I can't stop this breaking loose -r.

Amy était revenue à Bowen depuis quelques semaines, mais avec son horaire de retour chargé et l’horaire de Maxence chargé en permanence dû à son poste de juge à Brisbane, ils n’avaient pas eu la chance de se revoir avant aujourd’hui-même. Maxence avait proposé de se rendre dans leur bar-resto habituel d’avant, dans lequel ils se réunissaient souvent pour prendre un verre pour parler de tout et de rien. Au départ, ça avait commencé par de nombreuses bières lorsqu’ils étaient tous les deux dans la vingtaine, puis avec le temps et le sérieux obligatoire de Maxence, juste un ou deux verres de temps en temps, question d’entretenir cette amitié qui les unissait. Finalement, depuis le départ d’Amy pour Paris pendant cinq ans, ce resto-bar avait été délaissé des deux amis. Ce n’était que lorsque Maxence prenait lui-même l’avion pour Paris qu’ils renouaient de nouveau. Sinon, les échanges et les nouvelles ne se transmettaient que par courriel et via les réseaux sociaux. Sans plus. Maxence avait donc été plutôt réjoui d’apprendre qu’Amy revenait aux sources. À Bowen. Leur petite ville à tous les deux. Bref, Maxence arriva vers 18 :00 dans ce petit bistro du coin des commerçants, et il alla s’asseoir à une petite table sur le bord de la fenêtre, du côté de la rue. Il verrait donc Amy arriver, et c’était plutôt le meilleur spot de l’endroit. Il commanda un petit plat d’olives diverses à partager avec son amie lorsqu’elle arriverait. Cinq minutes plus tard, il la voyait traverser la rue, et celle-ci lui envoya la main avec enthousiasme. Il lui rendit ses salutations avec un grand sourire bien heureux. Il se leva tout de suite quand elle franchit la porte du bar et qu’elle se dirigea vers lui. Sans plus tarder, Maxence l’entoura de ses longs bras musclés et la serra dans ses bras tellement fort qu’il aurait pu la briser en mille miettes si elle avait été faite de porcelaine. « C’est bon de te revoir dans ce décor, Amy. Ça me ramène sept ans en arrière. » Il se détacha de la jeune femme, pour la regarder, pour l’admirer, et puis il s’assit en même temps qu’elle, croisant les bras sur la table. « Comment se passe ton retour ? » Maxence espérait qu’elle lui parle un peu de Jackson, donc qu’elle aurait été lui rendre visite. Il aurait tellement voulu que ça fonctionne, entre ces deux-là.

De la serrer dans ses bras, là, c’était un pur moment de bonheur pour Maxence. Amy était vraiment comme la petite sœur qu’il n’avait jamais eu la chance d’avoir. Le trentenaire n’avait que des demi-frères et des demi-sœurs, dû au remariage de son père, mais ce n’était pas du tout la même relation qui les liait. Il ne vivait pas ce lien intime et cet amour inconditionnel avec eux. Pourtant, ce n’aurait pas dû être le cas avec Amy non plus ; après tout, ils n’avaient pas vécu toute leur vie ensemble. Pourtant, depuis leur adolescence, ils nourrissaient cette amitié sans jamais négliger l’autre, ce qui avait fait en sorte qu’aujourd’hui Maxence la considérait réellement comme une petite sœur. Toujours prêt à la protéger. À la défendre contre le monde entier s’il le fallait. C’était aussi peut-être à cause du fait qu’il avait autant suivi le procès en lien avec son père. Maxence avait si obsédé par cette histoire qu’il avait eu l’impression d’être de la famille des Clives. Pourtant, ça n’avait été qu’une curiosité de jeune garçon trop intéressé par les meurtres et autres litiges. Mais Amy avait quand même su l’accueillir à bras grands ouverts dans son chagrin, puis dans sa vie.

