hit me with your best shot -r.

« Hé, hé, hé, pas si vite, vous ! Oui, vous ! » Nelligan tourna la tête, interpellé, et croisa le regard de l’animateur d’un stand. Il regarda à gauche, puis à droite, et rougit juste un tout petit peu. « Oui ? » Le forain lui fit signe de venir, et le jeune homme s’exécuta donc, laissant ses amis prendre de l’avance par le fait même. Plus de Lola, plus de Lou, personne. Ils n’avaient pas remarqué que Nelligan s’était fait coincer par un forain. Ce dernier proposa donc au jeune homme, en échange d’une peluche de lion, de s’installer sur le plongeon. Vous savez, cette attraction sur laquelle quelqu’un, en maillot de bain la plupart du temps, s’installe et attend que quelqu’un lance en plein dans le mille la balle qui fera basculer le tremplin sur lequel il se trouve, le plongeant donc complètement dans l’eau sur lui ? Bah voilà, c’était ça. Nelligan hésita, refusa d’abord, puis accepta sous toute la pression que le forain lui mettait. Il n’enleva que ses pantalons, se retrouvant donc en caleçon et en t-shirt, et alla s’installer sur le tremplin. Mi-amusé, mi-humilié. Pendant ce temps, le forain accostait tout le monde sur son passage. « Pour trois petits dollars, vous courez la chance d’envoyer valser ce jeune homme dans l’eau ! À qui la chance ? Hé,hé,hé !! » Pendant ce temps, Nelligan attendait patiemment …

la fête foraine c'était ton truc. Tu adorais tellement ça que tu en devenais folle. Tu devais passer tes journées entières à tourner en rond à travers les diverses attractions, à manger de la barbe à papa et de rire comme une enfant aux spectacles. Alors quand on t'a parlé du Woodford Folk Festival, tu étais en tête de file pour l'inauguration. Tu déambulais doucement dans le parc, feuilletant ton programme. Pour ce premier jour, ce n'était pas la grande folie, même si tu savais qu'en une journée tu aurais eu le temps de voir 3 ou 4 fois chacun des spectacles proposés et que tu n'allais pas partir d'ici avant la fin du feu d'artifice. Rapidement, tu intègres la foule, regardant à droite puis à gauche puis tu fais trois pas en avant. A ce rythme là tu n'avançait pas vite mais tu n'étais pas là pour faire le tour du festival en 5 minutes. D'un coup, un forain t'interpelles, tu l'écoutes rapidement, 3 dollars pour faire tomber un homme dans l'eau, le genre de chose qui t'amuse beaucoup même si t'es une vraie quiche au lancer. Alors tu craques, tu lui donnes 15 dollars pour tenter ta chance au moins 5 fois parce que c'est ce qu'il te faut et si ça ne marche pas, tu n'hésiteras pas à remettre la main au portefeuille. Tu pris alors positon, la balle à la main, prête à la jeter. « Nelligan ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? » Tu marquas un temps, tu semblais surprise de le trouver en face de toi. Et surtout dans cette tenue, tu ne t'y attendais pas. Et dans un sens, tu te réjouissais un peu, à l'idée de le faire tomber dans l'eau, ou peut-être de le toucher avec une boule. Même en mousse, ça pourrait te défouler un peu, bien qu'au fond de toi, tu sais que le frapper ne pourrait jamais te faire oublier tout ce qui a bien pu se passer entre vous. Oh non, la méchanceté ne changerait rien, mais le faire tomber à l'eau pourrait te défouler un peu, et cette idée te plaisait bien malgré tout. 

