Qu'est-ce que je vais faire ? feat Lennox

Beaucoup de sucre. Lennox ne savait pas trop ce que c’était comme quantité, ça, lui qui n’en mettait que très peu avec juste un mince trait de crème, mais il en mit généreusement trois cuillères dans la tasse de Sacha avant de la lui tendre. En revenant sur le sujet de l’agression physique de Sacha, celle-ci releva le fait qu’ils auraient peut-être dû prévenir la police. Lennox y avait pensé, croyez-moi. Il avait encore pleinement conscience de la situation, contrairement à Sacha qui était trop ébranlée pour pouvoir vraiment voir clair dans ce qui se passait. Cependant, le jeune homme avait bien vite réalisé que l’état dans lequel il était ne passerait pas inaperçu dans l’œil d’un policier. Il était complètement en manque de drogues et il en présentait pas mal de symptômes. Sans doute avait-il eu peur pour lui, plus que d’autre chose, et avait décidé de ne pas prévenir la police. Maintenant, avec du recul, il réalisait à quel point cette décision avait été stupide et imprudente. À l’heure qu’il était, cet homme totalement cinglé se promenait dans les rues de Bowen et pourrait agresser n’importe quelle jeune femme. Sacha était peut-être sauvée, mais d’autres couraient présentement un risque. « Il n’est pas trop tard … Crois-tu que tu serais capable de leur faire une description ? » Lennox avait plus ou moins vu le visage de l’homme, ça avait été une question de secondes avant qu’il ne coure dans le sens inverse. Il avait quand même une image qui lui venait en tête, mais s’ils pouvaient être deux à donner une description aux policiers, il y aurait plus de chance qu’ils le retrouvent. L’agression ne remontant même pas à plus d’une heure, il n’était sans doute pas trop tard pour la rapporter. D’ailleurs, Lennox demanda à Sacha si elle se sentait mieux, maintenant que le choc initial était passé – ou presque. Elle n’avait pas l’air convaincue, ce qui poussa Lennox à lui proposer une douche ou un bain chaud, question de lui changer les idées. Bien que sa proposition ne sous-entendait rien, il comprit aisément pourquoi Sacha la déclina. C’est vrai qu’elle ne le connaissait pas du tout, alors se mettre nue dans sa maison, même si ce n’était que pour prendre un bain derrière une porte verrouillée, ce devait être intimidant. « Pas de problème. Une couverture chaude ? » Offrit-il en revanche. Il ne savait absolument pas comment réagir dans ce genre de situation. C’était la première fois que ça lui arrivait – en même temps ça n’arrivait pas à tout le monde, de venir au secours d’une femme en détresse – et comme il n’était déjà pas doué avec les contacts humains, celui-là le rendait encore plus nerveux.

Quand il me tend la tasse je l'attrape et l'agrippes, car sa chaleur me rassure, comme une sorte d'ancre, le gout du café bien sucré dans ma bouche me détend quelque peu.  Suis-je suis capable de faire une description de mon agresseur ? Je pense que je risque de diabolisé et exagérer ses traits, mais je pense que ça reste dans la mesure du possible. et je pense qu'il vaut mieux des traits exagérés que rien du tout pour les recherche. Il avait des yeux, bleu, très bleu, ses cheveux étaient vraiment courts je crois, caché sous sa capuche. Il avait aussi une cicatrice sur le menton. « Je crois que je pourrais y arriver.  » J'espère juste qu'il n'est pas trop tard et qu'il n'a pas agressée une autre fille dans sa lancée. Après, je ne sais pas quelle force Lennox à mit dans son poing, ça l'a peut-être déstabilisé. Et peut-être que l'idée d'avoir été découvert la fait fuir pour ce soir. Du moi j'espère. « Je ne dirais pas non à une bonne couverture » Je le regarde, reconnaissante de son attention, mais je me sens nulle. Je l'ai suivie décidée à veiller sur lui et maintenant c'est lui qui est au petit soin pour moi. Je suis vraiment nulle, je ne mérite pas sa gentillesse. « Si je peux faire quelque chose n'hésite pas à me le dire, sinon tu n'as pas trop mal au niveau de ta blessure.» c'est vrai que ça m'inquiète et maintenant qu'on est chez lui on devrait pouvoir la désinfecter, pour être sûr. Ah et il faut que je pense à prévenir ma famille que je ne rentrerais pas ce soir il faut que je trouve une excuse valable pour ne pas qu'ils s'inquiètent. Je ne peux tout simplement pas leur dire la vérité: je reste chez un inconnu qui m'a sauvé d'un viol, je ne suis pas sûr que ça passerait très bien. Je sors mon téléphone de ma poche et je me rends compte que j'ai laissé tomber mes achats au moment de l'agression et que je l'ai est abandonné. Au pire ce n'est pas grave je les rachèterais, ça aurait pu être bien pire. Vraiment. J'écris un message comme quoi je suis restée boire un verre avec une amie et que je resterais chez elle se soir. Bon depuis que je suis à Bowen j'ai pas vraiment eu le temps de me faire de vrais amis, mais ça ils ne le savent pas.

