The things we lost in the fire - Maxine

The things we lost in the fire

Maxine & Jackson

« Arrête tes conneries, je ne vais pas exposer mes œuvres à un salon de l’amour, tu m’as vu ? T’as vu mes toiles ? Elles sont sombres, dépressives… » Comme lui… Il était vrai que lors d’un évènement pareil on s’attendait à voir de la couleur, du rouge, du rose, des exposants qui offraient de l’amour à revendre et à offrir surtout, des chocolats, des gadgets, des sextoys, mais pas les toiles d’un artiste aux idées noires. Pourtant Jackson avait fini par se laisser convaincre par son agent, il n’allait pas vendre ses œuvres, ça ne se faisait pas comme ça, plus depuis qu’il commençait à être reconnu dans le monde de l’art. Mais il avait accepté de prêter quelques-uns de ses portraits de femme dénudées pour illustrer la volupté féminine… clairement il avait un agent qui ne comprenait rien à son travail. Mais il était vrai que ça lui faisait une publicité gratuite et offrait une visibilité plus importante pour le grand public.
Il s’était levé tôt le jour de l’ouverture du salon, pour choisir le meilleur emplacement pour ses tableaux, cinq en tout, les moins sombres de la collection. Et une fois que tout fut monté il était assez satisfait du résultat, ça apportait une touche de mystère dans tout cet étalage d’amour criard. Jackson n’était pas très à l’aise dans ce genre de foire aux bestiaux, il ne trouvait aucun intérêt à un Salon de l’amour et la séduction, tout comme les salons du mariage ou tout autre connerie du genre, c’était ultra commercial, bourré de monde, de femmes hystériques qui trainaient leur mec , ça sentait la sueur, la bouffe et le parfum mélangés. Il n’avait aucune obligation de rester, pourtant il voulait faire attention à ses peintures, qu’un petit rigolo ne s’amuse pas à les esquinter. Et même s’il n’aimait pas la foule, maintenant qu’il allait mieux, que le manque ne se faisait plus aussi présent, il appréciait de rencontrer des gens, retrouver de vieilles connaissances, tisser des liens, lui qui avait été si longtemps coupé du monde à cause de sa dépendance. Ça se faisait petit à petit et il ne fallait pas qu’il voit trop de monde d’un coup, mais il savait en tirer le meilleur. Il faisait alors, depuis le matin, des allers-retours entre le hall d’exposition et quelques conférences pour le moins ennuyeuses qui lui permettaient de piquer du nez sans se faire trop remarquer. Certaines personnes reconnaissaient ses œuvres et l’arrêtaient pour discuter peinture, il lui arrivait d’aller prendre un verre au bar avec d’autres, l’ambiance était plutôt bon enfant même si, arrivé à la fin de l’après-midi, il avait hâte de quitter ce brouhaha et de rentrer se poser chez lui.
Alors qu’il s’apprêtait à partir, au détour d’une allée il crut pourtant reconnaître une silhouette, une ombre, un mirage surement, dans toute cette foule. Peut-être simplement une hallucination de son esprit malade. Des blondes, il en avait croisé un tas, pourtant sans trop comprendre il se mit à la chercher, son cœur battant déraisonnablement fort tout d’un coup, il se sentait con et pourtant il ne pouvait stopper sa course, empêcher ses jambes d’avancer ou ses yeux de la chercher parmi les autres. Au bout d’un moment il s’arrêta pourtant, au beau milieu du monde, cerné, de tous mais sans l’avoir trouvé Elle. Mentalement il se traitait d’idiot, il devenait fou, tout simplement. Il mettrait ça sur le compte de la fatigue… oui, c’est ce qu’il allait faire. Il rebroussa chemin pour retourner chercher ses affaires, il était urgent qu’il rentrer chez lui.

