Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox Ven 8 Mai 2015 - 1:45
And if you're still breathing, you're the lucky ones. Effy & Lennox
Shadows settle on the place, that you left Our minds are troubled by the emptiness Destroy the middle, it's a waste of time From the perfect start to the finish line And if you're still breathing, you're the lucky ones 'Cause most of us are heaving through corrupted lungs
Minable. Irrécupérable. Désespérée. Voilà comment se sentait Effy en cet instant précis. Assise dans le sable, adossée contre le pourtour de la terrasse en bois, la jeune fille attendait lamentablement que le bar ouvre. Il devait sept heures et demie du matin, peut-être huit, et cela faisait déjà un long moment que la brune au visage émacié et tellement pâle aujourd'hui, quoi qu'elle perdait la notion du temps. Elle était sortie en boîte toute la nuit, jusqu'à la fermeture. Elle avait pris des crasses, comme d'habitude. Alors elle avait marché sans but, dans l'espoir de tomber sur un remède à son mal-être. Et elle avait fini sur la plage, partagée entre l'envie de se coucher dans le sable ou d'aller se jeter dans l'eau glacée tandis que le soleil se levait avec lenteur et paresse. Il était d'ailleurs censé apporter un peu d'espoir et de gaieté celui-là. Mais Effy avait repéré le bar sur la plage, alors elle s'était assise là, toujours aussi déprimée. Sûrement l'ecstasy, elle était en pleine descente depuis un bon moment maintenant. Elle avait juste envie de se noyer dans l'alcool, maintenant que la drogue la titillait avec ses effets indésirables.
La brunette regardait fixement devant elle, ses iris bleu azur perdu dans le vague, une cigarette se consumant au bout de ses doigts fins. Ses cheveux brun ne ressemblaient plus à grand chose, eux aussi fatigués par cette nuit d'activité intense sur la piste de danse, aussi peu disciplinés que son cerveau qui ne comprenait plus trop ce qui lui arrivait. La jeunette était vêtue d'un short court, des bas noirs à motifs, un top laissant paraître de grandes parties de peau blanche, ainsi que le soutien-gorge en dentelle bleu de la jeune fille. L'air était encore frais en cette matinée, mais Eff' n'avait pas froid. Elle était déprimée, elle se détestait, elle ne savait pas comment s'en sortir. Venir vivre à Bowen n'avait rien arrangé, au final. Elle ne voyait pas la différence avec sa détresse des derniers mois à Bristol.
Effy tira une longue bouffée de cigarette, perdue dans le son des vagues qui venaient mourir en douceur sur la plage. Elle avait l'impression que ses capacités cognitives n'existaient plus, trop abruties par l'alcool et les drogues qu'elle avait pris la veille et cette nuit. La jeune fille tira une nouvelle latte sur sa cigarette, un genou replié vers elle, son avant-bras reposant dessus. Elle n'avait rien d'autre à faire qu'attendre, de toute manière. Inconsciemment, ses doigts vinrent remonter les bracelets de son poignet pour caresser les cicatrices qui le décoraient.
Jackson Lewis-Reyes
MESSAGE : 3106 ICI DEPUIS : 15/03/2015 COMPTES : woody & isaiah & concho & elmo & nova & reyansh CRÉDITS : littlewildling (a) & signature par bat'phanie
STATUT : et si tout s'évapore et tout tient à un fil, t'es l'étoile, t'es le port, t'es mon repère tranquille (perry)
Feuille de personnage ∞ mes liens: ⇢ à propos de moi : c'est un piètre conducteur, il a été recalé quatre fois lors de ses examens de conduite mais à la cinquième tentative, grâce à des circonstances miraculeuses, il a enfin réussi à obtenir son permis ; il n'en demeure pas moins qu'il est un danger sur la route ‹ il n'a pas bu d'alcool depuis des années, sa forme physique étant centrale pour sa carrière d'acrobate ‹ c'est un véritable cat lover, il n'en a actuellement que deux, Pebble et Apricat, mais il en accueillerait bien plus s'il le pouvait, malheureusement la vie sur la route ne lui permettait jusqu'alors pas d'avoir plus que ces deux compagnons ‹ s'il est un acrobate hors-pair, certaines autres disciplines du cirque lui échappent totalement ; par exemple, il est tout simplement incapable de jongler ‹ il adore jouer aux mannequins et si vous avez le malheur de vous trouver avec lui dans un bel endroit, il vous demandera certainement de prendre des photos de lui - et il ne sera satisfait qu'au bout d'une vingtaine de minutes et d'une centaine de clichés ‹ ayant rejoint le monde du cirque à ses quinze ans, il n'a pas le souvenir de quoi que ce soit d'autre que la vie sur la route, ce qui occasionne chez lui quelques difficultés d'attachement ‹ il a beaucoup de mal à gérer son budget, il dépense beaucoup trop et mène un mode de vie au-dessus de ses moyens ‹ il déteste lire, sauf pour ce qui est des bandes-dessinées ; il en avait d'ailleurs une collection lorsqu'il était jeune, mais il l'a laissée chez ses parents ‹ il est arrivé à Bowen avec ses chats et une seule boîte contenant sa vie, soit quelques souvenirs sentimentaux ‹ il a des accès de colère, il a du mal à gérer cette violence qui se crée parfois en lui et qu'il extériorise avec brutalité par moments, même contre ceux qu'il aime ‹ il est obsessif-compulsif dès qu'il est question de propreté, si quelque chose traîne il le ramassera même si ce n'est pas à lui ‹ il rêve secrètement de fonder son propre cirque mais il sait que c'est de la folie relevant de l'impossible
Sujet: Re: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox Sam 9 Mai 2015 - 17:15
what if all the world's inside of your head, is just creations of your own? your devils and your gods, all the living and the dead, and you're really all alone. you can live in this illusion, you can choose to believe. you keep looking but you can't find the woods while you're hiding in the trees
L'aiguille sur l'horloge dansait d'un numéro à un autre. Parfois lentement. Parfois rapidement. Mais ce serait toujours trop lent pour moi. Le temps flânait, le temps me torturait. La fatigue me narguait, elle. S'emparant de moi une minute, me relâchant quelques secondes plus tard. Elle jouait avec mes espoirs. Mais lorsque je n'arrivai plus à discerner sur quel numéro s'était arrêtée l'aiguille à cause du rayon de soleil qui luisait sur le verre du cadran, je décidai qu'il était déjà trop tard. L'angoisse qui m'habitait et qui me consumait depuis la veille ne partirait pas de si tôt. C'était comme ça, parfois. Cela pouvait arriver plusieurs fois par semaine ou plusieurs fois par mois. C'était changeant, comme le vent. Aucune logique, aucune suite dans les idées. Je me levai de mon lit, les papillons anxieux dans mon estomac me suivant dans mes pas. Machinalement, sans trop réfléchir, j'enfilai des vêtements et des chaussures et je sortis dehors. C'était encore frais, à l'extérieur. Le vent tiède me caressa la peau. J'inspirai, j'expirai.
