hit me with your best shot • carter

J’avais toujours aimé les sports de combat, je faisais d’ailleurs de l’escrime depuis que j’étais gosses. J’étais plutôt bon d’ailleurs, j’avais même participé à plusieurs compétitions, remporté quelques trophées durant ma jeunesse, j’avais même trouvé le temps, à New-York, malgré mon travail, d’en faire un peu. Cette pratique alliait discipline et respect, deux valeurs qui m’étaient chères. À peine avais-je posé mon pied sur le sol australien, qu’il m’avait fallu chercher un club. Je n’avais rien trouvé de tel à Bowen, la ville était trop petite et l’escrime ne semblait pas être très populaire par ici. Malgré tout, je m’étais tourné vers un autre sport de combat, plus corps à corps : le self-défense. En la personne de Carter, j’avais trouvé le meilleur professeur. Depuis que nous avions commencé les entrainements ensemble, il m’avait déjà flaqué par terre plus d’une fois. Malgré tout, j’étais volontaire et apprenais vite, j’avais bon espoir, un jour, de prendre ma revanche. Short et tee-shirt de sport sur le dos, j’arrivai sur le tatami après avoir défait mes chaussures. Carter était déjà là.
— Toujours en avance ! lançai-je en riant.  
Je m’avançai pour lui serrer la main, souriant.
— Je vois quelqu’un ce soir, alors si tu pouvais ne pas me mettre en miette pour cette fois, je t’en serais très reconnaissant.

Tu essayais au fur et à mesure de changer de métier, tu en avais marre de faire toujours la même chose dans ce foutu magasin d’informatique, qui était ta couvertures depuis plusieurs années maintenant. Alors tu utilisais ce que tu savais le mieux faire : tes compétences dans les arts-martiaux. Grâce au MI6, tu avais acquis des compétences très fortes dans ce domaine là et c’est vraiment quelque chose qui te plaisait énormément. C’était ton dada. Alors tu avais posé des affiches un peu dans la ville et surtout au gymnase, qui expliquaient que tu pouvais donner des cours d’arts-martiaux à n’importe qui. Et pourquoi pas, en faire ton métier par la suite, ça serait une bonne idée. Au fur et à mesure, tu avais eu un client régulier. Henri Dickerson. Il était la toute première personne qui avait répondu à ton appel, et tu avais un bon feeling avec cet homme. Tu étais dans le gymnase et tu attendais le jeune homme, alors que tu étais déjà prêt. Il entra quelques minutes après toi alors que tu étais entrain de t’étirer. « On change pas une équipe qui gagne » répondis-tu en riant avec lui. Tu serrais sa main pour le saluer. « Oh, rendez-vous galant ? » demandas-tu indiscrètement au canadien. Puis tu ris légèrement. « Promis, j’essaye de faire de mon mieux alors » ajoutas-tu en lui faisant un clin d’oeil. Tu continuais à t’échauffer les muscles et le jeune homme t’imitais.

— On peut rien te cacher ! fis-je en laissant échapper un petit rire, et merci, c’est très gentil.
Arrivé à un rendez-vous galant complètement boiteux ou le dos en vrac n'était pas vraiment du meilleur effet, et je savais par expérience que le self-défense n'était pas toujours de tout repos, il m'était arrivé quelque fois de rentrer à mon hotel complètement cassé après une séance avec Carter.
Mon entraineur commença les étirements et je l’imitais aussitôt. Mes muscles avaient clairement besoin d’être déliés. Je passais le clair de mes journées avachis sur un ordinateur, ou bien débout au téléphone – j’avais la manie de devoir faire les cent pas pendant que je passais mes appels, notamment. Bref, j’avais peu, dans mon travail, l’occasion de m’étirer. Je sentais les légères tensions s’estomper à mesure que je faisais les exercices et je fus rapidement prêt. Je me tourner alors vers Carter, le sourire aux lèvres.
— Alors, boss, on s’attaque à quoi aujourd’hui ?

Tu riais légèrement lorsque le canadien confirma tes dires. « On va y aller doucement, promis » rétorquas-tu, toujours en riant. Vous continuez les étirements et les échauffements pendant quelques minutes. Tu ne savais pas vraiment ce que vous alliez faire de cette séance, mais tu allais tout faire pour ne pas le faire sortir avec une égratignure, le Henri. Ca te faisait du bien, de changer un peu de tes habitudes, de ton travail qui, au final, ne te plaisait plus autant qu'au début. Longuement, tu avais pensé à changer de voix quitter définitivement les services secrets britanniques pour te reconvertir dans quelque chose qui te passionnait plus que de passer ton temps à risquer ta vie pour récolter des informations pour ton pays. Mais il te fallait un peu d'entrainement avant de te lancer pleinement dans ce métier. Et Henri faisait un bon cobaye pour le moment. Tu t'en sortais pas trop mal. « Qu'est-ce que tu veux travailler ? » demandas-tu lorsque l'agent littéraire te demanda quel était le programme de cette session. Tu n'avais pas envie non plus de ne pas lui laisser le choix et de faire ce qu'il te chantait. Après tout, tu étais payé pour que le client soit satisfait et qu'il apprenne quelque chose qu'il voulait vraiment apprendre.

