J'ai rêvé que je t'aimais, mais c'était seulement un cauchemar [perring]

Elle avait ouvert les yeux avec difficulté la blonde ce matin, et la première chose qu'elle avait vu c'était un mur blanc. Ne reconnaissant rien, elle s'était levée en sursaut. L'hôpital, elle était à l'hôpital. Mais pourquoi ? Et pourquoi ça tête raisonnait comme si elle avait prit une cuite la veille aussi ? Et puis maintenant qu'elle pliait le coude, ça faisait mal aussi. Ouais, mieux valait qu'elle se rassoit, non qu'elle s'allonge même c'était mieux, parce qu'elle n'était pas sûre que sa tête tienne toute seule. Fermant les yeux, elle tenta de se souvenir de ce qui s'était passé.

Hier soir elle était rentrée de cours, fatiguée. Elle s'était étendue sur son lit, avait allumé son ordinateur et était tombé sur une vidéo de Perry que YouTube avait la gentillesse de lui recommander. Elle l'avait fermé, presque violemment. C'était quoi le problème ? C'était elle, juste elle, et lui qui n'avait pas su faire comme si de rien n'était. Elle n'était pas juste handicapée des sentiments, elle en avait carrément la frousse. Alors elle avait décidé de se changer les idées, elle avait été fouiller dans la chambre de sa cousine pour en sortir de l'ecstasy. Juste une pilule, c'est tout ce dont elle avait besoin pour s'évader un peu. Ouais, suffisait qu'elle n'y pense plus pendant assez longtemps et tout rentrerait dans l'ordre.

Si seulement.

Ca lui revenait maintenant. Ce moment où elle avait été persuadée qu'il était là, à l'espionner, qu'elle avait commencé à courir partout dans sa chambre et puis que d'un coup, elle avait réalisé qu'il était dans sa tête. Elle s'était mise à se jeter contre les murs pour l'en faire sortir. Quoi, vous auriez pas fait ça vous ?

-Mais quelle conne...

Mais du coup, à quel moment est-ce qu'elle s'était retrouvée là ? Était-ce sa cousine qui l'avait amené ? Non elle n'aurait certainement pas été jusque là, elle se serait plutôt contenté de la coucher et de la veiller, enfin sûrement. Mais elle ne s'était pas téléportée.

Alors que la blonde se remémorait sa soirée en pseudo-comatant, quelqu'un entra dans sa chambre. Curieuse elle se redressa pour reconnaître Perry, un café à la main. Est-ce que ça faisait longtemps qu'il était là ? Visiblement oui puisqu'il remarquait qu'elle était réveillée. Mais qu'est-ce qu'il foutait là exactement ?

-C'est toi qui m'a amené ?

Sa question était loin d'être agressive, elle était juste curieuse. Et elle n'osait pas imaginé l'état dans lequel il l'avait trouvé pour appeler les urgences... La connaissant, il avait dû paniquer.
Quand il lui demanda si ça allait, la blonde hocha doucement la tête. En fait elle était réveillée depuis trop peu de temps pour le savoir vraiment. Elle avait juste pu constater qu'elle avait énormément mal à la tête.

-Ca va. Enfin j'ai mal un peu partout, mais je crois que ça va.

Elle avait clairement le corps endolori, plus elle bougeait pour changer de position et en trouver une confortable plus elle s'en rendait compte. Elle était sûre que si elle enlevait ses vêtements, elle se rendrait compte qu'elle était couverte de bleus.

-J'ai dormi longtemps ?

Perry n'avait clairement pas l'air très dans son assiette. Est-ce que c'était parce qu'il avait peu dormi cette nuit à cause d'elle ou est-ce que c'était un peu plus profond que ça ? Elle hocha doucement la tête lorsqu'il lui dit qu'elle avait effectivement dormi longtemps. Ce n'était pas vraiment étonnant.

-ça me fera des réserves de sommeil pour la semaine.

Elle essayait de sourire mais elle sentait bien que quelque chose n'allait pas, que c'était presque tendu entre eux. Et elle n'était pas sûre que ça vienne d'elle pour une fois. Quand il luiposa sa question, elle ne comprit pas tout de suite le sens.

-Bah, je sais pas, j'ai pas fait exprès tu sais, ça ne m'amuse pas.

