ne laisse pas ton passé te voler ton présent (with louis)

Tes mèches ébènes parfaitement travaillées et ta chemise qui épouse parfaitement ton corps, tu arpentais les rues de Bowen. L'heure et le lieu de rendez-vous en tête, tu mordillais nerveusement l'intérieur de ta joue. Là, dans quelques minutes, tu la allais retrouver. Elle, l'actrice de tes souvenirs, la femme qui surplombe tes carnets. C'est donc, la gorge nouée que tu évolues dans la ville. Frôlant plusieurs jeunes filles qui te lancent ces sourires enfantins que tu ne connais que trop bien. Tel le prédateur, tes regards rapides et précis, tu finis par remarquer une scène qui t'es bien trop familière. Appareil photo, maquilleuse, modèle. Et quel modèle, ta muse.
Tu te stoppes.
Garçon maladroit, tu fixes tes pieds sur le pavée, à l’abri de son regard. Plusieurs minutes d'observation sont nécessaires pour que tu te redonnes une contenance. Et c'est avec ton petit sourire impétueux que tu avances vers eux. La main au fond de ta poche, l'air faussement décontracté, tu la fixes avec intensité. Tu la vois s'approcher, tu la vois te fuir. Encore et toujours. La proie fuit le chasseur. C'est naturel. Reviens poupée. Doucement, tu commences à applaudir en riant en silence, essayant de l’empêcher de s'évaporer. Presque sarcastique, cette situation est amèrement drôle. Tu continues, tu applaudis, c'est nerveux. Avant de lâcher, la voix faussement assurée : "Tu n'as rien perdu à ce que je vois". Dissimulant au mieux ton appréhension, tu plantes ton regard clair sur les traits de son visage. Des traits que tu as trop redessinés.   

Tu voudrais t'enfuir, courir, partir. Être loin de lui et de tout ça. Louis est le seul homme de ta vie et il le restera. Tu lui as donné ton cœur et il te l'a brisé en mille morceaux. Tu n'as jamais pu reconstruire ce qu'il a brisé en toi. Jamais. Alors oui, le revoir te rappelle de mauvais souvenirs. Mais de très bons également. Tu étais amoureuse de lui comme tu ne l'avais jamais été. Il était l'homme de tes rêves et le restera. Mais il a tout gâché, tout cassé, tout brisé. Jamais tu ne pourras lui pardonner ou même lui faire confiance. « Tu n'as rien perdu à ce que je vois. » Est-ce du sarcasme ? De l'ironie ? Tu n'en sais rien. Avec Louis, tu es vulnérable et tu perds tous tes moyens. Mais tu ne veux pas le montrer, ce serait lui faire plaisir et tu ne veux pas lui faire plaisir. Tu aimerais le faire souffrir comme lui l'a fait. Mais tu en es bien incapable June. Face à lui, tu n'es plus rien. Il t'ôte toute ta répartie et tous tes moyens sans même s'en rendre compte. Il a ce pouvoir sur toi que tu ne peux expliquer. Même des années plus tard, même après t'avoir fait souffrir comme personne ne l'a jamais fait. « Et toi tu es toujours aussi drôle. » Tu hausses les sourcils, essayant de dissimuler ta nervosité. « Qu'est-ce que tu fais là Roy ? Ça t'as pas suffit de gâcher ma carrière à Paris, tu veux faire la même chose ici ? » Tu craches ton venin, essayant de paraître la plus sèche et froide possible. Cela dissimule de la peur et de l'anxiété mais tu ne veux pas que Louis le perçoive. Jamais tu ne l'a appelé par son nom de famille. Jamais. Mais tu veux lui montrer à quel point tu es dégoûtée de lui. Et par la même occasion, tu essaies de t'en convaincre. Mais à dire vrai, sa présence ici te déstabilise complètement et remet tout en question. Tu le détestes tellement. Et pourtant, tu l'aimes encore. Stupide June.

