Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
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Feuille de personnage ∞ mes liens: ⇢ à propos de moi : Il a un fils, Jonah (7 ans), il s'est séparé de sa mère, Alba, avant sa naissance. ‹ il part régulièrement aux quatre coins du monde pour son travail ‹ il est passionné par le dessin, la peinture et la photo depuis tout petit, c'est la photo qui es devenu son métier ‹ il aime les gens, profondément, le contact humain, les rencontres ‹ il a déjà pris part à plusieurs projets humanitaires et tente de faire un voyage par an dans ce but ‹ il voyage un peu moins depuis qu'il a son fils, ça lui manque mais c'est un choix pour rester proche de lui ‹ il aime quitter Bowen mais aussi y revenir, il y trouve ses racines, ses plus proches amis, sa famille et ses repères ‹ il a horreur des soirées de galas et autre mondanités mais y assiste par correction envers sa famille, il a une vraie dent contre le Maire ‹ il est cinéphile ‹ il ne connait pas le rasoir et prend grand soin de sa barbe ‹ il est mauvais dans ses relations avec les filles, doué pour les séduire, il a un don pour tout gâcher et perdre les seules qui pourraient compter ‹ il n'est pas matérialiste, il pourrait vivre dans le luxe, il pourrait tout avoir, mais ça ne l'intéresse pas, il aime consommer de façon raisonnée ‹ il est plus ou moins sportif, ça dépend des moments mais il a un abonnement à la salle de sport, il lui arrive de courir sur la plage et il se débrouille en surf, il est fan de rugby, supporter de l’équipe locale ‹ il cuisine, il est gourmand et aime goûter les plats de différents pays ‹ il ne se considère pas comme fumeur mais il ne refuse jamais une clope surtout en soirée ‹ il est amateur de bons whiskys
Sujet: C'est quoi la vraie vie ? ♦ Lennox Mar 30 Juin 2015, 22:12
C'est quoi la vraie vie ?
Lennox, c’était un objet de fascination pour le jeune Léo. Il avait grandi près de lui, la maison à gauche, il l’avait souvent observé, tout gamin qu’il était. Lennox, son ainé, celui qu’il avait vu devenir un adolescent, un presque adulte pour notre gamin et pourtant se renfermer sur lui-même. Léo n’avait pas bien compris, parce que du haut de ses dix ans il voyait la vie d’adulte comme une grande aventure, comme le signe de la liberté, comme une chance. Pourtant lorsque la police a débarqué chez ses parents ce soir-là, lorsqu’il avait saisi que quelque chose de grave s’était passé, l’esprit de notre tête blonde s’était mis en branle. Parce qu’il ne pouvait pas comprendre, à seulement dix ans, qu’on puisse vouloir mettre fin à sa vie. Même s’il était plutôt solitaire comme gosse, Léo espérait que ça s’arrangerait avec le temps, qu’en vieillissant il puisse aller plus facilement vers les autres et puis il avait foi en la vie, normal, pour son jeune âge. Lennox et Léo ne se connaissaient pas vraiment, ils n’avaient que des relations de voisinage, une fois seulement ils avaient joué ensemble sur la rue, Nox avait sorti sa panoplie de jouets Star Wars, ça remontait déjà à quelques années. Mais notre Léo s’en souvenait bien lui, il gardait ce moment banal comme un précieux souvenir et c’est pourquoi il avait eu envie de soutenir Lennox. A cette époque-là les cellules psychologiques, la venue en aide pour les proches, tout ça n’existait pas encore lorsqu’un drame survenait. Et puis ça n’était pas vraiment un drame, Lennox avait survécu. Alors Léo s’était rendu tout seul à l’hôpital, coïncidence, ils n’habitaient pas bien loin de celui-ci et il pouvait aisément s’y rendre à pieds. Nox dormait beaucoup et le gamin faisait en sorte de lui rendre visite à ces moments-là, sans que l’autre ne le voit, il s’assurait que son ami imaginaire respirait toujours, il lui parlait parfois tout bas, il lui posait tout un tas de questions auxquelles l’ainé ne pouvait pas répondre. Et puis lorsque son voisin est sorti de l’hôpital, Léo est resté dans l’ombre à l’observer, toujours fasciné, mais sans jamais oser l’aborder. Jusqu’à ce jour…
Léo avait dix-sept ans et l’envie de se foutre en l’air. Il était en colère, contre tout, contre tous. Contre ce monde qui marchait sur la tête et son père qui voulait l’empêcher de vivre ses rêves. Contre ses amis trop puérils qui semblaient se moquer de tout et contre la vie en général qui ne se déroulait pas comme il le voulait. Léo n’était pas encore majeur, il était lycéen mais il savait déjà parfaitement ce qu’il voulait faire de sa vie, il savait aussi qu’on le destinait à une toute autre voie. Il allait devoir suivre les pas de son père, devenir un roi de la finance, sinon rien. Lui voulait être photographe et capturer de belles choses. Il voulait en finir, il voulait faire ça proprement, mieux que Lennox, lui il réussirait. Nox avait vingt-deux ans, il faisait des études, pour devenir notaire soit disant, un métier bien barbant et il avait quitté le domicile familial depuis un moment. Il le vit arriver de loin. Léo fumait à la fenêtre de sa chambre pour ne pas se faire repérer par sa mère, il avait mélangé un peu d’herbe à son tabac habituel, pas de quoi être totalement défoncé, mais assez pour le désinhiber un peu. Il vit Nox remonter l’allé de la maison de ses parents et c’est ce moment qu’il choisit pour sortir de chez lui à la hâte. Il l’apostropha de son côté de la palissade, dans son jardin. « Hey Nox ! Lennox dis-moi s'il te plais, comment tu fais, comment tu fais pour avoir si peu d’espoir en la vie et continuer à te lever chaque matin ? » De loin on ne sentait pas qu’il empestait le tabac mais on pouvait remarquer ses yeux rougis.
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"Is that alright ?"
Maybe it's time to let the old ways die. It takes a lot to change a man, it takes a lot to change your plans. And a train to change your mind.
Jackson Lewis-Reyes
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Feuille de personnage ∞ mes liens: ⇢ à propos de moi : c'est un piètre conducteur, il a été recalé quatre fois lors de ses examens de conduite mais à la cinquième tentative, grâce à des circonstances miraculeuses, il a enfin réussi à obtenir son permis ; il n'en demeure pas moins qu'il est un danger sur la route ‹ il n'a pas bu d'alcool depuis des années, sa forme physique étant centrale pour sa carrière d'acrobate ‹ c'est un véritable cat lover, il n'en a actuellement que deux, Pebble et Apricat, mais il en accueillerait bien plus s'il le pouvait, malheureusement la vie sur la route ne lui permettait jusqu'alors pas d'avoir plus que ces deux compagnons ‹ s'il est un acrobate hors-pair, certaines autres disciplines du cirque lui échappent totalement ; par exemple, il est tout simplement incapable de jongler ‹ il adore jouer aux mannequins et si vous avez le malheur de vous trouver avec lui dans un bel endroit, il vous demandera certainement de prendre des photos de lui - et il ne sera satisfait qu'au bout d'une vingtaine de minutes et d'une centaine de clichés ‹ ayant rejoint le monde du cirque à ses quinze ans, il n'a pas le souvenir de quoi que ce soit d'autre que la vie sur la route, ce qui occasionne chez lui quelques difficultés d'attachement ‹ il a beaucoup de mal à gérer son budget, il dépense beaucoup trop et mène un mode de vie au-dessus de ses moyens ‹ il déteste lire, sauf pour ce qui est des bandes-dessinées ; il en avait d'ailleurs une collection lorsqu'il était jeune, mais il l'a laissée chez ses parents ‹ il est arrivé à Bowen avec ses chats et une seule boîte contenant sa vie, soit quelques souvenirs sentimentaux ‹ il a des accès de colère, il a du mal à gérer cette violence qui se crée parfois en lui et qu'il extériorise avec brutalité par moments, même contre ceux qu'il aime ‹ il est obsessif-compulsif dès qu'il est question de propreté, si quelque chose traîne il le ramassera même si ce n'est pas à lui ‹ il rêve secrètement de fonder son propre cirque mais il sait que c'est de la folie relevant de l'impossible
Sujet: Re: C'est quoi la vraie vie ? ♦ Lennox Lun 13 Juil 2015, 03:24
Léo, le petit Léo, il était le voisin, voilà tout. Celui avec qui ma mère m'avait forcé à jouer, prétextant que je n'étais pas assez sociable, que je ne sortais pas assez dehors et que je devais me faire des amis. Pourtant il était si jeune, je ne comprenais pas, à l'époque, pourquoi ma mère tenait tant à ce que je fréquente des enfants plus jeunes. En fait, je pense qu'elle était seulement à court de ressources. Elle savait que je n'avais pas beaucoup d'amis à l'école et que la seule solution était de se rabattre sur les gens du voisinage. Et comme le petit Léo était justement trop jeune pour que les autres enfants de mon âge le dissuade de se tenir avec moi, cela lui semblait être un bon compromis. J'avais joué avec lui, une fois, et j'avais été content de lui montrer tous mes jouets de Star Wars. Pour une fois, quelqu'un s'intéressait à moi, enfin à ce que j'avais à offrir, même si c'était d'une façon matérielle. Il était bien, il était gentil, le petit Léo. De bonne compagnie. Mais, en rentrant chez moi, j'avais dit à ma mère le contraire. Parce que je n'avais pas envie de m'engager dans une amitié avec quelqu'un. Parce que j'aimais ma petite bulle, ma solitude. Je me confortais dans la douleur d'être seul. Complètement seul. Et j'étais si jeune, et déjà si brisé.
