Pas ce soir Alizée ... ❖ Evan & Alizée

Nous étions en début de soirée. Je venais justement de revenir de mes cours. L’appartement était vide, Neal était sûrement sortis alors qu’Alizée, elle, ne devait pas encore être rentrée de son boulot. Honnêtement cela me rassurait presque. Je n’avais vraiment pas envie de là voire pour le moment … J’avais décidé de m'éloigner d’elle mais ce n’était pas chose facile puisque cette fille me rendait dingue et que j’étais totalement incapable de lui résister une fois qu’elle était en face de moi. Par conséquent la meilleure solution que j’avais trouvé mais également la plus lâche était de la fuir. Ça faisait quelques jours que j’essayais de l’éviter surtout quand Neal était là aussi, les voire ensemble me donnait désormais envie de tous casser. Totalement le contraire d’au début de notre “relation”. Et pour passer ma frustration, je sortais avec encore plus de filles que je n’en avais l’habitude auparavant. Je profite même désormais de leur hospitalité pour la nuit afin de ne pas devoir revenir dormir ici.

Je venais de sortir de la douche et n’avais enfilé que mon pantalon. J’attendais un message de l’une de mes “amies” pour pouvoir partir. Afin de passer le temps je m’étais installé sur mon lit et continuais la lecture d’un livre quand j’entendis la porte se claquer. Je soupirai sachant très bien de qui il devait s’agir. D’un coup je mis à regretter de ne pas avoir été attendre dans un bar ...

   

« Salut toi », elle venait de s'appuyer dans l’encadrement de la porte pour me dire ses mots. Je n’avais pas relevé ma tête vers elle mais je savais qu’elle était en train de sourire … Elle repartit dans la salle de bain sans que je n'ai le temps de lui répondre. Je ne lui aurais pas répondu de toute manière. Je n’avais pas vraiment envie de l’affronter aujourd’hui. Car oui, depuis un moment je devais mener un véritable combat contre elle-même si elle ne le savait pas. Lorsqu’elle revient, je gardai obstinément les yeux rivés sur mon livre, relisant encore et encore la même ligne pour lui donner l’impression que j’étais occupé, pour lui donner l’impression que sa présence ne m'intéressait pas … Quand elle s’allongea près de moi pour poser sa tête sur mon épaule, je déglutis. Elle avait détaché ses cheveux. Désormais plusieurs de ses mèches venaient caresser mon torse. Ce qui n’arrangea pas les choses … « Comment tu vas ? » Je décidai de prendre les choses en main. Je ne comptais plus la toucher désormais. Je l’avais décidé il y a un moment déjà. Cela ne fessait qu’empirer les choses pour moi. Depuis tous les moments d’intimité que je partageais avec elle m'enfonçait un peu plus dans mes stupides sentiments. « Ça va. » lui dis-je d’un ton lasse et en soupirant. Finalement j’entendis mon téléphone vibrer sur ma table de chevet, sûrement Olivia qui me confirmait notre petite soirée... Au même moment je me décalai quelqu’un peu afin de retirer mon épaule de sous sa tête et je refermais mon livre brutalement. Une fois debout, je le déposa sur mon bureau et attrapa l’un de mes t-shirts pour l’enfiler. Je me dépêcha le plus possible afin de sortir de l’appartement au plus tôt et de m’éloigner d’Alizée. De plus je ne tenais pas à être la quand Neal reviendra. Comment étais-je arrivé à fuir même mon meilleur ami ? Elle avait vraiment tout retourné ...

   

