what if + concho [18+]

Moi, j’enlevais mon condom et le jetais dans la poubelle à côté du lit d’Ally, sans pour autant me relever. La rouquine était déjà assise sur le coin du lit, en train de rattacher son soutien-gorge. Avant même qu’elle n’ait terminé sa phrase, je parlai par-dessus elle pour dire, harmonieusement : « … purement amical, oui je sais. » La coupais-je, avec un petit rire. Pendant qu’Ally s’activait et enfilait une robe et des boucles d’oreille, moi, j’étais sur mon IPhone en train de regarder les nouvelles sur Twitter. Elle tourna la tête vers moi tout en insérant sa seconde boucle d’oreille. « Euh … toi, tu t’en vas là, là ? » On venait à peine de terminer notre partie de jambes en l’air et elle avait déjà l’air prête à déguerpir. Je savais bien que ce n’était que purement amical, mais je n’aurais pas dit non à passer un peu plus de temps avec elle. Ally était une fille assez cool, en fait. Elle n’était pas que bonne à être passée sous les couvertures. Mais bon, c’est elle qui décidait. La rouquine se tourna finalement vers moi en sortant trois paires de chaussures à talons hauts, me demandant laquelle je préférais. Je regardai sa robe, puis les souliers, essayant de voir quelle couleur irait le mieux. « Pas les noirs. » Lâchais-je tout de suite. « Les nudes, si tu agences tout ton style avec ça. C’est-à-dire complètement nude et que tu reviens dans le lit … » Je lui fis un sourire amusé. « Mais si tu comptes vraiment partir maintenant … les roses. » Conclus-je. Voyant que je ne sortais toujours pas du lit, Ally me demanda si j’allais parfois au travail. Je rigolai. « Tu sais, c’est ça qui est bien de travailler auprès des jeunes. Ils se lèvent aussi tard que moi, et se couchent tard aussi … Ça rend mes heures de travail pas mal plus plaisantes. » Je lâchai finalement mon téléphone pour me rouler légèrement sur le côté et regarder Ally. « Et pis ça me permet d’avoir du morning sex avec toi avant que tu partes … » Dis-je avec un sourire charmeur. Ce n’était pas parce qu’on était juste des amis avec un peu de sexe par-ci et par-là que je ne pouvais pas agir de la sorte.

Je secouai la tête, exaspéré mais amusé, quand Ally me partagea son intention de partir à un moment aujourd’hui. Là n’était pas la question. Je voulais surtout savoir si j’avais une chance d’avoir une prise deux à cette partie de jambes en l’air avant qu’elle ne reparte, justement. Bon, au moins, les détails qu’elle donna par la suite surent répondre à mes questionnements. Une réunion justifiait bien son empressement à s’habiller et à quitter ses bras pourtant si chauds, forts et réconfortants. « C’est bon, c’est bon, Miss Occupée. Pas besoin de me faire une liste, non, merci. J’vais m’en aller. » Et pourtant, je restai sous les couvertures. En même temps, je savais qu’Ally prendrait encore environ quinze minutes avant de partir, si elle devait vraiment partir maintenant. Moi, je n’aurais qu’à remettre mes vêtements, prendre mes clés et sortir en même temps qu’elle. Après tout, elle ne me laisserait sans doute pas le loisir de prendre une douche puisqu’elle semblait si pressée. Sans doute pour accélérer son processus décisionnel, Ally me demanda mon avis sur ses chaussures à talons-hauts. En bon ami que j’étais, je pris soigneusement le temps d’analyser chaque kit possible, avant de déterminer deux choix selon les circonstances qui en suivraient. À la réponse concernant les nudes, le regard d’Ally s’illumina, et le tout accompagné de sa réponse me donnait l’espoir que sa réunion pourrait être repoussée. Je ne me gênerais pas pour insister, alors. Sauf que je lui donnai quand même mon choix final en cas de réel départ de sa part. Elle me remercia de mon honnêteté, et j’hochai la tête. « Y’a pas d’quoi. » Du coin de l’œil, je remarquai que les deux paires que j’avais choisies restèrent à l’extérieur du garde-robe, et un sourire en coin se dessina sur mes lèvres. Yes. Puis à l’évocation de mon organisme, Ally me regarda bien sérieusement, droit dans les yeux, et me proposa quelque chose qui fit en sorte que je me redressai dans le lit, soudainement intrigué par ce qu’elle avait à m’offrir. « T’es sérieuse ? Euh … ce serait vraiment cool, Ally. » Je me redressai encore un peu plus, visiblement intéressé par la chose. « Tu penses que les jeunes pourraient exposer leurs œuvres, le temps d’une soirée ? » Bon, techniquement, ce n’était que la danse qui était mise de l’avant dans mon centre, mais j’avais un tas d’idées pour élargir les possibilités. L’offre d’Ally tombait pile au bon moment. Sauf que ce ne fut pas assez pour me faire oublier la paire de souliers beiges, alors je revins à l’attaque, et tout de suite mon sourire charmeur fonctionna sur la belle rouquine. Celle-ci revint dans le lit, monta à califourchon le temps de m’embrasser un moment avant de me faire basculer pour que je me retrouve par-dessus elle. Je me retins à l’aide de mes bras pour ne pas m’allonger complètement sur elle, mais je laissai quand même nos corps se toucher, ne faire qu’un. J’aidai la jeune femme à retirer sa robe. Comme je n’avais personnellement pas bougé du lit depuis la première round, j’étais déjà bien prêt. « J’en dis que ton investisseur attendra le temps qu’il me faudra pour te faire jouir … » Mais comme je commençais à bien connaître le corps et les désirs d’Ally, ce ne serait pas une question de temps, mais bien une question de fois.