J'ignorais que, après ma tentative, Léo était venu me voir à l'hôpital. Durant ces quelques jours, j'avais l'esprit dans la brume et l'espoir encore vivant d'être passé dans l'autre monde. À mon réveil, j'étais seul. Ma mère était à la cafétéria et mon père était au boulot. Ça recommençait déjà. Ma lourde solitude. Ma chère solitude. Je ne pensai plus vraiment à Léo pendant tout ce temps, et pendant les années qui suivirent non plus. Je le voyais, à son retour de l'école, lorsque sa famille et lui dînaient à l'extérieur ou lorsqu'il jouait avec des copains dans sa cour, pendant que j'écrivais des poèmes morbides et tristes. On ne se parla pas plus qu'il ne le fallait. Une relation platonique entre voisins avec quelques années d'écart. À l'enfance cela se sentait beaucoup. De moins en moins en vieillissant, même si l'écart demeurait bien là. J'avais maintenant vingt-eux ans, lui dix-sept. Il vivait ses premières expériences que je n'avais pas encore vécues, faute d'occasion.
En ce début de soirée d'été, j'allais rendre visite à mes parents histoire de leur montrer que j'étais encore vivant. Que je m'en sortais. Que je réussissais. Leur faire croire que j'étais heureux, même. Libre, au collège, volant de mes propres ailes. En vérité, ici ou là-bas, c'était pareil. Je devais m'endurer vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Moi, mon pire ennemi. En sortant de la voiture, j'aperçus le petit Léo, devenu maintenant plutôt grand en fait, fumer à la fenêtre de sa chambre. Je baissai rapidement les yeux, ne voulant pas qu'il se sente jugé ou espionné, et je continuai mon chemin vers l'entrée du domicile familial. Quand je relevai discrètement les yeux de nouveau en direction de la chambre du voisin, il n'était plus là. J'entendis sa voix provenant de l'arrière de sa maison. Il était là, penché par-dessus sa palissade, à me poser cette question existentielle et intime. Je figeai, comme ça, le regardant d'un air surpris. Puis je posai mon bagage noir et je m'avançai lentement vers lui, nageant dans la confusion du moment. « Ça ne va pas, Léo ? » Demandais-je d'une douce voix, intriguée et apaisante à la fois. J'adoptais cette attitude surtout pour recentrer la discussion sur lui. Je n'aimais pas qu'on me parle de ma relation avec ma vie. Je ne comprenais même pas pourquoi Léo supposait que j'avais perdu tout espoir. Il avait raison, mais je ne voulais pas la lui donner, la raison.
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Léo Emerson
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Sujet: Re: C'est quoi la vraie vie ? ♦ Lennox Ven 24 Juil 2015, 22:22
C'est quoi la vraie vie ?
Léo, le petit Léo, qui n’était plus un gosse mais qui restait un gamin. Léo il ne comprenait plus rien, le monde marchait sur la tête. Il avait mille rêves, milles envies et aucune possibilité de les réaliser. Il se sentait si ridiculement vide, si inutile sur cette immense Terre. Son père brassait des milliers de dollars, il distribuait des sourires et des poignées de mains à tout va, mais son sourire était faux et la poignée de main bien trop dure. Dans leur univers tout n’était que façade et apparences, il fallait faire bien pour être bien vu et peu importe vos rêves, peu importe vos aspirations du moment que le monde tournait autour de la famille Emerson. Ils avaient une maison trop grande, à la mesure du vide qui se creusait entre le père et le fils. Dans quelques semaines Léo aurait fini son lycée, il finirait dans les meilleurs de sa promo et irait directement étudier dans une des universités les plus prestigieuses du pays, surtout pas à Bowen, il y apprendrait le droit, l’éthique, la finance et tout ce qu’il détestait, il apprendrait à devenir le même type d’homme que son père, il finirait par se détester lui-même, peut-être plus fort qu’il haïssait son père. Celui-ci ne l’écoutait pas, il voulait faire de lui son digne héritier, point barre. Sauf que Léo lui il rêvait de grands espaces, d’évasion, de partir avec un carnet de croquis à la main et son casque sur les oreilles pour faire de longues balades dans les landes australiennes, de s’assoir sur un rocher et griffonner sur son carnet, dessiner le monde, l’immortaliser, de le capturer. Il voulait apprendre la photo, se faire sa propre idée de ces immensités qui l’entouraient, au lieu de s’enfermer dans une salle de classe à ne rien apprendre de la vie.
Et ces idées noires tournaient en boucle dans sa tête et il n’était pas bien, il ruminait toute la journée. Il fumait plus que de raison pour se donner l’impression qu’il se vidait l’esprit alors que celui-ci cogitait chaque instant à une échappatoire possible. En voyant Lennox il se prit presque à l’envier, lui qui avait eu le courage de tenter d’en finir, même s’il avait échoué, il voulait faire de même, mais lui réussirait. Cette idée revenait de plus en plus souvent, comme un écho redondant, comme une douce ritournelle qui lui faisait du bien. A ce moment-là de sa vie Léo n’avait pas peur de la mort, il la voyait comme un nouvel horizon, comme une liberté bienfaitrice. Il se moquait bien de n’avoir que dix-sept ans et la vie entière devant lui avec tellement d’autres possibilités que cette issue sans appel. Lui ne voulait jamais ressembler à son père et c’était cela qui revenait sans cesse dans son esprit torturé.
Nox se trouvait devant lui maintenant, le regardant interdit, ne comprenant pas bien ce pourquoi le gamin l’interpellait sans raison. D’ailleurs en se retrouvant face à lui Léo se sentit un peu bête, comme si sa lucidité transparaissait derrière les volutes d’herbe. « J’sais pas, les névroses c’est peut-être un virus qu’on se transmet entre voisin, t’en dis quoi ? Regarde toi, je ne t’ai plus jamais vu sourire depuis que t’as rouverts les yeux, pourtant quand tu dormais sur ton lit d’hôpital t’avais tellement l’air serein, comme si tu pensais vraiment avoir réussi à en finir. » Il était inconscient, le pauvre bougre qu’il était, de ce qu’il venait de balancer à Lennox, des révélations qu’il venait de lui faire, de la dureté de ses mots, la drogue le faisait parler, bien trop, trop vite, trop fort, trop mal. Il en devenait bête et méchant mais c’était tout son mal-être qu’il crachait à a la figure du seul qui pouvait le comprendre et qui pourrait peut-être l’aider.
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Sujet: Re: C'est quoi la vraie vie ? ♦ Lennox Jeu 06 Aoû 2015, 03:27
Mes pas m’avaient menés jusqu’à lui. Moi qui ne comprenais pas l’être humain. Moi qui n’arrivais pas à saisir les émotions des autres. Moi qui n’avait jamais pu être une épaule pour les larmes de qui que ce soit. Je me défilais constamment devant une tristesse autre la mienne, car celles-ci étaient incompréhensibles à mes yeux. Pourtant, j’aurais dû être la personne la mieux placée pour répondre aux cris de désespoir des autres. J’aurais dû pouvoir me mettre à la place de ces pauvres âmes en peine et prendre un peu du poids sur leurs épaules pour en mettre sur les miennes. Pourtant, je n’arrivais pas à écouter les lamentations des autres. Je n’arrivais pas à rester droit, grand et fort lorsqu’une personne me parlait de ses malaises de vie. J’étais incapable. Incapable d’être là pour ceux qui avaient besoin d’une oreille qui comprendrait.
Maintenant que j’étais face à Léo, je me sentais ridicule. J’aurais dû le laisser à son joint et aller saluer mes parents, me confortant en me disant que de toute façon, nous allions tous finir de la même façon. J’avais pourtant renoncé à cette idée et je m’étais avancé vers lui, pensant peut-être être capable de répondre à la question sans réponse de mon voisin de toujours. Non. Je n’étais pas capable. Je ne serais jamais capable. Parce que je ne pouvais toujours pas m’expliquer à moi-même ce que je foutais encore ici. Bordel. Parce que chaque jour était pire que le précédent. Chaque jour me prenait encore un peu plus d’énergie, et ma batterie allait bientôt s’éteindre. J’espérais que tout s’éteindrait avec. Tout.