Lennox hocha la tête quand Sacha lui affirma qu’elle serait sans doute capable de décrire son agresseur. Au moins, s’ils pouvaient donner un minimum d’information à la police, ils pourraient peut-être aller parcourir le quartier durant les prochaines heures et demeurer aux aguets. Certes, l’agresseur n’allait peut-être pas tenter de faire d’autres victimes ce soir, mais le cas contraire était aussi possible et s’ils pouvaient aider à sauver d’autres jeunes femmes, ce serait bien suffisant. « Bien. Dis-moi quand tu te sens prête et j’appellerai la police. Il ne faudrait pas trop tarder, mais il faut aussi que tu sois prête à revivre un peu le moment … » Ils viendraient sans doute assez rapidement chez Lennox, parce qu’on ne rigole pas lorsqu’il s’agit d’une agression d’une telle envergure. Sacha devait être prête à se remémorer les détails qu’elle préférerait sans doute oublier. Lennox aussi allait essayer d’aider, mais tout s’était passé tellement vite. Peut-être qu’à deux, ils pourraient dresser un portrait suffisant pour que les policiers puissent mener une enquête raisonnable. Lennox l’espérait. Il s’en voulait atrocement de ne pas avoir réagi plus vite sur la question de la police. Certes, ça ne faisait pas si longtemps, mais lui avait eu un délai bien plus que suffisant pour s’en aller loin du quartier en question.

Pour le moment, Lennox offrit une couverture chaude à Sacha, à défaut de pouvoir lui permettre de prendre un bain sans qu’elle se sente peu en sécurité. Elle accepta cette offre, cette fois. « Je reviens. » Dit-il en souriant avant de s’éclipser à l’étage. Il redescendit avec une couverture de couleur crème assez chaude. Il la tendit à Sacha. « Voilà. Ça compensera pour la climatisation que je tiens à une température assez basse. » Avoua-t-il sur un ton d’excuse. C’était très frais à l’intérieur, ce qui ajoutait au style froid de son condo. Ça concordait tout à fait avec la personnalité de Lennox, en fait. Froid, distant, vide. Pourtant, là, avec Sacha, il n’avait pas l’impression de projeter cette image. Peut-être parce qu’il avait l’impression de devoir la protéger, lui qui était celui pour qui on s’inquiétait habituellement. La jeune femme lui rappela alors qu’elle pouvait offrir son aide s’il avait besoin de quoi que ce soit. Lennox secoua la tête, et une seconde fois quand Sacha lui demanda s’il avait mal au niveau de sa blessure. « Non, ça va. Par contre il faudrait que je me nettoie un peu … » Il alla dans la salle de bain et revint avec une trousse de premiers soins de base, mais qui contenait le nécessaire pour nettoyer la plaie et mettre un pansement.

Je le vois partir pour aller chercher une couverture. Je me retrouve seule dans la cuisine, je suis confronté à mes pensées, je regarde autour de moi dans l'espoir de trouver quelque chose pour m'occuper l'esprit. Je continue de boire mon café ça m'aide à me concentrer sur autre chose que ma peur. Car me retrouver seule est loin de me rassurer même si je sais qu'il n'est pas loin  je ne peux pas m'empêcher de m’inquiéter. Je sursaute presque quand il revient. J'attrape la couverture qu'il me tend, elle a l'air vraiment chaude, je lui souris timidement. « Merci » Je l'écoute, le temps de mettre la couverture sur mes épaules je pose ma tasse où je vois de la place avant de la reprendre. Je n'avais pas si froids, mais c'est comme une couche protectrice, c'est rassurant. Je me sens mieux comme ça, il me manque plus que les charentaises pour ressembler à une grand-mère. « Ne t’inquiète pas, j'ai connu plus froid » Que je lui dis en souriant un peu plus. Je sais pas si c'est très rassurant pour lui, mais sa clim ce n'est pas grand-chose pour moi.

Je suis rassurée il n'a pas mal, il s'éloigne à nouveau mais cette fois-ci je me sens mieux, peut-être grâce à la couverture, je ne sais pas. Mais c'est comme une barrière, comme quand tu es enfant et que tu te dis que tant que tes pieds ne sortent pas de la couverture, les monstres ne pourront pas t'attraper. Je me sens une bête. Je le vois revenir avec ce qui semble être la trousse de premier soin. « Je vais m'en occuper. » Je repose ma tasse presque vide et j'attrape la trousse sans lui laisser vraiment le choix, je suis bien décidé à faire ce que je peux pour l'aider. Ensuite je prends dans la trousse le nécessaire pour nettoyer sa blessure, et cette fois-ci bien la désinfecter. « Ça va peut-être piquer un peu, désolé. » Je fais attention pour essayer de ne pas lui faire mal et ensuite je prends un pansement que je pose sur la blessure en essayant de ne pas mettre l’adhésif sur le sourcil, si en l'enlevant il ne veut pas se faire une épilation de celui-ci. Après avoir fini, je prends mon courage à deux mains, car il faudra bien, le faire à un moment. « Je pense que je suis prête on peut appeler la police. » .Il vaut mieux que ce soit lui qui appelle, car la police viendra surement nous retrouver et que je ne connais pas son adresse