Je me faisais tranquillement à l’idée que je devrais partir, même si dans ma tête ça ne pouvait pas vraiment se terminer là, après une seule heure passée ensemble. Bon, en même temps, il fallait que je me refasse jouer la voix d’Ally dans ma tête qui me répétait que ce n’était que purement amical. En même temps, à mes yeux, elle était donc une amie. Et une amie ne m’appellerait pas seulement pour du sexe, on prendrait également le temps de parler un peu, quoi. Bon, je n’allais pas non plus faire une crise, j’avais des choses à faire aujourd’hui de mon côté aussi. Et puis elle me fit rapidement oublier cela quand elle me proposa de faire une sorte de collaboration entre sa galerie d’art et mon centre. Elle avait toute mon attention. Elle renchérit d’ailleurs sur ma proposition en m’offrant quelque chose de mille fois mieux, soit d’en faire un événement annuel. « Ally, t’es un génie ! C’est vraiment cool de ta part aussi, les jeunes vont tellement tripper. » Ajoutais-je. « Mais bon, on en reparlera plus sérieusement que je serai pas nu et vulnérable. » Déclarais-je, parce que c’était quand même une décision importante à prendre et il faudrait passer tous les détails en revue pour s’assurer qu’on serait bien capables de mettre ça sur pieds. Et là, nu dans le lit d’Ally, ce n’était peut-être pas le meilleur endroit pour parler affaires. D’ailleurs le rôle principal du lit fut finalement reprit quand Ally monta sur moi avant de me faire pivoter pour une prise deux. Une fois que la belle rousse avait gémit de plaisir à maintes reprises, et que j’avais aussi atteint cet extase, je me laissai doucement tomber sur le côté. Nous soupirions tous les deux de fatigue et de satisfaction. J’étais justement en train de porter ma main à mon sexe pour en retirer le condom quand Ally déclara ne pas l’avoir du tout senti, cette fois. Ma main venait d’ailleurs de se poser sur un pénis complètement nu. Je tournai la tête vers elle et je la regardai avec des yeux ronds. Elle me demanda ce qui se passait, loin de se douter de ce que je venais de réaliser. « Ally. Il est plus là. » Elle ne semblait toujours pas comprendre. « Le condom. Il est pas là. » Je levai les couvertures rapidement, cherchai autour sur le drap, mais rien. Je tournai un air un peu inquiet et effrayé vers la rousse. « Je pense qu’il est encore en-dedans de toi. » Il déglutit, avant de lui dire : « Veux-tu que j’aille vérifier ? »  