De ta bouche, tout sort amer. Tout n'est que lame. Et pourtant, tu essayes, tu essayes d'enrober tout ça de tendresse. De volupté, comme ses yeux. Comme ce que dégagent ses prunelles. Durant de longues secondes, tu la fixes. Jolie statue de sel. « Et toi tu es toujours aussi drôle. » Un petit rire de sarcasme traverse la barrière de tes lèvres tandis que ta main passe dans tes mèches. L'air faussement reconnaissant, tu rétorques. "Je t'en remercie mais tu n'es pas la première à me le dire." Tes joues creusées par ton petit sourire, tu l'écoutes rajouter. « Qu'est-ce que tu fais là Roy ? Ça t'as pas suffit de gâcher ma carrière à Paris, tu veux faire la même chose ici ? » Roy. Roy. Jamais elle ne t'avait appelé par ton nom. Subtile tentative pour foutre de la distance entre vous deux. Entre vos deux putains de corps. Les muscles tendus, tu jettes un rapide regard derrière elle avant de te reconcentrer sur son visage de porcelaine. "J'aime voyager. Est-ce mal ?" Fierté démente. Fierté oppressante. Ça te boufferait de lui dire que tu viens la retrouver. Que tu viens la récupérer.
Ridicule petit Louis.
Ridicule comédie.
Ton portable vibre une, deux, trois fois. Comme à son habitude. Prétendantes et agents te réclament, pesante cette situation. Tu toises rapidement l'écran de ton téléphone avant de relever le menton pour croiser son regard. Espérant qu'elle ne s'est pas évaporé entre-temps. "C'est donc ici que tu te caches désormais ? Paris t'allait tellement mieux." Subtilement, tu évoques votre passé commun. Votre passé parisien.

« Je t'en remercie mais tu n'es pas la première à me le dire. » Tu n'en doutes pas. Des filles, Louis en voit énormément. De par son métier mais pas que. Avec ce charme et ce sourire ravageur, qui pourrait résister ? Pas toi. Même il y a quelques années tu n'as pas pu résister longtemps. Au début, tu as joué la carte du mystère mais bien vite - trop vite - tu es tombée amoureuse. Cela ne t'étais jamais arrivé, tu ne savais même pas ce que ça voulait dire. Tu étais niaise et naïve à l'époque, bien trop naïve. Depuis, le mot amour rime toujours avec souffrance dans ta tête. L'un ne va pas sans l'autre, ces deux mots sont indissociables pour toi. « J'aime voyager. Est-ce mal ? » Tu ne peux t'empêcher de rigoler, quelle ironie. Il aime voyager. Toi aussi tu adorais à l'époque, avant qu'il ne gâche ta vie. Tu adorais l'Europe mais il a ruiné ta carrière et toutes tes chances d'évoluer là-bas. Tout ça pour une sextape. « Il y a d'autres villes bien plus belles et connues en Australie. Pourquoi Bowen ? » Demandes-tu sèchement. Tu ne peux pas croire que c'est le hasard qui vous a réuni tous les deux ici. Bowen est tellement peu connu en Australie que ça ne peut pas être une coïncidence. « C'est donc ici que tu te caches désormais ? Paris t'allait tellement mieux. » Tu le regardes presque choquée par ses propos. Louis agit comme si rien ne s'était passé à Paris, comme si tu étais partie de bon coeur. Comme si ça avait été un choix mais c'était tout sauf ça. Tu as envie d'hurler, de le faire réagir et pourtant tu restes de marbre, essayant de cacher toute ta colère et ton amertume. « J'aimais beaucoup Paris. Malheureusement, là-bas, je risquais de te croiser tous les jours, ça n'allait pas le faire. A moins que tu veuilles finir à l'hôpital toutes les semaines ? » Rétorques-tu sèchement. Tu n'es pas violente en général mais le jeune français fait ressortir en toi tes côtés les plus sombres. Et aussi - pour ton plus grand malheur - ton côté vulnérable et fleur bleue.