Une fois que Lennox eut l’impression d’avoir fait au moins un petit quelque chose pour rassurer Sacha, soit en lui donnant la couverture, il se concentra enfin sur son cas. Il alla d’abord changer sa chemise, envoyant celle-ci valser dans le panier de lavage même s’il doutait que tout ce sang sur cette chemise pâle allait facilement s’enlever. Au pire, il s’en débarrasserait. Des chemises, il en avait un tas. Quand il revint avec la trousse de premiers soins, Sacha s’empressa de lui dire qu’elle s’en occuperait, posant sa tasse et attrapant la trousse sans vraiment donner le droit de refus à Lennox. Bon, de toute façon, ça irait bien mieux si c’était elle qui le faisait. Lui ne voyait pas grand-chose, et les miroirs manquaient dans ce logement. Lennox ne voyait pas l’intérêt de se voir de l’extérieur s’il ne se supportait même pas de l’intérieur. « Merci. » Déclara-t-il tout simplement, posant ses mains sur ses cuisses pour la laisser avoir le champ libre sur son visage. « C’est bon, j’ai l’habitude de la douleur. » Et elle ne savait même pas à quel point cela était vrai. Lennox souffrait depuis tellement longtemps, psychologiquement. Certes, la douleur physique était toute autre, mais au final, et au point où il en était, Lennox ne faisait plus trop la différence. Il avait mal, c’était tout. Mais il le supportait ; comme toujours. Une fois le pansement terminé, Lennox rangea le tout dans la trousse afin de la refermer, tandis que Sacha prenait une grande inspiration pour lui annoncer qu’elle était prête à appeler la police. Lennox hocha la tête, prenant une grande inspiration à son tour. « D’accord. Donne-moi deux minutes. » Il se leva de nouveau, posant sa main sur l’épaule de Sacha au passage, pour lui donner du courage. Il s’éclipsa un moment au salon, même si Sacha pouvait encore le voir et l’entendre également. Il sortit son téléphone portable et composa le numéro à trois chiffres tant redouté. Il expliqua la situation à son interlocuteur qui, après avoir dressé un portrait de la plainte, envoya deux policiers à l’adresse de Lennox. Après avoir raccroché, Lennox retourna vers Sacha. « Ils devraient être là d’ici quinze minutes. Tout va bien aller, tu vas voir. » Dit-il avec un sourire.

Quelque que chose vient de piquer ma curiosité, il a l’habitude de la douleur. Aurait-il l'habitude de se battre ? Pour moi il n'a pas une tête de bagarreur même avec sa blessure. Il n'a pas l'air d'être quelqu'un qui s'énerve, je me souviens de son regard sans émotion que j'ai vue auparavant, il a plutôt l'air froid. Pas méchant, non, c'est jsute que je n'ai pas l'impression qu'il ai le sang chaud. Je ne sais pas quoi penser de cette information je fronce les sourcils inquiète. Je me demande bien ce qui peut lui faire dire ça. Mais j'ai tellement d'autre chose à penser en ce moment, le fait d'appeler la police et de me préparer mentalement à faire la description de l'être dégouttant qui m'a agressé. Mais je n'arrive pas à me sortir ces interrogations de la tête. Il se lève après que je lui ai dit que j'étais prête à appeler la police, lui aussi a pris une grande inspiration. Peut-être que lui aussi à une un choque psychologique a cause de cet incident, je me sens bête de m'être senti seule victime dans cet événement. Car pour lui aussi ça a dû être un événement violent, marquant. Il c'est quand même pris un coup de poing par un homme ayant une carrure plus grande que la sienne. Malgré tout il me soutient, il pose sa main sur mon épaule au passage je trouve son contact rassurant je me sens en sécurité auprès de lui. Je suis presque déçu quand il s'éloigne dans le salon j'aurais aimé qu'il reste encore quelques secondes. Je l'écoute expliquer la situation au policier. Après avoir fini son appel il revient et m'explique qu'ils arriveront dans quinze minutes. « D’accords » J'ai une boule au ventre à cette idée, et si jamais je racontais n'importe quoi et que me trompais, ou s'ils ne me croyaient pas. Tout est encore si embrouillé dans mon esprit. Je ressers la couverture sur mes épaules. Il faut que je trouve de quoi me détourné de mon stress à l'idée de parler aux policiers. je repense à sa réflexion précédente. « Qu'est-ce qui a bien pu t'arriver pour que tu sois aussi habitué à la douleur ? » Je me rends compte trop tard que mes mots ont dépassé ma pensée, il n'a aucune raison de me le dire je ne suis qu'une inconnue qu'il vient de sauver, je ne suis rien pour lui. Je relève les yeux vers lui inquiète. « Désolé je n'aurais pas dû poser la question. »