Une dizaine de personnes déjà d’interpellées, et tout le monde refusait. Nelligan soupira, de loin, personne ne pouvait remarquer, mais il commençait à la trouver moins drôle, celle-là. Il regarda un peu plus loin, aucune trace de son groupe d’amis, alors aussi bien rester là et en finir avec ce petit jeu dans lequel il s’était un peu senti contraint. Finalement, il vit de dos une brunette attraper cinq balles données par le forain qui rangea l’argent dans sa poche. Bon, finalement, une joueuse. Cette dernière se retourna, et Nelligan figea en reconnaissant Lily-Anaëlle. Son cœur s’arrêta de battre, il ne faisait que la fixer, gêné, honteux, tout ce que vous voudrez. Nelligan avait cherché le courage au fond de lui pour aller s’excuser à Lily-Anaëlle de tout ce qu’il avait pu lui faire subir, émotionnellement. Il n’avait jamais été capable de se pardonner à lui-même, alors il ne s’était jamais senti prêt à aller essayer de se faire pardonner à son ex-petite amie. Son comportement lors de leur dernière rencontre, tous les deux, quand il avait voulu qu’ils se remettent ensemble, tous les deux, avait été tellement confus. Confus au point que Nelligan n’avait plus jamais relancé Lily-Anaëlle sur la chose, la laissant probablement complètement déconcertée. Il s’en voulait tellement. Faire cela à Lily, sa Lily, était probablement sa pire erreur. Il avala de travers quand elle lui demanda ce qu’il faisait là. « Je … je joue le jeu. » Lui lança-t-il, pas en criant mais presque, vu qu’une certaine distance les séparait. Le forain intervint entre eux deux, en demandant à Lily-Anaëlle d’un ton moqueur et amusé ce qu’elle attendait pour lancer. Nelligan regarda alors son ex-copine avec un sourire désolé. Sincèrement désolé. « Allez. Vise en plein dans le mille. » Et c’était bourré d’un sous-entendu qu’eux seuls pouvaient comprendre.

Ton bras lui ne voulait pas lancer la balle qui se trouvait armée dans ta main. Même si tu avais une très forte envie de lancer cette balle, tu t'en sentais tout autant incapable. Parce que même si tu lui en voulais, tu étais incapable de lui vouloir du mal, ou même de lui faire du mal. Si tu avais su que c'était lui qui se trouverait là, tu aurait passé ton chemin, mais maintenant que tu avais payé, il était un peu tard pour faire marche arrière. Même si tu adorais ça toi, faire marche arrière. Le forain te pressait un peu et Nelligan te demanda de viser dans le mille. « J'vais faire de mon mieux alors.. » Tu jetas ta première balle qui n'alla pas très loin, comme si tu avais soufflé dessus. Comme si tu avais fait exprès d'y mettre le moins de force possible pour que la balle l'effleure à peine. Tu ne saurais expliquer pourquoi tu agissais ainsi. Après tout, si tu étais normale, tu aurais pris le plus d'élan possible pour lui faire payer un max, alors que toi, toi tu ne voulais pas qu'il tombe dans l'eau. Cette idée qui t'avait plu il y a encore quelques secondes, t'effrayait à présent. Le forain qui se trouvait à côté de toi, ne pouvait s'empêcher de rire en te disant que tu lançais la balle comme une fillette, avant de te tendre ta deuxième balle.

Le jeune homme comprenait Lily-Anaëlle, à quelque part. Parce que comme lui, elle était une personne fondamentalement bonne. Et ils ne cherchaient jamais à blesser volontairement, consciemment quelqu’un. Certes, Nelligan avait fait le plus grand mal du monde à Lily-Anaëlle, mais il n’était pas lui-même à ce moment-là. Sa rupture avec Tara l’avait plongé dans une noirceur dans laquelle il ne se reconnaissait même plus. Lily n’était pas la seule victime de cette phase sombre. Lola aussi en avait extrêmement souffert. Il avait fait ses comptes avec cette dernière. Maintenant, il fallait qu’il fasse la paix avec Lily-Anaëlle. Si seulement ils pouvaient encore se rendre jusque-là, malgré tout, malgré leur histoire. La jeune femme dit alors qu’elle ferait de son mieux, mais son mieux, ce n’était pas ce qu’elle venait de faire, là. Nelligan le savait. Il la regarda, encore légèrement attristé par leur rencontre actuelle. Le forain s’amusa, ou plutôt se moqua d’elle. Nelligan fronça les sourcils, avant de se radoucir et de regarder Lily-Anaëlle. « Je sais que t’es capable de lancer bien plus fort que ça. » Il haussa légèrement les sourcils, avec son petit regard de chien battu. « Vas-y avec ton coeur, Lily. De toutes tes forces. » Comme si ce pouvait être une thérapie pour tous les deux. Comme si Nelligan allait pouvoir s’alléger l’esprit rien que parce que Lily le fouterait à l’eau. Il rêvait en couleur s’il pensait pouvoir se pardonner juste après ça.