Quand Ally me mentionna que j’étais loin d’être vulnérable, je pris un air faussement macho et je déclarai : « I know, right ? » D’un ton de voix des plus imbus de moi-même. Ce n’était tellement pas mon genre, moi qui étais un ancien gros qui avait été franchement trop intimidé dans mon adolescence, je ne me prenais pas du tout pour un autre aujourd’hui. Je rigolais, c’est tout. Bon, passons maintenant aux choses sérieuses, qui se déroulèrent une vingtaine de minutes plus tard. Je réalisai que le préservatif n’était plus sur mon sexe, et pas non plus dans le lit, ce qui voulait dire une chose : il était resté à l’intérieur d’Ally. Putain, ça me donnait à la fois envie de rire et de pleurer. Mais à en lire l’expression sur le visage de la rouquine alors qu’elle fixait le plafond, inerte, je me disais que ce n’était sans doute pas le moment de rire. De toute façon, c’aurait été un rire nerveux plus qu’autre chose. Parce que c’était pas drôle du tout, à bien y repenser. Je proposai alors à Ally d’aller vérifier, ce qu’elle refusa promptement, préférant aller fouiller par elle-même. Je la laissai faire, attendant avec inquiétude à côté d’elle. Finalement, elle sembla retirer quelque chose et j’en déduis qu’elle avait trouvé le fameux préservatif volant, et mes doutes furent confirmés quand elle fit un nœud dans celui-ci avant de passer le bras par-dessus moi pour le jeter aux poubelles. « Merde, Ally, il était bien loin ? » Bon parce que s’il s’était enlevé à l’entrée, peut-être que mon sperme n’allait pas être assez déterminé pour remonter le tuyau. La jeune femme me rassura en me disant que ça n’avait pas coulé. Je poussai un soupir de soulagement, même si en réalité, j’angoissais encore un peu. Ça ne m’était jamais arrivé, ça. Alors que j’étais encore un peu déboussolé dans le lit, la belle rousse, elle, était déjà debout en train de s’habiller. Décidément, elle voulait vraiment la porter, sa robe. Elle me proposa ensuite de parler du projet autour d’un smoothie, comme si de rien était. Je fronçai légèrement les sourcils. « Euh … okay. » Que je répondis, visiblement confus. Je me levai enfin du lit, enfilant mes boxers et un chandail. Ally me tendit la main à ce moment-là, que j’attrapai pour la suivre jusque dans sa cuisine. Je me postai devant le comptoir, tapant des doigts sur celui-ci alors qu’Ally sortait des fruits congelés et du jus. « Faudrait pas aller à la pharmacie ? » Proposais-je, la tête encore dans cette histoire de condom perdu dans le néant de son vagin. Ally tenta encore une fois de me rassurer, me disant qu’elle savait ce qu’elle avait à faire. « Ah ouais ? Ça t’es déjà arrivé ? » Et je demandais ça par curiosité et par inquiétude, rien de plus. Si ça lui était arrivé et qu’elle n’avait pas de bébé dans les bras en ce moment, c’était plutôt bon signe pour moi. Pendant qu’Ally textait, je regardai le mixeur dans lequel se trouvait les ingrédients, et moi je restai planté là, parce que je savais que si j’appuyais sur quoi que ce soit, la maison allait exploser.

