#02 - darkness (landjalia)

Tu ne sais pas quelle heure il est lorsque tu sens ton téléphone vibrer sous ton oreiller. Tu soupires, jurant au passage, parce que tes vraies nuits de sommeil se font bien trop rares ces temps-ci. D'ailleurs, il n'est pas difficile de le remarquer quand on voit tes cernes bien trop marqués sous tes yeux. Le seul remède à tout ça c'est la cocaïne mais malheureusement, ça ne te rend pas plus en forme, plus en santé. Décrochant ton téléphone, tu n'eus d'autre choix que de le reculer de ton oreille en entendant ta colocataire hurler dans celui-ci d'une voix enjouée. Tes sourcils se froncent immédiatement lorsqu'elle t'explique avec qui elle se trouve. Putain. Dis-tu avant de rapprocher à nouveau le téléphone de ton visage. « Tahl' t'as bu ? » Demandes-tu avec un brin d'inquiétude dans le voix. Sa réponse étant insuffisante à tes yeux, tu décides de quitter ton lit pour sortir ta colocataire de ce merdier. « Reste où tu es, je viens te chercher. » Et tu raccroches aussi vite, de toute façon, ce n'est pas comme si la jeune femme était en état de comprendre un mot de ce que tu dis. Elle t'a parlé d'une sombre histoire de fréquentation mais tu n'es pas certaine d'avoir tout compris, certains mots étant bousillés par son taux d'alcoolémie. Tu attrapes un simple pantalon de jogging dans ton armoire, laissant ton haut en dentelles par manque de temps. Tu ajoutes simplement un gilet assortit à ton pantalon pour cacher ton décolleté puis sors de l'appartement en quatrième vitesse. Dans ta voiture, tu attaches tes cheveux en demi-chignon puis prends la route que tu connais par coeur pour rejoindre la maison de Landon. Rapidement, tu te gares dans l'allée et sors en trombe de la voiture. Tu ne sais pas à quoi t'attendre, tu envisages les pires scénarios dans ta tête à cet instant précis mais ce dont tu es sûre c'est qu'arriver devant une Tahlia ivre et un Landon sûrement défoncé ne va pas être facile à gérer. Encore moins alors que l'envie de prendre de la drogue, toi aussi, est forte. Cela fait deux jours que tu n'en as pas pris et tu étais plutôt fière jusqu'ici mais en fonction de comment se passe cette soirée, tu n'es pas certaine de maintenir ce sevrage plus longtemps. Frappant à la porte, tu te rends vite compte qu'ils ne t'entendront sûrement même pas... « Oh et puis merde. » Dis-tu en soupirant et en entrant dans la maison de l'anglais. Connaissant les lieux par coeur, tu te diriges vers le salon où tu entends une conversation parsemée de rires. Puis, alors que tu t'approches du salon, tu les vois tous les deux sur le canapé et une pointe de jalousie ne peut s'empêcher de venir pointer le bout de son nez. Mais tu décides de la relayer au second plan, concentrant toute ton attention sur ta colocataire qui semble plus ivre que jamais. « Qu'est-ce que tu lui as fait boire ? » Ou pire prendre ? Cette image est rapidement chassée de ta tête, imaginant difficilement Tahlia prendre de la drogue. « Tu vas bien ? » Demandes-tu à ta colocataire en sondant son regard et en t'approchant pour être face à eux, devant le canapé. « Putain Landon. » Dis-tu plus fort que tu ne le voudrais en sentant la colère te gagner petit à petit. T'es en colère de voir Tahlia dans cet état, en colère qu'il en soit à l'origine et en colère de les voir tous les deux si proches. Tout se bouscule dans ta tête à cet instant précis et si tu le pouvais, tu partirais aussi vite que tu es arrivée.

La crainte de voir Freja, après l'appel passé, avait très vite disparu. Quand Landon lui avait promis qu'il ne dirait rien, la réponse de Tahlia s'était résumée à un fou rire, un fou rire complétement contrôlé par cette drogue qui envahissait son organisme. Une drogue qui rendait sa vie tellement légère alors que Landon lui avait lancé des horreurs dans la figure : les abus qu'il avait subi de la part de sa mère et les méchancetés qu'il avait balancé sur Tahlia et qui feraient sûrement écho le lendemain, quand sa gueule de bois et son désespoir auront remplacé cette euphorie artificielle. Et là, elle se rendrait compte que Landon avait pleinement raison, qu'elle ne valait rien. Embarqués dans une conversation loufoque, dont Tahlia n'était même pas sûre d'en comprendre le sens, les deux camarades n'entendirent même pas que l'on frappait à la porte. Le rire de Tahlia se faisait entendre dans toute la pièce, vite remplacé par un sursaut en entendant la voix de Freja. La brune se retourna brusquement et vit sa colocataire qui entrait dans la pièce. « Tu m'as fichue la trouille, Freja ! » Pourtant, c'était elle qui l'avait appelé. Elle savait bien que son arrivée était imminente. Alors qu'elle porta son regard sur son amie, elle vit que celle-ci était plutôt en colère. Postée devant eux, face au canapé, il ne manquait plus qu'elle mette ses poings sur ses hanches pour adopter la posture moralisatrice. Tahlia pouffa de rire, quand Freja demanda à Landon ce qu'il avait bien pu lui faire boire.Heureusement que cela se limitait à un simple soupçon de bonne cuite et non pas à une prise de drogue que les pupilles dilatées de la policière pouvaient trahir. « Il ne m'a rien fait boire. » répondit-elle, cependant, avec un large sourire. « Il m'a juste récupérée à la sortie d'un bar. » Au fond, elle disait la vérité. Elle cachait juste le fait qu'elle avait pris autre chose, juste après. Alors quand Freja lui demanda si elle allait bien Tahlia enchaîna directement : « Je vais plus que bien ! » Là aussi, c'était la vérité. Mais c'était un bien-être artificiel, qui annihilait temporairement le mal-être qui subsistait chez la brune. Putain Landon. La policière fit une moue exagérée en entendant le ton employé par sa colocataire. C'était du genre à dire « Putain Landon, tu vas prendre cher. ». Et alors que Tahlia devrait culpabiliser qu'il soit l'objet des accusations de Freja, c'était tout le contraire qui arrivait...

