faire avoir joli coeur ? Un beau garçon qui t'invite à boire un verre, et toi tu ne te poses pas de questions, tu acceptes sans sourciller et quand tu auras fini dans son lit, tu te sentiras encore plus mal que chaque fois que tu finis dans le lit d'un autre, sachant pertinemment qu'il ne te rappellera jamais. Mais pourtant, tu te dis que celui là c'est peut-être le bon, que tu peux être la femme qu'il désire, et l'enchaîner à une vie dont tu rêves depuis si longtemps maintenant. Encore une fois tu crois qu'il est différent de tous les autres, mais s'il était pire ? Non, tu ne préfères pas te poser de questions, parce que c'est toujours plus facile de jouer l'ignorante. Une fois chez toi, tu mis ta musique dans tes oreilles pour être sûre que rien ne pourrais te déranger, il fallait absolument que tu finisses de traiter ton dossier. Tu t'y penchais un bon moment et finalement après deux heures de réflexion, d'essai sur un logiciel fait pour, tu pensais avoir trouver la décoration qu'il lui fallait. Tu jetais un coup d'oeil à l'horloge : huit heures moins le quart. Pas le temps de prendre une douche mais largement de quoi se changer. Là qu'il faisait beau, tu allais pouvoir mettre une jolie robe. Tu finissais de remonter ta fermeture éclair qu'on sonna à la porte. Tu allas ouvrir sans pour autant courir comme une folle sur la porte. « Très ponctuel à ce que je vois » Tu lui offris un sourire. Te voilà prête à partir.