Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Isaiah avait d’abord fait le tour du parc pour voir s’il n’y avait pas d’endroit où son aide était nécessaire. Voyant que tous les employés semblaient se débrouiller et que les tâches de base qu’on lui confiait normalement étaient accomplies, le jeune homme se dirigea à l’accueil afin de demander où se trouvait Grace aujourd’hui. Il ne l’avait pas vue durant sa tournée, alors peut-être avait-elle été affectée à un boulot qui n’était pas directement sur le terrain. On lui répondit alors que Grace était malade aujourd’hui et qu’elle ne rentrerait pas de la journée. Isaiah soupira, hochant la tête et remerciant finalement la préposée à l’accueil. Il recula de quelques pas avant de pivoter l’ensemble de son corps et de recommencer à marcher sur les sentiers.
Depuis qu’Isaiah faisait du bénévolat au zoo, il avait passé le plus clair de son temps en compagnie de Grace, qui travaillait là. Ils s’entendaient très bien et, bien franchement, elle était de bien meilleure compagnie que la plupart des autres employés du parc. De vieux croûtons qui se croient détenteurs de la vérité absolue et qui ne manquent pas une occasion de rappeler combien la jeunesse ne connaît vraiment rien à ce monde. Isaiah détestait ce genre de personnes, qui détestaient tellement la vie qu’ils s’en prenaient aux jeunes, ceux qui les soutenaient dans cette société vieillissante, ceux qui payaient pour eux, pour leurs conneries, pour leurs erreurs. Isaiah, n’aimant pas prendre son trou et demeurer en silence devant de telles injustices face à sa propre génération, répliquait toujours à ces vieux employés et s’en suivaient des débats interminables et sans contenu de la part de ses adversaires.
Bref, tout cela pour dire que pour aujourd’hui, Isaiah allait préférer être un loup solitaire plutôt que de se trouver un compagnon de travail. Il se rendit donc en direction de l’enclos des kangourous, ces pauvres animaux se trouvant dans le pays même où ils pourraient être libres comme l’air mais qui se retrouvaient malgré cela coincés entre quatre grilles. Aussi larges pouvaient-elles être, cela ne pardonnerait jamais de les arracher ainsi à leur vie naturelle. Et les touristes passaient, contents d’enfin apercevoir un kangourou en Australie, alors qu’ils n’auraient qu’à s’éloigner un peu de ces attraits touristiques trop populaires pour en voir quelques-uns, des vrais, des sauvages. Vous comprendrez bien vite qu’Isaiah n’était pas forcément en accord avec l’idée d’un zoo, mais il préférait s’assurer, en ayant un pied à terre, que les animaux étaient bien traités. Parce que qu’il le veuille ou non, ces animaux seraient ici. Aussi bien s’en occuper de son mieux.
Une fois arrivé à destination, Isaiah reconnut à l’intérieur de l’enclos une blondinette qu’il avait croisée dans un bar. Il lui avait même vendu de l’herbe, la mince dose qu’il lui restait à vendre avant de pouvoir rentrer chez lui en paix, les mains vides mais les poches pleines. Elle s’appelait Aisling, si sa mémoire ne lui faisait pas défaut. Il entra dans l’enclos à son tour, par l’entrée des employés, et s’avança jusqu’à elle. « Comme on se retrouve ! » Lança-t-il pour informer la jeune femme de sa présence. Celle-ci se retourna, surprise. Isaiah sourit, malicieusement. « J’espère que tu ne t’es pas trompée entre leur herbe à eux et la tienne. » Blaguais-je alors que Aisling remplissait de luzerne une mangeoire près de la clôture.
Grace malade. Voilà bien la pire nouvelle de la journée. Parce que ça, ça voulait dire qu'elle allait devoir faire son boulot et toute seule. Cette mauvaise blague était bien loin d'amuser Aisling. Elle n'était qu'une stagiaire, une stagiaire régulièrement mais néanmoins rien que ça, et tout le monde le lui rappelait, sauf Grace qui était un tant soit peu compatissante à sa condition et qui avait appris à la connaître. Aujourd'hui elle était bien sûre de se taper les tâches les plus ingrates qui soient. Ils en avaient rien à foutre, ceux de l'indirection, qu'elle soit pas en étude de zoologie, et pas alternance soins et nettoyage de cage. A la base, elle était là pour faire des études comportementales, préparer penser à une thèse pour plus tard et tout ce qui s'en suit mais bon, ils s'en fichaient bien de ça. Ce qu'ils voyaient c'est qu'ils avaient de la main d'oeuvre pas cher, enfin gratuite même.
Il était donc tout à fait inutile de préciser que ce matin, à peine arrivé au parc animalier, elle était déjà particulièrement agacée. Elle savait qu'elle serait sur les nerfs jusqu'à la fin de la journée. Présentement, elle ne pensait qu'à rentrer chez elle, se préparer un cocktail et le siroter dans son lit dans le calme et la solitude. Aujourd'hui, elle avait bien l'intention de se comporter comme un ours, de faire juste ce qu'on lui demandait et de n'adresser la parole à personne, au moins ça éviterait toute altercation parce qu'étant donné sa manière de réponse en temps normal quand on faisait quelque chose qui la contrariait réellement, sur les nerfs elle serait une véritable furie et elle n'avait pas particulièrement envie que d'autres de ses stages ici soient compromis. Sinon elle devrait aller chercher un autre parc, plus loin, et c'était assez fatigant.
Voilà donc qu'elle était affectée au parc des kangourous. Elle s'y rendit sans rechigner, ce n'était pas des animaux qu'elle détestait. Enfin, elle ne détestait aucun animal. Mais ces marsupiaux étaient assez pratiques, au moins elle n'avait pas à prendre de précautions particulières pour les nourrir, leur faire des soins, nettoyer l'enclos, ils n'étaient pas agressif. A vrai dire ces animaux étaient un bon objet d'étude parce qu'elle pouvait étudier leur comportement aussi bien en captivité, dans ce zoo, que dans la nature en s'éloignant juste un peu de la ville. Il fallait bien, au moins, qu'elle ait un intérêt à avoir déménagé de Nouvelle-Zélande jusqu'ici.
Alors que la blondinette commençait à leur donner leur nourriture, elle entendit une voix dans son dos. Elle fut tout d'abord surprise rien que par la présence. Normalement, personne d'autres n'était assigné à cet enclos. Pourquoi fallait-il qu'on vienne la déranger ? Elle sentait déjà ses nerfs surchauffer. Mais le sens de ses paroles parvinrent jusqu'à ses oreilles et là son sang ne fit qu'un tour. Elle se retourna d'un seul mouvement afin de planter son regard dans celui de son interlocuteur, un regard noir qui exprimait tout à fait sa colère du moment. Pourquoi est-ce qu'il venait l'emmerder ? Il se croyait drôle ? Il voulait qu'elle lui fasse bouffer cette putain d'herbe ? Enfonçant un peu plus la casquette qui la protégeait du soleil qui tapait sans discontinuer sur sa tête et s'écartant de la mangeoire qu'elle remplissait, Aisling s'approcha enfin de l'intrus.
-Quel humour. T'as mangé un clown ce matin ou tu l'as trouvé dans une pochette surprise ?
A vrai dire, la jeune femme ne se rappelait même pas son nom, il faut avouer qu'elle n'avait pas prévu de le recroiser un jour. Elle lui avait acheté de l'herber, certes, mais comme on dit, une fois n'est pas coutume. Elle n'était pas une grande consommatrice et elle n'avait pas vraiment envie que ça lui retombe dessus en plein travail. -Qu'est-ce que tu fous là ? Je ne pense pas que tu veuilles tenter de vendre quoique ce soit aux animaux, ils te paieront pas, et puis les gamins qui passent ici sont un peu jeunes, tu ne trouves pas ?
Elle voulait savoir, comprendre, et peut-être aussi se débarrasser de lui. Mélanger son côté fête et son côté travailleur était quelque chose qu'elle ne supportait pas. Elle se sentait presque pire au piège et c'était bien ce qui l'énervait le plus.