Les éclats de rire et les mots avaient fini par se mêler les uns aux autres, au point que tu n’étais plus réellement capable de savoir la source de ces échanges entre Tahlia et toi. Peut-être qu’il était question de Freja, ou peut-être de cette drogue que la brune à tes côtés avait décidé de s’enfiler droit devant toi. En tout cas la tension qui s’était faite plus que présente lorsqu’elle t’avait retrouvé au-dessus de ce sachet de coke faisait bel et bien partie du passé désormais. La dureté de vos mots avait été balayée par vos éclats de rire, posés sur ce canapé, complètement déconnectés de ce qu’il pouvait bien se passer, comme de l’arrivée de Freja que vous n’aviez pas remarqué jusqu’à ce que Tahlia ne sursaute, ton regard qui suit le sien pour voir la nouvelle arrivante postée devant vous, le visage fermé. Tu te mets à rigoler en entendant Tahlia et t’en baisses le visage pour tenter de ne pas en rajouter, relevant finalement les yeux vers la norvégienne qui s’empresse de savoir ce qu’il s’est passé. Et bien rapidement, c’est à toi que les questions sont adressées, mais t’as même pas le temps d’ouvrir la bouche que c’est la représentante de la loi qui prend les devants, étalant son euphorie à travers ses réponses. «En gros, elle va mieux qu’à la sortie du bar, c’était vraiment pas très beau à voir.» que tu rajoutes en grimaçant avant de te mettre à rigoler, en tout cas l’espace de quelques secondes jusqu’à ce que Freja s’adresse à toi en haussant le ton. Tu te redresses légèrement, le dos presque droit, tel un gosse qu’on venait de réprimander alors que tu fais de grands yeux à Tahlia lorsque tu vois la tête qu’elle tire. Ça n’allait pas être de tout repos et il allait falloir que tu y mettes du tien pour calmer Freja. «Calme-toi, pas besoin de réagir comme ça, c’est cool.» souffles-tu en te raclant la gorge, tes sourcils qui se froncent au-dessus de tes yeux pour tenter de te convaincre toi-même tandis que tu passes une main dans tes cheveux afin de les ébouriffer, trouvant la force de te lever de ce canapé. «Et puis si tu veux tout savoir, je lui ai déjà fait la morale, c’est pas nécessaire d’en remettre une couche.» lui dis-tu en arrivant à sa hauteur, tes yeux ne cherchant pas à fuir son regard. Tu savais qu’elle verrait que tu n’avais pas consommé d’alcool mais autre chose, ça te faisait même sourire mais au moins ça attirerait l’attention sur toi, pas sur Tahlia. «Par contre, je suis prêt à recevoir la mienne.» Et même si tu n’avais pas des yeux dans le dos, tu ne pouvais t’empêcher d’imaginer Tahlia hilare derrière toi. T’en rigolais, peut-être même un peu trop d’où pourquoi ta main était venue se poser sur ta bouche pour retrouver un brin de sérieux. «Mais avant toute chose, est-ce que je peux t’offrir quelque chose?» Seulement Landon, il fallait peut-être que tu commences à prendre le dessus sur cette situation et à retrouver ce sérieux qui était encore aux abonnées absents. Enfin, on pouvait te laisser une chose: tu avais été suffisamment intelligent pour ne pas instaurer un contact physique avec Freja, car à voir son regard, elle n’allait pas se gêner pour te remettre à ta place à la moindre occasion qui se présenterait à elle.

Tu es incapable de dire ce qui te dérange le plus dans toute cette histoire. Est-ce le fait de voir Tahlia aussi mal, aussi ivre, alors qu'elle semble si mesurée et réfléchie habituellement ? Ou est-ce le fait de les voir ensemble et même presque complices ? Tu as l'impression d'être à mille lieux d'ici, incapable de comprendre ce qu'il se passe dans cette maison. Et surtout, ce qu'il se passe entre Landon et Tahlia. Tu soupires quand la policière mentionne que tu lui as fichu la trouille, préférant ne pas répondre à ça. Ton regard se dirige rapidement vers Landon pour savoir ce qu'il a donné à Tahlia pour qu'elle soit dans un tel état mais contre toute attente, c'est la brune qui prend sa défense. Pendant un instant tu t'arrêtes sur ses yeux, les fixant comme tu peux malgré l'agitation de Tahlia. Mais tu n'as pas le temps de te poser plus de questions que Landon réplique déjà. « Je devrais te remercier ? » Demandes-tu à Landon avant d'ajouter pour ta colocataire : « Qu'est-ce qui t'arrive ? » Tout le monde a ses moments de doute, toi la première, mais tu n'avais encore jamais vu la policière dans un tel état et ça t'inquiète pas mal. Mais tu n'es pas sûre qu'avoir cette conversation aujourd'hui serve à quelque chose. Elle n'est clairement pas lucide ni en état de parler de ce qu'elle ressent vraiment. Je vais plus que bien ! Evidemment. On verra bien demain matin si elle tient toujours le même discours. En attendant, tu dois passer pour la chieuse de service qui vient briser leur "tripe". Tu ne comprends pas vraiment pourquoi ils ont décidé de t'appeler mais maintenant que tu es là, il est hors de question que tu laisses ta colocataire ici. Quand Landon te demande de te calmer parce que c'est "cool", tu lui lances un regard noir avant de l'observer se lever non sans peine pour venir jusqu'à toi. « Je n'ai pas l'intention de lui faire la morale, elle ne s'en souviendra pas demain de toute façon. » Réponds-tu en soupirant légèrement. « Ca te fait rire ? » Demandes-tu quand Landon rétorque qu'il est prêt à ce que tu lui fasses la morale tout en contenant difficilement son sourire. Tu ne l'as jamais vu aussi enjoué, aussi souriant mais tu sais que cet état d'esprit est le fruit de la cocaïne qu'il a sûrement pris un peu plus tôt dans la soirée. « Pourquoi vous m'avez appelé ? » Tu ne vois pas vraiment ce que tu fais là à vrai dire. Peut-être es-tu là pour servir de taxi à ta colocataire ? Ou pour être témoin de l'état dans lequel ils se trouvent, tous les deux ? Peu importe la raison, en tout cas, tu n'as aucune envie de rester ici. La maison de Landon a toujours été un refuge pour toi, un endroit où tu te sens bien et en sécurité mais ce soir, c'est l'opposé. Ce soir, tu n'as qu'une envie : fuir. « Une bière. » Dis-tu quand l'anglais te demande s'il peut t'offrir quelque chose. « Je t'accompagne. » Ajoutes-tu quand Landon prend la direction de la cuisine. Même si celle-ci n'est pas bien loin du salon, tu veux poser cette question qui te brûle les lèvres. Ou plutôt les deux questions qui te brûlent les lèvres. « Tu lui as refilé ta drogue ? » Demandes-tu plus bas une fois que vous êtes dans la cuisine. « Est-ce que vous avez... couché ensemble ? » Tu soupires en terminant ta phrase, masquant à la fois ta colère et ta jalousie.

