you're the one that i want -r.

« Ah mais ça risque de vite revenir cher dans ce cas. » Je lui dis alors en plaisantant. Bien sûr, ce n’est pas parce que je n’ai pas d’argent ou de travail pour l’instant que je fais cette blague mais juste pour la taquiner. On dit toujours que les femmes coutent cher alors j’essaye d’en donner la preuve. « Je note, je note. » Je continue. Je vois bien son regard joueur qui en dit long sur ses intentions et dès qu’il s’agit de sexe, vous savez tous que je suis toujours partant. Néanmoins, c’est la St Valentin alors essayons de rester distingués et romantiques, même si c’est loin d’être gagné. J’aurais facilement pu m’approcher d’elle, déposer un baiser sur ses lèvres et débuter une séance de batifolage en plein milieu de la cuisine mais à la place, je préférais commencer à jouer avec la farine. Après quelques péripéties, la demoiselle déclare qu’on ne risque pas de manger. « Oui c’est vrai. Bon, on se concentre alors. » Et je prends mon air le plus sérieux tout en préparant ma mixture. Il ne faut que quelques minutes pour arriver à un résultat correct, ou en tout cas que je trouve satisfaisant. « On aura au moins le plat. » Je lui souris tout en la regardant. « Bon, à part ça, il faut que tu m’en dises un peu plus sur toi ! Genre qu’est-ce que tu fais dans la vie ? »

Il avait raison, des cours de cuisine, des bons cours du cuisine, ce n'était pas donné. Mais au fond, c'était un bon investissement pour toi, parce que sur le long terme, l'expérience ne s'effacerait jamais à condition d'avoir un Alzheimer, et tu pourrais toujours tout transmettre à tes futurs enfants, ou en offrant des cours bénévolement. Une porte de plus pourrait s'ouvrir à toi, et puis tu pourrais chouchouter Zach aussi, il était tellement gentil avec toi que tu lui devais bien ça. En fait non, tu lui devais plus qu'un bon plat, mais tu ne savais pas quoi faire pour vraiment le remercier. « Probablement, mais quand je serais une chef de grande renommée, tu seras fier de ton investissement. » Tu lui fis un grand sourire, l'aidant ensuite à réaliser le repas. Enfin, une partie du repas parce que vous étiez toujours sur les escalopes alors que ça faisait plus d'une vingtaine de minutes que vous étiez dans la cuisine. « Je suis une décoratrice d'intérieur. » Tu marquais une pause, le temps de remettre en place une mèche de cheveux. Avant de poser ton regard dans le sien. « Et toi ? »

Je la voyais bien passer dans Top Chef grâce à moi, remporter la victoire et gagner une célébrité sans précédent. Après plusieurs mois, elle aurait sa propre émission de cuisine à la télévision américaine et elle n’aurait plus une seule seconde à m’accorder tellement elle serait demandée. Je la regarde et je me demande si c’est un genre de vie qu’elle aimerait. Je me plais à croire que non, car si vraiment ça venait à aller plus loin entre nous, par un heureux hasard, j’aurais le souhait de la garder pour moi seul, comme tout amoureux transit. « Ou plutôt, je serais jaloux de tous ces fans hystériques qui te tourneraient autour. » Je finis par lui répondre en souriant. Néanmoins, elle n’avait pas tort sur le fait que je serais fier d’elle, comme je suis fier de toutes les personnes en qui j’ai cru et qui ont réussi dans leur vie, comme Matt par exemple.

La jalousie, c’est sans doute un de mes pires défauts, même si on ne le dirait vraiment pas en me voyant. Que ce soit en amour ou en amitié, je suis capable de piquer des crises gigantesques si j’ai l’impression que l’on me vole la personne que je chéris. J’en ai tellement fait les frais par le passé, et cela a créé tellement de situations embarrassantes que j’ai compris à me gérer, à tel point que j’ai tendance à ne plus du tout montrer ce que je ressens de ce côté-là. D’où le fait que l’on croit souvent que je suis insensible… C’est tout ou rien avec moi, faut croire.

On termine la préparation de notre plat, tout en recommençant à discuter sur des points plus existentiels de notre vie. « Ça peut être intéressant ça, si un jour j’ai besoin. » répondis-je alors, enthousiaste. « J’ai pour ma part des gouts assez étranges et très peu de coordination pour les couleurs et les motifs. Du coup, c’est rarement très joli ma déco… » Je lui confie ensuite, me voulant le plus honnête possible. « Et moi, je… » Comment lui avouer que ma vie a été une liste entière de métier en tout genre ? « Cherche encore ma voie… En attendant, je fais quelques boulots par ci par là, tout en travaillant sur un projet personnel. » Et je lui fais un petit clin d’œil pour finir ma phrase.