Comme toujours, mes pas me guidèrent jusqu'à la plage. Parce que c'était de ces endroits qui me rendait nostalgique, mais bien. Mon angoisse ne ferait que grandir, mais elle deviendrait enivrante. Je fermerais les yeux, à l'écoute des vagues déferlant sur la plage, et je désespérerais en silence. Confortable dans mon mal-être. Confortable dans mon chagrin. Après avoir vécu tant d'années main dans la main avec lui, j'avais su l'apprivoiser. Il faisait parti de moi. Ou plutôt, je faisais parti de lui. Une fois arrivé à destination, je retirai mes chaussures et mes chaussettes, laissant mes pieds s'enfoncer dans le sable fin. Les grains dorés me chatouillaient les orteils. Le ciel était gris, le ciel était triste. Comme moi. Comme je l'avais toujours été.
J'allai m'asseoir dans le sable, à l'extrémité de la terrasse du bar de la plage. Une jeune femme arriva sans doute une vingtaine de minutes plus tard - j'avais perdu la notion du temps. Elle ne sembla pas remarquer ma présence. Elle s'assit, elle aussi, contre le pourtour de la terrasse. Je la détaillai du regard, me sentant comme un voyeur. Je ne pouvais détacher mon regard de sa personne. Il y avait quelque chose dans ses gestes, dans ses soupirs, dans ses yeux perdus dans le vague. Quelque chose de familier. La jeune femme s'alluma une cigarette et, tout en la fumant, elle écarta ses bracelets pour caresser son poignet. Inconsciemment, j'avais porté moi aussi ma main à mon poignet opposé. Je baissai alors les yeux vers mon geste, découvrant mes nombreuses cicatrices d'un temps où je me détestais tellement que je me punissais d'exister. Aujourd'hui, j'avais trouvé d'autres façons de me haïr. Plus silencieuses. Plus discrètes. Tout aussi autodestructrices. Quand je relevai de nouveau les yeux vers la jeune femme, celle-ci me regardait aussi. Mon sang se glaça. Son regard. Il était le même que le mien.
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Sujet: Re: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox Sam 9 Mai 2015 - 21:49
La fumée s'élevait en douces volutes arrondies, comme si elle souhaitait former des mots en calligraphie. Douleur. Solitude. Tristesse. Déprime. Destruction. Vide. Effy imaginait ces mots flotter devant son regard, tandis que le soleil levant venait doter sa chevelure couleur chocolat de reflets caramélisés. La jeune fille cligna des paupières, comme pour faire disparaître tout ce qu'elle venait d'imaginer, et tira une autre longue bouffée de cigarette, puis une autre, la fumée s'échappant doucement de sa bouche.
C'est alors qu'elle sentit comme un poids sur sa droite, un poids insistant, qui n'était pas censé être là. Presque inconfortable et pourtant irrésistible. C'était le poids d'un regard, et Effy tourna son visage rendu blafard par la fatigue et la drogue vers un homme d'une trentaine d'années qui la dévisageait. Elle vrilla son regard dans le sien, l'emprisonnant dans ses iris d'un bleu intense. C'était un moment plutôt étrange, comme hors du temps. Tout semblait s'être arrêté. Pas une seule mouette ne criait, rien ne venait troubler le silence de la plage, la plupart des gens étaient encore endormis ou bien en train de se préparer dans leurs petites maisons douillettes avant d'aller au travail ou à l'école. Seules les vagues venant s'écraser sur la plage ajoutaient une petite note de vie à cet instant, ce qui rendait cette absence presque totale de bruit ou de mouvement plus agréable que pesante. On aurait même pu dire joyeuse, si on avait osé. Pur.
Effy dévisagea l'homme aux cheveux bruns qui la regardait, sans ciller. Elle n'avait jamais eu de difficultés à soutenir un regard inconnu, mais ici il y avait encore autre chose. Comme si un courant inconnu passait entre les deux étrangers, comme si un lien invisible les retenaient de détourner les yeux. Doucement, Effy recommença à caresser ses cicatrices qui lui barraient le poignet. Une larme perla au coin de son oeil où le maquillage avait un peu coulé, roula le long de sa joue. Son expression était restée la même : vide, inexpressive, on aurait pu croire qu'il n'y avait rien à l'intérieur de cette enveloppe charnelle. Mais son regard pénétrant indiquait qu'il en était tout autrement en cet instant.