« Tu t'en vas ? » Pourquoi posait-elle ce genre de questions ? N’était-ce pas assez évident ? Alors que je voulus me diriger vers la porte, elle s’interposa, les mains sur les hanches. « Ma compagnie ne t'intéresse plus... ? », elle me demanda ça en cette moue qu’elle fessait à chaque fois … Sérieusement, ne pouvait-elle tous simplement pas me foutre la paix ? À leur qu’il est elle devait clairement avoir compris que je ne tenais plus du tout à être dans la même pièce. En fait même être dans l’appartement quand elle était là m’était de moins en moins supportable. Je savais ce qu’elle cherchait à faire … Elle me connaissait trop bien, elle pensait sûrement que je ne pourrais pas m'empêcher de jouer avec elle … Et ça aurait été vrai, normalement. Mais aujourd’hui la situation n’était plus normale. Alors que je me perdais presque dans mes pensées je sentis ses doigts effleurer mon torse par-dessus le t-shirt que je venais d’enfiler. Elle absorba mon regard en mon d’une seconde … Je savais que si ça partais comme ça je finirais encore une fois par lui céder car je n’étais toujours pas capable de lui résister. Déjà jusqu’ici, la voir comme ça, si vous saviez à quel point j’avais dû me retenir pour ne pas sauter sur elle. Malgré tous mes efforts pour sortir, elle s’obstina à rester entre moi et la porte. « Sérieusement Evan, on se croise à peine, tu es différent depuis quelques jours, j'ai l'impression que tu m'évites et je n'ai aucune idée de ce qui pourrait justifier ton comportement, tu m'expliques. »  D’un coup j’avais pu voir que son ton était devenu très sérieux. Et pas que cela d’ailleurs. En sentant toute cette déception dans son ton, je préférai détourner les yeux et me mis à fixer par ma fenêtrée ce qui se trouvait dehors.« J’ai le droit d’être occupé non . Mon temps libre ne t’est pas réservé tu sais. Et puis ce n'est pas tes affaires … Maintenant tu m'excuses mais je ne voudrais pas être en retard. » Malgré sa veine tentative de me barrer la route, je me rendis quand même dans le couloir ou j’attrapai ma veste sur le fauteuil. Je ne pris même pas la peine de vérifier la présence de mes clefs, je ne comptais de toute manière pas revenir ce soir.

   

« Bordel Evan qu'est ce que j'ai fais ?! » Elle me suivit alors que j’enfilais ma veste. En l’entendant je levai les yeux au ciel. Je pus la sentir s’approcher de moi.  « Ça te ressemble tellement pas tout ça ... ». Ça ne me ressemble pas, c’est vrai … elle a raison. Mais les circonstances ne me permettent pas d’agir normalement. Être avec elle, être avec Neal, être ici et les voir ensemble, être ici et là voire avec d’autres ... Comment pourrais-je le supporter maintenant que j’avais ces sentiments pour elle ? L’éviter était ma solution. Sortir avec bien plus de filles que je n’en avais l’habitude. Au moins le peu de temps que je passais dans leur lit, j’arrivais presque à me sortir Alizée de la tête … Actuellement c’était la seule chose dont j’ai besoin. J’en ai besoin pour me protéger. Me protéger de ces fichus sentiments. Maintenant que je sais ce que ça fait d’aimer quelqu’un, je ne comprends que mieux pourquoi j’avais décidé de les fuir à la base … C’est vraiment prise de tête. J'eus à peine le temps de réagir à sa réplique qu’elle m’attrapa le bras afin de me retenir une nouvelle fois. Tenace. À mon grand désespoir. Je me libérai d’un coup de coude avec une grimace. Franchement ne comprenait-elle vraiment pas ce qui se passait ? Ce qu’elle me faisait subir. Était-elle aveugle à ce point ? La plupart des filles auraient déjà compris … mais bon Alizée était à peu près aussi douée que moi avec les sentiments. Elle me fixe droit dans les yeux et se mit sur la pointe des pieds pour enfuir sa tête au creux de mon cou. « Reste ... » Ce ne fut qu’un murmure. Mais un murmure qui faillit bien me faire craquer. Tous aussi bas je lui répondis « Pas ce soir Alizée ... » Je me reculai d’un pas afin que nos corps ne se touchent plus.

   

« Tu sais quoi . Fais ce que tu veux ! ». Je ne savais pas si je devais être soulagé ou pas qu'elle ait abandonné enfin. Bien sur c'est ce que je voulais depuis le début et j'avais tout fait pour … mais j'étais déçu. Je suppose que je ne suis pas le seul à ressentir ça dans ce genre de situation. Peu être avais-je été trop loin ? Je voulais m'éloigner d'elle mais qu'elle me déteste. Si même Alizée qui était l'une des personnes les plus tenaces que je connaissais abandonnait face à mon comportement … « Si ma présence t'insupporte à ce point tu n'as qu'à le dire et je fais mes affaires et j'me casse. » À cette phrase, je me retournai vers elle. Elle venait de s'adosser contre le mur et fixait le sol. Ce qu'elle est stupide … Ce n'est pas que je ne voulais plus d'elle auprès de moi, au contraire, mais je ne pouvais l'avoir près de moi dans ces conditions. La voir comme ça à ne plus savoir quoi faire … Elle me faisait toujours douter, j'avais maintenant envie de balancer tout ce à quoi j'essayais de m'accrocher depuis un moment pour ne pas lui céder. « T’inquiète. T'auras pas à partir c'est moi qui vais le faire. » Mon téléphone n’arrêtait pas vibrer dans mon poche. Sûrement Olivia qui se demandait pourquoi je mettais autant de temps à arriver. « Et puis Neal ne va pas tarder, tu pourras t'occuper avec lui. »

