Don't go breaking my heart - r

Anton Nicholas Holling avait passé une fin d’année 2015 excellente. Il commençait à ressentir, depuis plusieurs mois avant déjà mais encore plus en cette période de fêtes, un amour très sincère pour Anna Inan. Une jolie et intelligente femme d’origine turque qu’il avait eu le plaisir de rencontrer à Bowen. Cette femme occupait son esprit constamment et l’avoir auprès de lui le rendait toujours heureux. Il avait, en général, démontré beaucoup d’attention à l’égard de la jeune femme par divers petits gestes ou surprises. Un vrai gentleman qui évitait qu’une routine ennuyeuse ne s’installe.

Anna était pour la première fois à Londres, il s’était fait une joie de lui montrer les endroits de la ville qu’il affectionnait particulièrement. Les rues étaient animées, l’esprit du nouvel an incroyablement fort.
La belle brunette devait repartir à Bowen début janvier, quant à Anton, ses obligations le retenait à Londres. Bien qu’il aimait l’animatrice, il était difficile pour lui de tout plaquer ce qu’il avait dans sa capitale européenne. Des obligations de divers ordres le retenait et partir sur un coup de tête (bien que cela lui aurait probablement plu) n’était pas la chose la plus judicieuse à faire.


Il avait prévu toutefois de faire une surprise à Anna pour la St Valentin en allant la voir en Australie, mais un empêchement de dernière minute l’avait contraint à reporter ses projets. Il s’était contenté alors de lui faire faire livrer un petit cadeau et une carte sur laquelle il avait écrit des mots tendres. La longue distance en plus du décalage horaire rendait la communication plus difficile bien qu’ils utilisaient tous les moyens technologiques possibles pour se donner régulièrement (si ce n’est quotidiennement) des nouvelles. Appels, SMS, MMS, Mails, Skype tout y passait.


Tout début mars, Anton était en ce jeudi soir encore à l’hôpital. De garde. Son téléphone était éteint. Ce n’est que le vendredi matin quand il le récupéra dans son vestiaire qu’il remarqua de nombreux appels manqués venant d’un numéro inconnu. Il semblait que l’indicateur téléphonique désignait l’Australie.
Il décida de rappeler le numéro mais tomba sur une messagerie neutre ne laissant pas apparaître le nom de la personne. Il laissa alors un message et continua sa journée un peu perturbé par cet appel inhabituel.
A vrai dire, il s’inquiétait pour Anna. Si quelqu’un l’appelait au sujet de cette dernière ? Il s’apprêtait à l’appeler quand il reçu simultanément un nouvel appel du numéro inconnu.
Le médecin fût totalement surpris cette conversation téléphonique impromptue et pensait à une mauvaise blague au départ. Il ne comprenait pas bien ce qui se passait et essayait de reconstituer les pièces du puzzle dans sa tête. Impossible. Anton avait beau tourner dans sa tête, les pièces dans un sens ou l’autre, ça ne collait pas. ça ne pouvait pas être vrai. Le soucis, c’était que cette situation, réelle ou non, l’embarquait dans une histoire compliquée et la jeune femme au bout du fil était elle aussi tout autant surprise et embêtée par ce problème surgissant de nulle part.

Il n’était pas possible de régler les choses par téléphone et encore moins possible d’en parler autour. Le pédiatre travaillait et ne pouvait pas partir du jour au lendemain à l’autre bout de la planète. Surtout qu’il ignorait combien de temps ça allait prendre cette histoire là. Il demanda à l’interlocutrice de lui fournir ses coordonnées et de son côté, il devait faire quelques recherches administratives avant de partir pour l’autre continent.
Il partirait une dizaine de jours plus tard selon les tarifs des vols.

En attendant, il fallait avouer que cette nouvelle lui avait comme glacé l’esprit. Lui même avait du mal à y croire alors l’évoquer à quelqu’un d’autre n’était pas imaginable. En tout cas, le numéro ne provenait pas de Anna, c’était rassurant. Ce qui ne l’était pas, c’était qu’elle ne devait absolument pas savoir cette embrouille. Anton qui l’aimait énormément se voyait déjà galérer à lui cacher la vérité. C’est pourquoi, il fût un peu distant et les communications avec sa belle brunette furent ralenties et moins fréquentes jusqu’à ne plus donner de nouvelle depuis 5 jours avant son départ.

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Plusieurs jours s’étaient écoulés sans prendre de nouvelles d’Anna ni même en donner. Cette façon de la fuir était peut-être trop radicale, peut être que ça réveillerait au contraire des soupçons. Il s’en rendit compte ce qui le mena à lui expédier un tout dernier SMS juste avant de prendre son vol pour l’Australie.
De longues heures après, il se retrouvait de nouveau sur le sol Australien. Il loua alors une voiture et réalisa qu’il devait trouver un logement temporaire. La maison qu’il occupait en Australie l’année précédente n’avait été qu’une location le temps de quelques mois. Il avait terminé les contrats en repartant en Angleterre.

