#303 ♦ Oh, if the sky comes falling down for you, there's nothing in this world I would'nt do. ♦ Woody + Nevaeh

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Oh, if the sky comes falling down for you, there's nothing in this world I would'nt do.
Felix & Woody & Nevaeh - la mifa in da place !

Felix était rentré du boulot assez tard, mais il était content de sa journée. Après tout, ce petit job qu'il avait trouvé était une aubaine. Et puis, il était d'excellente humeur comme bien souvent, alors il avait décidé que c'était un bon jour pour enfin aller voir son frère. Il ne l'avait pas encore revu depuis son arrivée, en soi il n'était revenu qu'une semaine plus tôt, et avait eu beaucoup à faire. Mais il était impossible de reculer encore leurs retrouvailles. Le blondinet était repassé chez lui en vitesse, prendre une petite douche, mettre un t-shirt et une chemise ainsi qu'un jean propre, avait enfilé ses baskets usées, puis était remonté dans la voiture pour passer à l'épicerie du coin prendre un pack de bières. Ensuite il avait conduit jusqu'à l'appart de Woody, impatient de revoir son frère.

Arrivé devant l'entrée du bâtiment, le jeune homme sonna à l'interphone, sur le bouton à côté duquel son nom de famille était écrit. Un grand sourire barrait déjà son visage. Il avait conscience qu'il tomberait peut-être un peu mal, c'était bientôt l'heure du dîner, mais Felix se dit que ça ne ferait pas de mal de prendre l'apéro entre frères. Et puis, il n'avait jamais vraiment enregistré la notion de "déranger". Débarquer sans prévenir et être un peu envahissant était un trait de son caractère qui exaspérait en même temps qu'il amusait les gens, pour la plupart.

« Hey bro' ! Ouvre-moi, j'ai l'air d'un idiot qui a perdu les clés de chez lui, avec mon pack de bières. Et puis tu ne vas pas laisser ton petit frère à la porte !»

Fit Felix d'une voix joyeuse et enthousiaste à l'attention de Woody par l'interphone.

« Ouais disons que j'avais besoin de changement, j'avais quand même ces cheveux-là depuis le lycée alors ... » J'étais en train d'expliquer à Nevaeh ce soudain changement capillaire, c'est-à-dire de passer des cheveux assez longs à une coupe aussi courte, quand j'entendis l'interphone sonner derrière moi. J'étais assis sur le grand divan, en face de ma soeur assise sur le petit fauteuil solo. Je déposai mon verre de vin rouge sur la petite table basse, me levant. « Deux secondes. » Avisais-je ma soeur en la laissant là alors que je me rendais jusqu'à mon couloir d'entrée, où j'appuyai sur le bouton. « Ouaip' ? » M'exclamais-je à l'attention de la personne qui venait sonner d'en bas. Contrairement à d'autres locataires de l'immeuble, je ne pesais pas automatiquement sur l'autorisation, ne voulant pas me ramasser avec n'importe qui dans l'établissement. Dès que je relâchai le bouton, l'interphone s'alluma de nouveau et la voix de mon frère retentit. Tout de suite mon coeur s'emballa, j'étais joyeux de l'entendre. Pourquoi ? Parce que je n'avais pas vu mon frère depuis un an. On avait majoritairement gardé contact par courriel et Facebook, ne parlant que très peu de vive voix, n'ayant tous les deux pas les mêmes moments pour s'appeler d'aussi loin. « Oh c'est pas vrai, you're back !! Mais monte !! Nev' est avec moi en plus t'as d'la chance !! » J'avais un grand sourire scotché au visage. Je poussai le bouton d'autorisation pour que Felix puisse monter nous rejoindre. Je retournai vite au salon, retrouver ma soeur. « T'as entendu ? C'est Felix ! » Je savais qu'il revenait bientôt, mais je n'avais pas eu de date exacte et personne ne m'avait parlé de son retour depuis une semaine. Bon, en même temps, j'étais aussi très enfermé dans ma bulle secrète avec Sara, mais c'est une autre histoire.