Jackson Lewis-Reyes
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Sujet: Re: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox Dim 10 Mai 2015 - 1:15
what if all the world's inside of your head, is just creations of your own? your devils and your gods, all the living and the dead, and you're really all alone. you can live in this illusion, you can choose to believe. you keep looking but you can't find the woods while you're hiding in the trees
J'avais l'impression de ne plus pouvoir regarder ailleurs. Je n'en avais pas le droit. Pas l'envie non plus, d'ailleurs. Je me perdais dans ce regard qui me parlait tellement. Qui me disait tout, et rien à la fois. Parce qu'il n'y avait rien de plus à dire que le regard lui-même. Le même que je lui renvoyais. Habituellement, j'étais incapable de soutenir le regard de qui que ce soit. Ayant trop souvent été pointé du doigt, j'avais appris à détourner le regard de ces moqueries. J'avais peur de tout le monde. Sauf qu'elle, elle ne me rendait pas mal à l'aise, mais pas indifférent non plus. C'était indescriptible. Je n'aurais pas su mettre des mots sur ce que je vivais présentement en dedans de moi, moi qui étais un grand connaisseur de l'introspection. J'arrivais toujours à m'analyser moi-même, sans l'aide d'un quelconque psychologue ou confident. Mais là, j'aurais bien aimé qu'on m'explique l'emprise qu'avait cette brunette sur moi.
Je ne lâchais pas ses yeux, mais je vis quand même que sa main avait recommencé à caresser ses cicatrices. La mienne aussi. Une larme coula le long de la joue de la jeune femme. Mon coeur se tordit dans ma poitrine. De la voir ainsi. Reflet de moi-même dans un miroir. Mes lèvres tremblaient, prêtes à sourire pour la réconforter ou à pleurer pour l'accompagner. Je ne savais plus où j'en étais. La jeune femme continua à fumer sa cigarette, sans cesser de me regarder. « Je peux en avoir une ? » Demandais-je alors que je n'avais pas fumé depuis des années. Je n'avais d'ailleurs jamais été un grand fumeur de toute façon. Voyant que la brunette me tendait une cigarette, je me levai et marchai pour m'approcher d'elle. Je m'assis dans le sable, gardant une distance raisonnable entre elle et moi. Je mis la cigarette entre mes lèvres et me penchai vers elle alors qu'elle allumait le briquet vers moi. Une fois le bout de la cigarette allumé, je me reculai. En fumant, évidemment, je m'étouffai. Je rigolai légèrement. « Et voilà, j'peux pas faire semblant, j'suis pas fumeur. » Je fis une moue en regardant l'horizon. Je ne voulais plus la regarder dans les yeux, comme si j'appréhendais d'être encore une fois ensorcelé. Mon sourire ne tarda pas à s'effacer, comme à son habitude. Il n'était jamais là pour rester. « J'ai l'impression de te connaître. Je sais que c'est pas le cas. Mais j'ai quand même cette impression. » Et ça y est, je me risquai à la regarder de nouveau. Cette beauté ténébreuse.
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Invité
Sujet: Re: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox Dim 10 Mai 2015 - 2:31
Lorsque la voix du jeune homme brisa enfin le silence, Effy cligna des yeux, comme si cela l'avait brutalement ramenée à la réalité. Comme si pendant cette longue minute où ils s'étaient fixés avec une intensité qui aurait presque pu leur brûler la rétine, elle avait cessé de respirer sans s'en rendre compte. Elle retira brusquement sa main de son poignet, comme un lapin qui s'effraie pour un rien en pleine forêt, croyant avoir entendu un prédateur. La brunette laissa son regard suivre le garçon, qui s'était rapproché d'elle et lui demanda une cigarette. Effy n'avait pas pour habitude de rejeter les inconnus qui réduisaient la distance entre eux, mais ici c'était plus que cela. Il lui semblait naturel de laisser le brun pénétrer dans sa bulle, car il y avait sa place lui aussi. Il savait de quoi cette bulle était faite, il avait la même. Effy n'était peut-être pas bavarde, mais elle était observatrice et extrêmement perspicace. C'était sans doute pour cela qu'elle arrivait à régler les problèmes des autres avec efficacité et discrétion. Les problèmes des autres, oui, mais pas les siens.
Lentement, le sourire énigmatique et si particulier d'Effy éclaira son visage tiré par la fatigue, et elle sortit son paquet de cigarettes, l'ouvrant pour le tendre à l'inconnu. Il en saisit une au hasard et elle approcha son briquet, une flamme jaillissant pour allumer la cigarette du jeune homme. Elle ne rit pas en le voyant toussoter ni en entendant sa remarque, mais une étincelle amusée avait éclairé son regard triste et mort.
« Laisse simplement la fumée glisser dans tes poumons. »
Souffla la jolie brune avec un sourire en coin. Elle tira elle-même une latte sur sa cigarette, inhalant profondément la fumée, avant d'expirer en un soupir. Pour la première fois, elle avait l'impression de rencontrer une personne vraiment intrigante, encore plus mystérieuse qu'elle. Quelqu'un avec qui elle pouvait avoir des choses à partager, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Il était très rare qu'elle ressente ce genre de connexion dès les premières minutes, sans même connaître la personne. Et pourtant, elle qui avait du mal à laisser les gens entrer dans sa vie et dans son coeur, avec cet homme, cela lui paraissait normal. Comme si c'était une évidence. Elle devinait pourquoi, mais elle profitait de ce moment d'exception.
« Dans ce cas tu pourrais t'asseoir à côté de moi, tu ne crois pas ? »
Répliqua la brunette avec un sourire cynique mais enjoué, sa voix teintée d'amicalité. Elle avait parfaitement compris ce qu'il entendait par là. Parce que c'était réciproque. Elle avait l'impression que dans toute son existence, cela ne lui était jamais arrivé. Ce n'était pas qu'une impression, d'ailleurs.