Puis quand Léo me parla de cet événement fatidique durant lequel j’avais perdu tout espoir même en la mort, de ma sérénité lorsque j’étais allongé, inconscient du désastre, sur mon lit d’hôpital, je figeai. Je fronçai les sourcils, levant un regard interrogateur sur mon voisin. Comment pouvait-il me parler de ce que j’avais l’air ce jour-là ? Léo n’était pas là. Léo n’avait pas été mis au courant. Mes parents avaient toujours, par honte ou par surprotection, gardé le secret sur ce qui m’était réellement arrivé. Enfin, c’est ce qu’ils m’avaient dit. Maintenant, maintenant que Léo me remettait en plein visage cette journée, je compris que mon petit voisin en savait bien plus. Qu’il en avait vu bien plus. « M’avais-tu déjà seulement vu sourire ? Vraiment ? Sincèrement ? » Le questionnais-je, les sourcils haussés et les yeux tristes. Depuis que j’avais rouvert les yeux, j’avais seulement arrêté de faire semblant. Avant cela, tout de moi était faux. Jouer avec lui sur le bord de la rue avait été faux, même si je n’avais rien contre ce petit Léo. « Mais toi … toi … je pensais ton sourire vrai. Je pensais que tu t’épanouissais dans ton monde, avec tes parents, ton bel avenir qui t’attend. » Je vis dans ses yeux une lueur qui traversa ses iris. J’avalai difficilement. « Et c’est exactement ça le problème, n’est-ce pas ? » Avançais-je, incertain d’avoir touché la corde sensible, le noyau de cette conversation inattendue.
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Léo Emerson
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Sujet: Re: C'est quoi la vraie vie ? ♦ Lennox Mar 11 Aoû 2015, 12:18
C'est quoi la vraie vie ?
Le cœur au bord des lèvres et l’envie de recracher toute cette haine qu’il éprouvait envers la vie, Léo voyait Lennox avancer vers lui avec cet air froid et impassible que tout le monde lui connaissait, le gamin détestait voir son voisin avec cet air si hautain. Comme si tout lui glissait dessus, comme s’il avait le contrôle total de sa vie. Léo savait que c’était faux, il savait que ça n’était qu’un masque que l’autre se forçait à porter devant les autre qui ne savait pas. Mais lui savait. Et peu à peu le vernis de Nox craquait pour laisser apparaitre une mine dubitative, enfin il comprenait que Léo savait, depuis toujours, qu’ils partageaient un secret caché à tous par ses parents, que le gosse avait été là dans les pires moments, dans ces instants intimes que l’autre voudrait surement oublier. Mais qu’il n’ait crainte, notre brun n’en avait parlé à personne, il avait gardé ce secret précieusement, comme un événement qui l’avait brûlé au fer rouge mais qu’il savait trop grave pour le répéter à quiconque, parce que même gamin il avait compris la gravité du geste et les conséquences qu’il aurait pu avoir. Cet « incident » était entre Lennox et sa famille… et Léo, passager clandestin, voyeur passif de la tragédie qui se jouait à un pas de chez lui. L’autre avait maintenant un air triste, comme si le poids de son échec pesait encore plus lourd sur ses épaules. Dans un état normal peut-être que Léo s’en serait soucié, peut-être l’aurait-il laissé tranquille, rentrant chez lui mort de honte… ou peut-être pas, parce qu’à cette époque Léo avait dix-sept ans, l’esprit frondeur et l’impétuosité des gamins de son âge. Il réfléchit néanmoins un instant à la question de Lennox avant de répondre en plantant ses iris bleu orage dans celles de l’autre qui l’affrontait du regard. « Peut-être pas… c’est surement pour ça que t’as essayé de te tuer j’imagine. » le mot était dit, le pavé lancé, Lennox avait tenté de mettre fin à ses jours et Léo le savait, il fonçait tête baissée, se moquant bien que ses paroles ébranlent le dépressif en face de lui.
Il releva la tête vers un Lennox finalement enclin à un bout de discussion, cherchant probablement à comprendre ce pourquoi Léo l’avait abordé de la sorte. Le gamin laissa se dessiner sur les lèvres un mince sourire en coin, celui d’un clown triste. Les vapeurs de joint se dissipaient peu à peu et la lucidité, face à ces mots échangés bien trop sérieux, refaisait peu à peu surface. « Mon bel avenir tu dis… t’en sais rien. Tu sais rien de ce qu’il se passe derrière notre grand portail et notre porte en bois massif. Tu juges mais t’es comme tous les autres, tu te laisses berner par l’odeur du fric qui coule à flot et qui bien entendu doit nous rendre heureux, pourquoi ne le serions-nous pas hein ? De quel droit j’me plains, n’est-ce pas ? » Il secoua la tête, presque trop vivement puisqu’il en eut le tournis à cause de son état. « Pourquoi t’as pas juste essayé d’être heureux. De partir, de refaire ta vie, ailleurs, en mieux ? Je donnerai tout pour le faire et toi tu restes là, à subir la vie comme si elle devait te passer dessus pour que tu puisses finalement t’éteindre. » Léo n’était pas forcément enclin à lui donner raison, il préférait faire se refléter les échecs de Nox dans le peu d’espoir que lui avait encore en l’avenir. Il pencha la tête de coté, attendant la réponse qu'il espérait satisfaisante.
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Feuille de personnage ∞ mes liens: ⇢ à propos de moi : c'est un piètre conducteur, il a été recalé quatre fois lors de ses examens de conduite mais à la cinquième tentative, grâce à des circonstances miraculeuses, il a enfin réussi à obtenir son permis ; il n'en demeure pas moins qu'il est un danger sur la route ‹ il n'a pas bu d'alcool depuis des années, sa forme physique étant centrale pour sa carrière d'acrobate ‹ c'est un véritable cat lover, il n'en a actuellement que deux, Pebble et Apricat, mais il en accueillerait bien plus s'il le pouvait, malheureusement la vie sur la route ne lui permettait jusqu'alors pas d'avoir plus que ces deux compagnons ‹ s'il est un acrobate hors-pair, certaines autres disciplines du cirque lui échappent totalement ; par exemple, il est tout simplement incapable de jongler ‹ il adore jouer aux mannequins et si vous avez le malheur de vous trouver avec lui dans un bel endroit, il vous demandera certainement de prendre des photos de lui - et il ne sera satisfait qu'au bout d'une vingtaine de minutes et d'une centaine de clichés ‹ ayant rejoint le monde du cirque à ses quinze ans, il n'a pas le souvenir de quoi que ce soit d'autre que la vie sur la route, ce qui occasionne chez lui quelques difficultés d'attachement ‹ il a beaucoup de mal à gérer son budget, il dépense beaucoup trop et mène un mode de vie au-dessus de ses moyens ‹ il déteste lire, sauf pour ce qui est des bandes-dessinées ; il en avait d'ailleurs une collection lorsqu'il était jeune, mais il l'a laissée chez ses parents ‹ il est arrivé à Bowen avec ses chats et une seule boîte contenant sa vie, soit quelques souvenirs sentimentaux ‹ il a des accès de colère, il a du mal à gérer cette violence qui se crée parfois en lui et qu'il extériorise avec brutalité par moments, même contre ceux qu'il aime ‹ il est obsessif-compulsif dès qu'il est question de propreté, si quelque chose traîne il le ramassera même si ce n'est pas à lui ‹ il rêve secrètement de fonder son propre cirque mais il sait que c'est de la folie relevant de l'impossible
Sujet: Re: C'est quoi la vraie vie ? ♦ Lennox Jeu 13 Aoû 2015, 23:41
Léo avait finalement montré toutes ses cartes, décidant de la jouer franc-jeu plutôt que d’y aller par mille détours pour me faire comprendre qu’il savait. Qu’il avait été là. Que le secret n’avait pas été aussi bien gardé que ce que mes parents l’auraient voulu. À la base, gamin, adolescent, je me fichais bien que les autres sachent. Ce n’était pas un appel à l’aide que j’avais lancé, c’était un besoin réel d’en finir. Je n’avais pas besoin de l’aide des autres. Mais je me fichais aussi pas mal qu’ils soient au courant. À cette époque, je n’avais plus aucune raison de croire qu’un futur m’était alloué, alors peu importe ce qui se passait dans mon présent, je doutais fortement que cela ait des répercussions sur quoi que ce soit. Dans ma tête, je n’avais pas d’avenir. Dans ma tête, jamais je ne me tiendrais devant un Léo âgé de dix-sept ans, moi-même dans la vingtaine en train d’étudier dans une université réputée. Alors dans ce temps-là, je n’avais pas compris pourquoi mes parents tenaient tant que ça à taire ma tentative de suicide, ma tentative de me soulager. J’avais alors cru que c’était pour couvrir leurs arrières, pour empêcher les voisins de juger leurs habiletés parentales, pour éviter qu’ils aient une mauvaise image, une mauvaise réputation. Maintenant, un peu plus vieux, je comprenais qu’ils avaient fait ça pour me protéger. Pour m’éviter qu’on se souvienne toujours de moi comme le suicidé raté. Pour m’éviter que, des années plus tard, les fantômes de mon passé me rattrapent sans prévenir, me replongeant dans une vérité que tant de psychologues m’avaient poussé à mettre de côté. J’avais toujours désiré la mort. Léo me le rappelait aujourd’hui, comme une gifle monumentale, comme une noyade dans le passé. Parce que lui savait.