La porte s'ouvrit derrière moi alors que je partageais ma joie avec ma soeur. Je me tournai vivement et, écartant les bras, je m'approchai de mon frère. « C'est bon de te revoir, p'tit frère ! » Dans la famille, nous avions toujours été très affectueux. Nos parents nous avaient élevés de cette façon. Nous nous aimions, et il avait toujours été bien vu de nous le montrer. J'enlaçai donc mon frère et laissai ensuite la place à ma soeur pour ses retrouvailles. Toujours souriant, je regardai Felix. « Tu dois avoir un tas d'histoires à raconter ! » Cela tombait bien, Nevaeh et moi en étions à peine au début de notre soirée et nous dégustions de petites entrées de bruschettas en attendant que le repas cuise dans le four. Notre frère arrivait au bon moment.

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Felix & Woody & Nevaeh

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Oh, if the sky comes falling down for you, there's nothing in this world I would'nt do.▬ RUTKOWSKI

Cette soirée était prévue depuis longtemps, tellement longtemps que j'avais presque oublié le rendez-vous. Comme j'avais toujours été très tête en l'air j'avais heureusement tout noté sur mon agenda. Le BIPBIP de mon portable qui me rappelait l’événement me sortait de mes pensées. Oh bon sang. C'était évident que j'allais oublier. J'étais plongée dans mes recherches de job et en voyant l'heure je m’affolais comme une hystérique, les bras en l'air sans parler de mes yeux qui donnaient l'impression de sortir de leurs orbites.

1h. Il m'avait fallu une heure pour me préparer et me retrouver en bas de chez mon frère. Je voyais dans son regard qu'il avait eu une terrible envie de me tuer. Cela dit, ce que je remarquais en premier était cette coupe de cheveux très... spécial. J'avoue que je ne l'en aurais jamais cru capable. Lui qui aimait tant cette tignasse. Soit. Je n'allais pas lui balançait ça en pleine tête dès le début tout de même. Je le serrais fort dans mes bras. Cette sensation faisait du bien. C'était presque revigorant.

Nous nous étions à peine installé sur le canapé avec nos petits verres de vin que j'enchainais avec cette question qui me trotait dans la tête depuis que j'étais arrivée. « Et sinon tu m'expliques ce qui est arrivé à tes cheveux ? » À sa réponse je ne pouvais réprimer l'envie de rire avec avoir lâché un petit « oui, il était temps. » À peine avais-je terminé ma phrase que l'interphone se mit à sonner. Oh. Moi qui pensais que je profiterais de mon frère tranquillement. Seule. Et bien une prochaine fois. Du moins, c'est ce que je supposais avant t'entendre la voix de Felix à l'interphone. Je sautillais comme une puce sur mon siège. Il fallait dire que je n'avais pas vu mon petit frère depuis plus d'un an.

Une fois Felix dans l'appartement, je luttais pour ne pas me jeter à leurs cous et les serrer tous les deux tellement fort qu'ils s'en souviendraient encore longtemps. Cela dit, il fallait que je me calme, au moins un peu, même s'ils n'étaient pas du genre à râler pour des câlins, j'aimais autant qu'il ne soit pas fait sous la contrainte alors quand Woody me laissa la place, je me précipite dans les bras de mon frère. « Je suis contente de te voir. Tu m'as tellement manqué. » Lâchais-je en le serrant un peu plus contre moi. Après un long échange d'étreinte, je regardais mon frère avec un petit sourire sur le coin de mes lèvres « Avoue, tu as senti la bonne odeur et tu n'as pas pu t'en empêcher. »
Après quoi je laissais Woody s'occuper de Felix, il était chez lui après tout et mon verre de vin m'attendait.

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La voix enthousiaste de Woody répondit à l'interphone presque immédiatement, et le blondinet ne put réprimer un immense sourire lorsqu'il lui apprit que leur sœur était elle aussi présente. Une vraie réunion de famille s'imposait donc, voilà qui était une bonne coïncidence, Felix était super content de revoir toute la fratrie.

« Génial, j'suis là dans une seconde ! »

S'écria-t-il à l'attention de l'interphone, avant de pousser la lourde porte du bâtiment. Et ce n'était pas vraiment une exagération, il monta les escaliers quatre à quatre et fut dans le salon de son frère environ trois secondes plus tard. Il serra Woody dans ses bras, il était plus qu'heureux de revoir son frère aîné. Cela faisait un an qu'ils ne s'étaient pas vus, et il avait beaucoup manqué à Felix. Il nota par ailleurs un changement radical au niveau de son style capillaire, mais ne fit pas de remarque tout de suite, se doutant que leur sœur s'était déjà occupée de l'asticoter avec ça. D'ailleurs, en parlant de Nevaeh, celle-ci se jeta dans ses bras dès que Woody lui eut laissé la place. Elle semblait toujours aussi rayonnante qu'à son habitude, malicieuse et souriante.

