Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Isaiah avait rencontré un tas d’autres êtres humains et, à ses yeux, la perception qu’Aisling avait de l’égoïsme fondamental n’était qu’une question de culture. Il avait rencontré des communautés de pays plus ou moins pauvres qui s’entraidaient comme jamais il n’avait vu auparavant. Certes, quand on regarde les grands pays comme les États-Unis, la Chine et ces autres machines capitalistes, il y a de quoi vouloir se tirer une balle. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Isaiah avait entrepris un pèlerinage dans des pays différents, plus beaux de l’intérieur ; pour se redonner foi en l’humanité. Et ça avait fonctionné. Il avait discuté avec des gens si généreux, si altruistes, constamment tournés vers les autres. Alors il avait commencé à voir le monde différemment, à voir le bon dans les autres. Il ne doutait pas qu’Aisling avait raison, à quelque part. Mais Isaiah avait décidé de se tourner vers l’autre côté, vers cet autre monde dont on parle moins. « Je ne suis pas d’accord. Enfin, je comprends tout à fait le phénomène dont tu parles. Je ne suis pas aveugle, quand même. Mais ça ne représente qu’une certaine proportion des êtres humains qui habitent le monde. Il y a mieux ailleurs que les gens d’ici. » Là, Isaiah généralisait pour la cause, mais en réalité il avait rencontré en Australie des gens bien généreux également, qui auraient même donné leur vie pour celle d’une autre personne.
Quand Isaiah mentionna à Aisling qu’il faudrait un jour qu’elle baisse sa garde devant lui, elle sembla vraiment prise au dépourvu. Avec surprise, elle lui demanda pourquoi. Cela fit sourire le jeune homme. « Eh bien, notre amitié sera difficile si tu remets toujours en doute mes actions et mes dires. » Il allait sans doute la faire déguerpir, là, à lui parler d’une éventuelle amitié entre eux comme s’il s’agissait d’une évidence. Pour lui, si. Il aimait déjà Aisling rien qu’après lui avoir parlé un après-midi et encore là, à en juger par ses propos, elle n’était pas du tout à son top de gentillesse. Alors imaginez comment il l’apprécierait si elle effaçait toute animosité entre eux deux ! Cependant, Isaiah était bien informé du fait que ce n’était pas des sentiments partagés par Aisling. Il la testait, c’est tout, en déclarant cela.
Maintenant, niveau bouffe, les nachos firent l’unanimité – bon, ils étaient que deux, et alors ? – et après seulement quelques minutes ils arrivèrent entre eux deux. Aisling en attrapa un du bout des doigts, et Isaiah en fit de même une fois le bal lancé. Il profita de ce moment de calme pour demander à la blonde ce qui la passionnait dans la vie. Elle revint sur les animaux et la musique, choses qu’il avait déjà bien retenues dans sa mémoire, et mentionna ensuite le tir à l’arc et l’équitation. Isaiah poussa un petit bruit d’intérêt et d’enthousiasme. Il avala sa bouchée avant de reprendre : « Trop génial le tir à l’arc ! Enfin, l’équitation aussi, mais j’avoue que le tir à l’arc je dirais pas non à te voir tirer ! J’ai toujours trouvé que c’était une belle discipline. Tu n’aimerais pas recommencer ? » Isaiah s'imaginait déjà l'accompagner et apprendre d'elle.
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moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
Aisling trouvait cela normal, d'être égoïste de penser à soit, non pas parce que c'était sa façon de vivre, enfin si mais pas seulement, mais parce que toute personne qu'elle connaissait faisait de même. On pouvait faire des sacrifices, parfois, pour un proche, pour un ami, de la famille, mais pour elle ce n'était pas naturel. Cependant, malgré son côté têtu, Isaiah avait l'air tellement sûr de lui qu'elle voulait bien le croire. Ailleurs ? Oui, peut-être qu'ailleurs c'était différent. Il avait voyagé, lui, il avait du en voir des choses.