« Oui. Pour ça. Pour trop d’autres choses aussi. » Je n’allais pas me la jouer intervenant pour la jeunesse. Je n’allais pas faire avaler à Léo une salade de mensonges comme quoi je m’étais trompé sur toute la ligne en ce qui concerne la vie. Que ça n’avait été qu’une mauvaise passe, une phase éphémère de dégoût envers mon existence. Non, c’était tellement plus que ça, et ce sentiment m’habitait encore aujourd’hui. Me hantait. Me grugeait de l’intérieur. Alors si Léo décidait d’aller de l’avant avec sa vie, au moins, il serait préparé. Je questionnai donc mon voisin sur les raisons le poussant à se sentir ainsi aujourd’hui, moi qui avais toujours pensé être le seul malheureux du quartier. Pas d’une façon égocentrique ou égoïste, non. Juste que je m’étais toujours senti tellement isolé, que je me disais que j’étais seul au monde dans ma bulle de désespoir. Je secouai la tête, désapprouvant ce dont il m’accusait. « Je ne me laisse pas berner. Tu sais, avec l’emploi que j’aurai, je serai bientôt assez bien nanti, moi aussi. Pourtant, je ne sens pas le bonheur arriver de si tôt. Je n’ai jamais cru que l’argent faisait le bonheur. Jamais. » Non, si je pensais que Léo était heureux, lui, c’était parce que je n’avais jamais lu en son regard ce que je voyais dans le mien à tous les matins. Tout simplement. Le jeune homme me demanda finalement, à l’aide de paroles dignes d’un couteau tranchant, pourquoi je n’étais pas parti refaire ma vie ailleurs, pourquoi j’étais resté ici à la subir. Je baissai les yeux avec un sourire mi-amusé, mi-agacé par sa façon de penser. « Et tu crois que ça aurait pu me sauver ? Tu penses que c’est Bowen, le problème ? C’est pas ce qui nous entoure, le problème, Léo. C’est nous-mêmes. Y’a un truc qui tourne pas rond chez moi. Il ne tournera pas plus rond ailleurs. Je ne subis pas la vie, je me subis moi-même. Et c’est malheureux mais, mon moi-même, faut que je le traîne partout où j’vais. » J’avais entre-temps relevé les yeux vers Léo, et je le dévisageais sérieusement, voulant qu’il comprenne une bonne fois pour toute. « C’est pas la vie qui doit me passer dessus pour que je puisse finalement m’éteindre, c’est moi. Et j’ai déjà foiré ce plan une fois. » Je soupirai. À ce moment-là, les parents de Léo étaient sortis sur le perron pour l’interpeller. Nous, nous étions toujours à l’arrière, séparés par la clôture de son balcon. « Et si on faisait faux bond à nos parents pour le dîner, ce soir ? » Proposais-je, comprenant dans le visage de Léo qu’il n’avait aucunement envie de répondre à l’appel de ses vieux.
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Léo Emerson
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Feuille de personnage ∞ mes liens: ⇢ à propos de moi : Il a un fils, Jonah (7 ans), il s'est séparé de sa mère, Alba, avant sa naissance. ‹ il part régulièrement aux quatre coins du monde pour son travail ‹ il est passionné par le dessin, la peinture et la photo depuis tout petit, c'est la photo qui es devenu son métier ‹ il aime les gens, profondément, le contact humain, les rencontres ‹ il a déjà pris part à plusieurs projets humanitaires et tente de faire un voyage par an dans ce but ‹ il voyage un peu moins depuis qu'il a son fils, ça lui manque mais c'est un choix pour rester proche de lui ‹ il aime quitter Bowen mais aussi y revenir, il y trouve ses racines, ses plus proches amis, sa famille et ses repères ‹ il a horreur des soirées de galas et autre mondanités mais y assiste par correction envers sa famille, il a une vraie dent contre le Maire ‹ il est cinéphile ‹ il ne connait pas le rasoir et prend grand soin de sa barbe ‹ il est mauvais dans ses relations avec les filles, doué pour les séduire, il a un don pour tout gâcher et perdre les seules qui pourraient compter ‹ il n'est pas matérialiste, il pourrait vivre dans le luxe, il pourrait tout avoir, mais ça ne l'intéresse pas, il aime consommer de façon raisonnée ‹ il est plus ou moins sportif, ça dépend des moments mais il a un abonnement à la salle de sport, il lui arrive de courir sur la plage et il se débrouille en surf, il est fan de rugby, supporter de l’équipe locale ‹ il cuisine, il est gourmand et aime goûter les plats de différents pays ‹ il ne se considère pas comme fumeur mais il ne refuse jamais une clope surtout en soirée ‹ il est amateur de bons whiskys
Sujet: Re: C'est quoi la vraie vie ? ♦ Lennox Mar 15 Sep 2015, 15:38
C'est quoi la vraie vie ?
Plus ça allait plus le fixe retombait et plus Léo se sentait con, il passait une main sur son crâne rasé à 6mm, son dernier acte de rébellion en date. Toujours en colère contre cette vie et Lennox qui traînait son mal-être en étendard comme s’il avait le monopole de la dépression et à chaque instant un peu plus gêné de l’avoir interpelé de la sorte, de le pousser alors que l’autre n’avait rien demandé. Il se savait dur, incorrect, il entendait les mots sortir de sa bouche tels des lames de rasoir, il se serait donné des claques s’il se trouvait en face de lui-même mais malgré tout ça il continuait à blâmer son ainé parce que ça lui faisait du bien, parce qu’il avait besoin de réponses que personnes d’autre ne pourrait lui donner. Personne ne connaissait son mal, il se le traînait sans trop le montrer, affichant un sourire et se saoulant ou se droguant pour oublier et faire comme s’il s’amusait de la vie, à dix-sept ans c’était facile de donner le change devant des amis qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez, des petites amies volages qui ne pensait qu’à son physique avantageux et des parents qui de toute façon avait autre chose à faire que de s’occuper de la crise d’ado de leur fils capricieux. C’était si simple de faire sans blanc, de prétendre, de jouer un rôle, tout comme il serait simple de s’ouvrir les veines ou de piocher dans la pharmacie familiale pour s’endormir à jamais, pourquoi pas, à qui manquerait-il dans le fond. Et pourtant c’était injuste, il pensait à tous ces gens heureux qui ne demandaient rien de plus que leur simple existence, qui sen contentaient de si peu et étaient réellement bien, qui avaient des rêves et donnaient tout pour les réaliser. Léo aussi en avait des rêves, plein la tête, des rêves d’ailleurs, d’avenir, de mieux, c’était tout cela qui l’empêchait encore de sauter le pas, ce mince espoir que le ciel puisse s’éclaircir enfin, un jour.
Le gamin se contentait de hocher la tête avec un petit sourire provocateur en coin, il avait du mal à croire aux dires de Nox, pourtant il n’avait aucune raison de mentir alors il ne répondit pas, tout simplement. Ses dernières paroles eurent pourtant un pouvoir étrange sur Léo, tel un électrochoc il le regardait avec une sorte de compassion dans le regard, comme si ses espoirs s’étaient éteints et qu’il comprenait enfin la peine de son voisin, il avait espéré entendre des paroles réconfortantes, que l’autre lui confirme que partir pourrait apaiser l’âme, mais il n’en fut rien, bien au contraire, il lui balança une vérité désarmante qui laissa notre Léo vidé. « C’est à ça que ça se résume alors ? On est mal où qu’on soit, on se traine nos casseroles en espérant ou non aller mieux et puis on attend que ça se passe… j’peux pas y croire, c’est trop… c’est… » il ne trouvait pas les mots, injuste ? Surement que la vie était injuste, il avait un goût amer dans la bouche à présent pourtant quand Lennox lui proposa de faire faute à leurs familles un mince sourire se dessina sur les lèvres de notre junkie de pacotille. « Ouais, j’ai besoin d’air. » Il sauta par-dessus la palissade pour enfin rejoindre son… ami. Peu importe où ils allaient, tout lui conviendrait mieux qu’ici.
Spoiler:
Je suis navrée du temps que j'ai mis à te répondre
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"Is that alright ?"
Maybe it's time to let the old ways die. It takes a lot to change a man, it takes a lot to change your plans. And a train to change your mind.
