she's not only my daughter anymore... (Asher)

Tu l’avais lu, noir sur blanc. Cali était reliée à Asher à 99,9 %. T’avais pas compris pourquoi ils mettaient pas 100 %, mais tu l’acceptais. Tu avais le papier sur la table de la cuisine et tu l’observais sans cesse, comme si les chiffres allaient changer. Ta petite tornade était à la garderie avec les autres enfants. Toi, t’avais besoin de digérer la nouvelle. Asher t’avait demandé de ne pas lui en parler… Et pourtant, la seule personne que t’avais envie d’appeler, c’était lui. Pour lui dire, pour lui raconter, pour lui dire que t’étais heureuse. Ton cœur battait la chamade. Tu commençais par l’aspect désagréable : appeler Myles. Et comme toujours, tu tombais sur la boîte vocale. « C’est Kara. Je sais que tu ne me rappeleras pas, tu le fais jamais. Mais j’voulais que tu saches, c’est pas toi le père de Calista. T’avais raison sur toute la ligne. » Et tu raccrochais. Si lui ne daignait pas te répondre, toi tu ne cherchais pas à faire tous les efforts. T’avais toute la paperasse sous les yeux. Est-ce que tu retirais Myles comme père? Oui, c’était inévitable. Est-ce que tu mettais Asher comme père à la place? Tu devais en discuter avec le principal intéressé. Tu l’avais convoqué chez toi et tu l’attendais à la table de la cuisine. « Hey. » Que tu lui disais avec un sourire. « Faut qu’on parle. » Que tu dis, sans savoir si toi-même tu vas pouvoir lui annoncer la nouvelle.

Cali était sortie de l'hôpital, elle allait mieux et c'était le cas de nous tous. Je n'avais pas vraiment reparlé à Kara après le restaurant thaï, je l'évitais autant que possible en fait. Mais ce matin elle m'avait convoqué dans sa cuisine et j'avais peu de doute sur ce que cela signifiait. Elle allait vouloir me donner les résultats du test de paternité, ce même test que j'avais réalisé à contre cœur. Elle était installée à la table de la cuisine, souriante, et alors que j'allais m'asseoir en face d'elle son téléphone se mit à sonner. C'était Myles. Lui qui n'appelait jamais, le timing était étrange. « Tu peux répondre. Je vais attendre dehors. » Dis-je en montrant la baie vitrée qui menait à l'extérieur. Je me sentais faible sur mes jambes, mon cœur battait trop vite et j'avais peur. Peur de ce qu'elle allait me dire, peur d'aggraver un peu plus notre relation déjà instable. J'aurais aimé avoir plus de contrôle sur la situation. Je tournais en rond sur sa terrasse pendant qu'elle parlait au téléphone. J'essayais de ne pas regarder dans sa direction, mais je pouvais quand même sentir que c'était tendu, et même si notre relation n'était pas au beau fixe je n'aimais pas la voir dans cet état pour son ex mari.

Tu savais qu’il t’évitait et t’avais jamais été douée pour l’évitement, en fait… Tu savais ce qu’il voulait, tu savais ce qu’il attendait de toi. Mais toi, t’étais pas certaine de pouvoir lui donner ça. T’étais pas certaine de pouvoir faire quoi que ce soit d’une certaine façon. Lorsque t’accueillais Asher, c’était moins chaleureux qu’à l’habitude, peut-être un peu de froideur de sa part. Tu savais pourquoi, tu lui avais fait comprendre que tu ne pouvais pas être la femme pour lui. Mais cette fois-ci, ça ne te concernait pas toi, enfin, pas que toi. Le bruit du téléphone se faisait entendre et t’étais pas sans comprendre que c’était Myles qui avait écouté ton message vocal. Asher t’implorait de répondre en disant qu’il allait attendre dehors. T’aurais préféré qu’il ne rappelle pas, Myles. T’aurais préféré rester dans cette vie différente. Tu soupirais et finalement, tu prenais l’appel.