Lennox déposa son téléphone portable sur le comptoir. Si jamais les policiers rappelaient pour une raison ou une autre, ils l’entendraient tous les deux vibrer. Ce qui ne serait pas forcément le cas s’il le gardait dans la poche arrière de son jeans. Il était tellement déconnecté de tout ce qu’il ressentait, autant physiquement que psychologiquement, qu’il s’imaginait bien qu’il serait capable de ne pas ressentir la vibration contre son corps. Bref, il s’assit à côté de Sacha en attendant qu’on cogne à la porte, même si ce ne serait pas tout de suite. Il ne savait plus vraiment quoi lui dire, surtout dans l’attente de ce moment. Il essaya de le rassurer en lui disant que tout irait bien mais, au fond, qu’en savait-il ? Peut-être que le fait de se replonger dans cet événement allait encore plus traumatiser Sacha. Peut-être que les policiers leur diraient qu’ils n’avaient pas assez d’éléments pour mener une enquête, ce qui ferait en sorte que Sacha aurait peur de se promener de nouveau seule dans les rues de Bowen, le sachant toujours en liberté. Surtout que Bowen était une relativement petite ville. Ce n’était rien de rassurant. Mais il valait mieux voir le positif que de parler des pires cas possibles. Pendant ce moment de silence, Sacha en profita pour lui poser une question par rapport à ce qu’il avait dit un peu plus tôt par rapport à la douleur. Il ferma les yeux un moment, soupirant silencieusement. Ça lui apprendra à trop parler. Les gens commençaient à se douter de quelque chose, forcément, lorsqu’il disait des trucs dans le genre. Mais Lennox ne savait plus comment faire semblant, alors dès qu’il ouvrait la bouche, c’était la vérité qui sortait. Voyant l’hésitation du trentenaire, Sacha s’excusa d’avoir posé la question. « Non, t’as le droit de demander. Après tout c’est moi qui ai abordé le sujet le premier … » Il tourna un regard un peu incertain vers elle, avant de baisser le regard vers sa tasse de café qu’il avait reprise entre-temps. « Mais je ne saurais pas vraiment quoi te répondre. C’est plus complexe que ça … ça ne s’explique pas vraiment … C’est juste … ancré en moi. » Il avala difficilement, faisant tourner sa tasse entre ses mains. « Disons que … que vivre avec la douleur ça fait … ça fait partie de moi. » Lennox se sentait tellement con de parler de ça alors que Sacha venait de vivre un événement tellement plus traumatisant. Ce que Lennox vivait n’était en lien avec rien d’important. C’était juste lui. Qui il était. Il ne ferait pleurer personne avec son mal être inexplicable.

Je le savais, vu sa réaction je n'aurais pas dû poser les questions, je m'en doutais ça doit être trop personnel. Je devrais vraiment apprendre à me taire, mais je suis juste trop curieuse; je m'excuse tout de même pour lui montrer qu'il n'est pas obligé de me répondre. Je pense il ne fera pas. Je relève les yeux surpris quand il ouvre la bouche. « Même te sens pas obligé » Que je lui dis pour qu'il ne se sente pas obligé de tout me dire. Je vois ses yeux troublés regarder dans ma direction avant de redescendre vers sa tasse. Je me sens mal pou lui Je tout de même interloqué par ses paroles, c'est compliqué par très claire pour moi a par le fait qu'il a vraiment l'air de souffrir plus que moi. Chaque mot a l'air d'être plus difficile que le précédent. Il marque une pause entre chaque morceau de phrase. Je ressers mes doigts sur ma tasse, la vie n'a pas l'air simple pour lui. Et moi qui depuis tout à l'air demande son soutient alors que je passe juste un mauvais moment alors que lui, que lui quoi au juste ? C'est tellement abstrait pour moi j'ai du mal à le suivre à le comprendre, mais je vois bien qu'il ne va pas bien du tout. Est-ce que c'est dû à ses cernes et ses tremblements ? Il y aurait un lien; ce qu'il vient de me dire n'a soulevé que plus de question qu'il ne m'a répondue. « Oh Lennox » Je ne sais pas quoi répondre, je ne sais pas comment réagir, quoi lui dire. Les mots semblent inutiles. Je m'approche de lui et le sers dans mes bras quelques secondes en faisant attention an ne pas renverser nos tasses de café. « Je suis désolée. » Je pense que je fais sa geste pour le soutenir à ma manière, il a besoin de soutien et moi aussi. Ça me rassure même si je m'éloigne de quelques pas ensuite, car je reste tout de même méfiante envers les hommes, moins avec lui mais je reste prudente. Il n'y a aucune ambiguïté dans mon geste. Juste un peu de chaleur humaine partagée entre deux personnes souffrantes, surement l'une plus que l'autre. J'espère qu'il n'a pas mal interprété mon geste. Mais j'ai soudainement ressenti ce besoin.