« Il y a d'autres villes bien plus belles et connues en Australie. Pourquoi Bowen ? » Et merde... Cramé. Elle sent l'arnaque et ça te fait rire, comme elle quelques minutes plus tôt. Deux rires cristallins qui résonnaient à l'unisson auparavant. Tu t'interdis de te noyer dans la mélancolie et tu hausses vaguement les épaules. Ce geste teinté de désinvolture. "Je ne sais pas, le hasard je dirais. Il fait bien les choses, paraît-il." Tu te fous clairement de sa gueule, bien sûr que non tu ne t'es pas pointé dans ce trou pour faire du tourisme. Ton temps est précieux, ton temps vaux de l'or. Alors si toi, Louis Roy, le prince, tu foules le sol australien pour autre chose que pour ton boulot c'est que quelque chose t'anime. Quelque chose de profond. Un truc qui te prend aux tripes. Un truc à te faire frémir. « J'aimais beaucoup Paris. Malheureusement, là-bas, je risquais de te croiser tous les jours, ça n'allait pas le faire. A moins que tu veuilles finir à l'hôpital toutes les semaines . » C'est plus fort que toi, tu pouffes de rire. C'était tellement improbable venant d'elle. La petite blonde qui ose te menacer. C'est cocasse. La prétention et le sarcasme déforment encore plus les traits de ton visage. "Des menaces." murmure-tu avant de répéter "des menaces !" L'air faussement hagard, tu sautilles, garde haute. Les joues creusées dans un large sourire. "Fight." Ton accent français écorche le mot mais peu importe, tu te rappelles à quel point ce petit accent la faisait rire. Rapidement, tu te calmes avant de lâcher un long soupir, tes prunelles azur plongées dans les siennes. "Je suis venu pour te ramener à Paris." cette phrase comme une lance, tu sais parfaitement qu'elle va déchanter en l'entendant.

Sa présence ici te semble étrange mais Louis ne semble pas prêt à t'expliquer ce qu'il fait à Bowen. « Je ne sais pas, le hasard je dirais. Il fait bien les choses, paraît-il. » Tu hausses les épaules et lèves les yeux au ciel, exaspérée par son manque de franchise. Peut-être est-il venu pour le travail ? En tout cas, tu crois très peu au hasard. Alors admettre que Louis a atterri à Bowen par la plus grande coïncidence du monde, ça, jamais. Son rire t'a beaucoup manqué, tu dois l'admettre. Tout comme ce regard taquin et malicieux que tu aimais tant à l'époque. Mais ce qu'il a fait prend le dessus. Toute cette rancœur est bel et bien là, pas prête à s'en aller. Du moins pas de si tôt. « Des menaces. Des menaces ! » Répète-t-il avec son ton rempli de sarcasme. Tu détestes quand il est comme ça, t'as l'impression d'être une misérable petite chose à côté de lui. Il te rend si faible. Mais face à Louis, tu essaies d'être forte, menaçante et déstabilisante. Tu ne voudrais pas te montrer vulnérable devant lui, ça, jamais. Ou plutôt, plus jamais. Tu soupires, rétorquant des plus sèchement : « Si tu le dis. En tout cas je n'hésiterai pas à mettre ses "menaces" à exécution. Je connais du monde ici. » Dis-tu sans grande conviction. Certes, tu connais du monde mais Louis sait pertinemment que tu bluffes. Tu n'es pas une très bonne menteuse. « Je suis venu pour te ramener à Paris. » Ton cœur rate un battement lorsque tu entends ces quelques mots. Cette phrase a l'effet d'une bombe sur toi. Il y a quelques minutes tu regrettais son manque de franchise mais là c'est beaucoup trop pour toi. Tu ne t'y attendais pas et cela doit se remarquer sur ton visage. Tu mets un moment à prendre conscience de ce qu'il vient de te dire. Tu essaies de reprendre tes esprits et de répondre de la façon la plus naturelle possible mais ça sonne horriblement faux. Et puis, Louis ne te connait que trop bien. « Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, j'ai dû quitter Paris par ta faute. » Réponds-tu en insistant au maximum sur le "ta". Tu veux qu'il comprenne qu'il a ruiné ta vie et que tu n'es pas prête à lui pardonner de si tôt.