Il hurlait et toi, tu tremblais comme une feuille. Comment t’avais pu oser croire que c’était lui le père, lui qui te disait qu’il était stérile et qu’il le savait depuis belle lurette. Il te remettait en plein visage qu’il savait qu’Asher était le père. Et toi, tu tremblais et tu te mettais à pleurer. Tu avais menti à ton ex et t’étais mal à l’aise. Lui, le savait et c’était pourquoi il ne cherchait pas à tisser un lien avec Cali. Il le faisait uniquement à ta demande. Myles avait déjà fait testé Cali dans ton dos. Il te demandait de retirer son nom de l’acte de naissance de ta fille. Il ne voulait pas en entendre plus. Doucement, ton monde s’écroulait. Tu savais que tu pouvais le rebâtir, mais tout ces mensonges… Tous ces secrets. Les joues pleines de larmes, tu allais à la porte et tu sortais rejoindre Asher sur la terrasse. « J’aurais vraiment besoin de mon meilleur ami, en ce moment. » Que tu lui disais, la gorge nouée, remplie d’émotions. Tu soufflais et tu mettais tes cheveux derrière tes oreilles. « Tu veux savoir ou non? » Que tu lui demandais finalement.

J'étais arrivé au mauvais moment. Myles appelait. J'avais donc laissé Kara répondre en m'éclipsant sur la terrasse. Je tournais en rond, jetant de temps à autres des regards dans la direction de la brunette qui semblait au plus mal. J'entendais la voie grave de l'homme à travers le téléphone alors que j'étais à plusieurs mètres de là, il devait hurler et ses mots étaient durs. Kara s'était mise à pleurer et il me fallut beaucoup pour ne pas aller lui arracher le téléphone des mains et la prendre dans mes bras. Il ne pouvait pas lui parler comme ça ! Je bouillais intérieurement, parce que même si Cali n'était pas sa fille, Myles avait aimé Kara... Comment pouvait on parler comme ça à une femme que l'on avait aimé ? J'étais remplis de rage pour cette homme.
La brunette finit par revenir vers moi sur la terrasse, les yeux pleins de larmes et le cœur lourd, me demandant d'être son meilleur ami. Je ne pouvais pas lui refuser, elle en avait tellement besoin à ce moment là... Je fis les quelques pas qui nous séparaient et je vins l'enlacer en embrassant le haut de son crâne. « Je pense que je le sais déjà... Cali est ma fille. » Je ne réalisais pas pleinement ce que cela signifiait, mais je savais d'avance que ma vie allait être chamboulé. « Au moins ça explique son allergie. » Je lui pris la main pour la ramener à l'intérieur. J'étais chez elle comme chez moi, alors dans sa cuisine je nous préparais deux grandes tasses de chocolat chaud avec quelques morceaux de guimauves sur le dessus. C'était la boisson réconfortante, celle que l'on buvait quand ça n'allait pas trop... Elle en avait besoin autant que moi. « Je ne sais pas si ça va être d'un grand réconfort pour toi, mais ça ne va pas changer grand chose. Je vais continuer à l'aimer et à m'occuper d'elle comme avant. Je participerai aux frais et je pourrais peut être l'emmener en weekend chez mes parents un jour... » Pas tout de suite. Il allait falloir digérer la nouvelle - pour tout le monde - avant de s'aventurer dans des excursions pareille. « Je ne ferais jamais rien sans ton accord. C'est ta fille avant tout. »
Et dire que lorsqu'elle m'avait forcé la main pour faire le test, j'avais failli refuser. Je ne voulais pas pour tout plein de raisons et là... Là je m'oubliais car Kara n'allait pas bien. J'oubliais les deux années que j'avais perdu, j'oubliais que j'étais un bâtard qui avait couché avec une femme marié, j'oubliais que j'allais surement perturber l'enfance de Cali. Je n'étais ni heureux, ni en colère, ni même dans un état de peur, j'étais juste en mode automatique.