Puis fixant ses yeux bleus dans les siens, elle comprit que ce n'était pas du badtrip en soit dont il parlait mais de ça cause. Elle hocha alors les épaules, détournant le regard en soupirant.

-J'avais envie. Je ne vois pas pourquoi je te donnerais une raison. A te voir on dirait que je me suis piquée à l’héroïne.

Elle avait prit une pilule d'ecstasy, il n'y avait vraiment pas besoin d'en faire tout un plat.

Ouais, définitivement contrarié, et le problème avec ça c'est que plus il allait se montrer fâcher et inquiet, plus Aisling allait se braquer. Est-ce qu'il avait vraiment l'intention de lui faire la morale, lui expliquer que la drogue c'est mal ? Mais qu'il aille la faire à d'autre, qu'il s'occupe un peu plus de sa fille et qu'il lui foute la paix, sérieusement. Elle n'avait pas quinze ans, elle était assez grande pour prendre ses propres décisions.

-Arrête de te prendre pour ma mère.

Si elle avait voulu continuer à la supporter, elle serait restée en Nouvelle-Zélande, enfin même si elle ne pouvait pas nier qu'elle lui manquait un peu. Grognant, elle enfouit sa tête sous la couverture. Il avançait sur un terrain un peu trop dangereux, surtout dans cette situation. Elle n'était pas d'humeur à l'écouter, à prendre en compte le fait qu'il avait juste une réaction normale pour quelqu'un qui l'appréciait. Peut-être parce qu'elle n'avait pas l'habitude qu'on l'apprécie.

-T'aurais pas dû venir.

Et puis quoi ? Elle se serait juste retrouvée avec un peu plus de bleus et aurait bien fini par se calmer seule à un moment donné. En fait, elle préférait être de mauvaise foi plutôt que d'y penser sérieusement.

-J'vois pas trop ce que ça pourrait te faire s'il m'arrivait quelque chose. J'pense pas que t'aurais du mal à te trouver un autre plan cul.

Il fallait toujours qu'elle pousse le bouchon un peu plus loin, qu'elle se fasse du mal, qu'elle lui fasse du mal, qu'elle les protège à sa façon. Elle sentait déjà son cœur se serrer, se mordant la lèvre avant d'enfouir un peu plus son visage sous son oreiller.

Il levait le ton et il ne devrait pas, non vraiment pas. Personne n'avait le droit de lui hurler dessus. Jamais ses parents ne l'avaient fait et jamais elle ne laisserait quelqu'un le faire sans ciller. On ne pouvait pourtant pas dire qu'elle était la meilleure en dialogue. Ouais, c'était pas un peu l'hôpital qui se fout de la charité. Sortant de ses couvertures, elle planta son regard bleu acier dans celui de Perry.

-Ouais j'suis comme ça. J'en ai rien à foutre des autres, je suis juste égoïste, une profiteuse, désagréable et fondamentalement mauvaise de surcroît. Alors si c'est tout ce que tu voulais savoir, maintenant tu peux me foutre la paix.

Elle serra les dents, détournant le regard. Il avait vraiment le don de la foutre en rogne. Sûrement que son comportement à lui était ce qui la déstabilisait le plus, elle n'avait pas l'habitude qu'il se fasse donneur de leçon. Elle l'aurait plus imaginé lui faire un câlin en lui disant qu'il avait eu peur pour elle, comme un gentil bisounours. Mais non, fallait qu'il lui prenne la tête pour un truc sans importance.

-Ce n'est pas bon pour les gens de tenir à moi.

Elle finit par se lever de son lit et avancer vers Perry non sans un semblant de boitement à cause d'un genou qui lui faisait mal. Elle se planta devant lui, les bras croisées sur sa poitrine.

-La prochaine fois, laisse moi me démerder toute seule.