June tout lui va. June, vêtements ou sentiments, euphorie ou larmes, frayeur ou fureur. Fureur. June elle est belle, peu importe l'émotion qui se peint sur son visage ou les tissus sur ses courbes. Tout lui colle sauf le mensonge. Elle a ce regard fuyant et cette respiration moins profonde. Elle ne sait pas mentir, c'est une gamine qui les mains remplit de confiseries crie son innocence. « Si tu le dis. En tout cas je n'hésiterai pas à mettre ses "menaces" à exécution. Je connais du monde ici. » La gamine se veut menaçante, elle se veut grand méchant loup là où elle n'est que le chaperon. Face à son ton glacial et ses propos, tu ne démontes pas. Endurci avec le temps. Alors, sur le même accord, tu répliques : "T'es ridicule là, Annah." Avec facilité, tu creuses sa façade. À mains nues, tu la façonnes. Brouillon qui devient chef-d’œuvre.
T'es comme ça Louis, l'humeur changeante. Lunatique ils disent. Toi, tu t'en fous, tu te sais juste instable, animé, enragé. Tandis que ton exaltation se calme, tu la regardes manquer de tomber. Manquer de se noyer. Tu aimes surprendre, tu aimes la surprendre. C'est comme ça qu'on garde les femmes, selon la rumeur. Et là, avec June, tous les conseils sont bons à prendre. La blonde met quelques instants à revenir à la surface avant de te jeter au visage : « Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, j'ai dû quitter Paris par ta faute. » Elle aurait pu te cracher au visage, ça aurait été une sensation similaire. Pour la première fois depuis que tu l'as croisé, tu ravales ton sourire. Pour te redonner une contenance, tu balayes ses mots d'un geste de la main avant de rouler des yeux. Finalement, tu protestes : "ma faute ? Moi je dirais plutôt que c'est ton orgueil qui t'a poussé à partir." La voix posée, façon vipère, tu attaques au cœur sans angoisse.

« Je ne sais pas, le hasard je dirais. Il fait bien les choses, paraît-il. » Encore une fois il te surprend, te déstabilise. Ce prénom, il n'y a que lui qui le connaît, personne ne t'appelle comme ça ici car rares sont les personnes au courant de ton passé. Et même si Cassie, ta meilleure amie, connaît quelques sombres détails, elle ne connaît pas l'histoire de ce prénom. Ce prénom est précieux à tes yeux, il représente beaucoup. C'est celui qu'utilisait ta mère et ta sœur, ce n'est pas rien. C'était tellement douloureux à entendre que tu as décidé d'en changer. Il y a quelques années, Louis t'appelant ainsi t'aurais beaucoup plu. Mais pas aujourd'hui, pas après ce qu'il a fait et pas dans de telles circonstances. « Je t'interdis de m'appeler comme ça. » Tu lui lance ton regard le plus glacial essayant de te montrer la plus convaincante possible. Et ce n'est pas compliqué puisque tu le penses sincèrement, au plus profond de ton être. Il ne mérite pas de t'appeler comme ça. « Ma faute ? Moi je dirais plutôt que c'est ton orgueil qui t'a poussé à partir. » Ton orgueil ? Mais qu'est-ce qu'il faut pas entendre. La colère s'immisce en toi et devient de plus en plus présente. Bientôt, tu risques d'éclater mais tu ne veux pas te montrer comme ça devant Louis. S'il n'avait pas tout gâché pour une vidéo vous n'en seriez pas là aujourd'hui. Ta vie aurait sans doute été bien différente et meilleure sur tous les points. Tu ne serais pas cette fille malheureuse qui broie du noir à longueur de journée. « T'es vraiment con Louis. » Tu n'as pas d'autres mots. Il n'admet même pas ce qu'il a fait même des années plus tard. Il n'a jamais été qu'un lâche, voilà ce qu'il est. « Si t'aimes bien être acteur pornographique c'est ton truc mais c'est pas le mien. T'avais pas le droit de montrer mon cul à la France entière. » Réponds-tu en essayant de ne pas écorcher le mot "France" au passage. Tu aimais beaucoup pratiquer le français là-bas.