Lennox se sentait toujours obligé, de toute façon. Obligé de feindre. Obligé d’intervenir. Obligé de faire comme si de rien était. Alors que Sacha lui dise qu’il n’avait pas à parler s’il ne le désirait pas, ne changerait pas grand-chose au résultat. Lennox avait l’impression que s’il se fermait présentement, un malaise ou un silence interminable allait s’en suivre, et honnêtement, il préférait s’ouvrir un peu à la jeune femme plutôt que d’endurer dix minutes à chercher quoi dire. Sans jamais trouver. Parce que Lennox ne savait jamais vraiment quoi dire. Surtout avec les étrangers, qui s’attendaient sans doute à découvrir une personnalité quelconque derrière le visage du trentenaire. Et qui semblaient toujours déçus, ou troublés, de ne trouver rien d’autre qu’une âme vide et triste sous ce masque. Bref, Lennox lui avoua tout simplement que la souffrance était un peu comme son compagnon malaimé depuis toujours. Qu’ils se connaissaient bien et s’étaient apprivoisés. Il en resta là, pensant que ça permettrait à Sacha de comprendre, un peu, pourquoi il avait dit qu’il était habitué à la douleur. Il ne pensait pas que ça aurait l’effet contraire, et qu’elle aurait encore plus de points d’interrogation dans ses beaux yeux noisette. Oh Lennox, qu’elle avait dit. Attristée. Prise au dépourvu. Impuissante. Qui ne l’était pas devant la détresse de Lennox ? Il lui sourit distraitement, avant que son visage ne se transforme en une mimique surprise alors que Sacha s’approcha de lui pour le prendre dans ses bras. Contre toute attente, Lennox referma ses bras légèrement sur elle, sans trop forcer, mais parce qu’il appréciait le geste. Il appréciait ce contact. Sacha le rassurait, rien que par sa chaleur physique et émotionnelle. Alors qu’il aurait dû être celui qui prenait soin de lui, elle prenait soin d’elle. Et ils ne se connaissaient même pas. Quand la jeune femme se détacha de lui, c’est à contrecœur que le trentenaire la laissa faire. Il n’avait pas mal interprété son geste, non. Il ne se faisait pas d’idées. Pas de scénarios. Mais il avait eu besoin de cette étreinte, lui aussi. « Merci. » Avait-il donc dit, tout simplement. Ils se regardèrent un moment, Lennox un sourire reconnaissant aux lèvres, avant qu’on ne cogne à la porte. Lennox, tel un animal aux aguets, tourna tout de suite la tête vers la porte d’entrée. Il se leva et alla ouvrir aux deux policiers qui se trouvaient dans le hall. « Entrez, je vous prie. » Les deux hommes assez imposants en uniformes entrèrent dans le logement de Lennox, et ce dernier les invita à passer au salon, faisant un signe de tête à Sacha de venir le rejoindre. Il s’assit sur le fauteuil, Sacha à ses côtés, et les deux policiers devant eux, sur le fauteuil d’en face. Ils demandèrent d’abord, en s’adressant à Sacha, ce qui s’était passé exactement. Ils demandèrent des détails, des indications géographiques, des descriptions, bref tout ce dont ils auraient besoin pour leur enquête. Lennox se sentait nerveux. Il n’osait même pas imaginer comment Sacha se sentait. Il aurait voulu prendre sa main, là, tout de suite, pour la rassurer. Mais il jugea que ce ne serait pas approprié.

Dans un un élan de, de je ne sais pas quoi que lui ai fait un câlin, j'ai eu peur qu'il me rejette, qu'il refuse ma présence entre ses bras. Mais je me suis senti respiré à nouveau quand il à son tour posé ses bras autour de moi. Malgré le cours instant que dur cette étreinte celui-ci reste instance. Chacun se repose sur la chaleur de l'autre, se réconforte d'une certaine manière si je puis dire. Mais je mets fin à ce moment où je me sens totalement vulnérable face à cet inconnu. Mais qui à ce moment précis est la personne de laquelle je me sens le plus proche, ici, à Bowen. Je recule d'un pas. Il me remercie. « Ce n'est rien. » Je ne sais pas si je l'ai fais plus pour lui ou pour moi, peut être les deux. Je sais pas.

Je sursaute quand on frappe à la porte. Je ne m'y attendais pas, j'avais complètement oublié la police. Je reprends contenance et me prépare à devoir tout raconter à la police. Me prépare à me remémorer la scène. Je m'assois auprès de Lennox sur le fauteuil après qu'il m'ai fait signe de venir. Il a dû me sentir hésitante. Je ne sais pas vraiment ou me mettre. Les deux grands policiers en face de nous, nous regardent. Je respire un peu paniqué, je me sens toute petite au milieu de ces hommes. Je serre mes doigts sur le fauteuil. Les policiers me demandent ce qu'il s'est passé. Je ne sais pas pars où commencer, le début oui le début. « Je sortais de la librairie, je venais de m'acheter des livres sur l'histoire de Bowen. » Oui, détails inutiles, mais ils me rassurent d'une certaine manière, ce sont des détails normaux, sans doute les seules dans cette histoire . Je reprends ma respiration, un des policier me fait signe de continuer. « Je marchais dans la rue quand j'ai eu l'impression que quelqu'un me suivait, je me suis retournée et j'ai vu un homme avec un sweat gris à capuche derrière moi. J'ai commencé à accélérer le pas; mais je me suis dit que j'étais simplement parano. » J'entends une sorte de rire nerveux sortir de ma bouche, si j'avais couru dès le départ rien de tout cela ne me serait arrivé. Je me sens tellement bête à présents.« Le pire c'est que même quand il s'était pas mal rapproché j'ai pas courut, je suis vraiment bête, j'aurais du fuir, mais je l'ai pas fait et après il était trop tard. » j'ai fait une trop pause, on allait rentrer dans la partie la plus brouillon dans mon esprit c'est à ce moment-là que j'ai vraiment paniqué. Je commence à me gratter là où il m'avait agrippé révélant mes bleus, seul trace de son agression sur mon corps. « Il m'a agrippé le poignet, à ce moment j'ai commencé à lui demander de me lâcher et à hurler. J'ai vu son visage il avait ce regard, ce regard pervers, j'ai compris ce qu'il voulait faire. » Je sens les larmes qui me montent aux yeux je parle de plus en plus vite. Comme si je revivais la scène, j'ai son visage devant mes yeux. « Bleu, ses yeux étaient bleus, je me souviens plus vraiment de son visage sa capuche le cachait, mais il avait une cicatrice sur le menton. Après, il m'a plaqué contre le mur avec violence. D'une main il me tenait et son autre main ses posé sur mon bas ventre et il a commencé à glisser sa main vers le haut, sous mon T-shirt. J'ai vraiment cru qu'il allait me violé, mais Lennox est arrivé et l'a frappé, enfin je crois, je ne sais plus vraiment. Il m'a dit de courir et j'ai couru. » Je sens que je tremble de nouveau. Je peut pas continuer à expliquer, je ressers la couverture sur mes épaules, frêle. Je me sens faible. Je regarde Lennox dans l'espoir qu'il raconte la suite des événements. Je me sens si vulnérable. Si faible.