« Tu te trompes, je suis nulle pour lancer et encore plus pour viser. » Tu ne le quittes pas des yeux. Tu sais ce qu'il essaies de faire et même si tu comprends, tu t'en sens toujours incapable. Tu fermes les yeux un instant pour prendre une grande inspiration afin de te concentrer et de lancer ta balle. Qui n'alla pas plus loin que la première. Une fois encore le forain ne pu s'empêcher de se moquer grassement et de te lancer une pique. A ce rythme là, tes 15 dollars ne serait pas rentabiliser et ton envie de t'amuser encore moins. Tu ne savais même pas ce qui te retenait là et qui t'empêcher de prendre tes jambes à ton coup à toute vitesse tellement tu te sentais mal. « J'pense pas pouvoir faire mieux honnêtement.. » Tu attrapas la troisième balle que te tendais l'homme avec un grand rictus, déjà prêt à se moquer de toi et de ton nouvel essai. Avec ton coeur, il avait dit, mais avec ton coeur, tu ne pouvais pas lancer cette balle parce que tu ne voulais pas qu'il tombe par ta faute. Tu ne voulais pas prendre le risque de le blesser, de lui donner l'impression que tu lui en veuilles parce que même si c'était le cas, c'était ton problème, et non le sien. C'était toi le problème et ça le serait toujours. C'était toi qui devrait être à la place de Nelligan, toi qui devrait subir tout ça parce que toi tu le méritais.

Lily-Anaëlle ferma les yeux et prit une grande inspiration. Inconsciemment, je fis la même chose de mon côté, comme pour lui donner le double de courage et de concentration. En rouvrant les yeux, je constatai que la balle qu’elle venait de lancer ne fit pas un plus grand chemin que la première. Je relâchai ma respiration, déconcerté. Comme si je vivais les mêmes émotions que Lily-Anaëlle, comme si nous étions encore connectés l’un à l’autre au point de vivre les mêmes choses. Le forain se moqua encore de l’ex-copine de Nelligan, ce qui avait le don d’énerver ce dernier. En la voyant attraper la troisième balle sur cinq, le jeune homme planta de nouveau son regard dans celui de Lily. « Avance-toi un peu. » Le forain s’en mêla et refusa, disant que ce n’était pas dans les règles, que ce n’était pas juste, etc. Nelligan secoua la tête. « Je m’en fous, c’est moi qu’on fait tomber à l’eau, là, oui ? Je vous donne dix dollars de plus pour que ce soit par elle. » Il retourna la tête vers Lily-Anaëlle, et lui sourit, d’un sourire rassurant, doux, fier. Et il attendit. Nelligan insistait autant parce qu’il voulait que la jeune femme réalise que c’était comme ça que ça devait fonctionner, qu’il méritait de tomber, qu’il méritait qu’elle soit la responsable de sa chute. Parce qu’il avait été responsable de tout le reste.

Tu pris une grande bouffée d'air avant de déclarer doucement « Je devrais arrêter le massacre là non ? » C'était une question rhétorique parce que tu savais que c'était la seule chose à faire. Après tout sur cinq essai, tu t'étais déjà ridiculisé deux fois et tu savais très bien que le troisième ne serait pas le bon. Cependant, Nelligan t'encouragea à faire un pas en avant et même plusieurs à vrai dire, pour que tu puisses avoir une chance de toucher la cible même si tu lances à peine la balle. Ce à quoi le forain refuse en haussant la voix parce que ce n'était pas les règles mais c'était surtout la réaction de Nell' qui te surpris le plus. il était prêt à payer pour que tu le fasses tomber. Peu importe la façon, et le temps, il fallait que ce soit toi. Ce que tu ne comprenais pas parce qu'après tout c'était ta faute si tu n'étais pas capable de garder un homme dans ta vie. C'était toi qui était trop naze. « J'pense pas que ça va changer les choses mais j'peux toujours essayer. » Tu fis deux pas en avant, prenant ta balle dans ta main, levant le bras pour la lancer. Cette fois-ci, au moment de la jeter, tu fermas les yeux pour ne pas voir. Pour oublier un instant ton futur échec. Parce que ta vie ne se rythmait qu'à ça : des échecs successifs. Quand tu les ouvris, tu pu constater qu'il était toujours bien assis sur son petit siège et aussi que la balle n'avait pas pu quitter ta main. Ce qui commença à énerver le forain en te traitant un peu d'incapable et de d'imbécile. Pour le coup, celui-là avait oublié l'esprit forain, mais tu empêchais d'autres potentiels clients de jouer et ça l'agaçait un peu. « Je vais m'arrêter là je pense, mes essais parlent pour moi, je n'y arriverais pas, jamais. » Toute ta bonne humeur laissait place à de la tristesse.

