Darkness bleeding in, the sun is getting low -r.

Le capuchon de son sweatshirt sur la tête, les pieds enfouis dans le sable, Axten regardait les vagues à l'horizon, le soleil couchant. C'était calme sur la plage ce soir, mais bien peu calme dans sa tête. Il avait posé le pied sur la terre australienne quelques heures auparavant et il n'avait pas osé aller retrouver Charlize. Il avait si hâte de la voir, de la serrer dans ses bras, mais il ne pouvait s'empêcher de se créer des barrières, de fausses barrières. Il aurait pu se rendre dans l'un des nombreux bars de Bowen et caler toute l'alcool que son corps pourrait encaisser, mais il s'était promis de ne plus s'abandonner à cette noirceur. Il avait plutôt pris direction de la plage, cet endroit où, depuis sa tendre enfance, il se rendait pour se retrouver seul avec son esprit. Le dos appuyé contre un rocher, il pensait. À Charlize, à Romy, à son départ précipité qu'il n'avait pas annoncé. À Portland, à ses moments de folies et de dépression. À son envie d'en finir avec la vie, à son espoir de pouvoir retrouver sa vie tranquille avec sa famille. Il ignorait dans quoi il s'était embarqué, il avait prit le premier vol vers cette seule opportunité de ne pas ruiner la vie de sa femme et de son enfant. Et six mois plus tard, il était de retour, plus qu'amoché par la vie et l'alcool. Axten étira son bras et attrapa une roche dans le sable. Il serra ce caillou dans sa main, puis le lança de toutes ses forces dans l'eau, comme s'il tentait d'effacer de sa vie ses erreurs. Il faudrait bien qu'il trouve la motivation de retrouver Charlize, même si pour cela, il devrait être confronté à ses démons. Il fallait qu'il lui dise qu'il était désolé, qu'il l'aimait.

Il ferma un instant les yeux, faisant basculer sa tête contre le rocher. Il tentait bien que mal de faire le vide, même si c'était impossible. L'ambiance était au calme, sur la plage, en ce début de soirée. Le soleil se couchait à l'horizon et très peu d'habitants déambulaient sur le sable encore un peu chaud. Axten se concentrait sur le bruit des vagues, rien d'autre. C'était un son particulièrement relaxant, qu'il appréciait davantage en temps normal. Cette fois, la tête remplie de remords, les épaules lourdes et le coeur émietté, il était beaucoup plus difficile pour lui de l'apprécier et de se détendre. Les mains dans la poche ventrale de son sweatshirt, les paupières closes, il n'avait pu entendre la demoiselle qui s'était approchée de lui, pieds nus contre le sable fin. Elle ne prononça qu'un mot, qui le tira de ses pensées. «Vodka ?» Axten fronça les sourcils. Cette voix lui était familière, mais les paupières toujours closes, il n'arrivait pas à l'identifier. L'homme ouvrit alors les yeux et leva le regard vers le visage de l'iconnue... pas si inconnue que ça, finalement. Mais qu'est-ce qu'elle faisait ici, elle, merde? Et elle lui tendait une bouteille de vodka, c'était à la limite ironique. Un clin d'oeil à leur première rencontre. Il attrappa tout de même la bouteille, une gorgée ou deux ne lui feraient pas de mal, non? «Tu t'asseois?» avait-il lancé en retour, désignant de sa main libre une place à sa gauche. Axten posa ses lèvres sur le goulot et avala une gorgée, puis deux. Le liquide brûla doucement sa gorge, comme si la chaleur qu'il ressentait était, à la limite, réconfortante. Puis maintenant, la brunette. «Qu'est-ce que tu fais ici?» dit-il sèchement, sans le vouloir. Cette femme en savait beaucoup trop sur lui, Axten n'était pas certain de comment est-ce qu'il devait réagir à sa présence à Bowen. C'était rassurant d'enfin revoir un visage connu, même s'ils ne se connaissaient qu'à peine, en fait... et en même temps, Joe n'avait pas la langue dans sa poche. Ils n'avaient jamais parlé d'où ils venaient, de qui ils étaient. Ils s'étaient partagés des démons et beaucoup, beaucoup d'alcool. Vivait-elle à Bowen? Était-elle de passage au pays des kangourous pour se faire un max de fric? Son visage ne lui avait jamais paru connu, ce soir-là... par chance, elle serait ici depuis peu et n'y resterait pas longtemps. Axten avait tendu la bouteille à la jeune femme, tentant de se convaincre qu'il ne retomberait pas sous le charme de l'alcool ce soir. «Merci» dit-il, en faisant allusion à la fameuse bouteille remplie de ce liquide divin. Comme quoi Joe tombait toujours sur lui alors qu'il était à son pire.