the things we lost in the fire

Jackson & Maxine

Ses paupières s’agitent, s’ouvrent puis se referment plusieurs fois avant de s'habituer à cette effusion de lumière rouge et rose dans laquelle grouille tout un tas de gens comme euphoriques. La main de la danseuse se resserre plus fermement autour du bras de sa jeune soeur qui lui lance un regard suppliant, celui qu’elle maitrise si bien et qui touche la corde sensible de son alter ego à chaque fois. Bien. Après cinq années loin de la maison, Maxine lui doit bien quelques heures dans ce haut lieu puant l'instrumentalisation excessive de l'amour. La blonde est de ceux que l'on qualifierait de romantique mais elle prône tout autant  la simplicité pure et dure. On ne peut toutefois pas clamer qu'elle soit la plus apte à parler amour... Relations décevantes, un mariage à Vegas dont elle n'a eu vent seulement quelques semaines plus tôt.. Et ce, alors que l'union s'est déroulée au cours d'une soirée arrosée plusieurs années auparavant ! A vrai dire, Maxine n’est toujours pas certaine que cette union soit si officielle qu’on le lui a assuré, ce n’est tout simplement pas possible d’être marié sans même le savoir. Bientôt une semaine que ses pas ont de nouveau foulé la terre autralienne et pourtant elle n’en n’a pas dit un mot à sa famille et se contente depuis, de mettre son air absent sur le compte du nouveau challenge carriéristique qui se joue depuis son retour. Si on lui avait prédit cette vie quelques années plus tôt,  elle vous aurait très certainement ri au nez. Et pourtant la voilà à ce salon, à affronter tous ces sourires plus ou moins bienveillants alors qu'elle ne rêve que de s'enrouler dans sa couette lorsqu'elle ressasse l'échec de sa vie sentimentale. Niveau professionnel tout marchait très bien aux États-Unis.  Maxine ne recherchait pas la célébrité  mais seulement le partage de la danse avec d'autres passionnés et des spectateurs pour la plupart charmés. L’épanouissement professionnel et les quelques rencontres marquantes de son séjour lui ont permi de tenir le coup.

“ Max… Max ? Les enchères ! Elle débutent dans moins de 2 minutes ! “ Les filles Hansen on papillonné de stand en stand, échangé avec les commerçants, les animateurs et même laissé une vieille dame lire leur avenir dans la paume de leur main. Plusieurs heures se sont écoulées depuis leur arrivée. “ Jane, tu m’as convaincue de mettre une jolie robe, de sourire et répondre poliment à tous les intervenants mais je suis épuisée. Hors de question que tu m’embarques aussi là-dedans. Je rentre, toi passe une bonne soirée. Je couvre 50% de ta mise. Amuse-toi. “ elle s’enquiert, lançant un petit clin d’oeil à sa réplique miniature. Alors que cette dernière disparait dans une grande salle déjà plongée dans une ambiance folle, Maxine tourne les talons et se fraye un passage dans les allées du salon. Sans grand mal d’ailleurs puisque la plupart se sont rués vers les enchères. Sa main s’empare machinalement de son portable en vue d’appeler un taxi tandis que ses yeux rencontrent un mur décoré de peintures au loin. Peintures qu’elle n’avait pas aperçues avant, faute au monde. Des oeuvres constrastant singulièrement avec le reste. Comme attirée par ces représentations, Maxine s’approche lentement alors que ses pupilles restent figées sur les coups de pinceaux maitrisés, presque violents tant ils dépeignent une intensité criarde. Les battements de son coeur accélèrent à vive allure à mesure qu’elle s’approche. Elle n’ose pas quitter les oeuvres des yeux, pas du tout prête à affronter l'auteur qui pourrait se trouver dans les parages. Et du coin de l’oeil, elle l’aperçoit. Et c’est sa respiration qui se bloque. Lui. Ici. A seulement quelques mètres. Il est de dos mais elle sait que c’est lui, elle le sent dans toutes les fibres de son être. Sans trop s'en rendre compte, elle n'est plus qu'à un mètre de lui et n'a aucun discours ou réplique intelligente. “ Jackson. “ Elle l'a dit si faiblement qu'elle a peur qu'il ne l'ait entendue, avant qu'il ne fasse volte face. Et c'est son coeur qui se brise. Autant qu'il y a cinq ans. Avec tous les efforts du monde, elle parvient miraculeusement à plaquer un sourire sur ses lèvres. Et comme il semble digérer la surprise, Maxine continue: “Tes toiles ? “ l’interroge-t-elle en désignant les tableaux du menton. Maxine connaît la réponse évidemment mais c'est la seule chose qui lui soit venue pour combler un potentiel moment gênant. Alors qu'elle aurait tellement de choses à dire mais qu'elle ne peut lui balancer de but en blanc. Et alors que ses iris trouvent la force de quitter le beau visage du brun, elle admire de nouveau les toiles, fascinée. " C'est remarquable. Atypique pour l'événement mais beau. Toujours aussi talentueux. "                                                    