Jackson Lewis-Reyes
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Sujet: Re: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox Dim 10 Mai 2015 - 3:12
what if all the world's inside of your head, is just creations of your own? your devils and your gods, all the living and the dead, and you're really all alone. you can live in this illusion, you can choose to believe. you keep looking but you can't find the woods while you're hiding in the trees
Son regard plus tôt noirci par la douleur, cette douleur de vivre que j'avais toujours ressentie, s'était légèrement illuminé par ma présence. D'abord lorsqu'elle sortit son briquet en m'offrant un sourire mystérieux, ensuite lorsque je m'étouffai avec cette cigarette. Étrangement, elle me faisait du bien, à moi aussi. Comme si le ciel gris avait quelques percées de lumière entre ses nuages. Comme ça, sans raison. Sans prévenir. Suite aux recommandations de la brunette, je tirai de nouveau une latte sur ma cigarette, inspirant la fumée jusque dans mes poumons. J'avais l'impression que cette fumée enveloppait tout mon intérieur, qu'elle assombrissait mes organes vitaux, qu'elle me tuait à petit feu. Le sentiment était bon. Rassurant. Enivrant. Je fermai les yeux en inhalant, puis en expirant en un long soupir toute cette fumée. J'ouvrai les yeux de nouveau, vers l'océan, vers la plage qui se réveillait peu à peu. « J'avais oublié à quel point c'était bon. Je me fais vieux. » Réalisais-je à voix haute. Je fumais durant mon adolescence. Maintenant, j'avais trente-quatre ans. Et même pas encore la moitié de ma vie de faite, si on se fie à l'espérance de vie moyenne. Bordel. Je ne pourrais jamais faire le reste du parcours. Je n'en avais pas la force.
Finalement, j'avouai à la jeune femme que j'avais l'impression de la connaître. Je lui partageai ce sentiment que j'éprouvais depuis que nos regards s'étaient croisés. Qu'ils avaient fusionnés. Je jetai un nouveau regard sur la demoiselle lorsqu'elle me répondit que dans ce cas, je n'avais qu'à m'asseoir à côté d'elle. Je souris légèrement, en coin, en constatant la distance que j'avais laissée entre nous. Pourtant, je n'avais pas eu l'impression de devoir laisser cet espace. Je l'avais fait surtout par politesse, par respect pour elle. Après tout, ce sentiment était peut-être à sens unique. J'étais étonnamment ravi de constater que ce n'était pas le cas. Qu'elle ressentait aussi cette familiarité entre nous. Elle ne l'avait certes pas dit dans ces mots, mais son invitation traduisait toute la confiance qu'elle me portait. Confiance aveugle. Confiance énigmatique.
Sans me relever, je ne fis que me rapprocher de la jeune femme, me glissant sur le sable. Je ne sais pas s'il s'agissait d'un manque de calcul de distance de ma part ou si mon subconscient m'avait poussé à aller aussi près d'elle, mais nos jambes s'effleurèrent alors que j'allongeai les miennes dans toute leur longueur. Suite à ce contact, je lançai un regard du coin de l'oeil à la jeune femme, à la fois bien et à la fois gêné. Gêné parce que j'ignorais comment elle réagirait. Bien parce que sa présence, maintenant plus intime, devenait tellement confortable pour moi. Je ne comprenais pas ce qui se passait entre nous. C'était doux. Agréable. « Je ne sais pas pourquoi je suis venu te demander une cigarette. En temps normal, je serais reparti de mon côté. Mais ... j'avais besoin que nos chemins se croisent. » Avouais-je, me surprenant moi-même de m'ouvrir autant à une étrangère.
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Invité
Sujet: Re: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox Dim 10 Mai 2015 - 15:42
Lorsque le jeune homme l'effleura, que ce soit volontairement ou par mégarde, Effy plongea à nouveau ses iris bleu clair dans ceux de l'inconnu et l'esquisse d'un sourire amical et malicieux étira ses lèvres. Elle n'était d'ordinaire pas très tactile comme personne, mais le contact avec ce mystérieux brun ne la dérangeait pas le moins du monde. Comme il l'avait dit, elle avait l'impression de le connaître depuis toujours. C'était comme si une entrée dans son espace vital était normal, il pouvait y venir sans craindre la moindre réaction outrée. Lorsqu'il reprit la parole, Eff' tourna la tête vers l'océan, le contemplant un long moment sans rien dire. Elle comprenait tellement ce qu'il voulait dire qu'elle allait finir par se demander s'il n'y avait pas un lien télépathique entre eux. Qui sait, la dépression créé des liens, visiblement.
« C'est difficile de les cacher, n'est-ce pas ? »
Murmura Effy sans quitter les vagues du regard. Elle glissa un coup d’œil vers les cicatrices de l'inconnu, avant de reporter son attention sur la mer imperturbable, qui continuait d'avancer sur le sable, petit à petit. La jeune brune s'était déjà demandé si tous ceux qui s'étaient mutilés avaient autant de mal à vivre avec leurs cicatrices. Elle, elle les cachait derrière des bracelets, pas parce qu'elle avait honte, mais bien parce qu'elle en avait peur. Comme si celles-ci renfermaient des cauchemars et des démons prêts à lui sauter dessus si elle les regardait un peu trop longtemps.
« Je m'appelle Effy. »
Reprit la demoiselle d'une voix neutre, tirant une dernière bouffée de cigarette avant de l'écraser dans le sable.
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Sujet: Re: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox Dim 10 Mai 2015 - 18:13
what if all the world's inside of your head, is just creations of your own? your devils and your gods, all the living and the dead, and you're really all alone. you can live in this illusion, you can choose to believe. you keep looking but you can't find the woods while you're hiding in the trees
Nous avions tous les deux décidé de lâcher le regard de l'autre pour porter nos visions vers l'océan. Un long moment passa, dans le silence total. Aucune voiture encore sur la route. Personne pour parler mis à part nous deux, et nous ne le faisions pas. Juste le bruit incessant des vagues. Puis, alors que le sommeil s'emparait de moi comme par magie, la jeune femme brisa cet instant de calme pour me partager la difficulté à les cacher. Les cicatrices. J'avais tout de suite compris ce dont elle parlait. Pas même besoin de suivre son regard jusqu'à mes poignets. Je les caressai du bout des doigts alors qu'elle, elle les caressait des yeux. J'haussai les épaules. « Je ne cherche même plus à les cacher. Ce n'est un secret pour personne et, de toute façon, le fait de les voir jour après jour me rappelle que ... que j'aurai toujours une porte de sortie. » Avouais-je. Je n'avais jamais parlé de ce sentiment à qui que ce soit. De ce soulagement de savoir que ma vie pouvait être interrompue à tout moment si j'en ressentais le besoin. Mes proches croyaient qu'après ma tentative de suicide à l'adolescence, j'avais commencé à aller mieux. Ils pensaient que, malgré mon continuel regard triste, j'avais cessé de penser à la mort et de danser avec elle. Ils avaient tort. J'y pensais à tous les jours de ma vie. Je n'avais cependant pas le courage, pas encore, de réessayer. Un jour, peut-être. Quand mes lendemains me sembleront trop pénibles pour trouver le sommeil.