Tu l'écoutais parler des fans hystériques et de sa jalousie. C'était une chose qui te plaisait chez un homme, la jalousie. Enfin à condition qu'elle soit fondée. S'il vient à être jaloux de Léo, avec qui tu es simplement très proche, alors ça serait compliqué pour toi à gérer. Surtout que quand tu es en couple, tu donnes tout pour l'homme que tu aimes, tu n'es pas du genre à aller voir ailleurs, et comme tu n'es pas du genre à te bourrer la gueule plus que de raisons dans les bars, tu ne risquais pas de repartir avec un inconnu. « Je ne suis pas sûre d'aimer ce genre de vie en fait, être sous les feux des projecteurs, risquer d'avoir des détraqués à mes trousses, j'en ai pas vraiment envie en fait. » Tu lui adressas une petite grimace, non, tu n'avais pas vraiment besoin de ça. Tu avais vu bien trop de films sur ce genre d'amour malsain, et tu avais la frousse à chaque fois. Au fond, tu étais bien contente d'être une simple décoratrice d'intérieur, de ne pas être très populaire et d'avoir une vie normale. Les feux des projecteurs et les paillettes, ce n'était pas un monde pour toi. « Tu attises ma curiosité, j'aimerai bien voir la tête de ton appartement maintenant. » Tu imaginais déjà un vieux papier peint fleuri comme les grands-mères, ou alors des tableaux limites genre une femme nue dans une position plus que suggestive. Ou alors une statue affreuse d'un chien ou d'un canard. « Quel genre de boulot par exemple ? » Sa réponse te laissait surprise, c'était rare qu'une personne cherche encore sa voix à cet âge, peut-être parce que toi tu savais ce que tu voulais faire depuis que tu avais 10 ans.

A l’entendre, je souris bêtement car sa réponse me convient parfaitement. Moi non plus, je n’aimerais pas être célèbre. Ce n’est pas une question de ne pas vouloir faire comme tout le monde qui cherche de la reconnaissance ici ou là, simplement le fait d’être bien dans sa peau comme on est, avec notre petite vie tranquille. Rien qu’en partant des États-Unis, j’avais quitté un bon nombre d’amis et de connaissances. Dans la rue, il était régulier que je croise quelqu’un que je connaissais, que j’aimais ou non ; et retrouver cette sincérité d’esprit en arrivant à Bowen, cet inconnu, ça m’avait tout de suite fait du bien. « Un autre point commun alors. Je trouve ça tellement chouette l’anonymat, la vie tranquille, et tout ce qui va avec ! » Pour ce qui est des détraqués à ses trousses, cela me fit rire rien qu’en imaginant la scène.

On continue de discuter et on en arrive à ce que l’on fait dans la vie, et on dérive sur mes goûts en matière de décoration. « Tu ne serais encore pas trop choquée par la déco de mon appartement car mon colocataire m’a interdit d’y mettre mon grain de sel mais je peux te montrer des photos de celui où j’étais à New-York, tu vas rire ! » Il est vrai que à Bowen, je n’avais pas eu trop le choix quant à la tapisserie et les tableaux accrochés, même ceux de ma chambre d’ailleurs, mais c’est bien mieux comme ça. Et alors que je lui réponds sur mes occupations, j’en profite pour sortir mon téléphone portable et je me mets alors à la recherche des dites photos. « Dernièrement, j’ai fait serveur dans un bar, garde du corps pour une journaliste locale qui devenait parano et qui pensait que tout le monde la suivait en cachette ou encore diseur de bonnes aventures. » Ce dernier travail en intérim, ça avait été franchement trop drôle d’ailleurs. « J’aimerais trouver quelque chose de plus définitif mais pour l’instant, ça ne vient pas. » Je lui confie alors, sur un ton déçu, tout en mettant enfin la main sur la photo que je cherchais. Je tourne alors mon portable vers elle pour lui montrer le carnage. « Voici à quoi ressemblait mon ancien appartement. » Aux vraies allures de garçonnière avec un ménage qui n’était jamais fait et un évier plein de vaisselle qui déborde, on notait surtout de vieux meubles anciens que même les papi mami ne voudraient plus chez eux, couplés avec des trucs tout neufs qui ne vont absolument pas ensemble. Les couleurs, on aurait dit un truc multicolore des années 70. Et pour couronner le tout, j’avais accroché aux murs des dessins que j’avais faits quand j’étais enfant, que ma mère avait toujours gardé. « Vraiment, ça fait peur et je me demande comment j’ai fait à l’époque… »