Les policiers fixaient Sacha, et dans la dureté de leurs regards, je leur en voulais de ne pas être plus compatissant. Bien sûr, ils devaient en recevoir à tous les jours, des plaintes. En voir des dizaines l’une après l’autre, des victimes. Des victimes de tout et de n’importe quoi. Sauf que là, on parlait d’une jeune femme qui avait été agressée, violentée. Certes, les choses auraient pu être bien pires et Sacha s’en était, somme toute, plutôt bien sortie. Un peu grâce à Lennox, il fallait l’admettre ; mais il avait été là au bon moment, c’est tout. Sacha avait été chanceuse dans sa malchance. Ça n’enlevait pas le fait que la situation avait de quoi de plutôt traumatisant pour elle, et que ça aurait sans doute des répercussions sur sa confiance en les rues de Bowen. Lennox, à la place des policiers, aurait arboré un regard un peu plus doux. Pourtant, on parlait bien de Lennox, là. Le handicapé des sentiments, celui qui ne savait jamais quoi dire pour que l’autre se sente mieux, ne sachant pas lui-même ce que c’était que d’être bien, et que de se faire réconforter. Malgré cela, Sacha s’ouvrit à eux, surtout pour aider l’enquête, aider à retrouver ce pauvre con probablement très dérangé pour en venir à faire ça à d’autres êtres humains. Il l’écouta attentivement, la soutenant du regard, lui offrant un mince sourire encourageant, et un regard attentionné. Peut-être que ça arriverait à équilibrer pour la froideur des deux officiers de police. Sacha relata du début à la fin ce qui s’était passé, s’arrêtant même sur des détails futiles comme le fait qu’elle se trouvait à la librairie, à la recherche d’un livre sur l’histoire de Bowen. Cela amusa Lennox, lui qui s’était un peu distancié de la situation déjà. Il retrouva toutefois son sérieux et son malaise quand Sacha en arriva au point important de l’histoire. À travers son discours, il pouvait ressentir toute son appréhension, sa panique, sa peur, son sentiment de détresse. Il remerciait le hasard de l’avoir mis sur son chemin, aujourd’hui. Il n’osait même pas imaginer ce que Sacha aurait ressenti si ça avait été plus loin. Lennox releva directement le regard vers elle lorsque la brunette mentionna son prénom, en étant arrivé au moment où il était venu la sauver, si on veut. Il n’avait pas l’impression d’avoir été son sauveur, mais on ne saurait jamais ce qui se serait passé s’il n’était pas intervenu. Le regard de la jeune femme se planta dans le sien ; elle attendait qu’il continue, sans doute. Il avait été témoin autant qu’elle, à partir de ce moment-là. Lennox hocha donc la tête en regardant Sacha, avant de tourner sa tête vers les policiers. « Je l’ai frappé à la mâchoire. Et en voir mes jointures, j’ose espérer que lui aussi aura une blessure à cet endroit. » Dit Lennox en baissant les yeux vers sa main, où ses jointures étaient rougies par le coup. Il n’avait pas vraiment l’habitude de donner des coups de poing. « J’ai dit à Sacha de courir et, sans vraiment réfléchir, je l’ai suivie pour m’enfuir aussi. Je n’ai pas vraiment regardé ce que lui a fait. Il ne nous a pas suivis, en tout cas. » Lennox se sentait tellement con de ne pas pouvoir faire quoi que ce soit de plus. Par contre, s’il pouvait ajouter quelques détails à l’image que les policiers se feraient du suspect, il essaierait : « Il avait les yeux bleus, comme Sacha l’a dit. Des sourcils assez garnis, ce qui lui donnait un air sévère. Une barbe de quelques jours, trois-quatre tout au plus. Un visage assez carré. » Il ajoutait ces quelques détails en réfléchissant, se remémorant la scène. Il haussa finalement les épaules. « C’est tout ce que je peux ajouter. » Il jeta un regard à Sacha, l’air soucieux et désolé. Puis il regarda les policiers de nouveau, qui avaient pris des notes tout au long de leurs témoignages. Lennox se releva quand le policier rangea ses papiers. L’autre les remercia d’avoir porté plainte, leur assurant qu’ils feraient tout leur possible pour retrouver cet homme, etc., etc. Tout le blabla qu’un policier dirait pour encourager un peu sa victime, et la faire sentir un peu mieux. Il doutait que cela fonctionna vraiment sur Sacha, mais tant pis. Lennox les reconduit jusqu’à la porte et les remercia de leur venue. En refermant la porte, il se tourna vers Sacha. « Comment tu te sens ? C’était pas trop mal ? » Il lui sourit faiblement. Ça avait quand même bien été ; elle s’était montrée forte.