-Mieux ailleurs ? Bon, je veux bien te croire. Heureusement que je ne connais pas ce genre de personne.
Aisling se sentait déjà parfois en-dessous tout alors si elle connaissait des gens particulièrement altruistes... Bref.
Leur amitié ? Est-ce qu'il pensait vraiment ce qu'il disait ? La confiance qu'il avait en lui la fit esquisser un sourire. Il était vraiment... adorable ? Merde. Elle n'aimait pas penser ce genre de choses, parce qu'elle risquait de s'attacher. -C'est vrai. Mais pour ça, faudrait déjà qu'il existe "notre amitié".
Elle le mettait à distance parce que c'était à peu prés le seul moyen qu'elle avait de se protéger. Aisling ne pouvait même pas argumenter qu'elle n'avait pas d'amis et qu'il ne serait pas le premier, non c'était faux, elle en avait. Et ces amis là, elle était aller vers eux avant qu'ils ne viennent vers elle et c'était peut-être là toute la différence. Un détail pour certains, et pourtant ça changeait tout pour la blonde. Là elle n'avait pas l'impression de pouvoir choisir, il ne lui laissait juste pas le choix et ça la bloquait.
Aisling avait fait pas mal de concessions à Isaiah et là elle daignait lui parler de ce qui la passionnait, ce qui n'était pas donné à tout le monde. Son nachos toujours entre les doigts, sa réaction la fit rire. Comment est-ce qu'il faisait pour toujours être enthousiasmé par tout ? C'était pas un peu fatiguant ? Finissant ce qu'elle avait dans la main, elle prit une gorgée de sa bière avant de lui répondre. -T'aurais pas trop peur que ce soit toi la cible ?
Elle avait déjà tenté le tir sur cible mouvante, il devrait se méfier, vraiment. -Si, il faudrait. Je crois que j'ai un peu la flemme avec la fac je me trouve toujours de bonnes excuses.
Essuyant ses doigts dans une serviette en papier, elle joua avec une mèche de ses cheveux blonds avant de poser son regard bleu sur Isaiah. -Et toi, à part harceler les gens et voyager, qu'est-ce que t'aime faire ?
Isaiah fronça encore les sourcils en souriant, à moitié déstabilisé, à moitié amusé, encore et toujours par les répliques inhabituelles d’Aisling. Inhabituelles de la part de la plupart des autres humains. De plus en plus normales sortant de la bouche de la jeune femme. L’artiste en était plutôt content, en fait, parce que cela voulait dire qu’Aisling était une personne des plus honnêtes. Depuis le début, elle ne lui faisait pas d’espoir, elle était franche sur qui elle était et ce qui l’intéressait. C’est pourquoi Isaiah s’accrochait tellement. Elle était exactement le genre de personne qu’il recherchait dans sa vie.
Bref, Isaiah mentionna alors cette éventuelle amitié possible entre eux. Enfin, plutôt cette amitié que lui désirait tant. Il n’était pas encore certain que ce soit possible, même si à ses yeux il lui semblait plus qu’évident qu’Aisling et lui s’entendaient bien. Malgré les piques, malgré les opinions divergentes, malgré les reculs et les avancées ; ils étaient encore là devant l’autre, honnêtes comme jamais, n’offrant que le plus vrai d’eux-mêmes à l’autre. Ça, c’était une magnifique relation qui débutait sur de bonnes bases. Isaiah espérait la développer davantage. Aisling lui répondit alors que pour qu’elle doive lui fasse plus confiance, il faudrait déjà que cette amitié dont il parlait existe. Il hocha la tête. « Je suis d’accord. Et je n’ai aucun doute que ça arrivera. » Il termina son verre en quelques gorgées, comme pour ponctuer cette vision de l’avenir, et remplit son verre une seconde fois.