La colère de Myles était compréhensible d’un côté, tu te mettais à sa place et tu pouvais te l’imaginer… Mais avec la situation actuelle, t’étais perdue sur ce que tu devais faire. Alors que t’étais sur la terrasse avec Asher, il faisait quelques pas et te serrait dans ses bras pour t’embrasser sur la tête et quelque part, cette étreinte te faisait tant de bien… mais de l’autre, elle te laissait vide et coupable. Coupable de ne pas être capable d’aimer ton meilleur ami à la hauteur de ce qu’il méritait. Lorsqu’il disait que Cali était sa fille, tu hochais la tête positivement. Tu haussais les épaules concernant l’allergie. Il faisait comme chez lui et te préparait un chocolat chaud. Tu ne savais pas trop quel alcool devrait aller dedans, mais ça t’en prendrait beaucoup! Tu l’écoutais et tu soupirais. Ça ne changerait pas grand-chose. « Tu ne veux pas venir vivre avec nous? » que tu lui offrais gentiment. Il te parlait de ses parents et tu hochais la tête. T’étais pas très dure à convaincre, Kara. Tu savais que ce qu’il faisait, il le faisait bien. Tu n’avais aucune inquiétude. Tu soufflais finalement en réalisant que ce serait mieux comme ça. « Ce n’est plus ma fille, c’est notre fille. » Que tu le reprends. Parce que c’était ça maintenant. Il avait autant de droits que toi. « Je vais m’occuper de la paperasse bientôt, à moins que tu ne veules pas être reconnu comme son père légalement? » que tu lui demandais en doutant fortement vu tout ce qu’il t’avait dit. Tu jouais avec tes mains maladroitement. « Je sais que c’est un coup dur. » que tu lui disais. Et il ne savait pas tout… Tu déglutissais difficilement en prenant une gorgée de ton chocolat chaud. « Je sais que ça fait beaucoup à digérer, mais… heum… y'a autre chose aussi... » Que tu lui disais à mi-voix, gênée.

C'était un choc, car même si je m'y attendais un peu, apprendre que j'étais le père de Cali restait un énorme changement. J'avais perdu beaucoup de temps avec la petite, j'allais devoir apprendre à faire fonctionner cette nouvelle relation, introduire une nouvelle dynamique, j'espèrais que ça irais... Qu'elle aller m'accepter dans ce nouveau rôle. Mais pour le moment, je devais surtout m'occuper de Kara qui venait de se prendre une soufflante par Myles. Je lui avais préparé un chocolat chaud pour lui remonter le moral.
« Je pense qu'il vaut mieux que l'on garde chacun son chez soi pour le moment, au moins jusqu'à ce que la situation soit plus stable. » Lui dis-je honnêtement. Ce n'était pas l'envie qui me manquait, mais il y avait beaucoup de détail à régler avant de se lancer dans une cohabitation. Elle me parlait déjà des papiers à remplir pour que je sois officiellement le père de Calista. « Je veux bien. » J'avais été réticent au tout début ou elle m'avait suggéré l'idée de la paternité, j'avais eu peur, mais finalement ça ne me servait à rien de nier l'évidence. J'étais papa. Je n'avais aucun souvenir de la nuit où je l'étais devenu, mais le fait était que j'étais père...
Kara suggéra qu'il y avait plus à discuter et innocemment je me mis à rire. « Je ne t'ai quand même pas fait un deuxième ? » Mon sourire s'évanouit assez rapidement en voyant l'effet que ma "blague" avait eu sur la brunette. « Non... C'est pas possible d'être aussi boulet... »

Ça avait été dur de l’apprendre, de l’accepter encore plus. Pas parce que tu ne trouvais pas qu’Asher ferait un formidable papa, au contraire. Mais parce que t’avais cru pendant 3 ans que son père était un connard fini du nom de Myles… Ça et puis que Myles le sache sans t’en parler. Ça t’avait brisé le cœur. Tu retrouvais ton chocolat chaud que tu buvais lentement, la tête un peu ailleurs. L’homme disait qu’il valait mieux qu’on garde chacun nos chez nous, tu hochais la tête. « Je pensais qu’avec mon accident et Cali, ça aurait été plus simple de laisser ça comme ça. » Que tu lui dis simplement. En attendant, il acceptait le fait d’être le père légal de Calista et ça te rassurait beaucoup. De savoir que s’il t’arrivait un truc, que Asher serait son père officiellement et qu’il aurait sa garde, ça faciliterait la vie de la fillette. « Je m’en charge, ne t’en fais pas. » Tu t’en occuperais.