— Merci, j’apprécie, fis-je en riant.
Carter et moi nous échauffâmes encore un peu, c’était une partie à ne surtout pas manquer. Le self-défense étaient déjà suffisamment intense, les muscles et les articulations en voyaient de toutes les couleurs, l’idée n’était pas de se faire mal, du moins pas trop, ou pas par manque d’étirement en tout cas. J’étais heureux d’avoir rencontré Carter, c’était à mon avis un excellent prof. Ses conseils étaient toujours utiles et je lui faisais une confiance aveugle. Quand il me demanda ce que je souhaitais travailler, je me contenter d’hausser les épaules.
— Rien de particulier, je te suis.
Le cours se déroula sans le moindre accro, les étirements avaient était fait correctement, et comme il l’avait promit, Carter ne me cassa pas en mille morceau, ce que j’appréciai grandement. Essoufflé et dégoulinant de sueur, j’attrapai ma bouteille d’eau que je vidais quasiment d’une seule traite à la fin du cours. Je repris ma respiration, mon cœur battant encore à tout rompre dans ma poitrine quand je me mis à rire.
— Tu sais quoi ? interpellai-je mon prof, je suis content d’être ton ami. J’ose même pas imaginer ce que tu réserve à ceux que tu n’aimes pas beaucoup.

Tu prenais plaisir à faire ça, comme si ça te vidait la tête de faire du sport autant. Et c’était tant mieux. Tu extériorisais de cette façon. Alors vous commenciez votre entrainement après vous êtres échauffés, et tu ne laissais pas un moment de répit au canadien. Mais comme tu l’avais promis, tu ne lui abimais pas son joli minois. Mais la séance fut quand même intense et forte en émotion. Alors après une bonne heure et demi de pratique, vous vous arrêtiez et cela te faisait sourire de voir qu’Henri se jetait sur sa bouteille d’eau pour en boire la quasi totalité en quelques secondes. Tu pris la tienne et tu en bus quelques gorgées à ton tour. A sa remarque, tu ne pus t’empêcher de rire. « Pas de quartier pour les autres » répondis-tu toujours en riant. Tu avais tué des gens, avec la seule force de tes poings, mais ça tu t’en cachais bien de le dire à qui que ce soit. C’était pas un truc dont t’étais énormément fier après tout. « J’t’ai jamais demandé, mais pourquoi t’as décidé de prendre ces cours de self-défense ? » demandas-tu au brun après avoir posé ta bouteille au sol. Tu attrapais ensuite ta serviette pour essuyer toute la sueur qui dégoulinait sur ton front, reportant ton regard sur le jeune homme que tu entrainais et qui avec le temps était devenu un ami.

Je peinais à reprendre mon souffle après notre séance de self-defense, mais cela me faisait un bien fou de me défouler de la sorte. J’avais toujours aimé le sport, les sports de combat en particulier. J’avais déjà fait des compétitions d’escrime notamment, lorsque j’étais ados et plus tard, j’avais fait un peu de boxe aussi, mais assez brièvement. Le self-defense ? C’était venu sans réfléchir, par ailleurs, je pensais avoir un grand besoin de décompresser.
— Je sais pas trop, répondis-je. J’ai…je crois que j’avais simplement besoin de ça. Ce moment où tu ne penses à rien qu’à placer tes gestes. C’est assez libérateur pour moi.
Le palpitation de mon cœur reprenait un rythme normal, et j’attrapai une serviette pour essayer la sueur sur mon visage et dans mon cou. Puis je me mis à rire doucement.
— Bon, ok…en fait, j’ai pas trouvé de club d’escrime et je suis tombé sur ton annonce par hasard. Mais je regrette pas, t’es un super prof !