L'euphorie primait sur les confidences troublantes qu'ils s'étaient avoués, sur la dureté des mots que Landon avait eu à l'égard de Tahlia. La brune était tellement déconnectée de la réalité qu'elle n'avait pas encore conscience de ce qu'il s'était passé ce soir. Elle ne se rendait pas compte que le jeune homme avait assené des coups qui allaient laisser quelques traces chez elle. Qu'ils avaient l'un et l'autre des informations qui pourraient faire du mal, beaucoup de mal. Le lendemain allait probablement être plus difficile et les conséquences dures à assumer. Parce qu'il y avait Freja dans l'équation, voilà qui changeait la donne. Sa colocataire allait être témoin de la bêtise, de la stupidité, du mal-être dans lesquels ils étaient embourbés. D'ailleurs, en parlant du loup, voilà que la belle norvégienne avait fini par pointer son nez. Visiblement énervée, elle se posta devant eux et s'adressa rapidement à Landon, comme s'il était le fautif dans l'histoire. Tahlia prit sa défense, contre toute attente. Elle aurait dû réfléchir à deux fois avant d'ouvrir sa bouche puisque le regard de Freja vint se poser sur elle. La policière fuit son regard, le posant brièvement sur Landon qui expliquait l'avoir intercepté à la sortie du bar. Elle ne put s'empêcher de pouffer de rire quand il inventa qu'elle allait justement mieux qu'à la sortie du bar. Elle avait juste pris de la drogue en plus. Tout allait bien dans le meilleur des mondes !  Mais ce fut la question de Freja qui la fit culpabiliser.  Qu'est-ce qui t'arrive ? Elle ne répondit même pas, se contentant simplement de hausser les épaules. Ce n'était pas une esquive. C'était juste qu'elle n'avait pas de réponse à cette question. Elle avait vrillé, et elle ne pouvait pas l'expliquer. La suite de la conversation fut quelque peu floue, les laissant parler d'une morale qui faisait passer Tahlia pour la gamine qui venait de faire une connerie. Amusant, quand on savait que ni Landon, ni Freja n'étaient mieux. Elle se mordilla simplement la lèvre inférieure afin d'éviter un nouveau rire, d'autant plus qu'elle sentait que Landon était à deux doigts de rire, lui aussi. Un seul regard envers lui et ce serait parti. Alors, Tahlia faisait mine de regarder ailleurs, comme si elle était perdue dans ses pensées. Mais elle reposa rapidement ses yeux verts sur eux, alors qu'ils s'éloignaient dans la cuisine pour aller chercher une boisson pour Freja. Alors qu'elle devrait se faire toute petite ou se faire oublier, la brune se releva du canapé, attendant d'assurer ses appuis avant de leur emboîter le pas. Elle arriva au parfait moment dans la cuisine. Au moment même où Freja demanda à Landon, la voix pleine de jalousie, s'ils avaient couché ensemble. « C'est donc tout ce que tu veux savoir, n'est-ce pas ? » se permit-elle de répondre, à mi-chemin entre l'amusement provoqué par son paradis artificiel et une pointe de sarcasme. « Ne t'en fais pas, on n'a rien fait. Ton harem est intact, Freja... » Comme si c'était l'habitude de Tahlia de marcher sur les plates-bandes de Freja... si on mettait de côté Arthur ou Nash, évidemment.

Malgré l’effet de la drogue qui s’estompe, tu te demandes si ce n’est pas elle qui rend Freja aussi froide. Elle a l’air tellement en retrait par rapport à Tahlia et toi, comme si elle vous jugeait, à se tenir devant vous de la sorte. Est-ce que Tahlia l’avait interrompue dans une partie de jambes en l’air? Est-ce qu’elle avait été tirée d’un rêve duquel elle n’aurait pas voulu être arrachée? Tu te poses la question, t’as l’impression qu’elle en fait trop, dès que l’un de vous prend la parole, elle vous reprend juste derrière. Est-ce que c’est toi qui étais vraiment au ralenti où Freja qui semblait être à bout face au tableau qui se présentait à elle? A sa question, tu joues la carte du silence et Tahlia semble faire de même, peut-être que c’est votre meilleure réponse face à la norvégienne qui ne semblait pas vouloir vraiment rigoler. Tu décides finalement de te lever pour lui faire face, peut-être que ta présence à ses côtés la calmera? C’était sans compter sur ce rire que tu ne contrôles pas quand elle te répond, ça l’agace et toi, ça te fait encore plus rire. «C’est juste que t’en fais trop Freja, redescends un peu…» souffles-tu en te touchant l’arrière du crâne, conscient que c’était un peu l’hôpital qui se foutait de la charité sur ce coup. T’étais en train d’avancer à pleine vitesse contre ce mur et il fallait voir pour commencer à tirer sur le frein à main pour éviter que la collision soit trop douloureuse, que ce soit pour Tahlia et toi… et même Freja. Alors quand elle cherche à comprendre pourquoi vous l’avez appelée, on peut voir dans tes yeux que tu n’en sais rien, t’en hausses les épaules, le meilleur allié du silence il faut croire. «Je sais plus pour être honnête. Mais je pense que c’est une bonne chose que tu sois venue.» Etait-ce le premier éclair de lucidité qui sortait d’entre tes lèvres ou juste un coup de chance? T’en sais trop rien et tu demandes à Freja si elle désire quelque chose, pensant pouvoir souffler un peu et te passer de l’eau sur le visage. Mais même pas, t'avais pas entendu la norvégienne te dire qu’elle te suivait, raison pour laquelle t'avais sursauté en entendant sa question au sujet de la drogue. T'avais joué la carte du silence quelques secondes, ouvrant le frigo devant toi avant de la regarder et de lui répondre le plus brièvement possible. «Non…» que tu lui mens à moitié, ton regard qui cherche la bière pour enfin l’attraper. Tu laisses le frigo ouvert plus longtemps qu’il ne faut pour apprécier la fraicheur qui en émane, et tandis que tu pensais que ça te réveillerait, c’est la seconde question de Freja qui a cet effet. Tu ne t’y attendais pas et tu restes muet, te contentant de lui tendre la bière avant que Tahlia ne se fasse entendre derrière vous, semblant mieux placée pour lui répondre en écoutant ses mots. T’as un peu l’impression d’avoir raté une partie de la conversation, tu secoues même la tête pour te remettre les idées en place mais ça continue et la seconde phrase de Tahlia allait certainement laisser des traces. Silencieux, tu refermes la porte du frigo en regardant à tour de rôle les deux colocataires. Tu sais que tu dois dire quelque chose mais t’as du mal à réunir les bons mots, ironique quand on sait que tu sais très bien les employer en règle générale. «Ça a l’air sympa la colocation chez vous.» dis-tu presque en souriant, comprenant rapidement que t’aurais mieux fait de te taire. «Enfin ce que je veux dire c’est que… vous avez carrément des règles qui vous interdisent de coucher avec les mêmes personnes?» termines-tu en sentant que c'est de pire en pire. A peu de chose près et tu sortais à Tahlia que tu comprenais pourquoi elle n'avait jamais couché avec Woody puisqu'elle le trouvait tellement sexy.

