you make me so curious » avery & björn

You make me so curious

avery ∞ björn

« Papa ? Papaaaaaaaaaaa ! » La petite fille se mit à courir jusqu’au comptoir, une feuille de papier dans la main, tenue en l’air. Elle se hissa sur une chaise, et se pencha pour attraper le menton de son père entre ses petits doigts, l’obligeant à relever la tête. Il quitta son téléphone des yeux et porta toute son attention sur la feuille de papier devant lui. « Regarde ce que j’ai dessiné ! » Elle désigna la feuille du doigt. « Alors là, c’est un avion, et dans l’avion, il y a un éléphant qui joue de la guitare. C’est toi en fait. Et puis là c’est moi qui pilote, je suis un cheval, et on envoie des fleurs sur les gens qui sont en bas. T’as vu ? Ils sont contents ! » Elle sourit de toutes ses dents et secoua ses boucles blondes. Björn fronça les sourcils et prit le dessin entre ses mains. « Je suis un éléphant ? » Wendy haussa les épaules et appuya son menton dans ses mains. « Tu as grossi. » Le tatoueur ouvrit de grands yeux en regardant sa fille, puis posa une main sur son propre ventre, avant de grimacer. « Tu trouves ? » Elle se contenta d’hocher la tête, et reprit son dessin pour repartir sur le canapé posée près de la vitrine. Elle prit une nouvelle feuille de papier, un crayon de couleur et se remit à dessiner. L’australien ouvrit la bouche pour parler, mais se retint au dernier moment. Il se tâta les hanches un moment, avant de relever brièvement son tee-shirt pour regarder. Lui, grossi ? Cette gosse était définitivement trop honnête pour lui.

C’était le milieu d’après-midi, il n’avait aucun rendez-vous de prévu aujourd’hui, et se contentait d’accueillir ceux qui voulaient en poser. Il n’acceptait pas de tatouer pour l’instant, ou alors était-ce parce que tous les imbéciles qui s’étaient présentés depuis le début de la journée étaient impolis et paraissaient particulièrement cons. Björn ne niait pas qu’il usait du fasciés pour choisir ses clients, et c’était normal. Il refusait de tatouer des poufiasses ou des machos. Les fleurs, les papillons, le tribal… tout ça le répugnait, aucune originalité dans l’idée. Quoi qu’il en soit, cette journée était signe de détente. Wendy n’avait jamais protesté quant à rester ici, elle trouvait toujours le moyen de s’occuper. Il y avait une salle à l’arrière aménagée comme une sorte d’appartement, elle y allait pour dormir, jouer, et Björn avait l’occasion de lui faire à manger. Tout ce qu’il fallait pour s’occuper d’elle en bonne et due forme.

La musique diffusée dans le salon tournait en boucle, et lorsqu’elle passa sur Die Antwoord, un groupe électro sud-africain, la petite fille se mise à remuer sur le canapé en marmonnant les paroles. L’australien sourit en regardant sa fille avant d’attraper une feuille de papier et un crayon. Il commença à dessiner, sans trop savoir quoi faire, la première chose qui lui vint fut un animal. Un lion. Allez savoir pourquoi, c’était le premier truc qui lui vint à l’esprit. Mais alors qu’il était plongé dans son art, la petite cloche de la porte retentit. Il termina un dernier trait sur la feuille, et posa son crayon pour lever les yeux vers son futur client, ou le prochain qu’il mettrait dehors avec un joli sarcasme en prime. Le spectacle fut loin de lui déplaire, il fut même subjugué par la personne qui se présenta. Avery. Oh bien sûr qu’il le connaissait, et il était hors de question de le foutre dehors. Dans un pincement de lèvres, le tatoueur observa son interlocuteur de haut en bas, et lui adressa un sourire aguicheur. Il se pencha légèrement en avant, les bras croisés sur le comptoir. « Salut… » dit-il simplement avant de sourire de plus belle. « C’est sympa de me rendre visite… »

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Avery et Björn, c’était une histoire que l’on ne pouvait décrire par une simple phrase. A la base, tout était parti d’une nuit torride, une simple relation charnelle qui leur avait plu, en se promettant de remettre ça un de ces quatre. Le tatoueur avait trouvé leurs instants intimes particuliers, différents de ce qu’il connaissait, et il avait encore du mal à s’en remettre aujourd’hui. C’était intense, délicat, sulfureux, attendrissant… Complètement paradoxal, et voilà les raisons de ce tourment constant. Il était rare qu’il n’y pense pas, bien qu’il ne soit pas du genre à se torturer. Cependant, Avery n’était pas qu’un simple fantasme, ils partageaient de nombreux points communs, suffisamment pour qu’ils ne se contentent pas de se sauter dessus comme des animaux. Depuis la dernière fois, Björn n’avait pas tellement osé lui envoyer de message, et avait amèrement regretté d’ailleurs. Mais maintenant que le brun était là, ils allaient enfin pouvoir discuter. Le revoir lui faisait énormément de bien, et il ne pouvait se défaire de son sourire. Il était toujours aussi beau, ce petit charme qu’il dégageait était définitivement irrésistible. A l’explication de sa venue ici, le tatoueur hocha la tête. « C’est très gentil, ça me touche. » dit-il en souriant à nouveau. A sa question, s’il était seul, Björn se pinça les lèvres et regarda sa fille assise sur le canapé derrière Avery. Il ne lui avait jamais parlé de sa gamine, quelle serait sa réaction ? Il se racla la gorge, mais n’eut le temps de répondre que le beau brun rebondit sur son dessin, complimentant son talent. Le barbu esquissa un sourire gêné, et haussa les épaules. « Oh, c’est pas grand-chose… mais merci ! »