Mon regard se posa sur les bracelets de la brunette, qui s'étaient remis à leur place, cachant ces cicatrices. Elle n'était pas exactement comme moi, finalement. Un miroir cassé, ne reflétant que la moitié de la réalité. Nous étions des reflets vaporeux, non identiques. Effy. Son nom raisonna dans mes oreilles comme une douce mélodie. J'aurais pu vivre ma vie en n'entendant que ces mots doux dans un murmure éternel. « Et moi Lennox. » Lui confiais-je, tirant à mon tour une bouffée de cigarette, comme s'il s'agissait de la ponctuation de ces présentations qui resteraient à jamais gravées dans ma mémoire. « Mais ça, ce n'est pas important. » Conclus-je en éteignant ma cigarette dans le sable également. Qui nous étions n'était pas important. Ce que nous étions l'était. Dans nos pensées, nos émotions, nos malaises, nos mal-êtres.
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Sujet: Re: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox Lun 11 Mai 2015 - 1:58
Effy écoutait d'une oreille attentive les propos de l'homme assis à côté d'elle. À vrai dire, il diffusait des paroles presque poétiques, réconfortantes et si justes. Sa voix grave et très douce, un peu triste et pourtant sûre d'elle, ajoutait un peu de magie à ce qu'il disait, si bien que la jeune fille avait un doux sourire rêveur qui flottait sur son visage. Elle n'était pas fatiguée, pourtant elle aurait dû. Elle était venue ici pour continuer à se saouler, jusqu'à... Jusqu'à elle ne savait trop quoi. La mort ? Non surement pas, elle ne voulait pas penser à ça. Alors quoi, le coma ? Aller juste assez loin pour prendre le risque de crever, mais ne pas y aller trop franchement non plus ? Laisser ça entre les mains du destin ? Oui, c'était plutôt ça. Avec une douce mélodie en tête, si possible. Lorsque le jeune homme parla de porte de sortie, la main de la jeunette vint se poser sur le poignet de son interlocuteur, d'un mouvement vif. Elle n'avait pas bronché, même pas un regard, mais son bras avait réagit automatiquement, sans qu'elle sache trop pourquoi, pour que ses doigts se posent sur les marques du jeune homme. Elle ne dit rien pendant quelques secondes, puis se mit à chantonner doucement, d'une voix à peine audible (la chanson : https://www.youtube.com/watch?v=Hdba9PuWcoc).
Il n'y avait pas d'explication à donner. Cette rencontre pouvait tout changer comme elle ne pouvait rien changer. Elle pouvait empirer les choses ou bien les améliorer. Ou juste ne rien faire. Effy ne se sentait pas bien en cet instant précis, mais elle se sentait mieux. Moins seule et pitoyable que quand elle était arrivée sur la plage aux petites heures du matin, à manquer de s'étaler dans le sable tellement elle était abrutie de pilules, de fatigue, d'alcool. Le pire, c'était qu'elle n'avait pas voulu quitter cet état. Elle ne se sentait pas la force d'affronter la réalité, ou en tout cas la réalité telle qu'on la voit quand on est sobre.
« C'est vrai. C'est pas important. »
Confirma la jeunette dans un murmure, une fois que son interlocuteur se fit présenter. Ainsi, il s'appelait Lennox. C'était sans doute la seule partie de la conversation qui était normale. N'importe quels êtres normalement constitués et surtout psychologiquement stables auraient déjà eu le temps de se poser les questions habituelles, d'où viens-tu, je m'appelle machin, tu fais quoi ici, t'as des frères et soeurs, t'es ici depuis quand, ohlala tes chaussures sont jolies, et au final on s'en branle complètement. Tout ça n'étaient que des préoccupations futiles - et encore, si les gens s'en préoccupaient vraiment, ce dont on pouvait aisément douter -. Lennox, Effy, enchanté, allons déprimer ensemble.