Jackson Lewis-Reyes
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Sujet: Re: C'est quoi la vraie vie ? ♦ Lennox Mer 16 Sep 2015, 21:14
Peut-être en attendais-je trop de la vie, oui. Peut-être n’arrivais-je juste pas à me contenter de ce que j’avais comme tous les autres semblaient le faire. Mais c’était comme ça. Je ne pouvais me faire à l’idée que la vie se résumait à travailler d’arrache-pied pour gagner de l’argent que, à son rythme, on n’aurait jamais le temps de dépenser pour des choses qu’on désire vraiment. Je ne pouvais me dire qu’une fois par année j’allais me payer un petit séjour d’une semaine dans un autre coin de ce monde et que cela allait avoir le pouvoir d’effacer toutes les heures perdues à faire quelque chose que je n’aimais pas pour le restant de l’année. Si on fait bien le calcul, en additionnant les heures passées à bosser, à travailler, à faire des corvées ménagères et à conduire dans le trafic, combien d’heures reste-t-il pour être heureux ? Alors si en plus, comme moi, vous avez une prédisposition à être plutôt malheureux, alors imaginez à quel point il est difficile de ne pas vouloir tout lâcher. Lâcher prise. Disparaître. Parce que c’était lourd, pour moi, de penser à l’avenir. C’était tout aussi lourd de penser au passé. Derrière moi s’étalait la nostalgie de mes jours où j’aurais pu faire comme bon me semblait avant de devenir un vrai adulte. Devant moi s’étendait une triste réalité : je ne pouvais me sortir de cette engrenage qui m’amenait, lentement, cruellement, jusqu’à l’abattoir. Et la route jusqu’à cet abattoir était devenu si ardue, au fil des années, qu’au final la destination ultime me semblait plutôt être une délivrance. Cette mort, celle qui faisait peur à tant d’êtres humains, était maintenant la douce berceuse qui m’endormait à toutes les nuits. Car même lorsque l’angoisse m’habitait, je n’avais qu’à me dire que de toute façon, un jour ou l’autre, j’allais nécessairement mourir. Et cela me calmait.
Face à mes paroles, le jeune Léo sembla rester sceptique. Au début, il restait presque de marbre devant ce que je jugeais être une partie si intime de moi. Et puis, à mes derniers mots, mon voisin sembla être ébranlé. Il résuma la fatalité de nos existences en quelques mots justes et désarmants. Je le regardai, impassible, les sourcils légèrement haussés par l’émotion. « C’est que de la merde, ouais. » Peut-être pas les mots que Léo recherchait, mais à mes yeux, pour le moment, c’était ce qui décrivait mieux la vie. De la pure merde. Et les gens baignaient dedans sans se poser trop de questions. Parce que c’était ça, la survie. Ne pas trop y songer. J’étais incapable d’être comme eux, des robots dont les gestes étaient tous calculés et qui suivaient la masse en se disant que si l’un le faisait, c’était probablement parce que c’était la chose à faire. Je n’y croyais pas. Moi, j’étais bien conscient de la prison dans laquelle nous étions nés tous contre notre gré.
Je proposai à Léo de faire faux bond à nos familles respectives. Je voyais bien qu’il n’était pas du tout en état de rentrer pour un dîner de faire-semblant. Et moi non plus, d’ailleurs. Je ne l’avais jamais été, en réalité. Léo sauta par-dessus la palissade de chez lui et arriva bien vite à mes côtés. Je commençai à marcher, et en jetant un coup d’œil à la façade de chez moi, je vis ma mère dans la fenêtre de la cuisine. Je lui fis un simple salut, puis donnai un bref coup de tête en direction de Léo pour qu’elle comprenne que je serais avec lui pour un moment. Elle s’éclipsa de son poste d’observation et j’atteignis la rue en compagnie de mon voisin. « Tu sais si tu t’attends à ce que je te prescrive une recette miracle qui règlera tous tes problèmes, tu te fous le doigt dans l’œil. Et tu serais venu voir la mauvaise personne. » Avais-je dit, non pas pour le brusquer ou lui faire de la peine, mais pour l’avertir que ce n’était pas ce qu’il trouverait en ma présence.
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Léo Emerson
MESSAGE : 10379 ICI DEPUIS : 19/03/2013 COMPTES : Marcus & Charlize & Sara & Ash CRÉDITS : @twinny
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Sujet: Re: C'est quoi la vraie vie ? ♦ Lennox Lun 19 Oct 2015, 12:22
C'est quoi la vraie vie ?
Les révélations de Lennox ne laissaient pas Léo de marbre, c’était un électrochoc que le jeune homme se prenait de plein fouet mais il en avait besoin. Qui connaissait son mal-être, qui l’écoutait lorsqu’il se plaignait, qui avait la capacité de lui redonner espoir ? Personne dans son entourage ne semblait avoir cette vocation, il ne leur en voulait pas, à ces autres qui dans le fond ignoraient tout de lui, à ses parents qui ne se préoccupaient pas suffisamment de ses états d’âme, encore moins à ses amis qui avaient eux aussi leurs problèmes très certainement. A une époque où il fallait vivre vite, vivre intensément, avoir une carrière, un but, certains s’en sortaient bien, d’autres ne supportaient pas la pression de ce monde qui au final n’avait ni queue ni tête. Léo il était de ceux-là, à se demander ce qu’il foutait ici et s’il avait eu un jour une bonne étoile ou si celle-ci l’avait laissé tomber depuis longtemps. Certes il était bien né et sa situation familiale le destinait à un avenir radieux, s’il voulait bien le suivre. Mais lui n’en voulait pas de ce destin tout tracé, lui voulait être libre de ses choix, tout simplement. Que de la merde que disait l’autre… ces mots laissèrent notre brun dubitatif, les paroles lui faisaient mal parce qu’elles n’apportaient aucun espoir, pas même une lueur, pourtant dans le fond elles le rassuraient, il n’était pas seul à baisser les bras, Lennox l’avait fait bien avant lui et ne le considérait pas comme un fou, mieux, c’était certainement le seul dans son entourage, même peu proche, qui le comprenne aujourd’hui et peut-être aussi que dans son discours défaitiste résonnait tout de même un brin d’envie d’y croire encore et de tendre la main à son voisin.
Léo tourna la tête dans la même direction que Lennox pour y découvrir la mère de ce dernier qui les observait par la fenêtre, un bref instant il s’en voulut de voler leur fils à la famille Nowakowski, mais il se ravisa bien vite, après tout lui n’avait rien demandé et Nox était bin capable de savoir ce qu’il voulait ou non, c’est lui qui avait choisi de proposer cette virée à Léo. Ils marchaient tous les deux côte à côte, se dirigeant vers une rue plus animée de Bowen, sans but réel probablement mais qu’importe, l’important c’était le chemin parcouru l’un avec l’autre. Le gamin releva la tête alors qu’après une longue minute de silence Lennox ait repris la parole. Il sourit dans son semblant de pilosité naissante. « Je sais. Je ne m’attends à rien de ta part, j’ai bien compris que tu n’as aucun plan, aucune recette, aucun but, le seul que tu t’étais fixé tu l’as raté… » Les paroles de Léo n’étaient ni agressives ni moqueuses, certes il évoquait sa tentative de suicide mais ce n’était pas dans le but de bousculer Nox, c’était juste le fond de sa pensée, formulée de façon brut, dans la bouche d’un gosse de 17 ans qui ne savait pas y mettre les formes. « Tu t’es dit quoi, après… j’veux dire, quand tu t’es réveillé ? T’as flippé ? » Il était curieux, il l’avait toujours été, surtout concernant cette histoire qui l’avait touché au plus profond de lui, comprendre pour la première fois et si jeune qu’on n’avait parfois que pour seule échappatoire de mettre fin à ses jours, c’était horrible, incompréhensible et surtout fascinant. Il se pourrait que son aîné refuse de répondre à ses questions intrusives sur un sujet si personnel, mais Léo s’en moquait bien, il voulait savoir, il voulait comprendre, pour mieux réussir à se comprendre lui-même, pour mettre un nom sur son mal-être et sur son envie de tout envoyer valser, sur sa peur de l’avenir et de la vie tout simplement. Il cherchait dans les mots de Lennox, ces mots alarmants et qui manquaient cruellement d’optimisme, un fond de réponses et d’espoir, même infime.
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Sujet: Re: C'est quoi la vraie vie ? ♦ Lennox Mar 27 Oct 2015, 01:12
Les autres ne comprenaient pas. Ou ils ne voulaient pas comprendre. Quand j’avais tenté de m’enlever la vie et que j’avais ouvert les yeux de nouveau à l’hôpital, combien de fois par la suite ma mère avait-elle pleuré en disant qu’elle me connaissait par cœur, que j’étais son petit garçon, qu’elle savait que ce n’était qu’une phase, que j’avais juste voulu leur faire comprendre que j’avais besoin d’un peu plus d’attention. Je n’ai jamais voulu d’attention. Ni de eux, ni de personne. Ma mère croyait me connaître et pensait alors pouvoir tout régler. Pouvoir tout nier. Elle ne m’avait jamais reparlé de ce que je vivais intérieurement, dans les années à venir. Elle avait fait semblant que rien de tout cela n’était arrivé. Peut-être avait-elle déjà oublié. Elle était passée à autre chose. Se disant que c’était mon cas aussi. Mais non. Jamais. Je ne passerais jamais par-dessus. C’était ancré bien en moi. Et personne ne comprenait cette douleur incessante.