Les yeux de la blondinette se posèrent sur Isaiah comme un couteau rentrerait dans la glace, ou alors serait-ce la glace qui rentrerait dans le couteau. Parce que là, elle semblait réellement dur comme le roc, et Isaiah se tenait droit comme un couteau. Sauf qu’il ne se laissait jamais vraiment impressionner par ces petits rebelles qui en veulent au monde entier et qui pensent pouvoir vous faire peur juste parce qu’ils passent une mauvaise journée. Isaiah ne s’arrêtait jamais à cela chez quelqu’un. Au contraire, il entrait dans leur jeu, pas nécessairement pour les faire chier, mais surtout pour percer leur coquille au bout de quelques heures et les révéler au grand jour. Parce que le jeune homme le savait : même la personne la plus fâchée ou la plus triste sur Terre avait, à quelque part en dedans d’elle, une petite lueur qui n’attendait que d’être découverte. Aisling pouvait jouer à la sauvage le temps qu’elle le désirait, Isaiah finirait bien par l’apprivoiser. Comme un animal. Tout le monde finissait par se laisser apprivoiser par Isaiah.
La jeune femme replaça sa casquette bien sur le fond de sa tête, prenant grand soin de mieux dissimuler ces yeux meurtriers derrière l’ombre de la palette. Isaiah sourit alors qu’elle s’approchait finalement de lui, laissant de côté les mangeoires. Elle lui adressa finalement la parole, avec des mots cinglants et un humour qu’Isaiah adorait. D’ailleurs, il rigola gaiement, ce qui devait avoir eu l’effet contraire de ce à quoi Aisling s’attendait. « Avec la quantité de maquillage toxique qu’un clown se fout sur le visage, je suis pas certain que ma santé irait très bien présentement, Aisling, si j’en avais mangé un. En revanche, pour la pochette surprise, je n’en ai pas achetée depuis des années mais tu me donnes envie ! Peut-être que j’irai m’en procurer une après ma journée … ! » Lâcha-t-il avec désinvolture. Aisling ne l’intimidait pas, au contraire. Sa journée commençait même mieux que ce qui était prévu avec l’absence de Grace.
Finalement, Aisling laissa savoir à Isaiah le fond de sa pensée, pensant qu’il venait là pour vendre de l’herbe comme ça avait été le cas pour elle quelques nuits plus tôt. Il secoua la tête. « Hé, respire, Aisling ! C’était une blague tout à l’heure, faut pas monter sur tes grands chevaux comme ça, ou devrais-je dire … sur tes grands kangourous ! » Il rigola même si la blonde ne riait pas du tout. Reprenant un minimum de sérieux, et je dis bien un minimum, Isaiah répondit à ses questionnements : « Tu sais, y’a pas que toi qui a une vie nocturne différente de sa vie diurne. Tu achètes et je vends la nuit. Je suis bénévole depuis plusieurs mois ici, chaque vendredi. Alors t’en fais pas, ton secret est bien gardé, Aisling. » Isaiah avait cette habitude d’insérer le prénom de la personne à qui il s’adressait dès qu’il le pouvait. Certains appréciaient, d’autres s’en agaçaient. « Dis, Aisling, ton accent, il est pas australien. T’es néozélandaise, non ? Moi aussi ! Je viens de Paraparaumu ! » Lança le jeune homme. Aux yeux des étrangers, les accents d’Océanie se ressemblaient pas mal tous. Mais pour Isaiah, qui avait beaucoup voyagé autour du monde et qui avait entendu toutes les façons de parler l’anglais, pouvait maintenant reconnaître plusieurs accents. Il n’allait quand même pas passer à côté de celui de son pays natal !
Aisling était, pour le moins qu'on puisse dire, en colère. Elle avait l'impression que le vendeur d'herbe venait de s'introduire dans son intimité sans aucune autorisation. Elle ne supportait pas ça, elle n'aimait pas parler avec les gens qu'elle n'appréciait pas, déjà. Elle n'aimait pas qu'on la surprenne. En fait, elle n'aimait pas trop les gens tout court. Elle ne savait absolument pas d'où venait ce trait de caractère d'ailleurs... certainement pas de ses parents. Mais dans tous les cas, elle voyait présentement le jeune homme comme un ennemi et rien d'autre.
Cependant lui, ça n'avait pas l'air de l'impressionner, malheureusement, mais plutôt de le faire rire. La blondinette commençait déjà à désespérer de devoir le supporter aujourd'hui. Mais étrangement, au lieu de s'éloigner, elle venait de se rapprocher de lui. Certes ce n'était pas pour être tendre avec lui, mais ça montrait en parti qu'elle ne le détestait pas encore. En entendant les conneries débitées par le garçon dont elle ne se souvenait pas le prénom, mais lui oui visiblement, elle leva instantanément les yeux au ciel. Dans quel pétrin elle s'était foutu ? Est-ce qu'elle allait devoir supporter ça tout le reste de la journée ? Quand il déclara qu'il allait peut être aller se chercher une pochette surprise, un sourire discret apparu sur les lèvres de la néo-zélandaise qui détourna légèrement la tête pour qu'il ne le voie pas.
-T'as raison, pour le clown. Du coup ça m'aurait plutôt arrangé que tu en manges un.
Son ton était sec mais pas aussi froid que précédemment. -Tu m'diras ce que t'as trouvé dans ta pochette surprise, que je sache si les jouets ont changé depuis mes cinq ans.
A vrai dire, elle n'avait jamais beaucoup eu de pochette surprise, certainement parce qu'avoir la surprise de ce qu'il y avait dans quelque chose sans que ça ne lui plaise forcément ne l'amusait guère... Elle préférait bien mieux que ses parents lui offrent ce qu'elle voulait vraiment. Et quand ce n'était pas ses parents... c'était un de ses "oncles" PDG d'une grosse boite qui lui passait ses caprices. Bon elle n'avait jamais été une enfant capricieuse mais têtue... un peu.
Et têtue elle l'était toujours, c'est pour ça qu'elle posait dés maintenant des barrières avec l'intrus. Cependant il ne semblait pas vraiment avoir envie de rester derrière, mais par contre il les voyait parfaitement. C'était certainement la raison pour laquelle il lui dit de respirer. Ça, il apprendrait bien vite que dans ce genre de situation c'était un peu trop compliquée pour elle. Il fallait que tout soit à sa place, compartimenté, et il lui il n'était pas censé être là. Désespérée par ses blagues stupide, la jeune fille passa ses mains sur son visage pendant quelques secondes. Calme, elle devait rester calme, ne pas lui crier dessus, ne pas crier tout court. Tout allait bien se passer. Ou pas.
-Bien gardé ? J'en doute.
Elle grognait presque, comme un lion contrarié, comme un chaton agressif. Elle ne le connaissait pas, elle ne lui faisait pas confiance et ne le ferait certainement jamais. Mais s'ils étaient amené à se croiser tous les vendredis de chacun de ses stages... Déjà ce serait une torture mais en plus s'il s'arrangeait pour rester avec elle, elle serait presque obligée de faire un effort pour le supporter. Et faire des efforts c'était pas tellement son rayon. Poussant un profond soupire, elle finit par se baisser afin de ramener les sac d'herbe à verser dans les mangeoires. Vraiment, rien que de l'entendre rire tout le temps l'agaçait.
Alors qu'elle se dirigeait en apparence paisiblement vers les mangeoires pour finir son travail, il l'interpella une nouvelle fois. Son accent ? Il s'entendait à ce point là ? On ne lui avait jamais vraiment fait la réflexion. Elle le regarda alors avec surprise, encore un mauvais point pour lui d'ailleurs, jusqu'à ce qu'il lui annonce être originaire de Nouvelle-Zélande. -Oui, de Wellington.
Merde. Il venait de lui arracher une info et presque un sourire même. Repenser à chez elle la faisait toujours sourire. Stupide mélancolie. Affection idiote pour ses racines. Secouant la tête, elle sortit de sa torpeur et se remit au travail, nourrissant les kangourous avant de faire glisser, d'un coup de pied, un des sac vers le presque inconnu pour qu'il s'y mette aussi. Elle n'allait pas bosser toute seule si en plus il y avait de la main d'oeuvre... Elle finit par lui poser une question, sans pour autant relever la tête vers lui, préférant rester enfermée dans sa coquille. -C'est quoi ton prénom ?