La passion de la blondinette fut le prochain sujet de conversation et, Isaiah, impressionné par sa mention du tir à l’arc, manifesta sans plus tarder son intérêt pour cette discipline. La jeune femme, comprenant qu’il ne dirait pas non à une séance à ses côtés, répondit par un questionnement concernant sa peur d’être sa cible. Isaiah secoua la tête en rigolant. « Je ne pense pas que tu ferais ça. » Avoua-t-il avec sincérité. Aisling était peut-être facilement montée sur ses grands chevaux et distante, mais il ne la croyait pas violente de cette façon-là. Ce n’était qu’une impression et peut-être avait-il tort, mais il se trompait rarement sur les autres. Le jeune homme lui demanda alors si elle avait l’intention de se remettre à sa passion maintenant qu’elle était installée en Australie. Il hocha la tête. « Suffit de te donner le coup de pied pour le réintégrer à ton quotidien. C’est de commencer qui est difficile, après ça, tu seras contente. Enfin, c’est ce que je pense. » Isaiah avait bien compris qu’Aisling n’aimait pas qu’on lui mette des mots dans la bouche ou qu’on pense à sa place – ce qui était tout à fait légitime -, alors il prenait soin de ne jamais parler pour elle.
Aisling lui renvoya la question, d’une façon plus ou moins délicate, mais Isaiah s’en contre-fichait. Le jeune homme mangea une croustille avant de lui répondre. « Je suis ébéniste et sculpteur, et même si c’est mon métier, c’est aussi d’abord une passion. J’adore construire de mes mains. Alors c’est pas mal ce que je fais quand je suis chez moi seul. » Mais il était rarement seul, et quand il était chez lui, il travaillait sur les contrats qu’il avait. Il suivait donc toujours des directives, ce qui lui laissait moins de place pour son imagination. Il fallait bien qu’il gagne sa vie, malheureusement. De temps en temps, quand il en avait vraiment besoin, il s’attelait à une pièce rien que pour lui, pour se faire plaisir.
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Il était sûr de lui, et si ça avait pu énervé Aisling au début, maintenant ça l'amusait. Il avait raison, s'il voulait être autre chose à ses yeux qu'un mec rencontré par hasard et à qui elle ne voudrait sûrement plus jamais adresser la parole, il fallait un peu s'entêter mais s'entêter avec des pincettes tout de même. -C'est beau d'être optimiste.
Elle n'allait quand même pas lui avouer qu'elle commençait à l'apprécier un peu, déjà parce que ce n'était pas son genre, elle ne disait jamais "je t'aime" que ce soit à sa famille ou à ses amis proches, elle n'allait pas commencer avec lui. Elle ne comprenait pas pourquoi elle aurait eu besoin de le dire, ceux qu'elle aimait le savaient, pas besoin d'être niaise et mielleuse.
Parler d'elle n'était pas ce qu'elle préférait mais le tire à l'arc n'était pas encore un sujet assez intime pour qu'elle l'envoie chier. Il ne pensait pas qu'elle pourrait le prendre pour cible ? Il avait peut-être raison, il ne l'agaçait pas encore assez pour qu'elle fasse une chose pareille. Quoique, juste pour rire c'était assez tentant, dommage que ce soit dangereux. -Rien que pour te voir courir, ce serait possible.
Il avait raison, elle se sentirait surement mieux en continuant de pratiquer, mais l'effort pour recommencer était un peu trop important pour la blonde en ce moment. Il faut dire que depuis le temps qu'elle ne pratiquait plus, elle avait peur d'avoir perdu de ses capacités et si elle s'en rendait compte sur le terrain son ego en prendrait un coup, et comme beaucoup d'êtres humains sur terre, son ego c'était quelque chose auquel il ne valait mieux pas toucher. -Tant que c'est pas toi qui le donnes, le coup de pied.
Elle le taquinait un peu, il fallait bien, lui ne se gênait pas pour le faire. Ayant fini son premier nachos, elle en prit un second qu'elle mangea avec la même lenteur que le premier avant de prendre une nouvelle gorgée de sa bière. Mieux valait ne pas être pressé quand on mangeait avec Aisling.