Après avoir fait signe à cette mère, justement, que je ne rentrerais pas les saluer tout de suite, Léo et moi nous dirigeâmes vers la rue. En quelques coins de rue, nous avions quitté le quartier résidentiel et une rue plus animée s’offrait à nous. Au beau milieu de tous ces gens, nous avions l’air de deux êtres profondément perdus. La vie nous avait laissé tomber. La vie avait tourné le dos devant l’échec que nous étions. J’avais averti, au début de notre promenade, que je n’étais pas la personne que Léo cherchait. Je n’étais pas celui qui avait réponse à tout. Je n’avais réponse à rien. Il ne s’attendait à rien de ma part. Alors je ne lui donnerais sans doute rien. Comme je n’avais jamais rien donné à personne. Rien de bon, en tout cas. Je n’amenais que peine et souffrance avec moi. Détruisant tout sur mon passage.
Quelques minutes plus tard, Léo me demanda ce que je m’étais dit, après avoir réalisé que je m’étais raté. Je baissai les yeux, me remémorant la scène comme si elle s’était produite hier. Tout était encore clair dans ma tête, et surtout dans mon cœur. Je n’oublierais jamais ce moment-là. Ce moment où tout espoir était tombé. Parce que j’avais alors réalisé que ma détresse était réellement sans issue. Aucune sortie d’urgence. Aucune sortie de secours. Personne ne pouvait me venir en aide, pas même la mort ne pouvait me secourir. « Je n’ai pas parlé pendant cinq jours. Pas un seul mot. Je fixais le plafond, ou je fixais le noir dans ma tête. Je ne dormais plus. Je ne rêvais plus. Ce n’était que le vide. Je me disais que si je faisais semblant de ne plus vivre, alors peut-être que je finirais par réellement ne plus vivre … » Je marquai une pause, avalant difficilement, essayant de calmer l’angoisse qui montait en moi. Je ne me sentais pas bien. Pas bien du tout. « Ma mère a pleuré à mon chevet tout ce temps-là, essayant de me tirer de ma torpeur. Mon père s’engueulait toujours avec les médecins, les accusant de m’avoir mis sous une médication trop forte. Des conneries, quoi. » Je regardai Léo. « Mais le fait de rester enfermé dans mes pensées, seul avec moi-même, c’était pire que tout. Parce que s’il y a bien une présence que je n’arrive pas à supporter, c’est la mienne. Alors j’ai décidé de revenir à la réalité. Parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire. » Je m’arrêtai de marcher, et je me tournai vers Léo, l’air des plus sérieux. « Si un jour ça te semble être la fin, la seule solution … Ne fais pas la même erreur que moi. Tu n’arriveras jamais à t’en sortir. » J’aurais probablement été le pire intervenant qui soit en santé émotionnelle. Le pire être humain pour donner des conseils. Mais je n’avais pas la force de prétendre qu’à mes yeux, ce n’était pas une solution. C’était la seule.
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Léo Emerson
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Feuille de personnage ∞ mes liens: ⇢ à propos de moi : Il a un fils, Jonah (7 ans), il s'est séparé de sa mère, Alba, avant sa naissance. ‹ il part régulièrement aux quatre coins du monde pour son travail ‹ il est passionné par le dessin, la peinture et la photo depuis tout petit, c'est la photo qui es devenu son métier ‹ il aime les gens, profondément, le contact humain, les rencontres ‹ il a déjà pris part à plusieurs projets humanitaires et tente de faire un voyage par an dans ce but ‹ il voyage un peu moins depuis qu'il a son fils, ça lui manque mais c'est un choix pour rester proche de lui ‹ il aime quitter Bowen mais aussi y revenir, il y trouve ses racines, ses plus proches amis, sa famille et ses repères ‹ il a horreur des soirées de galas et autre mondanités mais y assiste par correction envers sa famille, il a une vraie dent contre le Maire ‹ il est cinéphile ‹ il ne connait pas le rasoir et prend grand soin de sa barbe ‹ il est mauvais dans ses relations avec les filles, doué pour les séduire, il a un don pour tout gâcher et perdre les seules qui pourraient compter ‹ il n'est pas matérialiste, il pourrait vivre dans le luxe, il pourrait tout avoir, mais ça ne l'intéresse pas, il aime consommer de façon raisonnée ‹ il est plus ou moins sportif, ça dépend des moments mais il a un abonnement à la salle de sport, il lui arrive de courir sur la plage et il se débrouille en surf, il est fan de rugby, supporter de l’équipe locale ‹ il cuisine, il est gourmand et aime goûter les plats de différents pays ‹ il ne se considère pas comme fumeur mais il ne refuse jamais une clope surtout en soirée ‹ il est amateur de bons whiskys
Sujet: Re: C'est quoi la vraie vie ? ♦ Lennox Dim 20 Déc 2015, 20:49
C'est quoi la vraie vie ?
Non, Léo ne s’attendait à rien. Cela faisait quelques temps qu’il ne s’attendait à rien pour tout dire, le gamin était désabusé, il voulait une vie meilleure, quelque chose en quoi croire pour mieux vivre mais finalement il laissait le temps lui couler dessus sans faire grand-chose que pour que son état s’améliore. Certains appelleraient ça la crise d’adolescence, d’autres une légère déprime ou carrément dépression, lui n’en avait rien à faire. Il n’allait pas bien, il ne croyait plus en la vie, point, fin de la discussion. Il avait pourtant sollicité Lennox comme si celui-ci avait une solution à ses maux, sans vraiment y croire, désinhibé par la drogue qui le rendait bavard. Pourtant le souffle était retombé et il se trouvait juste là, à marcher dans la rue avec son model, déambulant sans trop savoir où aller. La présence de Nox l’apaisait, il n’aurait su dire pourquoi, à ses côtés il se sentait mieux, même si l’autre était la personne la plus déprimante au monde, il restait une figure rassurante pour le gamin et ça lui faisait du bien de partager ce moment avec lui, même s’il se rendait maintenant compte de toutes les horreurs qu’il lui avait dite, même s’il s’en voulait presque d’être allé trop loin dans ses mots. « J’ai bien compris, t’en fais pas, t’es le mec le plus mal dans sa peau que je connaisse, si je cherchais du réconfort je serais surement allé au cirque. » Bien qu’il déteste le cirque, Léo.
Ils gagnèrent bien vite le centre-ville, se regardant, aucun d’eux n’avait l’envie d’entrer dans un bar, de côtoyer la foule, ils voulaient embrasser leur solitude, seul compagnie qui leur était acceptable, mis à part la présence de l’autre. Pénétrant dans un parc public ils s’installèrent sur un banc, seuls au monde. « J’ai été con… j’avais pas à t’agresser avec l’histoire de ton suicide, ça ne me regarde pas. » Il fallait qu’il le lui dise, il avait été le témoin involontaire de cette épisode douloureux dans la vie de son voisin, il avait été le voyeur, celui qui, même s’il reste dans l’ombre, voit tout, sait tout. Il était même allé plus loin, trop loin surement, en allant le visiter à l’hôpital, sans que personne ne le sache. Allez savoir pourquoi, des années après il se posait encore la question. Il en avait eu besoin, cet épisode l’avait effrayé autant qu’il l’avait impressionné et surtout passionné, le petit garçon qu’il était avait à cette époque compris bien des choses de la vie, de la vraie vie, de celle qui se déroule au pied de chez lui. Aujourd’hui il avait encore beaucoup à apprendre, beaucoup à vivre et même s’il n’était pas bien dans sa peau, il avait encore l’espoir que le ciel s’éclaircirait. Il avait aussi tellement de questions à poser à Lennox, tellement de réponse à obtenir, même s’il n’était pas sur de les obtenir de sa part. Pourtant il ne pouvait résister à la tentation, du haut de son impétueuse jeunesse il fonçait, il bravait l’interdit et les non-dits, il insistait auprès de Nox. « Tu fais comment, pour te lever tous les jours, tu as une motivation, quelque chose… quelqu’un ? »
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"Is that alright ?"
