La caverne d'Ali baba - Jeremy

La caverne d’Ali baba

Jérémy & Jackson

Aujourd'hui était un bon jour. De ceux où l'on se réveil avec le soleil qui nous chatouille le visage et un sourire aux lèvres, de bonne humeur. Jackson commençait à les compter en nombre ces réveils là et c'était appréciable. Après plus de dix ans de noirceur, de réveils en nage à côté de ses aiguilles souillées, la moitié de sa vie à se droguer, c'était quelque chose. Alors il goûtait ces plaisirs simples, cette vie simple où chaque jour était une petite victoire sur son addiction.
Il n'avait pas grand chose à faire de sa journée, pas forcément l'inspiration pour peindre. Et puis il avait l'envie de rendre son atelier plus vivable, c'était aussi et surtout son lieu de vie, un vieux loft dans un état plus que douteux mais où il vivait de puis des années et où il se sentait bien. Malgré tout refaire un peu de déco n'était jamais mauvais, même s'il estimait qu'il pouvait surtout se contenter du strict minimum. Mais il adorait dénicher des trésors dans les marchés aux puces ou les vieilles brocantes, comme un petit vieux. Et puis il avait entendu parler d'un magasin d'antiquités qui avait changé de propriétaire et rouvert il y a peu, près de chez lui alors il avait décidé d'y faire un tour.

Il arriva dans le hangar au beau milieu de l'après-midi. L'endroit sentait le vieux et la poussière, il aimait ces odeurs. Le brun parcourut les rayons sans trop savoir ce qu'il cherchait, éventuellement une vieille lampe, mais il n'était pas fixé. Et puis il tomba sur un coin de l'entrepôt, une section réservée à l'art visiblement, il y farfouilla distraitement, avant de tomber sur un tableau qui l'interpella, tout derrière les autres, sans prix affiché, un visage de femme déformé par la tristesse, presque abstrait. Ce tableau c'était le sien et il représentait sa mère, il l'avait peint il y a des années, l'un de ses premiers probablement. Il se demanda bien ce qu'il pouvait faire ici, ne se souvenant pas l'avoir jamais vendu. Mais il n'en était pas sur, à une époque il aurait vendu ou donné n'importe quoi pour payer sa dope... Le fait était qu'aujourd'hui il commençait à être célèbre dans le monde de l'art et que ses tableaux se vendaient un très bon prix, bien qu'il n'en comprenne pas vraiment la raison... Amusé, il l'attrapa et décida d'aller demander au propriétaire son prix, par curiosité.
En entrant il n'avait pas croisé âme qui vive et n'avait été accueilli par personne, à croire qu'il était seul au monde dans cette échoppe. Il se dirigea vers le comptoir et fit retentir a petite sonnette qui était à sa porté, attendant qu'on vienne à sa rencontre.

La caverne d’Ali baba

Jérémy & Jackson

Félicitation, vous êtes mon premier client ! Jackson se tourna sur sa droite, d'où il vit apparaître un homme tout sourire, les bras en l'air. Il haussa un sourcil, surpris, il s'attendait à voir débarquer un petit homme d'un certain âge avec une chemise à carreaux amidonnée et des petites lunettes en demi-lune, bref, pas un mec dans ses âges percé et tatoué de partout qui avait plus la tête à lui vendre sa dope plutôt que des meubles poussiéreux ! Mais il n'était pas du genre à avoir des à priori notre Jackson, non ! Alors il sourit, il rit même un court instant. Je gagne quelque chose ?! Une ristourne sur mon premier achat ?
Il baissa les yeux, presque gêné lorsque l'autre lui demanda s'il aimait la peinture, s'il savait ! La question était légitime, mais devant le comptoir, face à lui, c'était difficile d'annoncer fièrement qu'il était le créateur de cette oeuvre. Jax vit le tatoué ouvrir un mince dossier sur la peinture, il ne semblait pas connaitre grand chose de son histoire, pourtant elle en avait une, comme chacune de ses toiles, ce portrait là c'était celui de sa mère, un souvenir poignant de ce matin où il l'avait trouvée inanimée dans son lit, le jour où sa vie avait basculé. Vous ne semblez pas savoir beaucoup de chose sur cette oeuvre... vous en voulez combien ? En vérité il ne savait pas vraiment quoi demander, il n'avait pas forcément l'envie de jouer la comédie de l'ignorance, il se serait senti con au bout d'un moment, alors autant aller droit au but, il n'avait aucune envie que ses peintures croupissent dans un entrepôt poussiéreux.