Anton hésita à contacter Léo, son cousin ou bien Andrea. Finalement, il décida de prendre un hôtel quelques nuits le temps de décider ce qu’il allait faire. La première chose étant de rencontrer l’interlocutrice inconnue.
Il tournait en rond dans sa chambre d’hôtel en remarquant que Anna lui avait envoyé deux messages depuis qu’il avait pris le vol. Il hésitait à répondre et s’apprêtait à taper quelque chose. Finalement il se retint et décida d’aller prendre l’air. S’aventurer dans les rues de Bowen n’était pas un problème pour lui, il connaissait les lieux. Il devait rencontrer ladite personne le lendemain soir et ne savait pas encore comment il allait s’y prendre.

En attendant, le soleil occupait le ciel ce qui lui permit de commander un café et d’aller en terrasse. Le pédiatre avait pris le temps d’acheter un journal et s’installait à la table en essayant de se détendre un petit peu. Pas longtemps car juste après qu’on lui apportait sa boisson, il reçu un nouveau SMS de Anna qui prenait de ses nouvelles. Il lu le message mais décidait de ranger son iPhone dans sa poche. Il lui adresserait une réponse plus tard. Tout ce qu’il espérait dans l’immédiat, c’était ne croiser personne qu’il avait pu côtoyer pendant ses derniers mois à Bowen.

Portant le café encore chaud à ses lèvres, il manqua de peu d’avaler de travers et de se brûler la langue par la même occasion. L’animatrice venait de s’adresser à lui, se tenant à quelques pas seulement.
« … bonjour » tarda t-il à lui répondre. Il sentait dans la voix de cette dernière que quelque chose n’allait pas.
Il le saurait bien assez vite. « …. je….. heu… surprise ! ». Est-ce que cette excuse pouvait encore marcher ?
Un peu embarrassé de s’être fait surprendre, il lui proposa de s’asseoir et bêtement sorti « … je ne m’attendais pas à te voir là, j’avais l’intention de venir te voir en fait. Mais tu m’as devancé… comme tu le vois, c’est moi qui suis un peu surpris du coup ».

Toujours un peu gêné, il fit comme si de rien n’était et tenta de la mettre à l’aise malgré le fait qu’elle n’était visiblement pas contente ou plutôt contrarié « Hum… tu veux boire quelque chose ? »

© Gasmask

Anton était un peu gêné mais tentait de le masquer le plus possible. Jamais il ne se serait imaginer cacher une chose comme celle qu’il venait de découvrir, à Anna. Mais s’il faisait cela, c’était parce que si elle venait à l’apprendre, peut-être qu’elle ne comprendrait pas, et qu’elle se sentirait trahie ou blessée. Disons que le pédiatre faisait cela pour la préserver en quelque sorte. La protéger.

Il sentit dans la voix de la jeune femme qu’elle n’était pas ravie. Elle n’y allait pas par quatre chemins en s’installant face à lui et l’agressant avec ses questions. La brunette l’assaillait de questions auxquelles il ne savait pas comment répondre pour éviter de lui dire la vérité.
Heureusement que le serveur qui vint déposer l’addition pour le café et le fait que Anton le paye lui donna quelques brefs instants supplémentaires pour réfléchir à une réponse plausible.
« Et bien, tout simplement parce que je comptais préparer un peu la surprise parce que ma seule venue à Bowen n’était pas la seule surprise. J’avais autre chose pour toi mais visiblement tu viens de réussir à gâcher l’effet ».

Il se rendit également compte que la belle semblait comme s’en méfier dès qu’il ne répondait pas du tac au tac à ses sms. Sans trop s’en rendre compte lui-même, le médecin pris lui aussi un ton assez neutre tirant vers le froid mais il n’avait vraiment pas envie de se justifier car considérait qu’il n’avait aucun compte à rendre à Anna dans l’immédiate. Puis, là n’était pas le problème. Le problème, c’est que l’appel qu’il avait reçu depuis l’Angleterre lui avait retourné l’estomac. Il ne comprenait pas ce qui lui était tombé sur le coin de la gueule et il savait encore moins comment se dépêtrer de cette situation. Toute cette inquiétude l’envahissait depuis maintenant quelques jours et le stressait. Alors forcément, ce n’était pas vraiment le bon moment pour que l’animatrice le titille.

« … et au cas où tu ne le saches pas, il y a d’autres personnes que je connais également à Bowen depuis que je me suis installé plusieurs mois, Kelsie, ça te rappelle quelque chose ? ».

Bon d’accord, le ton montait un peu mais il ne le fit pas exprès. Il repris une intonation plus calme pour finir « J’avais l’intention de la voir dans la journée et j’essayais de m’organiser avec ses grands-parents pour aller la chercher à la sortie de l’école si tu veux tout savoir ».

Il terminait d’une gorgée sa tasse de café et lança à son tour une question
« Je peux savoir pourquoi tu m’en veux ? Pour quoi d’ailleurs ? Qu’est-ce que j’ai fait d’ailleurs ? Je n’ai pas répondu à tes messages dans les 5 minutes qui suivent ? Il faudrait que tu m’expliques ».

Là était l’astuce, de retourner les questions pour centrer le débat sur un autre sujet ou une autre personne. Anton n’était pas bien méchant dans le fond mais il fallait avouer que fasse à l’attitude inattendue de Anna, il était quelque peu démuni à cet instant.

© Gasmask