hit me with your best shot -r.

Tu l'écoutais te dire qu'il n'était pas prêt mais qu'il aurait dû agir autrement. Même si tu étais d'accord avec cette idée, pour toi au final, ça n'avait pas été plus mal. Tu n'étais pas certaine d'avoir pu gérer cette relation si elle avait eu lieu. Et tu n'aurais pas aimé lui briser le coeur, même involontairement. Depuis la fois où tu l'avais vu, tu avais essayé de profiter de ta vie, en essayant les coups d'un soir, même s'il fallait avouer que tu étais mauvaise pour ça. Tu t'attachais trop vite pour que ça puisse fonctionner. Tu aurais aimé ne pas avoir un coeur aussi sensible, mais il n'y avait aucun remède pour ça. Tu devais faire avec ce que tu étais. Et tu te sentais heureuse en l'entendant te dire qu'il ne referait pas cette erreur. Certes, tu avais été celle qui en avait empathie, mais grâce à cette discussion la dernière fois, tu avais pu lui faire comprendre que c'était un homme bien et qu'il ne devait jamais en douter. « Ce n'est pas parce que tu fais des erreurs que ça fait de toi un homme mauvais, l'erreur est humaine, et le reconnaître, c'est ça qui fait de toi un homme bien ! » Tu lui fis un grand sourire, tu avais posé ta main sur la sienne. Ta voix était douce, et si Léo, ou même Jade avaient été là, ils n'auraient sûrement pas approuvé ta manière de faire. Tu continuais d'être trop gentille, ils te diraient de te défendre, de ne pas te laisser faire ainsi parce qu'il avait bafoué ton honneur, parce qu'il s'était foutu de toi et que tu ne devais pas laisser passer ça. Toi, tu préférais chasser ces petites voix parce que tu n'avais aucune raison de lui en vouloir, ça ne te ferait pas avancer dans ta vie et c'était ce que tu voulais maintenant : aller de l'avant. « Nelligan Malinoswki, tu ne sera jamais un mauvais souvenir, avec tout ce qu'on a vécu.. J'veux dire que tu as quand même était mon premier, et ça, ça ne peut pas être négatif. Même si on a pas eu la vie qu'on espérait tous les deux, je ne regrette rien de ce qu'on a vécu ensemble ! »

Il aurait voulu le savoir, ça, que Lily-Anaëlle n’entrevoyait pas tant que ça, finalement, elle non plus, une relation entre eux deux. Un nouveau départ. S’il avait su qu’elle avait eu ses doutes, elle aussi, après cette rencontre pleine d’espoir dans l’appartement de Nelligan, il se sentirait sans doute bien moins coupable aujourd’hui. Certes, toute trace de honte et de culpabilité ne disparaîtrait pas aussi facilement, mais au moins il n’aurait pas eu l’impression d’avoir écrasé le cœur de Lily entre ses mains avant de le noyer au fond de l’océan. Là, c’était exactement l’image qu’il avait en tête. Il avait ce sentiment d’avoir brisé son pauvre cœur deux fois dans une même vie et, pour une femme aussi exceptionnelle que Lily-Anaëlle, c’était bien trop. Elle n’aurait jamais dû souffrir, ni par sa faute, ni par celle d’un autre homme. Elle méritait la vie presque parfaite qu’elle attendait depuis si longtemps. Elle méritait d’avoir tout ce qu’elle voulait, sa belle Lily-Anaëlle. Et Nelligan se désolait de constater qu’il n’était pas l’homme qui pourrait tout lui donner. Lui décrocher la Lune. Il aurait aimé être cet homme. Mais il l’était pour une autre femme.

Après avoir parlé d’erreur, la brunette lui assura que le fait d’en faire ne le rendait pas mauvais, au contraire, il était bien puisqu’il les reconnaissait. Il sourit. Il baissa finalement les yeux vers leurs deux mains, celle de Lily posée sur la sienne. Pourquoi avait-il fallu qu’ils se perdent, tous les deux ? Pourquoi avait-il fallu qu’il soit aussi ignorant face à la vie, pour tourner le dos à une femme aussi unique ? Nelligan posa son autre main par-dessus celle de Lily-Anaëlle, enfermant ainsi sa petite main entre les siennes. « Maintenant je sais que j’avais raison, il y a plus de dix ans. Tu es trop bien pour moi, Lily-Anaëlle Hadley. » Et il rigola. Il n’attendait pas de réponse de la part de la jeune femme, elle savait qu’elle réfuterait son compliment. Parce qu’elle était comme ça, Lily, à vouloir remonter les autres pour mieux se descendre elle-même. Alors qu’elle était tout là-haut, bien trop haute, avec sa vieille âme et sa sagesse. C’est alors que Nelligan lui dit qu’il espérait qu’elle ne garderait pas un souvenir amer de lui, d’eux. « Je ne regrette rien non plus, Lily. Tu m’as appris à aimer. Et à m’aimer, aussi, même si ça n’a pas été assez pour moi, tu m’as quand même montré ce qui était beau et ce que je ne voyais pas en moi. » Le jeune homme marqua une pause, libérant finalement les mains de son ancien amour, lui souriant. « Je te souhaite de trouver tout ce que tu cherches, Lily-Anaëlle. Tout. »

Tu aurais pu le contredire, lui dire qu'il avait pas tout à fait raison et que ce n'était pas parce que tu était gentille que tu étais trop bien pour lui, mais honnêtement, tu aurais perdu ton temps. Tu ne pouvais pas lui faire entendre raison, tu n'y arrivais pas il y a dix ans alors ce n'était pas aujourd'hui que tu allais réussir. Tu te contentas de lui faire une jolie grimace suivie d'un sourire. Au moins les choses étaient dites. La dernière note de cette conversation te rendait triste parce que tu pouvais enfin tourner la page de cette histoire, non pas sans une larme. Tu n'avais pas réalisé à quel point cela pouvait être compliqué d'avancer dans la vie, mais maintenant que tu pouvais faire un trait sur Nelligan, tu sentais un vide en toi. Comme si tu étais seule, bien sûr, si tu avais besoin de lui un jour, tu pensais pouvoir compter sur lui, puis tu finirais bien par le revoir un jour ou l'autre, ce n'était pas comme si vous alliez vous quitter pour de bon, mais tout de même tu ressentais un pincement au cœur. Et tu étais aussi très fière de pouvoir avancer dans ta vie, c'était un pas de géant pour toi, et tu aurais aimé pouvoir faire amende honorable avec les autres comme tu l'avais fait avec lui.  « Et moi je te souhaite d'être heureux avec elle ! » Tu te levas pour l'enlacer une dernière fois, avant de reprendre ton chemin dans ce fabuleux festival, le cœur triste mais léger.