Jackson Lewis-Reyes
MESSAGE : 3106 ICI DEPUIS : 15/03/2015 COMPTES : woody & isaiah & concho & elmo & nova & reyansh CRÉDITS : littlewildling (a) & signature par bat'phanie
STATUT : et si tout s'évapore et tout tient à un fil, t'es l'étoile, t'es le port, t'es mon repère tranquille (perry)
Feuille de personnage ∞ mes liens: ⇢ à propos de moi : c'est un piètre conducteur, il a été recalé quatre fois lors de ses examens de conduite mais à la cinquième tentative, grâce à des circonstances miraculeuses, il a enfin réussi à obtenir son permis ; il n'en demeure pas moins qu'il est un danger sur la route ‹ il n'a pas bu d'alcool depuis des années, sa forme physique étant centrale pour sa carrière d'acrobate ‹ c'est un véritable cat lover, il n'en a actuellement que deux, Pebble et Apricat, mais il en accueillerait bien plus s'il le pouvait, malheureusement la vie sur la route ne lui permettait jusqu'alors pas d'avoir plus que ces deux compagnons ‹ s'il est un acrobate hors-pair, certaines autres disciplines du cirque lui échappent totalement ; par exemple, il est tout simplement incapable de jongler ‹ il adore jouer aux mannequins et si vous avez le malheur de vous trouver avec lui dans un bel endroit, il vous demandera certainement de prendre des photos de lui - et il ne sera satisfait qu'au bout d'une vingtaine de minutes et d'une centaine de clichés ‹ ayant rejoint le monde du cirque à ses quinze ans, il n'a pas le souvenir de quoi que ce soit d'autre que la vie sur la route, ce qui occasionne chez lui quelques difficultés d'attachement ‹ il a beaucoup de mal à gérer son budget, il dépense beaucoup trop et mène un mode de vie au-dessus de ses moyens ‹ il déteste lire, sauf pour ce qui est des bandes-dessinées ; il en avait d'ailleurs une collection lorsqu'il était jeune, mais il l'a laissée chez ses parents ‹ il est arrivé à Bowen avec ses chats et une seule boîte contenant sa vie, soit quelques souvenirs sentimentaux ‹ il a des accès de colère, il a du mal à gérer cette violence qui se crée parfois en lui et qu'il extériorise avec brutalité par moments, même contre ceux qu'il aime ‹ il est obsessif-compulsif dès qu'il est question de propreté, si quelque chose traîne il le ramassera même si ce n'est pas à lui ‹ il rêve secrètement de fonder son propre cirque mais il sait que c'est de la folie relevant de l'impossible
Sujet: Re: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox Lun 11 Mai 2015 - 4:34
what if all the world's inside of your head, is just creations of your own? your devils and your gods, all the living and the dead, and you're really all alone. you can live in this illusion, you can choose to believe. you keep looking but you can't find the woods while you're hiding in the trees
Aux mots "porte de sortie", la jeune femme m'attrapa le poignet, d'un mouvement si vif que je ne m'étais pas préparé à ce contact. Je sursautai légèrement, un sursaut quasi-imperceptible. Pour quelqu'un d'aussi anxieux que moi, c'était un miracle d'avoir réagi aussi peu face à un geste aussi inattendu. Dès que ses doigts vinrent se poser sur ma cicatrice, mon corps au complet tressaillit. Comme si les cicatrices étaient reliées à tout mon système nerveux et que ce contact faisait vibrer mon corps tout entier. Puis, je me relaxai. Je me laissai aller à sa douce peau contre ma douleur ancrée dans ma peau. Je fermai les yeux. Sa voix s'éleva dans les airs. Une voix douce, presque inaudible, qui se perdait dans le vent comme si un ange murmurait d'en haut. Je me laissai bercer par les paroles, par la mélodie, par le timbre si gracieux de sa voix. Je ne connaissais pas cette chanson. Je ne connaissais pas vraiment le monde populaire de la musique. Que des artistes peu connus. Mais j'appréciais cette chanson, de la façon que la jeune femme la chantait. C'était beau. Ça m'emportait. M'élevait.
Elle se présenta, après avoir éteint cette mélodie dans mes pensées. Dans mes rêves éveillés. J'aurais voulu que ce moment ne se termine jamais, qu'elle ne cesse jamais de chanter dans mes oreilles et de me transporter au-delà de l'océan. Mais tout bon moment a une fin. J'étais le mieux placé pour le savoir, moi qui n'arrivais pas à profiter d'un seul plaisir de la vie. Effy acquiesça à mes paroles quant au fait que ce n'était pas important. Qui nous étions. Nos prénoms. Ils ne changeraient pas ce que nous représentions l'un pour l'autre. Ils ne changeraient pas la relation qui s'était tout naturellement installée entre nous.
« Qu'attends-tu ? » Et dans l'intensité du moment présent, il était impossible de savoir si cette question s'appliquait à la minute précise, ou à la vie en général. Qu'attendait-elle sous ce bar ? Qu'attendait-elle de la part de la vie, de sa vie ? Qu'attendait-elle avant de franchir le pas ? S'attendait-elle à quoi que ce soit ? Moi, je ne m'attendais plus à rien, jusqu'à ce matin. J'avais perdu espoir. Perdu espoir d'un jour voir de la lumière. Et pourtant, dans toute la noirceur que dégageait Effy, j'y voyais une étincelle de lumière.
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Sujet: Re: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox Lun 11 Mai 2015 - 17:47
N'importe qui les entendant converser n'auraient surement rien compris. Des millions de questions auraient germé dans leur esprit équilibré et parfaitement normal. Effy n'avait pas besoin de poser de questions, à vrai dire elle n'en posait quasiment jamais. Elle restait là, laissant les gens venir vers elle plutôt que l'inverse. C'était ce qu'elle faisait toujours, et aller d'elle-même vers quelqu'un représentait pour elle un effort considérable. Elle n'était pas vraiment asociale, même si parfois on pouvait se le demander, elle était juste solitaire. Même quand elle était avec des amis, elle restait la plupart du temps dans sa bulle, dans son monde d'ombres, pas entièrement connectée à ce qui se déroulait autour d'elle.
La jeune fille n'avait pas lâché le poignet de Lennox, le regard perdu dans l'immensité qui s'étendait devant eux. Une immensité qui pouvait paraître effrayante, et dans laquelle Eff' avait envie de se fondre. Faire partie d'elle, cesser d'exister au sens propre. Oui, en cet instant, elle avait vraiment envie de faire ça.
« J'attends d'être heureuse. »
Souffla la jeunette pour toute réponse, un sourire venant étirer un coin de ses lèvres sans qu'elle ne quitte l'océan des yeux. Cette vision des choses pouvait paraître un peu défaitiste, égoïste même. On dit souvent qu'être heureux est une décision à prendre soi-même, que notre bonheur ne dépendait que de nous. C'était faux. La vie avait ses hauts et ses bas et il était possible d'être optimiste lors des coups durs, on ne pouvait pas nier ça. Mais parfois, notre bonheur ne dépend pas de nous, ni de nos décisions ou de nos changements. C'est un état permanent, qui nous engloutit sans qu'on sache comment y mettre fin, ni même s'il avait une fin.