Elle trouvait ça insupportable, qu'il lui rappelle le sien dans chacune dans ses phrases alors qu'elle ne pouvait pas se souvenir du sien. Elle se sentait presque en position d'infériorité et elle détestait être vulnérable.
C’était toujours comme ça, pour Isaiah. Ce n’était pas « j’aime » ou « je n’aime pas ». C’était plutôt « j’aime » ou bien « je n’arrive pas à ne pas aimer ». Aisling avait beau se montrer agacée, sur la défensive et réticente à l’idée d’entamer une discussion avec le brun, elle venait quand même de s’approcher de lui encore un peu plus. Il se dégageait d’Isaiah ce quelque chose d’indescriptible qui attirait les gens. Lui-même n’aurait pu déterminer ce dont il s’agissait, mais il avait pleinement conscience que quelque chose dans sa personnalité l’aidait beaucoup dans sa sociabilité. Il n’avait jamais eu de mal à se faire des amis, et jamais eu de mal à revirer la situation quand une personne semblait ne pas l’apprécier au premier regard. Il espérait que ce serait le cas avec Aisling. Parce que lui, à la base, il aimait tout le monde. Même ceux avec des idéologies différentes des siennes ; parce qu’alors il se faisait comme mission de les éclairer, de les ramener sur la bonne voie.
Et puis, Isaiah était un grand observateur, aussi. Rien ne lui échappait chez personne. Une nouvelle coupe de cheveux, un différent rouge à lèvre, une mauvaise nuit de sommeil, des bas dépareillés. Alors même si Aisling avait détourné le regard suite à son commentaire sur les pochettes surprises, il décela la naissance d’un sourire avant de ne plus pouvoir voir son visage. Cela le fit sourire. Il était content. Fier. Le jeune homme prit un air faussement offusqué quand la blondinette lui avoua qu’elle aurait préféré qu’il mange un clown, ce qui sous-entendait qu’elle aurait préféré qu’il s’intoxique. « Aisling, Aisling ! Ce n’est pas bien de souhaiter le malheur aux autres. C’est comme un boomerang, ça, ça va te revenir en plein visage. Certains appellent ça le karma. » Isaiah secoua la tête en signe de désapprobation, sans être réellement sérieux. Puis il sourit lorsque la jeune femme lui parla de nouveau des pochettes surprises. « Je me souviens que mon cousin avait toujours les bons jouets. Je me ramassais toujours avec les jouets emmerdants ou qui ne servaient à rien. Au moins, là, si je m’en achète une tout seul, j’aurai personne avec qui me comparer. À moins que tu veuilles que je t’en achète une, Aisling !? » Demanda-t-il. Après tout, ils allaient visiblement se croiser de temps en temps les vendredis, si elle bossait ici.
Puis, comme si Aisling en avait finalement marre qu’Isaiah lui raconte sa vie et soit un peu trop amical avec elle alors qu’ils ne connaissaient pas, elle péta un plomb et lui demanda ce qu’il foutait là. Tout de suite, Isaiah haussa les sourcils et lui proposa de se calmer, la rassurant quant au fait qu’il garderait son petit secret rien que pour lui. « N’en doute pas, alors, Aisling, c’est tout ! Tu te sentiras mieux après. » C’était si facile à dire, pour lui. Isaiah se foutait de tout, quand il s’agissait de thèmes aussi futiles. Ce qui l’enrageait, c’était les questions existentielles, les questions politiques et sociales. Pas un problème individualiste comme celui-là. Il ne comprenait donc pas pourquoi Aisling s’en faisait autant. La jeune femme opta pour la solution facile : faire comme si Isaiah n’existait pas. Elle retourna donc vers les mangeoires pour continuer son travail. Le jeune homme ne baissait jamais les bras aussi facilement, surtout pas quand il avait envie d’apprendre à connaître l’autre personne. Et comme de fait, Aisling l’intéressait beaucoup. Il releva alors l’accent qu’elle avait, ce qui allait peut-être ouvrir une porte vers une discussion plus tranquille, avec un peu moins d’animosité de sa part. « Ah, la grande ville, oui ! » Wellington n’était pas comme le petit chez-soi de Isaiah, peu connu. Wellington était la capitale de la Nouvelle-Zélande. Rien à voir. Sans plus attendre, la jeune femme poussa un sac de nourriture vers Isaiah, pour lui faire comprendre que lui aussi avait à travailler. Sans dire un mot, le jeune homme se pencha vers le sac et le leva, pour me diriger vers la mangeoire à côté de celle dans laquelle Aisling faisait tomber la nourriture. Il laissa le silence planer, laissant du temps à la blondinette pour que leur rencontre fasse son chemin. Elle lui demanda alors comment il s’appelait. « Isaiah. » Répondit-il tout simplement, mais avec un grand sourire scotché aux lèvres. Il avait gagné.
Le karma ? C'était quelque chose en lequel Aisling ne croyait pas. Elle était loin d'être superstitieuse. Tout ce qui arrivait était dû aux fruits du hasard et des coïncidences, c'est tout. Et puis, elle ne souhaitait pas réellement qu'il meurt mais bien qu'il disparaisse de sa vue, elle était dans une situation qu'elle exécrait. -Et bien si ça t'inquiète tu en parleras à Monsieur Karma.
Et voilà qu'à présent il lui racontait... sa vie, oui, son cousin et les pochettes surprises, tout ça. Elle en avait vraiment rien à cirer mais elle esquissa tout de même un petit sourire. Elle aussi avait une cousine, mais elles partageaient tellement de choses qu'elles n'avaient jamais eu une quelconque raison d'être jalouses l'une envers l'autre. Des pochettes surprises, oui, on avait dû leur en offrir mais ça ne l'avait pas particulièrement marqué.
-Ta vie est triste. Je n'ai pas envie de petites voitures ou de poupée Barbie, garde ton argent si durement gagné.
Sérieusement, lui acheter une pochette surprise ? Est-ce qu'il croyait qu'elle avait quinze ou bien qu'ils étaient potes ? Il était agaçant, il n'y avait pas d'autres mots. Du moins, c'est comme ça qu'elle ne percevait. Quant à ses revenus, même si elle était assez ironique sur la question car mal à l'aise, elle ne le jugeait pas. Il pouvait bien faire ce qu'il voulait, pour les raisons qu'il voulait ça ne la regardait pas. Et puis, étant donné qu'elle lui avait acheté quelque chose, ce serait quand même l'hôpital qui se foutait de la charité.
Le fait qu'il ait quelque chose sur elle la faisait purement et simplement enragé, même s'il promettait qu'il ne dirait rien, elle ne lui faisait pas confiance. Elle ne lui ferait jamais confiance. Elle n'avait d'ailleurs aucune raison de le faire : elle le connaissait à peine. -Je me sentiras mieux quand t'auras disparu.
Elle grognait, râlait, ronchonnait. Elle ressemblait à un ours mal léché et elle le savait. Mais après tout, elle n'avait pas l'intention de copier avec ce garçon. Il y avait bien peu de gens à qui elle avait accordé sa confiance et ceux là l'avait durement acquises, les choses n'allaient pas ainsi changer du jour au lendemain, elle resterait méfiante, pour toujours et à jamais comme on dit.
Agacée, elle retourna donc à son travail, jusqu'à ce qu'il l'interpelle une fois encore. Sauf que cette fois, il avait mit le doigt sur un point plus que sensible : son chez elle, la Nouvelle Zélande. Ça lui faisait quelque chose et même s'il elle ne voudrait pas l'avouer ça se voyait. -Oui, c'est autrement plus grand que Bowen.