Fourberie Louis.
Garçon aigri.
Jeune homme épris.
Alors tu sais, tu lui fais du mal quand tu lui balances ça. Tu sais pertinemment que c'est égoïste, que tu finiras par t'excuser piteusement. Annah, c'est le prénom que tu lui glissais tendrement comme pour la soutenir. Montrer à quel point tu l'as écouté, à quel point tu la prends elle. Elle et son putain de passé. Alors quand elle t'interdit de prononcer ce nom, tu comprends. Tu ne cherches pas à rétorquer, ni à en rajouter. Tu acceptes bêtement qu'elle ait raison, comme un gosse puni, les yeux sur le sol, tu ne croises son regard qu'après de longues minutes. Tes yeux céruléens s'excusant pour toi. Le regard sincère d'un garçon penaud. Mais tu te reprends vite, lui exposer tes cicatrices se serait lui entendre le couteau et la plaie déjà ouverte.
Tu'as le droit qu'à quelques secondes de répit avant de recevoir un direct du gauche, enfin un direct fait de mots et de chagrin: « T'es vraiment con Louis. Si t'aimes bien être acteur pornographique c'est ton truc mais c'est pas le mien. T'avais pas le droit de montrer mon cul à la France entière. » Silence. Sourire. Sarcasme. Alors, pour une fois, tu prends un air grave. Tu cherches des arguments. Tu crierais bien que t'es innocent mais c'est trop simple. La biche est méfiante depuis toi. Depuis ça. Tu ne peux même pas appuyer l'excuse de la jalousie car tu n'es pas de ces hommes obsédés par la pudeur, ta petite amie tu l'aimais apprêtée. Tu l'aimais provocante, distinguée. Tu aimais la montrer, la faire défiler.
Rien, c'est vide bordel. J'ai rien pour me défendre, rien pour prouver que je suis autant victime que toi. Alors, lentement, tu t'approches d'elle, sans relâcher son regard. Tu perces la carapace de distance qu'elle avait mise et tu finis par chuchoter, la voix limpide: "Regarde-moi..." quelques instants te sont nécessaire pour poursuivre: "Tu penses que je serais face à toi, si j'avais exposé tes fesses à la face du monde?" C'est trop grave, trop solennel alors tu rajoutes: "Je serais en train de me toucher en la regardant cette foutue vidéo si j'en étais l'auteur." Et tu ris. Tu ris fort pour évacuer tout ce surplus de concentration. Ce trop-plein de sincérité.

Vous vous ressemblez beaucoup Louis et toi. Vous fonctionnez plus ou moins de la même façon. Pour vous protéger, vous vous montrez froids et distants. C'est assez difficile de briser votre carapace, c'est peut-être pour ça que vous étiez si bien ensemble. Et ici, à Bowen, rien n'a changé. Vous faites presque un concours de sarcasme et de froideur, c'est celui qui sera le plus sec qui remportera la partie. Et pourtant, à l'intérieur c'est tout l'inverse. A l'intérieur tu te sens bouillir et monter en pression. Malgré qu'il t'énerve et t'ai déçue au plus au point, tu l'aimes. Bien plus que tout. Et rien que pour ça, pour cette faiblesse, tu te détestes. Louis finit par s'approcher dangereusement de toi. Tu as envie de faire un pas en arrière pour te protéger mais tu n'en fais rien, tu ne veux pas passer pour une faible. « Regarde-moi... Tu penses que je serais face à toi, si j'avais exposé tes fesses à la face du monde? Je serais en train de me toucher en la regardant cette foutue vidéo si j'en étais l'auteur. » Et il termine par un éclat de rire magistral. T'aurais presque envie d'applaudir pour le féliciter de son discours. Tu ne sais plus quoi penser à présent. Louis ne t'avais jamais menti auparavant alors pourquoi l'a-t-il fait et pourquoi le ferait-il encore aujourd'hui étant donné qu'il n'a plus rien à perdre. Tu lèves les yeux au ciel et soupires, croisant à peine son regard. « J'en sais rien Louis mais t'étais la seule personne à avoir accès à cette caméra alors tu m'expliques ? » Dis-tu en l'implorant du regard pour avoir une explication sincère pour une fois. « De toute façon le mal est fait. Tu m'as brisé. » Ajoutes-tu en baissant la tête. Tu n'aimes pas te montrer si vulnérable devant le jeune homme, tu n'aimes pas qu'il te voit faible car il pourrait prendre le dessus facilement. Peu de gens t'ont vu dans cet état pour ne pas dire personne. Il n'y a que Louis qui a le "privilège" de te voir comme cela.