Leurs regards se croisent, son coeur saute un battement. «Merde, c'est toi Ax ?» C'était bien lui, même s'il aurait préféré être ailleurs, ne pas être l'homme qu'il était, aujourd'hui. Axten ne répond pas et fronce les sourcils. Il aurait préféré ne jamais recroiser le chemin de Joe. Pas qu'elle n'était pas de bonne compagnie, mais il savait très bien le point de vue de la femme sur sa situation. Il savait aussi ce qu'elle pensait de lui, elle ne s'était pas gênée de le lui dire après l'avoir écouté raconter son histoire. L'alcool aidant, il s'était facilement ouvert, cette nuit-là. Cette substance qu'ils avaient grandement consommée avait fait tombé toute barrière possible entre eux deux. Il lui avait demandé ce qu'elle faisait ici, parce qu'il y avait trop de possibilités et il n'avait pas la tête à le deviner. La jeune femme s'installe à ses côtés et lui prend des mains la bouteille de vodka qu'il lui tendait justement. «Bah écoute, comme tu vois, je bois ! Rends moi la bouteille d'ailleurs, moi aussi j'ai soif.» Axten sourit difficilement, un sourire en coin, lui jetant un regard. Elle ingurgita une bonne gorgée d'alcool, avant de lui répondre plus franchement. «J'ai pas vraiment eu l'occaz' de te le dire là-bas, mais j'vis à Bowen en fait. Et toi, tu t'es perdu en fuyant ?» Eh merde. Axten remonte les genoux près de son corps, appuie ses coudes contre ceux-ci et posa sa tête entre ses mains. Il soupire. Joe vivait ici, sur le même continent, dans la même ville où sa femme et lui-même étaient installés, depuis toujours. Et si... non, non, impossible. Il se frotte le crâne, comme pour chasser cette idée. Et si Charlize et elle se connaissaient? Impossible. Il ne le fallait pas. Axten relève la tête et étend ses bras par dessus ses genoux. «C'est vrai?» dit-il en regardant l'unique personne connaissant son secret s'enfiler une nouvelle gorgée d'alcool. Elle lui tend la bouteille, c'est pile le bon moment. Elle détient vraiment un radar intérieur, celle-là. Axten s'enfile une autre gorgée, puis deux. C'est toujours aussi brûlant, douloureux. Comme sa vie, son secret. «Welcome home alors!» avait-il lancé. «Je ne fuis pas, Joe» avait-il dit, avant de marquer une pause. Il ne fuyait pas, du moins, pas de son point de vue. Il n'avait pas à fuir quiconque, ici. Tout ce qu'il voulait, c'était d'oublier ce qu'il lui était tombé dessus. Il avait voulu protéger sa femme, sa fille. Les protéger de lui, des malheurs de la vie. Au fond, il avait peut-être fuit... et elle avait peut-être raison. C'était trop difficile de se l'avouer, l'orgueil en avait déjà pris un assez gros coup dans les derniers mois. Il fait balancer la bouteille entre ses mains, dans un mouvement circulaire, les yeux fixés sur le liquide qui danse entre les parois vitrées. «J'vis ici, moi aussi» lâcha-t-il sèchement. «Et elle est ici, elle aussi.» Il faisait allusion à Charlize, bien sûr. Parce que sa femme viendrait rapidement sur le sujet, de toute façon, alors autant le ramener tout de suite.