Nelligan hocha la tête quand Lily-Anaëlle mentionna qu’elle pouvait toujours essayer, même si elle ne pensait pas que quelques pas de plus n’y changeraient quelque chose. Il voulait y croire. Il devait y croire. À ses yeux, c’était la seule façon de réparer ses torts. Alors si Lily baissait les bras, cela voulait dire qu’elle baissait les bras sur eux. Elle baissait les bras devant eux. Et ça, Nelligan ne pouvait s’y résoudre. Pas après tout le chemin qu’ils avaient fait ensemble. Pas après tous les sentiments, tous les espoirs, les rires, pas après toute cette vie échangée. Il ne demandait pas à Lily-Anaëlle de devenir sa meilleure amie. Il ne voulait simplement pas qu’ils s’abandonnent au fond du gouffre dans lequel il les avait lui-même projetés. Il aimait bien trop Lily-Anaëlle pour cela. La jeune femme prit alors la balle dans sa main et ferma les yeux, levant le bras dans les airs. Un lancer à l’aveugle ? Nelligan doutait fortement que cela arrangerait les choses, mais soit. Si ça pouvait l’aider. Cependant, Lily-Anaëlle ouvrit les yeux de nouveau et constata que la balle se trouvait toujours entre ses mains, et que Nelligan était toujours sur son tremplin, l’air déconfit. Et là, elle capitula. Pour de bon. Nelligan aussi. Alors quand le forain fit payer quelqu’un d’autre pour envoyer une balle vers lui, il décida d’activer par lui-même le mécanisme qui le ferait tomber dans l’eau. Un bruit lourd, puis un splash dans l’eau, et des rires tout autour. Une fois immergé complètement dans le cube de plastique transparent, Nelligan ouvrit les yeux et échangea un regard désolé avec Lily-Anaëlle, avant que les nombreuses bulles ne sortent de son nez et qu’il remonte à la surface.

Tu regardais autour de toi, la foule qui passait, les enfants qui rigolaient. Tu trouvais ça étrange de trouver des enfants là puisque ce n'était pas les vacances et qu'à cette heure de la journée ils auraient dû se trouver à l'école. Quand ton regard se posa à nouveau son ton ex petit copain, il venait de déclencher le mécanisme et te jetait un regard désolé. Tu n'avais pas eu le temps de lui dire de ne pas faire ça que sa tête venait de passer sous l'eau. Le forain s'exclama, il était content que le jeune homme soit tombé à l'eau même s'il l'avait fait lui-même. Il te tendis une serviette avant de se tourner vers la foule pour attirer un nouveau jeune homme sur le siège. Quant à toi, tu te précipitas vers l'entrée de la cabine pour attendre Nelligan. Même s'il faisait beau, il ne faisait pas forcément chaud et être mouillé avec un peu de vent, c'était le bon moyen pour être malade après. A la seconde où il sort, tu lui poses la serviette sur les épaules avant de prendre doucement la parole. « Pourquoi tu as fais ça ? » Tu lui tendis la serviette, attendant une explication. Parce qu'après tout, ce n'était pas en jetant dans l'eau que tout allait changer, que les choses seraient fondamentalement différentes.

Une fois remonté à la surface, Nelligan remarqua que Lily-Anaëlle s’était approché de lui. Elle aurait pu partir ni vue ni connue pendant qu’il remontait à la surface et se sortait de cette vitrine d’eau, mais non, elle était revenue jusqu’à lui avec une serviette pour le sécher. Décidément, Lily-Anaëlle était un ange. Il ne savait pas comment elle était atterrie dans un trou perdu comme Bowen, mais voilà, il n’y avait pas vraiment d’autres explications. Elle était fondamentalement bonne. Pas une once de méchanceté chez elle. Nelligan avait longtemps voulu croire cela de lui-même, malheureusement il s’était avéré égoïste, sans cœur par moment. Il aurait tellement voulu se rattraper mais, comme le regard de son ex-copine le laissait présager, ce n’était pas une simple chute dans un bassin d’eau froide qui allait changer quoi que ce soit à leur histoire. Nelligan ne s’en sortirait pas aussi facilement. Pas cette fois. Il débarqua donc du bassin d’eau et Lily-Anaëlle s’empressa de poser la serviette sur ses épaules. Il tira un peu sur le tissu afin de bien le couvrir puis releva les yeux vers la jeune femme lorsqu’elle lui demanda pourquoi il avait fait cela. Le jeune homme haussa les épaules, confus lui aussi. « J’imagine que j’en avais besoin … Plus que toi visiblement … » Ce n’était pas très clair, tout ça, comme explications. Le jeune homme soupira. « Tu voudrais aller t’asseoir à quelque part avec moi ? Je pense qu’on a besoin de parler. Il est grand temps qu’on parle, en fait. » Déclara-t-il avec tristesse, regret, tout ce que vous voudrez.