   

Je n’eus même pas le temps de me rendre compte de quoi que ce soit que les lèvres d'Alizée étaient déjà plaquée sur les miennes. Bon sang ce qu'elle pouvait être impulsive. Sa main passa dans ma nuque avant d'aller se perdre dans mes cheveux. À ce contact je sentis un frisson remonter depuis le bas de mon dos et court-circuiter toutes les pensées logiques qui prenaient forme dans mon esprit. Elle était vraiment la seule à pouvoir me faire ressentir ce genre de chose. Quand elle se sépara de moi je ne savais plus quoi penser.Elle venait, en seulement quelques secondes, de faire s’effondrer toutes les résistances que j'avais mises en place contre elle alors je n’eus d'autres choix que d'aller me cacher derrière mon excuse préférée, Neal. « Et si c'est de toi dont j'avais besoin ce soir ? » Aussi pathétique que ce soi, je n'avais pas pu m’empêcher d'être réellement heureux quand elle avait prononcé ces mots. Mais je suis tenace. Même cette phrase qui m'aurait presque fait sourire n’effaçait pas toute l'amertume qui montait en moi depuis des semaines maintenant. Amertume provoquée par le fait que je savais très bien qu'Alizée n'aurait jamais les mêmes sentiments pour moi que ceux que l’imbécile que je suis éprouve désormais pour elle. Et dire que c'est ce détachement affectif pour ses amants que j'avais le plus appréciés chez elle à notre rencontre … Aujourd'hui c'était la chose qui me faisait le plus souffrir. Je sortis mon téléphone de ma poche afin de lire les messages que j'avais reçus. C'était stupide peut-être mais il me fallait quelque chose à quoi me rattacher pour ne pas céder. Tous en pianotant dessus pour envoyer mes réponses je releva brièvement les yeux vers ma chère colocataire. « Ce n'est pas mon problème. Moi j'ai besoin d'être loin de toi » Bon j'aurais peut-être dû le formuler autrement car je ne suis pas sur de la manière dont Alizée va interpréter ça mais au moins peut-être elle comprendra-t-elle que je suis dans une période de ma vie où il vaut mieux pour nous deux qu'elle ne reste plus près de moi.

   

« C'est trop demandé de me dire pourquoi Évan ? » Alors que ces mots sortaient de sa bouche, je ne pouvais m'empêcher de lui répondre dans ma tête. Oui Alizée ! C'est trop demandé. Qu'est-ce qu'elle attend que je lui dise sérieusement ? Je ne peux plus rester près de toi, car tu me rends totalement dingue, je suis en train d'éprouver pour ton insupportable personne des sentiments que jamais j'aurais cru ressentir auparavant. Avant que tu ne débarques et foutes tout en l'air dans ma tête. Je n'aurais jamais été assez bête que pour tomber amoureux d'une fille. En particulier une aussi rebelle et indépendante que toi. Bien sûr, ces mots restèrent uniquement dans mon esprit et ne passèrent pas mes lèvres. Elle se tenait droite devant moi. Elle ne comptait visiblement pas lâcher l'affaire. Les mains sur les hanches, elle soupira. Quant à moi, je préférais encore lui donner ce dont elle avait envie plutôt que de me retrouver forcer à parler. « Tu sais quoi . Laisse tomber, oublie. » Je m'approche d'elle et plaçai l'une de mes mains sur sa hanche avant de la ramener contre moi. Ma tête se pencha avant d'aller se perdre dans son coup où mes lèvres se mirent à le parcourir. « C'est bon, tu as gagné. »