Toute cette situation est de plus en plus débile. Déjà qu'il avait eu de la difficulté à avaler le fait qu'il avait fréquenté, le temps d'une nuit, une prostituée, même s'il refusait d'appeler Joe ainsi, il la retrouvait ici, à Bowen, chez lui et chez elle, après s'être entièrement dévoilé à elle. Il s'était littéralement mis à nu, il lui avait tout dit. Il lui avait tout dit dans l'espoir de s'enlever un poids de sur les épaules, d'avoir la conscience moins lourde. Mais il avait eu tord. Et aujourd'hui, c'était bien pire. Il lui avait demandé si c'était sérieux, tout ça, qu'elle vivait ici, comme si par magie, le fait de le demander aurait changé la donne. Joe lui avait répondu par l'humour. «Bah oui, c'est vrai, tu m'as déjà vu sortir un mensonge ?» Même s'il n'avait pas le moins du monde envie de rire, la jeune femme avait tout de même réussit à lui tirer un sourire des lèvres. Joe et mentir dans la même phrase serait digne d'un miracle, d'un truc impossible. Elle avait du front, elle disait tout haut ce qu'elle pensait sans aucune gêne, sans limite. C'était bien ainsi, après tout. S'il était tombé sur une femme trop douce, trop sympathique plutôt qu'empathique, trop chaleureuse plutôt que franche et direct, Axten ne serait pas à Bowen aujourd'hui. Il ne savait pas où il serait, et s'il serait encore de ce monde, mais il n'aurait clairement pas trouvé en lui la force de revenir ici après tout ça. Le pompier avoua ensuite à la femme de joie vivre lui aussi ici, ainsi que sa femme. Toute sa vie était ici. En mille morceaux. «Tu lui as parlé ?» Axten eu un pincement au coeur. Il avait honte, honte de ne pas avoir trouvé la force d'aller directement la trouver après avoir posé le pied en terre australienne. Il n'aurait du prendre comme direction que celle menant à chez eux, la serrer dans ses bras, lui dire qu'il l'aimait, encore, et encore. «Non...» souffla-t-il, la voix rauque. Il avait cessé de faire valser la bouteille entre ses doigts. Les mots ne lui venaient pas, il ne pouvait les enchaîner dans sa tête. «Putain» grogna Axten. Il se sentait comme une merde, comme un lâche. Sa femme méritait bien mieux qu'un pauvre mari qui l'avait abandonnée, elle et leur fille. Il s'enfila une nouvelle gorgée d'alcool, comme si cela l'aiderait à retrouver ses sens et à faire des phrases de plus d'un mot. «Je... j'dois... lui parler, Joe.» Il avait un de ces mal de crâne. Il réfléchissait trop, sans le vouloir. «Mais... pourquoi... pourquoi voudrait-elle encore... d'un homme qui l'a laissée... tomber?» Axten était déconnecté de la réalité, il se laissait à nouveau emporter par ses idées noires. «De toute façon... je ne reviendrais que pour mieux... repartir» finit-il sèchement, un noeud dans la gorge, une boule dans l'estomac. Il se racla la gorge et remit la bouteille de vodka à la demoiselle. «Toi et moi, c'est du déjà vu.» Il faisait allusion à leur première rencontre. L'homme s'en voulait déjà d'avance de lui faire endurer, à nouveau, sa triste histoire où il s'appitoyait sur son sort. Parce que c'est ainsi qu'il le percevait. Il se voyait comme un faible, un lâche, même si, en connaissant toute l'histoire, personne ne pourrait le traiter de faible. Il avait mené la bataille du mieux qu'il l'avait pu.

