I’ve become so good at hiding that I don’t know who I am anymore. † Krystal

I’ve become so good at hiding that I don’t know who I am anymore.
Effy & Krystal

Durant la matinée, Effy n'avait cessé d'hésiter lors de son premier cours. Allait-elle y aller ou non ? Telle était sa grande question depuis qu'elle s'était réveillée. La semaine dernière, elle avait pris un rendez-vous, après avoir encore une fois hésité pendant de nombreux jours. Elle avait finalement appelé celle qu'on lui avait conseillé pour fixer ce rendez-vous aujourd'hui en fin de matinée, avant le temps de midi, puisqu'elle n'avait pas cours à ce moment-là. Et maintenant elle se retrouvait en face de l'hôpital, à l'heure convenue. Elle serait un peu en retard, tant pis. Enfin, si elle y allait. C'est endroit lui donnait des frissons. Bien trop de souvenirs sombres hantaient le souvenir qu'elle avait de l'hôpital. Inconsciemment, elle caressa son poignet du bout des doigts, là où les cicatrices étaient cachées par ses nombreux bracelets.

Cela devait faire dix minutes qu'Effy restait là, devant cet immense bloc de béton qui ne lui inspirait rien de sympathique. À attendre on ne sait trop quoi. Peut-être qu'il explose inopinément, histoire de lui donner une bonne excuse pour ne pas aller à son rendez-vous. Non, bordel c'était elle qui avait décroché son putain de téléphone pour se trouver un nouveau psy. Alors elle avait plutôt intérêt à se bouger les fesses et à y aller. Après une grande inspiration, la jeune brunette entra dans le bâtiment, ses cheveux retenus en une tresse lâche dans son dos, habillée d'un jean simple et d'une chemise à carreaux ouverte sur un top brun. Elle avait troqué ses habituelles Doc Martens contre des chaussures plus discrètes, de simples baskets de ville basses.

Après s'être adressée à la blonde parfaite façon Barbie à l'accueil, Effy monta les escaliers pour arriver à l'étage où elle était censée se rendre. On lui indiqua une salle d'attente, où elle s'assit de manière bien moins décontractée que d'habitude, ses yeux d'un bleu incroyable fouillant nerveusement la pièce. Autant dire qu'elle n'était pas à l'aise, et même pas du tout. Sans trop savoir pourquoi d'ailleurs.

La jeune fille jouait nerveusement avec ses doigts, son regard azur se promenant un peu partout sans presque jamais s'arrêter. Ça y est, elle regrettait d'être venue. Sérieusement, qu'est-ce qu'elle foutait ici ? Personne ne pouvait l'aider, c'était un fait. Elle ne se rappelait même pas pourquoi elle s'était mis en tête qu'un psy lui ferait du bien.

C'était d'ailleurs une psychologue, une jeune femme aux longs cheveux blonds qui vint annoncer son nom dans la salle d'attente. Effy sentit son pouls s'accélérer quelques secondes, pendant lesquelles elle ne dit rien et hésita. Il était encore temps de renoncer. Non, c'était trop idiot. Ça ne lui coûterait rien d'essayer. Enfin... Elle l'espérait. La jeune brune se leva, prit son sac et se dirigea vers le médecin, le visage impassible. Seuls ses yeux clairs, d'une rare intensité, plongèrent dans ceux de la psychologue. Elle suivit la jeune femme à l'intérieur de son bureau sans un mot, à part un bref "bonjour" murmuré avec politesse. Elle avait l'impression qu'on pouvait sentir sa nervosité à des kilomètres et cela ne l'aidait pas à se calmer. Elle avait l'impression de ne plus s'être sentie aussi vulnérable aux yeux de quelqu'un depuis des mois. Et encore, les choses sérieuses n'avaient même pas encore commencé.

Madame Shepperfield, carrément ? Effy ne put s'empêcher d'esquisser un sourire amusé, ce qui la détendit quelque peu. Elle n'avait que dix-neuf ans après tout, même si elle appréciait la politesse de cette jeune femme. Toutefois, c'étaient des présentations formelles, ce qui était tout à fait normal pour une première rencontre, mais laissait Eff' toujours aussi crispée. Elle ne pouvait blâmer sa nouvelle psychiatre, après tout, avec son psy précédent, les premières séances avaient été difficiles, avant de devenir beaucoup plus relaxantes et productives. Ils avaient finis par se tutoyer, Effy s'était sentie en confiance au bout d'un moment et il l'avait beaucoup aidée. Ils avaient parlé pendant de longues heures, de tout et de rien, il avait fait remonter des souvenirs à la surface, l'avait aidée à affronter ses démons. Alors il n'y avait pas de raison que ça ne marche pas avec Krystal. Joli prénom, par ailleurs. Et puis, le fait qu'elle soit une femme devrait aider la brunette à se sentir plus à l'aise. Elle était juste nerveuse, comme toujours elle avait ce sentiment que sa psy ne saurait jamais ce qu'elle ressent exactement. Mais ce n'était pas une raison pour rester froide comme une porte de prison.

« Euhm... D'accord, je... Je peux vous appeler Krystal ? »

Demanda Effy d'une voix douce après l'entrée en matière de la psychiatre. C'était fou comme son comportement pouvait être différent dans le bureau d'un professionnel de la cervelle, de quand elle était au-dehors, seule ou avec des amis.

« Mal. Je vais mal. »

Murmura la jeune brune, baissant les yeux vers ses mains qui avaient enfin cessé de se tortiller. La réponse avait fusé. C'était plutôt une évidence non ? Si tout allait pour le mieux, elle ne serait pas venue ici. Mais il aurait été mesquin de reprocher cette question à la psy, surtout qu'Effy avait parfaitement compris ce que cette dernière avait voulu dire. La jeune fille allait souvent mal, mais certains jours passaient mieux que d'autres. Et parfois, de temps en temps, rarement, elle passait une journée où elle était heureuse. Comme si ses démons et ses cicatrices s'étaient évaporées, comme si elles n'avaient jamais existé.