Un autre point commun, cette phrase te plaisait bien. Ça te donnait l'impression que tu lui plaisais, enfin que tu pourrais lui plaire. Et réciproquement, en fait. Après, vous pouvez avoir des tas de points communs, et ne pas vous entendre pour autant. Ça t'étais déjà arrivé et ça avait fini en un débat houleux, enfin pour ton partenaire, puisque toi tu restais étonnamment calme, et ça l'avait énervé de plus belle. Il était parti en te traitant de folle, et d'étrange. Tu avais passé ta nuit à pleurer en te sentant mal. Tu ne t'attendais pas à avoir une large gamme de métiers différents, mais c'était une bonne chose aussi. « Tu finiras par trouver, je pense qu'en plus, tout essayer, ça te donne un bon aperçu d'ensemble et tu peux voir ce que tu ressens ! Mais du coup, tu pourrais prédire mon avenir ? » Tu lui offrais un sourire compatissant, il était adorable, on aurait dit un petit garçon qui raconte que tous les jours il veut faire un métier différent pour ne jamais s'ennuyer. Mais c'est vrai que dans son récit, tu avais envie d'en savoir un peu plus sur ses talents. Après avoir ri un peu, en lui tendant ta main, tu jetas un coup d'oeil à la photo. « Wahou ! Je ne m'attendais pas à ça, le ménage et la vaisselle à la limite, ça me choque plus trop pour un garçon, mais le mélange des couleurs, c'est de l'art à ce niveau ! » Tu riais doucement, tu ne voulais pas te moquer mais tu devais avouer que cette décoration méritait la deuxième place dans ton classement. Parce que tu avais pu voir pire, en tout cas, pour le moment.

Je lui souris. Elle est vraiment adorable. Je pense que c’est le mot correct pour la qualifier, ou en tout cas d’une gentillesse extrême. J’aime ce trait de caractère chez une femme, même si on m’a toujours dit qu’il me faudrait quelqu’un qui sait gérer mon caractère quelque peu particulier. De toute façon, je n’ai jamais trop eu l’occasion de tester cette théorie alors seul le futur sera capable de déterminer quel type de demoiselle est bon pour moi. Sa question me fait rire, une fois que j’ai hoché la tête. « C’est intéressant en plus et puis, ça permet de savoir vraiment où on veut aller avec notre vie. » Un brin philosophe à mes heures perdues. Oui, ça m’arrive de réfléchir intelligemment même si c’est plutôt rare. « Laisse-moi me concentrer. » Je rends un air des plus sérieux et mets mes doigts sur mes tempes pour montrer que ma réflexion est intense et qu’il faut que j’aille chercher au plus profond de mon être pour prédire l’avenir de Lily. « Je te vois avec un homme, très beau et charmeur, habitant une splendide maison que tu auras décoré soigneusement… » Bien sûr, l’homme dont je fais mention n’est autre que moi-même car je dois bien avouer que j’espère la revoir ultérieurement. Je termine par un clin d’œil alors qu’on enchaine sur la photo que je lui montre de mon ancien appartement. Sa réaction ne se fait pas attendre et ne diverge aucunement de celle à laquelle je m’attendais. « Je t’avais prévenu ! Je suis vraiment le roi de la déco, on peut le dire ! » J’ajoute alors sur un ton humoristique. « Maintenant, tu ne vas plus du tout me regarder du même œil. »

Tu lui avais tendu la main et tu attendais qu'il te prédise l'avenir. Tu te doutais bien que c'était du baratin et qu'il allait te sortir le charabia habituel, mais justement, c'était ça qui t'amusait le plus dans tout ça. Toi qui avait toujours voulu te faire lire les lignes de la main juste pour essayer, c'était l'occasion ou jamais. Tu le regardais se concentrer, te retenant de rire en le voyant mettre ses mains sur ses tempes pour faire genre qu'il réfléchissait. Tu agrémentais ses propos en mimant des "ah" et des "oh" avec ta bouche au fur et à mesure qu'il te prédisait ton avenir. « Ah oui ? Comme c'est un avenir plutôt charmant, je ne dirais pas que tu es un charlatant ! » Tu te mis à rire. C'était très amusant, mais tu devais t'estimer heureuse de ne pas encore être tombée aussi bas au point d'aller consulter toutes les diseuses de bonnes aventures du coin parce qye tu serais fauchée. Et vraiment crédule pour le coup. Tu t'estimais heureuse de ne pas être aussi naïve. Même s'il t'étais déjà arrivée de t'affoler pour l'horoscope, mais bon, tu étais comme ça. « Non, je te promets de ne pas te juger d'après une déco douteuse, après tout chacun ses goûts non ? » Tu lui affichais un doux sourire, en remettant en place une mèche de cheveux qui s'était échappée. Puis tu te nettoyais les mains pour pouvoir attaquer la suite de votre repas.