Jackson Lewis-Reyes
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Sujet: Re: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox Lun 11 Mai 2015 - 20:31
what if all the world's inside of your head, is just creations of your own? your devils and your gods, all the living and the dead, and you're really all alone. you can live in this illusion, you can choose to believe. you keep looking but you can't find the woods while you're hiding in the trees
J’haussai légèrement les sourcils à l’écoute de sa réponse, arborant alors un visage triste, un air las, vain. Je croisai le regard de la jeune femme un moment en songeant à sa recherche du bonheur. La constante recherche du bonheur. Le putain de bonheur. Après un moment, je jetai une roche au loin. Roche qui roulait entre mes doigts depuis une minute. Je soupirai. « J’ai arrêté d’attendre d’être heureux depuis longtemps. J’ai perdu l’espoir. » Je lui adressai une mine désolée, comme si j’étais en train de lui révéler qu’elle aussi goûterait à cet abandon, tôt ou tard. Comme si nos deux vies étaient vouées à l’échec, vouées à une descente dans les profondeurs de la noirceur. Je ne connaissais rien d’elle et pourtant, je savais qu’elle perdait son temps, comme moi, à attendre un bonheur qui n’existe pas pour nous. Pas pour nous.
Puis je pris, tout d’un coup, une grande inspiration, et je me levai. « Mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas essayer de faire semblant. » Je lui tendis ma main. Effy l’agrippa, après un moment, et je la soulevai pour l’aider à se relever. Nos pieds étaient plantés dans le sable. Je ne lâchai pas ses mains des miennes tout en la regardant dans les yeux. « Par quoi on commence ? » J’étais prêt à lui ouvrir mon monde si elle était prête à m’ouvrir le sien. Elle était une étrangère et pourtant, ce matin, je l’aurais suivie jusqu’au bout du monde. Dans les recoins les plus cachés et secrets de son existence. J’étais prêt à sauter à pieds joints dans cette aventure. C’était le début d’Effy et de Lennox, une histoire poignante mêlant amour, passion, déchéance et autodestruction. Une histoire des plus tristes et belles à la fois.
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Invité
Sujet: Re: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox Lun 11 Mai 2015 - 22:33
Effy regarda le caillou ricocher une ou deux fois dans le sable, le suivant de son regard perçant. Elle n'avait toujours pas lâché le poignet de Lennox, mais peu importait, tant qu'il ne manifestait pas un quelconque dérangement à propos de ce contact, elle était très bien comme ça. Le silence dura plusieurs minutes, doux et voluptueux plutôt que lourd et gêné. Comme s'il était impossible qu'il y ai la moindre gêne entre ces deux-là. Effy n'était pas le genre de vie à être déstabilisée facilement, et le lien invisible qui la retenait tant au jeune homme la confortait dans cette habitude d'être à l'aise et décontractée en toutes circonstances. Aux traits de Lennox, elle pouvait deviner qu'il était bien plus vieux qu'elle, elle lui donnait 29 ou 30 ans, peut-être un tout petit peu plus, mais cela ne l'impressionnait pas non plus. Leur âge ou leur nom ne comptait pas ici, comme s'ils vivaient dans une société à part, le temps d'un instant, sur cette plage déserte. Tout ce qui comptait était ce sentiment, celui qui disait que c'était la juste chose à faire, que les évènements étaient à leur place. Un lien implicite et pourtant fort entre deux inconnus. Cela n'avait rien à voir avec de l'attirance ni même une tension sexuelle. C'était... Comme si le monde tournait plus rond quand ils étaient réunis. Comme si c'était naturel et que c'était ainsi que ça devait se passer. Tout bien réfléchi, c'était assez complexe à décrire, et tellement simple à ressentir.
« Pourquoi arrêter ? Il n'y a que ça à faire de toute façon. »
Répondit Effy d'une voix légèrement cynique, presque dans un chuchotement, en plongeant à nouveau son regard pénétrant dans celui de Lennox, une lueur malicieuse dansant dans le bleu de ses iris. Elle finit enfin par lâcher le bras du jeune homme, pour s'allumer une seconde cigarette, la coinçant entre deux doigts délicats qu'elle approcha de ses lèvres pour tirer une longue bouffée de fumée. Lorsque son interlocuteur se leva en disant qu'il n'était pas trop tard pour faire semblant, les traits d'Effy se tirèrent en une expression amusée, et elle suivit Lennox du regard, l'observant quelques secondes avec un air de défi lorsqu'il lui tendit la main. Elle tira une nouvelle fois sur sa cigarette puis saisit la main du garçon et se leva avec un minimum d'entrain. Elle faillit perdre l'équilibre, sans doute s'était-elle levée trop vite, son corps était exténué et n'avait pas encore complètement éliminé toutes les drogues de son système. Des points noirs dansèrent un instant devant ses yeux, et elle pointa un doigt devant elle pour faire signe à Lennox de patienter quelques secondes, puis releva la tête avec un grand sourire.
« J'ai pas dormi de la nuit, je suis en pleine descente d'ecsta, j'ai envie de boire mais le bar est encore fermé. Alors on va prendre un bain. »
Décida Effy sans hésitation en désignant la mer d'un mouvement de la tête. Braquant à nouveau son regard insistant sur Lennox, elle le défia du regard, puis se dirigea d'un pas décidé vers les vagues, un sourire indéchiffrable éclairant son visage d'une lumière aussi envoûtante qu'inquiétante.
Jackson Lewis-Reyes
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Sujet: Re: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox Mer 13 Mai 2015 - 16:03
what if all the world's inside of your head, is just creations of your own? your devils and your gods, all the living and the dead, and you're really all alone. you can live in this illusion, you can choose to believe. you keep looking but you can't find the woods while you're hiding in the trees
Je n'étais pas d'accord avec Effy. Continuer à espérer le bonheur rien que parce qu'il n'y avait que ça à faire ? Non. Espérer un bonheur qui n'arriverait jamais ne faisait que contribuer à ma descente au fond du baril. Plus j'y pensais, plus mon être se faisait ronger plus encore par mon désespoir. Je devenais vide de l'intérieur. Vide de vie, vide d'espoir. Je préférais faire une croix sur le bonheur pour de bon, afin de me protéger de la déception inévitable de ne jamais même l'effleurer. « Je préfère ne rien faire que d'attendre après un concept qui n'existe pas. » Lui répondis-je, défaitiste. Puis j'offris un sourire désolé à Effy. « Mais ça, c'est ma vision. Je suis content pour toi si tu peux encore y croire. Il y a plus d'espoir pour toi que pour moi. » J'eus un mince rire, un rire résolu à l'idée de ne plus pouvoir être sauvé.