The things we lost in the fire

Maxine & Jackson

Ses quelques affaires étaient prêtes, il n’avait pas grand chose, le plus gros de son attirail c’était ses toiles, mais celle-ci allaient rester encore un peu, il avait payé un vigile pour qu’il s’occupe de les surveiller en son absence, Jackson doutait un peu de la fiabilité de leur accord, mais il devait bien se résoudre à faire confiance à quelqu’un s’il souhaitait rentrer chez lui et s’avachir dans son canapé. Chose dont il rêvait à présent. Il n’en pouvait plus de tout ce déballage d’amour dans tous les sens, des coeurs, des couples faussement éblouies par tous ces stands qui ne cherchaient qu’à s’en mettre plein les poches. Il était anti- ommercial, il l’assumait, son côté marginal. Et puis avouons le, Jax au salon de l’amour c’était une énorme blague, toutes ses oeuvres parlaient de la perte, de la douleur, de l’amour envolé. Notre homme était un désastre sentimental à lui tout seul. Et pour cause, il ne savait pas aimer, tout simplement, il était mauvais à ça, maladroit, bête, égoïste et autodestructeur, le cocktail idéal quoi. Alors autant arrêter les frais, il pliait bagage et partait loin d’ici. Son soudain coup de folie lorsqu’il avait cru croiser Maxine avait été la goutte d’eau, preuve que cette ambiance malsaine ne lui convenait pas. Comme si elle pouvait se trouver là, après cinq ans sans jamais la voir à Bowen… pauvre fou.
Pourtant soudain il sentit une présence, de celles qui vous électrisent, un frisson parcouru son échine et le fit se retourner au moment où on souffla son prénom, comme un murmure, il n’était pas sur de l’avoir vraiment entendu ou simplement rêvé. Mais il savait parfaitement qui il trouverait face à lui lorsqu’il serait totalement tourné. Ne lui demandez pas comment, ne lui demandez pas pourquoi, il n’aurait pas de réponse, il la savait par ici, il avait reconnu son aura, s’en était presque flippant, mais maintenant elle était là, face à lui. Elle avait dessiné un sourire forcé sur ses lèvres mais lui n’y arrivait pas, il restait de marbre, en façade, alors qu’en lui une tornade venait de tout dévaster. Cinq années sans la trouver et voilà qu’elle se posait ici, simplement, radieuse, identique à ses souvenirs, sûrement plus belle encore, c’était un crime que d’être si parfaite et de lui faire toujours le même effet. Lorsqu’elle désigna les tableaux il se ressaisit un peu et se composa une contenance. Étaient-ce les toiles qui l’avaient avertis de la présence de Jackson ici ? Est-ce qu’elle l’avait cherché ? Il se posait mille questions mais n’arrivait à en articuler aucune. Oui, on m’a demandé d’exposer ici…
Il avait rêvé leurs retrouvailles, des centaines de fois il s’était refait le scénario dans la tête, dans ses délires malsains, il avait imaginé tellement de rencontres différentes, tellement de possibilités, des retrouvailles heureuses ou non, ça dépendait de l’humeur,  mais jamais comme ça. Se retrouver après tant d’années dans un lieu comme celui-ci, c’était presque une blague de mauvais goût. Pourtant il avait le mérite d’être sur pieds, elle n’était pas venu frapper à sa porte au beau milieu d’un trip hallucinogène, il était clean, il était en forme, c’était plutôt un bon point. Il se dérida un instant face à la réflexion de la jolie blonde et un demi sourire s'étira doucement sur ses lèvres. Si tu veux mon avis ils se sont planté d’artiste, s’ils voulaient quelqu’un pour célébrer l’amour, c’est un peu râté. Mais au moins ça calme un peu l’effet too much de l’événement… Merci. Il accueillait son compliment avec plaisir, il savait que la jeune femme était amatrice de son travail, ils en avaient parlé longuement, à l’époque… Un ange passa, le silence se fit pour quelques secondes, suffisante pour que Jackson se rende compte qu'elle était vraiment près de lui, qu'il ne délirait pas et alors soudainement il se tourna vers elle, le regard sûrement trop dur, mais il n’arrivait pas à jouer la comédie du mec impassible, il ne pouvait pas faire comme si sa présence ici ne le touchait pas, ne l’affectait pas. Qu’est-ce que tu fais là Maxine ? La question était peut-être trop violente, mais il n’y tenait plus.