« Vous m'avez beaucoup manqué aussi les gars. Et oui, tu m'connais, je peux pas m'empêcher de venir squatter dès que je sens l'appel de la nourriture. »

Lança le jeune homme aux cheveux clairs pour répondre à la remarque de Nev'. Il s'empressa de venir prendre place avec eux autour de la table basse du salon, s'asseyant dans le canapé à côté du Woody et déposant le pack de bières sur la table. Il y avait déjà un joli petit apéro disposé sur la table, qui lui faisait sérieusement de l’œil, et il ne se gêna pas pour saisir un petit pain grillé garni de tomates et mozzarella.

« Et quoi, t'as mangé tes cheveux pendant la nuit toi ? »

Plaisanta le jeune homme en se tournant vers son frère, avant de mordre dans son petit pain avec un sourire taquin. Cela faisait une éternité qu'il ne s'était pas retrouvé ainsi avec son frère et sa sœur, mais il avait l'impression qu'il n'était jamais parti. L'entente avait toujours été très bonne entre eux, rien n'avait changé.

Je rigolai joyeusement en penchant la tête vers l’arrière quand ma sœur me demanda de lui expliquer ce qui s’était passé dans mes cheveux. Je repris ma position initiale, posant une main sur mon genou et l’autre passant dans mes cheveux presque rasés. Je lui expliquai ce besoin de changement, et lui rappelai le nombre d’années durant lesquelles j’avais arboré cette coupe. Nevaeh acquiesça au fait qu’il était temps que je change de style de cheveux. Jusqu’à maintenant, je n’étais pas déçu ou nostalgique de mon ancienne tête. Certes, mes cheveux longs avaient longtemps été ma marque de commerce, mais au moins maintenant je n’avais plus besoin de passer la brosse dans ce bordel ou de les attacher lorsque la chaleur était suffocante. De plus, en étant de plus en plus sérieux dans ma relation avec Sara, j’avais de moins en moins besoin de ma marque de commerce.

C’est à ce moment que Felix fit résonner sa voix dans l’interphone quand j’appuyai sur le bouton, et en deux temps trois mouvements il se trouvait dans mon logement. S’en suivirent des retrouvailles et des étreintes à n’en plus finir. Nevaeh retourna finalement à sa place douillette sur mon fauteuil, verre de vin à la main, attendant qu’on la rejoigne. Je mis rapidement les bières de mon frère au réfrigérateur puisque celui-ci venait de les déposer sur la table. Je vins les rejoindre tous les deux au salon, un sourire très content au visage. Felix, en grand gourmand comme nous l’étions tous dans la famille, avait déjà une bouchée à la main. Avant de croquer à pleines dents, il me demanda si j’avais mangé mes cheveux pendant la nuit. J’éclatai de rire, lançant un coup d’œil complice à Nevaeh étant donné qu’il s’agissait de notre sujet de conversation quelques minutes plus tôt. « Oui, il fallait bien, avant que ce ne soit eux qui m’engloutissent !! » Parce qu’il fallait l’avouer, si cela continuait, on ne me verrait bientôt plus le visage derrière toute cette chevelure. Je m’assis finalement à côté de mon frère étant donné que la sœur était seule sur un petit fauteuil solo. Je pris à mon tour une bouchée et, avant d’y mordre, lançai à mon frère : « Bah alors, tu nous racontes un peu ? T’as pas donné très souvent des nouvelles de ton périple ! » Le grondais-je presque, amicalement. « T’sais quand j’obtiens plus de détails sur les nouvelles marques de shampooing de notre sœur que sur les aventures de mon frère à l’autre bout du monde, y’a un problème ! » Blaguais-je pour narguer Nevaeh. J'avais déjà tout oublié de mon objectif de la soirée avec ma soeur : lui parler de ma maladie.

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Felix & Woody & Nevaeh

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Oh, if the sky comes falling down for you, there's nothing in this world I would'nt do.▬ RUTKOWSKI

« Ben vas-y c'est ça moques-toi de mon shampoing. En attendant moi je donne des nouvelles. D'ailleurs si vous voulez tout savoir j'ai emménagé avec Joan ce week-end.»