Ton rire transperce l'air, transperce June. Un rire comme exutoire c'est ce que tu fais de mieux, petit Louis. Tes yeux plissés qui disparaissent sous ta joie et la commissure de tes lèvres largement étirées. C'est son regard qui te ramène à la réalité, qui te rappelle que tu n'es pas dans un dessin animé. Les rires comme solution ça n'existe pas ça. June ne va pas rire avec toi puis te sauter dans les bras comme à la fin des cartoons que tu regardais étant petit. Alors tu toussotes un peu, visage détendu, pour reprendre ton sérieux. Le sujet est lourd, adoptons le comportement qu'il faut. « J'en sais rien Louis mais t'étais la seule personne à avoir accès à cette caméra alors tu m'expliques . De toute façon le mal est fait. Tu m'as brisé. » Porcelaine éclatée, ta muse est en mille morceaux et tu le sais. Tu le sais si bien que ça t’énerve. Le feu te monte aux joues quand tu reprends en plein visage qu'elle est malheureuse. Poil hérissé, ton sourire s'est noyé dans un océan de rage aussi soudain que puissant. Alors, tu souffles longuement, l'air siffle un peu en passant entre tes lèvres. Reprendre le contrôle, c'est ce que tu veux.
Toujours face à elle, tu saisis son poignet sans relâcher son regard. Tu veux l'empêcher de fuir. June ton évanescence. "Suis-moi." Au milieu de la rue, ce n'est pas là que tu veux compter tes mésaventures. C'est donc sans lâcher son poignet que tu la tires doucement vers un banc un peu en retraite de la place. Un endroit plus calme où les passants ne les dévisagent pas à chaque seconde. Tu t'y installes, invitant June à faire de même, redonnant sa liberté à son poignet. Tes coudes appuyés sur tes genoux, tu fixes longuement le vide avant de te redresser. Saisi par un élan qui te fait un peu peur. "Tu m'écoutes bien ? C'est long ce bordel." Long et tordu. Comme celle qui t'a fait ce coup.

Louis souffle longuement, il semble légèrement déstabilisé, perdu. D'un côté ça te fait sourire parce que tu aimes le voir aussi vulnérable et largué que toi. D'un autre côté, tu te poses mille et une questions. Est-ce qu'il tient toujours à toi ? Pourquoi est-il venu ici, à Bowen ? Pourquoi maintenant ? Ces questions tournent en boucle et ne trouvent jamais de réponses. Alors que tu te sens littéralement perdue dans tes pensées, le jeune homme agrippe ton poignet. Un contact que tu n'avais plus ressenti depuis des années et qui t'avais manqué. A tel point que tu sursautes presque lorsqu'il te touche. Sa peau est toujours aussi douce, aussi lisse. Et toujours autant compatible avec la tienne, tu frissonnes à chacun de ses mouvements. « Suis-moi. » Louis tient ton poignet de toute façon, donc tu n'as d'autres choix que de le suivre même si tu voudrais t'enfuir. Tu veux éviter de replonger et de souffrir à nouveau. Tu veux éviter d'être brisée pour la seconde fois. Ce serait insurmontable. Arrivés près d'un banc, vous vous installez, laissant place au silence. C'est finalement Louis qui le brise. Il semble prêt à enfin briser la glace et à lever le voile sur ce qu'il s'est passé des années auparavant. « Tu m'écoutes bien ? C'est long ce bordel. » Tu fais un léger signe de tête pour montrer que tu es attentive à ce qu'il va te révéler. Tu espères ne pas perdre ton temps, tu espères vraiment qu'il ne mentira pas et se montrera sincère. « Vas-y, je t'écoute. » Et tu plonges ton regard dans le sien t'y perdant presque, prête à écouter son récit.