Ce n’est pas avec moi qu’elle aurait des gosses, bon, bien. En temps normal, cette remarque m’aurait légèrement vexée mais là, dans la situation actuelle, c’était la seule chose que je désirais entendre. Pas que je ne voulais pas de gamins, hein, au contraire j’en voulais plus de cinq si je le pouvais, mais pas là, pas en ce moment, et surtout pas avec une amie qui ne faisait que ça, me rappeler qu’on était amis. Je voulais avoir des enfants avec la femme de ma vie, la femme qui resterait avec moi plus de deux mois, qui ne me dirait jamais qu’elle préférait qu’on reste amis plutôt. Et comme Ally avait déjà mis cette partie au clair, qu’on était amis, je me disais qu’on aurait jamais à passer par le reste. Alors les bébés non plus, s’il-vous-plaît. Oh putain, ça tournait trop vite dans ma tête, mes pensées défilaient l’une après l’autre et m’angoissaient. D’où le tapage de doigts incessant sur le comptoir. « Ok. Je t’enverrai un texto pour te le rappeler. » Non mais ta gueule, Concho. Déjà qu’Ally n’arrêtait pas de me lancer des regards noirs à chaque truc que je disais, il fallait que j’arrête de la traiter comme si elle ne savait pas ce qu’il fallait faire. On nous le répétait si souvent, à l’école. Mais quand elle m’assura qu’elle savait exactement quoi faire dans ce genre de situation, je ne pus m’empêcher de penser que c’était parce qu’elle l’avait déjà vécu. Alors je le lui demandai, par curiosité insoutenable. Elle soupira, m’avouant que oui, ça lui était déjà arrivé. Elle n’ajouta rien de plus. « Okay. » Que je déclarai, me sentant tout petit et ne voulant pas la questionner davantage. J’avais arrêté de pianoter sur le comptoir avec mes doigts. Je regardai Ally se laver les mains, avec une sorte d’air de chien battu, et elle se tourna rapidement dos à moi pour couper rapidement les fruits et les mettre dans le mixeur. Elle m’en donna quelques-uns, en attendant. « Merci. » Dis-je en attrapant un morceau d’ananas et en le portant à mes lèvres. Pendant que les fruits mélangeaient, Ally se tourna vers moi et décida finalement de briser ce silence que je n’aurais su combler autrement qu’avec mon inquiétude. Alors j’avais préféré me taire. La rouquine me raconta finalement l’histoire du condom brisé avec son ex, à l’âge de dix-neuf ans. À ce moment-là, moi, j’étais déjà parti pour Melbourne. Bien loin de Bowen, de mes démons, de mon douloureux passé. Neuf années s’étaient écoulées depuis. Je m’approchai finalement d’Ally alors qu’elle parlait du décès de son père, et sans rien dire, je posai une main dans le bas de son dos et mes lèvres sur sa tempe. Je frottai doucement son dos tout en l’écoutant parler. Puis, quand elle évoqua le suicide de ma mère, je retirai ma main et je vins la poser sur le comptoir derrière moi, baissant les yeux vers le plancher de la cuisine. Mon corps s’était un peu raidit, inconsciemment. Ce n’était pas un sujet que j’aimais aborder, mais je comprenais pourquoi Ally y faisait allusion. « Je comprends. Je comprends totalement. Je n’aurai jamais d’enfants non plus avant de trouver une femme équilibrée, et qui est prête à vraiment prendre soin de ses enfants … De nos enfants … » Pas que ma mère n’avait pas pris soin de moi, elle m’avait donné son amour, mais c’était à peu près tout. Jamais d’aide dans mes études, jamais de nourriture dans le réfrigérateur, jamais de sorties où que ce soit. Je souris finalement à Ally, lui offrant un regard rassurant et compréhensif. « C’est pour ça que tu dois aller à la pharmacie, parce que t’es complètement timbrée. » Je lui fis un clin d’œil et l’embrassai furtivement en rigolant. Fallait bien détendre l’atmosphère un peu, et rien de mieux qu’une petite pique pour ce faire. La rouquine me proposa des burritos matins ou des crêpes. Je secouai la tête. « Non, c’est gentil, mais j’ai déjà déjeuné avant de venir ici. Un smoothie sera juste assez. Mais vas-y, te gêne pas. » Pas que je pensais qu’Ally se gênerait pour manger devant moi, mais quand même. Je le mentionnais toujours, parce que moi, j’avais toujours eu un rapport délicat avec la nourriture. Depuis ma perte de poids, je faisais toujours très attention. Je pris le smoothie qu’elle me tendit et j’en bus une gorgée. « Délicieux, ô grand chef. » La jeune femme revint finalement à l’assaut avec l’événement de collaboration. Au moins, cette fois, j’étais à moitié vêtu. Je m’adossai contre le comptoir, les jambes tendues et croisées vers l’avant, tout en buvant une autre gorgée de mon smoothie. « Faudra voir ce qui brancherait les jeunes, pour l’exposition. Peintures, photographies, sculptures, t’en penses quoi, toi ? » Demandais-je en tournant la tête vers elle.