Tu ne t’étais pas attendue à sa blague. Pas du tout. Tu ne t’attendais donc pas au malaise qui suivait. Il perdait son sourire, toi tu fixais le plancher. « C’est pas une question d’être boulet. » que tu lui dis doucement à mi-voix. « Je vais prendre un rendez-vous pour voir où j’en suis dans la grossesse. Tu veux venir? » Que tu lui demandes. Tant qu’à être enceinte, autant qu’il puisse vivre tout le processus à tes côtés…

C'était un morceau de papier qui m'avait apporté ma paternité et j'allais devoir apprendre à être père à présent. Je craignais un peu de ne pas être à la hauteur, mais je n'avais plus le choix. Maintenant que je le savais, que Kara allait officiellement me déclarer comme le père de Cali, j'allais devoir assurer. « Je serais toujours présent Kara, je pourrais même dormir là de temps en temps pour t'aider, mais j'ai mon studio à la maison, mon chat, mon chien... C'est trop compliqué de tout déplacer. » Puis il y avait nous. J'avais envie de lui laisser du temps, qu'elle réfléchisse à ce qu'elle voulait vraiment faire de notre relation. Je l'aimais, mais j'étais prêt à rester son ami si c'était ce qu'elle voulait vraiment.

Apparemment, nous n'étions pas mieux que des adolescents irresponsables... Cali était née d'une première nuit de débauche et pour notre seconde les conséquences étaient les même. Kara était de nouveau enceinte et c'était de ma faute. Deux sur deux... Soit elle était fertile, soit son corps voulait repeupler la planète avec nos enfants. « Oui, je veux t'accompagner. » J'avais tout manqué avec ma première, je ne ferais pas la même erreur avec le deuxième. Mais ça me semblait surréel, en une heure je devenais papa de deux enfants. Je m'assis sur un des tabourets de la cuisine avant de me passer une main dans les cheveux. J'étais partagé entre la joie pure et unique de se sentir investi d'un nouveau rôle important, et la colère de ne pas être capable d'avoir Kara pour moi, de ne la mettre enceinte que par accident... « Tu l'as appris quand ? »

Tu savais qu’Asher allait être à la hauteur. Il l’était déjà. Il était déjà plus père que Myles l’avait été… En attendant, c’était la décision qu’il prenait et que toi, t’allais respecter. L’homme disait qu’il serait toujours présent, qu’il pourrait dormir là et tu écarquillais les yeux. « Et s’ils venaient vivre avec nous, eux aussi? Cali adore les animaux, tu le sais. » Tu ne savais pas trop ce que tu voulais, mais tu savais que tu le voulais lui dans ta vie un point à la ligne.

En attendant, ton meilleur ami voulait t’accompagner et tu hochais la tête. « Très bien. Je prendrai rendez-vous et je te tiendrai au courant. » Que tu glissais sagement. Pourtant, Asher avait agit à bien des points comme père. Il t’assistait lorsque Myles ne pouvait pas venir aux échographies et t’étais bien avec ça. T’étais si près d’Asher que tu le considérais même comme le père à certains moments. Il te posait la question et tu répondais franchement « Ce matin. » La tête dans les toilettes… Ok bon, le test positif t’avait aussi mis sur la route. « Comment tu prends ça? » que tu lui demandes en caressant ton ventre. Une petite poussière s’y était réfugiée, tu ne pouvais plus le nier maintenant.

« Je sais qu'elle les adore, mais j'ai besoin d'un peu de temps pour y réfléchir. » J'avais peur de précipiter les choses. Kara n'était pas prête pour moi tout de suite, alors je voulais lui donner du temps, de l'espace, alors vivre avec elle... Ça ne me semblait pas comme une bonne idée. Encore moins avec ce qu'elle m’annonça après. Elle était de nouveau enceinte, de moi, encore un accident et je dus m'assoir pour accuser le choc de la nouvelle. J'aurais pu sauter au plafond, mais c'était juste trop pour moi. Je la bloquais encore dans une situation rocambolesque. « Je ne sais pas. » Lui avouais-je en la regardant caresser son ventre. Sous sa main il y avait mon bébé, un mélange parfait entre son ADN et le mien, comme Cali. « Je ne m'y attendais pas du tout. » Mon regard se perdit dans le sien à la recherche d'indice sur ce qu'elle ressentait. Est ce qu'elle était heureuse ou paniquée ? Est ce qu'elle allait vouloir que l'on tente le coup ou pas ? « Et toi ? Comment tu te sens ? C'est le plus important le ressenti de la maman. » Dis-je sincère en posant ma main sur la sienne. Après tout, elle avait eu Cali presque seule, et la situation se reproduisant, ça devait être extrêmement flippant. Je ne voulais pas lui imposer ça, surtout après toutes les péripéties que nous avions vécu ces derniers temps. « N'empêche que c'est un battant, il s'est accroché alors qu'on t'a tiré dessus. » Ma voie était emprunte d'une certaine fierté que je n'aurais su expliquer. Fier de cet enfant qui n'avait pas lâché sa mère, même dans les moments difficiles. Le mien ! Kara n'aurait que mes enfants, pensais-je possessif.