La néo-zélandaise eut un petit sourire attendrit quand Isaiah lui parla de sa passion. Travailler de ses mains ? Ce ne l'étonnait pas. Elle ne dirait pas qu'elle était particulièrement douée pour cerner les gens, mais elle avait quand même une vague idée de qui il était après une après-midi passée avec lui. -Ébéniste, sculpteur, guitariste, voyageur, un vrai artiste.
Elle avait bien comprit qu'il n'aimait pas qu'on le mette dans une case mais tant pis. C'était comme ça qu'elle le voyait. -C'est cool de pouvoir vivre de sa passion.
Elle le pensait vraiment et c'était ce qu'elle-même essayait de faire en devenant zoologue. Rejetant une mèche de ses cheveux derrière son épaule, elle se resservit un verre de bière qu'elle venait de finir. -Je crois que je vais bien dormir cette nuit.
Après une journée de travail, des nachos et de la bière, elle savait qu'il suffisait qu'elle s'allonge sur son lit pour s'endormir.
« Tu devrais essayer, Aisling. » Déclara Isaiah en faisant un clin d’œil à Aisling, quand ils parlèrent d’optimisme. Après tout, elle était certainement la personne la plus pessimiste qu’il lui avait été donné de rencontrer. Malgré tout, le jeune homme ne baissait pas les bras et ne fuyait pas. Le fait qu’ils soient aux antipodes de cette façon était juste encore plus intéressant. Ils avaient tellement à en apprendre l’un de l’autre. En autant qu’elle n’était pas à l’extrême droite sur la ligne politique, ça lui allait. Ces personnes étaient pas mal les seules qu’Isaiah n’arrivait pas à sentir.
Le jeune homme rigola quand la blonde lui confia que juste pour le voir courir, ce serait possible d’essayer le tir à l’arc tous les deux. Peu importe la façon dont cela se passait, le seul fait qu’Aisling avait accepté était une réussite pour lui. « C’est un rendez-vous, alors, Aisling ! » La jeune femme allait sans doute bien vite regretter son commentaire, vu qu’Isaiah embarquait à fond dans le projet. De toute façon, il se doutait bien qu’une fois sur place, Aisling serait tellement emballée par sa passion qu’elle oublierait à quel point Isaiah était épuisant. La blonde reprit sur le sujet en lui disant que tant que c’était pas lui que lui donnait, ce coup de pied de motivation, tout irait bien. Le jeune homme ricana en mangeant son nachos, sa main devant sa bouche. Il s’essuya avec une napkin par la suite. « Non, non, t’en fais pas, la violence c’est pas pour moi ! Et puis, pas envie que mon pied touche tes fesses, c’est dégueu … » Dit-il avec un dégoût digne d’un gamin de cinq ans qui vient de voir pour la première fois une madame un peu plus ronde que la moyenne.
Isaiah continua de manger ses délicieux nachos quand la jeune femme le questionna à son tour sur ses passions. Étonnamment, Aisling sembla attendrie par ce qu’il lui révéla sur lui. Elle résuma finalement tout ce qu’elle avait appris de lui au courant de la journée, et il était vrai que cela ressemblait pas mal au profil d’un artiste. Pour le coup, Isaiah la laisserait l’appeler comme elle le voulait. « On peut dire ça comme ça, oui. » Dit-il, un petit sourire presque gêné au visage. La jeune femme ajouta que c’était cool qu’il puisse vivre de sa passion. « Ouais, bon, je sais pas si j’en vis trop bien, comme t’as pu le voir faut que je trouve d’autres moyens de faire de l’argent on the side. » Il référait évidemment à la raison de leur toute première rencontre, soit quand il lui avait vendu de l’herbe.
Le pichet de bière était déjà presque terminé, et le plat de nachos également – surtout à cause d’Isaiah qui n’arrivait plus à taire sa faim et qui en enfilait un après l’autre. Aisling déclara qu’elle dormirait bien ce soir. « Ah, ouais, moi aussi ! Même que je pense que dès que je vais arriver chez moi, je vais aller m’étendre. » C’était peut-être elle qui était épuisante, après tout. Il était rare qu’Isaiah prévoie aller au lit avant les petites heures du matin.