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Dernière édition par Léo Emerson le Mar 29 Déc 2015, 12:28, édité 1 fois
Jackson Lewis-Reyes
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Feuille de personnage ∞ mes liens: ⇢ à propos de moi : c'est un piètre conducteur, il a été recalé quatre fois lors de ses examens de conduite mais à la cinquième tentative, grâce à des circonstances miraculeuses, il a enfin réussi à obtenir son permis ; il n'en demeure pas moins qu'il est un danger sur la route ‹ il n'a pas bu d'alcool depuis des années, sa forme physique étant centrale pour sa carrière d'acrobate ‹ c'est un véritable cat lover, il n'en a actuellement que deux, Pebble et Apricat, mais il en accueillerait bien plus s'il le pouvait, malheureusement la vie sur la route ne lui permettait jusqu'alors pas d'avoir plus que ces deux compagnons ‹ s'il est un acrobate hors-pair, certaines autres disciplines du cirque lui échappent totalement ; par exemple, il est tout simplement incapable de jongler ‹ il adore jouer aux mannequins et si vous avez le malheur de vous trouver avec lui dans un bel endroit, il vous demandera certainement de prendre des photos de lui - et il ne sera satisfait qu'au bout d'une vingtaine de minutes et d'une centaine de clichés ‹ ayant rejoint le monde du cirque à ses quinze ans, il n'a pas le souvenir de quoi que ce soit d'autre que la vie sur la route, ce qui occasionne chez lui quelques difficultés d'attachement ‹ il a beaucoup de mal à gérer son budget, il dépense beaucoup trop et mène un mode de vie au-dessus de ses moyens ‹ il déteste lire, sauf pour ce qui est des bandes-dessinées ; il en avait d'ailleurs une collection lorsqu'il était jeune, mais il l'a laissée chez ses parents ‹ il est arrivé à Bowen avec ses chats et une seule boîte contenant sa vie, soit quelques souvenirs sentimentaux ‹ il a des accès de colère, il a du mal à gérer cette violence qui se crée parfois en lui et qu'il extériorise avec brutalité par moments, même contre ceux qu'il aime ‹ il est obsessif-compulsif dès qu'il est question de propreté, si quelque chose traîne il le ramassera même si ce n'est pas à lui ‹ il rêve secrètement de fonder son propre cirque mais il sait que c'est de la folie relevant de l'impossible
Sujet: Re: C'est quoi la vraie vie ? ♦ Lennox Jeu 24 Déc 2015, 01:57
Malgré les paroles plutôt dures de Léo, celles-ci décrochèrent quand même un sourire à mes lèvres, parce qu’il était franc et direct, à tel point que je ne pouvais lui en vouloir. Il n’y allait pas par quatre chemins, et le fait qu’il ne joue pas de rôle devant moi, qu’il ne fasse pas semblant de ne pas voir ce que j’étais réellement, faisait en sorte que je l’appréciais plus que n’importe qui dans ma vie, en ce moment. Évidemment que j’étais au courant que j’étais le mec le plus mal dans sa peau. Que j’étais déprimant, ennuyant, lourd. Mais pour Léo, aujourd’hui, ça semblait fonctionner. Je n’étais pas trop chiant à écouter, visiblement, puisqu’il en redemandait. Il m’avait d’ailleurs demandé comment je m’étais senti à mon réveil, quand je m’étais rendu compte que j’avais foiré ma mort. Ma réponse fut des plus sincères possibles et pourtant, Léo n’en parla plus. Il n’avait qu’écouté, sans m’interrompre, et sans rien ajouter par la suite. De toute façon, tout avait été dit. Il s’agissait d’une réponse ne laissant pas place à l’argumentation. J’avais donné tout mon cœur aux mots choisis. Pour que Léo comprenne bien qu’un suicide raté, c’était un point de non-retour.
Arrivés au centre-ville, nous marchâmes machinalement jusqu’à un parc public, sans même demander l’opinion de l’autre quant à où aller maintenant. Naturellement, on s’installa côte à côte sur un banc devant quelques arbres et de la verdure, et c’est là que Léo s’excusa de s’être mêlé de mon histoire de suicide, en ne me prenant d’ailleurs pas avec des pincettes. Je ne lui en voulais pas, même si au départ j’avais été plutôt surpris qu’il soit au courant de tout cela et pire encore, qu’il soit venu dans ma chambre à mon insu. À l’insu de tout le monde. Comme si mon suicide raté était un spectacle privé pour lui. Mon échec était du théâtre. « C’est bon. C’est pas grave. C’est derrière. J’ai même parfois l’impression que c’était dans une autre vie. » Et pourtant, c’était la même putain de vie. Une dizaine d’années plus tard. Elle était juste trop longue et pénible que le temps était distordu.
Encore assoiffé de réponses à des questions existentielles à mes yeux, Léo me demanda comment je faisais pour me lever à tous les jours, malgré ça, malgré tout. J’haussai d’abord les épaules, puis secouai la tête quand il me demanda si j’avais quelqu’un. Non, à ce moment-là, je n’avais personne. « Personne, non, et c’est mieux comme ça pour le moment. J’ai assez de mes parents avec qui faire semblant que tout va bien. » Tiens, voilà pourquoi c’était aussi détendu, entre Léo et moi : je ne jouais pas derrière un masque. J’étais moi-même et il le savait. Il le respectait. Il cherchait même à en savoir plus. « Et pour répondre à ta question, en fait … je ne sais pas moi-même. S’il y a une motivation quelconque, j’la connais pas encore. Je me lève, c’est tout. C’est devenu juste … robotique, comme façon de vivre. » Dis-je en soupirant, regardant au loin. Puis je me tournai vers le jeune Léo. « Et toi ? T’en as parlé à quelqu’un ? Autre que moi, j’veux dire … » Je me doutais bien de la réponse mais, qui sait, peut-être était-il mieux entouré que le jeune Lennox que j’avais été.
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Léo Emerson
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Sujet: Re: C'est quoi la vraie vie ? ♦ Lennox Mar 29 Déc 2015, 13:12
C'est quoi la vraie vie ?
Seuls sur ce banc à contempler le vide de leur vie, les deux jeunes hommes semblaient s’accommoder de la présence de l’autre, le jeune Léo apaisé par celle de Lennox et son ainé qui répondait, en lâchant de longs soupirs peut-être, mais toujours avec beaucoup d’honnêteté aux questions impertinentes du gamin. C’était surement ce qui lui plaisait le plus d’ailleurs, sa franchise. Lennox ne prenait pas de gants avec lui, il ne cherchait pas à lui raconter de cracks, à cacher la vérité, à lui faire miroiter de belles choses, il ne lui redonnait pas espoir non plus, non, il était brut, franc, il lui donnait sa vision de la vie, son expérience à lui, sans conseil, sans mantras, seulement son expérience, aussi dure soit-elle, aussi déprimante, soit, mais elle était vraie et cela, Léo savait l’apprécier. Parce qu’il en avait marre de ces adultes qui vous donnent des leçons, qui pensent tout savoir sur tout et ont un avis sur tout, ceux qui ne peuvent concevoir qu’on ne réussisse pas à attendre quoi que ce soit de la vie à seulement dix-sept ans, ceux-là le dégoutaient. A croire qu’ils avaient oublié ce que c’était que d’entrer dans la vie par la grande porte sans savoir quoi en faire de cette existence qui s’offre à soi. Jamais ils n’avaient eu leurs hormones qui les travaillaient tellement qu’ils ne savaient comment les canaliser peut-être… jamais ils n’avaient eu le cœur, ou pire, un rêve, brisé, piétiné, réduit en miette et balayé d’un simple coup de vent. Lui, Léo, c’était un rêveur, un Peter Pan, un idéaliste, un éternel insatisfait qui n’arrivait pas à se satisfaire de son destin tout tracé, qui voulait le piétiner et puis tourner les talons pour aller chercher mieux, il voulait rêver grand mais se sentait si minuscule. Comment entamer une vie si on sait qu’on prend le mauvais chemin dès le départ… Nox ne lui donnerait pas de réponses mais au moins il ne lui ferait pas de promesses qu’il ne tiendrait pas et c’était déjà beaucoup.
Le gamin avait du mal à croire les dires de son ainé, que l’épisode de sa tentative de suicide soit derrière lui comme dans une autre vie… mais après tout, peut-être était-ce vrai, il n’avait pas à insister d’avantage, pas sur ce point. Un léger rire s’échappa des lèvres du jeune homme lorsque Nox lui répondit qu’il avait suffisamment de ses parents avec qui faire semblant. « C’est vrai, ça ne sert à rien de s’embarrasser d’une fille dans une situation pareille… » Lui à l’inverse il s’accommodait bien de présence féminine, il s’en enivrait même, de leurs parfums, de la douceur de leurs cheveux sous ses doigts, de la finesse de leurs peaux, il ne s’attachait pas mais pensait tomber amoureux à chaque jolie fille croisée, avant de se réveiller encore plus vide que la veille et certainement pas amoureux… il était encore loin le moment où il rencontrera son Anna, sa muse, son ange blond, celle avec qui il apprendra ce qu’est vraiment l’amour, celle qui lui donnera foi en la vie pour de bon… et qui le fera chuter d’autant plus lorsqu’elle rendra son dernier souffle… mais ça il l’ignorait encore, il croyait que chaque nouvelle paire de jambe pourrait lui être salvatrice, mais ça ne durait jamais bien longtemps. Juste assez pour faire hurler sa mère et rendre fier son père d’avoir un fils qui plaisait tellement aux filles.
L’éternel utopiste qu’il était n’arrivait pas à se faire à l’idée d’une vie si morne pour Lennox, pas jusqu’au bout tout de même… « Peut-être qu’un jour tu la trouveras ta motivation… je l’espère pour toi. » Parce qu’au fond il l’admirait ce grand frère qu’il n’avait jamais eu, ce voisin inconnu mais dont il savait tellement de choses finalement, ce model fragile mais toujours debout. Lorsque le regard de Lennox s’accrocha au sien Léo sut qu’il devrait parler de lui, il soupira à sa question… avec qui parler ? Qui voudrait bien écouter le fils à papa qui avait le vague à l’âme, un psy qu’il payerait une fortune pour griffonner sur un bloc papier et lui donner des cachets, non merci… quoi que, pour les cachets… mais non, il n’en voulait pas de cette fausse oreille ! Ses amis étaient trop superficiel, il le savait bien et sa famille avait bien d’autres soucis, il n’avait jamais été leur priorité, il n'était pas aveugle. Il haussa les épaules qui retombèrent lourdement. « Ça ne sert à rien, tu le sais bien… personne ne veut comprendre les gamins qui sont mal dans leur peau… Ça passera, c’est leur meilleure réponse… mais ça passe pas. » C’était une vérité qui lui donnait des frissons et lui vrillait le cœur mais il savait qu’il n’avait pas tort, il n’avait personne pour l’écouter. Aujourd’hui il n’avait que Lennox, l’éternel dépressif.