C’est juste que t’en fais trop. C'est tout ce que tu retiens, incrédule. T'en reviens pas que Landon ose te reprocher d'en faire trop alors que t'es en face d'une ivrogne et d'un défoncé. Tu es sûrement plus sur la défensive encore que d'habitude à cause du manque mais ça, tu ne peux pas le faire remarquer à l'anglais puisque ta colocataire ignore tout de ton addiction. Enfin, c'est ce que tu crois encore à ce moment-là mais la vérité est tout autre. A ce moment-là, tu ignores que Landon a balancé quelques-uns de tes secrets sans réfléchir. Et qu'en plus, ce ne sera pas les derniers secrets qui s'échapperont de ses lèvres. « J'vais éviter de répondre, ça ne rendrait la conversation que plus surnaturelle encore. » Dis-tu en levant les yeux au ciel avant de te tourner vers ta colocataire pour lui demander ce qui lui arrive. La brune ne répond pas ce qui provoque un froncement de sourcils chez toi mais tu n'en dis pas plus, te promettant de reprendre cette conversation demain lorsque vous serez toutes les deux à l'appartement. A la place, tu les interroges sur ta venue ici et la réponse de Landon te fait à nouveau lever les yeux au ciel. « Une bonne chose pour qui ? » Certainement pas pour toi, vu la situation dans laquelle tu te trouves. Une situation que tu détestes affronter mais tu ne pouvais pas laisser Tahlia comme ça, sans réagir. Pas après son appel. Si elle n'avait pas appelé, elle aurait sans doute fini la nuit ici et tu préfères ne pas imaginer la suite. Au moins, selon les dires de l'anglais, elle n'a pas pris de drogue avec lui. Il ne manquerait plus qu'elle devienne dépendante, elle aussi. Attrapant ta bière d'une main, tu passes l'autre dans tes cheveux, hésitant à poser la question qui te brûle les lèvres depuis que tu es entrée dans la maison. Après quelques secondes, tu te décides à demander à Landon s'il s'est passé quelque chose entre Tahlia et lui et c'est finalement la policière qui répond. Une réponse qui te scotche littéralement sur place et qui te blesse au plus profond de ton être. Tu considères Tahlia comme l'une de tes plus proches amies et qu'elle ait cette opinion de toi c'est juste... horrible. « Mon harem ? Tu plaisantes j'espère ? » Demandes-tu en soupirant. « Nan, cette règle Tahlia l'a déjà brisée et plus d'une fois. » Rétorques-tu sèchement en lançant un regard noir à la brune. « Mais faites ce que vous voulez, baisez ensemble si ça vous chante. J'vais pas vous déranger longtemps comme ça vous pourrez vous amuser tous les deux. » Tu bois quelques gorgées de ta bière avant de la déposer violemment sur le plan de travail de la cuisine, te dirigeant à nouveau vers le salon. « Si vous m'avez fait venir pour me provoquer, m'humilier ou que sais-je encore, c'est réussi. » Tu attrapes une cigarette dans le paquet de Landon et son briquet avant de te diriger vers la terrasse à l'arrière de la maison. C'est pas dans tes habitudes de fumer mais dans des situations comme celles-ci, quand tu es vraiment à cran et que tu n'as pas accès à de la drogue, tu n'as aucune autre solution pour te calmer.

C'était un dialogue de sourds. Mais face à la colère noire de Freja, Landon et Tahlia avaient au moins eu la lucidité de ne pas répondre aux questions de la brune. Leur attitude mettait déjà suffisamment d'huile sur le feu. Inutile d'aggraver leur cas avec des réponses mal placées. Mal placées comme ce 'redescends un peu' de la part de Landon, pour lequel Tahlia se pinça légèrement les lèvres, en se disant que ce n'était probablement pas le terme le plus approprié dans ce cas présent. Toujours aussi muette – désemparée ou complètement à l'ouest - elle les suivit simplement du regard quand ils s'éclipsèrent dans la cuisine. Tahlia aurait dû rester là, elle aurait dû se faire toute petite, se faire oublier afin de laisser Landon apaiser la colère de Freja. Mais son instinct l'avait poussée à se lever. Il lui avait fait comprendre qu'elle devait aller dans cette pièce. Une fois de plus, il ne la trompa pas. Alors qu'elle pensait trouver en Freja une porte de sortie, Tahlia comprit bien vite que la brune ne s'était déplacée que pour une raison. Parce qu'elle était avec Landon. Tout ce qui l'intéressait, c'était de savoir s'ils avaient couché ensemble. Un rire jaune s'était échappé des lèvres de la brune, qui resserra ses bras contre sa poitrine, dans un geste qui pouvait passer pour une situation de repli. En réalité, elle commençait à sentir des frissons secouer son être. Et l'euphorie laissait peu à peu sa place à une irritabilité malvenue. Elle n'arrivait pas à se dire que Freja la voyait comme telle, comme une femme qui pouvait user de ses charmes envers un homme auquel la norvégienne tenait. C'était comme si elle n'avait aucune confiance en Tahlia. Et c'était ce qui la blessait. Alors, oui, les mots qu'elle énonça à cet instant, cet harem qu'elle balançait au visage de la brune, Tahlia les pensait probablement au plus profond d'elle. Mais en temps normal, elle aurait creusé la question, elle aurait tenté d'en savoir plus. Elle n'aurait pas lâché cela de cette manière, avec méchanceté. Réprimant un frisson, elle leva les yeux au ciel alors que Landon s'étonnait de cette règle que les deux femmes avaient instauré. « Vous avez bien un bro code entre mecs ?! » répliqua-t-elle, simplement, en posant brièvement son regard sur le jeune homme. Mais la nouvelle phrase de Freja fit réagir Tahlia. « Pardon ? » Avait-elle bien entendu ? Lui lâchait-elle qu'elle avait brisé plusieurs fois la fameuse règle ? « Je peux avoir des noms ? » Tahlia en avait un en tête, mais elle n'avait pas le droit. Freja n'avait pas le droit d'en parler. « Si tu penses à Arthur, je t'arrête de suite. Toi et moi nous savons que ce n'est pas comparable. » Elle n'avait pas le droit de parler d'Arthur, tout simplement parce que Tahlia et le jeune français avaient vécu une vraie histoire. Une histoire qui s'était mal terminée, certes, mais une histoire quand même. Rien à voir avec ce que Freja avait vécu avec Arthur. « Et si tu parles de Nash, il va vraiment falloir que tu arrêtes de croire qu'une partie de jambes en l'air font de tes conquêtes des chasses gardées. » Le regard de Tahlia s'était fait noir, alors qu'elle resserrait encore plus l'étreinte de ses bras autour d'elle. A l'intérieur, c'était le chaos. Elle qui se sentait si bien, quelques minutes auparavant, n'était plus que colère, tristesse et abattement. Elle avait les sentiments en vrac. Blessée, elle fit croire que le petit numéro de Freja ne l'atteignait pas. Elle lâcha un long soupir quand la norvégienne se lâcha, leur lançant qu'ils pouvaient bien baiser s'ils le voulaient, qu'elle ne comptait pas rester plus longtemps.Quand elle parla d'humiliation et de provocation, Tahlia secoua la tête, comme si elle trouvait cela légèrement mélodramatique. Mais au fond, c'était ce que Tahlia avait fait vivre à Freja. Elle la suivit du regard alors qu'elle partit sur la terrasse. La brune jeta un regard à Landon et s'adressa à lui : « Allez, va la rejoindre. Toi, tu peux sûrement réparer les pots cassés. » Elle frissonna de nouveau puis montra l'étage d'un vague signe de la main. « Je récupère mes affaires dans la chambre et je m'en vais. » Elle ouvrit la bouche, comme si elle s'apprêtait à dire quelque chose, mais sembla se résigner. Un peu plus et elle le remerciait. Elle le remerciait de l'avoir récupéré à la sortie du bar. Mais vu la tournure de la soirée, il aurait peut-être mieux valu qu'il la laisse errer. Alors, après un bref regard vers le brun, elle tourna les talons et se dirigea vers l'escalier, le cœur lourd, les pensées en désordre et le corps malmené par ce paradis artificiel qui avait fait place à un véritable enfer.