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Il avait raison, elle devrait essayé d'être optimiste, mais ce n'était pas dans sa nature et surtout elle avait trop peur d'être déçue. Être pessimiste était un moyen comme un autre de se protéger. On ne se refait pas.
Elle esquissa un très petit sourire quand il déclara que c'était un rendez-vous et mit le nez dans son verre de bière pour en boire une nouvelle gorgée. -Certes, tant qu'il n'est pas galant. T'auras pas intérêt à te moquer.
Sinon, elle tirerait dans ses fesses, non mais. Aisling, comme beaucoup d'être humain, n'appréciait pas particulièrement les moqueries et encore moins sur un sujet sensible comme une passion. Pourtant, elle avait bien deviner qu'Isaiah n'était pas du genre à se moquer, mais elle n'était pas encore tout à fait prête à le considérer comme quelqu'un d'à part, et rien ne valait une bonne menace. C'était pessimiste ça aussi ?
En entendant qu'il considérait dégueulasse le fait que son pied touche ses fesses, elle arqua un sourcil un peu surprise avant de lui lancer un regard faussement méprisant. Non mais, c'était un honneur de toucher ses fesses, avec n'importe quelle partie de son corps d'ailleurs. -Toi, tu vas avoir des problèmes.
Genre sa main dans la gueule, un jour, sisi, parce que si lui était contre la violence, elle, elle était plutôt pour.
Il était indéniable qu'avec tout ce qu'elle avait apprit aujourd'hui, Aisling ne pouvait considérer Isaiah que comme un artiste. Il ne sembla d'ailleurs pas grogner à cette appellation cependant elle aperçut un petit sourire gêné sur son visage ce qui amusa la blondinette, qui choisit pourtant de ne pas le montrer. -C'est vrai, mais bon c'est pas la pire façon de se faire de l'argent. Après tout, tu pourrais être obligé de te prostituer.
En soit, elle le taquinait et n'avait pas particulièrement d'arrière pensée. Elle n'allait pas mentir, elle ne savait pas ce que c'était que d'être dans le besoin. Elle avait des parents pour l'aider quand elle manquait d'argents. Ses parents n'étaient pas riches, mais ils avaient toujours vécus correctement.
Le vitesse à laquelle Isaiah mangeait les nachos fit rire la blondinette. Heureusement qu'elle n'en voulait pas beaucoup, ils se seraient battu sinon. -Tu m'étonnes, avec tout ce que tu dois digérer.
S'étirant doucement, elle finit enfin son verre de bière et reposa son regard sur son interlocuteur. -On pourra faire une sieste synchronisée comme ça.
Synchronisée, pas ensemble, là était toute la différence. Parce qu'une sieste à deux, c'était plus vraiment une sieste, ou alors ça c'était parce qu'elle avait un esprit mal placé, ça elle voulait bien l'admettre.
Elle avait accepté le « rendez-vous », cette date, même si elle n’était pas galante, il n’en restait pas moins qu’Aisling venait d’accepter de le revoir une autre fois, dans un autre contexte, pas dans le cadre du boulot – non-non. Dans le cadre d’une sortie entre amis, ou whatever ce qu’ils étaient. Isaiah était ravi. Son sourire fendait presque son visage. « C’est plutôt toi qui risque de te moquer !! » Répondit-il alors à la blonde, faisant référence au fait qu’il n’avait jamais pratiqué le tir à l’arc et qu’elle allait donc devoir tout lui enseigner. Et elle, elle tirerait comme une championne. En plein dans le mille. Comme toujours. Aisling avait toujours les bons mots à placer au bon endroit, alors il devait en être de même de ses flèches.