Un fin sourire en coin ornait à présent son visage. Joe était probablement la seule qui arrivait encore à lui arracher un sourire, aussi petit qu'il soit. Au fil de leur discussion, Axten réalisait qu'il avait eu de la chance, finalement, de retrouver la brunette ici. Aussi étrange que cela pouvait parraître, elle jouait à merveille le rôle de sa conscience.  «Bah ouais, mais je me balade pas avec un gâteau au chocolat pour remonter le moral aux mecs malheureux que je croise. En général j'utilise d'autres trucs, mais là c'est sûrement une mauvaise idée» dit-elle, accompagné d'un clin d'oeil. Peu à peu, les muscles de son corps se détendaient, les pressions dans son crâne se faisaient beaucoup moins fortes. «C'est pas la question qu'elle veuille de toi ou non, elle a le droit de savoir pourquoi t'es parti et ce qu'il va se passer ensuite tu crois pas ? Tu peux pas la laisser imaginer que t'es parti pour une bimbo ou un truc du genre.» Axten soupire. Parce qu'elle avait raison, une fois de plus. Il aurait préféré être parti avec une autre et avoir fait une erreur. Il aurait préféré transgresser une valeur de grande importance pour sa femme et lui, plutôt que de vivre tout ça. L'homme espérait seulement que Charlize ne s'était pas faite à cette idée que son mari l'avait laissée pour une autre. Il avait promis de l'aimer pour toujours. Et il l'aimerait jusqu'à la fin de ses jours, de près, de loin. «J'sais, Joe...» Avant même qu'il ait le temps de réfléchir, Joe s'empressait de lui répondre. «Bon et puis sérieux, t'as pas envie de profiter d'elle et de ta gamine tant que tu peux ?» Il grinça des dents, sa machoire se serrant. C'était en effet tout ce dont il avait envie. Être la petite famille qu'ils étaient à nouveau. Aussi longtemps qu'ils le pourraient. Et Romy. Romy. Elle devait avoir grandit, vieillit. Ses boucles blondes devaient être bien plus longues, son sourire garni de petits dents de lait. «Évidemment», souffla-t-il. Il ne rêvait que de cela. «Et si elle m'avait... remplacé? Si l'absence avait été trop lourde à porter...» Axten s'en voudrait tellement.  Six mois, c'était plutôt court pour laisser derrière soi des dizaines d'années d'amour et d'histoire. Mais ce n'était pas impossible. «Et surtout... après.» Le après. C'est ce qu'il appréhendait le plus. Après les retrouvailles, après les moments chéris ensemble. Après. «Un jour... à la fois», dit-il tout bas. Ces paroles, qu'on lui avait prononcé trop souvent à Portland. Le pompier empoigna la bouteille de vodka et en but une nouvelle gorgée. Cela ne servait à rien de penser plus vite et plus loin que sa tête ne le pouvait. Il profiterait de ces derniers instants avec Joe, il irait probablement vagabonder, ici, ou ailleurs, avant de rentrer chez lui.

Voir un gars aussi malheureux qu'Axten me donne envie de lui faire des câlins. Mais il est marié le mec, et il a assez de problèmes comme ça, alors je le fais boire, et je bois aussi accessoirement. Je suis plutôt directe avec lui, et je pense que ça lui fait du bien. De toutes manières, c'est ma façon d'être, et si ça ne lui avait pas plu un minimum il m'aurait déjà envoyée chier la première fois qu'on s'était vus. Mais non, au contraire, il parle plutôt ouvertement de ses problèmes et moi bah, j'l'écoute. T'façons j'ai rien de mieux à faire, et même si je parais m'en foutre des autres, ben c'est pas vraiment le cas. J'aime pas voir les gens malheureux, et l'histoire de ce mec m'a vraiment marquée.

Je suis pas sûre qu'elle ait eu le temps pour des rencarts avec une petite fille à élever. Enfin, j'en sais trop rien hein, j'ai pas d'gosse.

Ça me paraît impressionnant d'avoir à élever des enfants, ça doit prendre tout ton temps, ça te vomit dessus, et ça a toujours un truc à te demander. La galère ! Heureusement, la gamine de mon coloc est grande, c'est quand même plus sympa qu'avoir un tout petit qui fait que baver à la maison.