Je n’insisterais plus sur le texto, alors. C’était vrai qu’à bien y repenser, ça faisait un peu con comme proposition. « Ouais, désolé. C’est juste que c’est la première fois que ça m’arrive, je suis pas vraiment capable de me gérer, là. » Avouais-je avec un soupçon de culpabilité dans la voix. La conversation, déjà qu’elle n’était des plus drôles comme nous en avions l’habitude, devint soudainement encore plus lourde puisque nous nous remémorions chacun de notre côté le décès de notre parent respectif. Je m’étais approché de la rouquine pour lui frotter le dos, signe que j’étais là pour elle et que je la soutenais, même s’il s’agissait d’une épreuve du passé. Rien n’empêchait qu’on éprouve un chagrin encore immense en y repensant aujourd’hui. J’en étais la preuve. Dès que le décès de ma mère était abordé, mes yeux s’assombrissaient, car onze ans plus tard j’étais une personne différente, je menais une vie différente, et je ne reviendrais jamais en arrière. Sauf pour revoir ma mère. Je confiai finalement à Ally mon avis commun au sien en ce qui avait trait aux enfants. J’adorais ma mère, mais elle n’avait pas été une bonne mère. Je n’avais pas eu de bons parents. Après tout, mon père avait nié pour existence rien que parce qu’il ne voulait pas prendre soin de moi après le décès de ma mère. Quel parent indigne. Je ne voulais pas de cela pour mes enfants. Moi, je savais que je serais un père présent et aimant, mais encore fallait-il que la mère le soit tout autant. J’avais envie de cette famille parfaite, celle que je n’avais jamais eue, celle que je n’avais jamais connue. Même en vivant chez Lily-Anaëlle, je n’avais pas connu de figure paternelle, puisque Lily provenait elle aussi d’une famille monoparentale. Ally renchérit sur mes paroles ; visiblement, nous étions sur la même longueur d’ondes là-dessus. Je rigolai sur la question des sentiments. « T’es pas si mal, Ally. T’es trop dure avec toi. » Que je répondis, lui souriant. S’ensuivit la blague sur la pharmacie et le fait qu’Ally était timbrée, et évidemment elle ne se gêna pas pour me renvoyer la balle. « Oui, c’est gentil d’y avoir pensé ! » Lâchais-je tout en imitant une sorte de robot tout droit sorti de l’espace, avec le bruit et la grimace qui venait avec, tout ça.

Ally m’offrit finalement de me préparer une déjeuner, offre que je déclinai un peu à contrecoeur parce que j’aurais bien aimé goûter à ses burritos déjeuners, mais en même temps je n’avais pas particulièrement faim et ce n’était que la gourmandise qui parlait. Quand elle mentionna ne pas avoir envie de cuisiner pour elle seule, je capitulai pour une partie seulement du problème : « Fais-toi un burrito déjeuner et promis, je goûte. Une ou deux bouchées. » Proposais-je. Comme ça, pas trop de dégâts, et puis je pouvais goûter à la cuisine de la rouquine. Je verrais si elle était du wife material ou pas. « Ma cuisinière particulière ? » Demandais-je avec intérêt quand elle rectifia l’appellation que je lui avais donnée. Après ça, Ally me sortit un truc à propos de l’arsenic, comme le pudding, et honnêtement je restai perplexe devant cette référence, ne sachant pas justement si c’en était une ou si elle avait vraiment empoisonné mon smoothie. Je le repoussai donc sur le comptoir, suspicieux. Elle éclata de rire et moi aussi. La jeune femme vint déposer un baiser sur ma joue avant de se diriger de l’autre côté de son comptoir, pour s’installer sur l’un des deux tabourets. « Oui, parfait pour la danse ! Faudra qu’on monte une chorégraphie de la mort. Je demanderai à Lexi et Eleanor de m’aider. » À trois, on serait plus forts. Ally tapota finalement le tabouret à côté d’elle pour que je me joigne à elle, ce que je fis, glissant mon smoothie juste devant la place. Je m’assis à côté d’elle et posai une main sur sa cuisse, puisque grâce à sa robe sa peau y était visible. La rouquine me demanda si j’avais des suggestions de thème. Je réfléchis un moment. « Euh … vite comme ça, pas grand-chose non … J’ai pas vraiment d’imagination pour ces choses-là. » Que des thèmes vus et revus me venaient en tête. Il fallait quelque chose d’explosif.