La scène paraissait presque irréelle et pourtant, elle était bel et bien en train de se dérouler sous tes yeux. Cette soirée aurait dû être banale et à cause d'une erreur d’inattention, en te faisant surprendre par Tahlia avec ce rail de coke sur la table, tout avait foiré. Vous étiez deux à être défoncés face à une femme qui avait débarqué sans penser qu’elle se retrouverait piégée. Car c’était bien le mot qui définissait Freja, elle était dépassée et les propos de Tahlia n’avaient fait qu’enfoncer encore un peu plus le clou, faisant monter une tension que t’avais cherché à apaiser. Mais t'avais été incapable de prendre la parole tant les échanges fusaient entre elles. Pourtant t’avais tenté d’intervenir mais à peine tes lèvres s’écartaient que les deux colocataires se crachaient au visage, comme si le moment d’étaler quelques vérités était arrivé. Tu comprenais peu de choses et d’une certaine façon, c’était peut-être mieux ainsi. C’était finalement Freja qui avait fini par mettre un point final à la conversation, en balançant des mots qui t’avaient fait soupirer en voyant l’ampleur de ses paroles. T’avais même pas envie de lui répondre et à en voir la façon dont elle avait fait claquer la bière à côté de toi, elle n’attendait pas de commentaires de ta part, ni de celle de Tahlia, préférant prendre la direction de la terrasse, le silence prenant gentiment place jusqu’à ce que la brune s’adresse à toi. «J’aime ton optimisme…» que tu lui réponds ironiquement, sachant que Freja n’allait certainement pas oublier de sitôt cette soirée. Elle allait sûrement te reprocher beaucoup de choses et t’étais prêt à l’accepter, car t'avais réussi à lui cacher le plus important. Suivant Tahlia vers les escaliers, t’avais remarqué ses frissons, d’abord dans la cuisine et là encore au moment de rejoindre l’étage. «Je vais voir si Freja peut te ramener, tu peux pas rentrer comme ça.» T’avais été tenté de lui dire qu’elle allait devoir faire face à ce qu’on appelait la descente mais elle le comprendrait assez vite, encore plus au moment de fermer les yeux et d'être incapable de s'endormir, à être tiraillée par des émotions dont elle n'arriverait pas à se défaire avant bien des heures. Te tournant finalement vers la terrasse, t’avais attrapé cette bouteille d’alcool sur le comptoir, un moyen pour toi d’alléger la descente, ou plutôt de la retarder un peu même si tu savais qu’elle finirait par te frapper de plein fouet… mais t’espérais qu’à ce moment-là, Freja ne serait plus ici, pas quand tu savais qu’elle aurait pu te demander un rail si Tahlia n’avait pas été là. «J’ai jamais été très bon pour organiser des soirées en petit comité.» souffles-tu en te glissant à ses côtés, faisant un tour sur toi-même pour t’asseoir sur la table en lui faisant face et de boire une longue gorgée de cet alcool qui venait te brûler de l’intérieur. «Ecoute, je sais pas quoi te dire pour être honnête. J’arrive pas à assimiler tout ce qu’il vient de se passer mais je suis conscient que j’ai fait une connerie. Je m'en veux parce que je vois que t’es blessée et c’était pas mon intention, ni celle de Tahlia.» que t’avoues en posant la bouteille à côté de toi, attrapant du bout des doigts la main de Freja, espérant qu’elle ne te repousse pas et qu'elle se rapproche même. C'était con mais le fait qu'elle ne t'ait pas touché une seule fois depuis qu'elle était arrivée t'agaçait, c'était pas de cette façon que ça se passait normalement, t'avais besoin de la sentir contre toi, ou simplement de sentir ses doigts sur ta peau. «D’ailleurs en parlant d’elle, je crois qu’elle a besoin de pouvoir compter sur quelqu’un en ce moment. Je l'ai pas aidée en l’amenant ici et je me rends compte que j’aurais mieux fait de la ramener chez elle… enfin à votre appartement.» Seulement t’avais eu besoin d’une présence mais ça, tu pouvais pas le dire à Freja. T’avais pas envie qu’elle se sente mise de côté, tu savais qu’elle aimait savoir qu’elle était la seule à passer autant de temps chez toi et peut-être que c’est pour ça qu’elle t’avait demandé si tu avais couché avec Tahlia, ça te paraissait plus clair d’un coup et t'avais envie de sourire. Mais tu te retenais, tu essayais du moins.

Tu te doutais bien qu'en balançant cette phrase, Tahlia répliquerait de plus belle. Elle n'a pas brisé votre pacte contrairement à ce que tu dis parce que comme elle le souligne si bien, Arthur et Nash n'en faisaient pas partie. Woody, par contre, est le premier nom sur ta liste mais tu oses espérer qu'elle ne s'y frottera jamais de cette façon-là. T'as bien envie de faire un update de cette liste pour y ajouter Landon mais quelque chose te dit qu'après cette soirée, cela ne sera pas nécessaire. « Et toi, il va vraiment falloir que t'arrêtes de tourner autour des mêmes mecs que moi. » Dis-tu en soupirant. Au moins, pour ce qui est des femmes, tu n'as aucun problème de "concurrence" avec Tahlia puisqu'elle ne s'y intéresse pas. « Maintenant tu vois ce que ça fait quand on invente des trucs sur toi. » Ajoutes-tu en arquant un sourcil, le regard rivé vers la brune. Tu fais bien sûr allusion à cette histoire de harem complètement fausse parce qu'actuellement, dans ta vie, il n'y a de place que pour la drogue. Le reste t'importe peu. Blessée par les mots de ta colocataire, tu décides de t'isoler, le temps de te calmer un peu avant de reprendre la route. Tu te faufiles jusqu'à la terrasse, allumant une cigarette avant de sentir quelqu'un s'approcher. Tu n'as pas besoin de te retourner pour voir de qui il s'agit, sa simple présence sur la terrasse fait réagir tout ton corps. Tu retiens un léger sourire, te pinçant les lèvres en entendant les paroles du brun. Il n'y a pas à dire, cette soirée tourne à la catastrophe. Vous vous êtes déjà disputées avec Tahlia, l'une ou l'autre fois, mais vos mots n'ont jamais été aussi loin que ce soir. Les paroles de la policière résonnent encore dans ta tête, incapable de t'en détacher à présent. Si une de tes plus proches amies pense ça de toi, alors, qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'elle a raison ? Peut-être bien finalement et en faire le constat te blesse beaucoup. Tu tournes la tête vers Landon quand il reprend la parole, plongeant ton regard dans le sien. Un regard qui t'a toujours réconforté, jusqu'ici, mais ce soir, ta peine est trop grande. Tu baisses les yeux vers sa main qui agrippe la tienne, entrelaçant tes doigts aux siens. Malgré que tu sois fâchée contre l'anglais, tu ne peux t'empêcher de répondre à son contact, voulant, toi aussi, sentir sa peau contre la tienne. « Tu prends sa défense, maintenant ? » Demandes-tu en arquant un sourcil avant de secouer la tête et de tirer sur ta cigarette. « Je comprends pas pourquoi elle m'en veut, comme ça. J'pensais bien faire en venant la chercher mais j'aurais mieux fait de ne jamais répondre à ce coup de fil. » Cela t'aurait au moins évité de te confronter aux mots assassins de Tahlia et aussi de te poser des questions sur la nature de leur relation. « Je sais... Je compte pas l'abandonner pour autant, je vais la ramener. J'avais juste besoin de souffler un peu. » Tu écrases ta cigarette à moitié entamée avant d'attraper la bière que Landon a déposée sur la table et de la porter à tes lèvres. « Pourquoi tu l'as amenée ici ? » Demandes-tu finalement en remettant la bière à sa place et en t'approchant inconsciemment de l'anglais, vos jambes se touchant presque.