C'est vrai que ça serait con qu'elle soit passée à autre chose, mais ça serait aussi bien pour elle pour, tu sais, la suite. Mais ta fille n'a qu'un papa, j'pense vraiment que tu ne devrais pas attendre.

Je redonne la bouteille de vodka à Ax' après m'être enfilé une gorgé et ajoute :

Et sérieux, c'est glauque de boire avec une pute, tu devrais plutôt être avec elles. Et comme tu dis : un jour après l'autre. Il va falloir arrêter réfléchir, être un homme et agir.

La plage, le coucher de soleil, une bouteille d'alcool. Axten était la pire caricature d'un homme qui ne valait plus grand chose. Du moins, à ses propres yeux, il ne voyait à présent que très peu de valeur. Il traînait un immense nuage noir au dessus de sa tête, lui qui était autrefois un homme joyeux, rayonnant. À pareille date l'an dernier, si on lui avait dit qu'il se retrouverait sur la plage, en début de soirée, à boire de l'alcool, sa vision des choses aurait été tellement différente. Et aussi étrange que cela pouvait parraître, la simple présence de Joe à ses côtés changeait tout. «Je suis pas sûre qu'elle ait eu le temps pour des rencarts avec une petite fille à élever. Enfin, j'en sais trop rien hein, j'ai pas d'gosse.» Axten sourit. Il n'imaginait effectivement pas Joe avec un enfant, ou du moins... pas à ce stade de sa vie. En même temps, il ne savait pas grand chose sur elle. Peut-être pourrait-elle faire une excellente mère. La femme a ses côtés lui permettait de rester rationnel, ou du moins, de lui faire voir le côté rationnel de la chose, présentement. «Ouais... j'avoue.» Il souriait, bêtement. Partir sans prévenir et ne donner aucun signe de vie durant plus de six mois est impardonnable... mais permet-il d'oublier autant d'années d'amour, de complicité et de mariage? «C'est vrai que ça serait con qu'elle soit passée à autre chose, mais ça serait aussi bien pour elle pour, tu sais, la suite. Mais ta fille n'a qu'un papa, j'pense vraiment que tu ne devrais pas attendre.» Le pompier jeta un coup d'oeil à la fille de joie. Les mots qu'elle venait de prononcer, même s'il se les était dit de nombreuses fois, frappaient différemment dans la bouche d'une tierce personne. Il y aurait toujours un après. Un après incertain. La gorge nouée, Axten demeura silencieux. Il fut pris d'une pression à la tête, puis ses yeux s'embuèrent. Sa douce, et jolie petite fille. Sa Romy. Joe lui tendu à nouveau la bouteille de vodka, où le contenu avait nettement diminuer. D'ailleurs, il commençait à en ressentir les effets. Ou c'était autre chose... «Et sérieux, c'est glauque de boire avec une pute, tu devrais plutôt être avec elles. Et comme tu dis : un jour après l'autre. Il va falloir arrêter de réfléchir, être un homme et agir.» Axten grimaça au son du mot pute. Joe était plus que cela, à ses yeux. Elle avait donné un tout autre sens à ses idées ne serait-ce qu'en l'espace de quelques heures, dès leur première rencontre. La bouteille dans les mains, il s'enfila une nouvelle gorgée d'alcool, une dernière. C'était décidé, il irait voir Charlize. Certes, pas dans cette condition, mais il irait. «Ce qu'il reste de l'homme que j'suis... agira, Joe.» Une toute nouvelle lueur s'était emprise de son regard. Axten ne laisserait pas une seule autre journée le séparer de sa femme et de sa fille. Il ne laisserait pas un autre vingt-quatre heures s'écouler dans le silence, dans le doute, dans la peur. «Mais un jour à la fois...» dit-il en se tournant vers la brunette, souriant. «Là, j'suis plus en état de traîner avec toi... que d'aller créer des... retrouvailles.» Et cette bouteille était presque terminée. Il se rendrait à l'hôtel où il avait posé son sac de voyage, prendrait une douche et dormirait comme un bébé. Et demain, dès la première heure, il irait retrouver sa femme, et son bébé.