Elle s'énervait, enfin ce n'est pas vraiment étonnant puisque lui aussi est énervé. C'est vrai qu'il aurait peut-être préféré être calme, comme il est d'habitude pour ne pas se disputer avec elle, mais là il ne peut pas. Maintenant qu'il voit ce qu'est une vraie dispute il comprend mieux pourquoi il ne s'énerve jamais. Perry n'aime pas les disputes, crier et tout ça. Il y a beaucoup de personnes que ça soulage mais lui ça le crispe plus qu'autre chose. Le jeune homme ne pensait pas du tout qu'elle soit une profiteuse ou quelqu'un de méchant, non, il l'aimait bien, même beaucoup donc ne pensait certainement pas ça. Elle ajouta ensuite que ce n'est pas bon pour les gens de tenir à elle. « si tu veux que personne s'attache à toi t'as qu'à vivre dans la forêt et puis voilà. Parce que c'est la vie d'avoir des gens qui tiennent à toi tu sais, c'est normal. » dit-il un peu moins énervé mais pas pour autant de façon sympathique. Il fallait bien qu'elle comprenne qu'elle ne peut pas empêcher les gens de tenir à elle et que ce n'est pas forcément mauvais pour eux ou pour elle. La demoiselle se leva ensuite un peu difficilement, en temps normal il serait venu l'aider mais il sait que s'il fait ça elle sera sans doute encore plus énervée contre lui, alors il ne bougea pas. Elle se plaça devant lui avant de lui dire que la prochaine fois il fallait qu'elle se débrouille toute seule. « tu peux pas tout le temps refuser l'aide des gens ! Même si ça t'emmerde t'as besoin d'eux. J'te laisserai jamais dans la merde. » dit-il en la regardant droit dans les yeux.

Vivre dans la forêt au moins c'était une idée intéressante et sûrement qu'elle l'avait déjà inconsciemment eu puisqu'elle avait décidé de devenir zoologue et par conséquent d'observer les animaux les plus sauvages qui soient dans les lieux les plus inhabités possibles. Si elle était aussi mauvaise avec les autres, si elle le repoussait autant, c'était bien pour ne pas qu'ils s'attachent. Comment faisait-il pour ne pas comprendre ça ? Enfin si, peut-être qu'il comprenait, et peut-être que c'était ça le problème : qu'il la comprenait au lieu de l'éviter comme tout le monde.

-C'est pas normal d'être aussi borné.

Parce qu'il fallait sacrément l'être pour s'attacher à elle.
Elle finit par se lever pour se poster devant lui essayant de lui faire comprendre le plus clairement possible qu'elle n'avait et n'aurait jamais besoin de lui. Mais il ne semblait pas d'accord. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il ne cédait ? Elle n'avait pas l'habitude de devoir insisté autant pour qu'on lui foute la paix, d'habitude elle pouvait se contente de balancer une saloperie pour faire fuir les autres. Détournant son regard de lui, elle finit par lâcher un petit soupire exaspérée.

-Pourquoi est-ce que j'aurais besoin de toi ?

Elle ne voulait pas qu'il sorte de sa vie, parce que sinon elle ne l'aurait jamais sauvé dans la rue, elle n'aurait jamais éprouvé ce sentiment de jalousie en le voyant draguer quelqu'un d'autre, elle n'aurait pas accepté de faire semblant d'être sa petite copine. Non, elle n'aurait jamais fait tout ça. Mais ce n'était pas pour ça qu'elle avait besoin de lui et qu'il pouvait se permettre de lui faire la morale. Elle savait que c'était à elle de céder si elle ne voulait pas que les choses dégénèrent mais son ego prenait bien trop de place pour ça.

Oui Perry peut être assez borné et têtu parfois, il arrive que lorsqu'il a une idée en tête, il ne lâche pas le morceau, ce qui peut être assez agaçant. La plupart du temps il laisse couler malgré tout, mais là non, parce qu'il est énervé. Lorsque cela arrive, il n'est plus pareil, il n'est plus un petit bisounours tout mignon, même s'il lui en faut peu pour le redevenir. Elle se plaça devant lui en lui demandant pourquoi est-ce qu'elle aurait besoin de lui ? Il n'avait absolument aucune idée de la réponse à donner. Ce n'est pas franchement le genre de questions qu'on lui pose habituellement. De toute façon cette conversation n'est pas habituelle pour lui, il n'emmène pas tous les jours ses amies à l'hôpital pour ce genre de raisons. « t'as pas vraiment besoin de moi, mais si t'en avais rien à foutre on se serait jamais revu. On s'serait croisé, on aurait fait un sourire et puis voilà. » voilà la réponse qui lui semblait la plus correcte. « accepte que y'a des gens auxquels tu tiens et que tu te fous pas de tout le monde. Sinon j'm'en vais et on s'revoit plus jamais. » dit-il même si honnêtement il n'est pas sûr de ne plus jamais pouvoir la voir. Elle lui manquerait sûrement. Peut-être que lui aussi lui manquerait. Après tout, si elle veut ne plus jamais le revoir elle a juste à le dire et puis voilà, il serait déçu mais bon, c'est la vie.