Isaiah ne fit que rire davantage quand Aisling lui mentionna qu’il aurait des problèmes, à cause de sa mimique de dégoût vis-à-vis des fesses de la demoiselle. Isaiah se foutait pas mal des problèmes, car même s’il n’existait pas de solution, le temps passerait malgré tout. C’était inévitable. Alors qu’Aisling lui foute un poing dans la gueule un jour ou l’autre à cause de ses répliques pas gênées et déplacées, ça lui importait peu. La douleur finirait par s’envoler, éventuellement.
Le jeune homme haussa les épaules tout en prenant une gorgée de sa bière quand Aisling lui dit qu’il aurait pu être obligé de se prostituer, alors aussi bien vivre d’une façon plus ou moins décente de ma passion. « Si un jour c’est bien encadré et aussi sécuritaire que n’importe quel autre job, je lâche tout et je me prostitue, hein. » C’était bien payé, bien mieux que ce qu’il pouvait faire. Mais il restait qu’en ce moment, ce n’était pas des conditions exemplaires pour ces hommes et ces femmes vivant de la prostitution. Loin de là. Il pensa alors à Malou, qui était souvent mise dans des situations plutôt désagréables à cause de son métier. Bref.
Quand Isaiah parla de la petite sieste qu’il ferait dès qu’il rentrerait chez lui, Aisling ne manqua pas de le taquiner sur la quantité de nachos qu’il mangeait depuis tout à l’heure. Il rigola. « Faut bien le nourrir ce p’tit corps-là ! » Isaiah était si mince, et il pouvait manger n’importe quoi que ça ne changeait rien à son poids. Malgré tout, il mangeait très – très – santé. Habituellement. Les nachos, là, c’était parce qu’il était dans l’ambiance. Aisling mentionna alors le fait qu’ils feraient une sieste synchronisée. « Bah oui !! On pourra s’appeler, et poser notre téléphone sur l’oreiller, et le dernier qui s’endort raccroche ! Je ronfle comme un ogre, tu pourras pas le manquer. » Le jeune homme n’était pas sérieux, évidemment. Et puis il ne dormirait jamais avec son téléphone portable proche de lui. Toutes ces ondes, là.
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Bien sûr qu'elle se moquerait. C'était dans sa nature. Mais il fallait y voir une marque d'affection. Elle ne se moquait pas de ceux qu'elle n'appréciait pas. Elle les raillait. La nuance était grande mine de rien. -C'est vrai. Mais parce que je sais que même si tu voulais me tirer dessus pour te venger tu n'y arriverais pas.
Que de gentillesse en elle. Au moins il serait préparé psychologiquement à la supporter. Isaiah faisant remarquer qu'il ne vivait pas si bien que sa de sa passion, puisqu'il dealait Aisling commenta que ça aurait pu être pire, qu'il aurait pu se prostituer, et sa réponse la fit rire. La blonde n'avait rien contre les prostitué(e)s. Ces personnes là faisaient ce qu'elles voulaient, et ce qu'elles pouvaient. Elle ne trouvait pas ça "pas respectable" ou quelque chose du genre. -C'est vrai que ce serait un progrès à faire.
De rendre ce métier plus sécuritaire. Aisling n'inspirait pas vraiment à le pratiquer, mais elle trouvait ça hallucinant les risques qu'ils prenaient. Mais bon, le genre humain, contrairement à Isaiah ça faisait longtemps qu'elle ne croyait plus à quoique ce soit de positif venant de lui.
La néo-zélandaise évoqua la sieste qu'ils pourraient faire tous les deux en même temps et l'idée de cette synchronisation sembla amuser son interlocuteur. Son idée la fit lever les yeux au ciel mais elle esquissa tout de même un sourire. -Au moins c'est bon à savoir.
Elle pouvait noter qu'elle ne dormirait jamais dans la même pièce que lui. Regardant l'heure, l'assiette de nachos vide et enfin la bouteille de bière au même niveau, Aisling finit par se lever. -Aller c'est l'heure de rentrer. A la prochaine.
Elle aurait pu rajouter "c'était sympa" mais ça aurait vraiment été trop gentil.