Ça lui manquait un peu, la capitale et toutes les habitudes qu'elle avait là-bas. Certes Bowen n'était pas un village, mais ça n'avait quand même rien à voir. Continuant son boulot, elle fit glisser le sac qui restait vers son interlocuteur et l'observa du coin de l’œil mettre le nourriture dans la mangeoire avant de lui demander son prénom, comme ça, pour savoir. Ça n'avait absolument aucune signification alors pourquoi est-ce qu'il semblait sourire d'un air satisfait ? Agacée, encore, la jeune femme se remis à grogner. -Je te jure, Isaiah, que je vais te faire ravaler ton sourire en te faisant bouffer l'herbe des kangourous.
Finissant de remplir la mangeoire, la blonde finit par s'adosser à la barricade en regardant les animaux évoluer calmement dans leur enclos. La journée ne faisait que commencer et elle était déjà fatiguée.
« Mais bien évidemment que cela m’inquiète. Je ne voudrais pas qu’il arrive quelque chose à une jeune femme aussi souriante, douce et d’agréable compagnie. » Isaiah savait qu’il avait peut-être un peu trop poussé la note sur ce coup, mais il espérait franchement que son sourire moqueur et doux allait faire comprendre à Aisling que ce n’était qu’une blague. En réalité, ça lui était pas mal égal que la blondinette soit un tantinet rabat-joie dans ses commentaires et sa façon d’être présentement. Il ne s’arrêtait pas à cela chez quelqu’un. Ce n’était peut-être pas sa journée, ou pas sa semaine. Peut-être était-elle fatiguée. Peut-être aurait-elle préférée être affectée autre part que chez les kangourous – quoi que ce serait difficile à croire. Isaiah allait quand même laisser sa chance à Aisling. Même si elle, visiblement, aurait préféré qu’il baisse les bras plus rapidement.
Le jeune homme entreprit finalement de raconter un bout de son petit monde à la blondinette, en citant notamment son cousin et leurs fameuses pochettes surprises. Dans un élan de bonté peu surprenant, Isaiah avait proposé à la demoiselle de lui en procurer un à elle aussi. La façon avec laquelle elle le rembarra eut pour effet d’hausser les sourcils d’Isaiah, qui ne s’attendait pas à une réaction aussi démesurée et colérique de la part de cette employée du zoo. « Ce n’est pas ma vie qui est triste si c’est toi qui ne veut pas de petites voitures. N’as-tu pas passé ton enfance à jouer aux p’tites autos sur les tapis reproduisant une ville ? » Lui, oui, et c’était l’un de ses plus beaux souvenirs avec ses amis. En tout cas, Aisling allait bien vite se rendre compte que la pluie de ses insultes n’atteignait pas le parapluie de son indifférence, comme le mentionnait si bien ce dicton d’un auteur encore inconnu pour Isaiah. Il avait tellement lu de phrases et de citations, les noms ne lui rentraient plus dans la tête. Le jeune homme mettait toute sa foi en la bonté fondamentale de l’Homme. Il croyait dur comme fer que derrière chaque personne, même si c’était caché au plus profond de son être, il y avait du bon. Aisling ne pouvait pas être que sarcasmes et insultes. Il ne pouvait y croire. Il ne pouvait s’y résoudre. Alors il restait debout devant elle.
Ne voulant aucunement lui donner le bénéfice du doute et mettre un peu de confiance entre eux, Aisling lui confia qu’elle se sentirait mieux quand il aurait disparu. « Disparaître ? C’est fort, comme choix de mot, ça, Aisling. Tu t’en voudrais si tu voyais ma photo sur une pinte de lait demain matin. Ai-je raison ? » La questionna Isaiah, avec un réel intérêt pour sa réponse. Elle ne pourrait être entièrement honnête si elle répondait qu’elle ne s’en mordrait pas les doigts. Bref, la discussion dévia vers leurs villes natales respectives, toutes deux dans la belle Nouvelle-Zélande. Isaiah hocha la tête face à cette comparaison de Wellington et de Bowen. « Ah oui, c’est certain. J’ai la même adaptation à faire que toi mais d’en l’autre sens, en fait, moi. Paraparaumu est plus petite que Bowen. » Un simple fait cocasse, probablement qu’Aisling s’en laverait les mains. Pour le moment toutefois, elle ne pouvait pas s’enfuir bien loin, comme tous les deux s’attelaient avec sérieux à leur tâche. Ce fut elle qui brisa le silence, en demandant le prénom d’Isaiah. Le sourire qu’il arborait après cela eut le don d’énerver davantage la blondinette, qui ne manqua pas de lever le ton envers le jeune homme. Il éclata de rire. « Je mets souvent de la luzerne dans mes salades. J’imagine que le goût pourrait se ressembler. » La réponse à tout, il l’avait. Il s’assit sans plus tarder à côté d’Aisling. « Qu’est-ce que tu as contre les gens qui sourient, Aisling ? » Demanda Isaiah avec sérieux.
__________________________
moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
-C'est vrai, avec autant de qualités je serais une grande perte pour l'humanité !
Aisling avait déclaré cela avec un petit rire. Elle savait très bien qu'il se moquait, mais ça ne la vexait pas. Aujourd'hui elle était particulièrement désagréable avec lui, elle n'allait pas lui demander de la trouver parfaite, elle ne le demandait d'ailleurs à personne. Elle assumait totalement tous ses défauts. Et un des premiers était qu'elle n'était pas particulièrement sociable, bien que son interlocuteur semblait s'en foutre éperdument et tout de même continuer dans ce dialogue presque à sens unique.
Visiblement, Isaiah semblait moins amusé que d'habitude par sa remarque sèche. Jouer aux petits voitures ? Non, elle n'avait pas de se souvenir de ça même si c'était certainement arrivé. Mais ses paroles la replongèrent tout de même pendant quelques longues secondes dans sa petite enfance. Elle se voyait, petite tête blonde, faire des bêtises, courir après ses parents, sa cousine, sa tante, son oncle... Elle leur en avait fait voir, il n'y avait pas de doutes. Plusieurs fois en réparant une de ses bêtises sa mère s'était écriée "Fille de ton père !" et ça l'amusait, ça la faisait toujours sourire inconsciemment. -Quand j'étais petite je passais mon temps à sortir la guitare de mon père de son étui et d'essayer d'en jouer, mais je crois que ça avait pour seul effet de la désaccorder. Et puis je me mettais debout sur le tabouret du piano de ma mère et je tapais sur les touches au hasard. Ça faisait une mélodie affreuse, mais ça m'amusait. Et puis à l'école j'insultais les enfants qui m'embêtaient en langue étrangère. Ça aussi, c'était marrant.
Insupportable gamine ne pouvant pas tenir en place plus de deux minutes. Elle avait été chouchoutée par son entourage, on ne pouvait pas le nier. Jamais elle ne s'était plainte de son enfance ou de sa famille. Elle avait été heureuse, elle l'était toujours. Même si à être agressive à être tout le monde elle semblait mal dans sa peau, ce n'était pas le cas ou alors elle n'en avait pas conscience.
Est-ce qu'elle s'en voudrait s'il disparaissait vraiment ? La blonde haussa les épaules. Elle n'allait rien faire pour ça arrive, elle ne voyait pas pourquoi elle culpabiliserait pour cela. Evidemment qu'il l'agaçait et elle pensait vraiment que si elle ne le voyait plus elle ne s'en porterait que mieux mais elle n'allait pas l'assassiner un soir de pleine lune dans une ruelle sombre. Et si ça prenait l'envie à quelqu'un et bien... elle n'était certainement pas assez honnête pour avouer que ça lui ferait peut-être quelque chose.
-Eh bien que tu disparaisses de ma vue suffira et si jamais tu venais à être recherché et bien... j'aurais la gentillesse d'aider les autorités, dans mon âme et conscience.
Parler de la Nouvelle Zélande s'était comme parlé de son enfance, c'était un point sur lequel elle était particulièrement souriante et douce. Elle eut un sourire amusé quand il lui dit qu'il avait dû faire l'adaptation en sens inverse. Son trou paumé était-il aussi paumé que cela ? Ou était-ce Wellington qui était particulièrement grande ? -C'est vrai que je ne sais même pas où c'est Para... truc. Tu étais au milieu des moutons ?