Wendy leva enfin les yeux de sa feuille de papier et observa Avery. Sans attendre, elle se leva et alla près du garçon avant d’ouvrir grand la bouche en fixant ses bras. « Ouaaaaah t’as plein de tatouages toi aussiiiiii ! » lança-t-elle avec enthousiasme avant de lui prendre la main et de regarder plus attentivement. Björn se racla bruyamment la gorge et lança un regard insistant à sa fille. « Bébé ? » « Ah, pardon. » Elle lâcha Avery et sourit innocemment en reculant d’un pas, les mains jointes dans le dos. « Euh… Avery ? Je te présente Wendy, ma fille. » Il la désigna d’un léger geste de la main et se gratta la nuque, gêné, tandis que la petite aux boucles blondes lui souriait de plus belle. Elle se tourna vers son père. « Je peux aller manger une glace ? » Le tatoueur fronça les sourcils et haussa les épaules en se penchant un peu plus sur le comptoir. « Je n’ai pas compris. » Elle se reprit tout de suite. « S’il te plaîîîît… ? » Il sourit légèrement, et désigna l’arrière boutique d’un signe de tête. « Allez vas-y, mais juste une ! » « Promis ! » Elle s’en alla en courant, poussa la porte et disparut dans l’autre pièce. Björn se retourna vers le brun, et lui adressa un sourire crispé, avant de se gratter la nuque et d’ajuste le bonnet sur son crâne. « Désolé… j’voulais pas que tu l’apprennes comme ça, j’aurais dû t’en parler… la dernière fois. »

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Björn n’avait jamais eu honte de dire qu’il était père, seulement il y a le lieu et le moment pour aborder un tel sujet. Dans le cas d’Avery, il s’était mal vu lui annoncer ça alors qu’ils venaient de coucher ensemble, ou étaient sur le point de recommencer. Durant cette nuit et journée passés avec lui, l’australien n’avait pensé à rien d’autre qu’à l’instant présent, comme emporté dans une autre dimension. Aujourd’hui encore, il avait beaucoup de mal à comprendre ce qui avait bien pu se passer dans sa tête, mais il était prêt à revivre cette sensation encore une fois s’il le fallait, voire plus. Avery était presque devenu une obsession, une envie qui dépassait l’entendement. Björn ne voulait pas en parler de peur de l’effrayer, et loin de lui l’idée de le voir s’éloigner pour ne devenir plus qu’un souvenir. Il avait peur de trop s’avancer, de se faire des films et de se retrouver bête lorsqu’il comprendrait qu’il y avait quiproquos. Mais si c’était vraiment le cas, Avery et lui ne se verraient plus, ce serait silence radio… Il y avait un semblant d’espoir d’approfondir cette relation, bien que ce qui venait de se passer venait de jeter un froid sans le vouloir. Wendy n’y était pour rien, et la petite s’était même plu à s’approcher du tatoué en faisant preuve d’un certain enthousiasme. Elle avait toujours été ainsi, très ouverte, peu craintive et extravertie au possible. C’était un avantage pour un enfant de son âge, mais aussi un inconvénient. Björn redoublait d’attention avec elle, par peur de voir un taré l’approcher de trop près… Il suffisait d’un rien pour qu’elle ne lui file entre les doigts. La petite blonde n’était absolument pas mal à l’aise avec les étrangers, et même si son père lui avait apprit des règles de base, elle ne les mettrait probablement pas tout le temps en œuvre.

Lorsque sa fille fut partie dans la pièce voisine, le tatoueur cru bon de s’excuser auprès d’Avery. Il lisait le malaise dans ses yeux, bien qu’il essayait de détourner l’attention en lui posant des questions. Björn se pinça les lèvres et passa une main dans sur sa nuque. « Elle a sept ans. Elle a mes yeux, et mon caractère. Il y a juste les cheveux qu’elle a hérité de sa mère… » Il haussa brièvement les sourcils en regardant Avery. « Une vraie salope. » Il sourit légèrement et se redressa derrière le comptoir. Il craignait un éloignement, comme si le brun pouvait prendre ses distances après une révélation pareille. Björn avait peur qu’une chose pareille se produise, mieux valait tenter le tout pour le tout histoire qu’ils ne se retrouvent pas à s’éviter. « Je suis vraiment désolé de ne pas t’en avoir parlé… c’est juste que… la dernière fois, ce n’était probablement ni le moment ni l’endroit pour aborder le sujet. » Il grimaça, gêné, et ajusta à nouveau son bonnet. Un petit tic qui montrait clairement sa gêne. Il plia la feuille en papier devant lui et la glissa dans un tiroir sous le comptoir. Il contourna ensuite ce dernier et alla tourner la pancarte sur la porte vitrée pour indiquer que la boutique était fermée. Il se retourna, fourra les mains dans les poches arrières de son jean, et s’avança d’un pas en direction d’Avery. Un petit sourire timide arbora son visage, alors qu’il haussait légèrement les épaules. « Tu m’as manqué depuis la dernière fois… »