Quand il reprend la parole je le remercie intérieurement tout à fait consciente de mon impossibilité à continuer. J'ai fait de mon mieux, même si chaque détails donné par Lennox ravivaient mes souvenirs. notamment ceux du visage de mon agresseur, je hoche de la tête, ses sourcils, sa barbe des détails auquel je n'avais pas prêté attention, mais qui s'avère être important finalement. Mais dans l'état dans lequel je me sens je ne réfléchis pas de manière très développées. Il tourne un peu au ralentit. Je sens son regard désolé sur moi, il n'a pas l'être il a déjà fait tellement pour moi, sans lui je serais sûrement seule dans cette ruelle, meurtrie et blesser de manière irrémédiable, tout du moins mentalement. Cette créature horrible aurait été jusqu'au bout, sans rien pour entraver ses envies, ses désirs. J'écoute le distraitement le discours des policiers, j'ai envie de leur dire qu'au lieu de me dire tout ça qu'ils aillent directement le chercher, voire si il est toujours dans les rues de Bowen à chercher une nouvelle proie ou pire à se délecter de celle-ci dans un affreux rituel de violence. Faut que je respire, il ne faut pas que je pense à ça. Il faut que je me sorte ces idées de la tête. Je suis seule sur le canapé, je n'ai pas le courage de me lever pour remercier les policiers. Quelle ingrate je fais, mais je m'en fiche, je serais poli une autre fois, c'est pas pour aujourd'hui. Ni pour demain je pense. Pas trop mal ? Un euphémisme c'était plutôt atroce, un enfer. Mais je ne le dis pas, pas à lui, il ne le mérite pas, même loin de là. « Mal pour la première et j'ai connu mieux pour la seconde » Je lui dis ça avec le même sourire que le sien faible, sans grande conviction. On fait un drôle de tableau tous les deux, avec nos allures de déterré. Je replis mes jambes sur le fauteuil, je me sens bien dans ce petit coin, enfin bien est un grand mot, mais c'est pas désagréable. Je sens la fatigue de cette journée éprouvante peser sur mes épaules. Même si je me suis promise de le surveiller toute la nuit je sens que ça risque d'être difficile.  « Et toi ? Ça va mieux ? » Je m'exprime avec une réelle inquiétude pour lui, elle se lit sûrement sur mon visage.

Une fois la porte refermée, Lennox entendit les pas des policiers s’éloigner, jusqu’à l’ascenseur et voilà, ils étaient disparus. Juste comme ça. Sacha venait sans doute de vivre l’un des épisodes les plus angoissants de sa vie – bon, il ne connaissait rien de son histoire, mais il s’imaginait bien que d’être ainsi violentée en pleine rue était un choc assez grand pour une vie normale – et en dix minutes, c’était réglé pour les policiers. Bon, en même temps, il était vrai que ni Lennox ni Sacha ne leur seraient vraiment d’une grande aide pour la suite des choses. Ils ne pouvaient mutuellement plus rien faire les uns pour les autres. Les policiers mèneraient leur enquête de leur côté et Sacha, elle, devrait se reconstruire par elle-même. Enfin, par elle-même, pas forcément. Déjà, Lennox avait ce besoin de la savoir mieux avant de la laisser repartir. Il n’avait pas envie de la savoir encore sous le choc, surtout si elle rentrait dans un chez-soi vide. Suite à sa question évidemment idiote pour une situation pareille, Sacha lui répondit qu’elle ne se sentait pas bien, et qu’elle avait connu mieux comme dénouement de situation. Lennox fit une moue ; il comprenait, mais il se sentait coupable de ne pas savoir quoi faire. Il n’avait jamais été très doué pour aider les autres, lui qui n’arrivait pas à s’aider lui-même. Les émotions et les sentiments humains étaient un domaine qu’il n’arrivait toujours pas à maîtriser, même après trente-cinq ans de vie. Ce serait sans doute toujours un mystère. « Oui, j’imagine bien … » Déclara-t-il donc tout simplement, retournant vers le salon pour la rejoindre. Qui avait-il de plus à dire à ce propos ? Il n’y avait même pas de mot pour décrire le mauvais quart d’heure que vivait Sacha, et encore, un quart d’heure ne représentait pas la réalité. Elle y penserait encore dans plusieurs jours. Lui aussi, d’ailleurs. Sauf que lui n’était pas vraiment une victime immédiate, il n’était qu’un intervenant, il ne ressentait pas aussi vivement le choc. La brunette avait replié ses jambes sur elle-même, assise sur son fauteuil, et Lennox vint la rejoindre. Ça lui faisait bizarre, d’avoir une autre femme à cet endroit. La dernière personne à s’y être assise, c’était Lou. En même temps, ça lui faisait du bien. Parce que l’absence de Lou avait grandement pesé sur Lennox, et un peu de compagnie chez lui était plutôt agréable. Même si la situation en tant que telle ne l’était pas. À son tour, Sacha le questionna sur ses états d’âme à lui, avec une réelle inquiétude. Lennox se sentait tellement idiot, d’attirer ce genre d’attention de sa part alors qu’elle était dans un bien pire état que lui. Ou aurait dû l’être. Mais Lennox étant Lennox, il vivait sa vie comme si celle-ci était une catastrophe continuelle. « Ça va mieux, oui. De te parler ça … ça me change les idées. » Ça lui changeait suffisamment les idées pour qu’il cesse de penser à la prochaine dose de drogues qu’Effy lui apporterait, oui. Il sourit faiblement à Sacha. « Tu sais, tu restes ici autant que tu veux, hein. Si tu te sens prête à retourner chez toi, je te raccompagnerai mais, si tu veux rester ici ce soir, même cette nuit … J’ai une chambre d’ami, et j’ai Netflix, alors on peut se faire un marathon quelconque, peut-être que ça te changerait les idées … » Proposa Lennox avec un mince sourire. Il ne faisait pas ce genre d’activités avec beaucoup de personnes, en fait jamais et avec personne, mais il se disait que c’était peut-être ce que Sacha avait besoin. Avec quelques couvertures en plus et des trucs à manger, ce serait une soirée tranquille et réconfortante, à son avis.