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Sujet: Re: C'est quoi la vraie vie ? ♦ Lennox Jeu 07 Jan 2016, 04:23
Un sourire sincère s’installa sur mes lèvres quand Léo parla de s’embarrasser d’une fille dans ma situation. J’osai même rigoler, juste un peu, parce que sa réplique était plutôt amusante et vraie, en fait. En même temps, il aurait aussi fallu qu’une femme s’intéresse à moi pour que je m’en embarrasse. Ce n’était malheureusement pas le cas. Dans la mi-vingtaine, je ne savais même pas ce que c’était réellement que d’être en couple. Peut-être ne serait-ce pas un fardeau comme semblait en parler mon voisin. Peut-être cela m’aiderait-il à voir la vie plus en couleur. Peut-être que non. Le saurais-je un jour ? Seul le temps le dirait. Mais je ne savais pas si j’avais envie d’attendre tout ce temps. Léo, lui, je le voyais aller, je l’avais toujours vu aller, sur ce plan-là. Déjà quand je n’étais pas encore à l’université et qu’il était un jeune adolescent, un tas de fille de son âge – ou pas – lui tournaient autour. Il avait la gueule d’un mannequin et des bonnes manières. Et il s’exprimait bien. Et il dégageait un truc que je n’avais jamais eu. Léo pouvait avoir n’importe quelle femme et moi, je ne pouvais qu’attendre. Et pourtant, femme ou pas, le résultat était le même. Léo n’était pas plus heureux que moi. Alors où donc pouvions-nous aller chercher le bonheur si ce n’était ni dans l’argent, ni dans le savoir, ni dans l’affection ? À nous deux, Léo et moi avions tout, sauf le bonheur. Ce putain de bonheur.
Léo espéra alors pour moi de trouver ma motivation un jour. J’hochai la tête. À ce moment-là, à l’instant-même où mon voisin me souhaitait ces mots, je n’avais aucune idée que son espoir porterait fruits pour moi. Je ne pouvais me douter qu’un jour, une femme comme Lou déciderait que je valais la peine d’être écouté, d’être supporté. Je n’avais aucune idée qu’il existait, de l’autre côté de l’océan et à l’autre bout du monde, une jeune femme, encore une jeune fille à l’époque, qui changerait ma vie à tout jamais. Avec ses grands yeux bleus qui ne voyaient pas, mais qui voyaient tout en même temps. Je ne l’aurais jamais cru. Alors je ne fis qu’esquisser un sourire. « Merci. » J’aurais pu répondre que je l’espérais aussi, mais c’aurait été mentir puisque j’avais perdu tout espoir, et je ne pouvais me résoudre à mentir à Léo. Je me voyais trop en lui pour lui mentir.
Je demandai alors à mon voisin s’il avait parlé à d’autres personnes que moi de ces problèmes qu’il avait. De ces émotions négatives qu’il ressentait. Parce que, avouons-le, je n’étais pas la meilleure personne à qui se confier. Et même si la psychologie n’avait rien pu faire pour moi, je me disais que si elle existait, c’était parce que cela fonctionnait pour certaines personnes. Peut-être Léo était-il un meilleur candidat que moi. Peut-être pouvait-il encore être sauvé, rescapé. « Tu sais, c’est pas parce que ça passe pas pour moi, que c’est vrai pour tout le monde. J’ai tendance à ne pas être comme les autres. » Avouais-je avec petit sourire, en le regardant du coin de l’œil. « J’suis pas en train de dire comme eux, crois-moi c’est la dernière chose que j’aurais à te dire … mais en même temps, ce ne serait pas correct de ma part d’assumer que t’es condamné exactement au même sort que moi. J’en ai connu, des gens qui ont touché le fond du baril, et qui s’en sont sortis. Je ne fais pas parti d’eux, mais peut-être que toi tu le pourrais. Je ne sais pas quand, je ne sais pas comment … Ce que j’essaie de dire c’est que … que je suis pas un modèle à suivre. Tant mieux si te parler de mes expériences et de ma perception de ce monde t’a fait du bien pour aujourd’hui mais … t’accroche pas à ça. Accroche-toi à quelque chose de plus beau. Si t’as une chance de s’en sortir, prends-la. Putain, prends-la. » Léo ne pouvait pas rester dans l’idée que parce qu’il pensait comme moi aujourd’hui, il allait être condamné à penser comme moi pour toujours. Je ne voulais pas l’enfermer dans cette même cage qui avait été créée pour moi. Par moi.
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Léo Emerson
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Sujet: Re: C'est quoi la vraie vie ? ♦ Lennox Dim 07 Fév 2016, 20:15
C'est quoi la vraie vie ?
Si Lennox n’avait pas d’espoir pour lui-même, ce qui était bien triste en somme, il semblait en avoir pour Léo. Ils se connaissaient à peine, ils ne se connaissaient même pas, finalement, ils n’avaient fait que vivre l’un à côté de l’autre toute leur enfance, pas de quoi créer un lien fort. Pourtant Lennox semblait éprouver une vraie empathie pour le gamin, comme s’il se reconnaissait vraiment en lui, comme s’il espérait que l’autre arriverait à s’en sortir, à défaut d’y arriver lui-même. L’idée était belle, mais Léo avait du mal à y croire. Il y avait tellement de contradiction en lui, l’envie de tout envoyer en l’air, l’envie d’en finir, la peur de l’inconnue, la conviction que rien de bien ne pouvait l’attendre dans la vie. Mais aussi un espoir, enterré bien profond mais qui guidait son cœur à défaut de son esprit, qui lui ordonnait de s’accrocher, encore, de chercher des réponses, de se battre plus fort, même si tout était vain, pour être sûr de ne jamais rien regretter, d’avoir tout tenter avant de faire le grand saut… ou de devenir comme Nox. Cette balade avec son voisin lui faisait un bien fou, il la conviction d’avoir enfin trouvé quelqu’un qui le comprenait et l’acceptait tel qu’il était. Dans le fond même si la soirée avait commencé par une confrontation bien puérile, c’était la conversation qu’il rêvait d’avoir depuis des années avec lui, pour mieux le comprendre. Le gamin se prenait à espérer qu’ils se reverraient, qu’ils pourraient apprendre à se connaitre d’avantage, qu’ils pourraient devenir amis mais il n’en savait rien et une certaine réserve l’empêchait de le dire à Lennox. « Je n’ai pas très envie de devenir comme toi tu sais. Tu m’as toujours… fasciné… d’une certaine façon, c’est pas forcément un compliment ne t’en fais pas. Mais plus que tout… je me suis toujours senti proche de toi, ne me demandes pas pourquoi, c’est comme ça, peut-être parce que je suis fils unique, j’en sais foutrement rien. Mais j’aurais bien envie de croire que ça s’arrangera, que j’irais au bout de mes envies, même si aujourd’hui ça me semble désespéré et utopique. Et puis j’ai envie d’y croire pour toi. Parce que t’as quoi, même pas vingt-cinq piges, c’est trop jeune pour perdre toute foi en la vie merde, autant te foutre en l’air à nouveau. » Il en perdait toutes ses bonnes manières et son langage de gamin éduqué ce soir, il parlait avec son cœur, comme il n’avait jamais parlé avant, parce que pour la première fois il se savait écouté, enfin, vraiment. Et puis il ne l’avait pas loupé, cet éclat de rire tout à l’heure, lorsque Léo avait parlé de ne pas s’embarrassé des filles, Lennox s’était enfin déridé, une seule fois, pas longtemps, mais suffisamment pour que ça se remarque et que ça montre qu’il pouvait lâcher prise. Peut-être que c’était ça la solution, lâcher prise, accepter de se laisser porter, être en bonne compagnie, se sentir bien, même un court instant, mais assez pour avoir l’envie que ça se reproduise. Etrangement cette conversation avait redonné espoir à Léo, même en la présence de l’homme le plus dépriment du monde. Il sentait que c’était presque la fin, ils n’avaient plus grand-chose à se dire pour ce soir et puis Lennox était attendu par ses parents. Le gosse n’avait pas vraiment envie de le quitter mais il ne voulait pas s’attarder non plus, Nox avait fait l’effort de le laisser entrer dans sa vie et c’était déjà beaucoup, il n’abuserait pas. Il espérait vraiment que ça ne soit pas la dernière fois qu’ils se parleraient, mais le temps en déciderait, tout simplement. Il allait se laisser porter. « Je crois que je vais rentrer chez moi, mes parents vont peut-être s’inquiéter. »
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