Au début ou j'avais parlé de Joan à mes frères, ils avaient cru premièrement que c'était un garçon et deuxièmement que c'était mon amoureux. Alors toute notre adolescence, ils n'avaient pas arrêté de nous embêter avec ceci. Et maintenant adultes ils nous trouvaient toujours des petites âneries à chaque fois que je leur parle de Joan. Alors j'attendais sagement qu'ils me disent une de leurs nouvelles idioties.
« enfin bon, si ça vous dit, un de ces quatre, vous n'avez qu'à passer nous voir ! »

Je m'enfonçais alors dans le canapé en fronçant les sourcils, je les connaissais, je m'attendais à tour de leur part, après tout, plus rien ne pouvait m'étonner venant d'eux.
À mon tour j'attrapais un petit casse-croûte que je fourrais dans ma bouche sans aucune délicatesse comme une réponse à leurs moqueries après quoi, j'attrapais mon verre de vin pour faire passer tout ça.

« Chan dec' Felich. Faut qu'on te tire les vers du nez ? » ajoutais-je en postillonnant, la bouche encore pleine. Si je ne faisais pas cela avec mes frères, je ne voyais pas du tout avec qui je pourrais le faire. Même si ces deux gros débiles se foutaient de moi, je m'en moquais, c'était mes frères et quoi qu'il arrive, je les aimais toujours autant.

J'étais d'ailleurs ravi d'être revenue ici, après tout, sans ma famille, je n'étais pas grand-chose et Sydney ce n'était sûrement pas la meilleure partie de ma vie, du moins la dernière année. J’espérais plus que tout que rien ne puisse venir troubler ce moment de pur bonheur avec ces deux petites têtes. En les regardant l'un l'autre, j'étais heureuse de ma vie que ces deux idiots comme je le dis si bien étaient mes frères. Sans eux, je ne serais pas la même.

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Felix était content de voir que tout le monde allait bien dans la famille. Enfin, bien aller, ce n'était peut-être pas tout à fait vrai concernant Woody, mais sa maladie était un des rares sujets que Felix voulait vraiment éviter. Il n'était jamais mal à l'aise avec les gens, peu importe la conversation. Mais quand il s'agissait de la maladie de son frère, c'était tout autre chose. Il n'avait pas envie d'en parler, ça le touchait profondément, bien plus que ce qu'il ne voulait bien montrer. Partir un an loin de Bowen était aussi sa façon de prendre du recul par rapport à ça, de se vider un peu l'esprit. Il se concentra donc sur l'annonce de sa sœurette, qui leur dit qu'elle venait de s'installer avec sa meilleure amie, Joan. Chacun d'eux semblait avoir trouvé un petit cocon sympa, Nevaeh avait emménagé avec son amie, Woody avait son appart' - et d'ailleurs, Felix avait hâte de le questionner sur qui était censé vivre avec lui ici, il était parti pendant douze mois et souhaitait donc connaître les détails croustillants de la vie de son frère - et lui-même partageait une maison avec une colocataire sympa et son adorable petite fille.

« Oh, ce cher Joan ! Ah non pardon, cette chère Joan. Ne t'inquiète pas, je viendrai sûrement vous embêter de temps en temps. »

Répondit le blondinet à Nevaeh d'une voix empreinte d'ironie. Effectivement, il ne résistait jamais à l'envie de titiller un peu sa sœur, il en avait toujours été ainsi dans la fratrie. Chacun se lançait des piques, mais c'était bon enfant, il n'y avait jamais rien de méchant dans leurs paroles.

« Bon bon, si vous insistez... »

Fit-il en faisant mine de se prendre pour quelqu'un d'important quand le reste de sa fratrie insista pour qu'il leur raconte ses aventures. Il leur adressa un clin d’œil et reprit la parole. Il n'aurait pas assez de temps en une soirée pour leur raconter tout ce qu'il avait vu et vécu, mais il fallait bien commencer quelque part.