Dans la campagne Néo-zélandaise il y avait pas mal d'élevage de mouton, c'était leur truc à eux ça. Dans d'autres pays c'était les vaches... chacun son agriculture.
Finissant de remplir les mangeoires, Aisling fut agacé par le sourire qu'arborait Isaiah quand elle lui demanda son prénom, et encore plus quand il répondit stupidement à sa question, même si lui, ça semblait bien le faire rire. Qu'est-ce qu'il était stupide... Choisissant de s'éloigner de lui, elle s'adossa contre la barrière mais lui ne semblait pas dans cette optique et il vient s'installer à côté d'elle. Sérieusement... Elle émit un petit grognement ridicule quand il vint s'asseoir prés d'elle, son espace vital commençait à être dangereusement attaqué... et sans sa permission.
-Je n'ai rien contre les gens qui sourient, mais je n'aime pas qu'on se foute de moi.
Son sourire satisfait lui avait donné l'impression qu'il avait gagné quelque chose, et elle par conséquent perdu. Et ça l'énervait, irrationnellement. Penchant doucement la tête sur le côté, elle continua de regarder les kangourous avant de bailler. -Si j'étais assez petite j'irais me mettre dans une de leur poche.
Du haut de son mètre 80 elle n'en avait pas vraiment la possibilité, et puis elle avait remarqué cette remarque futile comme ça, sans réfléchir.
Aux yeux d’Isaiah, tout le monde était une grande perte pour l’humanité. Enfin, grande, non. Certains capitalistes extrémistes ou des conservateurs arriérés n’étaient pas une grande perte. Ils étaient une perte. Mais pas une grande. Isaiah avait cette façon de penser que tout le monde avait quelque chose à apporter à ce monde. Même s’il s’agissait d’idéologies auxquelles Isaiah n’adhérait pas du tout. Au moins, celles-ci amenaient la population à réfléchir, à critiquer, pour finalement avancer. Aisling, pour le moment, demeurait une inconnue aux yeux d’Isaiah, mais il était conscient que si elle partait de ce monde, quelque chose changerait en celui-ci. C’était sa vision de la chose. Il ne répondit toutefois rien à ce commentaire mis à part un sourire approbatif. Lui dire à quel point ce qu’elle disait était vrai ne lui donnerait qu’un air de cinglé. Et Aisling semblait déjà le prendre pour un fou, alors.
Isaiah s’étant ouvert sur son enfance, il sembla que cela eut pour effet d’amener Aisling à le faire aussi. Pourtant, elle avait bien pris un air je-m’en-foutiste en l’écoutant parler de son cousin et de leurs petites voitures. Visiblement, ça l’avait quand même touchée à quelque part, puisque cela la replongea à son tour dans ses jeunes années. Isaiah avait ce don d’ouvrir les gens. Il sourit à l’écoutant parler de la guitare et du piano de ses parents. Il rigola finalement en l’entendant dire qu’elle insultait les enfants qui l’embêtaient. « Bon au moins pour le coup je suis chanceux, t’as pas encore commencé à m’insulter en langue étrangère ! » Son rire s’estompa après quelques secondes, pour ne laisser place qu’à un sourire. « Et finalement, Aisling, t’es devenue une bonne musicienne ou pas du tout ? » Demanda-t-il avec intérêt. Comme Isaiah jouait lui-même de la guitare depuis le début de son adolescence, il aimait bien rencontrer d’autres talents de ce genre.
La conversation redevint un peu plus empreinte d’animosité alors qu’Aisling dit qu’il lui suffirait qu’Isaiah disparaisse de sa vie. Il n’arrivait pas à saisir comment une personne pouvait être à ce point sauvage. Indomptable. Depuis le début de leur interaction, il avait été plutôt agréable, il lui semblait. Il s’intéressait à elle, il riait, souriait, faisait des blagues, lui parlait de lui sans trop en faire. Il n’abandonnerait pas pour autant. C’est pourquoi il avait décidé de jouer les cartes sentimentales en lui parlant de la Nouvelle-Zélande, pays d’où il croyait bien avoir reconnu la provenance de son accent. Le même que le sien. Elle demanda alors à Isaiah s’il était au milieu des moutons, ce qui le fit éclater de rire. « Mais nooon. Ne sous-estime pas ma ville ! On a un aéroport tu sais ? Bon, un aéroport de loisirs, mais quand même ! Et savais-tu que c’est là que Peter Jackson a fait ses études ? Au Kapiti College, ouaip ! » Lança Isaiah, fier de son petit patelin. « Et tu sais, c’est qu’à une soixantaine de kilomètres de Wellington. Pas si perdu que ça. » Le jeune homme lui fit un clin d’œil, juste comme ça.
Ils terminèrent de remplir les mangeoires et Isaiah prit place à côté d’Aisling, jugeant que lui aussi était en droit de s’asseoir. « Mais je ne me fous pas de toi, Aisling ! Pourquoi t’es autant sur la défensive, dis-moi ? » Elle interprétait visiblement très mal la présence d’Isaiah cet après-midi. En réalité, de tous les employés du parc, Aisling lui avait semblé être la meilleure compagnie qui soit pour la journée. Elle aurait dû s’en sentir flattée et non attaquée, non ? Dans tous les cas, il ne refusa pas le changement de sujet quand la blonde lui avoua que si elle avait pu être toute petite, elle serait allée dormir dans l’une des poches des kangourous. Il rigola, encore. « T’es trop drôle, Aisling. » Avait-il dit avec une sincérité toute naturelle. Il avait vraiment ri de bon cœur, s’imaginant la demoiselle recroquevillée au fond d’une poche. « C’est vrai que ça doit être douillet, là-dedans. » Ajouta-t-il.
__________________________
moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
Sujet: Re: quelque chose d'animal -r. Jeu 1 Oct 2015 - 20:37
Aisling n'avait pas pu s'empêcher de parler de son enfance. C'était une période agréable et indéniablement, ses parents, sa famille, son entourage proche lui manquait alors elle était d'autant plus vulnérable sur le sujet, à son grand désespoir. Mais Isaiah ne semblait pas vouloir se moquer de ses histoires. La jeune fille esquissa d'ailleurs un sourire quand il dit être chanceux par ce qu'elle ne l'avait pas encore insulté dans une dans autres langues que l'anglais qu'elle parlait. -Attention, ça pourrait arriver...
A vrai dire, même si la situation la mettait mal à l'aise, Isaiah n'était pas si désagréable que ça. Il fallait juste qu'elle s'y fasse. Mais ça impliquait aussi faire des efforts, ce qu'elle avait tendance à très mal supporter. Cependant, à sa question, dans un premier temps elle se contenta de hausser les épaules. Elle ne jouait pas, aussi étrange que cela puisse paraître. Ni de la guitare, ni du piano, ni même d'un autre instrument. Et pourtant, elle avait été bercé toute son enfance par ses parents et la musique qu'ils lui jouaient. Elle avait adoré ça mais était toujours incapable de le reproduire. Elle n'était pas faite pour ça, ou en tout cas c'était l'idée qu'elle s'était faite d'elle-même. -J'aime écouter les autres jouer, mais je ne suis pas musicienne. Je crois que je n'ai ni la patience ni le feeling.
Ou peut-être était-ce la peur de ne pas être assez doué, qui sait. Il y avait tellement de choses inexplicables, Aisling savait que l'inconscient avait une place importante dans la personnalité de quiconque.
Entre son enfance et son pays, on pouvait dire que le jeune homme s'y prenait bien pour apprivoiser la blondinette. Était-ce fait exprès pour ou bien un hasard ? Elle ne savait pas mais en tout cas, elle se méfiait de moins en moins. Peut-être à tort. Elle n'allait pas pour autant se jeter sur lui pour lui faire un câlin ou même être agréable, ça c'était encore une autre étape. Cependant, le fait qu'il défende son petit bled qu'elle considérait comme paumé l'amusait. C'était une réaction tout à fait normale, prévisible, mais ça la faisait toujours rire de voir les autres se justifier, enjoliver les choses.