« 7 ans en arrière, que le temps passe vite! » Maxence hocha la tête en soupirant. « Trop vite, oui. » Déclara-t-il avec une certaine nostalgie dans la voix. C’était tout à fait ça. Le jeune homme allait bientôt en être à la mi-trentaine et il n’avait pas vraiment l’impression d’avoir vécu, à bien y penser. Beaucoup lui diraient que c’était sa faute, qu’il n’avait qu’à ne pas passer sa vie à travailler. Peut-être. En même temps, il ne voyait pas ce qu’il ferait d’autre. Tout était si compliqué. Mais ça l’était toujours moins quand il se retrouvait avec de bons amis comme Amy. « On a fait tellement de bêtises ici que je me demande bien comment va se terminer cette soirée. » En s’asseyant de nouveau à sa place, Maxence rigola en secouant la tête, comme en signe de refus. « Ouais, je me souviens bien de nos conneries mais non, là tu sais, depuis que j’ai été nommé juge, je ne peux plus me permettre toutes ces bêtises. » Avoua-t-il avec un certain regret, parce que même si Maxence avait toujours été quelqu’un de très droit et sérieux, il fallait avouer qu’avec Amy, il avait toujours su relâcher le stress et décompresser. Malheureusement, maintenant qu'il était à la Cour Suprême du Queensland, ce n’était plus vraiment possible pour lui de terminer ses soirées comme avant. Le trentenaire questionna finalement Amy sur son retour, et celle-ci lui expliqua qu’elle était ici depuis deux semaines, qu’elle avait passé du temps avec ses parents, mais pas avec lui. Pas avec Jackson. Maxence hocha la tête. « Que comptes-tu lui dire ? » Parfois, d’en parler avant, de se visualiser, ça pouvait aider.

Son corps qui n’acceptait pas son vieillissement ? Maxence haussa les sourcils en prenant un air faussement offusqué. Amy était bien la première à lui dire qu’il avait pris un coup de vieux. En même temps, ils ne s’étaient pas vus beaucoup en cinq ans, alors il était certain que pour elle, la transformation de l’homme était notable. Quelques petits cheveux blanc-gris qui apparaissaient par-ci et par-là, et effectivement quelques rides notamment aux extrémités des yeux. Maxence n’était pas réellement choqué par ce qu’Amy venait de lui dire, mais quand même, c’était difficile de se le faire dire pour la première fois. Sa jeunesse était effectivement derrière lui, et même si plusieurs disaient que trente ans, c’était le nouveau vingt ans, Maxence ne le voyait pas du tout de cet œil-là. À vingt ans, il avait pas mal moins de responsabilités et il pouvait prendre plusieurs verres avec Amy sans avoir peur des répercussions. Maintenant, c’était une toute autre histoire. Maxence devait suivre les règles, les coutumes et les conventions sociales, le tout à la lettre, afin d’éviter qu’un avocat de la défense ou tout autre personnalité juridique ne lui remette son attitude sous le nez. Bref, tout cela pour dire que la trentaine, oui, ça le faisait sentir plus vieux. D’autant plus maintenant que son amie se trouvait devant lui et qu’elle n’avait pas beaucoup changée. Autant physiquement que psychologiquement. « T’es pas gênée, toi, de me traiter de vieux ! » Blagua-t-il en riant. Avec n’importe qui, Maxence aurait pu le prendre personnel, mais pas avec elle. Ils avaient trop partagé.

Quand le juge lui avoua, à regret quand même, qu’il ne pouvait plus faire la fête autant qu’avant, Amy fit la moue avant d’hausser les épaules et de lui avouer qu’elle était fière de lui. Venant d’elle, ça voulait dire beaucoup. Il sourit. Elle savait à quel point il avait bossé dur et fort pour obtenir ce poste. Maxence n’avait pas terminé son ascension vers la gloire, il restait des tribunaux encore plus hauts dans la hiérarchie, mais il savait aussi se contenter de cela si jamais il n’arrivait pas à être nommé pour une plus haute instance juridique. « Merci. » Dit-il, avant qu’elle ne souligne le fait qu’elle était quand même déçue de ne plus pouvoir faire la fête comme avant, et qu’elle devrait profiter de la soirée pour deux. Maxence secoua la tête. « Non mais attends j’ai pas dit que je pourrais pas en profiter, hein. J’dis juste que plutôt de sortir d’ici en rampant, j’vais juste avoir le cœur un peu léger. » Le jeune homme ne pouvait quand même pas refuser tout alcool en compagnie d’Amy. Et puis, le juge buvait sur une base quotidienne, un verre de vin par soir et parfois deux. Ce n’était donc pas quelques bières qui allaient lui faire perdre la tête.

Dernier sujet de discussion avant de commander ces alcools, justement, c’était Jackson. Maxence questionna Amy à savoir ses plans pour leur première rencontre. Elle n’avait pas l’air de vraiment savoir non plus où elle s’en irait, une fois devant lui. Il fit une moue. « J’aimerais pouvoir t’aider et te dire à quoi t’attendre mais … je n’ai pas parlé à Jackson depuis ton départ. » Avoua-t-il. Il aurait aimé conserver un lien avec Jackson, mais vers la fin, c’était devenu bien trop difficile. Amy avait réussi à faire le pont entre eux deux depuis que Maxence avait mis Jackson à la porte – de façon très correcte, contrairement à sa famille -, mais avec son départ, Maxence avait pris ses distances d’avec Jackson. Et Jackson n’avait pas cherché à garder contact non plus. La vie suivait son cours.