« Vas-y, je t'écoute. »
C'est comme un saut dans le vide, une seconde naissance, un putain de retour à la vie. Tu sens que quand tu vas dévisser ta mâchoire tout va s'enchaîner. Comme si le destin du monde se jouer entre vous deux. Paroles libératrices. Alors, tu n'as pas toujours été le plus franc, il t'en a fallu du temps pour accepter ta dépendance. Admettre que tu tiens à ta muse. Ta fierté malmenée, tu te noies quelques instants dans la pureté de son regard avant de prendre une longue inspiration pour te donner du courage. Pour te jeter à corps perdus dans les méandres de votre passé.
"Bon. June, quand t'es arrivée j'étais pas seul... mais tu le sais ça. Une petite brune, Lola." Tu tords ta bouche, cherchant à trouver un moyen de lui représenter cette vipère. "Celle que tu as croisée chez moi, tu sais ? la première fois où je prenais des mesures sur ton corps." La nervosité gagne tes doigts, fébrile, tu les tortures un à un. Le regard au loin, posé sur l'horizon pour avoir la sensation d'être seul, tu reprends: "eh bien cette fille, je l'ai vite remplacé. Par une petite blonde, assez mignonne, elle portait le prénom de June. Un truc comme ça." Taquin, tes lèvres retrouvent ton petit sourire et tu oses à nouveau croiser son regard. Faut continuer Louis, perd pas ton but. "Lola était jalouse de toi, elle n'a pas accepté le fait d'être relégué au rang de simple souvenir. Je sais de source sûre que c'est elle... cette petite pute avait gardé mes clefs. Cette caméra c'est pas moi, June." Un peu timide, tu poses le bout de tes doigts fins sur son genou. En mode adolescent peu assuré. "Pour appuyer mes propos j'ai des messages de sa part, où elle savoure sa victoire." Le geste suivant la parole, de ton autre main, tu déposes son téléphone à côté d'elle. La balle est dans son camp.

Un bref instant, tu t'imagines qu'il va encore se dégonfler et te laisser là, sans explications. Tu imagines que Louis va encore fuir ce qu'il s'est passé, mais non. A croire que les mois et les années l'ont changé. Il prend une grande inspiration, tu le sens quelque peu anxieux, et commence son histoire. Il parle de sa petite-amie de l'époque, celle qui était là avant toi. Tu t'en rappelle alors tu hoches la tête pour lui confirmer ses dires. Cette fille, Lola, a crié sur tous les toits que tu n'étais qu'un coup d'un soir pour Louis. Pendant un moment, tu as voulu y croire mais tu t'es très vite rendue compte que c'était plus que ça. Tu l'aimais comme jamais tu n'avais aimé personne auparavant. Il est très vite devenu ta drogue, ton héroïne, ton oxygène. Tout cela à la fois. Le jeune homme continue son récit et tu écoutes, bouche bée. Lorsqu'il t'explique qu'il n'avait rien avoir dans cette histoire de sextape, tu as du mal à y croire. Puis, petit à petit, il appuie ses dires avec de bons arguments. Alors tu ne peux qu'accepter l'évidence: ce n'était pas sa faute. Louis n'y était pour rien et tu l'a accablé de tous tes problèmes pendant des années. Tu t'en veux. Sur le coup tu ne sais pas quoi répondre. Tu laisses un blanc pendant quelques secondes peut-être même quelques minutes. Et puis, tu arrives enfin à sortir quelques mots de ta bouche, difficilement cependant. « Pourquoi tu ne m'a pas dit tout ça à l'époque ? » Demandes-tu encore sous le choque. Certes, à l'époque tu as très vite quitté Paris et l'Europe. Tu es très vite revenue dans ton pays natal mais Louis aurait sans doute pu trouver un moment pour s'expliquer. Alors tu te demandes, pourquoi a-t-il attendu si longtemps ?