-Tout ce qui n'est pas Wellington est perdu en Nouvelle Zélande ! Peter Jackson hein ? T'as tellement peur de lui ressembler que t'as fui jusqu'ici du coup ?
Elle était taquine, Aisling, quand elle commençait à apprécier quelque peu quelqu'un. C'était une façon comme une autre d'exprimer le fait qu'elle se sentait bien. Ce n'était pourtant pas comme si elle était parti du bon pied avec lui.
Alors qu'ils remplissaient tous les deux les mangeoires, Isaiah avait eu un sourire qui n'avait pas plus à la néo-zélandaise qui avait la réelle impression qu'il se foutait d'elle. S'asseyant, elle ne se priva pas de lui faire savoir qu'elle était contrariée. Pourquoi est-ce qu'elle était autant sur la défensive ? Ah, qui sait. Pensait-il vraiment qu'il aurait la réponse aussi rapidement ? -Parce que.
Une réponse puérile, elle en avait même conscience, mais elle n'était pas assez intime et assez éveillée pour lui donner quelque chose de construit à se mettre sous la dent.
Alors que la blonde regardait la kangourous, plus que fatiguée alors que ce n'était que le début de la journée, elle s'imagina faire une sieste dans la poche d'un de ces animaux et fit par de son idée à haute voix, ce qui fit particulièrement rire Isaiah. Trop drôle ? En général ce n'était pas la qualité qu'on lui attribuait mais soit. -Ouais... Mais comme je peux pas y entrer et bah je vais devoir me servir de toi comme matelas.
Evidemment elle plaisantait. Elle n'avait pas l'intention de le toucher et encore moins de le toucher. Disons que pénétrer dans son espace vital était quelque chose d'assez difficile.
STATUT : with golden string, our universe was brought to life, that we may fall in love every time we open up our eyes (isling)
Sujet: Re: quelque chose d'animal -r. Mer 21 Oct 2015 - 22:34
Il aimait son sens de la réparti, son esprit vif, ses sourires esquissés lorsqu’il réussissait enfin à faire fondre la glace qui résidait encore entre eux. Elle ne pensait peut-être pas pouvoir charmer quelqu’un avec l’attitude qu’elle avait, et probablement était-ce même complètement le contraire qu’elle désirait, et pourtant Isaiah se sentait de plus en plus conquis à chaque minute qui passait en sa compagnie. Finalement, même s’il était quand même attristé que Kamille ne soit pas là aujourd’hui, il se réconfortait en se disant qu’il aurait au moins fait la rencontre d’une femme qui le challengeait, en quelque sorte. « Au moins j’apprendrai de nouveaux mots. J’ai toujours aimé les langues étrangères. » Avait-il avoué avec un sourire. Décidément, il ne se laissait jamais abattre et rien qu’Aisling puisse dire ne viendrait faire de l’ombre à sa lumière. Le jeune homme demanda finalement à la blonde si elle était devenue une bonne musicienne ou pas. Juste comme ça. Comme si l’une ou l’autre des situations ne pouvait pas avoir affecté Aisling, comme si c’était une question comme une autre comme lui demander s’il faisait beau aujourd’hui. Il hocha la tête à la réponse de la jeune femme, qui n’avait pas trop hésité à répondre malgré son haussement d’épaules. Elle s’ouvrait peu à peu à lui, il le sentait. Il n’allait pas la laisser partir maintenant. « C’est vrai que ça prend de la patience, surtout pour apprendre, mais une fois qu’on maîtrise plutôt bien, après on peut se laisser aller et c’est chouette. Si tu veux j’te laisserai jouer sur ma guitare comme tu le faisais avant, Aisling. Je m’achèterai des bouchons pour les oreilles au cas où … » Il rigola, regardant Aisling de son regard pétillant et amusé.
Ils parlaient maintenant de leurs terres natales, chacun défendant du mieux qu’ils le pouvaient leur petit patelin respectif. Aisiling avait le don de mettre Wellington sur un piédestal et de prendre tout le reste pour de la merde ; même si Isaiah savait qu’elle ne faisait cela que pour le piquer. Il rigola malgré tout à sa réplique sur Peter Jackson. « Exactement, Aisling !! » Il reprit rapidement son sérieux, secouant la tête. « Je n’ai pas fui, c’est juste qu’il y avait tant d’autres paysages à voir, tellement d’autres personnes à rencontrer. Je ne pouvais pas rester là-bas éternellement. Tout comme je ne resterai pas à Bowen pour toujours. » Et voilà, c’était dit. Même si Isaiah avait voulu voir ce que c’était que d’avoir une routine et un entourage stable, il savait, au plus profond de lui-même, que cet arrêt en Australie n’était qu’éphémère. Pour Isaiah, rien ne durait jamais bien longtemps. C’est pour cela qu’il vivait chaque moment, chaque rencontre, avec une telle intensité.
Les deux jeunes adultes commencèrent finalement à travailler pour de vrai, au lieu de rester debout à se lancer des répliques impulsives et pourtant bien pensées. Seulement, après à peine quelques sacs de vidés, Aisling s’était assise, délaissant de nouveau sa tâche. Juste au moment où Isaiah lui avait demandé pourquoi elle était autant sur la défensive. Il sourit à sa réponse, la rejoignait. « Parce que ? Ce n’est pas une réponse, ça, Aisling. » Cette fois, par contre, il n’allait pas insister, si elle ne voulait pas en dire davantage. Peut-être n’était-elle pas d’humeur aujourd’hui, ou peut-être était-ce une constance chez elle. Il apprendrait bien la vérité un jour ou l’autre. Isaiah arrivait toujours à savoir ce qui se cachait réellement en les gens. Il laissa donc la conversation dévier jusqu’aux kangourous sans se plaindre. Isaiah tourna un regard surpris vers la jeune femme lorsqu’elle affirma que puisqu’elle ne pouvait entrer dans la poche d’un panda, elle allait devoir se servir de lui comme matelas. Cela ne lui ressemblait pas, et Isaiah comprit vite que c’était tout simplement parce qu’elle plaisantait. Quand même, elle s’était montrée plus intime qu’auparavant. C’était un pas vers l’avant. « De toute façon on m’a déjà dit que je n’étais pas un très bon oreiller. Je manque de gras, à ce qu’il paraît. » Dit-il en baissant les yeux vers son ventre. C’est vrai qu’il n’était pas très costaud, en général. « Tu termines à quelle heure ? » Avait-il alors demandé, innocemment.
__________________________
moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
Sujet: Re: quelque chose d'animal -r. Jeu 22 Oct 2015 - 15:34
On pouvait dire qu'Aisling avait tout de suite rangé Isaiah dans la mauvaise case. Et une fois qu'on était là, généralement, on en sortait pas La blondinette changeait rarement d'avis, une fois qu'elle n'aimait aps quelqu'un, elle ne l'aimait pas, un point c'est tout. Elle l'ignorait ou alors lui faisait des remarques désobligeantes, le fusillait du regard, bref, on ne pouvait pas s'y tromper. Mais visiblement, le jeune homme préférait forcer le destin. Plus ils apprenaient à se connaître et plus elle l'appréciait, étrangement. Il avait un don pour la faire changer d'avis.
-T'aime les langues étrangères ? D'habitude c'est plutôt un remarque de pervers.
Elle ne plaisantait qu'à moitié. Elle commençait à le connaître assez pour savoir que ce n'était certainement pas son cas, mais combien de fois avait-elle entendu les mecs dire, en boite surtout, parfois dans la rue, qu'ils aimeraient bien apprendre une langue avec elle. Elle se demandait parfois pour le taux de criminalité envers ce genre de personne n'était pas plus élevé.
Et puis ils parlèrent musique. Un sujet qu'Aisling appréciait même si elle ne jouait pas. Elle n'avait pas ce talent là, mais elle en avait d'autres. Comme rembarrer les gens. Il faut bien de tout pour faire un monde. Mais sans le savoir il venait de marquer un point, parce qu'il avait une guitare. Sa taquinerie, loin de la froisser, l'amusa et avant de répondre elle tira la langue à Isaiah. -Je risquerais de te la désaccorder.