Tu esquissais un petit sourire. « L’offre reste sur la table. » que tu lui dis avec un sourire, tout simplement. Il s’assoyait et quelque part, ça te rassurait. Il était tout un colosse, ton Ash. Tu ne te voyais pas le trainer partout dans la maison. L’homme ne savait pas comment il se sentait. Tu riais doucement alors qu’il te confessait qu’il ne s’y attendait pas du tout. « Moi non plus. » lui avais-tu avoué finalement. À sa question, tu pourrais un long soupir. « Je ne pense pas que mon ressenti soit le plus important. » Dis-tu franchement honnête. Tu affiches une mine songeuse. « J’sais pas trop… Ça me semble pas encore réel. » Tu n’avais pas encore ce gros ventre, tu n’avais pas non plus prévu cet enfant, contrairement à Cali qui était très désirée. T’étais un peu perdue dans tout ça. « Je croyais pas avoir un deuxième enfant dans la situation actuelle. » que tu admets finalement. Tu te mordilles la lèvre. « J’croyais que lorsque j’aurais un autre enfant, que j’allais être en couple, que ça allait être voulu, que je n’allais pas être seule… Là, c’est… tout un game changer. » Que tu penses à voix haute. L’homme te disait que l’enfant était un battant et tu pouffais de rire. « On peut le voir comme ça, en effet. » que tu déclares patiemment. Tu caresses ton ventre un peu plus, comme pour le remercier de sa patience et de son courage. Et de s’être attaché surtout. « Mais ça explique mon appétit démesuré et ma fatigue constante. » Tu l’admets, t’es affamée et fatiguée. T’allais pas mentionner le mal que tu avais à la poitrine, mais tu les comptais aussi parmi les symptômes de grossesse.

Kara n'avait pas facile d'accepter ce bébé qui n'était pas prévu. En fin de compte, comparé à elle, je le prenais plutôt bien. Elle allait devoir vivre cette grossesse seule, ça n'allait pas être facile. Elle avait raison, car même si j'allais être présent, je ne serais pas là dans son quotidien, je n'étais pas son mec, juste son meilleur ami, celui qui semblait la faire tomber enceinte à chaque fois qu'il buvait un peu trop en sa présence. « Je vais essayer de t'aider, tu le sais Kara... Je serais un peu là. » Je compris que cette grossesse n'allait pas être un instant de joie comme elle l'aurait aimé. Elle se sentait déjà seule, et ça n'allait pas aller en s'arrangeant avec le temps. Je me remis en question, moi et mes émotions contrastées.

« Si tu ne le gardais pas, je ne t'en voudrais pas. » Lui dis-je à demi voie pour qu'elle comprenne qu'elle avait le choix. Que je ne lui imposerais rien, même si rien que d'en parler ça me vidait émotionnellement. « Je ne suis pas là pour t'imposer un enfant, surtout si ça doit te rendre malheureuse. Tu as Cali. On a Cali. » Me repris-je en me relevant pour la prendre contre moi. J'avais été faible une minute, maintenant je devais redevenir fort pour être son support. Elle avait tout pleins de décisions à prendre et ce n'était pas facile du tout. C'était une vie qu'elle avait entre ses mains.