Tu aurais pu partir à toute vitesse c'est vrai, mais peut-être que pour une fois dans ta vie, tu pouvais faire face à cela. Après tout c'était toi la première qui était prête à lancer la balle pour le faire tomber. Certes tu en a été incapable mais cette idée t'avais traversée l'esprit. Mais c'était bien plus fort que toi, tu ne pouvais pas lui faire de mal, ou même lui dire du mal. Bien trop gentille pour tout ça, et c'était d'ailleurs ton plus gros défaut, si ce n'est d'avoir un cœur d'artichaut et d'être naïve. « Je n'avais aucun intérêt à te faire ça.. Et puis honnêtement, à quoi ça aurait servi ? » A rien, mais bon, tu ne pouvais pas tout contrôler, parce que si c'était le cas, tu aurais pu contrôler ta vie d'une main de fer et garder un homme, fonder une famille et avoir la vie la plus belle et la plus paisible du monde. Au lieu de ça, tu passais ta vie à enchaîner les désastres amoureux et les échecs. « Est-ce que j'ai vraiment le choix ? Je ne crois pas qu'on ait grand chose à se dire mais je suis prête à t'écouter ! » Tu ne voyais vraiment pas ce qu'il pouvait te dire parce que les choses étaient comme elles l'étaient et rien de ce qu'il pourrait dire maintenant ne pourra compter. Mais si ça permettait de l'apaiser, tu pouvais bien prendre quelques instants pour l'écouter.

« À rien. T’as raison. » Nelligan abandonnait. Il était trop dans son monde, dans son monde où tout devait toujours être beau pour qu’il s’y sente bien. Il n’arrivait pas à bien fonctionner lorsque les erreurs pendaient au-dessus de sa tête, lui rappelant à quel point des échecs parsemaient sa route. Toutefois, le jeune homme n’était pas prêt à abandonner complètement Lily-Anaëlle, à renoncer à eux complètement, ce pourquoi il lui demanda s’ils pouvaient prendre un moment pour se parler. Dans le blanc des yeux. Se dire tout ce qu’ils avaient sur le cœur. Et, dans le cas de Nelligan, s’excuser. Essayer de se justifier, même si rien ne pardonnerait ses actes lâches. La brunette ne semblait pas du tout partante, soulignant même qu’ils n’avaient sans doute pas grand-chose à se dire. Nelligan eut mal. Ces mots avaient été comme un couteau qui le transperçait. Tout en étant douce, parce que Lily-Anaëlle l’était toujours, elle était aussi assez froide à son égard. Elle n’avait jamais été aussi froide. Nelligan comprenait qu’elle l’était, mais ça ne changeait rien au fait que ça lui faisait mal. « Moi, j’ai des choses à te dire. Elles me pèsent lourd sur le cœur. » Avoua-t-il. Il se dirigea donc vers une table près d’un stand à nourriture, et il prit place en face de son ex-copine. Il prit une grande inspiration, expira, et se lança : « Je suis désolé, Lily. La dernière fois qu’on s’est vus j’ai … j’ai été impulsif, irréfléchi. » Il secoua la tête. « Ne me comprends pas de travers. Je pensais, et je pense encore, tout ce que j’ai dit. » Ses yeux étaient d’une tristesse alors qu’il les levait vers Lily-Anaëlle. Celle qui lui rappelait un moment de sa vie où tout était plus simple, plus léger. « Mais je n’étais pas à une bonne place … dans ma tête, dans mon cœur … Ce n’était pas le bon moment pour moi … » Ajouta-t-il, laissant maintenant une chance à Lily de répondre avant qu’il ne continue.
 