« Tu me vexerais en me traitant de charlatan de toute manière car je suis un véritable professionnel ! » Je lui réponds alors aussitôt, avec un large sourire qui en dit long sur mes intentions et mes capacités dans ce métier qui est loin d’être une vocation pour moi. « L’avantage, c’est quand même que cela fait toujours plaisir à entendre. » Et voir un sourire sur chaque visage des personnes qui passaient à mon comptoir lorsque j’exerçais la profession pour quelques jours, ça avait tout de même un petit côté magique. L’espoir a vraiment une vertu bénéfique sur l’ensemble de la population.

Je lui fais un petit clin d’œil lorsqu’elle me parle de mes goûts douteux en matière de décoration et je décide qu’il est temps de changer de sujet pour revenir à la base de notre activité de ce soir. « Ça devrait être cuit. On passe à table ? » Je n’attends pas vraiment de réponse puisque je me dirige aussitôt vers la table installée à cet effet. Des petites chandelles surplombent une table vêtue d’une nappe rouge et une vaisselle impeccable. Nous avions bien entendu terminé plat et dessert au cours de notre discussion avec la jeune femme et le cuisiner était en charge du service pour le reste de la soirée. « Tu ne m’as pas dit : tu as des frères et sœurs ? »

« Après ça dépend, si tu t'engage pas trop des tes réponses, tu peux donner un peu d'espoir et de bonheur aux autres, et ça, ça ne tue personne. » Après tout dépendait du genre d'espoir qu'on offrait, tu trouvais malsain les personnes qui jouaient avec le désespoir ou bien la tristesse des autres. Tu avais songé consulter une personne comme ça, pour entendre dire que ta mère allait bien, qu'elle était heureuse là où elle était, mais tu n'en avais pas été capable. Tu sortis de ton flot de pensée, lorsqu'il te proposa d'aller t'installer à table, ce à quoi tu approuvas par un simple hochement de tête, le suivant jusqu'à la table dressée pour l'occasion. Tu ne l'avais pas vu avant mais il avait vraiment mis les petits plats dans les grands. Il avait vraiment pensé à tout, et pour ton petit coeur de grande romantique, cette attention était vraiment particulière. Tu t'installais face à lui, toute souriante et impatiente de goûter vos petits plats. Tu attrapas la coupe de champagne qui se trouvait devant toi, et la leva pour la porter en sa direction. « A cette merveilleuse soirée ! » Les coupes s'entrechoquèrent puis tu portas la tienne à tes lèvres. Une fois une gorgée avalait, tu revenais sur sa question. « Et non, je suis fille unique, pour mon plus grand malheur, et toi ? » Tu accompagnais ta réponse d'un petit haussement d'épaules.

Je suis tout à fait d’accord avec les dires de la demoiselle et même si on m’a souvent reproché dans le passé de ne penser qu’à ma petite personne, apporter un brin de joie sur le visage d’un enfant ou même d’un adulte est toujours plaisant. J’aime à voir que je suis à l’origine de ce sourire naissant sur leur visage, qui en crée toujours un en retour sur le mien. Puis, on s’installe à table et je crois reconnaitre ce sentiment dans les yeux de Lily lorsqu’elle voit ce que j’ai concocté. Je ne me suis définitivement pas trompé sur le choix de cette soirée.  On trinque, sourire aux lèvres et les yeux qui pétillent autant que le champagne dans nos verres. En tout cas, moi je ne regrette absolument pas d’avoir orquestré toute cette soirée, à mon grand étonnement, et jamais je n’avais imaginé que la soirée serait aussi délicieuse, dans tous les sens du terme. J’avale une gorgée. Ensuite, j’écoute la réponse de la brunette avant de lui répondre. « Moi aussi, étrangement. » Encore un point commun. Cette question allait être la première d’une longue liste qui fit passer la soirée à une vitesse folle et de points communs en points communs, je rentrais chez moi, des souvenirs plein la tête et une irrésistible envie de revoir la jeune femme qui m’a clairement tapé dans l’œil.

FIN