Il l'énervait à lui mettre ces évidences devant le nez. Il l'énervait à avoir raison. Il tentait de l'obliger à admettre qu'elle avait besoin de lui ou du moins qu'elle tenait un peu à lui. A la mettre au pied du mur sans possibilité de fuite, c'était bien la meilleure façon de la faire craquer.

-Il faudrait déjà que je sourie pour ça.

Elle leva les yeux vers lui, la mâchoire serrée, les poings tellement crispé que ses ongles en rentraient dans sa peau.

-Est-ce que c'est du chantage ?

La violence n'avait jamais été le moyen de dompter un animal sauvage. Être ferme avec Aisling n'avait jamais été le moyen de la faire céder.

-Tu veux que j'admette que je tiens à certaines personnes, ou que je tiens à toi ?

Qu'est-ce qu'il cherchait à faire exactement ? A part la faire monter en pression assez fort pour qu'elle lui éclate entre les doigts ?

-Parce que si tu veux vraiment le savoir, tout ça, c'est de ta faute !

Elle sentit violemment les larmes lui monter aux yeux. Prise d'un accès de rage elle frappa le mur d'un coup de poing, se détournant de lui. Il fallait qu'il la laisse, il fallait qu'elle soit toute seule, qu'elle se calme.

Il sentit que la colère d'Aisling se faisait de plus en plus forte et cela ne le rassurait pas vraiment. Il ne l'avait jamais vraiment vu énervé contre lui, pourtant les quelques fois où elle avait été un minimum en colère, il n'avait pas vraiment été rassuré. Elle lui demanda s'il voulait qu'elle admette qu'elle tient à quelqu'un ou bien à lui. Elle lui dit ensuite que ce qui était arrivé était de sa faute. Il fut étonné, ne comprenant pas vraiment. Perry vit ensuite que la demoiselle pleurait, elle frappa ensuite le mur ce qui l'effraya quelque peu. Il préférait que ce soit le mur plutôt que lui, mais ce n'était pas vraiment rassurant. « comment ça c'est de ma faute ? Qu'est-ce que j'ai fait ? » demanda-t-il en tentant de comprendre. Il ressentait de la peine, ce n'était pas son intention ne la rendre comme ça et ça le rendait triste. Il préfère lorsqu'ils rient tous les deux. Il se rapprocha d'elle en espérant qu'elle soit un peu plus calme et qu'elle ne le frappe pas. Il la prit doucement dans ses bras, ignorant totalement comment elle allait réagir. Il sait qu'elle n'aime pas ça, il a un peu peur pour son visage, mais tant pis, il prend le risque.

Il ne comprenait pas, faut dire, fallait au moins être dans sa tête pour comprendre. Mais oui, tout ça c'était de sa faute, parce qu'il avait posé cette question stupide sans y donner de réponse, parce qu'il avait souligné que leur relation était étrange. Pourquoi est-ce qu'il avait fait ça ? S'il n'avait rien dire, elle se serait contenté de ne pas y penser mais maintenant ça lui trottait dans la tête et elle n'arrivait pas à se débarrasser de cette idée que quelque chose clochait entre eux. Il y avait ce je-ne-sais-quoi qui l'angoissait. Elle se sentait tellement mal, elle était incapable d'aligner des mots pour constituer une phrase logique, incapable de lui faire comprendre ce qu'elle lui reprochait. Mais il avait cette chance inouïe qu'elle était trop faible psychologiquement et physiquement pour le repousser.

-Laisse moi...

Sa demande avait été prononcée plus dans un couinement que dans un grognement comme elle l'aurait fait si elle avait été elle-même.
Elle savait qu'elle avait besoin de lui, besoin qu'il la rassure même si c'était sa faute, même si c'était lui qui foutait le bordel. Elle finit par laisser reposer sa tête contre lui, fermant les yeux.

-Je veux rentrer.