Tu le suis jusqu'à cette petite table, aux alentours, ils y avaient des familles, des couples, des amis, qui partageaient une bière, ou une barbe à papa. Tout de même, il ne fallait pas te laisser distraire par les alentours, parce que tu allais repenser encore plus à ce que vous avez pu manquer dans vos vies. Tu poses ton regard sur lui, essayant de te concentrer sur sa voix. Tu l'écoutes te dire qu'il est désolé, que la dernière fois qu'il t'as vu, il avait réagi de manière impulsive mais que ça n'avait pas été le bon moment, ni le meilleur des choix. Pourtant toi, tout ce qui te traversait l'esprit c'est que la dernière fois que tu l'avais vu, vous aviez mis les choses au clair, et qu'il t'avait demandé s'il était possible pour vous de reprendre là où vous aviez laissé votre histoire, en oubliant le passé. Tu te souviens aussi lui avoir laissé du temps pour réfléchir un peu, et n'avoir jamais eu de nouvelles de lui depuis. « Je ne sais pas quoi te dire, tout ce que je sais c'est que je t'ai laissé du temps pour réfléchir, et je n'ai jamais eu de tes nouvelles.. » Tu ne pouvais pas non plus lui en vouloir, parce que toi non plus tu n'étais pas allée vers lui, toi non plus tu n'avais pas cherché à savoir. Tu était bien contente de ne pas le voir, parce que ça te permettait de passer à côté d'une conversation pour entendre que ça ne le ferait pas, que c'était voué à l'échec et qu'il était désolé que ça se passe ainsi. Ne pas avoir de ses nouvelles, c'était un soulagement, une chance de ne pas te faire jeter, une fois de plus. « Nell', je ne t'en veux pas, je crois que moi-même je me suis accrochée à une idée mais je ne pense pas que ça aurait pu marcher, et je sais que maintenant, tu es avec quelqu'un, alors je te souhaite d'être heureux ! » Tu les avais vu une fois, dans la rue, d'ailleurs tu t'étais cachée parce que tu n'avais pas envie que lui puisse te voir, mais c'est en les voyant que tu avais réalisé qu'ils avaient l'air heureux, et que jamais vous pourriez retrouver ça. « Et surtout ne vient jamais à penser que tu n'es pas assez bien pour elle. » Tu lui adressas un petit sourire, tu ne voulais pas qu'il refasse la même erreur qu'avec toi.

Nelligan hocha la tête. Lily-Anaëlle avait toutes les raisons du monde de garder autant ses distances et de ne pas s’étaler sur ses réponses. Pour elle, leur conversation devait être un mauvais moment à passer, sans doute était-elle venue ici pour s’amuser, comme tout le monde, et son passé s’était mis dans son chemin. Entre Nelligan et elle, le passé se mettait toujours dans leur chemin. « Je sais. J’ai été lâche. Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas, à ce moment-là, me replonger dans une histoire amoureuse et … et j’ai été trop lâche pour venir te le dire en face. Je m’en excuse. » Nelligan avait tellement honte de ses actes, ou plutôt des actions qu’il n’avait pas entreprises. S’il avait pu revenir dans le temps, il était certain qu’il ferait les choses différemment avec Lily-Anaëlle. Parce qu’elle comptait tellement à ses yeux, malgré les apparences, malgré les silences. À ses yeux, elle resterait à tout jamais sa toute première flamme. Contre toute attente, la brunette reprit en lui assurant qu’elle ne lui en voulait pas, mentionnant qu’elle-même pensait que ça n’aurait pas pu fonctionner. Et elle ajouta qu’elle savait qu’il était maintenant avec quelqu’un, ce qui le fit rougir et baisser les yeux. Il aurait voulu le lui dire par lui-même, pas qu’elle le découvre comme s’il le lui cachait. Avant qu’il ne puisse ajouter quelque chose, Lily lui demanda de ne jamais en venir à penser qu’il n’était pas assez bien pour elle. Il lui adressa également un mince sourire, touché par ses paroles. « Je ne ferai plus jamais cette erreur, c’est promis. Je sais maintenant à quel point j’ai à perdre si c’était à se reproduire. » Parce qu’il l’avait perdue, elle, et qui sait ce qu’ils auraient été aujourd’hui si Nelligan n’avait pas été aussi idiot. « Je sais que ça ne pourra plus jamais être comme quand on était adolescents, toi et moi, je ne suis pas naïf. Mais … Je ne veux pas que tu conserves un goût amer de notre relation, Lily … Je ne veux pas être un mauvais souvenir … » Dit-il avec tristesse dans la voix et dans le regard.