Là elle ne plaisantait pas vraiment. Elle se souvenait que son père avait souvent râler après elle parce qu'elle désaccordait son instrument.
Et puis voilà qu'ils parlaient de leur ville d'origine. Aisling était chauvine, à n'en point douter. Et puis elle aimait exagérer pour avoir le dernier mot. Elle était têtue aussi. Enfin, que des qualités en soit. -T'es du genre globe-trotter ?
La question de la néo-zélandaise était sincère et pour une fois source d'aucune taquinerie. Voyager, c'était un truc qu'elle aurait beaucoup aimer faire aussi. Mais on ne faisait pas toujours ce dont on avait envie et puis... Elle ne se serait jamais sentie capable de faire ça seule. Rien que de prendre le bateau pour Aller de Wellington jusqu'à Bowen, ça avait été quelque chose et ça malgré la présence de sa cousine. Elle n'était pas faite pour déménager, mais juste visité c'était quelque chose à faire.
Les deux jeunes avaient rapidement remplie les mangeoires avant de s’asseoir à côté. Aisling n'était pas du genre feignante, mais il était indéniable que si Isaiah n'avait pas été là elle aurait été bien plus efficace. Et puis elle était contrariée, aussi. Enfin, tout ça allait passer, elle n'en doutait pas. Elle allait tout de même devoir sérieusement s'y mettre parce que les animaux n'allaient pas se nourrir tout seul et les enclos n'étaient pas auto-nettoyant. Dommage. Ce serait bien d'inventer un petit robot nettoyeur exprès pour zoo... non ? Tournant la tête vers le garçon à sa remarque, elle haussa doucement les épaules. -Je sais.
Mais elle n'avait pas envie de lui répondre. Ils n'étaient pas encore intimes et il y avait même très peu de chance qu'ils le deviennent un jour. Et puis, sans savoir pourquoi, elle partit sur ce délire de sieste, de poche de kangourous et de matelas. Quand Isaiah lui dit qu'il paraissait qu'il manquait de gras pour faire un bon oreiller, elle arqua un sourcil et le détailla de la tête au pied, sans gêne. -C'est vrai que y a mieux.
Elle esquissa un petit sourire avant de se relever, s'étirant. Elle devrait peut-être arrêter de glander et passer la seconde.
-Eh bien déjà quand j'aurais fini... Et sinon vers 16h, normalement. Aller, en route mauvaise troupe.
Sa façon à elle de dire qu'il fallait se mettre au boulot. La question d'Isaiah ne l'avait pas réellement interpellé. Tellement pas quelle n'avait pas pensé à l'emmerder, ce qui était pourtant une activité très distrayante.
STATUT : with golden string, our universe was brought to life, that we may fall in love every time we open up our eyes (isling)
Sujet: Re: quelque chose d'animal -r. Mar 27 Oct 2015 - 2:40
Le jeune homme rigola légèrement à la réponse d’Aisling. Elle avait le don de lui sortir des répliques amusantes, même si elle ne s’en rendait pas vraiment compte. Et puis, pour le coup, là, Isaiah lui-même avait du mal à savoir si elle plaisantait ou non dans son commentaire. Essayait-elle de savoir s’il avait eu des arrière-pensées ou comprenait-elle enfin que ce n’était pas le genre de personne qu’Isaiah était ? « Oh, non, pitié Aisling, ne le prends pas de cette façon-là, non. J’aime vraiment les langues étrangères. Je pourrais écouter les gens parler une autre langue pendant des heures, sans rien comprendre. Je trouve ça magnifique à écouter. » Certaines langues étaient plus dures que d’autres, certaines sonnaient comme une mélodie à ses oreilles. C’était le cas de l’espagnol et du français. D’autres langues l’intriguaient, comme l’arabe. Certaines pouvaient le mettre un peu sur les nerfs, comme le grec, car il avait constamment l’impression qu’ils s’engueulaient alors que ce n’était, parfois, même pas le cas. Bref, tout cela pour dire qu’Isaiah n’avait pas cherché à sortir une mauvaise réplique de drague à Aisling. Il était sincère, comme toujours.
Parlant de douces mélodies, il n’y avait pas que les langues qui berçaient Isaiah. La musique aussi. Il avait finalement proposé à Aisling de jouer sur sa guitare si elle désirait se replonger dans ses souvenirs. Il aurait adoré l’écouter, même si ça sonnait faux, même si ça ne menait à rien. Il était tellement ouvert aux autres que rien de tout cela ne le dérangeait. Le jeune homme haussa les épaules à la réponse de la blonde. Elle n’avait pas dit non. « Ce n’est pas très long à réaccorder. » Elle aurait beau chercher des excuses pour décliner l’invitation, afin de rester l’éternelle sauvage qu’elle était, Isaiah trouverait toujours une solution. C’était ça, l’optimisme.
En parlant de leurs villes natales, Aisling avait rapidement compris qu’Isaiah ne restait jamais en place bien longtemps. Elle lui demanda alors s’il était du genre globe-trotter. Isaiah sourit, hochant vivement la tête, plongeant son regard vers les kangourous, rêveur. « Exact. Je peux pas envisager de vivre une vie dans laquelle je n’aurais vu qu’un petit bout de tout ce grand monde. Il y a tant à voir, tant de personnes à rencontrer, tant à échanger. C’est beau, ce qu’il y a partout autour, Aisling. Tant la nature que l’humanité. » Ces dernières paroles avaient été dites en retournant ses yeux vers elle, un mince sourire aux lèvres. Isaiah vivait dans son monde idéal, et même s’il était revendicateur sur ses idées politiques et sociales, il tentait toujours de voir le meilleur en les autres. « As-tu voyagé ? » Il espérait pour elle que oui. Et si elle disait que non, alors il serait prêt à faire ses valises dès ce soir pour l’emmener découvrir le reste du monde. Il était comme ça, Isaiah. Impulsif et libre.
Aisling avait acquiescé quant au manque de confort du corps trop mince d’Isaiah. Il avait ri, tout simplement, pas offusqué pour un sous. La blonde s’était alors relevée, répondant à sa question quant à la fin de son quart de travail. Ne relevant pas l’intérêt qu’il avait porté au temps qu’il lui restait ici, ou surtout au temps qu’elle aurait après, Aisling n’avait fait que lui ordonner de se remettre au boulot. Remettant à plus tard sa quête d’obtenir un peu d’Aisling dans sa vie, il la suivit.
Ils bossèrent en parlant de tout et de rien, ou en ne parlant pas du tout, pendant deux heures encore. Puis il fut seize heures, et avec toute l’aide apportée par Isaiah, Aisling n’avait pas pris de retard malgré leur conversation paresseuse de tout à l’heure. Lui, il pouvait partir à peu près quand il le voulait, même s’il avait un certain horaire à respecter. Mais il demeurait un bénévole, alors c’était bien moins strict que pour les employés. « Bon. On dirait qu’on a tout fait. Tu rentres chez toi, Aisling ? » Demanda-t-il, innocemment.
__________________________
moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
Sujet: Re: quelque chose d'animal -r. Mer 28 Oct 2015 - 14:54
En entendant qu'il tentait de se défendre de ce qu'elle venait de dire, Aisling se mis à rire. Bien sûr que non, elle ne le prenait pas comme ça mais il fallait admettre que c'était bien tentant. Et puis rien que sa réaction valait absolument le coup. Elle le regarda alors avec un petit sourire moqueur. -T'es mignon.
Ce n'était pas vraiment un compliment, elle se moquait, mais presque avec bienveillance. Disons qu'elle n'avait pas l'habitude qu'on soit agréable avec elle et qu'elle réagissait comme elle pouvait. Elle avait toujours besoin de garder certaines distances, pour ne pas être blessée, parce qu'on ne sait jamais.
Elle ne se souvenait pas la dernière fois où elle avait autant sourit. Isaiah avait le don pour les décrocher. Il fallait qu'il fasse attention à ne pas trop s'y habituer, après tout ce n'était pas vraiment son genre, en temps normal, même si là elle ne saurait dire ce qui sortait de l'ordinaire.