what if

« Ouais, désolé. C’est juste que c’est la première fois que ça m’arrive, je suis pas vraiment capable de me gérer, là. » Je lui offre un sourire compatissant. « Mais t’inquiètes donc pas, j’me charge de tout. » Je lui adresse un clin d’œil. La discussion concernant nos défunts n’était pas facile à traverser et même qu’on l’avait soigneusement évitée pendant un bon moment déjà. Tous les deux, ce n’était pas de notre faute. Il n’était aucunement coupable du suicide de sa mère, tout comme je n’étais pas responsable de l’assassinat de mon père. J’étais toutefois coupable du couteau près de ma gorge en essayant de fouiner dans des choses qui ne me regardaient pas – apparemment. La proximité que j’avais avec mon père n’avait pas simplifié les choses. Et l’absence de ma mère était comparable à celle de son père... On connaissait les dit parents, sauf que son père avait refusé de l’avoir dans sa vie et à l’inverse, ma mère s’était sauvée de moi, j’avais l’impression. Mon père, par contre, il avait été un surhomme. Éduquer une gamine, la rendant davantage tomboy, c’était tout moi. Je réparais ma voiture, je m’occupais bien de la maison familiale, je jouais aux jeux vidéos, je pratiquais le judo et le karaté et j’avais même fait des études en graphisme, à l’époque. Évidemment, mes traits artistiques ressortaient beaucoup au niveau du dessin, de la sculpture, de la peinture. J’exposais mes émotions au monde entier de cette façon et maintenant, j’occupais la carrière la plus merveilleuse : celle de gérer les différents types d’arts dans une galerie, la rentabiliser, organiser des évènements et même créer pour cette galerie! Je m’y dédiais de tout mon être et j’espérais que tout près des étoiles, mon père admire ma création avec fierté. J’osais croire que oui. Évidemment, j’avais mes moments d’écart, mais ils étaient si peu nombreux que j’en faisais abstraction.

« T’es pas si mal, Ally. T’es trop dure avec toi. » qu’il me répond en souriant et j’lève les yeux vers le ciel avec un fin sourire aux lèvres. Il était gentil, après tout. « J’crois pas que j’sois si dure envers moi-même, j’pense plutôt que tu ne connais pas cet aspect de moi. » que j’ajoute avec un clin d’œil. De toute façon, comment pouvait-il connaître cette facette? Il n’avait pas de relation amoureuse avec moi. Enfin, de ce que j’en savais. Nous avions une relation amicale, affective et sexuelle, purement hein. « Ça me fait plaisir ! Comme ça, tu ne seras pas obligé d’te taper ton assistante pour qu’elle y pense. » J’lui glisse un clin d’œil, amusée par son imitation de robot. Il est sexy, ce robot. Dehors BB-8, R2-D2 et C3PO!

