les rencontres inattendues sont parfois les meilleures. ( shannon )

La nuit venait de tomber il y a peu de temps maintenant et c'était seulement à l'instant qu'Alexander venait de rentrer du travail. C'était encore une longue journée qui venait de se dérouler. Comme toutes les journées précédentes. A vrai dire, en ce moment, ses journées étaient assez ressemblantes. Ce n'était que des longues journées de travail, où il ne parlait quasiment à personne, trop occupé pour finir ce qu'il avait à faire, et où à la fin, il rentrait directement chez lui puisqu'il était déjà assez tard lorsqu'il terminait et que la fatigue se faisait tout de même sentir. Cette situation l'agaçait ne serait-ce qu'un peu ces derniers temps. Non pas parce qu'il aimerait passer sa journée à discuter avec ses collègues ou autre, ce n'était clairement pas dans ses intentions puisqu'il ne supportait pas la plupart et qu'il ne pourrait pas passer tout son temps libre à parler avec eux, c'était à peu près certain. Seulement, il était plutôt lassé de voir les journées se ressembler les une après les autres et surtout, de ne pas pouvoir faire ce qu'il souhaitait le soir après avoir terminé comme il en avait l'habitude auparavant. Mais ce soir là, Alexander n'avait pas particulièrement l'envie de rester chez lui à rien faire sous prétexte qu'il était déjà un peu tard. Alors, après avoir légèrement réfléchi, il ne tarda pas plus et sortit de chez lui. Il s'engagea dans les rues qui étaient assez vide pour l'heure, se dirigeant alors vers un bar qui n'était pas situé très de loin de son domicile. Alexander prenait son temps en chemin et arriva à destination quelques temps après. Il mit un pied dans le bar et regardait directement autour de lui, les gens qui l'entouraient. L'Américain partit finalement prendre place au comptoir et se commanda alors quelque chose à boire. Ce soir, il avait juste l'envie de s'amuser un peu comme il pouvait bien le faire avant. Retrouver son côté fêtard qu'il avait dû mettre de côté.

Elle entendit sa voix, son accent, et elle ne put que se retourner.


Depuis combien de temps n'ėtait elle pas sortie? Depuis combien de temps n'avait elle pas bu un verre dans un bar en ėcoutant de la musique entrainante? Shannon ne s'en souvenait plus, perdue qu'elle ėtait dans les ombres de son passė. Tentant avec peine de garder la tête hors de l'eau. Priant sûrement pour rėussir à survivre sans eux. Il n'ėtait jamais facile de rėaliser que tout ėtait finit, qu'ils ne reviendraient pas, que le cauchemars ėtait tout ce qu'il y avait de plus rėel. Mais elle se devait d'être forte. Elle n'ėtait pas n'importe qui. Elle pouvait hurler, devenir totalement enragėe mais elle ne pouvait pas s'effondrer tout simplement. A la manière d'une poupėe de chiffons.

Alors elle se leva. Marcha tout doucement, d'un pas trainant et peu sur vers sa douche. Elle rėgla l'eau très chaude, de façon à ce que de la buėe se dėpose sur les miroirs et qu'elle ne puise voir son corps. Et laissa l'eau couler dans la baignoire tandis que de son côtė elle mit à profit ce temps pour s'ėpiler. Acte qu'elle n'avait pas fait depuis un moment, plongėe qu'elle ėtait dans une traque sans merci. C'ėtait un acte annodin pour d'autres, mais pour elle cela demandait un effort considėrable. C'ėtait renouer avec les habitudes. Ces petits rituels qu'elle avait à chaque fois qu'elle ne L'avait pas vu depuis longtemps et que telle une adolescente elle se languissait. Lorsqu'elle fut prête elle avait dėjà arrêtė l'eau de couler depuis plusieurs minutes, et pourtant, la vapeur continuait de monter.

Nue elle plongea un pied dans l'eau pour finir par s'immerger totalement. Sa baignoire était assez grande pour pouvoir ne laisser que le visage affleurer à la surface lui permettant ainsi de respirer. Ses longs cheveux flottant autour d'elle comme une auréole sombre elle ne bougeait pas. Se contentant de profiter pour la première fois depuis longtemps de la chaleur moiteuse que provoquait son bain. Elle y resta longtemps. Le temps de rassembler non pas son courage mais sa motivation, alors seulement elle saisit le savon, le shampoing et se lava méticuleusement, prenant son temps, économisant ses gestes comme si chacun d'eux lui coûtaient. Et c'était sûrement le cas.

Après finalement un long moment passé entre ces quatres murs Shannon fut fin prête, maquillée, parfumée, elle laissa toutefois sa chevelure humide battre le long de ses reins. Elle alla dans sa chambre, sa chambre vide, ou nulle couleur n'égayait la pièce. Elle avait choisit une maison vierge de toute influence mais n'avait pas eu l'envie d'y laisser sa marque. Ouvrant un de ses placards elle saisit un haut rouge qui tombait sur l'épaule, fait d'un tissus fluide il semblait luire sous la lumière des néons. Choisissant pour l'accompagner un jean noir un peu déchiré et des vans du même rouge sombre. Après s'être muni de son sac en bandoulière contenant ses maigres effets et d'un long gilet noir elle sortie de chez elle et referma sa porte.
La nuit était là. Tout était silence. D'un pas souple elle se glissa dans les ruelles de Bowen, fantome que personne ne voyait elle alla jusqu'à un bar d'où émanait de la musique entrainante mais pas prise de tête. Comme elle les aimait. Non. Comme elle les aime. Elle 'était ici pour faire un effort. Elle entra et toutes les têtes se tournèrent vers l'insolite première venue. Elle se doutait bien qu'une femme couverte de balafres devait bien attirer l'attention. Marquée deux fois au visage, une longue cicatrice remonttant jusqu'à sa clavicule et quelques impacts de balles ou de mortiers. La guerre avait laissé sa trace indélébile sur son corps. Se fut malgré tout la tête et les épaules droite qu'elle s'acouda au comptoir, s'y raccrochant comme un naufragé à son morceau de bois.

Elle venait de s'assoir lorsque son voisin commanda quelque chose à boire. Elle cessa de respirer. C'était un américain. Son accent, quoique léger, le trahissait. Commandant à son tour une quelconque boisson elle se tourna vers lui pour essayer de lier un peu connaissance, comme irrépréssiblement attiré par quelqu'un originaire de l'Amérique. Sa patrie. Le pays pour qui elle aurait sacrifié sa vie. Pour qui elle avait en quelque sorte sacrifié sa vie.
"Bonjour, vous êtes américain n'est-ce pas ? Je suis navrée de vous interpeller ainsi, le mal du pays peut-être.. Mon nom est Shannon."