Ca avait été une dure séance mais ça faisait du bien de se défouler ainsi. Depuis que tu étais à Bowen, tu ne faisais que courir de temps en temps. Maintenant que tu avais repris le sport à fond, tu te sentais beaucoup mieux. Et surtout, ça t’avait aidé pour arrêter de boire. Et c’était pas négligeable. Ton hygiène de vie était plus saine, et c’est ça que tu voulais transmettre aux gens. « Je comprends totalement ton point de vue, c’est pareil pour moi » répondis-tu avec un sourire. Tu attrapais ta bouteille d’eau et tu finis le reste de cette dernière. Ton corps se sentait beaucoup mieux petit à petit et ton coeur cessait de battre la chamade. La réponse sincère d’Henri te faisait rire. T’avais posé des petites annonces un peu partout dans la ville, en essayant de trouver des clients au plus vite et il était le premier à être tombé dessus. Bon, tu pratiques pas escrime donc tu ne pourrais pas l’aider là dessus, mais ça te faisait plaisir qu’il ait quand même pensé à toi et qu’il t’est contacté. « Oh, tu fais de l’escrime ? C’est bien un truc que j’ai jamais fais ça ! » dis-tu pensif. C’est pas dans tes entrainements militaires qu’il y avait de l’escrime, c’est sur. Mais ça pourrait être cool d’apprendre un truc en plus.

Carter était mon entraineur, mais il était devenu un ami aussi. Je connaissais assez peu de choses sur lui, c’était vrai, mais il nous était arrivé de partager un verre après notre séance et de discuter un peu. J’appréciais sa manière d’être et de penser, et, quelque part, je me reconnaissais dans certains de ses traits de caractère. Je m’étonnais, toutefois, de ne lui avoir jamais parlé de l’escrime. Ce sport avait fait parti de ma vie durant de nombreuses années, il avait forgé l’homme que j’étais, notamment grâce à la discipline que j’y avais apprise.
— J’en ai fait longtemps, dis-je, j’ai même participé à quelques championnats, gamin. J’aimais beaucoup le côté très…rituel de l’escrime, le salut etc. Ca m’a toujours plu.
En en discutant, je remarquai à quel point cela m’avait manqué.
— Je n’ai pas eu vraiment l’occasion…ni le temps, d’en faire à New York. Si ça te tente, on pourrait essayer d’en faire ensemble ? Il faut un équipement approprié et assez couteux, d’ailleurs, mais ce n’est pas infaisable.

Après les nombreuses séances que tu avais fais avec Henri, tu apprenais encore à le connaître. Et c’était devenu un ami. Et dieu sait que des amis, tu n’en as pas beaucoup dans cette ville ou même dans ta vie en général. En même temps, t’étais pas des plus sociables. Heureusement, ta relation avec Tahlia t’avait fait t’ouvrir un peu plus aux gens et tu étais moins bougon qu’avant. Le canadien te parla alors du sport qu’il faisait plus jeune, et tu lui répondis alors que de ton côté, tu n’avais jamais pratiqué. Mais pourquoi pas essayer ? C’était une bonne idée. « Tu pourrais être mon prof, ça serait cool d’apprendre. Et on inverserait les rôles pour une fois » dis-tu en riant légèrement. Tu étais carrément tenté par l’idée, et ça te permettrait aussi de penser à autre chose qu’a tous tes problèmes du moment. Et surtout, te vider l’esprit encore plus que lorsque c'est toi qui donne des cours. « Ah mais moi j’suis totalement partant ! Pas de soucis pour l’équipement, tout ça. On trouvera bien ! » dis-tu avec un sourire aux lèvres. T’étais un enfant, en vrai. Parce que tu étais trop impatient à l’idée d’apprendre un truc que le MI6 ne t’avais pas appris, un autre sport de combat.

Je souris à Carter, puis avalai une nouvelle gorgée d’eau. Je commençai peu à peu à reprendre mon souffle. Je hochai la tête.
— Ouais, ce serait cool ! accordai-je. Et ça me ferait plaisir de t’apprendre l’escrime. C’est un sport très…noble, je trouve. Ca m’a toujours fasciné, depuis gamin. Puis…t’as déjà la posture qu’il faut, la rigueur, donc t’apprendra vite.
Je ne me faisais aucun souci pour Carter, même s’il n’avait jamais touché une épée d’escrime, il s’en sortirait très bien. Il avait plus d’une corde à son arc, cela se voyait. Il avait beau être assez discret, je devinai sans aucun mal que mon instructeur en avait sous le pied. Il était partant pour l’escrime, et cela me faisait plaisir. Cela me manquait de pratiquer, je devais bien l’avouer.
— Oui, je suis certain qu’on peut trouver ça. Suffit de chercher un peu !
Je souris à mon entraineur puis m’avançai pour lui serrer chaleureusement la main.
— Bon, Cart’, merci pour l’entrainement. Pour les bleus, les courbatures, tout ça. On s’voit plus tard ?
J’éclatai de rire, puis quittai la salle en le saluant une dernière fois.

On peut cloturer là, si tu veux