« Comme vous le savez, j'ai commencé par l'Asie, d'ailleurs c'était incroyable l'Inde, il y a des coins super beaux, totalement différents d'ici ! Mais bon c'est un pays énorme alors il me faudra sûrement plusieurs années pour en faire le tour. J'ai été à New Delhi, le plus marquant c'est quand on voit les immenses immeubles et les businessman, et dès qu'on sort de la ville, c'est la pauvreté, les bidonvilles, enfin c'est choquant quoi. Puis je suis passé par Bombay aussi, pour faire un petit plongeon dans l'océan indien. À Delhi j'avais loué un appart', mais à Bombay j'ai vécu chez l'habitant. Puis après tout ça, je suis resté en Russie deux mois, la différence de température ça a fait un choc... J'ai visité Moscou, puis j'ai beaucoup marché aussi, j'ai fait quelques petites villes, mais encore une fois c'est immense comme pays, j'ai fait que la partie ouest, et encore. Par contre, je pète pas un mot de russe, c'est trop compliqué comme langue ! Après la Russie, je suis resté un bon moment au Sénégal. C'était incroyable, quand on sort de la ville, les petits villages sont sublimes, enfin faut savoir vivre sans son petit confort, mais j'ai trouvé ça dingue. J'ai failli me faire bouffer par un serpent pendant la nuit, mais bon sinon c'était top ! Puis marcher dans la savane et tout... Bon attendez faut que je reprenne mon souffle. »

Le jeune homme s'était un peu emballé dans son récit, il avait des souvenirs à n'en plus finir et le débit de ses paroles grimpait sans qu'il ne s'en rende compte, jusqu'à ce qu'il prenne conscience qui enchaînait les phrases sans laisser le temps aux autres d'en placer une. Il esquissa un petit sourire de gamin penaud. Mais il avait tellement de choses à raconter, il ne savait pas comment décrire tout ça à son frère et sa sœur. Comment leur faire ressentir ce que lui avait ressenti, les sensations de dingue, l'adrénaline et la petite larme au coin de l’œil devant un paysage magnifique, les prises de conscience devant ces gosses qui se lavaient dans la rivière en riant, le souffle coupé en voyant une lionne avec ses petits... Non, il n'avait aucune idée de comment décrire tout ça à la perfection, il n'en était pas capable et pourtant il voulait leur faire comprendre. Heureusement, il avait pris pas mal de photos, il ne les avait pas encore toutes développées mais il pourrait leur montrer plus tard.

J’haussai les sourcils et failli m’étouffer avec mon vin quand Nevaeh nous apprit qu’elle vivait désormais avec son amie Joan. Ami, amie, le « e » n’avait jamais vraiment eu d’importance pour Felix et moi. Nous nous plaisions à nous moquer de ce prénom pouvant aussi bien passer pour masculin que féminin. Souvent, nous avions ridiculisé notre petite sœur en lui disant qu’elle s’inventait une amie pour cacher le fait qu’elle était amoureuse de ce garçon prénommé Joan. Cette blague avait duré pendant toute l’adolescence de notre sœur, et encore aujourd’hui nous n’en étions pas revenus. À chaque fois, Nevaeh levait les yeux au ciel et secouait la tête en signe d’exaspération. Cette fois ne fit pas exception alors que Felix prit d’abord la parole. La soeurette renchérit en nous invitant à passer un de ces quatre. « Tu peux être certaine que je débarquerai à l’improviste, genre quand elle sera sous la douche, comme ça j’aurai peut-être la chance de jeter un coup d’œil et d’avoir la certitude qu’elle est rééééellement une femme. » Je rigolai.

Je tournai un regard surpris et amusé vers ma sœur en l’entendant parler la bouche pleine. Enfin, surpris, pas vraiment. Nevaeh était aussi dégueulasse que nous, sinon pire, lorsqu’on se retrouvait en famille. Les parents en étaient souvent désespérés quand ils nous entendaient faire des concours de rot ou de pets. Typique Rutkowski. Felix et moi étions tout de même parfaitement capables de comprendre ce que disait notre sœur derrière cette grosse bouchée de feuilleté. Mon frère capitula même enfin, prêt à nous raconter ses péripéties multiples. Je l’écoutai avec grande attention, mangeant un canapé par-ci et par-là, entrecoupé de gorgées de vin. Je ne le quittais pas du regard. Pendant qu’il reprenait son souffle, j’appuyai une partie de son récit : « Ah ouais, Moscou ! Putain avant les compétitions il fallait s’échauffer pendant trop longtemps pour être certains de pas nous blesser quoi, il faisait trop froid. » Le vélo de montagne en Russie, quelle idée ! En tout cas, je reportai mon attention sur Felix. « Et comment tu faisais pour choisir ta prochaine destination ? Tu suivais tes envies ? Des propositions de voyageurs ? » Le questionnais-je. « En tout cas j’espère que t’as pris un tas de photos, j’ai rien vu passer sur Instagram. » Dis-je sur un ton presque réprobateur.

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