« Fais-toi un burrito déjeuner et promis, je goûte. Une ou deux bouchées. » Grand sourire aux lèvres, je l’embrasse sur la joue et je gambade vers la cuisinière préparant le matériel nécessaire. « T’es le meilleur! » que j’lui dis. Et j’le pense. Je pars la poêle et j’y mets les œufs. Je pars mon four à panini, un investissement, selon moi, pour préparer les tortillas. Je coupe des morceaux de légumes : tomates, épinards et poivrons que je fais revenir avec les œufs. J’assaisonne le tout, j’ajoute du fromage, de la mayonnaise et je l’envoie se faire dorer au grille-panini.« Ma cuisinière particulière? » Je me retournais vers lui avec un sourire en cuisinant. « À ce propos... » Je range les outils dont je n’ai plus besoin pour me charger de la suite des évènements. « Je pensais qu’on pourrait être exclusifs... J’veux dire sexuellement parlant et on pourrait se voir plus souvent, selon tes envies et les miennes. » J’me décide à lui faire face en le regardant puis en baissant les yeux vers mes mains. Puis je relève le regard avec un sourire en coin, pleine d’espoir. « Et je serais officiellement Ta cuisinière particulière. Qu’est-ce que t’en dis? » J’me mordillais la lèvre inférieure avec un fin sourire et je sentais les burritos juste à point. Je sortais deux assiettes et j’en glissais un dans une assiette et l’autre dans l’autre, évidemment. Je lui apportais l’assiette que je déposais devant lui. « Et tu pourrais venir dormir de temps à autres et inversement, si tu veux. » Je déglutis difficilement et je lui démontrais une vulnérabilité toute autre que ce qu’il avait vu de moi précédemment. Je prenais une bouchée de mon burrito. Pas mauvais. Pas exquis, mais loin d’être déplorable. « Oh et évidemment, si tu rencontres quelqu’un qui te plaît vraiment ou inversement, on arrête toute cette histoire. Qu’en dis-tu? » Une gorgée de smoothie plus tard, j’angoissais à l’idée de connaître sa réponse. Après tout, on couchait ensemble depuis trois mois, pas besoin de s’acharner davantage quand a trouvé la personne qui nous convient sexuellement parlant, toujours. Et étrangement, je n'avais pas ramené l'amitié sur le tapis d'office...

« Oui, parfait pour la danse! Faudra qu’on monte une chorégraphie de la mort. Je demanderai à Lexi et Eleanor de m’aider. » Je souriais. Je connaissais Lexi, la meilleure coiffeuse de tout l’univers! Mais pas Eleanor, ce serait sans doute une nouvelle rencontre surprenante. « Lexi est géniale! Je pense que tu ne pourrais pas avoir de meilleure chorégraphe! » que j’m’exclame avec un grand sourire. Il glissait sa main sur ma cuisse, comme par intuition et j’adorais ça. Tout était si naturel et fluide entre nous deux, ça en était désarmant. « Pas vraiment d’imagination? » J’ai un sourire en coin à sa réponse, il en avait au lit un peu plus tôt dans tous les cas... « J’aurais aimé trouvé un thème genre apocalypse psychologique, parce que lorsqu’on est  ado, y’a des épreuves difficiles parfois... Mais d’un autre côté, j’aimerais quelque chose de songé et de joyeux permettant une certaine liberté aux artistes ... pour qu’ils s’épanouïssent. » Je pense et je retourne des idées d’un côté puis de l’autre et j’me dis que ça peut être vraiment intense et génial autant pour nous, que pour les jeunes en quête d’identité.  

charney

Spoiler:

Ally ne perdit pas de temps pour me contre-dire, me disant que je ne la connaissais tout simplement pas de cette façon-là. De la façon amoureuse, je veux dire. J’haussai les épaules, avalant d’abord la bouchée d’ananas que je venais de prendre. « C’est bien parce que tu m’as imposé tes règles d’amitié dès notre première baise. » Répondis-je en secouant la tête avec un sourire. Je n’avais jamais vraiment cherché à voir Ally autrement qu’une amie, justement parce que je savais que ça ne mènerait nulle part de risquer de tomber amoureux. Je m’étais un peu fermé à cette avenue, sachant qu’elle n’était pas du tout intéressée par la chose et que j’en ressortirais blessé, comme toujours. Elle avait donc raison. Je ne connaissais pas la Ally amoureuse. Je ne connaissais pas non plus ses anciennes histoires d’amour ; nous ne parlions pas vraiment de nos ex entre deux parties de jambes en l’air. Il me manquait donc cette partie d’Ally à apprécier – ou pas, selon ses dires.