Je me sens mal pour lui, j'aurais dû répondre différemment. « Désolé » Je le suis du regard, il s'approche. Je suis rassurée par sa réponse. J'imagine que c'est le côté positif de cette horrible aventure, j'essaie de positiver, c'est tout ce  qu'il me reste, mais c'est pas simple. Loin de là, mais j'essaie. C'est déjà ça. Je refais ce sourire timide. « C'est bien. » Moi aussi de lui parler me change un peu les idées, si j'étais rentrée chez moi je me serais sûrement enfermée dans ma chambre de manière à ce que Tiffany et ses parents ne voient pas l'état dans lequel je suis et je serais sûrement en train de pleurer en revivant la scène comme une idiote. Après m'avoir sauvé il aurait pu me raccompagner à ma voiture et refuser de m'inviter chez lui. C'est vraiment quelqu'un de bien. J'ai eu de la chance dans mon malheur. Vraiment je lui en suis reconnaissante. Quand il se remet à parler je mets toute mon attention sur ses paroles et je suis vraiment rassurée qu'il n'ai pas l'intention de me foutre à la porte ce soir. C'est un vrai soulagement pour moi. Je ne serais pas obliger de rentrer et de tenter de faire comme si tout allait pour le mieux dans les meilleurs des mondes possibles. Je hoche de la tête à sa proposition. Même si je regarde rarement des séries je pense que c'est une bonne manière de me changer les idées. Peut être qu'une série drôle pourrait me faire sourire, qui sait ? Et grignoter des cochonneries devant la télé il parait que ça fait du bien. Je me lève la couverture toujours sur les épaules, ce n'est pas en restant attendre comme un déchet dans le canapé que j'arriverais me changer les idées, même si je ne suis pas prête à abandonner cette couverture. C'est mon petit cocon protecteur, ce n'es peut-être pas grand-chose pour vous, mais pour moi ça fait une différence, c'est un détail sur lequel je m'accroche. « Je suis partante pour le marathon télé, mais cette fois-ci je t'aide à préparer.  » J'essaie de déjà commencer à me changer les idées, mais je pense qu'il faut commencer par le début pour que je puisse plus à l'aise il faut que je me sente un minimum propre et le maquillage qui a coulé sous les yeux c'est pas des plus agréables. « Mais avant j'aimerais bien me laver le visage.  » Je le regarde en espérant qu'il m'indique la salle de bain, car a pars le salon et la cuisine je suis perdue et je ne suis pas chez moi donc pas vraiment à l'aise. Je ressers la couverture sur mes épaules, au chaud.

Sacha accepta la proposition de Lennox, ce qui signifiait sans doute qu’elle n’était pas prête à rentrer chez elle et que, pour une fois, sa chambre d’invité servirait à quelque chose. En emménageant ici, Lennox savait pertinemment que c’était un condo bien trop grand pour lui. Il avait un grand rez-de-chaussée ouvert, avec le hall d’entrée, le salon et la cuisine, et à l’étage il avait deux chambres et une salle de bain. Certes, il avait l’argent pour le payer, mais pas la présence pour l’occuper. C’est pourquoi la présence de Sacha lui faisait du bien, quand même, et il était content qu’elle choisisse de rester. Il se serait senti bien seul et inutile, ce soir, si elle avait décidé de retourner chez elle. Comme quoi, on ne se rend pas compte d’à quel point on est seul avant de savoir ce que c’était que d’avoir quelqu’un chez soi qui y mette de la vie. « C’est un bon compromis. » Dit Lennox avec un sourire quand Sacha exigea de l’aider à préparer le nécessaire, cette fois-ci. Il se leva, et Sacha lui déclara en se levant elle aussi qu’elle voulait se laver le visage avant. « Oh, oui, bien sûr. » Il tourna la tête vers l’escalier ouvert qui se trouvait à la droite du salon. « C’est à l’étage, la porte à ta gauche une fois en haut. » Il lui sourit et la laissa partir, la regardant monter les escaliers avant d’aller se laver les mains dans l’évier de la cuisine. Il ouvrit son réfrigérateur et constata qu’il n’y avait pas grand-chose pour faire un festin de soirée digne de ce nom. Lennox n’était pas du genre à garder un sac de croustilles dans son garde-manger au cas où il ait de la visite. Lennox n’avait jamais de visite. Il achetait le strict minimum, rien que pour lui, et pour éviter le gaspillage. Toutefois, il avait une baguette de pain de la veille, qui semblait encore assez fraîche pour en faire quelque chose. Quand Sacha revint, Lennox avait sorti sur le comptoir de nombreux ingrédients aléatoires. Il sourit, gêné, en regardant la jeune femme. « Faudra nous montrer créatifs. J’ai pensé qu’on pourrait se faire des bruschettas, avec tout ça je suis certain qu’on pourrait faire un bon mélange … » Dit-il en regardant les ingrédients qu’il avait devant lui. « Et puis j’dois bien avoir du maïs à éclater à quelque part, et au pire on se fera commander quelque chose pour le reste … » Affirma-t-il. Après tout, rien de mieux qu’une pizza de restauration rapide pour une soirée du genre.