C’est rien et en même temps, lorsque ses doigts viennent s’immiscer entre les tiens, tu resserres gentiment leur étreinte pour qu’elle ne puisse plus les retirer. Un geste simple mais qui réveille en toi ce désir de ne jamais la voir s’éloigner. T’aimerais pouvoir la garder avec toi, cette nuit, la suivante, puis celles qui suivraient. T’avais envie de pouvoir apprécier la douceur à travers ses gestes, de sentir son souffle provoquer le tien en se calant bien contre toi. Mais vous en étiez loin ce soir et les mots de Freja te le faisaient presque comprendre, levant tes yeux vers elle pendant qu’elle tirait sur cette cigarette que t’aurais préféré lui retirer. «Non, c’est juste que si tu dois blâmer quelqu’un, c’est moi.» Mais tu connaissais la norvégienne et tu savais qu’il lui faudrait que quelques heures pour digérer tout ça, du moins tu l’espérais, surtout qu’il s’agissait de Tahlia. «Cherche pas trop loin Freja, elle a bu, elle arrivait pas à enchaîner un pas correctement après l’autre quand je l’ai récupérée. Et au contraire, je pense que t’as bien fait de répondre à son appel.» Parce que l’idée de savoir que Tahlia ne resterait pas ici te rassurait, parce que tu savais ce que t’avaits dit à la brune cette nuit et même si la coke semblait encore atténuer le poids de tes mots, tu étais conscient que t’avais dépassé les bornes. «Je préfère ça, enfin quelqu’un qui prend une bonne décision ce soir!» que tu lui rétorques en agitant faiblement sa main et la tienne en guise de victoire. Un geste qui ne te ressemblait pas, tout comme ce sourire un peu trop étiré sur tes lèvres alors que tes yeux observaient Freja se servir dans ta bouteille avant de lâcher une petite bombe d’à peine dix mots. Des mots qui font peu à peu disparaître ton sourire, te murant même dans un silence malgré que tu sentes Freja réduire la distance qui vous séparait. T’as l’impression d’être pris au piège, incapable de fuir en sentant ses jambes contre les tiennes. Tu te pinces discrètement la lèvre avant de relever ton visage vers celui de la brune, ramenant sa main vers toi pour qu’elle se rapproche encore un peu, comme si tu sentais qu’elle allait s’éloigner en entendant ce que tu allais lui dire. «Je…» T’es incapable d’enchaîner, mais t’es aussi incapable de lui mentir une seconde fois en aussi peu de temps. Alors tu viens chercher sa seconde main, l’attirant encore un peu plus vers toi jusqu’à sentir ses jambes entre les tiennes, tes mains qui entrainent les siennes derrière ta nuque, caressant ses phalanges lentement. «C’était un de ces soirs où j’avais pas envie d’être seul.» Tu soutiens le regard de Freja, tes doigts qui relâchent les siens pour que tu puisses les poser sur son bassin, l’incitant à t’écouter. «Je l’ai vue en rentrant et j’ai cru naïvement que c’était simplement en parlant avec elle que je pourrais dormir tranquille.» Tu ris presque face à ta bêtise, tu y avais vraiment cru en plus. Tu pensais que de parler avec Tahlia jusqu’à ce qu’elle aille dormir ferait disparaître tes angoisses, même en te couchant t’avais cru pouvoir passer au-dessus de tout ça mais le réveil avait été brutal. «Seulement ce soir j’ai compris que j’ai pas besoin de parler simplement à quelqu’un, mais que j’ai besoin de toi Freja.» Ça n’y ressemblait pas dans ta tête mais pourtant, c’était un appel à l’aide que tu venais de lui envoyer.

La seule chose que tu peux reprocher à Landon, ce soir, c'est d'avoir ramené Tahlia chez lui, pour le reste, c'est surtout à ta colocataire que tu en veux. Ce n'est pas lui qui l'a poussée à boire et encore moins à te dire toutes ces choses atroces. En plus, même si ta colocataire n'a pas employé la manière la plus douce pour te parler, tu es persuadée qu'elle pense tout ce qu'elle a dit. Et c'est bien ça, le pire. « J'vois pas pourquoi... tu n'as pas le contrôle de sa bouche. » Dis-tu en haussant les épaules. Malheureusement, à ce moment-là, tu n'as pas toutes les cartes en mains et tu ne sais pas à quel point Landon est effectivement impliqué dans le comportement de ta colocataire. Tu ne sais pas que c'est la drogue qui la porte, surtout, et non l'alcool. « Si t'avais pas été là, j'imagine pas ce qui aurait pu lui arriver. » Réponds-tu en soupirant, te souciant malgré tout de Tahlia. Malgré toutes les horreurs qu'elle a dites, tu la considères toujours comme ton amie et savoir qu'elle s'est mise dans un état pareil pour une raison qui t'échappe, ça te fait beaucoup de peine. Tu as un peu l'impression d'avoir manqué à ton devoir d'amie. Tu lèves les yeux au ciel, retenant un demi-sourire, alors que Landon lève vos deux mains liées en signe de victoire quand tu décides de ramener ta colocataire malgré votre altercation. Néanmoins, même si c'est surtout à Tahlia que tu en veux, il y a un détail que tu ne comprends pas et que tu reproches à l'anglais. Il aurait pu ramener ta colocataire chez toi et basta, on en parlait plus. Mais non, c'est chez lui qu'ils sont rentrés et tu ne comprends pas pourquoi. Alors, plutôt que de ruminer dans ton coin et de laisser la question tourner en boucle dans ta tête, tu décides de la poser au principal intéressé. Tu fronces les sourcils quand Landon commence sa phrase avant de s'arrêter net et de t'attirer vers lui. Tu ne sais pas pourquoi mais tu as l'étrange impression que la suite ne va pas te plaire. Quand le brun pose tes mains dans son cou, tes doigts glissent naturellement le long de sa peau, caressant celle-ci avec une extrême douceur. Ton regard plonge dans le sien comme pour le pousser à s'exprimer et surtout, à t'expliquer la situation. Alors que ses mains se posent sur ton bassin, tu t'avances un peu plus, sentant presque le souffle de Landon dans ton cou à présent. Cette proximité réveille ton désir que tu as de plus en plus de mal à contenir en présence de l'anglais. « T'aurais dû m'appeler. A quoi ça sert que je puisse débarquer ici quand j'en ai envie, si à l'inverse, toi, tu n'oses pas faire appel à moi quand tu en as besoin? » Demandes-tu, tes sourcils toujours légèrement froncés. Ce qui te plait dans votre relation, justement, c'est que vous puissiez compter l'un sur l'autre sans avoir besoin de parler, de faire de grands discours. Quand ça ne va pas, tu aimes pouvoir te glisser dans le lit de Landon et tout oublier dans ses bras. Mais les paroles de Landon sous-entendent qu'à présent, entre vous, ce n'est plus simplement une histoire de sexe. Votre relation a commencé à changer et si tu en as pris conscience, toi aussi, tu as mis tes doutes de côté pour te consacrer pleinement à une autre relation dont tu rêves depuis des années. Néanmoins, les mots de Landon te touchent plus que tu n'oses l'avouer et à présent, t'as juste envie de passer la nuit à ses côtés. « Moi aussi, j'ai besoin de toi. Et je ne m'étais pas rendue compte à quel point avant ce soir en t'imaginant au lit avec Tahlia. » Avoues-tu en détournant les yeux et en soupirant. « Quand tu dis des trucs comme ça, j'ai juste envie de ramener Tahlia puis de revenir ici pour t'arracher tes vêtements. » Ajoutes-tu en posant à nouveau ton regard sur l'anglais, mordillant légèrement ta lèvre inférieure.