Après mon imitation un peu random d’un robot galactique, j’acceptai finalement de goûter au petit-déjeuner que la rouquine allait se concocter. Ce compromis sembla la satisfaire, ce qui m’apaisa. Je n’aimais pas décevoir les autres, surtout quand ils voulaient juste bien faire. Je la regardai faire, me demandant si un jour je serai capable, moi aussi, de faire cuire des œufs sans qu’ils ressemblent à une gibelotte dégoûtante. Faire griller quelque chose sans que ça ne brûle, aussi. Ça semblait si simple, pour Ally. Comme je n’avais jamais vu qui que ce soit cuisiner dans ma vie et que j’avais mangé du take-out à tous les jours jusqu’à ma majorité, je me disais que ça m’excusait un peu. Pendant que le burritos d’Ally chauffait dans le grille-panini, la jeune femme se tourna vers moi et revint sur ma remarque quant à ce qu’elle soit ma cuisinière particulière, rien qu’à moi. Je ne pensais pas que cette petite blague soulèverait une décision aussi importante que celle qui s’en venait. Oh oui, la question de l’exclusivité venait d’être mise sur le tapis. Et par Ally. Elle me prit un peu au dépourvu, alors je ne répondis rien, la laissant s’expliquer de A à Z. Elle sera ma cuisinière, je pourrais venir dormir de temps en temps chez elle, et elle chez moi, et évidemment si l’un rencontrait quelqu’un d’autre, elle en avisait l’autre tout de suite et c’était terminé. Ally me regardait, attendant visiblement une réponse. Elle avait donc terminé son offre, et mon temps de réflexion s’en voyait écourté aussi. « Euh … Tu me prends par surprise un peu … » Je fronçai les sourcils, croisant les bras sur mon torse, réfléchissant. « J’suis pas contre, j’veux dire sexuellement parlant, on est assez amazing, mais … » J’hésitai, puis ajoutai : « Je sais pas, je veux dire, j’ai l’impression que ça me fermerait peut-être des portes. Dans le sens où parfois, c’est possible de rencontrer quelqu’un au moment d’une histoire d’une nuit, qui finalement devient une histoire de pas mal plus d’une nuit, tu vois ce que je veux dire ? » Je continuai : « Et comme avec toi ce n’est que de l’amitié, comme tu te plais à me le rappeler … » Je lui fis un rapide clin d’œil en souriant, juste pour lui montrer que ça ne me fâchait pas. « … ben je me dis que je me tire dans le pied un peu. Après tout, j’ai envie de trouver l’amour, Ally. Depuis dix ans que je ne vis que des relations basées sur l’amitié, justement. Si je continue comme ça, je vais finir mes jours seul avec mon pug … qui sera mort à ce moment-là. » Constatais-je en fronçant les sourcils. J’espère qu’Ally ne le prendrait pas mal, qu’elle comprendrait. S’il y avait eu un avenir entre elle et moi, ma réponse aurait été différente, mais comme Ally n’était clairement pas intéressé par moi pour une relation impliquant des sentiments plus forts, je ne voyais pas l’intérêt.

Concernant l’organisme, dont nous parlâmes un peu plus tard, Ally montra tout son intérêt à ce que Lexi participe à la chorégraphie. J’étais d’accord, elle était vraiment douée. Avec Eleanor, nous formions une sacrée belle équipe, au centre. Très proches des jeunes, aussi, même si j’étais le seul à vraiment pouvoir comprendre les difficultés du milieu dans lequel ils vivaient. La rouquine proposa finalement soit un thème d’apocalypse psychologique, soit quelque chose de plus joyeux. « On a le temps de réfléchir à tout ça. Ce sont toutes deux de bonnes idées, j’en parlerai à Eleanor, aussi, pour avoir son avis. Faudra se rencontrer au centre pour en parler ensemble. » Après tout, Eleanor était mon associée. J’avais beau être le fondateur, elle avait aussi son mot à dire.