La jeune femme lâcha finalement mon bras, s'allumant une seconde cigarette. J'avais encore le goût de la fumée dans la bouche. Cela me suffisait. Après lui avoir laissé le temps de consommer un minimum sa cigarette, je me levai d'un bond et lui annonçai qu'il était toujours possible de faire semblant d'être heureux. Après un regard me défiant, elle attrapa ma main voyant que je ne bronchais pas. Une fois tous les deux debout, je demandai à Effy par où commencer. Moi, j'avais abandonné le bonheur. Elle, l'attendait encore. Elle n'avait donc qu'à me montrer comment elle faisait pour l'attirer dans ses filets. Effy m'apprit qu'elle était en pleine descente d'ecstasy et qu'elle avait envie de boire. Je ne le montrai pas, mais cela ne me laissait pas de marbre. Malgré mon mal de vivre constant, je n'avais jamais sombré dans cet univers. Parce que la lucidité me confrontait toujours à ces sentiments. Je ne voulais pas oublier. Parce qu'oublier me frapperait encore plus fort en pleine gueule lorsque je me souviendrais de la douleur. Je préférais que celle-ci soit continue.
Un bain. Elle désigna la mer. Un mince sourire incertain s'installa sur mon visage alors que je fixais l'horizon. « J'associe ça davantage à la torture qu'au bonheur. » Le ciel était toujours grisâtre ; ce n'était pas la plus belle journée australienne que l'on pouvait rêver d'avoir. L'eau ne devait pas être chaude. Pas glacée non plus malgré tout. Je replongeai mon regard dans celui d'Effy, qui se montra une seconde fois défiant. Puis elle me quitta pour marcher d'un pas déterminé vers les vagues. Elle me lâcha un dernier coup d'oeil par-dessus son épaule, un sourire énigmatique et beau sur le visage. Je n'hésitai pas une seconde de plus et je la suivis. Mes pieds s'enfoncèrent dans l'eau fraîche. Mes poils se dressèrent sur mon corps. Je ne doutais toutefois pas qu'une fois dans l'eau jusqu'au cou, mon corps s'habituerait à la température. Sans prévenir, je plongeai tête première dans une vague arrivante, et je nageai sous l'eau afin de prendre une certaine distance vers le large. En remontant, je me tournai vers Effy qui se trouvait à quelques mètres vers la plage. « Qu'est-ce que tu attends ??? » Et cette fois, je ne parlais pas du bonheur. Je parlais de venir me rejoindre. À tout jamais.
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Invité
Sujet: Re: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox Mer 13 Mai 2015 - 18:05
Effy haussa un sourcil, soutenant le regard un peu timide de son interlocuteur. Il n'avait peut-être pas tort, mais pour Effy, c'était le genre de question à laquelle il n'y avait pas de réponse. Que le bonheur existe ou pas, que ce soit une question de volonté ou pas, chacun prenait ça à sa manière et se démerdait pour faire quelque chose du temps qui lui était imparti. Après, ce n'était pas ça le but ? On allait tous crever un jour ou l'autre, et chacun aménageait son temps de vie d'une manière ou d'une autre, la société dictant comme idéal de vie le bonheur, l'amour et toutes ces conneries.
« C'est dans ta tête que ce concept n'existe pas. »
Répondit Effy d'une voix douce et légèrement amusée mais amicale lorsque Lennox lui affirma qu'il ne croyait pas - ou plus - au bonheur. Plus d'espoir pour elle que pour lui, peut-être bien, ou peut-être que non. Après tout, personne ne pouvait prédire de quoi son lendemain serait fait. Eff' savait pourtant qu'elle avait déjà été heureuse, réellement heureuse. Quand elle était petite. Ou à quelques occasions, quand elle était une jeune adolescente déjà un peu hors normes, mais avant sa dépression. Elle ne se rappelait plus exactement de l'effet que ça faisait, mais elle savait qu'elle l'avait déjà vécu. C'était déjà mieux que rien, non ?
Le jeune homme ne semblait pas super emballé à l'idée d'aller piquer une tête dans la mer, au vu de la température. Le rire léger d'Effy s'envola dans l'air, sonnant comme des clochettes argentées, avant de s'évaporer en douceur. Il n'avait pas tort, mais elle avait une envie folle de se mettre dans l'eau, de sentir sa caresse fraîche sur sa peau, comme si ça pouvait la nettoyer de toutes les crasses qui embrumaient son esprit. Elle entra dans l'eau un peu après Lennox, se fichant bien de rester habillée. Au contraire, elle en avait envie. Elle avait juste retiré ses chaussures, et déposé son paquet de cigarettes et son briquet, ainsi que son sachet contenant deux ou trois petites pilules colorées, pour ensuite se laisser aller dans l'eau froide du matin, laissant ses vêtements absorber l'eau salée. Une vague de bien-être la prit par surprise et elle s'y laissa aller, un mince sourire étirant son visage à la peau laiteuse. La voix du jeune homme brun la tira de ses rêveries, et elle l'observa un long moment sans rien dire. Elle n'était pas sûre de ce qu'il entendait par là, mais elle avait bien compris que cette question n'était pas du même ordre que celle qu'il avait posée quelques minutes plus tôt. Elle s'approcha lentement de lui, le fixant de son regard bleu clair sans ciller.
« Qui te dit que j'attends quelque chose ? »
Souffla-t-elle à voix basse. L'espace d'un instant, un éclat de tristesse avait traversé son regard, peut-être trop rapidement pour que Lennox ne l'ait vu.
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Sujet: Re: And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox
And if you're still breathing, you're the lucky ones. † Lennox