Est-ce que l’on était en train de te faire comprendre quelque chose à cet instant précis ou était-ce simplement toi qui culpabilisait de ce mensonge que tu lui avais dit? T’avais la sensation que ses phrases te poussaient à lui dire la vérité, à lui faire comprendre que si Tahlia avait autant parlé, c’est parce qu’elle avait mis son nez dans un nuage de poussière qui l’avait emmenée dans le plus artificiel des paradis. Elle devait être en train d'en redescendre en ce moment, et t’avais baissé les yeux sur le sol pour tenter de ne pas montrer une quelconque inquiétude, encore moins lorsque Freja en rajouta une couche sans même le savoir, faisant de toi le pire type du monde à cet instant précis. Si t’avais pas été là Landon, Tahlia serait sûrement allongée chez elle, dans son lit, à décuver. Mais Freja ne le sait pas et tu sais qu’un jour ou l’autre, tout ce que tu lui avais caché te reviendrait en pleine gueule et que tu n’aurais le droit de faire qu’une seule chose: assumer sans broncher. «Je sais pas, peut-être rentrer chez elle en vous réveillant après s’en être prise à la chaise qui aurait pu se mettre en travers de son chemin?» lâches-tu en souriant, un sourire qui paraît tellement faux et c’est pour ça que tu l’effaces en relevant ton visage vers Freja, ayant l’impression de retrouver dans son regard ce dont elle t’avait privé depuis tout à l’heure. Peut-être était-ce le contact de vos mains, de tes doigts qui caressaient les siens. Ceux-ci même qui guidaient ses paumes jusqu’à ta nuque quand t’étais incapable de placer un mot devant l’autre. T’avais espéré que ses doigts glissent sur ta peau et elle avait lu dans tes pensées, provoquant chez toi cette petite détonation qui était venue jusqu’à se ressentir dans tes doigts en saisissant son bassin. «Peut-être que je me dis que c’est mieux pour toi, j’en sais rien Freja…» que tu lui réponds l’air perdu. Peut-être que c’est la culpabilité qui commence à prendre le dessus, un simple avant goût du reste de ta nuit, des effets de la drogue une fois estompée. Seulement tu sais qu’il y a une part de vérité, avec toi Freja avait découvert la drogue, tu n’étais pas certain de lui apporter ce dont elle avait besoin mais tu te sentais obligé d’être égoïste et de penser à toi, parce qu’à l’image de ses mains dans ta nuque, chaque geste qu’elle posait sur ton corps te permettait de te perdre en elle. Et c’est ce que tu étais en train de faire en la regardant, avant que ça ne soit ses paroles qui viennent te déconnecter un instant de la réalité. Si son regard avait fui le tien, tes yeux les recherchaient, s’arrêtant sur ses lèvres qui t’adressaient des mots auxquels ton corps avait réagi en se relevant instantanément, quittant la table pour que ton visage soit juste en face de celui de la norvégienne que tu bouffais littéralement du regard. «Pourquoi tu me dis ça, c'est pas ce que tu devais dire…» que tu lui murmures en posant une main sur sa joue, tu ne veux pas qu’elle en dise plus car tu sais que jamais rien n’arriverait. Pas ce soir. Malgré tout tes lèvres ne peuvent s’empêcher d’effleurer les siennes qu’elle mordille, tu sens même son souffle qui t'appelle et t'es incapable de reculer, tu te rapproches même pour l'embrasser en ignorant ce que la retenue voulait dire. Tu ne peux même pas retenir ta main qui se glisse derrière sa cuisse pour qu’elle s’immisce entre tes jambes, faisant de ce baiser quelque chose de beaucoup trop dangereux. «On peut pas…» que tu dis encore contre ses lèvres qui ne semblaient pas vouloir te donner raison, et à juste titre. «Pas ce soir, c’est pas… bien.» Menteur, bien sûr que c’était bien, c’était même bien plus que ça. Les mots étaient rares dans vos échanges et il y avait peut-être une raison à ça quand on voyait ce qu’ils étaient capables de provoquer en un rien de temps. Si ça ne tenait qu’à toi, Freja, tu la prendrais contre la baie vitrée ou là où elle te le demanderait. T’aimerais tellement mais t’avais pas le droit de faire ça, parce que la culpabilité reprenait à nouveau le pas, te rappelant que Tahlia allait découvrir le pire des enfers, t’obligeant alors à retirer difficilement tes lèvres de celles que la norvégienne semblait vouloir encore t’offrir. «Je pourrais faire ce que je veux de toi, tu sais?» que tu glisses en te pinçant les lèvres, ta main qui remonte sur ses fesses alors que l’autre caresse sa joue. «Mais on n’est pas seuls et je pense que quelqu’un d’autre a besoin de toi.» Et ça te déchirait de l’intérieur de devoir renoncer à elle, mais ce soir tu ne la méritais pas, pas après ce mensonge et même sans ça après tout, Freja aurait dû être une hors de ta portée.