Doucement, Asher tentait de réparer les pots cassés. Qu’il allait essayer d’être présent et d’aider. Tu soupirais et tu secouais la tête. « Tu sais pas c’que c’est d’avoir un enfant tout seul. » Que tu glisses à mi-voix. « T’étais là avec Cali, mais au final, c’est moi qui les ai fait les nuits blanches… C’est moi qui la réconfortait la nuit, lorsqu’elle faisait un cauchemar. C’est toujours le cas, Ash. » Que tu tentes de lui expliquer. Tu hausses les épaules, un peu perdue dans tout ça. T’étais toute seule… Encore… T’aurais voulu qu’Asher soit là. À 100% investi dans tout ça, mais avec vous deux, ce n’était jamais simple. « Et là de penser que j’ai Cali et que j’ai… » Tu pointes ton ventre, ça te faisait des haut-le-cœur. Tu avais tellement vécu d’émotions et le sucre du chocolat chaud te virait à l’envers. Manquait plus que les nausées…

Tu relevais le regard vers lui et une autre fois, tu haussais les épaules. « On va s’assurer qu’il est en bonne santé et ensuite on verra. » Parce qu’avoir un enfant trisomique, tu refusais. J’avais Cali. Il avait raison. Ma vie n’était pas réduite à néant, j’avais Cali. J’esquissais un petit sourire à cette pensée. Doucement, il te prenait contre lui et tu calais ta tête dans son cou et tu te mettais à pleurer. Tu vivais trop d’émotions à ce moment même et soudainement, tu partais à la course pour atterrir face à face avec la cuvette de la salle de bain que tu remplissais de tout ce que tu avais mangé précédemment. Tu pleurais, tu hoquetais et tu te maudissais.

« J'ai essayé d'être là, mais c'était pas moi son père, c'était Myles... Je savais pas qu'elle était de moi. Si j'avais su, j'aurais embrassé mon rôle à 300%, j'aurais été là et je t'aurais aidé tout le temps. Je vais t'aider à partir de maintenant. Tu ne peux pas m'en vouloir d'un truc qui n'est pas de mon fait. » Dis-je agacé de l'entendre me dire ça. Je n'avais pas demandé à être mis hors jeu par Myles, et encore moins de ne découvrir ma paternité que deux ans après la naissance de ma fille. J'étais vert qu'elle me le reproche, mais le malaise de Kara me fit retrouver terre. Elle était patraque, comme nauséeuse. La pauvre. Je lui proposais une solution qu'elle repoussait du revers de la main, mais elle acceptait quand même de venir se blottir dans mes bras. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle se mette à pleurer, je la serrais plus fort dans mes bras pour lui faire sentir que j'étais là pour elle. Je ne savais pas vraiment si ça fonctionnait, car elle continuait à sangloter et la seconde d'après elle me quitta pour rejoindre la salle de bain et rendre tout le contenu de son estomac. Qu'est ce que je devais faire dans ces situations là ? Aller la voir ou rester à ma place ? Est ce qu'elle allait vouloir manger ou boire quelque chose ? Je tentais une approche, un verre d'eau à la main et bon espoir qu'elle irait mieux après avoir rendu le contenu de son estomac. « Ça va ? J'ai ramené de l'eau, t'en veux ? » Je me sentais impuissant dans la situation, mais comme elle me l'avait si bien fait remarquer plus tôt, je n'étais pas là quand ça arrivait, normal que je sois perdu.

« Je sais, pour ça je ne peux pas t’en vouloir. » que tu lui disais doucement, un peu attristée quand même. Mais Myles savait tout, c’était pourquoi il gardait contact avec toi, mais maintenant, il restait la réalité à expliquer à Cali. « Et Cali, on lui dit ça comment? » que tu demandes à Asher sans trop savoir toi-même quelle était la bonne voie à emprunter.

Tu ne savais pas si c’était l’étreinte ou un mixte de tout, mais t’avais rendu toute nourriture que t’avais mangé. T’es toujours assise devant la cuvette, le teint pâle. Tu hoches la tête positivement avec l’eau que tu prends et que tu bois lentement. « Tu vois, c’est ce genre de trucs que tu rates. » Que tu dis en riant doucement malgré l’ironie de la situation. Après, c’était toi qui étais enceinte, pas lui. Avais-tu réellement le droit de râler, Kara? Surtout quand c’était toi qui le repoussais sans cesse. Tu lui rendais le verre d’eau et tu vomissais de plus belle. Ça ne t’avait pas manqué les nausées… Puis, tu te retournes vers Asher et tu vois du sang sur ta robe. « Oh mon Dieu… » Que tu souffles en tentant de regarder d’où ça pouvait provenir. « J’en ai marre des hôpitaux. » Que tu râles une nouvelle fois en sachant trop bien d'où ça allait se poursuivre.