-Très bien, si tu veux que je te casse les oreilles... Tu serais pas un peu maso' ?
Après tout, elle lui avait clairement dit qu'elle ne savait pas en jouer... Pourquoi est-ce qu'il insistait ? Il était étrange, un peu, et il l'intriguait de plus en plus. Il la fascinait peut-être un peu, aussi. Peut-être que tout ça c'était parce que la blondinette n'avait pas l'habitude qu'on insiste. Une fois qu'elle avait rembarré les gens une fois, en temps normal, ils ne venaient plus lui adresser la parole. Alors pourquoi est-ce qu'il était différent ?
Aisling avait fini par comprendre qu'Isaiah était du genre à avoir la bougeotte et son récit rêveur lui décrocha un petit sourire attendri. Il avait raison. L'humanité était d'un diversité infinie, à l"image de la Terre. Il fallait au moins une vie pour tout découvrir, tout visiter. -C'est beau de penser comme ça.
La jeune fille n'était pas assez ouverte pour y voir une chance et surtout pour voyager autant. Enfin elle aimait bien, le voyage, mais elle était sédentaire, elle avait besoin d'un point d'attache. Contrairement à ce qu'elle essayait de montrer, elle avait besoin de ses proches, elle n'était pas si solitaire que ça. -J'ai voyagé, un peu. J'ai été en Irlande une fois, maman voulait absolument que je vois ma grand mère paternelle, parce que c'était mon dernier grand-parent et mon père était furieux, il a fait la gueule tout le voyage, parce qu'il déteste sa mère, enfin je crois. Sinon, j'ai été un peu en Europe, parce que maman aime bien, enfin elle y a beaucoup été pendant ses études. Mais en fait je crois que je rêverais d'aller en Russie.
C'était rare qu'elle raconte sa vie comme ça, elle ne savait pas quelle mouche était entrain de la piquer. Est-ce que c'était Isaiah qui lui faisait cet effet-là ? Dans tous les cas, ça la troublait et ça, ça l'énervait.
Après s'être brièvement assis pour prendre une pause tous les deux, ils se remirent au travail pour le reste de la journée. Il fallait bien que les choses soient faites après tout... Étrangement, ils avaient tous les deux été particulièrement efficace. Comme quoi, finir à l'heure était une motivation suffisante pour Aisling. Isaiah remarqua donc que leur travail était achevé et lui demanda si elle allait rentré. Elle le regarda en arquant un sourcil, un peu étonnée. Qu'est-ce qu'il voulait savoir exactement ? -Bah je vais pas vraiment camper là... Pourquoi ? T'as encore des heures à faire et t'as peur de te sentir seul ?
Aisling était sur la défensive, comme toujours. Elle voulait savoir ce qu'il avait derrière la tête, aussi innocent soit-il. Mais elle devait bien reconnaître qu'aujourd'hui il l'avait bien aidé et qu'il ne méritait pas que son agressivité. -Au fait, merci, pour l'aide.
Un merci, ça lui arrachait toujours la bouche. Il fallait qu'il réalise à quel point il avait de la chance là.
STATUT : with golden string, our universe was brought to life, that we may fall in love every time we open up our eyes (isling)
Sujet: Re: quelque chose d'animal -r. Mer 28 Oct 2015 - 22:55
À l’entente du mot « mignon », Isaiah tourna un regard amusé vers Aisling. De tous les compliments qu’on avait pu faire à Isaiah, mignon était certainement le moins commun. Bon, il faut quand même avouer que dans cette situation bien exacte, il ne s’agissait sans doute pas réellement d’un compliment. Rien que le sourire moqueur d’Aisling le prouvait. Il n’avait pas encore mérité de recevoir un véritable compliment de la part de cette jeune femme ; il allait devoir travailler encore un petit peu plus. Malgré tout, il sentait qu’elle ne disait pas ce genre de choses à n’importe qui, et cela lui suffisait pour le moment. Surtout avec tous les sourires qu’il avait réussi à lui décrocher. C’était un très bon début, considérant le fait qu’elle avait d’abord eu l’air d’un animal si sauvage et que ça ne faisait qu’une heure ou deux qu’Isaiah tentait de l’apprivoiser. De mieux la comprendre.
À propos de se faire casser les oreilles par Aisling qui jouerait de la guitare, cette dernière demanda alors au jeune homme s’il ne serait pas un peu masochiste. Il rigola en secouant la tête, puis en haussant les épaules. « Je n’aime pas vraiment mettre d’étiquette sur ce que je suis. Je suis moi, Aisling, c’est tout. Le reste, t’en fais ce que tu veux. » Une réponse peut-être bien simple, un peu clichée pour les gens du genre d’Isaiah, mais en même temps c’était leur courant de pensée, leur façon de voir la vie. C’était aussi simple que cela. Il tourna donc le regard vers Aisling, s’attendant à une remarque de sa part sur le fait qu’il était tellement hippie ou un truc dans le genre. Les étiquettes, c’était surtout les gens de gauche qui voulaient le plus s’en détacher, détestant le concept de mettre tous les gens dans des boîtes. Compartimenter tous les individus pour mieux s’y retrouver. Isaiah préférait le chaos des personnalités. Parce qu’après tout, aucun individu n’était pareil à un autre. Ils étaient tous uniques.
Aisiling aimait toutefois la façon de penser d’Isaiah quant au voyage et à tout ce qu’il y avait à voir dans ce monde. Elle ne partageait peut-être pas cette vision, mais elle la trouvait belle. Isaiah n’en demandait pas plus. Il demanda alors à la jeune femme si elle, elle avait voyagé. Le jeune homme aimait beaucoup parler, ce n’était un secret pour personne. Il avait toujours quelque chose à dire et pouvait raconter ses récits pendant des heures. Par contre, il n’était pas du genre à ne jamais s’intéresser aux autres et à garder le monopole de la parole. S’il parlait, c’était pour échanger, pas pour réfléchir à voix haute. Il hochait la tête aux paroles de la blonde, souriant à l’entende du pays qu’était l’Irlande. Il avait adoré l’Irlande. Puis il inclina légèrement la tête sur le côté lorsqu’Aisling parla du fait que son père détestait sa mère, selon elle. Il fronça légèrement les sourcils, intrigué, mais Aisling passa rapidement à autre chose. « Tu en auras beaucoup à voir, en Russie. J’ai même pas eu le temps de faire plus du trentième du pays, tellement c’est grand. J’aimerais aussi y retourner. » Évidemment, il ne disait pas cela comme une sorte d’invitation. Ça ne lui aurait posé aucun problème de faire la route avec la jeune femme, mais il se doutait bien, à la voir aller, qu’elle préférerait sans doute être seule ou alors être avec une personne qu’elle connaissait bien.
Après avoir rêvassés un peu sur ce pays, les deux jeunes adultes retournèrent au travail et accomplirent la totalité des tâches. Isaiah demanda alors à Aisling si elle rentrait chez elle, maintenant. Encore une fois, sa réponse bien choisie le fit éclater de rire. « Aisling, tu vas me tuer de rire. » Il continua à rire un peu, avant de répondre finalement à sa question. « Non, j’ai terminé aussi, enfin à peu près. » Et il n’ajouta rien, pour le moment. Le silence fut assez long pour qu’Aisling change de sujet et le remercie pour l’aide apportée. Il sourit, tout en remettant la veste qu’il avait enlevée pour travailler. « Ça fait plaisir, Aisling. » Il savait. Il savait à quel point ce devait être une rareté, ce remerciement. Parce que tout ce qui sortait de la bouche d’Aisling était une perle rare. Alors il tenta le tout pour le tout : « Si je t’ai pas encore trop énervée pour aujourd’hui, on peut aller boire un verre. » Il s’attendait à ce qu’elle refuse, et ce serait très bien comme cela aussi. Il irait trouver la compagnie de quelqu’un d’autre ; Isaiah n’aimait pas être seul. Mais il devait avouer qu’Aisling n’avait pas fini de l’intriguer, et qu’il voulait percer le mystère encore un peu plus.
__________________________
moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.