« Tu sais très bien ce que je veux dire. » Réponds-tu en soupirant. Tu ne peux pas t’empêcher de te demander ce qu’il serait advenu de Tahlia si ce n’était pas Landon qui était tombée sur elle, par hasard, mais un autre type aux idées noires. Cela ne ressemble pas à ta colocataire de se mettre dans des états pareils alors tu sais d’avance que quelque chose ne va pas et tu es blessée de constater qu’elle n’a pas osé t’en parler. Tu ne peux pas la blâmer, toi non plus tu ne lui as pas faire part de ton addiction et ce n’est pas à cause de son métier de policière mais plutôt à cause de la honte que tu ressens d’être tombée si bas. Il n’y a qu’une personne avec qui tu n’as pas honte d’être toi-même et vers qui tu sais que tu peux te tourner en cas de problème ; Landon. Quand tu as simplement besoin de compagnie ou que t’as besoin de prendre une bonne bouffée d’air frais, c’est toujours chez lui que tu fonces et tu pensais que la réciproque était vraie, jusqu’ici. Mais il faut croire qu’encore une fois, tu t’es plantée sur toute la ligne. « On parle pas de moi là, mais de toi. Si t’es pas bien, que tu te sens seul ou que t’as juste envie de partager tes draps avec quelqu’un, tu m’appelles, d’accord ? » Parce que, inconsciemment, tu as envie que ce soit dans tes bras que Landon se perde pour oublier le temps de quelques heures son quotidien trop difficile à supporter. Et peu importe ce qu’il en dit, tu sais que tu te sentiras toujours mieux en présence de l’anglais que toute seule.  Sa présence a toujours été rassurante à tes yeux et si d’habitude les mots n’ont que peu de place dans votre relation, ce soir, il semblerait que la tendance s’inverse. Landon t’adresse des mots qui ôtent toute colère que tu pourrais encore éprouver à son égard, te poussant davantage vers lui encore. A cet instant précis, ton corps réclame le sien plus que jamais et le brun l’a bien senti, lui aussi, puisqu’il s’approche, effleurant tes lèvres des siennes. « Oups… » Murmures-tu avec un sourire au coin des lèvres. Quand ses lèvres viennent se blottir contre les tiennes, tu réponds à son baiser avec plus de fougue et de désir que lui, contrôlant difficilement ton attirance, ton envie de lui. Ta main se glisse sous son haut, griffant légèrement sa peau. Et même si tu sais que Landon a raison quand il dit que vous ne pouvez pas faire ça ce soir, tu continues à goûter à ses lèvres avec la même ardeur. « Juste un coup rapide… » Dis-tu en souriant contre les lèvres de l’anglais, consciente que ce n’est pas possible même si tu le demandes. Tu ne voudrais pas que Tahlia vous surprenne alors quand Landon détache ses lèvres des tiennes, tu grappilles encore quelques baisers avant de soupirer, résignée. « Et tu sais que je me laisserais faire. » Parce que tu aimes que l’anglais prenne totalement possession de ton corps et t’amène à explorer de nouveaux aspects de ta sexualité. Avec le jeune Henderson, c’est différent et en bien, ce qui fait que tu reviens inlassablement vers lui dans l’espoir d’atteindre le nirvana une fois de plus. « Je déteste que tu aies raison. » Dis-tu en secouant doucement la tête, sans détacher ton regard du sien. « Bon, allons affronter le diable. » Plaisantes-tu en déposant un baiser plus chaste sur les lèvres de l’anglais avant de rentrer à l’intérieur de la maison. Au moment où vous passez la porte de la terrasse, Tahlia redescend de l’étage. « Je te ramène. T’es prête ? » Demandes-tu un peu plus détendue que quelques minutes plus tôt mais toujours en colère contre la brune malgré tout. Vous aurez des choses à vous dire dans les jours à venir, ça ne fait aucun doute. Mais ce soir, ce n’est définitivement pas le bon soir pour avoir une discussion posée, mature et sincère.

HJ:

Qu'est-ce qu'il avait bien pu se passer pour que cette soirée dérape autant ? C'était une accumulation de petits événements qui avait amené à la catastrophe. Si Tahlia n'avait pas été aussi démunie ce soir-là, elle n'aurait pas pris autant à cœur les paroles horribles que Landon avait eu à son égard. Des paroles qui risquaient d'avoir des conséquences bien plus graves dans l'avenir proche pour cette femme qui souffrait d'un vrai manque de confiance en elle. Il avait sûrement raison. Elle ne valait rien. Elle n'avait aucune valeur puisqu'elle se laissait facilement atteindre par un homme qui ne valait pas mieux. Elle n'était pas forte, comme elle le laissait croire. Elle était juste conne. Et cette connerie avait trouvé son paroxysme dans cette poudre blanche qu'elle avait inhalé. Et qui avait fait encore plus de mal. Elle n'avait pas encore conscience des mots qu'elle avait eu à l'égard de Freja. Elle n'avait pas fait mieux que Landon. Alors qu'il avait mis Tahlia plus bas que terre. Tahlia, elle, avait fait la même chose avec sa colocataire. Elle s'était permise de juger ses relations, son « harem », comme elle l'avait dit. Elle n'avait pas cherché à aller plus loin. Elle n'avait même pas vu que la jeune norvégienne n'avait été guidée que par la drogue, ces derniers temps. Elle était décidément une amie pitoyable. Mais tout ça, elle ne s'en rendait pas encore compte, alors qu'elle se trouvait seule dans cette chambre, à rassembler désespérément ses affaires. Son corps était secoué par les frissons qui se faisaient plus récurrents. Elle commençait sa descente. Sa descente aux enfers, où les émotions étaient décuplées. Elle était épuisée, mentalement, physiquement. C'était comme si le désespoir la serrait dans ses bras et ne voulait pas qu'elle s'en échappe. C'était comme si tout était noir autour d'elle. Elle n'avait qu'une envie : partir. Partir loin d'ici, de cette maison infernale où tout avait dérapé. Elle n'avait pas envie de voir Landon et Freja. Elle n'avait pas envie de les voir ensemble, de subir leurs jugements, de les voir liés contre elle. Car il était certain qu'elle passait pour la méchante de l'histoire. Cette paranoïa était encore un effet de cette descente. Quand elle retrouva enfin son sac, elle ne se rendit pas compte que cela faisait de longues minutes qu'elle était dans cette chambre. Tous ses mouvements étaient au ralenti. Mais elle arriva quand même à sortir de la chambre, à descendre les escaliers. Et évidemment, elle tomba nez à nez avec Landon et Freja. Elle jeta un bref regard vers sa colocataire, haussant les épaules face à sa question. « Oui. » Elle aurait préféré rentrer seule, ne voulant pas passer un moment avec Freja, seule dans une voiture. Mais il fallait être raisonnable, elle était incapable de rentrer seule. C'était comme si son corps ne lui obéissait plus. « Je vais déjà dans la voiture. » lança-t-elle à sa colocataire, afin de la laisser quelques instants de plus avec Landon. Elle avança jusqu'à la porte et ajouta : « Merci Landon. » On sentait que c'était un merci complètement ironique. D'ailleurs, elle ne lui adressa même pas un seul regard en le disant. Mais elle ne savait pas ce qu'il s'était dit entre Landon et Freja. De ce fait, elle joua jusqu'au bout le rôle de l'ivrogne qui avait été gentiment ramenée par Landon. Mais à choisir, elle aurait largement préféré errer dans la rue. Sur ses mots, elle sortit et avança jusqu'à la voiture, où elle finit par s'affaler sur le siège passager, le cœur en miettes.